The enemy of my enemy is my friend [Flash Back] -Canjun

Le regard fixé sur le sanglier qui se présentait devant lui, Canjun était comme un lien couché à ras du sol, attendant le bon moment pour bondir sur sa proie. Ses pas discret se posaient lentement sur la terre et le rapprochaient peu à peu de l'animal. De plus, les peintures de camouflage sur son corps étaient assorties à l'environnement verdoyant des bois et le faisait passer complètement inaperçu. Son poitrail se soulevait lentement, et le jeune homme sortit discrètement l'une de ses dagues pour la tenir fermement dans sa main.



Il n'était qu'à quelques mètres seulement de sa proie, quand soudain, il entendit des grognements sauvages. La bête, ayant sans aucun doute entendu les bruits, se mit à fuir au galop et disparut dans la forêt. Un soupir s'échappa des lèvres du Solitaire qui se releva doucement, regardant attentivement autour de lui afin de tenter d'apercevoir les inconnus. Ces sons là, il les connaissait parfaitement. C'était des Ripa, et ils semblaient tout proches de Canjun.  Se mettant alors à marcher avec méfiance, tentant de faire peu de bruit et tout ses sens aux aguets, il finit par voir deux sauvages se disputer le corps d'un homme sans vie. Les yeux ébènes du jeune homme scrutait le mort, et il se rendit compte bien vite qu'il s'agissait d'un peuple différent des Grounders qu'il avait déjà pu voir. Cet uniforme était différent de ceux des Terriens.


Mais alors qu'il continuait d'observer silencieusement la scène macabre, caché derrière un arbre, il entendit d'autres pas arrivés vers la scène du massacre, et les grognements se répétèrent. Canjun grimpa alors sur l'une des branches de l'arbre qui le menait juste au dessus de là où se trouvait les Ripa et les inconnus. Ces inconnus étaient deux, et tenaient des choses qu'il n'avait encore jamais vu avant. Elles semblaient menaçantes, mais lorsque l'un des deux à la chevelure brune et à l'allure assurée voulut utiliser l'une de ces armes, un petit bruit retentit, sans pour autant qu'il ne se passe quelque chose. Et ce fut de même pour l'homme qui se tenait à côté du brun. A ce moment, le jeune homme comprit qu'il fallait qu'il leur vienne en aide. Alors, au moment où les Ripa se précipitèrent vers les deux inconnus, le fils de Paw bondit de sa branche pour atterrir aux côtés des deux inconnus et lança la dague qu'il avait en main dans le crâne d'un des adversaires, le faisant tomber au sol, son cœur se stoppant quelques secondes après. Après ça, il ne restait qu'un Ripa encore en vie, et Canjun décida d'aider l'homme brun à abattre l'ennemi, empoignant sa deuxième arme pour asséner des coups tranchants et terminer par lui trancher la gorge.



La respiration légèrement irrégulière, Canjun scruta un instant les deux corps inertes des ennemis, et reprit la dague plantée dans la tête d'un des sauvages. Sa tête se tourna ensuite vers les deux hommes qu'il regarda calmement avant de prononcer ces quelques mots. « Cet homme était des vôtres ? » dit-il en pointant la lame d'une de ses dagues vers le « guerrier » mort. Il ne savait pas qui ils étaient, mais souhaitait en savoir plus et espérait que ces intrus ne tentent rien de malsain à son égard.

Un hochement de tête fut la réponse de l'inconnu qui se tenait face à lui, aucun son ne sortant de sa bouche. Canjun se baissa alors lentement vers le corps du « guerrier » et abaissa ses paupières, fermant les yeux quelques instants en murmurant une prière. Puis il se releva et prononça ces quelques mots. « Je suis désolé pour vous. » dit-il en rangeant une de ses armes, tenant toujours l'autre en main au cas où les deux hommes face à lui tenteraient de lui faire du mal. Car oui, même s'il les avaient aidés, ça ne voulait pas dire qu'il leur faisait confiance, bien au contraire. Cependant, la question du brun ne fut pas sans réponse, Canjun reprenant la parole d'une voix toujours calme. « Je suis Canjun, anciennement membre d'un Clan de l'Amérique de l'Ouest. Et vous ? ».



Mais la question du pourquoi il les avait aidé resta sans réponse pendant quelques minutes. Le jeune homme leva les yeux au Ciel. Cette question lui paraissait étrange. C'est vrai, car depuis tout petit, sa mère lui avait appris à aider les personnes en danger, à aider les peuples qui lui semblaient avoir besoin de secours, de renforts. Alors, reposant ses yeux ébènes sur les deux « guerriers » qui se trouvaient en face de lui, Canjun leur répondit, un sourire en coin s'esquissant sur ses lèvres. « Chez moi, on m'a toujours appris à aider les personnes qui ont besoin d'un coup de main. ».



