[Flash-Back] Expédition Botanique en Azgeda [ft. Arzhel]

Arzhel&&Fenris

Dans les forêts de l'Azgedakru, lors de l'Hiver 93.

L'horreur. Avec un grand O ! ... Ou un grand H. C'est un détail. Il devait faire dans les -10°C et un soleil bien pâle se faufilait avec difficulté entre les branches nues des rares feuillus qui poussaient ici. Quant aux persistants, pas la peine d'en parler, ils projetaient des flaques d’ombre sur le sol, zones où la température baissait encore. C'est dans ce décor, magnifique mais austère, et surtout froid, que Fenris avait eu la bonne, la génialissime idée de se rendre... en territoire azgeda. Ne demandez pas ce qu'il avait fumé quand il avait quitté son kru, ni même pourquoi il n'avait pas fait demi-tour sur la route, je n’en ai aucune idée ! Mais après un ultime sarcasme lié à son utilité dans le clan, et au lieu de laisser couler à son habitude, il avait pris une décision ~~stupide~~ inappropriée : il chasserait.

Tout de suite les grands mots. Bon, il ne chasserait pas. Il irait faire son boulot d’herboriste. Mais pas n’importe où… Il s’était fixé un but, en azgeda… Rapporter une racine de Raegnis. Ah oui, maintenant que vous êtes au courant, je vous vois rire derrière votre écran. Bon, continuons !

Arrivé à l’orée des terres du clan des neiges, Fenris avait donc fait un premier investissement obligatoire : une cape en peau de renne. Une fois qu’elle fut placée autour de ses épaules, les attaches croisées devant et solidement nouées dans son dos, il était agréablement surpris de constater que la mobilité de ses bras restait relativement libre. Mais après quelques kilomètres à marcher dans la neige, il avait constaté un autre problème : il prenait l’eau et le froid par les pieds. Alors il avait à nouveau investi dans une paire de bottes en cuir fourrées qui lui montaient jusqu’aux genoux. Il en avait également profité pour provisionner un peu de bon petit bois bien sec ainsi qu'un briquet performant. Deux choses qui lui permettraient de réaliser un feu un peu plus facilement lorsqu'il s'agissait de le faire dans la neige. Là, c’était sûr, il était paré.

Le blond s’enfonça alors entre les arbres, évitant les flaques de pénombre des résineux pour garder précieusement la chaleur qu’il emmagasinait sous sa cape en fourrure. Il marchait néanmoins un peu au hasard, ne sachant où trouver exactement ce qu’il était venu chercher. Après quelques heures à tourner en rond et comme le soleil avait déjà bien amorcé sa descente dans le ciel, Fenris décida finalement qu’il fallait faire quelque chose. Elle était cachée sous la neige, il fallait la chercher et pas seulement attendre qu'elle lui tombe dessus... En le prenant au dépourvu au passage.

Alors il s’arrêta, loin de tout arbre. On lui avait fort heureusement soufflé lors de son passage dans un village que les racines craignaient la chaleur. Sa première tâche fût donc de construire un feu. Il prit le temps qu’il lui fallait, attendant patiemment que les braises grossissent et fassent leur place dans la neige, incorporant des branches mortes trouvées à côté lorsqu’il gagna en puissance. Le soleil se coucherait d’ici quoi… une heure ? Il n’avait plus beaucoup de temps à perdre s’il voulait rentrer se mettre au chaud cette nuit.

Après ces préparatifs, il s'éloigna de son feu de quelques mètres, le gardant dans le dos en prévoyant éventuellement une attaque frontale. Il n’aurait alors qu’à reculer pour rejoindre une zone d’abri… un peu précaire, certes. L'herboriste détacha l’épée courte qu’il avait dérobée à son clan avant de le quitter et la posa dans la neige, à une coudée de l’endroit où il souhaitait creuser. A portée de main ! Il plongea alors les mains dans la neige pour la creuser, faisant d’abord sauter la croûte supérieure un peu plus solide, avant de pelleter pour dégager les couches inférieures. Sa peau rougit, mordue par le froid. Il n’avait peut-être pas été si prévoyant que prévu et aurait dû investir également dans une paire de moufles, plutôt que de croire que ses mains seraient toujours à l’abri sous sa cape.

