You're so fuckin' special [Neith&Valak]

Cela faisait plus d'une semaine que j'étais parti, peut être plus. J'avais perdu la notion du temps depuis que j'avais quitté le village qui m'avait si gentiment accueilli. Enfin gentiment était un bien grand mot mais disons que pour des grounders c'était pas mal.
Il fallait dire que ma première expérience n'avait pas été la meilleure et elle m'avait laissé quelques traces. Plusieurs mois s'étaient écoulés depuis notre arrivé sur Terre et mis à part les informations que l'on m'avait rapporté, je n'avais eu aucun contact avec des gens de l'Arche. Si je considérais quelques natifs comme des amis, mais j'en craignais tout de même une grande majorité. Entre l'arche et les grounders, j'avais encore du mal à savoir où était ma place.

Après m'être perdu un nombre incalculable de fois, j'arrivais enfin à Polis. il y avait énormément de monde ce qui ne me mettait pas trop à l'aise. Du coup je préférais rester cacher sous la capuche de mon manteau qui recouvrait bien la moitié de mon visage.
Il y avait de nombreux étals et j'étais émerveillé devant la diversité des produits qu'offrait Polis. La chaîne enroulée autour de mon bras sortait de la manche du manteau pour venir trainer sur le sol derrière moi dans un petit bruit de cliquetis assez agréable. Ce n'était malheureusement pas la meilleure méthode pour rester discret. Je décidais donc de la remonter tout en avançant, mais j'étais tellement absorbé par ce que je faisais que je n'eus pas le temps d'éviter la petite poitrine qui s'offrait à moi.

« Oh je suis désolé... »

Mon trigedasleng était approximatif, mais j'avais dû l'apprendre assez rapidement au village. Je levais un regard inquiet vers le visage de la femme. A quoi devais-je m'attendre ?

30 Novembre - Des préparatifs se faisaient, des gens étaient partis vers Camps Jaha mais Neith avait refusé, elle n’en voyait pas l’interet, un voyage à cheval supplémentaire était superflu, elle préférait passer son temps dans la Capitale, régler des détails en ce qui concernait l’attaque proche, et se procurer une tenue qui fasse éleveur. Parce que oui, elle avait décidé du coup, qu’elle rejoindrait les terriens et skaikru qui se déguiseraient en éleveur pour le combat. Une bonne chose non ? En tout cas Sekhmet la suivrait, et elle serait avec Marek. Les autres sikru seraient occupés aux défenses de Kalawen, et Altaïr s’occuperait du Kraken. Elle voyait les choses ainsi. Et elle espérait que ça soit ainsi que ça se passe. Oh, elle avait bien apprit aussi qu’il ne fallait plus avoir d’espoir. Mais soit. Elle continuait de croire en la coalition, voilà tout.

Et ainsi, la Keryonsi, marchait régalienne dans les rues de Polis. Sa tunique noire, ornée de son harnais de cuir, et une dague accrochée à la taille, elle avait laissé ses armes dans sa chambre – nul besoin de terroriser la population de Polis en se promenant avec son trident ou sa chaine à la main - elle marchait au travers des étals. Le regard attiré par une boutique d’armes justement. Des dagues. Pas pour elles non, mais Sekhmet serait probablement ravie si elle lui en achetait une… Ou deux. Assorties. Pour la bataille à venir. Oui… Bref, elle était donc concentrée, sans se soucier réellement des bruits chaotiques autour d’elle, quand soudain, quelque chose la heurta à vitesse néanmoins modérée. La main sur sa dague, en quelques secondes, elle la posa sur la nuque de l’homme, alors qu’il s’excusait dans un Trigedasleng approximatif. Elle baissa sa garde quelques instants, et posa un regard lourd sur lui. Il parlait mal, avait une tenue bizarre, et cachait son visage. Il pouvait être un espion, un ennemi, un Azgeda peut être ? Sha. Elle n’allait néanmoins pas tuer quelqu’un qui s’excusait. Pas au milieu de Polis.

