we are rooted but we flow | clarke

Le poids aurait pu la briser, car il n’était pas moindre. Rallier le skaikru à la cause de Polis. Si la victoire ne reposait pas sur la participation ou non des alliés, un bon nombre de vies pourraient être épargnées si son peuple acceptait de se joindre à la guerre. Et au final, ça ne serait rien de plus que rallier les siens à sa propre cause. Rien qu’elle n’avait jamais accompli jusque-là. Elle savait que sa mère prendrait au moins la peine de l’écouter. Et si la réponse obtenue ne plairait pas à Clarke, elle trouerait bien une manière d’obtenir ce qu’elle voulait. Elle pourrait toujours galvaniser quelques esprits, appuyer le besoin de l’aide du trigedakru. Rien n’était impossible, surtout pas sur cette terre. Et elle ne rechignerait à aucune méthode. Quoiqu’il en soit, sa question ne plut guère à la keryonsi, et la fille du Ciel ne baissa pas le regard pour la vérité qui venait d’être annoncée : si personne n’avait pris la peine de mettre le Camp Jaha aux nouvelles, ceux-ci ignoraient totalement l’existence d’une menace à l’ouest. Il y eut une remarque sur la qualité de viande, que Clarke repoussa d’une brève grimace. Elle ne débattrait pas sur un si et Neith non plus, ne s’attardait pas là-dessus, clarifiant. « Penses-tu, que si leurs alliés leurs demandaient de l’aide, ils la leur enverraient ? »

Elle inspira brièvement, Clarke, avant de se redresser sur sa chaise, continuant de masser distraitement ces doigts qui ne ressentaient plus rien – ou presque. « Pas si nous la demandons tout simplement. » Elle ne pinça pas les lèvres, mais l’ennui fut visible dans ses prunelles. « Ils ont bien compris que ça ne fonctionnait pas comme ça, ici-bas. » C’était compréhensible pour tout le monde. La générosité n’arriverait que rarement. Et elle connaissait suffisamment sa mère pour savoir que la chancelière n’accepterait pas de mettre en danger les siens pour la cause. Il faudrait un appât, leur offrir des conditions. « J’ai déjà discuté avec Lexa de ce qui pourrait leur être offert. Et je me chargerai de discuter avec eux. » Il y avait cette gravité usuelle dans sa voix, qui prouvait qu’elle prenait toujours la conversation très au sérieux, même s’il était question des siens. (car elle ne se sentait plus tout à fait comme eux). « Pour répondre clairement à ta question : ils enverront de l’aide. Ca n’en sera pas autrement. » Il était évident, oui, qu’elle ne leur laisserait pas le choix.

Elle appréciait la conversation Neith, sans quoi conseillere d’Heda ou non,  Neith aurait continué sa route ailleurs. Bien, sa route aurait trouvé sa fin ici même certes, entendu qu’elles étaient dans ses quartiers, mais, c’était une façon de parler, ou du moins de penser. Clarke l’interessait assez. Et si il y’avait plusieurs choses dans la fille du ciel qui intéressaient Neith – sa relation avec Lexa n’en était pas une des moindres, mais Neith savait quand il était temps de poser certaines questions, et quand il fallait se retenir -   c’était bien suffisant pour qu’elle reste, et qu’elle continue de s’entretenir avec elle. D’autant plus, qu’elle était sincèrement intéressée par le thème abordé. Les Skaikrus aideraient ils la coalition, si la coalition – leurs alliés, qui avaient tant à leur offrir -  le leur demandait.  Clarke sembla distraite quelques instants, ou du moins Neith remarqua t’elle un soupir, l’once d’une hésitation peut être ? La Keryonsi continua de la fixer longuement, la blonde, attendant une réponse, qui finalement vint.   Les lèvres de Clarke bougèrent énonçant une cruelle vérité, qui était néanmoins très juste. «  Pas si nous la demandons tout simplement. »  et quelque chose plus à Neith. L’honneteté de Clarke peut être.  Ou le fait qu’elle s’englobe dans le « nous » de la coalition, le « nous » du peule pour le quel Neith se battrait.  Il y’eut un sourire aux lèvres de la brune, qui fut appréciateur, et elle écouta Clarke continuer sur son idée.   Il y’aurait un échange, et c’était clairement la meilleure chose qu’il pourrait y’avoir. La coalition n’apprécierait pas la pitié ou la bonté d’ame d’un peuple, qui attendrait probablement ensuite, quelque chose en retour. En tant que reine, elle ne le savait que trop. Les affres du pouvoir. Les affaires à régler. Elle hocha la tête.  Silencieuse encore. – Et ce n’était pas si rare pourtant, malgré le personnage et l’image qu’elle renvoyait souvent, qu’elle attende le bon moment pour parler. « Pour répondre clairement à ta question : ils enverront de l’aide. Ca n’en sera pas autrement. »  Le sourire s’élargit, puis disparu assez rapidement, tandis que la fille des mers posait un regard lourd et sérieux sur la blonde céleste. «  Sha. Nous ne pouvons que l’espèrer. »  