Peu importe, il le ferait. Il était résolu à le faire. La neige devait être profonde d'une trentaine de centimètres, selon son estimation. Arrivé proche de vingt-cinq, il ralentit donc et creusa de façon plus légère, commençant à discerner des formes. Ce pouvait-il qu'il s'agisse de ça ? Sa main droite se porta sur l’épée, dont la lame était si large qu’elle évoquait plutôt une machette. Il la leva et visa de la pointe ce qu’il pensait être la racine, avant de l’abattre violemment. Raegnis était sectionnée ! Il allait réussir !

Le visage de Fenris se crispa en une grimace de concentration et il tendit la main pour récupérer son dû. Mais c’était trop facile. La terre sembla se mettre à bouger. La plante passait à l’attaque.

Spoiler:

Etait-ce le vent qui avait guidé mes pas dans les étendues glacées du Azgeda ? Je n'en savais rien mais le résultat était là. Je me retrouvais en plein milieu de la forêt de pins gelés à chasser du lapin et des champignons, l'un était un peu plus agile et rapide que l'autre...
Le Azgeda n'était pas vraiment connu pour la diversité de sa flore, mais il y avait toujours quelques éléments digestes et nous n'allions pas cracher dessus.
Le lapin fila entre les jambes de Havok et le grand cerf blanc brama. Je le poussais instinctivement à la poursuite du rongeur, ses bois brisant les quelques branches basses qui croisaient notre chemin.

Il ne faisait pas trop froid tant que le soleil était là, mais la nuit tombait bien vite en Azgeda et les températures n'étaient plus vraiment clémentes. De mon côté j'étais suffisamment couvert avec mon manteau d'ours blanc pour résister aux températures les plus basses.

Mon regard parcourut les buissons alentours jusqu'à percevoir les traces dans la neige et je lançais une nouvelle charge. La proie n'avait nulle part où se cacher et elle était visible désormais, même si la petite tache blanche cherchais à se camoufler dans la neige. Je lançais mon trident tout en sautant de Havok. Le trident cloua la proie dans la neige, la teintant de rouge par la même occasion.

La nuit tombait, je brandissais la torche devant moi pour éclairer le chemin, laissant mon trident fixé sur le côté du grand cerf. Je fus surpris d'apercevoir une lumière briller un peu plus loin, je lançais ma torche dans la neige, préférant m'armer de l'épée courte qui pendait à ma ceinture. J'approchais à pas de loup jusqu'à arriver derrière l'homme qui avait fait le feu.
Il n'avait rien d'un Azgeda et je me demandais ce qu'un grounder étranger venait faire sur nos terres, en pleine nuit qui plus est. Je me rapprochais encore jusqu'à ce qu'une racine ne sorte du sol et ne tente de l'attaquer par derrière. Je tranchais net la plante qui émit un bruit semblable à un grincement avant de saisir l'épaule du beau blond inconnu.

« Toi sembler vouloir mourir ! Moi vouloir savoir pourquoi ? »

J'avais toujours du mal à parler anglais, mais s'il ne me comprenais pas je pourrais toujours parler en trigedaslang...

Arzhel&&Fenris

Toujours dans la forêt, la nuit tombée.

Ses doigts se refermèrent sur la racine sectionnée. Il en tenait un bout, restait à... Un bruit de grincement ? Qu'est-ce que... ? Il n'avait pas tant cligné des yeux qu'une main se saisissait de son épaule. Fenris tourna la tête pour trouver dans son dos un guerrier à la mine déconcertée. Oui, probablement un guerrier, puisqu'il s'adressait à lui en anglais. Puis il y avait la carrure aussi, ainsi que ce petit quelque chose dans le regard qui disait : "Ecoute moi ! Tout le monde m'écoute tout le temps !". Bref, Arzhel en imposait assez, ce qui lui fit chercher ses mots un moment pour répondre.

