connection running deep, running gold ▬ Lexa

Il y avait des nécessaires, des obligations. Des attentes qui faisaient que Clarke ne pourrait jamais être vraiment elle-même en tout temps. Il y avait des regards, des prédictions qu’elle ne pouvait laisser supposer. Lexa le savait, car Lexa vivait suivant cette même nécéssité. L’interdiction de montrer ses faiblesses. L’interdiction de montrer, en quelque sorte, son humanité. Il y avait des tendresses qui ne pouvaient se montrer en public. Il y avait des fêlures qui se devaient de rester secrets. Ne pas les reconnaitre, pour que les autres ne les reconnaissent pas. Et c’était un poids. Et c’était une torture pour Clarke. Car elle apprenait, elle se façonnait à cette terre et à ses règles tellement strictes, avec une rigueur qui était différente de celle qu’elle avait connue dans l’espace. Là haut, dans le ciel, loin de cette terre, ils avaient été terriblement humains. Ils souffraient le martyr, se déchiraient entre eux, drames constants et revirements. Ici, tout était similaire. Ils souffraient le martyr, se déchiraient entre eux, drames constants et revirement. Mais l’un était dans l’esprit, l’autre dans le corps. Etre sur terre, c’était subir la matérialisation de tout ce qui appartenait à l’éther. Tout devenait trop réel et parfois le poids de celui-ci incombait Clarke.

Heureusement, Lexa (qu’aurait fait Clarke sans elle, bon sang ?) le comprenait aussi et l’échappatoire qu’elle avait proposé si délicatement à la fille du Ciel, Clarke n’aurait jamais pu le refuser. Elle avait besoin de ça, de cette humanité que Lexa lui confirmait, silencieusement, dans les étreintes et les regards, dans les affections et les baisers, que tout n’était pas détruit ou muté. Clarke avait besoin de cette sécurité que Lexa lui offrait. Clarke avait besoin de nombreuses choses, de ces plus petits détails qui composaient la personnalité de la Fille Sauvage. Elle voulait ses mains sur son corps, ses remarques à ses propres réflexions, ses encouragements, ses refus, ses sourires. Surtout, elle voulait en profiter tant qu’il était encore possible. Comme le commandant l’avait dit, une guerre arriverait surement. Une autre. Entrainée par des évènements que Clakre ne pouvait contrôlée, par des personnes qu’elle ne pouvait maitriser. Et tant que la paix régnait, il fallait profiter de cet éphémère. Lexa était sa paix, son éphémère.

Elles ne s’étaient pas vraiment baladées. Il n’y avait aucune notion de balade, dans le camp installé dans la boue et les guerriers. Elles avaient juste marché. Main dans la main, Clarke refusant de lâcher cette connexion avec Lexa, alors que dans son autre main, elle tenait une bouteille qui avait été emportée du banquet qui se faisait encore entendre et qui se ferait entendre toute la nuit, par ses musiques et sa vie. Et puis, comme une routine, une habitude inscrite dans leurs corps, elles s’étaient retrouvés dans cette tente, celle du commandant, et que Clarke considérait un peu comme sa maison. C’était là qu’elle retournait, inlassablement, ne prenait même plus la peine de le dissimuler. Les gardes du corps la laissaient passé – ils l’avaient bien compris, au risque de se faire réprimander par une Clarke qui devenait vite de mauvaise humeur quand on lui refusait l’accès – et personne ne s’étonnait de la voir sortir de la tente au petit matin. Il y avait des choses qui ne pouvaient être empêchée et personne ne pourrait empêcher Clarke d’aimer Lexa.

Elle lâcha à contrecœur les doigts de la brune, après quelques instants, déposant la bouteille sur la grande table, qui avait été débarrassée de la maquette de la montagne et de ses plans. Il y restait des plans que Clarke n’avait pas pris la peine d’observer, trop occupée ces derniers jours. « Il y a un endroit où j’aimerais retourner, avant le départ pour Polis. » L’inquiétude qu’elle avait eu au banquet était toujours là, mais celle-ci ne disparaitrait pas vraiment avant que les discussions soient posées, entre les différents leaders et conseillers. C’était un effort, qui devenait de moins en moins pesant qu’elle était en présence de Lexa, et qu’il n’y avait plus le monde autour d’elles (et de fait, entre elles). Elle se posa contre la table, détachant son attelle, échappant un lourd soupir quand elle put enfin bouger un peu son bras. « Est-ce que tu peux m’aider ? » A enlever cette pauvre veste de remplacement qu’elle avait (sa si belle veste bleue ayant été prise par les hommes de la montagne et elle n’avait pas vraiment penser à la retrouver), en tirant sur le col et commençant déjà à enlever son bras droit.

Elles avaient quittées le banquet, et le manteau des responsabilités était resté accroché loin derrière elles pour quelques instants. Jamais assez loin. Jamais inaccessible. Mais assez loin pour qu’elles puissent respirer, main dans la main l’une de l’autre et être uniquement Clarke et Lexa plutôt que leurs titres, plutôt que leurs obligations.  Elles n’étaient au final que deux ames qui s’étaient trouvées, cherchant l’une dans l’autre un repos mérités. Lexa pouvait offrir à Clarke du réconfort, de la compréhension. Et ce soir, elle lui offrait un échappatoire, une fuite à ce monde qui pesait sur leurs jeunes épaules – elles ne seraient jamais trop jeunes, elles n’avaient pas eu le choix, elles étaient des élues à leur manière, et elle devaient assumer maintenant de porter la croix de leurs peuples. -   Ce soir, elle l’emmenait loin de tout cela, où elle aussi avait besoin de s’enfuir.  Son peuple s’amusait, qu’il s’amuse, demain les responsabilités reviendraient à tout le monde. Demain le rire d’Indra redeviendrait un mythe, et les reines de clans perdraient de leur bravoure. Mais demain était loin. Et ce soir maintenant, il n’y’avait plus que Clarke.

Ce n’était pas tant qu’elles aient vraiment promenées l’une et l’autre, non, elles avaient suivis l’espèce de route qui menait  - encore et toujours – vers  la tente de Lexa. C’était devenu un havre, une demeure. Et Lexa se demandait ce qu’elles auraient, quand il n’y’aurait plus l’avant poste, quand le lit monté dans cette tente de commandement deviendrait son lit à Polis. La chambre du commandeur. Dans sa tour. Et Lexa se demandait si sa patrie serait encore une zone de réconfort pour Clarke, ou si celle ci abandonnerait la notion de zone neutre. Clarke voudrait elle une chambre ?  En aurait elle besoin ? Devraient elles continuer de simuler cette danse qui ne leurrait finalement pas grand monde. – Elle aurait mit son bras à couper qu’Indra savait.  D’autres devaient le savoir -  ou devaient elles venir à jour avec le monde ?  

