« Comment se mettre une personne à dos, en une leçon. » Matt [flash-back]

C'était une journée ressemblante. Une journée semblable aux autres. Une journée qu'elle n'appréhendait pas plus que les précédentes. C'était ce que l'on appelait les premiers jours, ceux où ils se devaient de s'adapter, de comprendre ce qu'ils leur arrivait. Le comprendre. Rose ne put s'empêcher d'esquisser un sourire amer, à cette pensée. Comment pourraient-ils le comprendre ? Comprendre l'injustice, la bêtise humaine, la cruauté. Ils étaient des cobayes. Que de simples cobayes. L'Arche les avait envoyé sur terre, pour voir si la terre était viable, s'ils ne mourraient pas à cause des radiations ; une perspective pour le moins pas très réjouissante. Mais ça allait. Ça allait, pour le moment.

Rose se devait à présent de se plier aux règles du camp, et se fondre dans la masse. Une chose qu'elle n'avait de toute évidence jamais réussi à faire, même lorsqu'elle avait essayé. Mais cette fois, elle se devait de faire un effort, et de ne pas faillir à leur confiance. C'était pour cela qu'elle s'était proposée pour de nombreuses tâches ingrates, et ses connaissances en médecine étaient parfois tout de même bénéfiques. Mais aujourd'hui, ses occupations allaient être toutes autres. S’entraîner. Ils se devaient de s'entraîner, car une menace persistait. Les Terriens. Ces sauvages, qui souhaitaient leur peau, et qui demeurait en ces lieux bien avant eux.

L'on lui avait confié une arme, et elle dût mettre un bon quart d'heure à comprendre comment s'en servir. La jeune femme excellait lorsqu'il s'agissait des armes blanches, mais là elle devait admettre à son amour propre, qu'on lui posait une colle. Rose tenta de viser une cible, mais elle avait eut beau appuyer sur la gâchette rien n'y faisait. Lorsque le coup fini par partir, il se dirigea vers une autre direction. Il ne passa pas loin de la tête d'un jeune homme, qui devait probablement avoir une chance inouie. Lorsque le regard de sa victime se tourna vers elle, la jeune femme lâcha son arme, feignant l’innocence. Au nom du ciel, achevez-moi.

Elle voulait mourir. Mourir de la plus douce et rapide des manières. Elle pria le ciel. Elle le pria, mais une nouvelle fois il se montra silencieux. Ce fut donc la mine déconfite, que la jeune femme le vit s'approcher. Qu'allait-elle pouvoir faire pour s'en sortir ? La bonne idée serait probablement de s'excuser et de pleurer, car il était bien connu qu'un homme ne savait point gérer les larmes. Mais dotée d'une trop grande fierté mal placée, Rose se contenta simplement de le regarder, essayant tant bien que mal de se redonner une contenance. Peut-être qu'il allait se montrer conciliant, et qu'il n'y avait aucune raison de s'inquiéter après tout. Mais son sourire arrogant, et son ton suffisant eurent pour don de lui faire redescendre les pieds sur terre. Son teint vira au cramoisi, tandis qu'il se moquait d'elle et de sa si piètre performance. « Hey, je n'ai rien fait moi ! C'est ce truc qui s'est emballé tout seul. » Affirma-t-elle, faisant cette fois preuve d'une mauvaise foi évidente.

Rose passa une main derrière sa nuque, avec nervosité. Sa gêne était palpable, et le jeune homme semblait en jouer, ne faisant rien pour la calmer ; enfoiré. Un sourire ironique se dessina cependant sur ses lèvres, à l'entente de ses dernières paroles. « Hum...et j'imagine que tu es expert en la matière, n'est-ce-pas ? » S'enquit-elle, une pointe de défit dans la voix. Expert ou pas, il était inéluctable meilleur qu'elle, mais ce n'était pas non plus un exploit ; même un escargot albinos était sûrement plus adroit que Rose. « Tu aurais des conseils à me donner ? » Lâcha-t-elle en éternelle novice du vice, de manière un peu plus sérieuse, tandis qu'elle l'observait s'emparer de l'arme du délit. Pas de doute, il semblait s'y connaître. « Si tu pouvais m'en mettre une entre les deux yeux, je t'en serai grée. Je me sens furieusement honteuse en ce moment. » Avoua-t-elle, se cachant le visage à l'aide de ses mains, finissant par se détendre.

