[Flashback] Is anybody here ? - Salem

Le temps ici est beaucoup plus frais que sur les terres que Nox a quitté. Et même si cela fait un peu plus d’un an qu’il arpente à nouveau cette région, il a toujours un peu de mal à s’habituer à la différence de température. Il lui semble tellement loin le temps où il pouvait faire cuire sa viande en la laissant une pierre exposée au soleil. Mais il n’en est pas mécontent. En un an, il en a fait des rencontres, il en a appris des choses. Et le chemin lui semble beaucoup plus agréable en traversant les clans. Même si parfois, il est accueilli par la méfiance et l’hostilité liée aux guerres des clans qui font rages çà et là. Cela fait plusieurs jours qu’il marche aux frontières des clans connus. Il s’aventure parfois sur les terres inconnues, peuplées de rumeurs et de légendes. On craint ces terres pour les gens qui les peuplent. Des sauvages dit-on, qui se nourrissent de viande humaine et qui s’abreuvent de sang. Nox a entendu les rumeurs, bien sûr, mais il est un peu curieux, il aime découvrir les choses par lui-même.    

Et puis, il n’est pas tout seul. Il y a toujours cette espèce de cabot qui l’accompagne, odieux croisement entre un chacal et un chien, quelque chose qui a raté une marche dans l’évolution à cause des radiations. Snack batifole et caracole, il explore les environs tout en ayant les oreilles tendues, aux aguets des bruits qui l’entourent. C’est comme ça qu’ils ont survécu toutes ces années en écoutant et en observant. Nox n’a rien d’un guerrier, mais aujourd’hui, il s’en sort plutôt bien en matière de survie. Souvent de façon peu orthodoxe, avec beaucoup de chance, mais son ingéniosité lui a souvent sauvée la mise. C’est comme ça qu’il se retrouve au bord d’une rivière à vider deux poissons qu’il vient de sortir de l’eau. Il compte bien les faire cuire à la broche, sur une branche au-dessus d’un feu.

Une fois les poissons vidés, il se relève et reprend la direction de l’est pour retourner sur des terres qu’il connaît un peu mieux. Mais alors qu’il avance, il surprend des bruits. Il fronce les sourcils et s’arrête, tout comme Snack puis, il s’avance un peu dans la direction des bruits, tenant les deux poissons enfiles sur un fil de fer d’une main et son marteau de l’autre. Ce n’est pas une arme conventionnelle mais il est quand même utile au final. Et assez dissuasif. Mais c’est un animal qu’il surprend, animal qui prend la fuite lorsqu’il aperçoit l’homme au marteau. Et alors qu’il se retourne pour reprendre son chemin d’origine, il lui semble apercevoir une silhouette. Un instant, il se demande s’il n’a pas rêvé. Il relève ses lunettes noires sur son front pour apprécier les environs à la lumière crue du jour et guette les environs : « Il y a quelqu’un ? ».

Alors qu’il s’apprête à faire demi-tour quelque chose bouge non loin. Et c’est une jeune fille qui se dévoile. Il s’attendait à autre chose, il faut bien le dire. Mais ce n’est pas plus mal. Il préfère la fillette qu’un colosse armé d’une hache ou un truc du genre. Et puis bon, il sait qu’une fille peut parfois être bien plus redoutable que plusieurs guerriers. Alors, il reste méfiant quand même. C’est dans sa nature de toute façon. Il l’écoute lorsqu’elle prend la parole. Visiblement, elle ne maîtrise pas bien la langue des guerriers. Pourtant elle en a quelques notions. Ce qui semble vouloir dire que les barbares, du moins les gens qui peuplent les terres de l’ouest ont appris cette langue eux aussi. Ils seraient donc plus évolués que ce que l’on dit sur eux ? Possible. De toute façon, les rumeurs sont souvent à moitié fausse. Cependant, elle-même confirme que ces terres sont dangereuses. Pourquoi et pour qui ? Pour lui sans doute. Mais aussi pour les faibles, pour ceux qui ne font pas ce qu’ils doivent faire. Toutes les parcelles de cette fichue Terre sont dangereuses. Entre les hommes et la nature… Nox se dit que finalement, il aurait peut-être mieux valu qu’ils ne meurent tous. Au moins, tout aurait été réglé. Car les hommes n’apprennent pas vraiment. Quoi qu’il arrive, ils continuent à se battre.