Elles verraient. Ce n’était pas le moment. La tente était leur, et les deux gardes qui n’étaient pas Galad hochèrent la tête, alors que Lexa leur signifiait qu’elle ne voulait  pas être dérangée. Ce moment avec Clarke était a elle. Et elle espérait que le monde pour une fois leur soit favorable. Clarke posa sa bouteille que Lexa n’avait même pas vraiment remarquée. – Non, qui leurrait elle, elle avait vu le mouvement gracieux avec le quel Clarke s’était saisi du contenant, elle avait vu la manière dont elle le tenait, elle avait fait attention à chacun des gestes de la blonde - «  Il y’a un endroit où j’aimerais retourner, avant le départ pour Polis. »   Elle sourit Lexa, réprimant l’envie d’attraper à nouveau la main de Clarke, de glisser une main sur son flanc pour l’attirer vers elle, heureuse qu’elles soient seules. Ce n’était pas le moment. Pas encore. «  Quel est il ? »    Bien entendu elle suspectait que ça ne soit pas le zoo,  mais elle savait aussi que dans la limite du réalisable, elle exaucerait le souhait de Clarke.

«  Est ce que tu peux m’aider ? »  Et toutes ses demandes à vrai dire. Car sa niron avait toujours cette attelle, et hochant la tête avec révérence, Lexa vint s’occuper. Ses mains coururent sur la veste, qu’elle aida Clarke à enlever, et elle parcouru le cuir usé, comme si elle essayait de le connaître. Ce n’était pas de l’excellente qualité. Une fois à Polis, elle ferait travailler les tanneurs, Syndeï peut être serait ravie de l’aider – elle était loin de se douter qu’elle croiserait demain la jeune tanneuse dans les relents de la fête -  à faire un cadeau à sa nouvelle ambassadrice. La conseillere du ciel. Sur l’heure, ce n’était pas le sujet, et Lexa posa la veste désormais inutile sur la table, presque vide. «  Comment te sens-tu ? »  Elle désigna le bras blessé, qu’elle effleura doucement, mais il y’avait dans sa question bien plus qu’une simple inquiétude physique.

Il y avait une chaleur constante dans cette tente. Ce n’était pas relatif au feu qui brulait, ni à toutes ces bougies qui chassaient le plus grand nombre d’ombres – même si cela donnait un côté tamisé que Clarke adorait. C’était à l’association, aux souvenirs lié à l’endroit. Plus encore, à la personne qui l’occupait. Cette tentait aurait pu ressembler aux autres, s’il n’y avait pas eu Lexa dedans et immédiatement après avoir passé les pans de l’entrée, Clarke se sentait chez elle. Elle avait bien conscience qu’elle avait pris ses aises et, timidement, dans deux-trois coins, il y avait des vêtements qui lui appartenaient, des notes qu’elle avait laissé trainer là par paresse, la chaise qu’elle utilisait toujours, dans cette même position prête à la recevoir si jamais elle décidait de s’y installer. Cela faisait terriblement longtemps qu’elle ne s’était pas sentie chez elle. Pendant un instant, la navette des Cent aurait pu le devenir, dans ce genre de dispensaire où tous dormaient entre eux, ce qui donnait un autre type de confort et de réconfort. Celui du groupe et de la protection de tous. Avec Lexa, c’était différent. C’était plus intime et cela diffusait une autre force dans ses veines. Une force dont elle ne pourrait se passer – elle le savait, maintenant.

Lexa s’enquit du lieu que la fille du Ciel voulait retrouver et il y eut un mince sourire qui passa sur les lèvres de Clarke, alors qu’elle terminait de libérer son bras de son soutient, portant prudemment sa main droite sur le haut de son bras gauche, pour apporter un support et ne pas forcer sur son articulation qui se remettait tout doucement du traumatisme reçu, cinq jours auparavant (elle aurait presque dit que ça faisait une vie, car c’était le sentiment qui en ressortait. La Clarke d’aujourd’hui était tellement différente de la Clarke qui était sortie de la montagne. Elle était en constante évolution, le leader. Elle s’élevait un peu plus à chaque fois). « La clairière où tu m’as emmenée, avec Archéon et Erèbe. » C’était un souvenir unique dans sa mémoire. A un moment où Clarke avait été perdue, pleurant la perte de Finn, la perte d’une partie de son âme. Son état l’avait empêcher d’apprécier pleinement ce petit havre de paix, mais elle en gardait un doux souvenir, malgré tout ce qu’elle avait ressenti en ces lieux. Et elle espérait pouvoir y retourner, profiter du paisible du lieu avec sa niron.

Sa veste lui fut enlevée et elle adressa un sourire en remerciement silencieux au commandant, Clarke. Elle se débrouilla pour dégager son épaule, ausculta la cicatrice, qui se comportait à merveille. Le gonflement avait presque disparu et son épaule perdait cette teinte bleutée, tirant vers un nuage violacé. «  Comment te sens-tu ? » Il n’y avait plus de public, que l’attention grisée de Lexa sur elle et Clarke frissonna au contact des doigts de la Fille Sauvage – ou peut-être fut-ce sous le regard de son amante. Un frisson alléchant et chaud, sur sa peau. « Ca va. » Elle hocha la tête à ses propos, convaincu. La douleur était encore présente, mais ce n’était rien qu’elle ne pouvait supporter. La plupart du temps, elle n’y pensait pas, et de fait, ne la sentait pas. « Je dois enlever les fils. » Se rappela-t-elle, alors que ses yeux quittaient sa blessure pour errer sur les traits de Lexa. La concentration du médecin était là, et en quelques secondes, elle laissa place à l’affection profonde que Clarke ressentait pour Lexa et qui n’était plus nécessaire de cacher (ou de tenter de cacher). « Mais avant. » Son index droit glissa sous le menton de Lexa, son ongle griffant la peau en surface, l’attirant jusqu’à elle, capturant ses lèvres délicatement.

Cette tente était leur demeure, et depuis des jours maintenant elle n’était plus seulement la tente de Lexa. Alors oui, même si Clarke partait au petit matin, Lexa savait qu’il ne se passerait pas un soir sans que Clarke ne vienne l’y retrouver, et ça évoquait en elle une douce chaleur. Des années durant elle n’avait plus ressenti ça. Des années durant, elle avait passé son temps à bâtir une forteresse de solitude, que Clarke avait fait exploser. Et ça lui allait. Clarke était la bienvenue dans ce domaine, à travers ces barrières que Lexa avait jadis érigée. Ça lui allait à Lexa. C’était trop tard pour fuir de toutes les façons. – Elle n’aurait jamais voulu fuir. Elle était bien. Elle appréciait les moments qu’elle passait avec la fille du ciel. Elle appréciait les moments où elles étaient uniquement Clarke et Lexa. -  

La veste s’enlevait et Clarke vocalisait son désir de retourner à la clairière. C’était les souvenirs de ce moment, avant même qu’elles ne s’offrent l’une à l’autre, tandis que leurs mots étaient encore hésitants, qu’elles n’étaient encore que deux étrangères. Lexa hocha la tête, approuva. «  Nous y irons. »  C’était doux.  Les souvenirs revenaient de ce moment qu’elles avaient dérobés aux responsabilités. Quand Lexa s’était montrée être d’avantage que le leader d’une troupe de barbares et que Clarke s’était révélée d’un intérêt plus grand que ce que Lexa n’aurait pensé. Cette clairière, ce n’était même pas leur début, mais c’était un jalon qui les avait marqué. «  Nous y retournerons, dés que le temps nous le permettra. »  Il fallait préciser néanmoins. Rappeler que le monde dés demain, dés qu’elles sortiraient de cette tente, les happerait de nouveau. Il fallait préciser, qu’elles ne seraient jamais que Lexa et Clarke, pour des temps limités. Et que le monde les prendrait encore et encore, pour les rejeter plus épuisées que jamais. Les jours qui allaient venir allaient être compliqués. Des décisions seraient prises, des nouvelles seraient apprises. Lexa serait occupée. Clarke le serait aussi. Mais elles trouveraient, dans tout ce pandémonium, un moment pour s’échapper, et pour vivre leur désir.