Ce qui était bien avec elle, ou pas d'ailleurs, était que son éternelle joie de vivre reprenait toujours le dessus. Elle reprenait toujours le dessus, même dans les situations les plus chaotiques.
Cependant, la jeune femme ne put s'empêcher d'arquer un sourcil interrogateur, face au surnom qu'il venait de l'affubler ; la dangereuse. Cela n'avait rien de très glorieux, à vrai dire. « Je m'appelle Rose-Marley. » Répondit-elle cependant, n'ayant point perdu son sourire, avant de lui tendre une main qui se voulait amicale. La jeune femme finit par s'emparer de l'arme, sans lui demander la permission. « Bon, on commence par quoi ? » Quémanda-t-elle. Car oui, elle avait décidé qu'il serait son professeur particulier.

Elle aurait pu signer son arrêt de mort. Elle aurait pu être sur le point de pactiser avec le diable en personne. Mais ce fut, telle une automate, que la jeune femme le suivit. Ses multiples sarcasmes n'eurent point raison d'elle, et ce fut avec confiance qu'elle s'engouffra dans la forêt, avec cet homme dont elle ne connaissait même pas le prénom. Il avait beau se comporter de manière exécrable, paradoxalement, il lui était sympathique. Il aurait pu simplement se contenter de lui hurler dessus, ce qui aurait probablement été des plus légitimes, étant donné le personnage qu'elle était. Mais il n'en avait rien fait, et dans le fond, Rose lui en était reconnaissante. Elle se devait aussi d'avouer à son amour-propre, que son année en prison lui avait faite complètement oublié les relations humaines. Les relations humaines, ainsi que les nouvelles convenances.
Ils arrivèrent dans un endroit dégagé, au milieu de la forêt, propice aux entraînements à l'arme à feu. Lorsqu'il déposa des bouteilles sur le sol, elle comprit ce qui lui restait à faire. Rose ne put s'empêcher de sautiller comme une gamine, sachant pertinemment que son enthousiasme ne lui servirait guère pour atteindre une cible. « Très bien ! Regarde, et apprends. » Lâcha-t-elle en bombant le torse, miroitant la suffisance qu'il semblait avoir l'habitude d'adopter.

La jeune femme pointa le première bouteille, fermant l’œil gauche, pour avoir une meilleure vision, essayant tant bien que mal de se concentrer, malgré ce regard qu'elle sentait derrière elle. Maintenant que Rose avait fait la maline, il serait des plus humiliants de rater sa cible, elle le concevait. Mais hélas, la catastrophe ne se fit guère attendre, car sans aucune surprise, elle tira à côté. « Hum... » Ce fut tout ce qui s'échappa de ses lèvres, tandis qu'elle haussait les épaules. Malgré ses nombreux conseils, elle avait tiré comme un véritable pied, et Rose espérait qu'il ne lui en tiendrait pas rigueur. « Rome ne s'est pas fait en un jour, dit-on. » La jeune femme réessaya une deuxième fois, mais elle fut pour le moins distraite, par la question qu'il venait de lui poser ; elle lança une nouvelle fois à côté. « Tu m'as déconcentrée. » Tenta-t-elle de justifier, à mesure qu'il la poussa pour tirer à son tour. « J'ai volé dans une boutique de bonbons. » Finit-elle par répondre, sarcastique. « De toute façon tu ne me croirais pas si je te le disais. » Oui. Il ne la croirait pas. D'ailleurs, qui la croirait. Qui aurait pu croire que Rose demeurait capable de faire du mal aux autres. Lorsque le jeune homme réussit à mettre à bout la plupart des cibles, Rose ne put s'empêcher d'écarquiller les yeux. « Mais...comment tu fais ? » Bougonna-t-elle, en s'emparant à nouveau de l'objet d'affliction. Rose ne put réprimer une moue contrite, face à ses paroles. Il se montrait dur avec elle, voir méchant. Non pas qu'elle n'en avait pas l'habitude, mais tout de même. Rose finit par passer devant lui, se repositionnant devant sa ligne de mire. « J'ai tabassé un garde qui a eu l'impertinence de me vexer. » Lâcha-t-elle, lui jetant un regard qui se voulait menaçant, faussement. Ce n'était qu'à moitié vrai, mais elle essayait une nouvelle fois de faire de l'humour, tant bien que mal. « Et toi ? Pourquoi tu as été condamné par nos bienfaiteurs ? » Ajouta-t-elle, reprenant un semblant de sérieux. Rose finit par tirer, mais cette fois, ce fut une toute autre cible qu'elle toucha. « Et un pigeon, ça compte ? »