"- Ai... commença t-il en trigedaslang."

Bien sur, il n'avait pas appris un mot d'anglais. Les mots sonnaient agréablement, plutôt proches de leur dialecte officiel, mais c'était réservé aux guerriers. Une mimique d'ennui étira le coin de la bouche du blond des prairies. L'azgeda l'avait sérieusement pris pour un combattant ? Bon... c'était étrange, mais plutôt valorisant en fait. Quoique ça ne durerait pas, il en était sur.

"- Il me faut la racine."

C'était une déclaration ferme. Voilà pour l'explication. Obtenir Raegnis n'était pas négociable. Ce serait son rite de passage. D'ailleurs, on lui parlerait certainement beaucoup plus dans cette langue une fois que cela serait fait. Il baissa les yeux pour apercevoir la liane coupée restée au sol, dans son dos. Ah oui... Le grincement... Son feu s'était révélé être d'une efficacité tellement vaine qu'il en était lui-même sidéré ! Il en devait désormais une à l’Apollon qui lui avait évité d'être pris à revers.

Une douleur sur le dos de sa main droite le rappela à ce qu'il était en train de faire. Il tenait toujours fermement la section qu'il convoitait, mais l'autre extrémité voulait qu'il lâche prise et le faisait savoir en lui fouettant la peau sans ménagement. Avec le froid, il n'avait plus vraiment de sensations, se concentrant uniquement sur le maintien de son trophée. Fenris donna un coup du pommeau de son épée ~~volée~~ empruntée à la plante rebelle, puis il tira sur sa prise afin d'en obtenir une plus grande longueur. Enfin, il sectionna définitivement le tronçon qu'il emporterait.

En un bond, il fut à nouveau sur ses pieds, reculant aux côtés de l'azgeda. C'était le moment de filer, non ? L'herboriste vérifia derrière lui en premier lieu, ne souhaitant pas qu'une liane l'attaque à nouveau en traître. Puis un coup d'oeil en coin vers le blond, qui le dépassait de quelques centimètres, et vers qui la plante s'avançait à son tour. Elle l'avait bien compris, que des deux c'était le plus dangereux... quoique lui ne venait pas vraiment dans le but de la découper, initialement.

"- Elle revient."

Fenris fit passer son arme, ou plutôt son outil, dans la même main que celle qui tenait le fragment de Raegnis. De sa sénestre libérée, il attrapa le bras de son sauveur pour l'entraîner plus près du feu. Couvrir ses arrières... leçon retenue. Il prit ensuite le temps de rouler et ranger l'échantillon de la plante dans une sacoche qu'il portait en bandoulière, sous sa cape.

"- Est-ce qu'elle va se calmer au bout d'un moment, ou doit-on passer en force ?"

Le jeune homme releva son visage vers celui de l'azgeda, s'en remettant à son jugement de natif. L'insouciance habituelle de l'herboriste avait laissé la place à un sérieux qu'on ne lui connaissait guère. Il tentait de parer au plus urgent : s'assurer de leurs sécurités. Mais ses yeux laissaient probablement entrevoir une grande curiosité. A l'intérieur, il désirait ardemment savoir qui était cet homme qui avait débarqué ainsi, la nuit tombée, dans la forêt, à la rescousse d'un moitié-fou.

Oh ce n’était pas un guerrier, je n’en étais pas certain en me rapprochant et j’avais préféré lui parler dans la langue des guerriers pour ne pas qu’il se sente insulté. L’homme ne semblait pas être un fin connaisseur du Azgeda, les racines étaient un danger à ne pas prendre à la légère.