« Sha. Regarde où tu marche. Qui es tu ? » Et elle avait répondu en Anglais, pour la majeure partie de sa réponse pour tester l’une de ses hypothèses. A voir comment il répondrait.

La rapidité de la femme était impressionnante, tous les grouders étaient-ils des armes vivantes ? J'étais surpris et effrayé, j'avais subit assez de choses pour être traumatisé pendant un certain temps. Quand bien même ceux qui m'avaient recueilli m'avaient redonné confiance, je n'en restais pas moins craintif.

« Chat ? Non je suis humain ! H.U.M.A.I.N ! »

Je laissais tomber leur langage pour revenir à celui que je connaissais par coeur. Elle était belle, mais je n'allais pas lui dire, en même temps ce n'était pas la meilleure approche, surtout en ce moment. Elle avait pas l'air contente, j'avais beau être armé, je n'étais pas en position de me défendre ou de faire quoi que ce soit, le moindre mouvement m'aurait couté la vie.

« Je... suis désolé je remontais ma chaîne, je ne t'ai pas vu. Je suis un étranger, juste un étranger. »

C'était la vérité, je n'avais jamais mis les pieds à Polis jusqu'à aujourd'hui et j'étais loin d'être à l'aise dans cette ville. J'avais croisé quelques membres de l'arche, ils semblaient heureux en tout cas et libres qui plus est. Les choses avaient bien changé. Je ne savais plus trop quoi faire du coup, j'attendais sagement que la femme baisse son arme, peut être que lui donner mon nom était ce qu'elle attendait...

« Je me nomme Valak, mon intention n'était pas de te mettre en colère, je cherchais juste un endroit... un endroit pour vivre. »

J'avais terminé ma phrase dans un soupire, Polis était trop stressante pour être un lieu où je me sente bien. Peut être que l'Arche serait un meilleur choix au final...

Elle avait été rapide. Bien sur qu’elle était rapide, elle n’était pas devenu la meilleure guerrière des sikru, et encore moins la Keryonsi, en se tournant les pouces. Alors même si il y’avait moins de guerre, même si elle avait serré la main de Lexa kom trikru plutôt que de refuser la coalition, et même si elle ne se battait plus vraiment maintenant, sauf quand la coalition le demandait – ou quand les barbares étaient concernés – elle restait en forme. Et peut être qu’il y’avait des meilleurs guerriers qu’elle chez les sikrus, soit. Ce n’était pas la question tout de suite. Non, la question était dans cet homme recouvert d’une capuche, qui faisait un bruit de bourreau en marchant et qui ne regardait pas la où il dirigeait ses jambes. Oui, la question était la. Uniquement la. Et si elle s’appretait à baisser son arme, elle la maintint élevée – mais plus relaxée dans sa prise – quand il se moqua plus ou moins d’elle. Une chance pour lui qu’elle n’ait rien contre les archéens… Sinon il aurait déjà la gorge tranché. Elle poussa un long soupir.

« N’essaye pas de parler notre langue si tu ne comprends pas les plus basiques des mots. »

Et elle jugeait un peu le garçon bien sur. Comment ne pas le juger. Soit il se moquait d’elle, soit il était juste un peu bête… Et bien. Quoi qu’il en soit, il finit par se présenter, s’avouant étranger, et semblant plus que craintif. Elle finit par baisser son poignard, et le raccrocher dans la bande de cuir qu’il ne quittait qu’en cas d’urgence.

« Sha. Tu ne m’as pas mis en colère, tu devrais faire attention aux personnes que tu bouscules. Nous n’avons pas tous ma… retenue. »

Et bien sur, elle sourit en disant cela. Dire qu’Elle, elle avait de la retenue c’était un peu comme dire que les oiseaux ne savaient pas voler. Mais soit. Toujours était il qu’elle, elle ne l’avait pas tué, et elle le regardait maintenant. Valak. C’était un drôle de nom ça. Enfin, elle n’était pas la pour le juger. Clairement pas. Et elle haussa les épaules.

