too much work >> Rhodàn&Keenan

La scientifique prit place dans une chaise tandis que ses éprouvettes se mettaient à tournoyer dans la petite machine. Elle ne sentait pas la fatigue qui commençait lentement peser sur ses épaules. Cela fait combien de temps qu'elle n'était pas sortie du labo maintenant? C'était difficile à savoir, la lumière restait toujours allumée dans cette pièce, ailleurs, la lumière augmentait ou descendait en intensité pour simuler un semblant de jour et de nuit, mais pas dans le labo, la lumière de cette pièce n'était réguler que par les quelques interrupteurs. Peu importe, ça ne devait pas faire si longtemps que ça, non? Keen s'était déjà trouvé dans un état de fatigue pire que celui présent. Elle n'avait même pas faim ou peut-être que si, un peu, mais tellement d'idées bouillonnaient dans sa tête qu'elle ne le remarquait pas.

Non, elle avait plus important à faire, ses recherches, elle devait réussir et le plus rapidement possible, la vie de ses jeunes de l'espace reposait entre ses mains maintenant, pas seulement celles des quelques grounders que les militaires attrapaient et celle de son peuple, mais aussi celles de ses jeunes... Ils n'avaient même pas atteint l'âge adulte que le président voulait les saigner comme un boucher voulaient le faire à ses cochons. C'était impardonnable. Keenan ne l'accepterait pas, c'est pour ça qu'elle travaillait avec autant d'acharnement dernièrement. Elle n'était pas guerrière, elle ne pouvait pas aller dehors pour tenter d'aider les gens de la surface à venir sauver leurs amis, tout ce qu'elle pouvait faire, c'était tenter de réaliser l'impossible dans ce petit laboratoire qu'elle connaissait comme le fond de sa poche. Elle était prête à mourir en le faisant. Beaucoup de ses collègues l'avaient traité de folle ou d'obsédée, mais ses paroles ne la touchaient pas. Keen ne pouvait pas se le permettre, si elle doutait de la réalisation de son but, alors comment pourrait-elle pour l'accomplir? Alors elle y croyait de toutes ses forces et donnaient tout ce qu'elle avait pour tenter de réaliser un sérum peut-être? Une injection magique contre les radiations?

Un petit rire s'échappa d'elle. La magie n'existait pas, ni les miracles, elle devait simplement se baser sur ses connaissances scientifiques, les faits et les observations, puis c'était du essai et erreur. Avec un peu de chance, elle arriverait à quelque chose bien assez vite. Un petit bip résonna et elle se leva de sa chaise pour aller chercher ses échantillons, mais fut prise d'un vertige et posa ses deux mains sur le comptoir en tentant de se reprendre. À quand remontait son dernier repas? Keenan ne sentait pas la faim, ça lui arrivait souvent quand elle réfléchissait trop et trop longtemps dans le labos, tous ses rapports et ses théories devant, alors peut-être qu'un repas s'imposait?

En même temps que la pensée entrait son esprit, elle était chassé par mille et une autre comme la scientifique sortait les petits contenants de la centrifugeuse. Elle en ouvrit un avec un 'pop' sonore et avec une seringue retira un peu du liquide pour l'examiner sous le stéthoscope. Des mouvements mécaniques auxquelles elle n'avait même plus besoin d'accorder une pensée depuis les années comme ça, elle pouvait tout concentrer sur sa théorie du moment.

« Mmm, l'isotope de ces cellules est différent, tous comme les protéines, ils ont dû muter pour résister aux radiations, si je pouvais isoler tout ça et... » Le reste de sa phrase termina en un marmonnement incompréhensible.

La nouvelle présence dans la pièce ne faisait rien pour la déranger dans sa lancée, trop concentrée, trop dévouée, trop obsédée peut-être? Personne ne saurait vraiment le dire.