La veste n’était plus, et Lexa  regarda avec curiosité et intérêt la blessure. Elle n’avait jamais été guérisseur, elle ne comprenait pas les corps humains, si ce n’étaient les endroits qu’il fallait heurter pour blesser. Mais elle savait que c’était positif. Un instinct peut être, ou l’air de Clarke qui semblait moins inquiete. Elle était soulagée, un bras handicapé dans ce monde était un bien terrible soucis. Clarke irait mieux. Bientôt son bras redeviendrait son unique possession. Ses doigts glissèrent d’ailleurs sur le bras en question, comme si elle profitait timidement du corps de son aimée, après s’être réprimée bien trop longtemps pendant qu’elles étaient en public. «  Je dois enlever les fils. »  Elle fronça les sourcils, guère sure de comprendre, mais elle acquiessa tout de même, d’un mouvement de tête, qui fut happé par les gestes de Clarke, quand celle ci la captura à elle, entrechoquant leurs lèvres.  C’était naturel. Ce baiser. Leurs corps qui se retrouvaient. Et sans qu’elle n’y pense, Lexa glissait ses mains sur les hanches de Clarke, la maintenant contre elle, tandis qu’elle goutait sur ses lèvres aux rémanences d’alcool. Toute la soirée elle avait eu envie de l’embrasser. Toute la soirée elle s’était retenue, car elle était Heda, et certaines choses ne pouvaient se montrer. Le silence resta, et tandis que leurs lèvres se séparaient, Lexa posa son front contre celui de sa compagne. Elle ne voulait plus parler, ni briser le moment. Elle voulait juste profiter de cette intimité qui était la leur. Mais elle était Lexa, elle était pragmatique avant toute chose, et elle rompit le charma d’une inquisition inquiète. «  Puis-je t’aider ? Pour les fils que tu dois enlever ? »  Pour sa blessure ?

Il y eut une promesse sur les lèvres de Lexa et Clarke eut un mince sourire, acquiesçant aux paroles sages et raisonnées de la brune. Bien entendu, quand le temps leur permettra. Il était hors de questions qu’elles abandonnent leurs responsabilités en plein milieu de la journée pour se promener à dos de cheval. Clarke n’avait pas oublié le sermon de sa mère quand elle était revenue de leur balade dans la clairière, quelques semaines auparavant. Disparaitre sans laisser de mot. En y repensant, cela amusait Clarke. Elle aurait voulu que ça soit encore possible, de ne pas avoir cette crainte dévorant que si elle s’en allait pour une heure ou deux, que le monde s’effondre et qu’une catastrophe se produise. Elle savait, que même sa présence n’empêcherait pas les malheurs qui devaient arriver. Mais si elle était présente, elle pourrait réagir plus vite. C’était pour ça qu’elle voulait saisir cette occasion que cette paix éphémère représentait, retrouver ce lieu si particulier, qui était un entre-deux Clarke. Soit. Lexa avait accepté et Clarke n’aurait aucun remord à tirer le commandant hors de ses obligations, quand l’occasion se présenterait.

Pour le moment, elles se retrouvaient avec une délicatesse singulière, qui jurait avec l’empressement que Clarke avait ressenti quand tout ce qu’elles pouvaient faire était de résister à ces gestes d’affection. Elle retrouva la satisfaction d’avoir Lexa contre elle, de sentir ses mains sur son corps et Clarke échappa un faible « hm » appréciatif à leur dynamique, tandis que sa main s’agrippait au col de Lexa, pour la garder contre elle. Mais l’échange ne fut que trop bref et bientôt les lèvres de Clarke furent libérées, tandis qu’elle savourait la proximité de sa Fille Sauvage et calme, s’appuyant contre le visage de Lexa, fermant les yeux. Clarke profita en toute simplicité du moment et des mots s’échappèrent sans qu’elle ne veuille les retenir. « Ain niron. » Sa main libéra le vêtement, pour se poser sur la joue de son amante (et plus encore). « Krei presh.» Il y avait une douceur unique. Clarke marquait plus facilement son appartenance sur Lexa que n’importe quelle autre marque d’affection verbale. Ici, c’était un aveu, une confession, de ce qu’elle ressentait pour Lexa. Ce n’était pas qui possédait qui. C’était la manière dont Clarke percevait la femme qu’elle avait en face d’elle et dont elle la reconnaissait. C’était un moment, qui était là, fort, existant.

C’était un moment, qui n’était plus là, passé. « Puis-je t’aider ? Pour les fils que tu dois enlever ? » Clarke sourit et se décala légèrement, non sans poser un maigre baisé. Sa main caressa encore un peu le bas de la mâchoire de Lexa, glissant sur la peau douce de son cou, avant qu’elle ne se recule totalement – le buste, le reste de son corps bloqué entre les mains de Lexa et la table. « Tu peux. J’aurais besoin d’un couteau. Fin. » Et elle ne doutait pas que dans la tente du commandant, il y avait ce genre d’arsenal. Parfois, elle rencontrait une arme de manière inattendue et savait parfaitement sous quel oreiller elle ne devait pas glisser sa main, au risque de rencontrer le froid d’une lame. Clarke palpa l’os sous la peau, retenant son souffle alors qu’elle appuyait sur l’ecchymose en guérison, vérifiant que tout était bien à sa place. Elle évitait de chipoter à son épaule en journée, malgré les démangeaisons passagères et les vrilles qui pouvaient la prendre. Parfois, elle avait l’impression de pouvoir sentir les vis et les tiges de métal dans ses os. Ce qui était le cas, quand elle passa ses doigts aux alentours de la cicatrice, trouvant la présence de ce qui fixait la fracture. « Je te montre comment faire, okay ? »

tritri:

C’était promis. Elles iraient dans la clairière, et Archeon et Erèbe seraient ravis de promener, de se dégourdir les jambes. Le cheval d’Anya… avait besoin de sa nouvelle maitresse, pour se sentir en sureté, pour continuer à être le meilleur des chevaux que Lexa connaissait, et Erèbe avait toujours besoin de promener. Lexa aussi. Apprécierait la promenade. Et peut être que si elles pouvaient y’aller à la nuit tombée, Lexa lui montrerait plus en détail leur ciel. Les couchés de soleil, ou les levés peut être ? Non. Elles iraient quand elles pourraient. Elle ne pouvait pas se permettre de telles rêvasseries. Fin de l’histoire.