Puis, elle reprend la parole. Grand ? Qui lui ? Par rapport à elle, oui. Mais il n’est pas le plus grand. Bon, d’accord, il est quand même plutôt grand. Mais bon, pas immense non plus. Pourtant, cela semble l’intriguer. Elle n’a jamais vu de type grand ? Il ne sait pas trop. Et il n’est pas sûr de vouloir lui demander. Alors finalement il se décide à lui dire : « C’est ce qu’on dit oui… Que ces terres sont dangereuses… Tu peux me dire pourquoi ? ». Il la regarde simplement, sans sourire, mais sans être agressif. Il est même un peu curieux en fait. Curieux d’en apprendre plus sur les terres de l’ouest et sur les gens qui y vivent. Et sur elle aussi. Mais pour tout dire, il ne sait même pas si elle comprend ce qu’il lui dit. Peut-être qu’il pourrait lui parler en trigedasleng. Peut-être qu’elle comprendrait. Mais pour l’heure, il reprend la parole pour dire : « Je m’appelle Nox… Et toi ? ». Snack revient sur le chemin et percuter la jambe de son compagnon de voyage. Il s’arrête un instant pour secouer la tête. Nox en profite pour glisser son marteau dans la lanière de cuir qui lui permet de prendre à sa ceinture lorsqu’il marche et qu’il n’a pas besoin de le porter.

Fascinant ? Quoi donc ? Qui donc ? Nox ne sait pas trop. C’est lui qu’elle regarde mais il ne sait pas bien si c’est bien de lui dont elle parle. Il ne va pas lui demander pourquoi, à la rigueur, il s’en fiche un peu. Si elle le trouve fascinant elle pourra lui poser des questions. Il ne répondra peut-être pas mais elle peut toujours essayer. D’autant plus qu’elle a l’air vraiment curieuse, cela se lit dans ses yeux, dans sa façon de le regarder, de se tenir. Elle ne semble pas avoir vraiment peur, tout juste méfiante. C’est normal dans ces terres. Enfin dans celles-ci. Quoi que. Les leurs non plus ne sont pas forcément très sûre. Les guerres et les grounders nomades qui attaquent des villages… Bref, ce n’est pas forcément la joie, chez eux. Alors est-ce que c’est vraiment différent ? Les dangers ne sont pas les même mais ils sont quand même présents. Et on ne peut pas faire autrement.

Cependant la jeune fille devant lui, lui dit que les gens ici se dévorent entre eux. Il a un moment d’arrêt et la regarde. Ils mangent de la chair humaine ? Vraiment ? Un instant, Nox se demande quel goût ça a. C’est son côté curieux qui veut ça. Il ne peut pas faire autrement, il se pose des questions. Sur la vie, sur les choses, sur le monde. Bref, sur tout ce qu’il voit, entend et découvre dans la vie. Il plisse un peu les yeux puis acquiesce un peu. Il comprend cependant la menace, des gens qui se dévorent entre eux ça ne doit pas être très sain d’esprit. « Ce sont des coutumes pour le moins particulières… ». Mais du coup il est encore plus curieux. Il comprend d’où viennent les rumeurs sur ces terres et les gens qui les peuplent.

A son tour elle se présente. Elle s’appelle Salem. Il la regarde, attentivement, la détaille avec curiosité. Même s’il est plutôt taciturne, il y a quand même cette étincelle de curiosité et d’intérêt dans son regard. Et lorsqu’elle lui demande pour Snack qui vient d’arriver, il regarde l’animal et répond : « Snack ». A son prénom, il relève la tête, en la penchant un peu attendant un ordre ou une demande qui ne vient pas. Alors il regarde Salem à nouveau, comme son maître. A sa question, il acquiesce un peu puis se tourne vers l’est, dans la direction d’où il vient et lui dit : « Demodrakhos… La terre des lézards… ». Il la regarde à nouveau et demande : « Pourquoi mangent-ils des hommes ? ».