Cette fois elle n’était ps dans une mission résistance, ou de fonction pour Cage. Elle avait laissé le bébé canard, enfin, Whisky, dans son appartement, et elle était partie se donner l’impression que la vie continuait. A vrai dire, la vie, ne continuait jamais, la vie s’était arrêtée depuis un long moment maintenant, depuis plus de 12 ans, mais c’était une autre histoire, elle ne pouvait pas se permettre de penser à ça encore et encore, et pourtant, les choses étaient la, les faits existaient, elle avait exhalé son dernier souffle de liberté quand elle avait juré vengeance. Elle se raidit à cette pensée. Puis, elle baissa les épaules en signe de défaite. Elle avait tout perdu, et pourtant elle avait encore des amis, des personnes de confiance, elle avait un travail – qu’elle n’aimait pas – et elle faisait quelque chose de bien – qui mènerait à beaucoup de morts, y compris celles de ses amis.

Et des amis, il y’en avait une dont elle n’avait eu de nouvelles depuis quelques jours. Oh bien sur elle suspectait que Keenan ait été captivée par ce qu’elle faisait. Des choses scientifiques. Et elle se demanda une fois de plus comment elles avaient fait pour être amies. Oh, elles avaient connus l’une et l’autre pendant l’enfance, mais Rhodan haïssait tous les scientifiques, parce qu’ils étaient les mauvaises personnes de la montagne. Comme les militaires. Comme les présidents. Comme les habitants. Elle se renfrogna encore à cette pensée. Keenan n’était pas sortie ou du moins ne lui avait pas donné de signe de vie hors de son bureau depuis quelques jours, et finalement elle avait décidé d’aller prendre les choses en main.

C’est de cette manière qu’elle finit par arriver dans le bureau, poussa la porte qu’elle ouvrit avec son badge nouvellement refait. Guère surprise d’entendre la scientifique se mettre à parler seule au milieu d’echantillons et d’appareils médicaux. Scientifiques.

« Tu parles seule Keenan » Elle se sourit à elle même et elle se rapprocha de l’une de ses rares amies – pas qu’elle ne soit pas entourée, mais il y’avait les amis, qu’il fallait avoir et les amis à qui elle faisait confiance, plus ou moins. Keenan faisait partie de la seconde catégorie. Même si sa confiance n’allait pas jusqu'à lui avouer qu’elle faisait partie de la résistance. Enfin… Ce n’était pas comme si Keenan aurait pu s’en soucier. Elle était tellement concentrée sur ce qu’elle faisait. « Tu n’es pas sortie manger depuis des jours. J’ai amené des muffins et de l’eau. » Elle aurait voulu amener de l’alcool, mais elle n’avait que quelques heures de repos, et elle préférait boire le soir.

La scientifique continuait à marmonner pour elle, elle pensait à voix haute, ça aidait à mettre de l'ordre dans ses idées, à s'y retrouver dans ses nombreuses essais et ses théories. C'était un peu comme sortir le tout de sa tête pour tenter de le regarder avec des yeux nouveaux, tout remettre en perspective.

«  Tu parles seule Keenan »

La voix la tira de son analyse d'échantillon et Kee' releva la tête du microscope pour voir la nouvelle arrivée. Aussitôt un sourire s'étira sur ses lèvres. Rhodàn était l'une des rares personnes qui ne la croyait pas totalement folle et qu'elle pouvait considérer comme une amie dans cette montagne maudite. Même ses collègues pensaient qu'elle ne faisait que poursuivre des chimères, un rêve utopique impossible. Pourtant, Keenan avait le sentiment qu'elle pouvait réussir, elle avait foi en son travail. C'était peut-être comme ça que les gens qui croyaient en un dieu se sentait. Cette conviction profonde que c'était possible et réel, ça devait être pour ça qu'on ne la prenait pas au sérieux, elle n'avait pas encore réussi à prouver ses dires. Comme ceux qui l'avaient précédée sur cette tâche.

« Oh, salut Rhodàn, » furent ses seules paroles, dites un peu distraitement.

La scientifique resta assise au lieu d'aller à la rencontre de son ami et replongea son regard dans son microscope, elle venait faire un petit test sur des tissus d'un des prisonniers de l'extérieur et voulait absolument voir la réaction en chaîne. Puis elle poussa un soupir de déception, ce n'était pas le résultat espérer, mais nota tout de même ses observations, ce n'était pas entièrement mauvais, juste... Décevant. Finalement, Keenan se redressa en se frottant les yeux.

Finalement, l'asiatique porta attention à son environnement et sursauta quand elle se rendit compte que son amie s'était rapprochée, sans qu'elle ne s'en rendre compte. D'ailleurs, quand était-elle rentrée ici? Keenan ne s'était rendue compte de rien. Ou peut-être que si... Elle n'était plus certaine.

