the mountain will fall → groupe 7 | L'Infirmerie|

   
Elle aimerait pouvoir lui dire qu'ils venaient de passer le seul obstacle qui se dresserait entre eux et l'infirmerie, mais ce serait uniquement mentir et elle estimait que dans une situation comme celle-ci, ils ne pouvaient pas se permettre de se bercer d'illusions si cela signifiait une avancée insouciante vers une mort certaine. Quoi que, Maya doutait que qui que ce soit ici se fasse encore des illusions de la Montagne et de ses dangers.
Les portes battantes de l'infirmerie se dessinaient devant eux et, comme en réponse aux appréhensions de Rose-Marley, une voix étouffée s’éleva dans un grésillement semblable à celui qu'elle avait entendu un peu plus tôt alors qu'elle attendait anxieusement avec Harper des nouvelles par la radio portative trafiquée par Monty. Elle tendit l'oreille, chaque information était bonne à prendre et ils ne pouvaient de toute façon décemment pas avancer plus loin avec une troupe à seulement quelques mètres d'eux. Ils venaient de convaincre un couple de ne pas les dénoncer aux autorités, ce serait dommage de maintenant courir directement dans leurs bras. Alors, leur petite expédition encore une fois stoppée dans sa fulgurante avancée, elle se focalise sur les nouvelles consignes données à la troupe qui transporte un soldat blessé dans l'antre aseptisé : déploiement immédiat aux laboratoires, intrusion ennemie, menace à éradiquer. Et l'euphorie la gagne un instant, si fort qu'elle se tourne vers Rose-Marley pour prendre ses mains dans les siennes et appliquer une légère pression dessus, faisant passer son enthousiasme à la nouvelle par ce simple geste de peur d'ouvrir la bouche et de tout faire capoter. Ils étaient rentrés ! La première bonne nouvelle d'une longue série, elle l'espérait du fin fond de son cœur. La possibilité de victoire était plus réelle que jamais.

Un sourire nouvellement retrouvé étire les lèvres pâles de la jeune femme malgré les difficultés qui les attendent encore une fois. Elle s'attend à ce que l'entente de cette percée dans les défenses de la Montagne redonne un second souffle à Whisky et à Rose-Marley, qu'elle consolide leur envie de se battre et que Ruby s'accroche encore un peu pour revoir le soleil. D'un mouvement de la main, elle les invite à revenir légèrement sur leurs pas, le temps de se soustraire du champ de vision de la troupe qui ressort, moins le blessé.
MAYA – Je suppose que tu n'as plus besoin que je te réponde. Le ton était plus léger le temps de cette réplique, puis le sérieux de la situation la rattrape. On va devoir faire ça autrement, peut-être qu'en allant dans les cuisines, on trouvera de quoi faire. Il faudra juste être plus prudent avec les ustensiles et... qu'est-ce que...

La fin de sa phrase reste en suspend, son regard ayant accroché une silhouette leur faisant apparemment signe un peu plus loin. Elle relève son arme alors qu'elle opère une analyse rapide de la situation : pas d'uniforme, pas d'arme apparente, pas plus de 20 ans, petit gabarit, seule. La silhouette se fait insistante avant de sortir de l'ombre devant l'absence notable de réaction positive à sa présence et la lumière se fait sur son appartenance : l'une des 48 !

MAYA – Est-ce que tout va bien ? Comment es-tu arrivée jusqu'ici ? S'enquit-elle immédiatement après avoir baissé son arme avec un soupir de soulagement. Elle n'avait pas eu à s'en servir cette fois encore, Dieu merci.

(c) badwolf.

   


Se faufiler dans les couloirs de Mont Weather sans me faire repérer n'avait rien de bien compliqué vu le chaos ambiant qui régnait. Au loin j'entendais des coups de feu, des cris et des bruits de course. Mon cœur battait la chamade et mon corps fourmillait d'impatience. On venait nous sauver. Enfin ! La liberté était proche et je pourrais enfin revoir le ciel et le soleil. Mais pour cela il fallait que je sorte vivante de cette montagne de malheur. Loin de ma témérité habituelle je m'échappais vers les endroits les plus silencieux et, je l'espérais, les plus déserts. Me jeter la tête la première au milieu de la guerre qui faisait rage ne servirait qu'à me faire blesser voire tuer. J'étais désarmée et j'avais été séparée des autres prisonniers de la Montagne alors j'errais seule dans les couloirs. J'avançais silencieusement en jouant nerveusement avec le badge que j'avais pris à un soldat de Mount Weather inconscient. Peut-être était-il mort à présent ? Avec un soupir désabusé je songeais que c'était le prix à payer pour notre liberté et notre vie. Une vie pour une autre. Le prix était élevé, peut-être trop, mais nous n'avions pas le choix. C'était ça ou mourir après avoir été pompé de notre moelle osseuse. Je fus tirée de mes pensées en arrivant à un embranchement. Je m'arrêtai aussitôt en me mordillant les lèvres alors que mes yeux voyageaient d'un couloir à l'autre. Je ne savais pas où aller.

Après une brève hésitation je pris la direction de l'infirmerie. Peut-être que je croiserais d'autres prisonniers de Mount Weather ou que je pourrais récupérer de quoi soigner les blessés. C'était de la folie d'espérer qu'aucun de nous ne serait blessé dans ses affrontements. Et si l'un de nous mourrait aujourd'hui alors que nous étions si proches de la liberté... Je me mis à trembler en pensant à cette éventualité avant de repousser ces pensées au fond de mon esprit. Ce n'était pas le moment de flancher. J'arrivai rapidement devant l'infirmerie et je tendis la main pour ouvrir la porte avant de me figer en entendant du bruit de l'autre côté de la porte. Evidemment les gardes blessés étaient venus ici pour se faire soigner. Je reculais rapidement en entendant des pas se rapprocher de moi et je me dissimulai dans les ombres d'un couloir non éclairé. Le grésillement d'un talkie walkie et les paroles qui s'en échappaient m'apprirent que c'étaient des gardes qui approchaient. Si j'avais été croyante en cet instant j'aurais prié avec toute la ferveur dont j'étais capable. Mais je n'étais pas croyante alors je me contentais d'espérer qu'ils passeraient à côté de moi sans m'apercevoir. Je n'avais pas besoin d'être devin pour savoir que s'ils me voyaient ils m'abattraient sans sommation. Mais heureusement ils s'éloignèrent sans me voir et je me détendis avant d'entendre une nouvelle voix.

Mes muscles se contractèrent à nouveau et j'arrêtai de respirer avant de reconnaître la voix de Maya. Je poussai un soupir de soulagement . Enfin je n'étais plus seule. Tout en restant le plus possible cachée par les ombres je fis signe à la troupe devant moi. Rose-Marley et Ruby ainsi que Whisky étaient avec elle. La joie de les retrouver fut un peu gâchée par l'arme de Maya pointée vers moi et je me fis plus insistante en espérant qu'elle me reconnaisse enfin. Mais voyant que ce n'était pas le cas je me décidai à apparaître à la lumière. La jeune fille baissa rapidement son arme à mon soulagement et j'ouvris la bouche pour lui répondre mais Whisky fut plus rapide que moi. Je fronçai les sourcils en voyant Ruby dans ses bras, si pâle et le sang tâchant le bras de Whisky. Ma joie de les avoir retrouvés se transforma aussitôt en inquiétude et je me précipitai vers eux.

« Vous êtes blessés... » Ma voix tremblait légèrement en énonçant cette évidence. Je me tournai aussitôt vers Rose-Marley et Maya pour les regarder avec attention et je fus un peu rassurée en constatant qu'elles n'étaient pas blessées. Si elles aussi l'avaient été je ne sais pas comment j'aurais réagi. Je reportais mes yeux sur Whisky et Ruby. « Il faudrait des bandages mais l'infirmerie est inaccessible. » Je réfléchissais à toute vitesse pour essayer de trouver une solution. Peut-être que tout les médicaments et bandages n'étaient pas à l'intérieur de l'infirmerie. « Est-ce qu'il y a une réserve ou quelque chose comme ça à l'extérieur de l'infirmerie ? Avec des compresses, des bandages ou n'importe quoi pouvant être utile ?»

   

Bravo Maya, voilà de quoi leur donner matière à s'indigner un peu plus des méthodes utilisées ici-bas... Elle a la décence d'afficher un air contrit en réponse à la remarque du seul homme du groupe : l'urgence de la situation ne l'a pas poussé à considérer les bonnes options sur ce coup. Mais il était encore temps de rectifier le tir, n'est-ce pas ? Le matériel était là, à seulement quelques pas d'eux, mais dans une zone trop risquée. Réfléchis ma grande, réfléchis ! Elle se torture les méninges à trouver une solution qui mettrait un terme aux souffrances physiques et mentales de tout ce petit groupe, elle y comprit.
PARKER - Est-ce qu'il y a une réserve ou quelque chose comme ça à l'extérieur de l'infirmerie ? Avec des compresses, des bandages ou n'importe quoi pouvant être utile ?

Oh mon Dieu. Oh. Mon. Dieu. Comment avait-elle pu oublier ça ?! Si elle ne l'était pas déjà en temps normal, Maya serait livide en cet instant même. Son utilité allait vite être remise en question par les autres si elle continuait à être aussi mauvaise dans la mission qu'on lui avait confiée, elle qui était censée connaître cette montagne comme le dos de sa main... Bien sûr qu'il y avait une réserve bon sang de bonsoir ! D'un regard par-dessus l'épaule de Parker, elle s'assure que la voie est libre. Bien. Elle se flagellerait plus tard pour son incompétence totale et aberrante, elle avait un groupe à guider - dont une blessée qui devait s'être transformée en mourante à attendre des soins qui ne venaient pas.
MAYA - Il y a une porte juste avant l'embranchement qui mène à la zone de quarantaine où vous avez séjournés à votre arrivée ici. À vrai dire, il y en a plusieurs, mais celle qui nous intéresse est près de l'ascenseur... On est passés devant il n'y a même pas 5 minutes, on y sera dans autant de temps.

Prenant une grande inspiration, elle tourne les talons pour revenir sur leurs pas et comme convenu, ils atteignent la fameuse porte menant à la réserve en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Un peu anxieuse, la jeune femme se saisit de sa carte magnétique et l'appose sur le capteur, attendant le bip sonore accompagné de sa petite loupiote verte salvatrice...

(c) badwolf.