« Surprenant, n'est-ce-pas ? » Lâcha-t-elle, face à son incrédulité. Il était drôle de voir sa réaction, bien que la vérité demeurait des plus chaotiques, qu'elle l'avait vécu autrement. Mais qu'importe, c'était du passé désormais. Du passé, qui était à présent derrière-elle, et qu'elle essayait tant bien que mal d'oublier. Rose finit par lui retourner la question, et celui-ci ne répondit qu'à demi mot, lui affirmant qu'il était un mauvais garçon. « Oh ça, je m'en serai doutée. Mais tu as le droit de ne pas vouloir en parler. » Lui répondit-elle, le comprenant, dans le fond.
Lorsqu'elle aperçut un pigeon tomber du ciel, elle ne put s'empêcher de jeter un regard désolé à son compagnon. Elle était nulle ; tellement nulle. Rose haussa les épaules, résignée, car de toute évidence ce genre d'arme n'était décidément pas faite pour elle. « Peu-importe, même pour ça je serai nulle de toute façon. » Mais ce n'était pas une fatalité, elle compenserait sur autre chose. Il lui donna un léger coup d'épaule, et elle feignit d'avoir mal, en digne mauvaise joueuse.

Elle le regarda s'éloigner, et Rose ne tarda pas à le rejoindre, se demandant ce qu'il pouvait bien avoir en tête. La jeune femme ne put s'empêcher d'esquisser un sourire, à l'entente de ses paroles. Était-il sérieux ? « Je t'en prie, appelle moi comme tu le désires. D'accord, mais est-ce-bien raisonnable ? Je n'ai pas envie de te faire mal. » Ce n'était pas pour se vanter, mais elle se défendait bien, lorsqu'il s'agissait d'armes blanches, voilà pourquoi elle ne quittait jamais son mini-couteau. Mais à peine eut-il attaqué, qu'un bruit peu rassurant retentit. Non. C'était une blague.
Elle n'avait jamais croisé de Terriens, et elle aurait de loin espéré ne jamais à devoir le faire. Ils étaient nombreux. Ils étaient beaucoup trop nombreux. De toute évidence, le combat ne serait pas à armes égales. Ce fut cependant le jeune homme qui prit les devants, et qui la prit par la main pour s'enfuir. Ils ne pouvaient point rejoindre le camp, car ils leur bloquaient le passage.
Ils réussirent enfin à les semer, mais sans savoir pour combien de temps.