Leurs coutume. Nox sait ce que c’est. Enfin… Les différents clans ont différentes coutumes. Certaines sont plus dures que d’autres et Nox sait qu’on ne peut pas vraiment aller contre. La plupart des coutumes ont des ancrages profonds, des histoires très longues et les changer est presque impossible. Certaines personnes arrivent à le faire. Grâce à leur charisme, à leur grandeur. Mais Nox se doute que dans de telles terres, les coutumes ne sont pas là d’être changé, les gens ne doivent même pas vouloir les changer. Il remarque quand même qu’elle ne dit pas « nos » coutumes. Mais leurs. Ce qui veut dire qu’elle ne les partage pas. Par dégout ou juste par croyance ? C’est difficile à dire. Il aimerait bien en savoir plus sur elle. Puis, elle parle du clan de Nox, de sa terre. La terre qui fait peur aux hommes d’ici. Il sourit un peu fièrement le forgeron. Parce qu’il aime bien son clan, parce qu’il sait que ce sont des terres dangereuses emplies de fauves et de marécages. Puis, elle ajoute quelque chose qui l’intrigue. Alors il la regarde et dit : « Aussi magnifique que redoutable… Pourquoi serait-elle si inaccessible ? ». Il est curieux de le savoir. Après tout, il n’y a qu’une frontière à traverser, il l’a bien fait, lui, non ?

En plus, elle est jeune, elle pourrait tout à fait s’adapter sur leurs terres, trouver sa place parmi eux. Qu’elle s’installe chez les Demodrakhos ou dans un autre clan d’ailleurs. Elle pourrait tout à fait s’établir et s’intégrer parmi les siens. Il y aurait bien quelques méfiances bien sûr, mais avec le temps, elle finirait par gagner leur confiance. Si cela lui fait tant envie, Nox l’y aidera. Puis, elle reprend la parole pour lui expliquer et répondre à sa question. Il penche un peu la tête et esquisse une très légère grimace. Mais ce n’est pas si loin des pratiques Azgedas. Les Azgedas pensent qu’en tuant leur ennemi, ils absorberont leurs forces. Ils n’en sont pas à manger leurs proies et leurs victimes, mais il comprend. Alors il dit : « Ce sont des croyances sans fondement, j’en ai bien peur… L’un des clans des terres du nord pensent aussi que tuer quelqu’un leur permettra de prendre sa force… Ce n’est pas si lointain… ». Il aimerait tant lui poser d’autres questions, en apprendre plus sur elle, sur ce qu’ils font. Mais il s’intéresse à elle aussi et elle n’a pas leur de partager leur point de vue. Il se demande pourquoi. « Non, je n’en suis pas un. Je suis forgeron… ». Il tapote son marteau puis la regarde : « Tu ne penses pas comme eux ? Pourquoi ? ».

Elle continue sur les terres de son clan. Elle dit que qu’ils en ont peur parce qu’elles sont redoutables. Il la regarde et acquiesce un peu. Bien sûr, elles le sont. Elles sont terriblement dangereuses. Et elle complète en disant qu’ils n’aiment pas quand les choses sont compliquées. Ce qui peut être compréhensibles. Ils n’aiment pas risquer leur vie, ils n’aiment pas les choses compliquées. Il se demande bien quel genre d’hommes ils sont. De vrais guerriers ne rechignent jamais devant le danger, ils ne rechignent pas devant une opération complexe. Alors quoi ? Qu’est-ce qu’ils cherchent exactement ? Qu’est-ce qu’ils veulent ? Difficile à dire. Il lui répond : « C’est vrai qu’elles le sont… Mais quand on les connait bien, on sait ce qu’on doit faire pour survivre… ». Il lui montrer une cicatrice. C’est un coup de dents, une morsure d’un alligator encore jeune heureusement. Il lui dit : « Et crois-moi, on apprend vite… Ces foutus alligators sont sacrément rapides… ». Il esquisse un sourire en coin, amusé. Il en a vu des choses. Il en apprit aussi. Mais il sait qu’il ne sera jamais parfait, qu’il ne sera jamais capable de tout savoir. Et des cicatrices, il sait qu’il en gagnera d’autres.