Son regard s'abaissa ensuite vers les armes qu'ils avaient en main, et le fils de Paw posa une question. Il était intrigué par le fonctionnement de ses armes. « Comment ça marche, ça ? » demanda t-il en faisant un signe de la tête pour désigner les deux cracheurs de balles.

La voix du chancelier retentit jusqu'aux oreilles attentives de Canjun. Ainsi, il apprit le nom de cet homme haut placé qui se tenait face à lui : Marcus Kane. Leur ayant sauver la vie, Canjun espérait que cet homme haut gradé et que celui qui l'accompagnait ne lui feraient aucun mal. Cependant, en entendant la nouvelle question de l'homme brun, lui demandant pourquoi les autres Terriens les avaient attaqués au lieu de les aider, Canjun eut un regard d'incompréhension. Il ne comprenait pas de quoi parlait le Chancelier du Camp Jaha et recula alors d'un pas prudent, se méfiant des futurs gestes de ses interlocuteurs.



Pendant des jours et des jours, il avait parcourus des kilomètres, ses pieds s'enfonçant tantôt dans de la boue, tantôt dans de l'eau trouble, un jour dans du sable mouvant, un autre jour dans un sol feuillus. Il avait erré sur le continent pendant un bon moment, jusqu'à arriver, essoufflé, sans plus aucune force dans ses jambes pour continuer à le porter, dans une forêt de l'Est dont il ne connaissait rien. Ni les différents peuples qui y vivaient, ni les différents animaux qui foulaient ces terres. Alors, son regard ébène se posa un instant sur ses pieds, avant de fixer Kane. « J'ignore de quoi vous parlez, Chancelier. Durant des jours et des jours, j'ai foulé le sol de différents endroits, jusqu'à celui-là il y a à peine une semaine. Différents peuples me ressemblent peut-être dans les terres de l'Est, mais je ne suis pas l'un des leurs. Moi, je viens de l'Ouest. » dit-il calmement.




Puis, ayant écouté avec curiosité le « mode d'emploi » de ces armes, il porta ses yeux à ses deux dagues, empoignant chacune d'elle doucement, et balaya à nouveau du regard les cracheuses de balles. « Vos armes sont curieuses, mais elles ont l'air puissantes et destructrices lorsqu'elles possèdent leurs balles. » dit-il, imaginant comment une guerre pourrait se dérouler avec des armes telles que celles que les deux hommes avaient en main. Mais son imagination l'emporta soudainement dans des souvenirs lugubres et sanglant qu'il voulait laisser au plus profond de son âme encore attristée par les événements qui s'étaient produits lorsqu'il était encore à l'Ouest. Il secoua alors sa tête et rangea une de ses dagues, posant doucement sa main libre sur le collier qui se trouvait autour de son cou, ses doigts touchant le bijou avec douceur, tremblants légèrement en voyant le corps inerte de sa mère, plongé dans son propre sang. « Les avez-vous déjà utilisées lors d'une bataille ? » demanda t-il, son regard alors fixé sur le sol, ses pensées tragiques toujours présentes dans sa tête.

Le fait que Canjun soit seul au milieu de cette forêt hostile semblait avoir attiré la curiosité du Chancelier, qui lui demanda pourquoi il était seul s'il appartenait à un Clan. A cette question, les muscles du Solitaire se tendirent, et il laissa sa main sur son collier, qui était autrefois celui de sa mère. Ses paupières s'abaissèrent légèrement. L'homme qui se tenait face à lui venait de toucher un point sensible dont il n'aimait pas vraiment parler, ne voulant pas montrer sa souffrance à quelqu'un qu'il connaissait à peine. Mais Canjun n'était pas un homme qui avait appris à cacher ce que beaucoup de personnes appelaient « faiblesses ». Pour lui, c'était une force.



