mille à l'heure, à toute fureur, dans ton coeur ▬ ruby

mille à l'heure, à toute fureur, dans ton coeur

Whisky & Ruby

« Ouais, définitivement une couille. » Ruby roula des yeux devant la remarque de Whisky, feignant l’agacement face à son immaturité, sa sincérité. En vérité, elle appréciait ce côté de caractère insouciant, vrai. Elle savait qu’avec lui, elle n’avait pas besoin de tourner autour du pot ou d’être délicate, sensible. Il était capable d’en prendre, et elle aussi. Les gens se complaisaient trop dans leurs manières, leur politesse. La spontanéité se perdait, et c’était bien dommage. Parce que ça amenait un peu de piquant, un peu de joie, de rire. Ça amenait aussi des situations embarrassantes et des ennuis, mais c’était ça la vie. C’était les hauts et les bas, les rires et les pleurs. Sans ça, on attendait patiemment en file pour les montagnes russes sans jamais connaître cette poussée d’adrénaline, cette liberté. Whisky appuya sa main près du visage de Ruby, et même sans qu’il n’y ait aucun contact, elle sentit le rouge monter à ses joues, qui l’étaient sûrement déjà depuis longtemps. Elle avait l’habitude de la proximité, avec lui, mais là c’était autre chose. Parce qu’ils s’étaient embrassés. Parce qu’il venait de se mettre torse nu et qu’elle ne savait plus où regarder. Parce qu’elle sentait son regard sur son visage et que tout à coup, elle était intimidée. Intimidée, elle? Par son meilleur ami de toujours? Elle n’arrivait pas à s’y habituer et elle se demandait si elle y arriverait vraiment un jour. Elle se demandait si, là, maintenant, tout venait de changer et elle se demandait si c’était pour le meilleur ou pour le pire. « Oh, tu pourrais lancer une nouvelle mode… Les couilles fluorescentes. Ça a le mérite d’être intrigant. » Un sourire malicieux se glissa sur les lèvres de Ruby alors qu’elle échappa un petit rire. Elle n’était pas très drôle, mais elle n’avait pas envie de filtrer ses paroles et ses pensées. Elle voulait être libre de dire ce qui lui passait par la tête, sans aucune retenue. Parce que si physiquement, elle n’avait pas droit à la liberté qu’elle croyait mériter, elle n’allait pas se mettre des barrières psychologiques.

« Je te ferais le strip tease une autre fois, sinon je risque de jamais sortir de ce placard. » Ruby fit une moue, presque imperceptible. Parce qu’au fond d’elle, il y avait cette petite personne qui aurait bien voulu voir ça. C’était cette petite chaleur dans son bas ventre qui se manifestait, qui voulait s’afficher au grand jour et prendre le contrôle. Mais cette fois-ci, elle ne la laissa pas faire. Parce que c’était bien, de jouer et de s’amuser, mais il fallait savoir mettre les freins à un certain point. Ce n’était pas le genre de Ruby, de mettre les freins et la moue en témoignait. « Je suis déçue… » Son regard se voulait joueur, tout comme ses paroles murmurées. Elle l’était peut-être vraiment, mais ce n’était pas la fin du monde. Après tout, il y aurait d’autres occasions, non? Cette pensée l’effraya un petit moment, alors qu’elle prenait une fois de plus conscience de tout ce qui pouvait s’être produit cette soirée-là. Le changement, même pour les plus intrépides, ça amenait toujours sa part d’angoisse. Ruby suivit le regard de son ami alors qu’il tendait l’oreille, à l’affût des bruits extérieurs. Le garde semblait avoir continué son chemin, la voie était libre. « Je pense qu’il est parti. On y va? A moins que tu préfères profiter de mon corps? » S’en suivirent des mouvements étranges de la part de Whisky. Avec ses mouvements de bassins, elle ne put qu’éclater de rire. Heureusement pour eux, il n’y avait plus personne pour les surprendre, sa voix résonnait jusque dans le couloir.

« Mais comment résister? » Son regard fixé sur Whisky, l’air sérieux, aguicheur, elle s’approcha lentement de lui. Son visage se fraya un chemin jusqu’au sien, sa poitrine à quelques centimètres de son torse. Puis un sourire moqueur vint éclairer son visage, alors qu’elle poussait la porte pour sortir du placard étroit. Elle n’allait pas lui donner ce plaisir, pas une deuxième fois. Elle attrapa du même coup le chandail qui traînait au sol, l’agitant prestement au-dessus de sa tête. Il y avait longtemps que Whisky la dépassait et il n’aurait aucune difficulté à lui reprendre, mais elle jouait le jeu. Elle jouait toujours le jeu.