always one step back ▬ Arzhel

Sujet: always one step back ▬ Arzhel Dim 29 Mai - 22:14

Mordh vouait un amour sans limite à son clan. Elle s’était battue pour lui pendant de nombreuses années et aujourd’hui, elle avait atteint le sommet de la hiérarchie… tout ce qu’elle aurait pu faire pour l’Azgeda. Si seulement il avait été sa première motivation. Non. Elle cherchait un tueur, rien de plus. Et s’il le fallait elle aurait tué tous ceux qui recouvraient la surface de la terre pour obtenir sa vengeance. Ce n’était qu’un modeste but et si elle se donnait les moyens de l’obtenir, il n’en restait pas moins qu’elle prenait son devoir au sérieux, avec plus de précaution que ce que ces mauvaises langues lui prétendaient. Cependant, consolider son pouvoir était une tâche qui lui demandait du temps, la forçait à se déplacer dans de nombreux villages, pour faire preuve de présence, prouver qu’elle n’avait pas hérité de la folie de Galath que tout le monde détestait ouvertement (soit. Elle serait la seule à chérir celle qui avait été son mentor et les doux souvenirs des jours volés ne vivraient plus que dans sa mémoire). Et ses propos se faisaient conciliants, remerciait le sort funeste qui avait frappé l’ancienne reine, tout en expliquant que la mort de Syndra était pour une raison, pour mettre fin à cette épidémie qui avait ravagé le clan.

Ils y croyaient. Certains. Pas tous. Mais elle avait confiance, Mordh, aux petites voix qui se déplaçaient, ces mêmes petites voix qui remettaient en doute sa légitimité à l’accession au trône (ces petites voix qui étaient attrapées, puis étranglées, les gorges ouvertes pour prendre ces langues trop pendues, les cloués sur les portes des villages pour une mise en garde tout ce qu’il y avait de plus formelle). Oui, les murmures gagneraient du terrain. D’une manière ou d’une autre. Elle était la Reine et celui qui se dressait contre elle en paierait le prix.

C’était sur ces détours qu’elle s’était arrêté à Orst pour quelques jours – semaines-, investissant la salle du trône et les quartiers réservés à la royauté. Le chef du village, Arzhel, ce si appréciable Arzhel, n’était pas là. Surement sur le chemin du retour de Skjer, où elle l’avait envoyé des jours auparavant. Elle appréciait l’homme, sincèrement. Si ce n’était pour son irraisonnable logique de refuser le trône à chaque fois qu’il avait été à portée de main. Ah. Tout ce sang qui avait été épargné, s’il avait eu les épaules d’un roi. Galath n’aurait jamais été choisie et son mentor serait encore à portée de main. Enfin. Elle avait beaucoup de personnes à tenir en rancune, Mordh, et si peu de temps. Donc, elle l’avait envoyé au loin – ça lui laissait aussi l’occasion de sonder les eaux à la capitale, voir où se situait les alliances, les affinités. Assurément, Arzhel ne pleurerait pas les trois pauvres âmes qui avaient été torturées car ils n’avaient su faire preuve de discernement (oui, elle avait totalement perdu son sang-froid quand un mort – à présent – avait exprimé son regret qu’elle ne soit pas morte le même jouer que Galath, à ce banquet, mais ce n’étaient plus que des broutilles).