« Commence par enlever ta capuche, tu te sentira moins en danger dans cette ville. Et ne garde pas ta chaine aussi apparente, ce n’est pas une arme de décoration. »

La ça avait été plus fort qu’elle, on avait une Neith qui dispensait des conseils. Un peu. Elle reprit plutôt vite, mais d’une voix calme, et posée. Elle ne se sentait plus en danger non. Elle avait les moyens de lui enlever sa chaine et n’importe quelle arme, en une fraction de seconde, elle n’en doutait pas. Et elle ne voyait finalement en lui, peut être qu’un petit poisson perdu.

« Polis n’est peut être pas le meilleur endroit pour vivre en ce moment. Tu fais partie de ceux du Ciel n’est ce pas ? »

Je crois que pour une première impression c'était raté. J'étais un paradoxe à moi tout seul, je leur vouais une profonde admiration et en même temps j'en avais tellement peur... certains ressemblaient à ceux qui m'avaient torturé peu après mon arrivé sur Terre et des crises d'angoisse me prenaient très souvent. Mais là, ce n'était pas le cas, la guerrière ne ressemblait pas du tout à ceux qui m'avaient attaqué. Ses vêtements et tout ça ressemblaient un peu à ceux que portait Jayrehl lorsqu'il passait dans le village qui m'avait recueilli. Je me pris une remontrance concernant mon langage et je baissais immédiatement les yeux, un peu honteux d'avoir tenter quelque chose que je n'aurais pas dû.

Finalement, la guerrière ne semblait pas être en colère et je poussais un soupire de soulagement. Je n'avais pas envie que ma première rencontre à Polis se finisse par un combat. Surtout que je n'avais aucune chance contre elle à mon avis. Par contre je ne comprenais pas son histoire de chat, m'avait elle donné un surnom ? Bon un chat ça avait l'air mignon sur les livres, mais j'aimais bien les hérissons aussi ou les renards ça avait l'air tout doux mais... ok je me perdais un peu là.

« Je... je m'excuse et oui... j'ai pu le constater. »

Je frottais machinalement l'une des cicatrices que mes tortionnaires m'avaient laissé sur les côtes avant de tenter un sourire un peu triste. Elle voulait que je retire ma capuche et je m'exécutais, révélant un regard inquiet et la cicatrice que je portais sur le côté du visage. Une entaille qui prenait sa source dans mes cheveux, me barrait l'oeil et finissait sur le haut de ma joue. Elle était nette et franche, presque chirurgicale, mais c'était sans doute celle qui m'avait le moins fait souffrir. Je relevais les yeux vers la femme avant de balbutier quelques mots.

« Ce, ce n'est pas ça. J'aime bien le bruit parfois... ça me rappelle, des choses. Je, j'en ai besoin tu comprends ? »

La pauvre, essayer de me comprendre alors que je ne me comprenais pas moi-même je la plaignais un peu. Une fois qu'elle discutait normalement elle me semblait beaucoup moins effrayante ceci dit. Même si je gardais en mémoire qu'elle pourrait me tuer en un éclair, je préférais me dire qu'elle pouvait aussi laisser ses armes de côté et c'était pas plus mal.

« De ceux du ciel ? J'imagine que oui... »

Mes origines étaient stellaires oui mais ma patrie certainement pas. Je me sentais plus nomade qu'autre chose actuellement et cela me peinait beaucoup en réalité.