Ce qu’elle pouvait se permettre en revanche c’était ce contact avec Clarke, c’était ce baiser, ces doigts qui couraient et cette chaleur. C’était cette tendresse, et ce sentiment fort qui les unissait l’une et l’autre. C’était ce moment qu’elles volaient, pour ne l’avoir qu’a elles.  «  Ain niron. »   Et c’était si fort, presque brulant, cette pique en plein cœur que lui envoyait Clarke. C’était l’émotion d’un sentiment qu’elle ne voulait pas vraiment nommer. –elle l’avait déjà fait. C’était sa faiblesse et sa force -  Et qui pourtant la prenait aux tripes. C’était Clarke. Tout simplement. Et Clarke encore. C’était Clarke toujours, qui provoquait en elle, un émoi qu’elle n’arrivait plus à arrêter. «  Krei presh. »  Il y’eut une etincelle, de l’émotion dans les yeux de Lexa. Il y’eut un débordement d’amour à travers ses pupilles. Quand Clarke parlait Trigedasleng, la saveur même des mots était différente, c’était un autre monde, c’était des promesses d’un futur qu’elle voulait vivre un jour. Une chaleur sourde, brutale. «  Ai laik yun»  C’était dit. Sur le coup du moment peut être, sinon elle ne l’aurait pas vocalisé. Mais c’était dit, et elle le pensait. Clarke possédait une part d’elle, qu’elle n’aurait jamais cru donner de nouveau. Qu’elle s’était empêchée d’offrir. Clarke l’avait entière. Car elle comprenait à la fois la femme et le commandeur, et ici dans cette tente Lexa s’autorisait à être faible et forte à la fois. C’était dit. Elle ne le regretterait pas.

Et le moment se brisa, car Lexa demeurait terre à terre. Il y’eut un sourire, il y’eut un doux baiser, et le corps de Lexa se tendit vers Clarke, comme pour suivre le mouvement de sa main. Ses mains ne lâchaient pas le corps qu’elles tenaient, comme si lâcher Clarke l’aurait laissé partir. C’était comme si elle se raccrochait à un moment, à un sentiment, même si elle avait causée la fin de cette enclave. «  J’aurais besoin d’un couteau. Fin. »  La tête se hocha, elle bougea, lâchant Clarke à regret, pour se saisir d’un couteau plus fin que les autres, posé non loin de son trône. Il y’avait des armes partout dans cette tente, son épée – pas sa préférée, elle était en morceaux dans la cage de Pauna – et des couteaux aussi. Clarke trouverait son bonheur. – Elle l’avait déjà trouvé. Autrement-   «  Cela t’ira t’il ? »  Elle était revenue déjà, auprès de la blonde, tentant de regarder sans grimacer la blessure. Les hommes de la montagne avaient payés pour ça, elle devait taire la haine, elle était bonne pour cette retenue. «  Montre moi. »  Et nul doute qu’elle exécuterait tous les gens que Clarke lui dirait de faire, avec une précaution, et une tendresse sans borne.

Ca n’était jamais nécéssaire, le monde se serait passé de leurs déclarations, le monde peut-être, préférait qu’il n’en ait aucune. Cela aurait rendu les évènements à venir tellement plus faciles. Clarke savait que, elle, elle en avait besoin, de regarde Lexa dans les yeux, de parcourir sa peau de ses mains, de lui offrir ces mots comme elle lui offrait ses sentiments et ces baisers. Elle ne pouvait pas s’en empêcher et verbaliser ce qui se trouvait en son sein était une manière de le rendre supportable. Comme un trop plein qui assaillait son cœur et qui l’empêchait de respirer, si elle restait silencieuse. Lexa méritait tant, méritait tout. Cet amour, ces mots, ces attentions. Et il y avait cette manière de recevoir, chez la Fille Sauvage, qui tiraillerait inlassablement Clarke, comme une surprise, prise de court par les déclarations secrètes. La manière dont les pupilles de Lexa se rétractaient légèrement, avant de se dilater un peu plus, dans un regard cerclé de l’argent plus fort et plus attirant à chaque seconde que Clarke voyait son reflet dans ses yeux. « Ai laik yun. » Clarke sourit de cette affection débordante, presque douloureuse, et acquiesça contre Lexa. « Sha. » C’était presque béat, parfois Clarke avait du mal à réaliser que, un an auparavant, elle était enfermée dans l’espace, terriblement seul ; et qu’à présent, elle se satisfaisait de ses moments volés en compagnie de sa niron.

C’était bel et bien la réalité, comme la faible distance qui s’installa entre elles et le fait que Clarke devait soigner son épaule. Elle profita de sa liberté, ne plus être retenue contre la table par cette femme très attirante, pour récupérer un baume qu’un des apprentis soigneur lui avait préparé, le déposant derrière elle, pour après. « Cela t’ira t’il ? » Le couteau lui fut tendu et elle hocha la tête. Elle marqua une brève pause, Clarke, détournant son attention de sa chair blessée, pour regarder Lexa. Simplement la regarder, se retenir de sourire en voyant la tension dans la mâchoire du commandant. Elle tendit le bras – valide-, posant sa main sur celles de Lexa. « Ca va, Lexa. » Elle avait survécu, Clarke. Elle survivrait. Toujours. Le monde avait tenté de la détruire quand elle ignorait encore qu’elle était forte. Maintenant, elle résisterait à tout. « Le couteau est bon. » Avec Lexa à ses côtés.

Alors, Clarke tordit un peu son cou, regardant son épaule, jetant un dernier coup d’œil sur le visage de sa niron, avant de se lancer sur les explications. « Tu vois les nœuds ? On va les faire l’un après l’autre. » Clarke n’avait aucun mal à visualiser le travail de sa mère, pour l’avoir vu effectuer tellement de fois sur l’Arche. Les nœuds étaient sur la droite des points de suture et elle savait l’alignement être parfaitement régulier, une fierté familière se jouant dans ses entrailles. « Commence par celui du dessus. » Et elle poursuivit son explication, décrivant où devait se trouver la lame, entre la peau et le fil, couper sous le nœud. « Et tu tires dessus. Ca viendra tout seul. » La plaie était belle et, bien entendu, soignée. La petite dizaine de points ne serait pas un problème, même pour le soigneur d’un soir. « Je te fais confiance. » Conclut-elle doucement, le calme dans sa voix comme preuve, confiante que Lexa ferait de son mieux.

