EIJA + SETHEN

A plunge headfirst ona water

Flashback, 5 ans et demi. Eija a repris la route pour Polis il y a cinq jours, quittant Ansgar à contrecœur. Celui-ci lui a bien proposé de partir avec elle vers l’est, mais elle a refusé. Retrouver Axom, c’est son objectif et elle doit le faire seule. Il n’y a qu’elle pour protéger son petit frère et elle se refuse à embarquer quelqu’un d’autre dans toute cette histoire. Surtout qu’elle n’a pas indiqué à Ansgar que son petit frère était en réalité à Polis, sous très bonne garde et qu’il lui faudrait sans doute l’enlever à son tour pour l’arracher à l’entrainement des nightbloods. Après tous les mois passés avec son sauveur, elle a hâte d’atteindre Polis pour retrouver Axom, peu importe s’il lui faut égorger la moitié de la population à son arrivée dans la capitale du Trikru.

Mais pour l’instant, Eija chevauche tranquillement Arod et apprécie le paysage. L’avantage de toute cette épopée est qu’elle peut vraiment voir du pays, observer la faune et la flore locale, apprendre des choses. Ansgar lui a enseigné comment monter à cheval et comment prendre soin d’Arod par la suite, mais aussi comment survivre seule dans les plaines. Eija sait déjà chasser mais les enseignements d’Ansgar l’ont beaucoup aidé à progresser dans tout ça. En quelques mois elle a appris bien plus qu’en une dizaine d’années avec son propre père. Et ça, elle lui en est redevable. Sans lui, elle ne serait plus là et sans son enseignement, elle n’aurait pas été bien loin. Elle a toujours son arc avec elle, celui que sa mère lui a offert quand elle était encore enfant, ainsi que l’épée qu’elle a volé en s’enfuyant de son village. Mais elle a aussi les deux dagues que Ansgar lui a offert avant de partir et qu’elle préfère grandement à la lourde épée. Ces dagues sont précieuses pour elle et elle ne compte pas s’en séparer maintenant.

Elle a aussi Arod, son fidèle cheval volé à ce grounder qui a failli la tuer il y a quelques mois. Le hasard a voulu que ce soit Arod qui lui sauve la vie, vu que c’est lui qui a été repéré par Ansgar en premier. Sans ce cheval, Eija serait sans doute morte d’une hémorragie dans les plaines, seule. Alors elle est aussi reconnaissante envers Arod, qu’elle a renommé elle-même, même s’il parfois un peu capricieux. Il adore notamment s’arrêter en plein milieu de sa marche pour manger ce qu’il trouve, empêchant Eija d’avancer à bonne allure. Et quand il fait ça, il faut énormément de bonne volonté pour le faire marcher à nouveau.

Mais ce qu’il préfère par-dessus tout Arod, ce sont les cours d’eau, mais ça Eija ne le sait pas encore… Ce n’est que lorsque tous deux s’approchent d’une rivière que le cheval fait quelques pas dans l’eau avant de finalement s’arrêter.

« Allez Arod, avance ! »

Eija lui donne quelques coups de talons mais le cheval refuse d’avancer, le nez en l’air, comme s’il avait une idée en tête. Malgré les protestations de sa cavalière, Arod n’écoute rien et s’amuse même à s’éclabousser avec sa patte avant, faisant rire Eija. Mais quand il se penche en avant puis qu’il se couche, Eija sent venir le drame. Elle a tout juste le temps de retirer son pied de l’étrier avant de finir dans la rivière.

« Mais c’est pas vrai ! AROD ! »

Eija est trempée jusqu’à la taille, éclaboussée sur le haut de ses vêtements. Et le cheval est heureux, à se tremper dans la rivière.