Bien, elle n’était donc pas tombé peut être face à quelqu’un de très vif, mais au moins… il n’avait pas l’air très méchant, et il avait comprit que des excuses étaient de mise. Elle hocha la tête, et le fixa un peu alors que finalement il ôtait sa capuche, révélant la tête d’un très jeune homme – il ne devait pas avoir 18 ans - dont l’un des yeux était marqué d’une cicatrice. Longue entaille. Beaucoup plus longue et plus visible que la cicatrice qu’elle portait, elle aussi sous l’œil et qui n’était visible que si on la fixait de très prêt. Non, ce n’était pas la marque d’un coup de couteau la, c’était d’avantage un coup porté alors qu’il était à terre ou attaché. Quelqu’un le lui avait fait. Pas un barbare erratique non… Quelqu’un de méticuleux. Elle se posait trop de questions ? Elle secoua la tête très légèrement, et elle fixa un peu plus, tandis qu’il parlait du bruit de sa chaine. Et elle haussa les épaules.

«  Tu en auras moins besoin quand l’un des gardes de la ville t’aura arreté et te l’auras enlevé. Quand on veut manier une arme pareille, on n’en fait pas n’importe quoi. »

Et elle était prête à le mettre à terre pour lui voler sa chaine et lui faire une démonstration si il continuait à être stupide. Enfin. Elle allait éviter peut être. D’abord elle préférait en savoir plus sur lui. Du coup, elle lui demanda si il venait du ciel, et sa réponse lui fit arquer les sourcils.

«  Tu imagines ? Tu viens du ciel, ou tu viens du sol. C’est aussi simple que ça. Et vu que tu ne sembles pas comprendre un simple mot tel que oui, en Trigedasleng, je prefere supposer que tu viennes du ciel. »

Et peut être qu’en fait il était tout simplement bête ? Non. Il avait des tatouages et des cicatrices peut être, mais il n’agissait pas comme un terrien. Elle fronça les sourcils. Ce n’était pas tant qu’elle menait un interrogatoire. Mais elle était la Keryonsi, et elle n’aimait pas être ignorante de quelque chose.

«  Que t’est il arrivé au visage ? »

Bouh elle continuait de me faire la leçon c'était pas très agréable, mais elle avait probablement raison j'imagine. Se balader avec une arme apparente n'était pas une bonne idée d'accord, j'avais compris. Je la remontais sous mon manteau pour la faire disparaître. J'espérais que cela suffise. Mon regard détaillait les traits de la femme dont je ne connaissais toujours pas le nom. Mais d'un autre côté je n'osais pas lui demander alors bon...

« Oui je voudrais éviter de me retrouver enchaîner de nouveau... et je sais manier mon arme, enfin, on m'a appris un peu, j'aime bien mais j'ai encore beaucoup à apprendre. »

C'est vrai que je n'étais pas clair dans mes propos, sans doute parce que je n'étais pas très à l'aise et la guerrière ne pouvait que le constater. Je tentais de me reprendre, de me détendre un peu puisqu'au final j'étais en sécurité. Je fermais les yeux quelques secondes pour reprendre mon calme avant de lui répondre.

« Je viens du ciel oui... j'ai fuit la navette et mes camarades quelques jours après notre arrivée. »

Je ne me sentais pas à ma place avec eux, une bande de criminels certains parfois violents et dénués de raison. Je me demandais bien ce qu'ils étaient devenus. J'espérais que Miller s'en soit sorti tout comme Harper d'ailleurs? Quoi qu'il arrive, j'allais devoir y retourner pour vérifier certaines choses et être sûr que ma place était à leurs côtés. Ce que je doutais fortement après avoir goûté aux lois des grounders. La question suivante en revanche me mis très mal à l'aise et je portais une main à ma cicatrice comme si je cherchais à la cacher tout en me remémorant ce qu'il s'était passé.

« Je suis tombé sur, un groupe de grounders... on m'a dit qu'ils étaient bannis apparemment. Tous n'ont pas ta retenue... en effet. »

C'était le moins que l'on puisse dire au vue des tortures que j'avais subit. J'en avais peut être mérité quelques unes mais certainement pas tout ça. J'avais envie de pleurer mais je me retenais, qu'aurait dit la guerrière si elle voyait un jeune homme pleurer hein. Après tout ils s'entrainaient dès leur plus jeune âge... cela faisait seulement quelques mois pour moi et je craquais déjà.