« Rhodàn! Je ne t'ai pas entendu arriver. »

Elle regarda l'autre femme, un sac et une grande bouteille d'eau dans sa main. L'odeur atteint son odorat en même temps que la militaire parlait et la scientifique se rendit enfin compte de sa faim. Tout comme son estomac le fit savoir avec un grognement très sonore. Elle devait apprendre à prendre soin d'elle-même... Sauf que ça faisait des années que Keenan se répétait ça, c'était probablement le seul apprentissage qu'elle n'avait pas réussi à assimiler rapidement.

« Pardon, j'ai oublier. » Sempiternelle refrain qu'elle disait à chaque fois et qui pourtant était vrai à chaque fois. « Mais tes muffins sentent exquis. » Un sourire, l'un des rares, mais elle pouvait au moins le faire pour ses rares amis qui pensaient à la nourrir quand elle oubliait. « Je pense que j'approche de quelque chose. L'un des jeunes a accepter de partager un peu de son sang, sa salive et ses cheveux avec moi et son sang est... C'est juste incroyable. C'est complètement différent de celui des Étrangers avec ça, je peux faire des avancés incroyables dans mes recherches et peut-être réussir à créer une thérapie génétique pour nous immuniser... Plus besoin de faire... » Il y avait de la tristesse dans sa voix et dans la phrase qu'elle laissait en suspens. Non, elle n'était pas d'accord avec tout ce qui était perpétré, mais que pouvait-elle y faire?  Elle ne voulait pas non plus mourir, ou voir les gens qu'elle appréciait mourir... En même temps, c'était peut-être ce qu'ils méritaient tous. Peut-être.

« Je n'irai pas dans les détails, je sais que tu n'y comprends pas grand chose. Et si tu es là... » Keen réfléchit un moment. « Ça fait combien de temps que je suis ici? »

Eh, oups? Oups.

Distraitement, Keenan lui avait répondu. Distraitement oui… Mais elle lui avait répondu quand même et Rhod ne pu s’empecher d’être soulagée, parce qu’elle s’inquietait sincèrement pour la scientifique, et elle savait que si la scientifique réussissait ce qu’elle voulait faire, et bien ils auraient tous une chance. Sauf elle, elle, elle s’était déjà enfoncée trop loin. Elle avait eu la transfusion, elle avait eu du sang, elle avait eu de la moelle osseuse, et elle tomberait en faisant tomber la montagne. Soit, elle n’étiat pas ici pour parler de ça. Non, elle était ici parce qu’elle s’inquietait sincèrement pour son amie, et qu’elle ne voulait pas la voir mourir. Keenan méritait probablement sa place en surface elle. Si elle survivait jusque la.

« Je ne t’ai pas entendu arriver. » Elle haussa les épaules, et sourit un peu en regardant la scientifque la remarquer enfin et remarquer son sac, et sa gourde. « J’ai des pouvoirs magiques. Ou un très bon passe. » Ca, c’était encore un sourire un peu, et elle rit aux bruits de l’estomac de Keen. Un léger rire, qui disparu au profit de son air sérieux usuel. Elle n’était pas de ceux qui riaient beaucoup, ni qui avaient toujours un sourire aux lèvres, elle était surtout de ceux qui étaient concentrés, qui étaient toujours sérieux lors de leurs heures de travail, et aussi… de ceux qui parfois buvaient seuls la nuit.

« Je les ai pris en cuisine, Howard me devait quelque chose. » Ou du moins il était gentil alors quand elle lui avait dit « muffin » il lui avait donné un plateau, c’était suffisant. Un peu amusée, elle lui tendit le sache de pâtisserie et la bouteille. « Nourris toi. Tu m’expliquera après. » La coupa t’elle quand la scientifique se mit à parler de thérapie génétique avec l’air un peu… triste. Elle ne pouvait rien y faire Rhod’, mais elle savait qu’elle trouverait un moyen pour qu’ils sortent tous.