Son regard se posa sur son compagnon de galère, et son expression demeurait à présent toute autre. « Hey...cal... » Mais elle n'eut point le temps de finir sa phrase, que celui-ci venait de donner un violent coup de poing contre l'arbre ; elle finit un pas en arrière. Rose acquiesça, lorsqu'il lui affirma qu'ils ne pouvaient point rentrer au camp tout de suite ; ce ne serait pas prudent. Elle se mordit la lèvre inférieure, impuissante, ne sachant nullement comment le calmer, le rassurer. « Calme-toi, ils vont bien finir par se lasser. » Elle s'y prenait comme un manche, mais au moins, elle avait le bénéfice d'essayer. Rose avait peur. Elle avait peur, mais elle tentait vainement de le dissimuler. Lorsqu'il lui demanda ce qu'ils faisaient désormais, elle réfléchit à toute vitesse, regardant autour d'elle. « J'espère que tu n'as pas le vertige. Suis-moi. » Sans lui demander son avis, la jeune femme commença à grimper à l'arbre, en digne tête brûlée qu'elle était. Ces sauvages étaient loin, et bien qu'ils sachent monter aux arbres, ils auraient une meilleure vue de là-haut. Une fois en haut, Rose reporta son attention sur l'adolescent. « Il ne faut pas voir le verre à moitié vide, la vue n'est pas si mal. » Tenta-t-elle de relativiser. « Bien sûr, quand on oublie que des hommes assoiffés de crimes veulent notre tête au bout d'une pic. » Ajouta-t-elle, avec une pointe d'humour, bien que le cœur n'y soit pas.
Cependant, son sourire s'effaça, lorsque des bruits de pas se firent entendre. « Tu as peur ? » S'enquit-elle, se doutant que sa question était stupide. « Parce-que moi, je dois t'avouer que je commence à flipper. »

Tout allait bien se passer, il avait raison. Après tout, ce n'était pas des Terriens psychopathe qui allaient venir à bout d'eux, n'est-ce-pas. Rose essayait de se rassurer tant bien que mal, mais hélas, elle devait s'admettre que ce n'était pas une réussite. Ils avaient réussi à se mettre dans une panade sans nom, mais à chaque problème, il y avait sa solution. Quoi-qu'il en soit, pour le moment elle n'était pas palpable, et Rose ne savait nullement comment ils allaient bien pouvoir faire pour se débarrasser du Terrien qui leur collait aux baskets. Rose posa son regard sur le jeune homme, et lorsqu'il toisa son arme avec intérêt, l'adolescente fronça les sourcils, ne savant que trop ce qu'il voulait faire.  « N'y pense même pas. » Lâcha-t-elle, mais c'était trop tard, il s'était déjà emparée de l'arme du délit. Il se jeta lourdement sur le sol, et Rose le suivit instinctivement, bien que désarmée. Mais elle n'eut à peine le temps de poser les pieds au sol, qu'un coup de feu retentit. Son regard se posa en bas, et elle ne put s'empêcher d'échapper un soupir de soulagement, en le voyant sain et sauf, bien que choqué. « Il est mort ? » Que lui répondre ? Il le savait. Il savait bien, que le coup qu'il venait de lui porter était fatal. Elle se contenta simplement de le regarder, sans rien dire, se sentant des plus impuissantes. Il avait été des plus irresponsables, et elle lui en avait voulu sur le coup, mais dans le fond, peut-être qu'il avait pris la bonne solution. Mais bien qu'il ait agi dans leur intérêt, elle ne pouvait s'empêcher de le détester, de la peur qu'il lui avait faite.
Dans un état second. Il semblait dans un état second, comme quelques minutes plus tôt. Rose connaissait ce genre de réaction, elle se souvenait de ses longues nuits de tourments, lorsqu'elle demeurait encore en cellule.

Il finit par s'enfuir à toutes jambes, et Rose le suivit jusqu'au lac, auprès duquel il s'était agenouillé. « Cela t'arrive souvent de jouer les cow-boy ? » Ne put-elle s'empêcher de réprimander, sachant que cela ne demeurait peut-être guère la meilleure des solutions. Mais il ne l'entendit pas, et il ne semblait même plus remarquer sa présence. Ce fut là qu'elle comprit. Qu'elle comprit, ce qu'il pouvait ressentir. Ce sentiment d'avoir faire quelque chose de très mal, d'irréparable.
Rose finit par s'asseoir à côté de lui, posant précautionneusement une main sur son épaule. « Tu n'avais pas le choix, il ne nous aurait pas épargné. » Le choix, nous l'avions toujours. Mais dans ce genre de position, nous étions tous obligés de revoir nos principes. « Enfin...nous avons toujours le choix. Mais en l'occurrence, le choix était de vivre ou de mourir. Tu as choisi de vivre, et tu nous as sauvé tous les deux. » Lâcha-t-elle, retirant sa main, la laissant lourdement tombée le long de son corps. Rien ne pourrait panser cette incompréhension qu'il devait probablement ressentir, elle le savait. Rose voulut ajouter autre-chose, mais elle fut interrompue par un bruit sourd qui retentit dans toute la forêt, comme un bruit de sifflet, mais bien plus prononcé. Avec de la chance, peut-être que c'était un signal d'alarme, qui rappelait toute la tribut auprès de leur chef. « Je pense qu'ils ne nous ennuieront plus pour l'instant, mais il vaut mieux prendre un autre chemin pour rentrer au camps, par précaution. » Dit-elle, en se relevant, espérant qu'il la suivrait.