La leçon était faite, et même si elle n’appréciait pas forcément la manière dont il parlait avec une presque arrogance de son maniement de l’arme, elle reprima une critique. Après tout, il n’était sur terre que depuis meme pas trois mois, et quoi ? En trois mois il aurait atteint le niveau martial d’un guerrier du trigeda ? Ah ! La bonne blague. Enfin, il termina par l’acquiessement, il avait beaucoup à apprendre, et elle hocha la tête. Sha. Ils avaient tous encore tant  à apprendre, et elle-même ne cessait jamais son apprentissage, qu’il soit martial ou culturel. Elle lisait. Elle pratiquait les armes avec ses guerriers, elle apprenait de nouvelles techniques de pèches, et elle decouvrait aussi ces gens  venus du ciel. Jusqu’à présent ils ne l’avaient pas décu. Elle avait apprit d’eux, elle avait bu avec Miller, elle avait plaisanté avec Jasper, et s’était renseignée avec Monty. Elle avait aussi, partagé un long moment d’explications avec Clarke, et elle esperait pouvoir lui parler encore.  Ce garçon en face d’elle la, était bizarre, il avait l’air perturbé et de ce qu’elle notait… il avait vécu des droles de choses.  

Elle garda le silence pendant qu’il expliquait qu’il venait du ciel, mais qu’il avait fuit les autres « delinquants », pendant qu’il expliquait aussi qu’il était tombé sur un groupe de terriens bannis, et qu’ils lui avaient fait des choses peu avouables. Elle poussa un soupir. Long. Exasperé un peu. Oh, ce n’était pas lui qui l’exasperait non, c’était d’avantage l’attitude de certains, et elle secoua la tête.

«  Et on se demande encore pourquoi les sikrus ne bannissent pas, et tuent directement. »  Une question pour elle-même, une simple reflexion à la quelle elle n’attendait  pas forcement de réponses, et elle reprit naturellement, sur un ton un peu plus doux. «  Sha. Nous ne sommes pas tous ainsi, comme je le disais.  Estimes toi heureux d’être en vie strikon. Tu passeras à autre chose. »  Et elle se voulait d’avantage motivante.

Et pour lui changer les idées peut être, ou pour orienter la conversation ailleurs, elle lui tendit la main. «  Je me nomme Neith. »  Et elle n’en disait pas beaucoup plus, mais le reste viendrait peut être. Elle n’avait pas la stature de n’importe quel terrien n’est ce pas ?

Je repris lentement ma respiration, le traumatisme subit ne partirait pas aussi facilement, mais je m'en sortais plutôt bien. Je restais simplement craintif vis à vis des gens que je rencontrais. La femme était plutôt bienveillante, enfin elle n'était pas trop agressive plutôt. Ses paroles me firent plaisir. Ainsi j'apprenait qu'elle était Sikru et que son clan tuait au lieu de bannir, c'était quelque chose qui les rapprochait de l'autorité de l'Arche et ça m'était plutôt familier du coup.

« Si tous les clans agissaient comme vous, je n'aurais sans doute pas eu à subir cette torture. Je suis désolé, je me plains et tout ça, mais j'imagine que beaucoup de grounders ont dû subir le même genre de chose lorsque les clans étaient en guerre. »

Jayrehl m'avais conter le passé des clans, les batailles et tout le reste. Le sang appelle le sang et c'était un principe auquel j'étais fortement attaché. J'esquissais un sourire triste en repensant à lui, cela faisait un petit moment qu'il n'était pas revenu au village. Il m'avait promis de me montrer les grandeurs du Sikru, tomber sur Neith était peut être un signe pour que je m'y rende. Je souriais, cette fois-ci d'un air un peu plus heureux en imaginant la tête de Jayrehl lorsqu'il le retrouvera là bas.
Enfin… encore fallait-il que Neith accepte de m'amener.