« Tu risques ta vie pour pas grand chose, tu aurais pu en trouver sur les étals de Orst. »

J’étais passé en trigedaslang du coup. Je me demandais bien d’où il sortait quand même. Quelle était la motivation qui l’avait poussé à venir jusque là ? Mais nous n’avions pas le temps de nous en préoccuper pour le moment, et encore moins de faire plus ample connaissances. Les racines revenaient à l’attaque et un coup d’épée coupa la longue racine qui s’élançait vers nos visage provoquant un nouveau grincement sonore.

Je ne m’attendais pas à ce que l’inconnu me touche et encore moins qu’il me prenne par la main pour m’attirer vers le feu. Il en fallait un peu plus pour m’émoustiller et accepter d’entamer ce genre de relation. Mais apparemment il n’avait pas fait ça dans cette intention, il voulait simplement qu’on soit un peu plus à l’abri alors je ne dis rien de plus à ce sujet.

« J’ai bien peur que le feu ne suffise plus à l’effrayer. On va devoir trancher dans le vif jusqu’à ce qu’elle reparte d’elle même. De toute façon nous finirons bien par en couper suffisamment pour qu’elle ne puisse plus nous atteindre. »

Je reculais jusqu’à ce que mon dos vienne se coller à celui de mon compagnon d’infortune. Bon nombre de cueilleurs avaient été tué par ces racines, il avait de la chance qu’un guerrier soit assez proche pour intervenir. Et sans me vanter, je n’étais pas n’importe quel guerrier.
Une nouvelle racine fonça sur nous et ma lame la trancha à nouveau.

« Si nous lui faisons suffisamment de dégâts elle finira par abandonner ! Ne t’éloigne pas de moi. »

Arzhel&&Fenris

Auprès du feu, en sécurité toute relative.

La racine était en sécurité dans son sac et c'était le principal pour Fenris, en cet instant. Certes oui, il aurait pu en acheter quelque part. Mais bon sang, non ! Il avait un peu de fierté tout de même ! Les siens sauraient enfin qu'il n'était pas -uniquement- un glandeur. Enfin, ça n'était probablement pas le meilleur moment pour expliquer cela au blond des glaces.

D'ailleurs, son trophée venait subitement de passer au second plan comme Arzhel lui indiquait que le feu n'allait plus la tenir en respect. Wow, okay, il avait donc réellement été stupide en plus d'avoir péché par orgueil. Qu'importe, il n'y avait plus de prêtres pour se confesser depuis au moins cent ans. La survie repassait donc en priorité numéro un.

« Si nous lui faisons suffisamment de dégâts elle finira par abandonner ! Ne t’éloigne pas de moi. »

"- Si tu dis ça pour me faire paniquer, je suis désolé, mais ça ne marche pas."

En effet, c'était déjà un peu trop tard. Quoique sentir le dos du guerrier contre le sien était plutôt rassurant. Rassurant et également insuffisant pour l'émoustiller lui-même. Mais l'herboriste été persuadé qu'il ne faisait pas cela dans cette intention, n'est-ce pas ? C'était surtout que l'azgeda semblait un peu plus rôdé à ce genre d'ennemi... Enfin, probablement "rôdé aux ennemis" tout court, par comparaison avec le blond d'à côté.

Fenris raffermit la prise qu'il avait, des deux mains, sur sa courte épée. Guère habile avec une arme, il se contentait de repousser les assauts de la plante par des mouvements circulaires. Cela fonctionnait plus ou moins bien, mais il tranchait de temps à autre une extrémité imprudente.

"- Tu as parlé d'Orst, tout à l'heure. C'est de là que tu viens ?"

Et oui... Foncièrement insouciant, il lui faisait la conversation. Ou bien, c'était peut-être une façon de ne pas penser aux attaques sournoises de Raegnis. D'ailleurs... elle n'était pas en train d'essayer de l'attraper par le pied, non, quand même ? L'herboriste dégagea la racine en la piétinant de celui qui restait libre, avant de l'achever avec la lame. Les grincements environnants avaient quelque chose de strident.

"- Mes oreilles vont siffler toute la nuit après ça..." marmonna t-il en bravade.

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