Alors, ses sentiments douloureux encore à vif, un liquide vint se loger au coin des yeux du Grounder, qui prit la parole d'une voix qui trahissait son mal-être. « Mon Clan... Mon Clan n'est plus qu'un souvenir à présent... ». Certes, le fils de Paw ne connaissait pas Marcus, mais, même s'il ne comptait pas lui en dire d'avantage, il avait tout de même répondu sincèrement et n'avait pas voulu mentir sur un sujet tel que celui-ci. Son Clan était sa famille. Mais aujourd'hui, il n'était plus là, et Canjun ne voyait pas l'intérêt de le faire passer pour un Clan encore vivant. Des souvenirs joyeux refirent alors surface, le Solitaire esquissant légèrement un sourire en coin à ces visions. Sa main libérée de la dague qu'il venait de ranger se porta à ses yeux, essuyant les larmes qui avaient faillis couler le long de ses joues.




« Nous n'avons pas encore eu le besoin de les utiliser lors d'une bataille, nous les utilisons que pour notre défense. ». Cette phrase le sortit de ses pensées joviales, et le jeune homme hocha la tête, comprenant tout à fait. Même s'ils n'utilisaient pas les mêmes armes, le peuple du Chancelier semblait les utiliser à bon escient. Canjun fut rassuré par ces mots, mais il était encore curieux et souhaitait en savoir plus sur celui à qui il avait apporté son aide. « Vous avez l'air différent de ceux que je vois quelques fois dans les bois. Vous n'êtes pas habillé pareils et n'avez pas des armes ordinaires. D'où venez-vous ? » demanda t-il, le regard rempli de curiosité, tel un enfant encore insouciant face à sa mère.

A ses paroles prononçant la disparition de son clan, Canjun aperçue le regard désolé du Chancelier. Et celui-ci semblait compréhensif, ne lui demandant pas plus de détails sur ce qui s'était passé ce jour là. Un jour tragique, inoubliable, dont la plaie était encore ouverte dans le coeur du Solitaire, mais qui tentait de se refermer peu à peu avec le temps. Et le Chancelier aidait à la tâche puisqu'il n'avait pas souhaité plus d'informations de la part du fils de Paw.



Néanmoins, il lui posa une question en retour, lui demandant s'il pouvait rejoindre un autre Clan. A ces mots, le jeune homme regarda ses vêtements, puis ses armes, serrant un peu plus son emprise sur son collier. « Certains n'ont pas l'air prêts à accueillir une personne qui leur est inconnue. Cependant, si des liens se forment avec les membres d'un Clan et qu'ils sont prêts à m'accepter, alors peut-être que j'accepterai. Être seul est parfois ennuyeux. » dit-il avant de libérer le collier qui lui était si précieux.


Les deux hommes semblaient tout deux en savoir peu sur le clan de l'autre, et Canjun avait donc demandé d'où venait-il, n'ayant jamais vu quelqu'un habillé et armé ainsi. Et la réponse n'en fut pas moins curieuse, Marcus annonçant qu'il venait de l'espace. A ces mots, le Guerrier leva doucement la tête vers le Ciel qui se présentait à lui, scrutant l'étoile de feu pendant quelques instants avant d'observer la Lune. Aucun mot ne sortait de sa bouche. Il restait là, silencieux, jusqu'à ce qu'il s'assit au sol, regardant à nouveau le Chancelier. Il prit une poignée de terre dans l'une de ses mains et ses yeux sombres s'abaissèrent vers l'élément. « La Terre doit être magnifique à voir de là-haut. » dit-il avant de relever la tête vers Marcus avec un regard interrogateur. En effet, il se demandait ce qu'ils avaient bien pu manger dans cette Arche, mais aussi quel liquide avaient-ils bu pendant tout ce temps sans que cela ne s'épuise. De nombreuses questions attiraient sa curiosité, et il voulait avoir des réponses. Alors, d'un ton toujours aussi calme, il reprit la parole. « Qu'est ce que vous mangiez, sur l'Arche ? Et l'eau, comment en aviez vous ?... Est-ce la première fois que vous respirez l'air de Terre ? » dit-il, le regardant avec attention.

Le regard attentif de Canjun était toujours fixé sur le Chancelier qui se tenait en face de lui. Après lui avoir annoncé sa relation avec les autres Clans, le jeune Grounder fut surpris par la question que lui posa Marcus Kane, lui demandant pourquoi ne rejoindrait-il pas les troupes des Archéens. Un léger sourire s'esquissa sur les lèvres sèches du jeune homme, qui lui répondit avec sérieux. « Je doute pouvoir m'habituer à vos coutumes, Chancelier. Votre peuple est bien trop différent de mien. Mais si vous acceptez, je viendrais vous rendre visite. A moins que vos gardes ne soient pas mis au courant de notre rencontre, et qu'ils tentent de me tuer avant. » dit-il, finissant sa phrase d'un ton amusé. Quelle serait la réaction d'un homme de l'espace face à un homme errant comme lui ? Le fils du défunt ne le savait pas, mais ce que lui avais dis Kane quelques temps avant montrait bien qu'il y avait quelques tensions entre Grounders et Archéens. Cependant, certaines personnes de clans différents pouvaient très bien s'entendre, et Canjun espérait que ce soit le cas avec le Chancelier.



