Entre toi et moi [FLASHBACK] [pv Sethen]

« Et tu penses qu’il y’a encore des traces de ces choses qui les ont détruits ? » La question était posée, et elle résonna dans la tête de Sethen comme un avertissement, comme une vieille inquiétude, comme cette lourde responsabilité de savoir que oui, peut être qu’il restait des traces de ces choses. Elle n’était pas scientifique, elle connaissait le mot parce qu’elle l’avait lu dans un livre, mais elle ne l’était pas, et elle ne comprenait pas ce qui était dit parfois dans des vieux cahiers barbouillés d’encre avec des formules et des histoires d’atomes. Elle ne comprenait rien, et pourtant elle savait qu’elle était quand meme un peu intelligente. Elle savait juste oui, que ces choses étaient dangereuses et que si il en restait, ils étaient en danger. Elle eut le regard qui se perdit quelques instants. « Je ne sais pas. Ça ne serait pas étonnant, mais j’espère que nous ne le découvrirons jamais. » Et pour elle c’était peut être tout ce qui comptait. Elle ne se douterait pas qu’un jour viendraient des gens du ciel qui pourraient expliquer ce qu’elle voulait savoir, elle ne se doutait pas qu’un jour viendraient des gens venus d’un monde plus développés, venus de ce monde meme qui les avait détruit à la base. Pour l’heure ils n’étaient que des jeunes gens, le futur de leurs clans, le futur de leur terre, et ils discutaient de ce qui avait été, de ce qui ne serait plus, de ce qui serait en revanche. C’était ainsi. La nouvelle chance de l’humanité était entre leurs mains, et il n’appartenait qu’a eux d’en faire quelque chose de plus que bien.

Par chance, il n’y’avait pas que cette conversation, il y’en eut d’autre, et Sethen était ravie d’en apprendre plus sur le jeune garçon. Un jour ils deviendraient amis, elle n’en doutait pas. Un jour ils deviendraient amis oui, et ils auraient l’occasion de visiter leurs clans respectifs. Ils n’en étaient pas encore la, et Sethen jeta un œil à son père adoptif qui s’entretenait avec le père de Canjun. Ils semblaient en profonde discussion, elle n’irait pas les déranger. La gène en tout cas qu’elle avait pu ressentir au début, quant au fait que ça soit à Nuallan que l’homme soit allé parler, et non pas à elle, alors qu’elle était la seconde de Feyn avait complètement disparue. Elle était d’avantage comblée par le fait de parler avec Canjun et d’en découvrir sur sa vie, sur son existence, sur ce qu’il était, ce qu’il faisait, sur cet autre clan. Oui, elle profitait du fait que malgré son age et sa position, on puisse encore la considérer comme une enfant, pour avoir des conversations qui l’intéressaient d’avantage.

Ils se mirent à marcher, et la chasseresse regardait avec attention tous les arbres, tous les mouvements de la foret autour d’elle. Et pendant ce temps, Canjun eut une réflexion sur les arcs, qui aurait pu la vexer. Ca n’avait pas été le cas. Il s’agissait d’un petit garçon, et elle était curieuse de savoir si il savait de quoi il parlait. Ça n’était pas le cas. Pas vraiment. Et son sourire s’élargit. « Tu voudras bien me montrer ? » Il y’eut dans les yeux de Sethen encore une vrai révélation, comme une lampe qui s’éclarait sans cesse et n’avait pas envie de s’eteindre depuis qu’elle avait rencontré Canjun. Elle hocha la tête, tentant de garder son enthousiasme sous son contrôle. « Je pourrais le faire oui. » il y’eut un moment elle ne voulait pas sembler trop empressée. « Si nous trouvons un endroit adapté. » un peu plus loin des adultes – dont malgré tout elle faisait parti. Et oui, elle lui montrerait, et puis plus tard quand il deviendrait un grand guerrier ou peut être un grand archet, elle serait ravie de voir ce qu’il avait apprit. Car elle espérait vraiment qu’ils marcheraient ensemble un jour. Elle ne pouvait pas imaginer à cette époque que le futur serait sombre, pour lui comme pour elle. Non, ils n’étaient au fond que deux individus plein d’optimisme et de désir d’un futur propre et lumineux.

Il voulu lui faire apercevoir son clan, et Sethen s’inquieta quelque peu. Elle ne voulait pas qu’il ait des soucis par sa faute, elle saurait être patiente si il fallait l’être. Enfin, il la rassura, et elle hocha la tête. « Bien, si tu me dis que tu ne risques pas d’ennuis, j’en serais alors honorée. » Elle avait chuchotée comme lui, suspectant qu’ils n’étaient pas loin maintenant.