Mordh était donc dans la salle du trône, loin du si gracieux siège, si imposant siège (siège qu’elle n’avait jamais aimé), installée à la large table en bois, repassant avec les quelques conseillers les préparatifs pour les festivités à venir. Il y avait aussi une conversation sur les prochaines taxes à venir. Il fallait renflouer les rangs, recruté de nouveaux guerriers, des chasseurs à former. Des tâches auxquelles Mordh était habituée, puisqu’elle avait été le substitut de Galath pendant toutes ces années. Car c’était bien connu, la folie manquait de perception sur le réel. Il y eut un mot, qui fut murmuré à son oreille à un moment et elle releva le regard, ses yeux longeant les murs taillés dans les grottes d’Orst, trouvant la figure tellement familière de Arzhel. « Je vois que tu es revenu. » Il y avait un semblant d’entrain dans sa voix, bien que celle-ci soit encore concentrée sur la tâche qu’elle se devait de terminer. « Donne-moi un instant. Qu’on te donne à boire et à manger si tu le désires. » Et sans plus un regard pour le chef du village, elle poursuivit la conversation qu’elle avait avec l’un de ses conseillers. Cela dura quelques minutes, brèves. Puis elle abandonna les petites lunettes qu’elle se devait de porter quand elle lisait et se tourna vers Arzhel – sans pour autant se lever de son siège. « Comment s’est passé la rencontre avec la reine du Skjeran ? » Elle se servait du dialecte Azgeda, il n’y avait personne, ici, qui n’était pas né sur ces terres, donc, il n’y avait pas de raison de perdre du sens avec un autre parlé.

Spoiler:

Le Azgeda était changé désormais, la peur animait les coeurs des quelques guerriers fidèles à l'ancienne reine. Ils avaient dû prêter allégeance à Mordh et chercher des alliés au Azgeda s'avérait trop dangereux maintenant. Mieux valait que je reste seul, n'en parler à personne et agir en bon guerrier. Protéger ma reine et lui obéir au mieux et dans la plus grande discrétion, tenter de ruiner ses plans. Mais malheureusement Mordh était intelligente, trop intelligente, sans doute autant que Galath était folle.

Revenir à Orst ne me faisait pas vraiment plaisir, j'aurais préféré retrouver Synëad à Polis forcément, mais j'avais des obligations n'est-ce pas ? Je devais informer Mordh de ce que Echo m'avait informé. Peut être savait-elle déjà ce qu'il s'était passé lors du conseil et de ce qui avait été décidé. J'avais mis quelques jours pour revenir de la frontière, le temps était mauvais et les tempêtes étaient de plus en plus puissantes. Je me présentais dans la salle du trône de la capitale, informé par les gardes que Mordh était là et désirait me voir. Sans doute avait-elle bien des choses à me reprocher, je n'avais pas était très productif lors de mon entretien avec Torvi. Il fallait dire que la reine des skjerans ne se laissait pas amadouer facilement, à croire qu'elle lisait les pensées.

Retirant ma peau d'ours, je la posais sur une chaise avec mon trident. Il faisait suffisamment chaud avec les brasiers allumés dans toute la salle. Je m'inclinais devant la reine avant de répondre.

« Ca ne sera pas la peine. »

Les réserves avaient été suffisantes pour le trajet et nous avions croisés un lapin qui nous avait bien aidé également. J'avais gardé la peau pour faire des moufles à Synëad... mais je gardais cette histoire pour plus tard.

« Malheureusement pas très bien. J'ai tenté différentes approches pour la convaincre, mais elle est jeune et têtue, elle ne semble même pas savoir ce qu'elle veut. J'ai échoué à votre requête. »

Et je savais très bien que les échecs n'étaient pas acceptés, surtout pour Mordh...

Il y avait des visions dans la vie de Mordh qu’elle appréciait avoir. Certains petits avantages de sa récente accession au trône, à n’en pas douter. Sinon, comment aurait-il était possible de voir un jour Arzhel s’incliner devant elle ? Son avis sur le chef de Orst était mitigé. Si elle le méprisait profondément sans donner ouvertement son avis – et qu’elle prenait également soin de ne pas le montrer, les alliés étaient tellement rares ces jours-ci – il n’en restait pas moins une figure importante du clan. D’autant qu’il avait plaidé en sa faveur après la disparition de Galath. Ce qui l’empêchait de planter une dague dans le dos du grand homme. Soit, ce n’était pas le genre de tristesse sur laquelle elle s’attardait. Elle évincerait Arzhel d’une manière ou d’une autre. Non, elle n’avait pas obtenu la couronne pour se méfier de ses subalternes. Ah, qu’elle regrettait d’avoir envoyé Aamn jusqu’à Polis, lui qui était son plus fidèle compagnon dans sa quête. Mais les amis devaient se quitter pour assurer une meilleure prise en main de leurs avenirs. Rien ne serait laissé au hasard. Rien.