Ça avait toujours un coté un petit étrange pour Lexa que de s’offrir ainsi à Clarke, mais c’était un besoin qu’elle n’arrivait pas à faire taire. Bien sur, quand elles n’étaient pas seules, quand il y’avait le public, leurs peuples, des spectateurs qui n’avaient pas à être la, elle était différente. Elle savait tenir ses mots, et tentait de ne pas laisser ses mains se laissaient aller à leur envie de toucher continuellement la fille du ciel. Bien sur, elle savait se tenir. Elle arrivait encore à partager la tête et le cœur. A partager l’envie et le devoir. Et c’était probablement ce qui serait sa perte, le jour où elle devrait choisir ?  Il n’y’avait plus personne. Quelques gardes devant la tente qui n’entendaient pas d’avantage. Il n’y’avait personne, et Lexa n’était plus le commandeur, elle n’était que la fille amoureuse, qui proférait une sorte de serment à nouveau. En face de Clarke, elle était sienne, elle était sincère, et presque fragile. Offerte. «  Sha. »  Le sourire valait tous les mots qu’elles ne disaient pas, et elle ne put réprimer l’envie de le gouter sur les pales lèvres de la blonde. Ce fut rapide, probablement que tous les baisers l’étaient trop. Rien ne durait assez longtemps pour la combler totalement.

Mais il y’avait la vie qui continuait son cours à son grand regret, et serviable, elle confiait à Clarke l’un des couteaux qui demeuraient dans la tente. Et peut être qu’elle ne pouvait chasser l’inquiètude dans son regard. Et peut être qu’elle ne pouvait chasser cette envie de protéger à nouveau, et ce sentiment d’avoir échoué. Teksas avait échoué. Ils avaient échoués. Clarke avait été blessé. Mais ils avaient gagné en même temps. Car ils étaient en vie. Et les blessures même si elles marquaient la chair, n’empechaient pas de continuer à vivre. «  Ca va, Lexa. Le couteau est bon. »  Elle hocha la tête, et solennement, avec l’attention d’un novice auprès de son professeur, avec l’attention qu’elle avait pu avoir en face d’Anya quand celle ci lui apprenait la guerre, avec toute l’attention dont elle disposait, elle écouta Clarke lui parler de nœuds, de fils, d’une manière adaptée pour couper ces choses la. «  Je te fais confiance. »   Elle hocha la tête, avec un air concentré, et la mâchoire serré comme si elle partait au combat. «  Sha. »  Et qu’étaient quelques points de sutures en face d’une armée ? En face d’un combat pour la vie et son peuple.  Tendue, elle souleva le premier point, et trancha d’un geste vif, tirant avec vigilance sur le fil après ça, s’assurant d’un regard que Clarke n’ait pas mal. «  Dis moi si je te heurtes. »  C’était dit d’un ton determiné. Et elle continua son ouvrage, déterminée à faire au mieux, déterminée à prendre le temps qu’il faudrait, tant que Clarke ne souffrait pas.  Car ce n’était pas tous les jours qu’on lui offrait une telle confiance. Bien sur son peuple lui faisait confiance, bien sur ce n’était pas pareil. Mais Clarke était la, et cette simple confiance, dans un geste familier, dans la proximité qui les liait même pour des choses aussi personnelles, faisait chaud dans son cœur, et aussi dans son ame.

Des minutes passèrent, dans un presque silence. «  Est ce bon ? »  Elle regarda l’épaule, où elle pensait avoir fini son travail. Mais elle voulait s’assurer tout de même que c’était bon. Que Clarke allait bien ? Plus tard, assurée qu’il n’y’avait plus aucun danger, elle passerait un doigt curieux sur les cicatrices. Plus tard.

Il y avait plusieurs types d’affection, plus que les mots doux (mots traitres et tortueux), que les gestes doux (gestes agréables et désirables), que les pensées, que les regards. Prendre soin de l’autre était aussi une manière de montrer que l’un tenait à l’autre. Comme mettre un garde-du-corps au service d’une personne, ou forcer l’autre à changer d’avis pour un plus grand bien. Se laisser prendre soin par l’autre était une preuve de plus, une proximité différente. C’était une acceptation particulière. Bien entendu, ce n’était pas la première fois que les deux femmes pansaient leurs blessures. Mais Clarke, ici, avait demandé l’aide de Lexa. Elle n’était pas allée demander à Poney ou un des apprentis de le faire (combien elle adorait leur mine trop prudente quand ils se familiarisaient avec les techniques du skaikru). Clarke avait confiance en Lexa, elle lui aurait confié sa vie, sans arrière-pensée, sans un doute. Le commandant aurait pu abattre n’importe quel homme à main nue – ou presque – et pourtant, il y avait tant de douceurs dans ses doigts.

Clarke lui adressa un sourire confiant, pour l’encourager, surveillant les gestes de la Fille Sauvage, fille apprivoisée et aimée, pour s’assurer qu’elle enlevait correctement le premier point de suture. Elle sentit les gestes sur son bras, le tiraillement du fil qui s’enlève. « Dis moi si je te heurtes. » La blonde secoua la tête, avant de se pencher vers Lexa, déposa un baiser furtif sur la joue qui était à sa portée, ne perturbant pas trop longtemps celle qui avait tant de détermination sur le visage. « C’est bon. Tu as bien fait. Continue. » Et dans sa voix, il n’y avait que l’affection profonde que Clarke ressentait pour sa niron. Son nez effleura le bas de la mâchoire, puis elle se redressa, promettant de ne plus distraire le commandant qui s’improvisait soigneur. Tout le long, elle ne quitta pas sa niron du coin de l’œil, vérifiant de temps en temps l’avancée sur son bras, mais passant la plus grande partie à simplement admirer la femme qui était à ses côtés, son expression solennelle, la tension presque invisible de son visage, la manière dont ses yeux d’argents suivaient ses propres gestes. Tout était paisible et, si c’était possible, Clarke tomba un peu plus sous le charme de Lexa. (ça devait être possible, oui.)

«  Est ce bon ? » Clarke, finalement, détourna son attention de son amante, glissant ses doigts sur la cicatrice encore légèrement boursoufflée, la satisfaction apparaissant sur son visage. « Parfait. » Conclut-elle, après avoir compté les nœuds qui étaient déposés juste à côté d’elle. « Maintenant. » Elle prit la pommade qu’elle avait récupérée de ce coin où trainait une partie de ses maigres biens. « Il faut appliquer ça sur la cicatrice et mon épaule.» Oui, Clarke prenait bel et bien goût à ce que Lexa prenne soin d’elle de cette manière. « N’aies pas peur de toucher, ou de me faire mal. Tu dois savoir que parfois il faut revenir là où c’est douloureux. » Sur le corps, pour les soins. C’est ça, que Clarke voulait dire, ne songeant pas aux interprétations possibles. Elle, elle sous-entendu que lorsque que Lexa se faisait blesser, il fallait supporter la douleur que le traitement pouvait imposer. Eh oui, c’était bel et bien Dunlaith qui avait vendu la mèche.