Puis, aux paroles du jeune homme où il disait que la Terre devait être belle de là haut, l'homme brun acquiesça d'une phrase, et ajouta qu'elle était encore plus belle d'ici. Le cœur du Grounder se réchauffa un peu à ces mots. Certes, il n'était pas la représentation humaine de la planète bleue, mais il l'aimait. Il aimait les forêts verdoyantes, les animaux galopant dans les différents environnements, les cours d'eau ruisselant sur de grosses pierres blanches. Il aimait tout de cette Terre meurtrie par le cataclysme qui avait eu lieu quelques décennies avant sa naissance. Il avait appris à ne devenir qu'un avec elle. Le soir, il aimait écouter le bruit du vent venant caresser les feuilles des arbres, le chant des oiseaux venant titiller ses oreilles comme le rythme des comptines que lui chantait sa mère. Une douce facette changea l'expression calme de Canjun, qui était emporté dans ces agréables pensées.


Cependant il fut rapidement tiré de ses rêveries par le rire clair du Chancelier, rigolant sûrement des questions que le Solitaire venait de lui poser. Le regard de nouveau intrigué, il continua de le fixer, amusé de voir cet homme rire et attendant une réponse de sa part. Et celle-ci fusa, lui expliquant qu'ils mangeaient des fruits, qu'ils buvaient de l'eau etc... Canjun, toujours assit, hocha la tête en signe de compréhension, et laissa faire sa curiosité, demandant à nouveau quelque chose au haut gradé des Archéens. « Et les règles de vie ? En aviez-vous ? Quelles étaient-elles ? » demanda t-il, ses mains se posant alors sur ses genoux, comme un enfant écoutant l'histoire d'un vieux sage.

La curiosité de Canjun ne semblait pas s'éteindre une seule fois. L'Arche, la Terre vu de là-haut, les règles de cette construction faite au milieu de milliers d'étoiles. Toutes ces choses ne faisaient qu'augmenter l'envie d'en savoir plus pour le jeune homme. Alors, il regardait avec attention le Chancelier qui se tenait face à lui, et il écoutait ses paroles sans oublier un mot de ce qu'il prononçait.


Mais avant de lui raconter le fait qu'ils avaient des règles sur l'Arche, Marcus lui dit une nouvelle fois qu'il accepterait une nouvelle rencontre avec lui s'il ne l'attaquait pas. A nouveau, un sourire léger et amusé se dessina sur les lèvres du fils de paw. En effet, le membre du clan du Ciel ne semblait pas être totalement rassuré face à Canjun. Pourtant, jamais le Solitaire ne penserait à lui faire du mal si celui-ci restait gentil avec lui. Le respect faisait partie des qualités du survivant. Il n'était pas un Guerrier qui tuait pour simplement observer un corps inerte et entouré de sang devant lui. Oh, ça, non. Beaucoup de sang avait coulé devant lui. Du sang innocent, du sang ennemis. Mais il ne tuait jamais par plaisir de tuer. Il n'était pas comme ça. Il était humain. Tout simplement humain, et rien ni personne ne pourrait lui enlever cette valeur morale à laquelle il tenait énormément. Alors, se redressant de tout son long pour se tenir debout face à l'homme dont il avait sauvé la vie, ses yeux ébènes le scrutèrent quelques instants, et Canjun décida de s'incliner légèrement devant lui. « Rassurez-vous, Chancelier, ce n'est en aucun cas dans mes intentions. Je suis un homme vêtu de valeurs, et ce n'est pas aujourd'hui que cela va changer. » dit-il avant de se remettre droit, son regard toujours fixé sur Kane.


Puis, voyant que le membre des Skaikru avait employé le terme « sanction », les muscles du Guerrier se tendirent. Il ne savait pas quelle était cette fameuse sanction, mais elle ne devait pas laisser les membres de l'Arche indifférents. Alors, une nouvelle fois, Canjun laissa parler sa curiosité et ses lèvres se mouvèrent doucement, une voix intriguée sortant de sa bouche. « Quelle était cette sanction ? » dit-il, son regard se levant ensuite vers le Ciel. Que pouvait être cette fameuse punition dont Marcus ne semblait pas être fier ?