« J'ai échoué à votre requête. » Au moins avait-il le mérite d’être honnête sur ce point. Il y eut une petite moue, sur les lèvres fines de la reine. Elle essuya le bord de la table où elle se trouvait avec sa main, répétant le geste deux fois, avant de regarder à nouveau Arzhel. « Si elle ne savait pas ce qu’elle voulait, tu aurais dû la guider dans un sens qui nous intéressait. » Il n’y avait plus cette légère douceur qu’elle lui avait adressée quelques minutes auparavant. Dans le bleu acier de ses iris brillait l’ennui de la situation et elle poussa un maigre soupir, l’air autour d’elle s’alourdissant. « Tu as mis le Azgeda dans une mauvaise position, Arzhel. » Il y eut un nouveau soupir bref. Puis, elle se releva en un bon, se redressa de toute sa stature royale. Du regard, elle effleura la couronne qui avait été posée parmi les autres objets qui recouvraient la table. Puis elle se rendit jusqu’au feu le plus proche, faisait signe à Arhzel de le suivre, à l’aide de son index qui bougea un peu dans l’air.

« J’ai reçu une lettre de sa part. » Elle se saisit du tisonnier, l’enfonçant entre les buches qu’elle remua pour aviver les flammes. « Tu imagines le contenu. Peu glorieux. » Et elle restait calme, terriblement, alors qu’elle sortait la tige de métal, à présent rouge, observait le bout incandescent.

Je me doutais que Mordh n’allait pas être tendre avec moi, je m’y attendais, mais on ne pouvait pas dire non plus que je m’y étais préparé. Elle était bien trop maligne pour que quelqu’un puisse deviner ses intentions. C’était ce qui la rendait dangereuse car les grounders se pensaient très souvent plus rusés que les autres. Un peu comme la reine des Skjerans qui m’avait si bien accueilli. J’avais certes saboter les négociations, mais de toute façon elle n’avait pas l’air encline à accepter une quelconque alliance avec un autre clan. Qu’à cela ne tienne, si Mordh comptait rattraper le coup elle allait devoir s’en charger elle même et Torvi se ferait probablement avoir par les mensonges de la reine du Azgeda.

Je n’étais pas inquiet pour cela, si j’avais bien compris une chose, c’était que seuls les Azgedas importaient à Mordh. Et je doutais qu’elle puisse tenir une quelconque alliance, tôt ou tard elle finirait par trahir ses alliés n’appartenant pas à son clan.
Je m’étais agenouillé, pour moi cela n’était pas difficile, elle restait la reine du Azgeda et je m’étais déjà agenouillé pendant longtemps face à Galath.
Mordh me réprimanda et elle avait probablement raison de le faire, je n’avais pas fait beaucoup d’effort pour la convaincre, mais pour ma défense, quoi que je tente de faire elle ne voulait pas entrer dans mon jeu. Je fis la grimace lorsqu’elle déclara que j’avais mis le Azgeda en mauvaise posture. Ce n’était pas mon intention, certainement pas. Si j’e voulais défendre quelque chose, c’était bien le Azgeda et si je devais suivre les ordres de Mordh pour le protéger alors tant pis pour mes promesses. Mon allégeance allait à Lexa, mais mon clan et ma ville passaient en premier.

« Oui, je n’y suis pas arrivé, je ne sais pas si c’était de la mauvaise volonté de ma part qui a fait échouer notre entrevue ou l’hostilité pesante qu’elle montrait à mon égard. Elle semblait exactement savoir où je voulais l’amener. Toutes mes tentatives n’ont servi à rien, je ne suis pas aussi influent que je le pensais… »

Cela me coutait de lui avouer cela, je n’aimais pas cette sensation. Elle avait utilisé les mots qu’il ne fallait pas, je devais dès à présent réparer mes erreurs pour que le Azgeda n’en pâtisse pas.