« Neith, ça ressemble un peu à nuit, c'est original. Je… voulais te poser une question, je connais un sikru qui vient faire du commerce et autre dans les villages du trikru. Tu le connais peut être, il s'appelle Jayrehl… »

Oui il s'appelle Jayrehl et j'aimerais le retrouver pour qu'il m'apprenne encore plein de choses… oui non je pouvais pas lui dire ça comme ça, elle n'en avait rien à faire de ma vie, on venait à peine de se rencontrer et tout. Ceux de l'arche avaient raison au final, je n'étais pas doué pour les rapports humains. Et pourtant je m'en étais assez bien sorti avec certains grounders ahhhhh c'était le moment de se taper la tête contre un mur pour se remettre le cerveau en place. Mais il n'y avait pas de mur à proximité.

« Tu as l'air d'être une grande guerrière, tu es une navigatrice aussi ? Il m'a parlé de grands bateaux affrontant les tempêtes. Ca doit être impressionnant à voir ! »

Elle était en face d’un traumatisé… C’était bien. Mais il était peut être mal tombé si il s’attendait à quelqu’un qui le materne. Ou qui le couverait… Oui, bon. De toute façon, elle l’écoutait parler un peu, et elle garda la tête droite, à la limite de l’impassibilité, en lui répondant nonchalement. « La terre n’est pas un endroit pour les faibles. » C’était clair au moins. Ni pour les faibles, ni pour les degenerés. Fin de l’histoire. Ce n’était pas quelque chose sur quoi Neith allait épiloguer. Et pourtant, on savait qu’elle aimait épiloguer sur les guerres, et sur des tas de choses du genre. Soit. Elle haussa les épaules. Et tandis que la conversation s’étiolait un peu, elle se présenta.

Sa réaction la fit arquer un sourcil, et elle eut le visage qui s’illuminait quand il prononça le nom de Jayrehl. Si elle le connaissait… Bien sur qu’elle le connaissait. Elle eut un vrai sourire qui se fendit sur les lèvres, et puis l’inquietude revint derrière ses grands yeux noir si expressifs.

« Sha. Je le connais bien. » Et pour sur qu’elle le connaissait, il était comme son frère. « Ça fait quelques temps que je n’ai plus de nouvelles. Quand l’as tu vu pour la dernière fois ? » Et désormais ce n’était plus une simple conversation, c’était la Keryonsi s’inquietant pour un membre de sa famille. Ou du moins quelqu’un qu’elle considérait comme tel. Elle fronça les sourcils, et fixa longuement le garçon. Pas si innofensif que ça ?

Du moins, il semblait savoir beaucoup de choses, parlant des bateaux. Oui, Jayrehl avait toujours été fasciné par l’océan, le Kraken et les flots, lui qui ne savait pas nager et avait du vivre sa vie de sikru sur les routes. Ca lui ressemblait bien. Elle eut un petit sourire à la question innocente du skaikru.

« Qui sait ? Je suppose que je ne serais pas la Keryonsi si je n’étais pas une grande navigatrice. Jayrehl t’a t’il parlé du Kraken ? » Et même si elle s’inquietait, il y’avait toujours cette fierté dans sa voix et son regard quand elle parlait de son peuple, et de ses bateaux.

J'essayais un peu de me reprendre, conscient que je devais paraître stupide d'avoir ainsi peur de mon ombre. Parler de Jayrehl m'aidait assez en réalité, il fallait dire aussi que je l'appréciais beaucoup et je n'avais aucun mal à parler de lui. Apparemment ça avait l'air de plaire à Neith qui... le connaissait bien ?
Elle avait l'air de s'inquiéter pour lui en tout cas et je devais avouer que moi aussi. Il aurait dû revenir dans le village trikru il y a un moment déjà et ça n'avait pas été le cas. Lui qui ne ratait jamais un rendez vous...