La discussion avec Sethen serait probablement bientôt terminée, dès que le père de Canjun aurait fini son échange avec le membre du Demodrakhos. Alors, le jeune garçon à la peau halée souhaitait vraiment passer du bon temps avec Sethen, qu'il appréciait déjà énormément. Elle serait sûrement l'une des seules personnes extérieures de son Clan qu'il voudrait revoir dans un futur proche. Lorsqu'il serait guerrier. Lorsqu'il serait devenu un homme, et qu'il aurait acquérit toutes les compétences pour devenir un combattant digne de ce nom. Oui, il voulait la revoir. Et il s'imaginait déjà grand, à l'allure imposante, en train de se battre contre les forces qui obscurcissait ce monde. Des forces qui n'étaient autres que des humains cherchant à détruire leur ennemis tout aussi humains qu'eux. C'était un combat qui concernait une même espèce. Et jadis, ce fut dans le contexte de la guerre, et de l'évolution technologique, que les hommes avaient construits des armes qu'ils ne contrôlaient pas, ou plus. C'était ce qui avait provoqué leur disparition. Et Sethen, qui semblait très envoûtée par leurs ancêtres, avait entraîné le garçon dans sa curiosité d'en savoir plus sur ces hommes, dont lui, ne connaissait que très peu de choses sur eux. Alors il avait demandé à la seconde des Demodrakhos, de lui dire ce qu'elle savait sur ces hommes qui les avaient précédés. Elle lui dit que les armes que l'ancienne civilisation avait créé les avait détruit, et Canjun lui avait posé une nouvelle question suite à cela. Restait-il des vestiges de ces armes ? Lui, n'en avait aucune idée, et en observant de ses yeux ébènes le regard perdu de la jeune femme, il comprit qu'elle ne devait pas en savoir grand-chose à ce sujet, avant de tendre l'oreille pour écouter sa douce voix. « Je ne sais pas. » avoua t-elle, avant de rajouter que c'était possible, mais qu'elle espérait qu'aucun individu ne trouve ces armes. Et à nouveau, Canjun haussa les épaules et pencha légèrement sa tête, ses yeux fixant toujours la femme aux cheveux blonds, pour montrer son interrogation face à ces mots. « Tu as peur qu'en en découvrant, certains s'en servent d'une méchante façon ? » demanda t-il, sentant ses muscles d'enfants se tendre, un frisson le parcourant le long de son corps encore frêle. C'est vrai qu'en imaginant cela, si ces armes avaient détruits toute une civilisation, le fait de les aménager pour les rendre à nouveau utilisables serait un très gros crime. Et la mine interrogée de Canjun se transforma peu à peu en inquiétude. Oui, maintenant que Sethen soulevait ce point, ce n'était finalement pas une bonne idée.



Puis, après avoir discuté tendrement de leurs futures retrouvailles, vint alors la discussion sur les armes, où Canjun avoua à Sethen qu'il n'avait jamais utilisé un arc de toute sa vie. Mais il voulait apprendre, cet enfant. Et découvrir de nouvelles choses. Et en attendant de commencer son entraînement, peut-être pourrait-il s'essayer à l'arc ? Alors il avait demandé à la jeune adolescente de lui montrer comment elle faisait. Et le sourire s'élargit sur les lèvres de Canjun lorsqu'il eut une réponse positive de la part de celle à qui il s'était très attaché malgré le peu de temps (quelques heures seulement) qu'ils avaient passé ensembles. Elle voulait bien, et le regard admirateur et brillant du fils du Chef ne se détacha plus de la membre des Demodrakhos, qui voulait bien lui montrer s'ils trouvaient un endroit adapté. « Merci, Sethen. Tu es formidable ! Dès que je t'aurai montré là où je vis, je t'emmènerais dans une petite clairière et tu me montreras ton art ! » dit-il, ayant déjà hâte de la voir à l'oeuvre.


Et, lui prenant la main après l'avoir rassuré en lui disant qu'il n'aurait pas d'ennuis, il emmena la seconde du Clan du Sud jusqu'à l'arrière du Clan, où un espace entre les arbres leur permettait de voir le Clan dans toute sa splendeur. Un léger rire s'échappa des lèvres du jeune garçon qui prit à nouveau la parole, sur un ton vif. « Le voilà, le Clan Osgiliath ! » dit-il, fier de lui montrer cela. De nombreux enfants s'amusaient à courir dans le sable, au milieu de quelques singes qui les suivaient. Non loin, des hommes et des femmes se tenaient assis près des habitats de terres et de paille, d'autres étaient debout, et d'autres s'entraînaient. Certains riaient entre eux, et le Clan semblait aller pour le mieux. C'était agréable à voir. C'était beau. Et le chant d'oiseaux colorés venait embellir le paysage. Durant quelques instants, Canjun, de ses yeux ébènes, regarda avec éblouissement son territoire natal. Il était heureux, de faire parti de ce Clan. Il était fier de savoir qu'il serait bientôt un guerrier de ce Clan si cher à ses yeux. Et dans ses prunelles brillait une lueur qui ne cesserait jamais de s'éteindre lorsqu'il verrait ses terres. Mais il avait aussi envie de voir Sethen manier son arc, et son impatience prit le dessus. Son regard enjoué se tourna vers le femme aux cheveux blonds, et tout en chuchotant, il prit la parole. « Tu me montres, maintenant ? » demanda t-il avant de détacher doucement sa main de celle de la seconde de Feyn, tout en s'éloignant légèrement du Clan.