Elle haussa les épaules. « Ça ne m’interesse surtout pas spécialement. Si tu penses réussir à faire quelque chose fait le, la science ne sera jamais mon domaine, surtout pas maintenant, surtout pas ici. » Elle détestait tout ce qui avait une blouse blanche, et meme si elle ne pouvait pas dire ouvertement ce qu’elle pensait. Elle se renfrogna un peu, puis se concentra sur la question de Keenan. « Trois jours. Depuis que l’intruse s’est échappée. » Elle ne pouvait pas se permettre d’en dire plus. Il y’avait des micros. Des cameras. Et Keenan ne savait de toute façon pas qu’elle était la cause de la fuite de Clarke. Non, pour la forme elle se frotta un peu la joue. « Et dire qu’elle s’est enfuit a cause de moi. » C’était… Un peu trop crédible. Sauf pour une amie peut être.

Keenan se retrouva avec un sac de pâtisserie et une bouteille dans les mains et elle remercia secrètement la bienveillance et les contacts de son amie parce que son estomac se faisait connaître maintenant que la nourriture était si près.

« Tu es bénie Rhod et les gens à qui tu rends services, » avec ses paroles, la scientifique obtempéra à l'ordre donné sans rechigner, ouvrant le sac et inhalant l'odeur de la nourriture fraîche qui en sortait, causant son estomac à grogner bruyamment une fois de plus, mais elle l'ignora.

Elle retira le muffin du sac et en brisa un bout pour ensuite croquer dedans, l'eau déjà à la bouche. La chercheuse prit le temps de mâcher et d'avaler lentement pour éviter de s'étouffer ou manger trop vite, puis elle ouvrit la bouteille d'eau et en prit une longue gorgée. Elle laissa échapper un soupir de contentement alors que la nourriture remplissait l'espace dans son estomac.

« Oui, je sais que tu n'aimes pas trop la science ou même les laboratoires, » c'était surtout ce dernier point qui rendait les visites de Rhodàn si précieuses aux yeux de Keenan. La garde n'avait aucune raison de venir, sauf pour Keenan. Par contre pour le reste, la chercheuse dût réfléchir un peu plus pour se rappeler les évènements récents, parce que même si la montagne était petite et que les nouvelles voyageaient vite, il fallait leur porter attention pour les savoir. Heureusement pour cet événement en particulier, tout le monde en avait parler dans le labo, tous ses collègues, pendant des heures, sans vraiment travailler...

« Oui, j'ai entendu parler de sa fuite... Je ne savais pas que tu avais été impliquée. » Son regard était inquiet et elle se réprimanda mentalement de ne pas avoir chercher à savoir plus tôt, au moins pour son amie. « Tu n'es pas blessée au moins? Tu vas bien? » Keenan se serait probablement levée et approchée pour vérifier d'elle-même, mais Rhodàn était un peu trop fière pour ça.

Bon pendant un moment, elle oubliait un peu ses recherches et ses échantillons qui étaient sur la table de travail près d'elle. Ses recherches étaient ce qu'il y avait de plus importants pour elle, mais le soutien que lui donnait Rhodàn, même si cette dernière n'était pas très intéressée par la science, lui était trop précieux pour risque de le perdre. Rhod était l'une des rares personnes à ne pas croire qu'elle poursuivait un rêve impossible et même si la conviction de Keenan était forte, un peu de soutien de l'extérieur ne faisait pas de mal.

Bénie. Elle grimaça un peu quand Keenan lui annonça ça. Pour elle, elle n’avait pas l’impression de l’être. Elle était maudite. Mais elle ne pouvait pas spécialement le dire n’est ce pas ? Car le monde était ainsi fait, qu’elle ne pouvait pas révéler ce qu’elle faisait vraiment. A part à quelques enfants rebelles qui ne comprenaient pas tout. A quelques jeunes prisonniers qu’elle tentait de cacher. Elle pensa à bébé canard, qui voulait se battre et boire, et vivre. Elle pensa à Monty qu’elle avait aidé à construire une radio. Elle pensa à Clarke, qu’elle avait laissé s’echapper. Et surtout elle pensa à Andrea qui devait veiller sur elle de la haut, et être à la fois fière et déçue par ce qu’elle faisait. Car elle pensait aussi à cette fille dont elle avait la moelle osseuse à l’interieur de son corps. Elle pensait à Elise qui la haïssait. Elle pensait à ses chefs à qui elle obéissait. Elle pensait à Cage qui était fou. Et … A Kennan était trop concentré sur ce qu’elle faisait pour se rendre compte que son amie n’était pas le fidèle petit soldat que tout le monde imaginait. Elle se fendit d’un soure un peu degouté. « J’aurais plutôt dit maudite. Mais je suis ravie de te faire plaisir. »