Il y’eut quelques secondes de silence encore, et Neith reprit ensuite, s’installant un peu mieux dans son canapé, les doigts jouant autour du verre qu’elle tenait passionnément. «  Je ne doute pas que Lexa fasse le meilleur des choix. Et sache que certains d’entre nous seront ravis de croiser à nouveau le fer du coté de ceux de ton peuple. »   Il y’eut après ça un sourire plus vif, et Neith se relaxa totalement. Clarke lui plaisait. – Non pas comme ça, elle était bien trop jeune, quoi que… -  son esprit semblait vif. Et même si elle l’aurait à l’œil quant à sa relation avec Heda, elle était disposée à croire en ses capacités, en ses conseils judicieux pour Heda. « Ne souhaites tu rien à boire ? Notre alcool du Sud est plus sucré et plus doux que tu n’en goutera jamais. »

Clarke comprenait la position de Neith… ou plutôt, la ressentait-elle. Ce rôle, ce statut de chef, qui n’avait pas été acquis par hasard. Celui qui était mérité, obtenu. Cela forgeait les caractères, très certainement et le Keryonsi en était bel et bien une. Elle avait cette prestance que tous les grands leaders dégageaient. Et si Clarke n’avait pas été la femme qu’elle était, elle se serait définitivement sentie intimidée. Il y avait un sentiment, presque semblable, qui ne la quittait pas, qui se logeait comme une pointe entre ses omoplates. La vigilance. Elle ne considérait pas Neith comme une ennemie, non. Mais elle se méfiait de son intelligence, de ce regard qui ne la lâchait pas une seule seconde, alors que se construisait le fruit de sa réflexion. Clarke n’avait pas eu l’occasion de voir Neith sur un champ de bataille, mais elle ne doutait pas que le chef du sikru était redoutable dans d’autres domaines. Soit, sa réponse sembla satisfaire la capitaine, qui sourit, brièvement. Clarke s’en contenta, alors qu’elle acquiesçait aux propos de la navigatrice.

« Je ne doute pas que Lexa fasse le meilleur des choix. Et sache que certains d’entre nous seront ravis de croiser à nouveau le fer du coté de ceux de ton peuple. » Ce ne fut pas un soulagement, qui dansa dans les prunelles de Clarke. Plus une reconnaissance silencieuse. Elle n’avait pas vraiment eu l’occasion d’entendre les guerriers du trigedakru émettre une opinion sur la présence du skaikru lors de la bataille contre la montagne (Clarke avait été tellement habituée à entendre les réticences et les plaintes, lors de la préparation de la bataille qu’elle ne prêtait plus attention à ce qui était dit sur les siens). Elle aurait dû. Car si Neith, qui ne se retenait pas pour offrir le fond de sa pensée, si elle évoquait ce fait, ce n’était pas pour faire plaisir à Clarke. « Mon peuple n’est pas habitué à la guerre, retrouver une bataille alors qu’ils viennent tout juste de gagner une guerre ne provoquera pas le même entrain que chez le trigeda. Mais ils participeront avec la même dévotion. » Elle eut un bref sourire. « Ils n’ont pas envie de faire pâle figure aux côtés des guerriers. » Elle tût la pensée d’un Teksas qui attendait avec impatience la possibilité de l’entrainer à nouveau. Clarke, elle n’abandonnerait pas son pistolet de sitôt. Si elle pouvait éviter le combat au corps-à-corps, elle choisirait cette solution. Bien que la vie sur terre lui ait déjà prouvé à de multiples reprises qu’elle aurait toujours besoin de ses poings.