« C’est bon. Tu as bien fait. Continue. » il y’avait de l’encouragement et de l’affection dans les mots de Clarke, il y’avait quelque chose de bien qui réchauffait le commandeur. Elle était fière d’elle, satisfaite de faire quelque chose de bien, d’utile. Quelque chose pour Clarke. Et il y’avait aussi cette notion que Clarke ne confiait pas son épaule à sa mère ou a un guérisseur – et pourtant ils auraient été mieux, ils auraient su quoi faire, sans demander d’explication – non, Clarke lui confiait sa santé, lui confiait ses soins, lui confiait sa vie. C’était la base d’une sorte d’union. C’était la base, de cette relation. Elles se faisaient une confiance absolu. Et même si parfois elles n’étaient pas forcement d’accord, - parce qu’elles avaient leurs idées, leurs idéaux, leur culture et leur histoire – elles écoutaient toujours avant tout ce que l’autre avait à dire. Et peut être que oui, que Lexa avait été catégorique quant a l’envoi des skaikru à Skjer, mais elle avait écouté Clarke tout de même, et elle y réfléchissait. C’était égoïste de toute manière, cette envie que Clarke ne soit pas celle qui y aille. Et c’était égoïste, parce qu’ elle aimait Clarke, et q’elle avait déjà bien trop perdu

C’était bien parce qu’elle l’aimait d’ailleurs, qu’elle continuait de rester concentrée dans ce qu’elle faisait. Même si le frottement du nez un peu froid contre sa mâchoire, lui fit briller les yeux, elle ne lâcha pas tache et concentration. Elle continuait. Jusqu'à ce qu’enfin il n’y’ait plus un fil, jusqu'à ce qu’enfin la cicatrice soit vive sur l’épaule blessée. « Parfait. » Elle leva les yeux vers Clarke, l’éclat de la fierté dans ses iris gris. Et elle écouta la nouvelle consigne, attrapant la pommade que Clarke lui tendait, et regardant ce qui quelques jours avant était une plaie inquiétante. « il faut revenir là ou c’est douloureux. » il y’avait tellement d’interpretations, et Lexa ne pouvait s’empecher de penser à des choses plus sous entendus qu’un simple soin du corps. Le commandant garda le silence, pendant qu’elle revenait déjà sur des voix douloureuses, et au lieu de ça, elle glissa ses doigts dans la pommade, en récupérant une noisette de crème, avant de l’étaler sur la cicatrice, puis sur l’épaule. Sa main devait être légèrement raffraichie par la température extérieure, mais elle supposait que Clarke prefererait. Elle n’aurait de toutes les manières pas pu faire autrement.

« Pourras tu te resservir de ton bras comme tu le faisais avant ? » Peut être pourrait elle lui proposer un autre entrainement. Peut être avec Teksas, ou bien avec elle même. Elle verrait. Ce n’était pas le sujet, elle était concentrée encore, sur la tache d’appliquer la crème avec précision, massant au passage l’épaule d’une main habile. Ce n’était pas quelque chose qu’elle avait l’habitude de faire. Elle, elle laissait ses plaies se faire soigner – elle avait toujours un bandage sur le ventre, mais ça cicactrisait, elle ne sentait plus rien ou presque - et après elle n’y pensait plus. La douleur existait, comme une partie d’elle même.

Clarke resterait éternellement fascinée, de la délicatesse dont Lexa faisait preuve, fascinée de la douceur de ses gestes, fascinées de la tendresse dans ses yeux gris, de la prévoyance à son égard. Clarke, éternellement, serait fascinée par Lexa, constamment attirée par la Fille Sauvage. A la vie. A la mort. Et plus encore. Pour l’heure, il n’y avait que le soin et la proximité des deux amantes. Clarke serra un peu la mâchoire au contact sur son articulation blessée, se forçant à ne pas retenir un souffle que son diaphragme aurait bloqué sous la maigre douleur. Sa main droite s’accrocha au bord de la table et elle fixa son attention sur un point qui n’existait pas, avant de finalement fermer les yeux et de se concentrer sur les gestes de Lexa qu’elle sentait contre sa peau, suivant le mouvement des doigts, la sensation du baume qui pénétrait dans la peau blessée. L’odeur de la préparation se mêla à l’air et elle reconnut l’odeur typique des plantes qui avaient été broyées. Elle se mêla à tout le reste, au léger parfum des bougies et à l’odeur de la brune. Ca la détendit un peu plus, la tension dans son dos disparaissant faiblement, malgré qu’elle luttait contre la crispation de son côté gauche. « Pourras tu te resservir de ton bras comme tu le faisais avant ? » Clarke garda les yeux fermés, tandis que son visage prenait une expression presque grave, qui montrait ce qu’elle pensait des mots qui viendraient. « Presque, oui. » C’était un peu comme un mensonge, mais c’était vrai.

Dans sa tête, déjà, se repassait les séquelles qu’elle garderait jusque sa vie. C’était la majeure qu’elle aurait et comparé à d’autres, elle s’estimait chanceuse, Clarke. Elle n’aurait pas cette dépendance qui la tiraillerait comme elle tiraillait Lincoln. Elle n’aurait pas cette jambe folle qu’elle trainerait comme Raven la trainait. Ca restait dérangeant, car c’était son corps et elle accordait beaucoup d’importance à sa dextérité, puisqu’elle était un médecin (ou qu’elle avait tenté de poursuivre cette route pendant de longues années). « J’aurais un peu moins d’amplitude dans mes gestes, un peu moins de force. » Ca resterait minime et elle s’assurerait de renforcer ses muscles comme il se devait. Et avec Poney sur ses traces, elle n’aurait pas vraiment le temps de se reposer. Dans quelques mois, elle aurait tout oublié des inconvénient qu’elle vivait aujourd’hui.

Elle rouvrit les yeux, Clarke, retrouvant la proximité de Lexa, qui était toujours terriblement proche et qui avait terminé de masser son épaule. Elle poussa un mince soupir, alors qu’elle attirait sa niron, fermant ses doigts sur le haut de son pantalon. Elle posa sa tête sur le torse du commandant, restant là, simplement là, profitant de la présence, trouvant un peu de ce courage dont elle avait besoin. « Mais. » Elle se mordilla un peu la lèvre, les doigts de sa main gauche jouant entre eux. « Je n’ai presque plus de sensation dans deux doigts. » Clarke s’enfonça un peu plus dans la clavicule de Lexa où elle chercha refuge. « Ca devrait revenir. Je le sais bien, mais ça m’effraie un peu. » Elle savait, oui, que c’était le nerf qui était oppressé à cause du gonflement. Que tout reviendrait à la normale dans quelques semaines. C’était la part rationnelle, celle que Clarke utilisait sans cesse et qui la gardait en vie. Puis, il y avait ce léger doute, celui qui croyait dans tous les possibles et qu’elle verbalisait pour la première fois, dans le confort et la sécurité que Lexa lui inspirait.