« Tu as peur qu’en en découvrant certains s’en servent d’une méchante façon ? »  Elle avait peur oui, et lui il avait visé juste en parlant de ça. Il était vif d’esprit et appréciable. La chasseresse sourit doucement, gardant la forme d’un mystère sur ses lèvres fines. «  C’est un peu ça. Tous les humains ne sont pas comme nous, et certains n’hésiteraient pas à s’en servir à mauvais escients. La terre doit se réparer des erreurs de nos ancêtres trop ambitieux, retrouver ce qui les a rendu comme tel, ne serait qu’une terrible plaie qui s’etendrait au monde. » Son regard se perdit dans la direction de l’Est. «  Il y’a des conflits à l’est, loin de nos territoires. Des conteurs, parlent d’un peuple caché sous une montagne, qui utiliserait d’anciennes technologies pour terroriser les trikru et les autres peuples qui vivent à proximité. »  Elle n’en savait pas beaucoup plus, elle n’était pas encore allée la bas loin sur leurs terres, un jour peut être en découvrirait elle d’avantage ? – Un jour elle subirait leurs méfaits, et elle ne serait jamais plus pareille  -  Mais ça montrait son point, la technologie de leurs ancêtres devait rester oubliée. Elle ne disait pas que tout était mauvais, mais tout était mauvais si c’était mal utilisé.

Il y’eut d’autres discussions. Elle profitait de chaque minutes en la compagnie du petit Canjun, et elle partageait chaque parole, chaque pensée, chaque sourire, les gravant dans un coin de sa mémoire où ils seraient toujours chéris. C’était fabuleux en un sens cette capacité qu’ils avaient à s’attacher l’un à l’autre, ce fait qui les rendait terriblement humain. Ils parlèrent des armes, et elle promit de lui montrer et il lui proposa de l’emmener dans une clairière après lui avoir montré son village. Ca lui allait. Tant qu’il n’avait pas de soucis. elle ne voulait pas qu’il se fasse punir par sa faute, par insouciance.   Elle fut rassurée néanmoins par ses quelques paroles, et alors qu’il la prenait par la main pour la trainer dans la forêt, jusqu'à l’arrière du Clan, ses yeux s’écarquillèrent.

Il y’avait des enfants et des singes, des oisaux, et la vie qui se déroulait devant elle était tout simplement fabuleuse.  C’était si beau, de voir des gens aussi insouciants, de voir d’autres formes de vie, d’autres modes de construction. Elle aurait cru retrouver quelques morceaux d’un passé très lointain qu’elle avait vu dans de vieux livres aux pages déchirées. Elle était fascinée, et son regard devait en dire autant. «  C’est magnifique. »    Et ça l’était. Clairement. « C’est très different de Nidhogg ou de nos autres villages. Mais c’est magnifique oui. Je suis honorée que tu me fasse partager ce moment. »  Et son sourire était l’un des sourires les plus sincères qu’elle ait pu avoir, un des plus lumineux aussi.

Mais voilà, il était déjà temps de passer à autre chose, et déjà Canjun semblait impatient, comme l’enfant qu’il était encore malgré tout. «  Tu me montres, maintenant. » Et tandis que le petit brun lui lâchait la main, elle commença à le suivre jusqu'à une petite clairière. Hochant la tête. «  Oui, oui je vais te montrer. »  Et tandis qu’ils arrivaient dans la clairière, elle attrapa son arc et y encocha une flèche. «  Tu le tiens comme ça tu vois » Elle lui montra le mouvement, elle tira sur la corde sans la lâcher. «  Je vais d’abord t’apprendre à le tenir, puis je t’apprendrais à viser. Pour toi, il va être un peu gros et un peu lourd mais c’est un bon moyen de t’y tester. »  Alors elle le lui tendit, attendant qu’il reproduise son mouvement précedent.