Clarke observa Neith s’installer un peu plus confortablement sur le siège et elle en déduit que le gros de la conversation était passé. « Ne souhaites tu rien à boire ? Notre alcool du Sud est plus sucré et plus doux que tu n’en goutera jamais. » Elle considéra à peine l’heure, avant de hocher de la tête. « J’imagine que ce n’était pas celui là que j’ai gouté au banquet, alors. » C’était joueur, alors qu’elle était incapable de déterminer l’origine du liquide brunâtre que Lexa lui avait fait boire. Quoiqu’il en soit, pour ce qu’elle avait bu, il n’avait pas manqué de se rappeler à elle le lendemain. « J’accepte, oui. » Elle était là pour ça aussi, non ? Découvrir les traditions des autres clans.

« Mon peuple n’est pas habitué à la guerre, retrouver une bataille alors qu’ils viennent tout juste de gagner une guerre ne provoquera pas le meme entrain que chez les trigeda. » Ça fit sourire Neith encore, d’un léger sourire, qui ne se cachait pas. Elle pouvait comprendre. Mais Clarke n’avait pas l’air de penser que tous les trigeda n’étaient pas comme des guerriers entrainés qui ne pensaient qu’à ça, elle sourit oui, comme quelqu’un qui connaissait un secret, qui l’expliquerait plus tard, elle laissa la blonde continuer. « Mais ils participeront avec la même dévotion. » et le sourire s’agrandit sur le visage de la Keryonsi. « Sha. Je n’en doute pas. » Elle était satisfaite de ce que disait Clarke, et même si elle suspectait que ça ne serait pas l’avis de tout le monde – des deux cotés en effet des réticences existaient quant à la cohabitation à défaut d’un autre terme – elle était satisfaite de cette réponse la. Pour elle, les skaikru étaient un peuple comme un autre. Un peuple nouveau qui avait besoin d’être epaulé, qui avait besoin d’être guidé pour mieux comprendre ce monde qu’ils pouvaient croire posséder mais qu’ils ne comprendraient pas si ils ne s’ouvraient pas. « La dévotion de ton peuple sera fortement appréciée je n’en doute pas. » Et peut être que toute la conversation était plus légère, peut être que Neith avait enfin eu les réponses qu’elle souhaitait. Quoi qu’il en soit la Keryonsi était plus détendue, voilà tout. « Mais ne crois pas Clarke, que la majeure partie des trigeda soit ravie de retrouver une guerre après celle que nous venons de quitter. Ils ne sont pas tous comme les miens, pressés de retrouver un champs de bataille. » Et c’était un fait, elle était sure que certains n’avaient qu’une hate, rentrer chez eux, elle ne savait meme pas si tous les clans répondraient à l’appel de guerre si jamais il y’en avait un. Enfin, l’avenir leur donnerait raison ou tort. Elles verraient. Clarke continua. « Ils n’ont pas envie de faire pale figure aux cotés des guerriers. » et la Keryonsi hocha la tête. « Mais ils apprendront. Et chacun est utile qu’il soit guerrier ou pas. Certains des tiens montrent des facilités pour le combat, suivent des chefs de clans ou d’autres guerriers terriens. D’autres fabriquent des choses qu’ils pourront nous apprendre. Les guerriers ne sont pas les seules personnes qui comptent, même dans une guerre. » Et Neith ne disait pas ça pour rassurer Clarke non. Neith disait ça, parce qu’elle le pensait. Et ce n’était pas parce qu’elle était une furie sanguinaire sur un champs de bataille, qu’elle pensait que les guerriers étaient supérieurs, ou vitaux. Il y’avait d’autres rôles, d’autres personnes. Voilà tout.