C’était plutôt agréable de voir Keenan manger, et Rhodan sourit assez aisément. Comme si avec ses amis proches – dont Keen’ faisait partie – elle était différente. Plus légère. Bien sur, elle avait toujours besoin de porter ce masque. Mais c’était… Ce n’était pas si grave au final. Elle se mordit un peu la lèvre. Et évoqua les sciences dont elle se fichait un peu. Et les laboratoires. Tous les laboratoires. Parce que les scientifiques lui rappelaient Andrea. Et que … penser à Andrea la rendait triste. La rendait …. Impuissante peut être ? Elle secoua la tête. « C’est pour ça que tu peux être flattée que je sois la. » Un clin d’œil, puis elle parla de la fuite de Clarke, et sourit à la réaction de son amie. « Non, ne t’en fais pas. Elle m’a juste un peu sonnée, mais je suis plus forte que ça. » Elle se renfrogna un peu. « J’ai juste subis un petit savon, mais mes services ne sont pas à redire, alors je n’ai pas été punie pour ça. » Elle aurait pu l’être. Ca aurait pu être grave. Elle n’avait pas parlé de son passe disparu, elle avait emprunté celui d’un autre rebelle qui n’en avait pas besoin pour le moment…

Pensive elle garda le silence quelques petits instants. « Si tu arrives à trouver la solution Keen, tu penses qu’ils vont arrêter de faire ce qu’ils font aux gosses ? »

«  J’aurais plutôt dit maudite. Mais je suis ravie de te faire plaisir. »

Keenan ne répondit pas à ce commentaire, même si elle aimerait le réfuter de but en blanc. Pour elle, Rhodàn était l'une des rares personnes qui l'encourageait et lui donnait espoir que tout ce qu'elle faisait n'était pas vain. Pourtant, même si la scientifique ne se rendait pas vraiment compte de ce qui se passait en dehors des portes de son laboratoire, elle n'était pas complètement aveugle aux comportements parfois étranges de son amie. Il y avait comme une tristesse chez la soldat toujours présente juste sous la surface et à de rares occasions, cette tristesse transperçait la surface avec un petit commentaire, une pensée apparemment innocente en surface ou juste une humeur mélancolique. Keenan ne pouvait pas prétendre la connaître entièrement, il y avait beaucoup d'évènements de son passé qu'elle ignorait totalement. La communauté de la montagne était peut-être petite et les nouvelles voyageaient vite, sauf qu'il y avait aussi des secrets. Et des blessures. Rhodàn donnait souvent l'impression de posséder les deux et Keenan n'osait pas questionner. La chercheuse avait l'impression que c'était... tabou. Quelque chose qui ne devait pas être discuter. De toute façon, elle ne comprenait pas grand chose aux politiques qu'il y avait dans la montagne et la plupart du temps Rhodàn semblait satisfaite, du moins en apparence, et elle se dédiait tellement à son travail que... Keenan avait peur de briser cette image et peut-être devoir mettre de côté ses recherches pour aider son amie. C'était purement égoïste et à la fois totalement altruiste, parce que si Keenan réussissait, tout le monde en profiterait. Alors elle gardait le silence.

Au moins, c'était facile de changer de sujet, Rhodàn elle-même ne semblait pas encline à s'attarder sur ces petits moments. Alors la discussion continua aisément, Keenan prenant le temps de se nourrir avec grand plaisir, la nourriture de Howard était toujours excellente.

« Oh, mais je suis plus que flattée, je suis honorée que tu acceptes de te montrer dans mon humble présence, Ô grande Rhodàn. » Un sourire et un rire suivirent, des plaisanterie agréables et légères qui détendait l'atmosphère.

Keenan eut un soupire de soulagement quand la garde lui confirma qu'elle allait bien physiquement et aussi avec ses supérieurs. C'était... tant mieux. Rhodàn avait une carrière quasi-impeccable, une erreur de temps en temps pouvait bien arriver, elle restait humaine et au moins ses supérieurs le reconnaissait.