« Cela va faire presque deux semaines il me semble, pourtant il aurait dû repasser dans le village mais... »

J'étais inquiet pour lui mais je me devais aussi d'avancer de mon côté, c'était la consigne qu'il m'avait laissé à notre dernière rencontre. Neith venait de prononcer un mot dont Jayrehl m'avait déjà parlé.

« Keryonsi... mais alors tu es la Neith, la chef du Sikru ? Excusez moi, j'ai dû être impoli ! »

Je baissais légèrement la tête, c'était assez embêtant de ne pas avoir fait le lien lorsqu'elle s'était présentée. Mais en même temps, si Jayrehl m'avait bien parlé de Neith, je n'imaginais pas que ça puisse être la même personne que celle qui me faisait face
.
« Heu en effet, il m'a bien parlé du Kraken... je sais que c'est un bateau immense et que c'est vous qui le dirigez mais mis à part ça... »

Et maintenant elle s’inquietait pour Jayrehl. Et forcement qu’elle s’inquietait de savoir où il était, elle n’avait pas de nouvelles de lui, et enfin, elle gardait ça pour elle. Son visage demeurait impassible, et il se fendit néanmoins d’une lueur de fierté quand le jeune garçon la reconnu. Un ami de Jayrehl hein ? Ou peut être plus qu’un ami ! Et bien… Elle cacha l’inquietude dans un morceau de sa tête, et elle lâcha un léger éclat de rire.

« Sha, je suis bien cette Neith la. Je n’en connais pas d’autres. Elle se fendit d’un petit sourire. Tu ne pouvais pas savoir, ne t’en fais pas. » Et elle le rassurait un peu, parce qu’après tout, elle n’allait pas le fouetter de sa méconnaissance des terriens et de leurs rois n’est ce pas ? Tant qu’il montrait du respect devant Heda c’était l’essentiel. Bien qu’elle ne soit pas sure de si il connaissait Lexa ou non. Enfin, c’était une autre histoire. Elle le fixa un peu plus, et haussa les épaules quand il parla du kraken. Oui, bon, il ne connaissait effectivement pas grand chose. Enfin, il était encore temps pour apprendre.

« Le Kraken est notre bateau principal oui. J’aurais pensé que Jayrehl t’en parles avec plus de détails, il l’a toujours tellement admiré. » Et elle se perdait dans le sentimentalisme un peu. Ca ne se voyait pas, elle avait juste un sourire qui pouvait être prit pour de la fierté. « De quel village parles tu ? » Finalement, elle voulait savoir.

J'étais bête... ne pas me rendre compte de qui il s'agissait c'était quand même bien triste. Pourtant Jayrehl me l'avait décrit plutôt bien et elle ressemblait en tout point à la femme qu'il m'avait forcé à admirer lors de ses contes de clair de lune.

« Je suis content de vous rencontrer, il m'avait plus ou moins promis de m'emmener voir les Sikrus pour me présenter à vous. »

Mais depuis sa promesse, je ne l'avais plus revu et c'était inquiétant. Jusqu'à présent le grounder avait toujours respecté sa parole. Je ne pouvais que faire une petite grimace inquiète en regardant le sol. La voix de Neith capta mon attention et je la regardais d'un air honteux.

« Je... il m'en a parlé un soir, il était tard et je me suis endormi au milieu de la conversation. Son histoire était loin d'être ennuyeuse au contraire, mais j'étais fatigué par l'entrainement. »

Je n'étais pas habitué à tenir le rythme avec lequel ils s'entrainaient, même si j'étais assez satisfait de moi. J'étais encore loin de leur niveau je m'en rendais bien compte. Jayrehl avait tenté de m'entrainer lui aussi, mais il était assez déconcentrant...
.
« Heu en effet, il m'a bien parlé du Kraken... je sais que c'est un bateau immense et que c'est vous qui le dirigez mais mis à part ça... »

Neith s'intéressait au village d'où je venais, mais il n'avait rien de bien sensationnel comparé à Polis, elle devait probablement le connaître même si Jayrehl lui racontait autant de choses qu'à moi. Il me manquait... mais je retrouvais un peu de lui en Neith, c'était, étrange.