Mais la conversation s’etiolait un peu, et Neith ne cherchait finalement qu’a se montrer une bonne hôte. L’alcool fut proposé. Elle bougea quelque peu dans la pièce et servit un grand verre d’une liqueur sucrée fabriquée sur le Haven. « Non effectivement, si tu en parles ainsi je présume que tu as gouté un des forts alcools des shiedgeda ou pire, de l’alcool trikru que je ne boirais même pas sous la torture. » Et si elle aimait les alcools du clan de la nuit, avec leurs degrés elevés et le mal de tête intense qu’ils provoquaient, elle supposait que ce n’était pas à la portée de tout le monde. Elle tendit le verre, et s’en remplit un après ça. « Je suppose que nous pouvons trinquer à l’alliance, ou à la guerre prochaine. Je te laisse choisir. »

La conversation prit une tournante plus agréable, moins conventionnelle. Les plans étaient faits, les renseignements obtenus. Ce qui suivrait ne serait plus du ressort des deux femmes uniquement. Il faudrait attendre le conseil qui aurait lieu dans un futur proche. Maintenant, l’échange aurait surement un autre but. Clarke ne prétendrait pas qu’elle commencerait à connaitre Neith, mais elle appréciait néanmoins l’échange. L’opinion de la Keryonsi était importante à ses yeux, car elle savait le Sikru fidèle à leur capitaine. Et indéniablement, l’esprit des mers avait bien mérité son titre. « Mais ne crois pas Clarke, que la majeure partie des trigeda soit ravie de retrouver une guerre après celle que nous venons de quitter. » Il y eut encore quelques mots, mais Clarke, déjà secouait la tête. « Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire, je me suis mal exprimée. » Elle sourit un peu, doucement et tranquille, alors qu’elle éclaircissait son opinion. « La guerre apporte peu de joie, surtout quand elles se succèdent ainsi. Mais en 97 ans de notre histoire, la bataille contre la montagne fut le premier combat que les miens ont connu. Certains auraient très certainement apprécié que ça soit le dernier. » Elle poussa un petit soupir, songeant à ces idéalistes qui auraient leurs rêves brisés.

Ils seraient vite ramenés sur terre et comme le disait si bien Neith, une partie du skaikru s’illustrait à merveille auprès du trigedakru, auprès de tous. Ils n’avaient pas le culte du guerrier, dans l’espace. Clarke, elle-même, ne se considérait pas comme une guerrière. Pourtant, elle s’était tenue sur des champs de bataille et aujourd’hui elle était là, à Polis. Si elle avait le statut de conseillère, personne n’était dupe (pas même elle), elle était toujours celle qui aurait le plus d’autorité sur son peuple. « Je suis bien d’accord. Un changement subite peut arriver grâce à ceux qui ne le sont pas. » Les deux femmes s’entendaient sur ce point, sans mal. « Je me bats pour chacun des miens. » C’était une habitude, surement, qui la poussait à l’affirmer une fois de plus. Elle regarda un instant ses mains avec ce sérieux qui la quittait si rarement. « Skaikru et Trigeda. » Elle n’arriverait pas à faire la distinction. Même si elle craignait qu’un jour, elle ne soit amenée à devoir le faire à nouveau. Il était trop tard pour elle, elle avait déjà sauté le pas.

Le sujet tourna autour de l’alcool et elle ne put qu’échapper un bref rire à la notion de l’alcool Trikru. « Je ne te proposerais pas celui que nous faisions sur l’Arche alors. Un tord-boyau. Efficace, c’est vrai, mais un tord-boyau quand même. » Plus légère, assurément, elle accepta le verre, détaillant la couleur du liquide, supposant que ce n’était pas trop fort – elle l’espérait vu la quantité qu’il y avait. Soit, son visage ne montra rien de sa considération, alors qu’elle levait les yeux sur les traits de Neith. « Je suppose que nous pouvons trinquer à l’alliance, ou à la guerre prochaine. Je te laisse choisir. » Elle leva son verre, détaillant le regard de la chef de clan, une légère malice dans le fond de ses propres yeux bleus. « A cette guerre prochaine. Et à notre victoire. » Elle aurait pu trinquer à l’alliance, mais celle-ci avait reçu son lot de célébration. Cette guerre serait inévitable, Clarke ne se mentirait pas. Autant y aller en y étant préparée.