« Tu m'en vois soulager. C'est stupide, j'ai entendu parler des troubles jusqu'ici et je n'ai jamais pensé que tu aurais pu être impliquée. Je ne fais pas vraiment une bonne amie quand je pense que tu penses à venir me porter de la nourriture. » Une main nerveuse se glissa sur sa nuque tandis que son regard descendait au sol, au moins elle s'était renseignée maintenant, mieux valait tard que jamais? Ou pas, tard pouvait parfois être trop tard.

Le silence s'était installé entre elles quand Rhodàn finit par le briser avec une question sérieuse, une que Kee' s'était souvent posée, mais n'avait jamais vraiment oser pousser ses pensées dessus...

« Dans le meilleur des mondes... J'espère que oui. Si on a une autre alternative, une autre possibilité, une solution plus humaine qui cesse de nous transformer en monstre ou en tueur... J'espère que tout le monde changera pour, mais... Mais je crois que certain d'entre nous se sont enfoncé trop loin et pour eux tuer pour leur survie n'est plus un problème, même plus une nécessité, peut-être qu'ils le voient plus comme un privilège, un droit acquis. » Sa voix devenait toujours plus triste alors qu'elle parlait. « Beaucoup sont impatients, ils désirent voir le monde extérieur et ils ont oublié qu'ils tuaient d'autres êtres humains en le faisant... Je crois qu'au mieux, nous nous entretuerons et... ça me fait un peu peur. Si je trouve le remède miracle, ce ne sera jamais une solution aussi rapide que, que ce qu'ils font aux jeunes. Certains... Certaines personnes au pouvoir refuseront de changer leur façon de faire pour atteindre leurs buts plus vite. » Elle se tut un moment. Tenir de tels propos pouvait être risqué, mais c'était la triste réalité. « J'ai peur qu'une guerre ne déchire les entrailles de la montagne si jamais ça arrivait. Les... tensions sont déjà fortes. »

Si elle découvrait un remède, elle se doutait bien que tous ceux qui supportait Cage n'accepterait pas d'attendre plus longtemps alors qu'ils avaient la solution rapide entre leurs mains. Alors que du côté de la résistance, les gens demanderaient à ce que les jeunes soient relâché et que tout le monde patiente encore. Le conflit risquerait alors de grossir et ils n'auraient plus besoin des gens de l'extérieur pour les tuer un par un, ils s'entretueraient de l'intérieur.

C’était un jeu de rôle pour Rhodan, prendre l’apparence d’un soldat qui se dévouait corps et ame à sa tache, tandis qu’il n’y’avait qu’une seule chose qui hantait son esprit. Andrea. Et les retombées tentaculaires que sa mort avait pu avoir. Il y’avait la tristesse bien sur, cette peine rémanente qui ne disparaitrait jamais, comme si le cœur de Rhodan avait été brisé le jour où elle avait découvert le corps de sa com… de sa meilleure amie, sans vie. Le jour où ils lui avaient apprit sa mort. Il y’avait la détermination. L’abnégation. Cette chose qui l’avait poussé a oublier tout ce dont elle avait révé, être institutrice, professeur d’histoire, raconter ce qui avait été et ce qui serait peut être, pour rentrer dans les forces militaires. C’était un jeu de rôle, que de prétendre que tout allait bien. Et parfois pourtant il y’avait des ratés. Comme la. Comme cette réflexion à la quelle par chance Keenan ne répondît pas. Et elle secoua la tête. Pour chasser tout ça. Par chance, la jeune femme essayait de plaisanter et si Rhod était souvent vue comme quelqu’un de coincée, elle sourit néanmoins.

« Je prefere te voir rire. » C’était sympathique et sincère. C’était sorti tout seul. Elle était loyale à ses amies – peut être un peu trop pour certaines, mais c’était une autre histoire – et … Enfin, qu’importait. La conversation venait de passer sur Clarke, et l’evasion de celle ci. Pour Rhod, ça devenait de plus en plus dur de mentir, de faire comme si elle était désolée. Elle se renfrogna un peu, puis elle sourit quand même à la scientifique.