Les doigts dextres du commandeur étalaient la crème ainsi qu’il le fallait, ainsi que Clarke le voulait. Elle s’appliquait, comme si entre ses mains elle avait la plus fragile des femmes. Ce n’était pas le cas, par tous les dieux, elle savait que ce n’était pas le cas. Clarke n’était pas fragile. Clarke était forte, fière, déterminée, et prête à tout pour son peuple. Comme elle. Et c’était pour ça qu’elle… qu’elle tenait à elle. C’était pour ça qu’elle reconnaissait que l’attachement – c’était d’avantage – qu’elle ressentait pour Clarke n’était pas seulement une faiblessse. Elle puisait sa force. Ça n’empechait pas la douceur, la tendresse, ça ne l’empechait pas d’offrir le réconfort à sa niron du bout de ses doigts. Les blessures de guerre devaient être honorées, les champions également. Et elle était curieuse, inquiète. Elle s’ineteressait au bien être de Clarke, et au futur aussi. Les blessures comme ça, parfois ne guérissaient pas toujours. Et qu’était un leader si il ne pouvait plus prouver sa force ? Bien que celle de Clarke soit ailleurs. « Presque oui. » Elle arqua un sourcil, intrigué, guère convaincu. Et elle fixa quelques instants la blonde en face d’elle, stoppant les mouvements de ses doigts, et la caresse qu’elle prodiguait à l’épaule endolorie. « Presque ? »

Et bien sur, ça l’intéressait. D’un point de vue diplomatique, du point de vue du commandeur qui voulait s’assurer que son alliée soit bien. Mais également du point de vue de la femme qui ne voulait pas que sa compagne souffre d’avantage. « J’aurais un peu moins d’amplitude dans mes gestes, un peu moins de force. » Elle fronça les sourcils. Reprenant son massage. Hochant la tête. Elle laissa alors s’insinuer un peu le silence. Elles savaient, elles comprenaient qu’il y’aurait des efforts à faire. Elle l’aiderait, mais elle ne la dorloterait pas non plus. Ce n’étaient pas dans leurs manières. Ce n’étaient pas dans leur façon d’exister.

Les doigts glissèrent, jusqu'à ce que la boule de crème n’existe plus, et le massage prit fin. C’était agréable pour Lexa, pour celle qui s’occupait du peuple, pour celle qui aurait donné sa vie pour lui, celle dont tout le monde s’occupait continuellement pour les blessures, et les parures. C’était agréable pour elle, oui, de s’occuper de Clarke, de s’occuper de quelqu’un à qui elle tenait. D’être humble dans ses yeux. Elle se laissa entrainer, glissa sa main dans le dos de sa compagne. « Mais. » Clarke semblait hésiter, elle fixa quelques instants, laissa sa main glisser sous le t-shirt, et effectuer quelques cercles du bout de ses doigts. Rassurante. « Je n’ai presuque plus de sensation dans deux doigts. » Ses sourcils se froncèrent, sa main se fit plus rassurante dans le dos. « Ca devrait revenir. Je le sais bien, mais ça m’effraie un peu. » C’était perturbant. Et elle ne pouvait pas se laisser perturber. Voir Clarke ainsi faisait frémir une boule dans son cœur. « Ça reviendra. » Elle se voulait forte. Un phare dans la nuit, pillier dans la tempète. « Quelques fois nos guerriers perdent des sensation après une blessure. Elles reviennent dans la plupart des cas. » Elle detendit un peu son visage après ça, et attrapa les deux doigts de sa main libre, pour les caresser avec tendresse. Ce n’était pas grave que Clarke ne ressente pas ça, elle était colone de presque marbre, renforcée de sentiments, offrant le réconfort qu’elle savait donner. « Tu es entière Clarke et tu es forte. Tu n’as pas à avoir peur. » Et comme pour chasser la peur, elle lâcha ses doigts, relevant sa main jusqu’au menton de l’archéene, pour redresser son visage et déposer un baiser sur ses lèvres. Elles étaient fortes à deux. Elles le seraient encore.

La connexion ne prenait jamais fin et Clarke était persuadée qu’elle aurait pu passer des journées avec Lexa, sans qu’aucune d’entre elles ne prononcent un mot. Passer des heures à se regarder et dédier des caresses qui porteraient tous les sentiments qui existaient, toutes les pensées qui s’exprimaient. Clarke ne paraissait pas faible, malgré son hésitation. Et elle ne se sentait pas faible, ainsi réfugiée dans l’étreinte de Lexa, recevant quelques caresses à la base de son dos, qui s’enfoncèrent au plus profond de sa chair, insufflant le long du réseau de nerfs une chaleur que seule la Fille Sauvage réussissait à lui inspirer. Clarke n’aimait pas reconnaitre ce qui n’allait pas, comme elle ne reconnaitrait jamais qu’elle pensait si souvent à son père. Elle n’était pas habituée à ça. Depuis toute petite, elle avait dû montrer le meilleur, car c’était ce que sa mère attendait d’elle. Un haut niveau de performance. Et c’était ce que les autres attendaient d’elle, à présent. Non pas qu’elle fasse de son mieux, mais qu’elle fasse plus encore. Sauver ceux de la montagne avaient été un succès. Reconnaitre que deux de ses doigts ne lui répondaient plus, était loin d’en être un. C’était une faille biologique et bien que Clarke savait qu’elle ne pourrait jamais lutter contre ça, elle le percevrait comme un échec.

Plus encore, comme une insécurité. Elle avait besoin de sa main gauche, c’était sa main dominante et même si ce n’était que les deux derniers doigts, ils avaient leur importance. « Ça reviendra. » Et Lexa était là, la rassurant, parlant vrai, usant des guerriers comme exemples. Clarke acquiesça, toujours réfugiée dans les bras de son amante, y trouvant un certain réconfort. Si Lexa le disait, alors, ça reviendrait d’autant plus, non ? Ses membres invalides furent saisis et la blonde grimaça au manque de réaction. Elle sentait la présence de Lexa sur ses autres doigts, mais l’annulaire et auriculaire restaient immobiles, malgré que Clarke tenta de les faire bouger, de saisir la main de sa niron. La frustration fut là, furieuse et sournoise qui se glissait sous sa peau, se logea entre ses deux omoplates, dans un recoin que Clarke n’aurait pas été capable d’atteindre. « Tu es entière Clarke et tu es forte. Tu n’as pas à avoir peur. » Elle voulait y croire, Clarke (elle n’avait aucune honte de ressentir la peur. C’était humain et tant qu’elle ne se laissait pas arrêter par celle-ci, Clarke ne considérerait pas ceci comme une faiblesse). Et elle y crut, terriblement fort, quand sa tête suivit le geste de Lexa et qu’un baiser lui fut offert sur ses lèvres.

Son cœur s’accéléra, Clarke le sentit, fort dans sa poitrine. Sa main –droite- abandonna les hanches de Lexa, pour remonter jusque son dos et l’attirer un peu plus à elle, réduisant la distance, attrapant le col du commandant de ses trois doigts valides et s’accrocha à elle avec une passion qui fut à peine retenue. Il n’y avait plus besoin de ça, de la retenue. Elles étaient seules et personne ne les jugerait ici (qu’ils osent). Au premier baiser se joint d’autres et la capture des lèvres de Lexa se fit de plus en plus avide. Jusqu’à ce que Clarke s’éloigne, à peine. Tout juste pour prendre un filet d’air tandis que son nez effleurait celui de la Fille Sauvage et tout retombe dans une douceur dédiée. « Mochof. » Elle rouvrit les yeux, détaillant les traits de Lexa, la détermination de son regard, en même temps que cette profonde affection que Clarke savait destinée uniquement pour elle. Elle embrassa à nouveau Lexa, terminant en capturant la lèvre inférieure de son amante à l’aide de ses dents, en une morsure joueuse. « J’ai encore un peu peur. » Pourtant, il n’y avait plus rien de cette hésitation précédente. Qu’une lueur dans ses yeux bien particulière, un sourire confiant accompagnant ses propos. « Veux-tu t’en charger ? » Et il fut évident que Clarke ne parlait plus vraiment de ça.

