Il y’avait toujours cette inquiétude en Eendth, liée à la montée au pouvoir fulgurante de Galath. Elle savait, qu’il y’avait eu un coup d’état, que ce n’était pas par mort naturelle qu’Herga la sage avait quitté son royaume, elle savait aussi qu’Arzhel aurait du accepter le trône si il avait possédé des couilles. Mais il ne l’avait pas fait, et le pire cauchemar d’Azgeda était arrivé au pouvoir. Elle connaissait bien Galath, Eendth, elles avaient grandi dans ce même village, elle l’avait vu revenir avec une jeune enfant, elle savait ce qui animait son cœur un peu. C’était juste comme ça. Et elle craignait peut être qu’Azgeda redouble de guerres contre les clans environnants, que les guerriers meurent pour des idéaux qu’ils n’avaient même pas. Elle se doutait oui, qu’il y’avait des chances qu’Azgeda ferme les frontières. C’était ainsi. Et ce n’était pas une perspective qui l’enchantait vraiment. Alors peut être qu’elle avait trop parlé oui, mais qui la jugerait au milieu de ces déserts gelés. « Ce serait dommage oui. Beaucoup de choses le sont en Azgeda en ce moment. » Et elle ne vocaliserait pas d’avantage sa haine de Galath, mais c’était sous entendu. Ça n’avait pas d’importance pour le moment.

Non, pour l’heure elles parlaient d’Ùlfurìs et Eendth se fendit d’un très leger sourire, avant de s’enrouler d’avantage dans cette couverture qui ne lui faisait malheureusement pas oublier ses frusques mouillées de gel. « C’est un fait véridique. De ce que les gens disent Ùlfurìs est le plus froid des villages de ce nouveau monde. Plus froid encore que les terres Skjeran. » Ce n’était qu’une réponse comme ça, véridique, et elle ne faisait pas particulièrement la promotion du village, mais elle en était fière. Vraiment. « Je suppose que c’est ce qui fait de nous des survivants, et des guerriers hors pairs. Nous naissons dans le terrible froid et nous n’en connaissons jamais de répit. » Et les guerriers d’Ùlfurìs étaient des bons guerriers. Les chasseurs l’étaient aussi depuis qu’elle les avait dirigés qu’elle leur avait apprit de nouvelles stratégies. Les guerriers deviendraient meilleurs encore sous ses ordres, ça elle le savait. Bien que ça lui brise le cœur de faire en sorte qu’ils deviennent meilleurs. Pour Galath. Pour les guerres qui les verraient mourir.

Elles se rapprochaient du village maintenant, et Eendth était curieuse. Curieuse de cette femme libre, aliénée nulle part qui semblait avoir vu plus que tout ce qu’elle pouvait imaginer. Elle n’imaginait pas beaucoup Eendth, elle était plutôt terre à terre de manière générale. Mais ça la rendait curieuse, réellement curieuse de savoir toutes ces villes. Elle qui ne pouvait pas voyager avec liberté, enviait un peu cette femme. Alors elle se contenterait de lui poser des questions autour d’un vin chaud, tant qu’elle pourrait le faire. La curiosité brilla dans ses yeux quand Drea parla des terres Skjeran et des terres Skaigona, et elle hocha la tête, sans vraiment poser de questions. Elles étaient aux portes du village, et les questions pourraient attendre plus tard. La pique légèrement moqueuse la fit sourire néanmoins. « On se fait à la neige. Je ne pense pas que ces clans du sud, me conviendraient. » Et elle eut un franc sourire Eendth, tandis qu’elle faisait signe à un jeune garçon blond, d’ouvrir les portes pour elles. « Je te souhaite la bienvenue à Ùlfurìs, Drea. Bien que tu y sois probablement déjà installée à l’Auberge. » Elle voulait juste peut être rendre ça officiel. Et si elle ne sourit plus, elle avait néanmoins le visage très doux. Les yeux amusés un peu. Cette rencontre lui plaisait. Elle ne le cacherait pas. Et c’était quelque chose de rare que de croiser des bonnes personnes. « Allons par ici, il y’a dans la maison du chef a un feu qui ne s’éteint jamais. » Et déjà elle commençait à marcher vers l’une des deux bâtisses principales du village. Juxtaposée à la maison commune dont les marches et la lourde porte de bois recouvertes de peau, était ornée du symbole d’Azgeda, la maison du chef était à flanc de colline, construire dans la roche renforcée par du bois et de la pierre. Elle avait hérité de cette demeure depuis quelques mois à peine, depuis la mort de Smédir. Et depuis elle tentait de la rendre des plus accueillantes aux villageois qui voudraient s’y abriter.

« Crois moi, il y’a beaucoup de choses qui font le charme du village. » Et elle esquissa un sourire Eendth en face de la jolie brune tremblotante, consciente qu’elle aussi elle tremblait. « Je dirais même que tu en as une devant toi. » Et assurément, un jour elle deviendrait l’une des raisons pour les quelles Ùlfuris était un village aussi réputé. Elle avait déjà ré inventé la manière de chasser, et elle s’occupait à ré inventer les manières de combattre. Oui, un jour Ùlfuris serait encore plus réputé que maintenant, elle n’en doutait pas. C’était une confiance en elle qui ne disparaitrait pas. Bien que cette assurance eut probablement semblé meilleure dans d’autres fourrures, et avec les cheveux moins mouillés, le corps moins tremblant. Quoi qu’il en soit, ce froid elle l’acceptait, elle vivait avec et elle ne pensait jamais s’en séparer. C’était ainsi, ça ne changerait pas. Et quand bien même eut elle pu rêver de voyages, elle savait qu’ils viendraient plus tard, peut être. Elle ne pouvait y penser pour le moment. Alors elle voyagerait à travers les mots de la femme.

Les portes de la ville s’ouvrirent, et Eendth apprit que Drea voyageait avec une femme qui préférait rester dehors. La Rousse hocha la tête. L’Acceuil était fait et Eendth était à la hauteur de la chef de village qu’elle se voulait être. « Je suis honorée de pouvoir accueillir des voyageurs. Ils se font malheureusement rares.» Et ils se feraient plus rares encore avec Galath elle n’en doutait pas.

Il y’eut quelques pas à nouveau, et Eendth gravit les derniers escaliers jusqu'à la maison du chef, dont elle poussa la porte, se décalant de quelques pas, le temps que sa chienne ne rentre se précipiter vers le feu ardent qui réchauffait toute la bâtisse. « Sois la bienvenue chez moi Drea la voyageuse. » Et sans plus attendre, elle se hâta dans la demeure qui bien que celle d’un chef de village restait assez modeste, tandis que le jeune Belos aux cheveux blonds se précipitait devant elle. « Toi. Va chercher de quoi nous sustenter, quelque chose de chaud et de copieux. Et de l’alcool aussi. » Timide, hochant la tête, l’homme s’executa, disparaissant de leur vue aussi docilement qu’elle pouvait s’y attendre. Et déjà Eendth ouvrait un coffre en bois du quel elle sortait une tunique et une fourrure, « Permets que je quitte ces vêtements glacés. Si tu désires en faire de même, bien que tu sembles un rien plus grande que moi, je pense que tu pourra au moins trouver une fourrure à ton gout. Sèche. » Et elle eut presque un petit sourire à rousse, tandis qu’elle bougeait à nouveau dans la demeure, cherchant un rien d’intimité pour aller changer ses vêtements. « Le feu ! Et la nourriture, nous feront le plus grand bien ! »

Il y’avait des ordres qui se donnaient, et le jeune garçon blond s’executait tandis que la vieille chienne fatiguée et glacée se réchauffait déjà auprès du grand feu qui brulait dans la pièce principale de la petite maison. Eendth appréciait cette familiarité. Elle appréciait également surtout sur le moment d’être dans un endroit chauffé, et de pouvoir caresser une de ses fourrures – pas sa préférée, celle ci était sur les épaules de la jeune femme, elle la lui avait confiée pour la réchauffer quelques instants - chaude et sèche, ainsi qu’une tunique tout aussi sèche. Il y’eut quelques instants, et surtout le silence, et Eendth se retira de la pièce pour laisser à la femme l’intimité qui lui était due. Belos n’était pas la, et la brune n’avait rien à craindre de la part de regards gênants qui auraient pu se poser sur son corps pendant qu’elle se changeait et se réchauffait.