« Le village s'appelle Cérès, il n'est pas très grand mais les gens sont braves. »

Ainsi Jayrehl avait promis à Valak de l’emmener voir les sikrus et Neith plus particulièrement ? Hmmw. Pourquoi pas. C’était bien le genre de son petit frère. Bien sur, elle se promettait de lui faire une leçon quand elle le retrouverait, parce qu’il était bien trop crédule, mais soit. Elle haussa les épaules.

« Et bien, visiblement te voilà, et lui n’est nulle part dans mon champs de vision. » Et si elle s’inquietait éventuellement pour lui, elle n’allait rien rajouter. Ca ne regardait pas ce skaikru non plus. Il était déjà bien trop bavard ? Enfin, il y’avait des choses qu’il disait qui l’etonnaient un peu, ou du moins qui la rendaient curieuse. Il s’était entrainé dans un village trikru dans le quel Jayrehl avait passé quelques temps ? Et il avait suffit de quelques jours pour que voilà, il ne tombe sous le charme du sikru ? C’était possible, Jayrehl était un garçon mignon, alors… ce n’était pas bien surprenant non ? Les sikrus étaient des séducteurs, ça ne l’etonnait pas. Elle sourit.

« Sha oui, j’avais cru comprendre que tu savais qu’il était immense. » Et si il se répétait elle s’en amusa d’avantage qu’elle s’en offusqua. « Je connais le village oui, Jayrehl a tendance a y passer quelques jours de temps en temps, il a toujours bien aimé les trikru et leurs maisons de bois. »

Puis il y’eut un léger silence, et la Keryonsi se promit d’envoyer un messager la bas pour s’enquerir des présences de Jayrehl. Plus tard. Oh, ce n’était pas si loin, elle pourrait peut être même s’y rendre en chevauchant assez vite, ce n’était pas comme ci…. Non. Ce n’était pas la peine. Ce n’était pas le moment. La guerre avançait, et dés que Lexa et sa suite seraient de retour, ils partiraient pour Kalawen.

« Tu as parlé d’entrainement ? »

Je n'arrivais pas à savoir si elle était en colère ou triste de l'absence de Jayrehl, d'un autre côté je n'étais pas doué pour deviner les sentiments des gens. Cependant, le fait que Jayrehl se soit volatilisé était assez inquiétant. Jusqu'à présent je ne m'en étais pas trop fait pour lui mais si la Keryonsi elle même ne savait pas où il était, cela prenait une toute autre tournure.

« Je suis navré, je suis un peu perdu ici et perturbé de vous avoir devant moi. En effet, Jayrehl connaissait tout le monde, il m'a présenté des personnes que je n'osais pas approcher malgré le temps que j'avais passé dans le village. Il m'a beaucoup aidé à me remettre... »

Et il avait dû s'arracher les cheveux avec moi comme élève. J'étais déjà pas mal traumatisé par tout avant ma période de captivité, mais après c'était encore pire. J'aurais eu peur des mouches si tenté qu'elles puissent se saisir d'une dague. Ne riez pas, il y avait des choses très bizarres dans ce monde, ne sous estimez pas les mouches !

« D'entrainement ? Oui... il faut le dire vite, le chef de la famille qui m'a recueilli m'a enseigné l'arc, je ne suis pas trop mauvais. Pour la chaîne c'est plus compliqué, Jayrehl me l'a conseillé et m'a un peu montré mais il a dû partir et je me suis entrainé seul depuis... »

Je devais être bien mauvais pour qu'elle me fasse la remarque. C'est vrai que je n'étais pas un guerrier, je n'étais pas né ainsi, mais j'aimais à penser que je puisse le devenir un jour pour être utile à quelqu'un ou au camp que j'aurais choisi.