Si Clarke avait besoin, Lexa serait son épaule. Elle serait la main si elle ne pouvait plus bouger la sienne. Elle serait ce qu’il fallait. La lumière dans les ténèbres pour vaincre contre la peur, et le professeur inébranlable, qui tel un rocher dispenserait leçons et assurances. Elle serait la. Ou du moins elle espérait l’être, autant qu’il le faudrait. Et même si elle refusait de penser au toujours, elle savait qu’une part d’elle même l’esperait. Le Toujours, serait peut être leur Jamais, alors il y’aurait le Tant que possible. Et Tant que possible, c’était douloureux, et plaisant à la fois. Tant que possible était la, dans un baiser, une tendresse. Tant que possible était présent dans les doigts insensibles de Clarke, et ceux plus agiles qui se saisissaient de Lexa. Tant que possible, c’était cette étreinte, ce baiser, c’était la main de Lexa qui se collait contre Clarke, comme si elle ne voulait pas qu’il y’ait de l’air entre elles. C’était tendre. Offert. C’était dans la gestuelle du don, que Lexa n’arrivait jamais à cesser quand il s’agissait de sa fille des étoiles.

Leurs cœurs se mirent à battre plus vite, plus fort. La respiration nécessaire fut prise quelques instants où leurs nez se frôlèrent, leurs souffles se mêlèrent. Elles ne faisaient presque qu’une. Un amas de membres et de vêtements qui  n’étaient jamais si éloignés. La passion s’en mêla tandis qu’elles étaient plus proches, que les baisers encore demeuraient présents. Elles étaient la. L’une et l’autre, profitant tant que possible, de ce temps qu’elle volait. Chacune avait sa peur, présente sur le moment, et chacune aurait plus tard ce moment gravé dans ses souvenirs pour les jours bien plus sombres. Il y’eut une pause. «  Mochof. »  Le temps d’hocher la tête, de laisser ses yeux gris se plonger dans le bleu de ceux de Clarke, emplis d’affection, emplis de ce sentiment qu’elle ne pouvait plus cacher maintenant. Elle était nue face à Clarke, dénuée de barrières, dénuée de gardiens. Elle était sincère. Tendre. Amoureuse. Elle ne pourrait le cacher. Pas dans cette tente. Pas maintenant. Tant que possible, elle ne le cacherait pas. Et puis peut être qu’un jour tout ça exploserait. Peut être qu’un jour elles seraient des faiblesses. Un jour. Ce n’était pas ce soir.

Il y’eut un baiser, une morsure joueuse, qui fit frissonner Lexa. Sa main glissa sur la hanche devant elle. «  J’ai encore un peu peur. »  Il y’avait un jeu dans les yeux de Clarke, un peu comme un défi. Il y’avait un sourire, et Lexa… Lexa ne pouvait pas y résister. «  Veux-tu t’en charger ? »  Une lueur encore, un écho dans les yeux de Lexa. Les défis. Elle les surmontait. Elle était le commandeur. Elle était… forte. Et surtout, elle savait maintenant qu’elle pouvait avec Clarke succomber à ses envies, à ses faiblesses qui n’en étaient pas vraiment. «  Ai badan yu op. »  Une promesse murmurée sur des lèvres qui trouvèrent à nouveau leur vis-à-vis, tandis que Lexa changeait légèrement la donne, poussant Clarke vers la table de guerre dénuée des décorations qu’elle avait eu plus tot. Elles avaient la nuit. Elles auraient la nuit. Elles auraient tant que possible. Demain était encore une image flou, et ce soir Lexa ne voyait que le corps de Clarke, que ses yeux dans les quels elle voulait se noyer. Que cette nuque, qu’elle embrassa avec vénération, quittant presque à regret les lèvres de sa compagne.

Clarke était trop proche, trop obnubilée par la Fille Sauvage pour le rater, ce changement subtil. Celui qui se produisit dans l’expression de Lexa. C’était une combinaison, les paupières qui s’abaissèrent légèrement, une tension différente dans la mâchoire, des pupilles qui s’ouvrirent un peu plus. Clarke sut que Lexa la suivrait (la suivrait en tout temps). Et déjà la crainte de son rétablissement s’oubliait sous la présence de la brune, sous le contact, sous la présence. Elle déposa son front contre celui de Lexa, expirant sur le visage de son amante, sourire sur les lèvres, amour sur la langue. « Ai badan yu op. » Clarke n’eut pas l’occasion de répondre que le petit pas qu’elle avait marqué vers la Fille Sauvage fut contrecarré et qu’elle sentit à nouveau la table derrière elle, appréciant la situation dans laquelle elle se trouvait. Tout ce qui était calme devint tout d’un coup en feu et sa main libéra le vêtement de Lexa quand cette dernière s’intéressa à la peau dévoilée de Clarke, son cou qui frémit, doux foisonnement sur sa gorge. « Yu du pri moubeda. » Le murmure n’était pas calme. Il n’était pas sage. Il n’était pas patient. Non. Il était serré, échaudé, pressé. Par la respiration pincée de Clarke, qui ne tarderait pas à devenir saccadée sous les efforts de son amante.

Clarke repoussa les quelques objets qui était à portée de main et que les aurait très certainement gênée, ne faisait qu’à moitié attention, puisqu’une grande partie de sa présence d’esprit était en train de profiter de la présence de Lexa sur sa peau. Pour autant, elle ne perdait pas le nord, et une fois qu’elle eut planté le couteau un peu plus loin dans la table en bois, elle se hissa sur celle-ci, gardant toujours un contact, d’une manière ou d’une autre, avec Lexa. C’était vital et si elle n’avait pas la Fille Sauvage conte elle, Clarke aurait eu l’impression de manquer d’air. Elle écarte les jambes, attrapant Lexa par la boucle de sa ceinture, s’assurant qu’aucun centimètre ne serait perdu. C’était un peu plus précipité que leur première fois, mais Clarke n’en avait cure, ne pensant même pas à l’alcool qui devait être un catalyseur de leur faim. Non. Tout ce qui comptait, c’était la présence de Lexa, qu’elle soit marquée et que Clarke marque sa présence sur sa niron.

A cet effet, la deuxième main de Clarke remonta le torse de Lexa – prenant la peine de faire un détour furtif sur l’un des seins de la brune – avant de remonter jusque l’apparat du commandant. Elle jeta un coup d’œil vers sa partenaire, lui indiquant d’un coup d’œil qu’elle aurait pu l’enlever plutôt. Et de cette manière silencieuse qu’elles avaient de communiquer, parfois, sa main droite, bien que moins habile que son homologue, détacha l’attache, laissant la lourde épaulière tomber en sol, entrainant la cape rouge avec elle qui macula le sol des attributs de Heda. Clarke ne désirait pas le leader. Elle voulait la femme, dont elle captura les lèvres sans aucune retenue.

tritri: