«  Sha !  Si j’en venais à manquer de peaux animales peut être devrais –je me mettre à traquer les peaux des curieux. »   C’était une plaisanterie bien sur, et Sethen ne s’était pas sentie aussi joyeuse et légère depuis bien des mois maintenant. Oh bien sur, à l’époque elle avait toujours su un peu s’amuser. Elle avait aimé partager des bières et d’autres boissons plus fortes dans les tavernes, avec des voyageurs et avec des amis. Elle avait aimé les gens, la vie, et les moments de conversation et de plaisanteries. C’était un des avantages de ce qu’elle faisait. elle partait seule pendant des jours durant, et quand elle revenait elle cherchait le réconfort de l’humanité. Mais l’aventure dans la montagne l’avait brisée. Pas une seule fois elle n’était allée boire avec des camarades à l’Avant poste, ou même pendant les quelques jours à Polis. La seule exception avait été Jasper, mais Jasper serait probablement pour toujours sa plus belle exception. Il lui manquait d’ailleurs ce skaikru, et elle se résolu à aller voir Heda, pour lui demander ce qu’il en était des nouvelles du Nord.    Ce soir donc, avait quelque chose de different. Peut être était-ce la conversation avec Jakob qui avait eveillé un besoin d’oublier, ou l’alcool des prairies, dans cette auberge qu’elle affectionnait tant ? Peut être tait-ce tout simplement la compagnie de cet homme qui semblait avoir avec elle une espèce de point commun sur le quel elle n’arrivait pas à mettre le doigt ? Il était sympathique. C’était tout ce qu’elle savait.  Alors oui, elle n’hésitait pas à plaisanter avec lui, et même à lui confier, les raisons – ou du moins celles dont elle était persuadée – des offrandes pour Feyn.  En tout cas peut être qu’il avait raison lui aussi. Elle était l’amie de Feyn. Elle n’était pas seulement une ancienne faucheur, ou juste une guerrière. Elle hocha la tête. «  Tu as raison Marek ! il me faudra essayer de prendre mon courage et d’aller lui parler ! Je le ferais ! »  Elle ne savait pas trop quand. Le lendemain les effets beneficiques de l’alcool seraient partis, et le banquet les occuperait un peu. Le moment viendrait, quand il viendra.

En tout cas, la conversation changea de bord, et elle écouta Marek lui parler de sa chef comme si il l’aimait. Comme si ses sourires étaient pour lui la plus belle chose du monde. C’était quelque chose de légèrement surprenant. Tout le monde connaissait les meurs de la Keryonsi, et tout le monde savait que son corps était bien plus accessible que des sentiments sincères. Marek devait souffrir. Se Sethen lui offrit un sourire qui se voulait rassurant en posant sa main sur son bras. «  Mais es tu satisfait toi, de ces dons que tu lui fais, quand ils ne sont pas ceux que tu voudrais lui offrir réellement ? »  C’était compliqué aussi sa situation, et l’espace de quelques instants, elle oubliait ses problèmes, pour faire ce qu’elle affectionnait le plus. Aider un étranger, qui ne l’était plus vraiment.

Elle ne savait pas vraiment comment elle s’était retrouvée la. Mais elle y était, et sa main se faisait douce sur le bras de l’homme à ses cotés. Réconfortante. Apaisante. Elle comprenait, ce qui passait en lui et peut être que ça éveillait quelque chose chez elle, dont elle n’avait aucune envie de parler peut être. Elle l’écouta néanmoins, elle l’écouta lui dire qu’il avait chassé les perles, et qu’il avait refusé à lui offrir. Elle l’écouta parler de ce qu’il ressentait, de cet amour qui le terrassait, et elle le regarda boire, buvant elle aussi à son tour. « Il faut reconnaître Marek, que ta chef de clan n’est pas la personne la plus aisée à confronter à ce sujet. » Ses yeux se plissèrent en un sourire. « Mais tu n’es pas pitoyable. Tu es quelqu’un de bien, à la merci des affres de ton cœur. Tu désires ce qui est inaccessible. » Et tout le monde savait peut être, meme elle qui venait d’ailleurs, que le cœur de Neith n’était jamais à prendre. « Peut être devrais tu lui dire ? » C’était une mauvaise idée. Une très mauvaise idée. Néanmoins, elle aussi elle avait de l’alcool dans le sang, et elle n’était plus vraiment très sage non plus. Pas vraiment très lucide d’ailleurs. Alors elle tapota distraitement dans son dos, après avoir vidé son verre.

« Et si nous nous lancions un défi mon ami ? » Et ça elle allait clairement le regretter si elle s’en souvenait le lendemain. Mais vu ce qu’elle avait bu, elle n’était pas sure de s’en souvenir. « Bientôt nos routes se sépareront, je rentrerais dans mon camps et toi dans le sien. Mais d’ici la prochaine rencontre de la coalition, ou de nos clans, nous nous faisons la promesse de dire à nos chefs de clans ce que nous ressentons. » Ce qu’ils ressentaient ? Ah, elle ne ressentait rien elle, elle voulait juste le pardon. « Celui qui ne le fait pas, devra offrir plus qu’une tournée à l’autre pour sa couardise ? »

L’alcool aidant, elle avait eu une idée fabuleuse – qu’elle trouverait beaucoup moins fabuleuse une fois le réveil venu et l’alcool parti de son sang – un défi, quelque chose comme ça.  Un truc pour les motiver tous les deux. Bon, elle commençait à plus y voir très clair dans sa tête, et elle continuait à boire quand même. Alors oui, sur le coup cette idée était si brillante, qu’elle se demandait pourquoi elle n’y’avait pas pensé plus tot Probablement parce qu’elle ne connaissait pas Marek avant, et ne savait pas qu’il avait des problèmes presques similiaires aux siens. Bien que ça ne soit pas tout a fait les même, elle ne voulait pas épouser Feyn, ou peut être que si en fait ? Peut être.  En tout cas elle se fendit d’un sourire. «  Il faut le trouver ce courage ! Nous sommes des guerriers ! Des terriens ! La mort peut frapper à chaque moment alors autant en profiter. »  Et peut être qu’elle se voulait un peu plus motivante, elle ne savait meme pas d’où il lui venait ce courage à elle. Tant pis, demain elle déchanterait vite.

Elle commençait un peu a déchanter maintenant d’ailleurs, parce qu’il faisait une espèce de proposition un rien gênante, qui lui fit froncer les sourcils. « Huuu. »  Ok, ça devenait un peu moins clair la, et elle secoua la tête avant de commander un verre d’eau. «  Je t’avoue que je n’ai pas vraiment d’idées de prix de réconfort, mais nos corps sont hors de la balance. »   Un petit sourire un peu amusé, et elle reprit. «  Peut être que tu pourrais accepter de te promener en robe si tu perds. Ca irait très bien à ta virilité. »  Et bien sur elle plaisantait, les robes c’était uniquement pour les faibles, et les gens qui n’avaient pas des épaules aussi belles que les siennes.