Le temps continuait de s'écouler en compagnie de Sethen. Canjun se sentait bien avec elle. Elle lui donnait envie d'en savoir plus sur l'ancienne civilisation, celle qui les avait précédé. Celle qui avait été détruite brutalement, laissant place à une nouvelle ère. Celle d'une planète désormais radioactive. Une planète qui avait subie bon nombres d'agressions nucléaires. D'ailleurs, la seconde de Feyn ne semblait pas convaincue à l'idée que ce soit une bonne chose de trouver des armes nucléaires ayant échappé à la destruction de ceux qui les avaient créée. Et en y réfléchissant bien, le jeune garçon avait compris l'inquiétude de la Demodrakhos face à la découverte probable de ces armes nucléaires. Elles pourraient être utilisées à mauvais escient, et ce n'était pas ce que le fils du Chef voulait. Oh, ça, non. Lui, voulait se battre pour préserver la paix. Il voulait devenir un grand guerrier, pour pouvoir protéger le monde du mal des hommes. Du mal des barbares, qui avaient déjà attaqués les siens. Alors, ses yeux ébènes observant avec attention celle qu'il affectionnait déjà, il l'écouta. Il l'écouta parler, et la jeune adolescente lui dit que la terre devait se réparer des erreurs passées et retrouver l'état dans lequel elle fut autrefois. « Tu as raison, Sethen ! » dit-il, souriant malgré son inquiétude encore présente face aux armes nucléaires. Puis, lorsqu'elle regarda en direction de l'Est, Canjun suivit son regard et scruta de ses yeux sombres l'environnement boiseux qui se dévoilait devant lui, avant de s'imaginer des hommes utilisant de façon barbare des technologies anciennes pour "terroriser les Trikrus et les autres peuples" vivant là-bas. A ces mots sortant de la bouche de l'archère, les mains du garçon se resserrèrent, et il fronça les sourcils, prenant la parole sur un ton déterminé, ses yeux brillants comme lorsqu'il était décidé à accomplir des choses. De grandes choses. « Si ces hommes continuent ces actes horribles... je jure que mon peuple, lorsqu'il sera sous mes ordres, se battra pour faire tomber cette Montagne de l'Est. » dit-il avant de poser ses yeux d'enfants brillants de détermination sur le visage de Sethen. « Sais-tu si mon père a déjà tenté de les combattre ? Il est allié au Commandant, je crois ? » finit-il par dire, déssérrant ses mains bien qu'il était toujours décidé à faire tomber tous ceux qui se battaient pour un monde de douleur et de souffrance. Mais il était encore trop jeune pour réaliser ses souhaits.


Puis, une mine plus joyeuse se dévoila sur le visage du jeune garçon lorsqu'il lui montra secrètement son Clan. Il observait celui-ci, content et fier de pouvoir l'exhiber à la vue d'une femme qu'il admirait. Une femme encore jeune, certes, mais qui était forte, et qui servirait sûrement de modèle à Canjun. Il l'aimait bien, Sethen. Il aimait bien qui elle était, et le fait qu'elle ne le prenne pas pour un enfant qui ne comprenait rien au monde dans lequel ils vivaient. Et il espérait la revoir, dans un futur proche. Il espérait entendre sa voix à nouveau, et passer plus de temps avec elle. Et il espérait également pouvoir lui montrer la force qu'il obtiendrait après tant d'années d'entraînement. Mais la voix douce de Sethen tira le garçon de ses pensées, et il se mit à rire légèrement lorsqu'elle lui dit que son village était magnifique. Et il hocha vivement la tête. « Oui ! Je suis fier d'appartenir à ce Clan, tout comme toi tu dois être fière de faire partie du tiens. » dit-il, avant d'écouter la seconde des Demodrakhos lui dire que son Clan était différent du sien. Et elle ajouta quelques mots qui firent sourire un peu plus le jeune garçon. « Je suis honorée que tu me fasses partager ce moment. » dit-elle, souriant d'une manière qui fit presque rougir le fils du Chef. « Et moi je suis honoré de pouvoir passer cet instant avec toi, Sethen. J'espère sincèrement que nous pourrons nous revoir plus tard. » dit-il en s'approchant un peu plus d'elle avant de poser sa main frêle et douce sur l'épaule de son amie. « Et j'espère aussi pouvoir visiter ton Clan, un jour ! » ajouta t-il d'une honnêteté infantile. Canjun s'intéressait à Sethen et à son Clan. Et c'était peut-être cette femme, aussi, qui attisa un peu plus sa curiosité sur le monde qui l'entourait, et sur ce qui l'avait abrité anciennement.