« Et bien, visiblement je suis pas aussi immaculée que ça. Ou peut être pas un aussi bon soldat. J’ai laissé s’enfuir une fille blessée. » Pour les cameras, elle faisait la fille désolée. « Ne t’en fais pas. Tu as plus important à faire, ce sur quoi tu travaille est beaucoup plus important que le reste. » Elle voulait la rassurer, ça la gênait que Keen soit gênée par son manque de considération. Tandis qu’elle, elle aimait qu’on ne s’attarde pas trop sur sa vie ou le reste. On risquait de découvrir toutes les failles alors…

Elle sourit un peu plus nerveusement, avant de poser une question qui lui semblait importante. Peut être qu’elle avait besoin d’y croire. Elle s’était assurée que la caméra soit une camera sans son, d’un simple regard. Alors elle écouta le laïus de son amie, et elle resta silencieusement un long moment. Ne lâchant finalement que quelques mots. « La guerre est déjà la. Tu ne la vois juste pas parce que tu es occupée par tes recherches. Et je pense que c’est mieux ainsi. » C’était cruellement défaitiste, mais c’était néanmoins vrait et le cœur de Rhodan se serra un peu plus. « Ils ont oubliés qu’ils tuaient des êtres humains, bien avant que ces hommes du ciel viennent tu sais. La résistance n’est pas née sans raison. Et ce sang que nous portons en nous, n’est même plus le notre. Penses tu vraiment que remède ou pas, nous ayons le droit de survivre ? »

« Même si tu n'es pas le soldat immaculé et parfait que les hauts dirigeants aimeraient avoir, je suis certaine que ton dossier est plus exemplaire que la majorité des autres soldats. En plus, je ne te vois pas utiliser la force sur quelqu'un de déjà blesser. Tu es peut-être soldat, mais contrairement aux autres, tu as toujours su utiliser ta tête et te rappeler que tu es humaine comme nous tous et comme eux dehors. S'ils te font du trouble à cause d'une erreur, envoie moi les. Je ne suis peut-être pas très forte, mais si tu savais combien d'entre eux ont peur d'une petite piqure... » Elle parlait avec un petit sourire amusé en coin, parce que c'était parfaitement vrai ce qu'elle disait. Pour des grosses brutes qui faisaient régner la loi et qui se croyaient plus forts que les autres parce qu'ils pouvaient aller à l'extérieur... beaucoup des soldats redoutaient les visites chez les chercheurs ou au centre médical, à cause des piqures.

Quand Rhòdan l'encouragea sur son travail, la scientifique répondit avec un énorme sourire au début avant de s'affaisser un peu. Depuis tout le temps et le manque de progrès, les paroles de ses collègues commençaient à l'affecter de temps en temps et elle se questionnait. Son travail si important, l'était-il vraiment? En même temps, l'entendre de quelqu'un d'autre, c'était agréable et encourageant.

« Oui, je m'en fais pour toi, parce que tu es mon amie et que tu le mérites. S'il t'arrivait quelque chose qui serait là pour me dire que mon travail est important? » Kee' eut un triste sourire. « Parfois je me surprends à croire les autres scientifiques... que ça n'est qu'une perte de temps et complètement futile. Une tâche impossible. Puis tu viens et me dis que c'est important, alors je n'ai plus envie d'arrêter. »

Puis elles parlèrent des jeunes et de la montagne, des qui y étaient et comment les dirigeants avaient oubliés qu'ils étaient tous humains, sans exceptions, les étrangers de la montagne et les gens de l'espace. Peut-être qu'eux avaient eu plus de chances, mais est-ce que c'était une raison pour les massacrer et les exploiter comme du bétail? Pas pour Keenan... C'était pour ça qu'elle travaillait jusqu'à s'oublier. Il y avait aussi la résistance, cette alliance invisible qui combattait silencieusement leur façon de vivre depuis bien des années maintenant. La scientifique ne la connaissait pas et n'avait aucun lien avec eux, du moins pas qu'elle connaisse. Pourtant, elle savait que parfois on la surveillait, après tout, ça lui arrivait de refuser des traitements et elle parlait souvent contre la façon que les gens de l'extérieur étaient traités avec ses collègues, mais elle n'attisait pas le feu, elle ne faisait que prêcher pour sa propre paroisse. De toute façon, elle sortait rarement du rayon des caméras du labo, donc il était facile de la surveiller.

« Je crois... Je crois que nous avons droit d'essayer de nous repentir et surtout que les enfants ne devraient pas être accusé de nos actes. Beaucoup d'entre nous sont contre les traitements et... Je trouve idiot de se venger sur des enfants à cause des actes des parents. Est-ce que tu as déjà lu la Bible? Il y a en a quelques exemplaires dans la bibliothèque et dedans, le dieu du livre punit les parents et leurs enfants, même s'ils ne sont pas encore né sous prétexte qu'ils vont reproduire les mêmes actes que les parents... Il ne laisse même pas la chance de faire autrement. Je trouve ça stupide. Les enfants devraient avoir la chance d'essayer de vivre différemment et les adultes qui ont été victime des circonstances devraient avoir la chance de se repentir s'ils le veulent, mais je suis peut-être trop optimiste. »

Après tout, si comme son amie l'avait dit la guerre était là... Rien de ça n'aurait lieu d'être. Il n'y avait qu'un vainqueur dans une guerre et leur adversaire était sans pitié dans le meilleur des cas. Cruel et sadique, dans le pire.

« La guerre est vraiment là? Je sais que c'est affreux tout ce qui se passe, mais... Vraiment une guerre? » L'idée lui glaçait le sang et la peur s'entendait dans sa voix. « J'avais espérer... J'espérais être capable de... de... trouver quelque chose pour éviter ça, mais c'était probablement inévitable. » Oui elle avait peur, l'idée de la guerre lui faisait atrocement peur, elle ne voulait pas mourir, même si elle savait que la mort était probablement le sort qu'elle méritait simplement à cause qu'elle avait survécu grâce au sang d'autres personnes...

Il y’avait beaucoup de compliments pour elle, dans le discours de la scientifique, et Rhod esquissa un petit sourire, tout fin, et délicat, mais elle fit un sourire tout de même. Parce qu’elle était amusée (et flattée) par ce que son amie disait. « J’y songerais. » C’était très peu bavard en comparaison du laïus que Keenan avait fait, mais Rhodan n’aimait pas beaucoup parler. Elle se contenta simplement d’un « Merci. » lié aux compliments, et elle enchaina sur autre chose. Sur le travail, sur le fait de ne pas s’inquieter pour elle. Elle n’aimait pas que l’on s’inquiete comme ça, parce qu’elle savait qu’elle allait mourir, elle y était préparée. Elle ne voulait juste pas que les autres en soient tristes.

« D’autres personnes. » Elle haussa un peu les épaules parés ça. « Ce que tu fais est important, ne laisse personne te dire le contraire, que je sois la ou pas. » Sur ce, la conversation changea a nouveau. Sur la montagne, sur les jeunes, sur la façon dont les gens étaient traités. C’étiat un sujet que Rhod’ avait tendance un peu à éviter, parce qu’elle ne voulait pas mêler Keenan à tout cela. Elle avait déjà bien assez de problèmes la scientifque, même si les résistants auraient aimé la mettre de leur coté.

En tout cas, elle parlait de la bible, et d’une histoire de dieu du livre. Elle soupira un peu plus.

« Les enfants qui grandiront ici, finiront par faire pareil, parce que la solution de facilité s’imposera à eux. Il n’y’a pas d’innocents. Et aux yeux des personnes qui nous jugeront, il n’y’en aura pas. » C’était fait. C’était dit. Et même si elle n’avait pas spécialement comprit pourquoi Keenan était partie sur le repentir, et la religion, elle avait dit ce qu’elle avait a dire. « Ce qui compte Kennan, c’est ce que nous faisons. C’est la manière dont nous le faisons. Tu cherches une solution, mais tu porte tout de même du sang étranger en toi. Et si je combattais pour une chose juste, j’aurais tout de même en moi la moelle de l’un de ces enfants. » Ils ne seraient jamais des agneaux blancs. Qu’importe leur rédemption.

Quant à la guerre, Rhod’ haussa les épaules. Elle était résignée. « Continue de chercher une solution. Je suis sure que d’ici quelques temps, nous en auront besoin. » Bien sur, elle n’en dirait pas plus pour le moment.