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Trempée jusqu’à la taille, Eija fusille Arod du regard. Celui-ci est couché dans la rivière, tout content de pouvoir profiter d’un peu d’eau fraiche. Eija ne l’a pas senti venir ce coup là mais il faut dire que durant ces derniers mois elle n’a jamais emmené Arod à la rivière elle-même. Au début, elle n’osait pas l’approcher et encore moins le monter. Les chevaux ne sont pas des animaux très communs en Azgeda et elle n’en avait jamais vu avant de se faire attaquer par ce Grounders. Quand elle a été capable de se lever, Ansgar l’a obligée à s’approcher du cheval puis à le toucher, à apprendre à le connaître. Et quand elle a pu avoir assez de force pour monter sur son dos, l’homme lui a montré comment faire. Ça n’a pas été facile au début, elle est souvent tombée mais elle a su se montrer tenace. Et Ansgar lui a tenu tête pour l’obliger à apprendre surtout. Aujourd’hui, Arod est ce qui se rapproche le plus de son meilleur ami, alors elle prend soin de lui. Même si à cet instant, elle aurait bien envie de lui faire la peau.

Eija sursaute et se retourne, la main sur l’une des dagues qu’elle porte, lorsqu’elle entend quelqu’un rire. C’est une femme, blonde, un arc à la main mais Eija se méfie tout de même. Elle ne fait pas partie de ces terres, elle ignore le fonctionnement et les coutumes des gens d’ici. Ce n’est que lorsque la jeune femme lui parle qu’Eija mesure qu’il n’y a pas de menace. Mis à part les sangsues mutantes. A ce mot, Eija baisse la tête vers l’eau dans laquelle elle se tient toujours puis percute ce que la jeune femme est en train de lui dire. Elle ignore à quoi peut bien ressembler une sangsue, mais le mot « mutante » éveille son esprit. Elle sort alors précipitamment de la rivière, le bruit de l’eau couvrant son juron, et se retrouve sur la rive. Eija a conscience qu’elle a l’air bête, mais elle préfère éviter de se faire mordre – ou même manger – par une sangsue mutante.

« Des sangsues mutantes… d’accord… » Eija parle plus pour elle tout en regardant l’eau puis elle se tourne alors vers la jeune femme, la remerciant d’un signe de tête. « Merci. Même si j’ignore ce qu’est une sangsue. »

C’est surtout le reste de la phrase de la jeune femme qui a forcée Eija à sortir précipitamment de l’eau. Le souci reste Arod, qui est resté bien sagement dans la rivière et qui semble bien heureux de faire trempette. Alors Eija le siffle, comme Ansgar le lui a enseigné, mais l’animal ne bouge pas.

« Ces… sangsues, s’attaquent-elles aux chevaux aussi ? »

Eija a beau avoir subi l’entrainement d’Ansgar visant à l’endurcir, l’idée de retourner dans l’eau pour forcer Arod à bouger ne l’enchante pas tellement. Elle ignore surtout à quoi ressemblent ces sangsues mutantes et espère ne pas en croiser avant longtemps.

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Eija n’est pourtant pas une petite froussarde. Elle n’a pas hésité à prendre son arc et une épée pour partir à la poursuite de son propre père sur des terres qu’elle ne connaissait pas. Mais l’idée d’aller à la rencontre de ces sangsues mutantes ne l’enchante guère, surtout quand la jeune femme lui explique ce que sont ces sangsues. Eija fronce les sourcils en entendant la description, elle n’a jamais vu pareille bestiole mais cela ne lui donne pas envie. Encore moins quand elle suit du regard le doigt tendu de la jeune femme et qu’elle aperçoit ladite sangsue. En plus, la bestiole est énorme, résultat de sa mutation sans doute. « Je vois… Ce n’est pas l’animal le plus joli que j’ai vu jusqu’à présent. » Eija tique quand la jeune femme lui dit que ces petites bêtes attaquent tout ce qui présente du sang, Arod est donc apparemment prêt à être servi en diner à cette sangsue. Et sans doute à ses copines aussi, si jamais elle n’est pas seule.

« Il va sortir ! » Eija est résignée, Arod sortira de l’eau. Même si elle doit y retourner elle-même pour le pousser à sortir de cette rivière. Elle observe les alentours, à la recherche d’une chose qui pourrait attirer son fidèle cheval. Mais le peu de nourriture qu’elle a et qui pourrait plaire se trouve dans sa sacoche, sur la selle de l’animal. C’est là qu’elle se dit que de toute façon, Arod mange de tout et qu’il ne fera pas la différence. Alors elle se penche pour attraper quelques herbes puis se relève en les tendant devant elle. « AROD ! » Elle le siffle plusieurs fois jusqu’à ce qu’il tourne enfin la tête vers elle puis elle lui montre les herbes. Et c’est à ce moment-là qu’il daigne enfin se relever et sortir de la rivière, tranquillement. « Ce cheval… Il n’y a que la nourriture qui l’intéresse. » Eija soupire puis lui tend les herbes quand il arrive devant elle, caressant son encolure par la même occasion. « Mais il est fidèle. » Et il l’aidera à rejoindre Polis bien plus rapidement que si elle était à pieds.

Eija se tourne alors vers la jeune femme. « Je traverse les prairies pour me rendre à l’est. Dois-je m’attendre à rencontrer d’autres animaux du genre de ces sangsues ? » Eija préfère être sur ses gardes, elle ne connait pas bien la faune qu’on peut trouver par ici et elle préfèrerait arriver entière à Polis pour retrouver son petit frère. Elle a besoin de ses deux jambes et de ses deux bras pour l'arracher à la surveillance des gardes de la capitale.

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Eija préfère se renseigner avant d’aller plus loin dans les prairies et les terres qu’elle ne connait pas. Ansgar lui a parlé de quelques choses qui pourraient venir la déranger durant son périple mais sa connaissance des terres n’allait pas plus loin que celles qu’il avait déjà visité. La jeune femme face à elle lui explique alors qu’elle est sur les terres drakgeda et que si elle descend plus vers le sud, elle croisera la terre des dragons. « Je ne pensais pas être partie autant au sud… » Elle n’était pas censée quitter les terres du clan des prairies. Les indications d’Ansgar étaient pourtant claires mais Eija n’a pas tellement le sens de l’orientation et Arod ne l’aide pas tellement à se repérer en s’arrêtant toutes les dix minutes pour mâcher des branches.

Eija écoute attentivement tout ce que la blonde lui explique, notamment quand elle lui parle des animaux qu’elle pourrait trouver sur sa route. Elle vient d’Azgeda, elle ne devrait pourtant pas avoir peur de quelques grenouilles empoisonnées après avoir pu voir des pingouins mutants ou même les ours blancs. Bien évidemment, elle n’en a encore jamais chassé elle-même mais ils sont impressionnants à voir tout de même. Alors des grenouilles et quelques alligators ne devraient pas l’effrayer. Mais Eija n’est pas aussi courageuse que cela et elle aimerait bien éviter d’avoir à croiser un alligator, surtout qu’elle ignore à quoi cela peut bien ressembler. Ansgar a beau l’avoir endurcie un peu avec son entrainement, avoir à faire à un alligator sur des terres qu’elle ne connait pas ne l’enchante pas tellement. « Ces terres ont l’air vraiment hostiles. J’espère ne pas me faire dévorer par un alligator affamé alors. » Eija sourit à la jeune femme mais ne perd pas sa légère inquiétude face à tout ce que celle-ci vient de lui expliquer.

Eija tire un peu Arod pour l’éloigner de la rive, histoire qu’il ne décide pas de retourner dans l’eau puis elle retire son arc de son dos pour l’accrocher à sa selle. La jeune femme ne semble pas être une menace de toute façon. « Je me rends à l’est, à Polis. » Eija se tourne vers elle. Elle ne tient pas forcément à lui raconter toute l’histoire, même Ansgar ne la connait pas d’ailleurs, mais elle peut néanmoins répondre à sa question. « Je suis sur les traces de mon petit frère, il a été kidnappé il y a quelques mois. Je sais que ses ravisseurs voyageaient vers les terres du Trikru, je les suis depuis ce jour. » Certes, elle s’est perdue entre temps et a passé plusieurs semaines à récupérer la motricité de sa jambe blessée, mais elle espère toujours retrouver Axom. Il doit être arrivé à Polis depuis plusieurs semaines maintenant, plusieurs mois même et Eija espère pouvoir l’arracher à la surveillance de la capitale. S’enfuir avec lui quelque part dans les terres afin qu’il ait une vie normale et pas la vie d’un natblida. Mais pour l’instant, elle doit déjà se rendre à l’est. « Je me nomme Eija, je viens des terres d’Azgeda, au nord. » Cela lui semble normal et respectueux de se présenter à la jeune femme.

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Lorsque la jeune femme se présente, Eija incline légèrement la tête. « Sethen, enchantée. » Elle a face à elle la seconde d’un clan et même si elle n’est pas la chef, elle a tout de même un haut rang. Eija elle-même n’est rien pour son peuple et elle ne le sera sans doute jamais, surtout maintenant qu’elle s’est enfuie de son village pour aller à la recherche de son petit frère. Elle n’ose imaginer la réaction de son père lorsque celui-ci rentrera au village et se rendra compte que sa fille n’est plus là. Elle n’ose même pas imaginer ce qu’on pourrait lui faire si elle retourne à Orst’ après toute cette histoire. De toute façon, elle ne compte pas vraiment retourner dans son village après avoir retrouvé son petit frère. A cause de la particularité de celui-ci, Eija se doute bien qu’elle ne pourra pas se contenter de s’installer dans un nouveau village pour tout recommencer, peu importe le clan qu’elle pourrait rejoindre après ça. Elle sait très bien que si elle arrive à récupérer Axom, à l’arracher à la garde de Polis, elle risque de terminer sa vie en ermite, isolée de tout, avec son petit frère. Mais cela lui convient, tant qu’elle retrouve Axom et qu’elle passe le reste de sa vie à le protéger. « Axom est tout pour moi. J’aurais aimé pouvoir le protéger avant qu’il ne soit enlevé. » Elle aurait dû fuir en comprenant ce qu’il était réellement, partir loin de son père et de son clan, tenter de protéger son petit frère bien mieux qu’en lui faisant promettre de ne pas parler de son sang noir.

Mais avant d’atteindre Polis, il faut se mettre sur la bonne route parce qu’il semble à Eija qu’elle est descendue un peu trop au sud par rapport aux terres qu’elle doit traverser. Alors quand Sethen lui propose de la mettre sur la bonne route pour aller vers les frontières du Trikru, Eija esquisse un sourire. « Ce serait généreux de ta part. Je ne connais pas ces terres et je crois que mon sens de l’orientation me fait défaut. » Elle fronce légèrement les sourcils en jetant un œil à Arod. « Et je pense que Arod n’en a pas beaucoup non plus. » Elle ignore si elle arrivera à joindre Polis avant plusieurs années si elle continue à se perdre de cette façon dans les terres.

Eija esquisse un petit sourire et observe la jeune femme face à elle quand elle lui parle de son peuple. « Et quelle est l’image que tu te faisais des Azgeda ? » Eija sait que son clan est parfois mal perçu par les autres. Azgeda a plutôt mauvaise réputation, les guerriers qui composent le clan font assez peur parfois, même si elle-même n’est pas vraiment représentative de son peuple avec sa petite taille et sa petite carrure. Quant à leurs coutumes, certaines sont vraiment étranges. Mais Eija est habituée à tout ça, à voir les guerriers de son clan emmitouflés dans les peaux de bêtes qui donnent cette impression d’être deux fois plus imposants qu’ils ne le sont en réalité. Mais Eija a abandonné la plupart de ses vêtements chauds chez Ansgar avant de reprendre la route. Elle a juste gardé son manteau en peau pour pouvoir l’échanger une fois arrivée à Polis.

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Eija sait bien qu’en admettant qu’elle s’est encore trompée de route, elle perd toute crédibilité face à la blonde qui se moque légèrement d’elle avec son sourire. Mais c’est pourtant la vérité, elle a un sens de l’orientation plus que nul, malgré les enseignements d’Ansgar à ce propos. Mais avec tout ce que l’homme a dû lui apprendre, il est normal qu’elle ait retenu certaines choses et pas tellement certaines autres. L’orientation semblait moins important à Eija que le maniement d’une épée, même si elle préfère de loin son arc et les deux dagues que son sauveur lui a offert avant de partir. Mais apprendre à se battre correctement au corps à corps lui semblait important, ne serait-ce que pour éviter de donner une jumelle à la cicatrice qu’elle porte à la cuisse. Ou pour éviter de mourir en arrachant Axom à la garde de Polis, tout simplement.

Eija esquisse un sourire en entendant la blonde lui dire qu’elle a l'air moins rude que les autres personnes de son clan. Elle ne s’attendait presque à ce mot pour la qualifier et cela la fait sourire. Il est vrai qu’elle n’a rien d’une guerrière physiquement, ne serait-ce qu’avec sa petite taille et sa petite carrure, mais en plus elle ne ressemble plus tellement à une Azgeda. Si elle avait rencontré Sethen il y a quelques mois, la blonde ne lui aurait sans doute pas dit cela en la voyant vêtue de son manteau de fourrures, son petit corps caché sous une épaisseur de poils d’animaux. « Serais-je donc la seule Azgeda sympathique ? » Eija sourit, joueuse, consciente que son clan a encore beaucoup de chemin à parcourir pour se faire bien voir. « Les membres de mon clan ne sont pas tous des guerriers sanguinaires sans pitié. Mais il est vrai qu’on me considère comme étant différente dans mon village, à préférer m’occuper d’un enfant que prendre part aux combats. » Pour Eija, il était hors de question de laisser son petit frère nouveau-né à la garde d’une quelconque femme du village. Sa mère ayant disparu, c’était à elle de s’occuper de l’enfant, malgré ce que son père et ses camarades pouvaient dire. De toute façon, aujourd’hui Eija sait très bien qu’elle n’aurait pas tenu très longtemps dans les batailles de son peuple, vu l’enseignement de son père au corps à corps. Elle serait sans doute morte à la première bataille et Axom se serait retrouvé tout seul. « Je suis peut-être venue au monde sur les mauvaises terres alors, parce que j’irai au bout de tout pour mon petit frère. N’est-ce pas à cela que doit servir un aîné, à protéger les plus jeunes ? » Eija observe la jeune femme face à elle. « Que ferais-tu à ma place, toi qui est Demodrakhos ? »

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Eija esquisse un sourire devant les paroles de la jeune femme. « Il est vrai que mon peuple n’est pas réputé pour être très ouvert aux autres clans. De ce que j’ai pu comprendre depuis que je voyage, c’est que Azgeda fait peur. » Elle peut comprendre pourquoi aussi. Vu que son clan est assez fermé aux voyageurs et étrangers, il est normal qu’il finisse par inspirer de la crainte, ne serait-ce que par l’absence de preuves que les Azgeda ne sont pas tous des sanguinaires. « Je ne connais pas les autres clans, hormis ce que mon père a pu me raconter sur eux. Mais étant un guerrier, je pense qu’il ne m’a pas conté les meilleures histoires et les plus jolies choses qu’on puissent trouver sur les autres terres. » Elle en a eu des histoires de batailles, d’armes et de sang, lorsqu’elle était enfant. Seule sa mère arrivait à lui apporter un peu de paix dans ses histoires, mais elle-même n’avait jamais quitté les terres d’Azgeda et ignorait ce qu’il pouvait bien se passer en détails dans les autres clans. Eija trouve dommage d’ignorer autant de choses sur les divers peuples que comptent la Terre. Si elle n’avait pas déjà un but – celui de se rendre à Polis pour retrouver Axom – elle aurait presque été heureuse de pouvoir voyager et visiter les terres alentours à celles de son peuple, découvrir de nouvelles coutumes et de nouvelles lois.

Mais Axom est plus important pour le moment. Peut-être qu’une fois qu’elle l’aura retrouvé, ils pourront tous deux voyager ensemble à travers les terres. Eija est plutôt contente de voir qu’elle n’est pas la seule qui partirait au bout de tout pour quelqu’un. Et elle se sent fière quand la jeune femme lui dit que ce qu’elle fait est noble à ses yeux. Aux siens aussi, même si elle ne recherche pas la gloire dans son acte. « Je ne suis pas contre un bon guide, bien au contraire. » Eija sourit. Cela lui permettrait de retourner sur la bonne route et de ne plus dévier trop au sud. « Mais j’aimerais faire quelque chose pour toi en retour. Qu’accepterais-tu de moi en échange de ton aide ? » Parce que Eija n’aime pas tellement être redevable et que même si la jeune femme fait ça sans rien attendre en retour, Eija lui proposera quand même quelque chose. Parce qu’elle est comme ça.

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Sethen est déjà bien gentille d’avoir prévenu pour les sangsues mutantes de la rivière mais aussi de l’avoir mise en garde contre toutes les créatures qu’elle pourrait éventuellement rencontrer sur sa route. Elle propose aussi de lui servir de guide, ce qui est un immense cadeau pour Eija qui pense bien ne pas réussir à rallier Polis correctement avec uniquement son sens de l’orientation. Ou celui d’Arod, qui doit être aussi développé que le sien. Avec les indications de Sethen, elle a peut-être une chance de se retrouver sur les terres du Trikru avant l’année suivante, de pouvoir rejoindre Polis pour récupérer Axom avant qu’il ne se souvienne plus d’elle. Mais avec tout cela, Eija se sent redevable envers la jeune femme et même quand elle lui dit qu’elle ne désire rien et que sa conversation lui sera suffisante, Eija ne peut s’empêcher de chercher ce qu’elle pourrait lui apporter. « Alors Arod et moi serons ravis de prendre un peu la route à tes côtés. » Elle est sincère, la compagnie de la jeune femme sera appréciée. Quand elle a quitté son village d’Azgeda, Eija ne pensait pas se retrouver sur ces terres bien des mois plus tard. En attrapant son arc et l’épée de l’homme qui la retenait, elle pensait pouvoir retrouver son père et son frère à la limite des terres d’Azgeda. Elle ignore ce qu’elle aurait fait si elle les avait retrouvés tous les deux, elle aurait sans doute été tuée par son père en essayant de protéger Axom. A choisir entre avoir la fierté de voir son unique fils devenir commandeur ou épargner son unique fille, Eija ne doute pas que son père aurait choisi la première solution.

Elle secoue légèrement la tête face à ses pensées puis observe la jeune femme. Au moins, avoir sa compagnie sur un petit bout de route lui évitera de penser à tout ça. « J’ignore si ma conversation te conviendra, mais je suis prête à répondre à toutes les questions que tu pourras poser. » Eija esquisse un sourire. Elle aussi souhaite en savoir plus sur la jeune femme, sur son poste, sur son clan et ses coutumes… Alors, tout en attrapant les rennes d’Arod, elle jette un œil à la jeune femme. « Dis-moi, comment est-ce d’être la seconde d’un chef de clan ? » Eija est un peu curieuse de tout ça, elle qui n’a pas véritablement de place dans son propre camp. Elle est aussi curieuse de savoir comment est la chef du clan de Sethen, qui doit être bien différente des deux reines d’Azgeda que Eija connait. Herga tout d’abord, qui était au pouvoir durant des années et qui est morte récemment, puis Galath, la nouvelle, que Eija n’a pas eu l’occasion de réellement connaître au pouvoir. Mais certains racontent que la nouvelle reine est un peu folle. Eija a entendu quelques histoires sur les autres clans, mais pas suffisamment pour remplir les blancs qui viennent lorsqu’elle se pose des questions sur ceux-ci. « Je suis curieuse, j’aimerais en savoir plus sur les autres clans qui peuplent ces terres. Ce voyage me permet déjà de voir de nouvelles contrées mais j'aimerais en apprendre plus sur les coutumes des autres clans. » Eija n'est peut-être pas faite pour être une guerrière. Elle aurait sans doute aimé voyager un peu plus, cela lui aurait permis de découvrir de nouvelles choses.