Mais il était impatient de pouvoir voir comment la femme aux cheveux blonds maniait son arc, et il l'emmena d'un pas précipité, lui prenant la main quelques secondes avant de la lâcher,  vers une clairière où il se stoppa. Et là, il attendit qu'elle lui montre. Il voulait voir, et apprendre un peu. Alors, de ses yeux ébènes, il la regarda attraper son arc et encocher une flèche. Un son exprimant son éblouissement ne put s'échapper des lèvres du garçon qui eut un regard brillant et admirateur envers Sethen. Et il sautilla d'excitation lorsqu'elle lui montra ce qu'il fallait faire avant de lui dire ce qu'elle allait lui apprendre, lui précisant que l'arme serait un peu grosse et lourde pour lui, vu sa corpulence. Il avait hâte, déjà, de tenir l'arc dans ses mains, et comprenait bien que pour le moment il ne manierait pas aussi bien l'arme que sa propriétaire. Alors, lorsque Sethen le lui tendit, Canjun le prit avec délicatesse et grimaça lorsqu'il tenta de le lever correctement avant de procéder de la même façon - moins facilement et moins habilement cependant - que Sethen. Et il fit quelques secondes, heureux de pouvoir tenir l'arc dans ses mains d'enfants. « C'est génial ! » dit-il malgré le fait que ses bras tremblaient sous le poids de l'arme. Et, après quelques secondes, il vacilla et tomba les fesses en premier sur le sol, encore trop frêle pour porter une arme de combat longtemps. Toussant légèrement avant de se relever rapidement, Canjun se gratta la nuque, gêne d'avoir fait tomber l'arc de Sethen. « Excuse-moi... J'espère ne pas l'avoir abîmé...» dit-il, souriant timidement. A travers ce sourire timide se cachait néanmoins un grand contentement d'être aux côtés de Sethen. Malheureusement, bientôt, l'heure viendrait pour Canjun et Sethen de se quitter.

Ils parlaient de la Montagne, cette concentration d’hommes mauvais à l’est, tout à l’Est, dans les territoires trikru, et Sethen était satisfaite de ce qu’elle entendait. Elle hocha la tête. « Le moment venu, j’espere que nous nous battrons tous main dans la main pour faire tomber cette Montagne, et ces hommes avides du sang des nôtres. » Oh, elle ne savait pas si bien dire quand elle parlait du sang. Personne ne savait à cette époque la ce qui se passait dans la montagne, ils savaient juste que ceux qui y allaient n’en revenaient plus. Et si peu de demodrakhos étaient touchés, il y’avait des conteurs, il y’avait des personnes qui racontaient ces histoires la. Et ça n’enchantait pas du tout Sethen. Ca n’enchantait pas non plus Canjun qui se posait encore plein de questions, aux quelles Sethen était ravie de répondre. « Je ne sais pas trop. Mon clan se tient légèrement à l’éccart des histoires politiques pour le moment. » Le commandeur de l’époque n’était pas encore quelqu’un de très avisé, et Feyn ainsi que d’autres clans ne lui faisaient pas une confiance absolue. Avec de la chance, ça changerait bientôt, Sethen voulait l’esperer. « Mais je ne pense pas qu’ils les aient déjà combattu. Il faudrait plus que quelques clans pour venir à bout de ces monstres. »

La conversation tendue se diffusa bien vite, tandis qu’il lui montrait le village, sur le quel elle s’extasiait quelques instants. Hochant la tête, quand il lui parla de la fierté qu’elle devait avoir. Oui, bien sur qu’elle était fière, le contraire n’était pas envisageable du tout. Elle sourit. « Bien entendu que je le suis. » Et elle était honorée aussi, ce qu’elle ne manqua pas à dire. Le garçon était si different de ce qu’elle aurait pensé rencontrer, et si plaisant à vrai dire. Elle espérait vraiment que le futur soit beau pour eux deux. Ils le méritaient. Elle hocha la tête avec tout le sérieux qu’elle pouvait avoir. « Ce jour viendra. Et tu auras un des meilleurs guides qui soit. Je serais ravie de te conter toutes nos legendes à ce moment la » Elle gardait ce sourire, cette lueur dans ses yeux. C’était plaisant. Elle avait hate. Vraiment.

Et lui semblait avoir hate d’autre chose, car a peine parla t’elle de l’arc, qu’il l’entraina dans une clairière pour qu’elle lui montre comment faire. Avec patience elle le fit, et de la patience elle en avait, une patience qu’elle n’hésitait pas à partager. Elle sourit, c’était amusant de voir comment il tenait l’arc avec timidité et sérieux. Il avait l’air d’un petit guerrier en devenir, et elle était emplie d’une joie qu’elle ne savait expliquer. Elle était encore jeune, elle n’était qu’une jeune adulte, meme pas. Mais elle l’appréciait vraiment. C’étiat plaisant quelqu’un comme ça. Quelqu’un qui voulait apprendre, et apprendre à quelqu’un lui plaisait plus que de raison. « Oui ça l’est. » Et elle rit un peu quand il tomba sur le sol, avant de reprendre l’arc et d’y jeter un coup d’œil. « Non il n’a rien ne t’inquiete pas. C’est pour cela que chacun se voit construire un arc à sa taille, si il veut vraiment pouvoir s’en servir. Je ne pourrais pas chasser avec n’importe quel arc tu sais. » Ses yeux brillèrent un peu plus. « Regarde, ensuite c’est ainsi que l’on tire. » Et elle décocha une des fleches de son carquois, faisant les mouvements d’une manière ralentie, avant de finalement la décocher dans la direction d’un arbre a assez bonne distance. « Tu veux essayer ? » Et déja elle lui tendait l’arc, et une fleche. En espérant qu’il ne se fasse pas mal.