Elle non plus. Et déjà arrangeait elle une nouvelle tunique – seche celle la – sur son corps fin de chasseresse, recouvert de cicatrices par endroits, qu’elle fut surprise par le retour de la brune. Presque pudique, elle attrapa la fourrure qu’elle jeta sur ses propres épaules et elle s’assit pour nouer une nouvelle paire de bottes à ses pieds, levant enfin les yeux sur la femme qui la remerciait. « Je ne suis pas les autres. » C’était une réponse simple. Et si elle ne s’expliquait pas vraiment pourquoi elle avait sauté dans le lac pour sauver la jeune femme, elle s’expliquait encore moins bien pourquoi les gens de manère générale ne l’auraient pas fait. « Mais il m’aurait semblé atterrant de ne pas te sauver alors que j’étais la et que j’avais la capacité de le faire. De même, je n’allais pas te laisser mourir dans le froid glacial de mon territoire. » Et puis le regard de Eendth se fit un peu plus doux, et pour quelqu’un qui la connaissait, presque taquin, ce qui se matérialisait en un leger froncement au niveau de l’œil. « Et puis, tous les Azgeda ne sont pas les même, j’aime bien faire une bonne première impression aux voyageurs. » Elle tentait l’humour. Ce n’était jamais une réussite vraiment. Mais elle persistait quelques fois.

Ses bottes nouées, et son corps un peu plus à l’aise, elle se releva attrapant toutes les frusques mouillées pour les poser sur une barre de bois devant la cheminée. « Tu devrais poser tes vêtements ici, ils pourront être secs quand tu voudra repartir. » Elle ne la mettait pas dehors bien au contraire. Et si la femme lui posait des questions sur sa maison, elle hocha la tête, avec fierté. « C’était la maison de Smédir oui. Mais il préférait dormir dans la maison commune, non loin de la salle du trone. Je l’ai rendu plus acceuillante, et plus chaleureuse quand j’en ai hérité. » Et désormais les Ulfurien pouvaient dormir dans la maison commune ou aller s’y réchauffer quand ils avaient besoin.

HRP:

Elle ne s’était pas vraiment attendue, Eendth, a finir sa journée de cette manière. Ce qui ne devait être qu’une partie de chasse s’était transformée en une espèce de sauvetage, qui continuait en un peu de sociabilisation. Ce n’était pas qu’elle n’aimait pas ça, elle avait l’habitude de devoir parler avec les soldats, les guerriers, et elle aimait particulièrement les gens de son village. Elle aimait aussi Belos, bien qu’elle ne le lui montre pas forcement comme il fallait. Ce n’était pas si grave. Mais la, elle était déterminée à montrer un peu à cette femme qu’Ulfuris bien qu’une froide ville était également un endroit chaleureux. Alors oui, peut être qu’elle tentait l’humour, légèrement, peut être qu’elle tentait de se montrer amicale. Ce n’était pas si facile au final.

Enfin. Fourrures et vêtements étaient proposés, et Eendth hocha la tête à ce que Drea disait. C’était bien. C’était gentil. Mais il n’y’avait pas lieu d’épiloguer d’avantage. De manière générale de toute façon Eendth n’aimait pas particulièrement parler de généralités et de choses comme ça. Elles parlèrent de la maison, tandis qu’Eendth sortait une casserole d’eau chaude pour la verser sur des plantes, et en tendre une tasse à son invité, avant de s’asseoir à son tour. « J’en suis fière. » Et encore plus fière qu’une voyageuse le lui dise. La question vint, elle hocha la tête. « J’étais le second du chef. » C’était dit avec un léger sourire, c’était une évolution logique, mais elle se doutait bien que ce n’était pas ça qui intéressait Drea. « J’étais en charge des escouades de chasse. » Elle porta quelques instants le chaud breuvage à ses lèvres. « Et toi ? Tu as toujours voyagé ? »