« Je suis vraiment navré… y a-t-il eu des répercutions sur le clan ? Je comprends ton énervement, dis moi simplement quoi faire, je ne te décevrais plus. »

Je la suivais tout en l’écoutant, mon regard se posa sur le tisonnier qu’elle plongea dans les flammes. J’étais résignais à subir sa torture si elle l’estimait nécessaire. Après tout j’avais causé du tort au Azgeda et il n’y avait sans doute rien de pire pour moi. Je n’étais pas craintif ou angoissé, même si la reine prenait son temps avant de dévoiler sa décision. J’attendais la sentence, les bras croisés dans le dos.

L’incandescence était apaisante, ce fer chauffé si fort qu’il devenait rouge et brulait l’air. Brulait si bien la chair. Des rares méthodes de torture qu’elle affectionnait, Mordh, insuffler le feu dans leurs corps qui ne connaissaient que le froid était l’une de ses préférés. L’odeur du porc qui embaumait alors l’air, dévoilant la véritable nature de ces incapables qui ne méritaient rien d’autre que leur sort. Ferait-elle subir ce sort à Arzhel ? Si ce n’était pas vraiment nécessaire, l’idée était plus que charmante aux yeux de la nouvelle reine. Elle inspira un peu, avant de souffler sur le tisonnier qui rayonna un peu plus. Presque, elle sentait la chaleur sur ses lèvres, lui tirant un doux sourire de satisfaction. La satisfaction qui grandit, quand le chef du village se mit à genou pour tenter de gagner son repentir. « Je ne sais pas si c’était de la mauvaise volonté de ma part… » Elle fronça les sourcils à ces mots. De la mauvaise volonté ? Lui ? Quelle pouvait être la raison ? Ne se devait-il pas d’être un chien fidèle ? S’il avait le droit de diriger son village à sa guise, comme elle l’autorisait à chaque chef, cela ne voulait pas dire que, pour le reste, il avait le droit à son libre arbitre. Assurément, Arzhel semblait avoir pris de mauvaises habitudes sous Syndra. Devrait-elle lui rappeler ce qu’elle attendait de sujet obéissants ?

« Je ne suis pas aussi influent que je le pensais… » Le tisonnier fut enfoncé violemment dans l’âtre de la cheminée, brisant les buches. Le signe d’agacement était clair. « Ce ne sont que des excuses que j’entends là, Arzhel. » Elle poussa un soupir, s’approchant de l’homme qui cherchait à amender ses actes. Il y eut de nouvelles paroles de celui qui avait un jour plaider en sa faveur et elle s’approcha un peu plus de lui, pénétrant dans son espace personnelle, se tordant la nuque pour observer les yeux du grand guerrier qu’il était (la grandeur de sa taille. A présent qu’il se rependait en excuse, il n’y avait aucune grandeur d’acte, ou de noblesse d’actions). « Le repentir n’est valide que quand les actes suivent, Arzhel. » Sa voix était dure. Son doigt se logea dans le creux du cou du chef de Orst, s’enfonçant dans la chair. « A genoux. » C’était un ordre et il avait tout intérêt à obéir. Dans ces rapports de force, l’homme en face d’elle serait toujours perdant (il avait accepté ceci le jour où il avait refusé le trône). « Tu ne peux pas imputer ta faute sur la reine du Skjeran. A moins que tu ne souhaites que je la punisse ? » Son ton était froid et dans le coin de son regard, elle put voir ses conseillers les moins fidèles s’agiter. Craignaient-ils qu’elle se mette finalement à agir comme Galath, elle qui était exemplaire depuis son couronnement ? Ces lâches n’étaient que du menu frétin, et ses hommes les plus fidèles s’en chargeraient en temps et en heure. Elle leur faisait confiance.

Mais devant elle se trouvait un homme auquel elle doutait de la confiance qu’elle pouvait lui accorder. Et le doute, elle s’en méfiait particulièrement. « Dis-moi, Arhzel. Quelle est cette mauvaise foi dont tu parles ? N’étais-tu pas satisfait avec cette mission diplomatique ? » Il y eut un moment de suspens, alors qu’elle se détournait un peu, retournait jouer avec le tisonnier dans les flammes qui chauffaient presque à blanc la fonte. « Aurais-tu préféré rester à Polis ? »

Sujet: Re: always one step back ▬ Arzhel

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