Elle manqua d'échapper un rire face à sa question, mais elle se retint. C'était une question que bon nombre de personnes se posait, si elle savait parfois la fermer. La question demeurerait probablement à tout jamais sans réponse, se sachant elle-même beaucoup trop bavarde. « Seul Dieu le sait. » Se contenta-t-elle de répondre, avant de lui passer devant, légèrement vexée. Qu'il aille au diable après tout ! Tout ce qu'elle voulait, c'était l'aider. Une bonne partie du trajet fut silencieuse, et la jeune femme ne s'en plaignit pas, pour une fois. Avec lui, c'était comme sur les montagnes Russes. Il pouvait parfois se montrer tout à fait abordable, mais souvent il se montrer des plus...connards. Elle ne le comprenait tout bonnement pas, et pour aujourd'hui, Rose avait décidé d'abandonner. Rose ne prit même pas la peine de se retourner, lorsqu'il se décida à rompre le silence. « Non. Mais je connais cette partie, et je sais que le camp se trouve tout droit. » Répondit-elle, plus froidement qu'elle ne l'aurait souhaité ; il avait réussi à la mettre en colère. Cependant, elle ne put s'empêcher de détourner son regard vers le jeune homme, lorsqu'il lui affirma qu'elle prenait le mauvais chemin. « Je sais, mais on fait un détour. Je ne sais pas pour toi, mais je n'ai pas très envie de fricoter avec les Terriens. » Puis elle détourna de nouveau le regard, ne sachant point s'il allait décider de la suivre ou pas.

Cependant, point rancunière pour un sou, elle ne put s'empêcher de sourire, face à la remarque sur son prénom. « Horrible ? » Dit-elle, souhaitant finir sa phrase. En effet, la jeune femme se demandait la plupart du temps ce qu'ils leur étaient passé par la tête. Mais la raison était pourtant toute simple. « Ma mère voulait m'appeler Rose, mon père Marley. Ils n'ont pas réussi à trouver un terrain d'entente, comme tu peux le constater. » Lâcha-t-elle, haussant les épaules. Dans le fond, elle lui était grée de changer de sujet, bien qu'elle l'ait toujours en travers de la gorge. « D'ailleurs, moi aussi, j'aimerai mettre un nom sur ce visage, et ce caractère de chacal lunatique. » La personnification n'avait rien de très glorieuse, mais elle s'en fichait, Rose trouvait ça drôle. Et comme il n'y avait aucune méchanceté dans sa voix, peut-être qu'il ne le prendrait pas mal, ou mieux, qu'il l’honorerait d'un sourire. « Oui, je l'ai tabassé. » Avoua-t-elle, pas très fière d'elle, mais essayant tant bien que mal de rester stoïque face à ces aveux. « Disons qu'il a tenté de faire du mal à une personne qui m'était chère, et dans ce genre de cas, je peux me montrer un peu soupe au lait. » Elle s'étonna à lâcher un rire, qui devait plus être nerveux qu'autre chose. Chacun des adolescents coincés ici avait sûrement un lourd passif, sinon ils ne seraient pas là. « Et toi, quel bon vent t'amènes ? » Se risqua-t-elle, en s'arrêtant pour enfin lui faire face. « À moins que tu souhaites encore jouer le mystérieux. » Un sourire ironique se dessina sur ses lèvres, toute colère ayant disparu. Pour la simple et bonne raison, qu'il n'était pas une personne que l'on pouvait bouder éternellement.