Le sablier s'écoulait toujours un peu plus, laissant encore juste un peu de temps à Canjun pour être avec Sethen. Une Grounder des Demodrakhos qu'il appréciait déjà beaucoup. Elle était gentille, et semblait s'intéresser au jeune garçon. A ce qu'il était. A ce qu'il pensait. Dans son cœur, le futur guerrier souhaitait déjà la revoir dans quelques années. Canjun s'attachait facilement aux autres, mais en la rencontrant elle, ce fut différent. Ce n'était pas un attachement passager et enfantin. Ou du moins, ça ne lui semblait pas être cela. Car il voulait la revoir, souvent. Il voulait la connaître un peu plus, et voulait connaître ses futures prouesses.

Mais, soudain, la voix de la jeune femme aux cheveux blonds le tira de ses pensées alors que ses yeux ébènes étaient posés sur elle, et elle lui répondit au sujet de ces hommes de la Montagne, à l'Est, qui faisaient des ravages inhumains dans les peuples de ces terres lointaines. « Le moment venu, j'espere que nous nous battrons tous main dans la main pour faire tomber cette Montagne, et ces hommes avides du sang des nôtres. » dit-elle. A ces mots, Canjun hocha une nouvelle fois la tête, s'imaginant déjà combattre ces hommes et leur faire arrêter leur massacre, ses poings encore frêles se resserrant légèrement. Et lorsqu'il lui demanda si son Clan avait déjà combattu ces hommes, et s'il était allié au Commandant, Sethen lui répondit aussitôt, ne sachant pas vraiment, dérivant ensuite sa réponse sur son Clan qui se tenait apparemment à l'écart de la politique. A cet instant, les yeux ébènes du jeune garçon, toujours posés sur son amie aux cheveux blonds, se dirigèrent quelques secondes vers le Sud avant de se reposer sur les beaux yeux de la Seconde de Feyn. Ses sourcils se froncèrent légèrement, montrant son air intrigué concernant son Clan. « Comment se fait-il que ton Clan se tienne à l'écart de ces « histoires politiques » ? N'a t-il pas juré loyauté envers le Commandant ? Et d'ailleurs, qui est le Commandant ? » demanda t-il, sa curiosité le poussant toujours à poser de nouvelles questions. Et il la regardait, encore, de ses yeux plus tôt intrigués brillants désormais de curiosité. Canjun avait encore beaucoup à apprendre du monde dans lequel il vivait. Mais son entraînement n'avait pas encore commencé, et même si son père lui parlait quelques fois des affaires de son Clan, Canjun ne connaissait pas encore beaucoup le monde qui l'avait vu naître. Puis, la voix de la Demodrakhos résonna à nouveau. « Il faudrait plus que quelques clans pour venir à bout de ces monstres. » avoua t-elle. A la fin de ces mots, des frissons parcoururent le corps du futur Chef des Osgiliath, qui voyait dans son imagination débordante des hommes aux armes destructrices tuer de nombreux innocents. Il voyait du sang. Beaucoup de sang. Et ces pensées sinistres lui pincèrent le cœur, ses yeux s'embrumant légèrement. Il n'aimait pas ça, Canjun. Il n'aimait pas les guerres sanglantes. Mais il voulait tout de même devenir guerrier, pour protéger son Clan, et ses amis. Alors, se reprenant, sa main d'enfant se glissa jusqu'à sa poitrine, et, par les mots que la femme aux cheveux blonds lui avait dit concernant le fait qu'il deviendrait un grand guerrier, sa détermination à écraser ce peuple à l'Est s'agrandit encore un peu plus, et il prononça ces quelques mots. « Je dois sans doute me répéter depuis que notre discussion a dérivée sur ces hommes de la Montagne, mais j'espère pouvoir participer à leur défaite. Que je sois encore dans mon apprentissage, ou que je sois devenu Chef de mon Clan, j'espère que nous nous reverrons là-bas, et également dans d'autres circonstances, Sethen ! » dit-il, finissant ses dires par un sourire, puis un rire clair et enfantin.



Puis, alors qu'il venait de l'emmener dans un endroit où son Clan était perceptible sans être vu, les yeux de l'enfant brillèrent un peu plus. Mais ils ne brillaient plus de curiosité, non. Non, ils brillaient d'affection pour ses terres natales. C'était un havre de paix, pour lui. C'était calme, et jamais il ne s'imagina que le destin s'apprêtait à le lui enlever. Alors, contemplant l'endroit où il vivait, il confia à Sethen qu'il était fier de faire partie de son Clan, tout comme elle devait l'être. Ce à quoi la jeune femme acquiesça en souriant. Et les yeux de Canjun regardèrent ce sourire sincère, où le cœur semblait parler pour elle. C'était plaisant à voir. C'était plaisant de voir que même en étant une redoutable guerrière, Sethen semblait avoir un bon cœur. C'était comme une main de fer dans un gant de velours. Et Canjun l'admirait aussi pour cela. Lui, avait compris que l'humanité était  importante même pour un grand guerrier. Et ce sourire sur les lèvres de son amie ne fit qu'augmenter son envie de la revoir et d'être encore plus proches. Pas en amour, non, mais en amitié. Et il avait aussi hâte de voir son Clan. Alors il le lui dit, d'une honnêteté sans faille. Ce à quoi elle répondit des mots qui le firent rire encore. « Ce jour viendra. Et tu auras un des meilleurs guides qui soit. Je serais ravie de te conter toutes nos légendes à ce moment là. » dit-elle, sans perdre sa gaieté. Et après avoir ri, le fils du Chef acquiesça, tapant des mains durant quelques secondes. « Me voilà encore plus impatient de te revoir, Sethen ! J'adorerais entendre vos légendes ! » dit-il, se retenant de lui sauter dessus pour l'enlacer. A cette époque, c'était la joie qui envahissait le cœur de Canjun. Chaque jour. Et sa mère lui avait donné une grande douceur et beaucoup d'affection. Une affection qu'il aimait redonner aux autres. Mais il était encore un peu timide avec la seconde de Feyn. Ca ne faisait qu'un jour ou presque qu'ils se connaissaient. Mais il avait cette impression d'avoir passer quelques jours passionnant avec elle. Des jours qu'il n'oublierait jamais.



Mais il n'avait pas seulement hâte qu'elle lui raconte les légendes de son Clan du Sud. Oh, ça, non. L'arc qu'elle semblait si bien manier l'intéressait aussi, et après l'avoir emmené dans une petite clairière, elle lui fit tenir son arc, assez lourd pour sa corpulence enfantine. Une corpulence qui ne supporta pas très longtemps l'arme, et Canjun tomba, prenant peur d'avoir abîmé la précieuse arme de l'archère, sous le rire de celle-ci lorsqu'il s'écrasa par terre. Mais elle le rassura, reprenant l'arc en main, lui disant qu'il n'avait rien et que chacun avait une arme construite à sa taille, elle-même ne pouvant pas se servir de n'importe quel arc pour chasser. A ces mots, Canjun hocha la tête, voyant bien que pour lui, un arc de cette taille n'était pas du tout adapté. Puis, s'aidant de sa force enfantine, le garçon se releva et se secoua un peu pour enlever la poussière sur son corps. Et il écouta à nouveau, attentivement, ce que lui disait l'experte. « Regarde, ensuite c'est ainsi que l'on tire. » dit-elle, avant de faire les mouvements appropriés -avec une grande élégance que Canjun admira beaucoup- et de décocher la flèche en direction d'un arbre assez loin qu'elle toucha parfaitement. Et au moment où la flèche atteint sa cible, la bouche de l'enfant s'entrouvrit, un « waouh » se libérant pour exprimer son épatement. Puis, Sethen lui proposa d'essayer, ce à quoi Canjun hésita un peu, en vue de la force de mouche qu'il avait encore à cet âge, et finit par accepter, souriant. Il tenta de faire les mêmes mouvements, prenant une flèche que venait de lui tendre son amie, ainsi que l'arc. Puis, alors qu'il tenait déjà difficilement l'arc, il se dépêcha de tenir correctement la flèche, puis la décocha, celle-ci virevoltant dans l'air durant quelques instants avant de finir sa course dans le sable, un peu loin de l'arbre dans lequel avait tiré Sethen. Et Canjun aurait pu être déçu de lui, mais il était quand même content de ce qu'il venait de faire, et sourit encore un peu plus, tendant l'arc de ses deux mains vers la Demodrakhos. « C'est un bon début tout de même, pas vrai Sethen ? Tu me remontreras, à nouveau ? » dit-il, ses yeux ébènes l'observant comme un enfant devant un généreux cadeau. Puis, hésitant un peu, il laissa finalement sa timidité de côté pour se rapprocher de la femme du Sud avant de l'enlacer et de placer sa tête contre le corps de celle-ci. « Merci, Sethen. Merci ! » dit-il avec douceur, ses paupières se fermant durant quelques secondes, se laissant apprécier l'étreinte. C'était la première fois qu'il rencontrait une étrangère qu'il aimait déjà bien, mais également la première fois qu'il avait touché une arme.

Le jeune Canjun avait les questions de quelqu’un de plutôt sage, et c’était avec un plaisir non dissimulé qu’elle lui répondait. Elle était jeune encore mais elle avait apprit des choses  qu’elle était ravie d’offrir aux gens qui voulaient les savoir. Ainsi quand le garçonnet à la peau d’onyx lui posa des questions au sujet de son clan, et au sujet du Commandeur, elle sourit un peu plus, et prit après ça un air très sérieux, comme celui d’un professeur dispensant une leçon. En mieux qu’un professeur peut être, parce qu’elle n’arrivait pas vraiment à avoir un regard trop dur, et qu’elle n’avait pas les mots les plus savants qui soient. «  Mon clan a une position topographique qui le rend plus à l’écart, un peu inaccessible en somme. Il ne se soucie pas de ces histoires de commandant,  et Feyn a d’autres histoires à régler.  Le commandeur était aux dernières nouvelles un homme nommé Dorian, qui aimait faire des guerres pas spécialement utiles, mais qui voulait tout de même le mieux pour son peuple. Je ne sais pas si c’est encore lui. »    Elle fixa Canjun quelques instants après ça, elle ne pouvait pas lui en dire beaucoup plus, mais elle espérait qu’un jour les choses changent et qu’un commandant se mette à vouloir unifier les différents clans, pour qu’ils puissent tous s’allier.   Enfin, c’était dit maintenant, c’était expliqué, et elle espérait que cette alliance serait la clé qui leur permettrait de tuer les hommes de la montagne. Même si ils ne menaçaient pas les demodrakhos, il y’avait des démons qui ne devaient pas vivre. Ils verraient plus tard. Ils verraient. Elle était sure que l’histoire leur serait favorable. Et Canjun lui, semblait determiné à vouloir lutter contre eux.  Ca la faisait sourire Sethen, et elle voyait en lui un futur grand guerrier, elle n’en doutait pas. «  Bien entendu ! »  

Et ils parlèrent de clans, ils partlerent de legendes, et Sethen déjà avait hate que Canjun son ami, vienne parcourir ses terres, les terres de son clan, celles dont elle était fière et qu’elle aimerait lui montrer , lui raconter aussi ! Bien sur elle avait hate de toutes ces choses, et elle était heureuse de s’être fait un ami . Alors même si elle rentrait sans avoir rien recuperé comme proie, elle aurait mieux. La notion d’une amitié et le souvenir du regard enfantin et pur de ce Canjun auquel elle penserait !  

Il y’eut une demonstration aussi. Une espèce de leçon de tir à l’arc qui n’en était pas vraiment une. Elle n’avait pas les moyens de lui enseigner ce qu’elle savait, mais elle pouvait lui montrer un peu comme ça marchait, comme on faisait. Et peut être qu’elle s’était un peu vantée, pas par des mots, mais par un geste, par un tir qu’elle réussi avec brio, parce qu’elle était une bonne archère et qu’elle avait totalement confiance en ses capacités.  Son sourire ne disparaissait plus, pas maintenant, surtout pas maintenant, et elle lui tendit l’arc pour qu’il essaye. Et alors qu’il ne réussissait pas vraiment, il semblait heureux et raccrochant son arc sur son dos, Sethen ne put qu’hocher la tête en souriant. «  Je serais ravie de te montrer à nouveau comment l’on tire, et quand nous nous reverrons je me débrouillerais pour trouver un arc adapté à ta taille. »  Elle ne se doutait pas qu’ils ne se reverraient que bien plus tard quand il aurait la meme taille qu’elle, et que leur différence d’age ne serait plus rien finalement. Non, elle ne pouvait pas s’en douter. Elle imaginait qu’ils se verraient dans quelques mois, ou juste quelques années, pas une décennie… Mais le destin… Le futur. Qu’importait pour le moment.  Elle fut surprise quand il la serra contre lui, comme un enfant l’aurait fait ? Comme un ami l’aurait fait. Ça la surprit, mais ça ne la dérangea pas et elle resserra ses bras autour de lui, lui caressant quelques instants les cheveux.   C’est à ce moment la que son nom retentit dans la forêt, de la lourde voix de Nuallan qui l’appelait, comme si il l’avait perdu, et elle recula de quelques pas  brisant l’étreinte et adressant au jeune garçon un regard un peu las, un peu triste. «  Je suppose que je vais devoir reprendre ma route. Tu sais quoi, garde ça, tu pensera à moi comme ça ! »  Et elle farfouilla dans sa poche pour sortir une petite figurine en bois, en forme de crocodile. Ce n’était pas elle qui l’avait fait bien sur, elle n'était pas douée pour ça, mais elle l’avait troqué contre un lapin un jour sur un des marchés de Nidhogg. Elle espérait  que ça plaise à Canjun en tout cas. Et elle était heureuse de lui faire ce cadeau.  Maintenant, il fallait qu’elle retrouve son père adoptif, et qu’elle accomplisse son devoir de chasseresse.