Elle lui répond que les croyances des autres ont pour fondements ce qu’ils y mettent derrière, ce qu’ils croient. Oui, elle n’a pas tout à fait tort. Mais Nox a du mal à croire qu’on puisse vraiment tirer l’énergie des autres en les tuant. Sinon quoi, certains seraient en vie depuis bien plus longtemps qu’ils ne le sont. Nox ne sait pas trop comment fonctionnent ces croyances. Mais il acquiesce et lui répond : « Ce sont de sages paroles… Et cela nous apprend à mieux les connaître pour mieux s’en méfier… ». Il la regarde. Elle l’a aussi interrogée sur les terres du Nord. Elle a l’air curieuse, et elle connaît déjà la terre de dragon. Alors quoi ? Et puis de toute façon, il ne parle pas de son clan alors ça lui importe peu finalement. Donc il lui explique : « Au nord de la terre des dragons. Bien plus au nord, il y a deux clans : Azgedakru et Skjeran. Les terres du nord sont glacées, sauvages et les gens qui y vivent sont des guerriers, ils sont forts, violents. ». Ils n’aiment pas vraiment les guerriers du clan du nord. Les autres sont plus sympathiques. Enfin… Les temps sont troublés. Et ces deux clans sont belliqueux alors tous leurs habitants sans méfiants. Même les simples artisans. Cependant, Nox a eu l’occasion d’apprendre beaucoup en les visitant.

La conversation continue, intéressante. Nox est toujours aussi curieux de cette adolescente qui se trouve devant lui. Il se pose tout un tas de question sur elle, sur ce qu’elle fait ici, sur son mode de vie et son intégration au sein d’un peuple dont elle ne partage pas les croyances. Lorsqu’elle lui parle de son boulot, il la regarde et lui dit : « Pas seulement des armes mais aussi de nombreuses pièces pour vivre : des outils pour les artisans, des outils pour les cuisinières, des structures pour bâtir… ». Il n’aime pas que l’on pense qu’il ne forge que des armes. Parce qu’il n’aime pas la guerre. Mais chez lui, les armes sont aussi utiles pour survivre, il faut être équipé pour repousser les lézards et les autres créatures qui peuplent les marécages. Mais aussi les autres clans bien sûr. Il protège les siens. Puis finalement, sa réponse sur le fait qu’elle ne partage pas leur avis sur certaines questions arrive. Il l’écoute et est encore plus curieux du coup. « D’autres instances décisionnaires ? Comme un conseil ? Ou autre chose ? ». Oui, il est assez curieux le forgeron. Un peu trop peut-être mais jusqu’à présent cela ne lui a pas vraiment desservi.

Alors qu’ils continuent à parler, l’enfant demande à Nox si ce sont les dieux de son clan. Il esquisse un léger sourire. Pour certains oui. Pour d’autres non. Les croyances sont multiples chez eux. Sur leur terre mais aussi au sein des autres clans. Il est difficile de trouver des croyances communes. Le jeune homme regarde la brune qui lui fait face. Vivre sur les terres de l’ouest doit être difficile, pourtant elle semble en bonne santé, fière et forte. Et un instant, il se dit qu’elle ira probablement loin dans la vie, si elle conserve cette force. Alors il répond pour répondre à sa curiosité pour nourrir son intelligence et son ouverture d’esprit : « Il y pas mal de croyances chez nous. Mais mon peuple est très proche de la nature. Il la respecte et la craint beaucoup. Alors je crois que l’on peut dire ça, oui. ». Il imagine que oui, cela peut être considéré comme des dieux mais pas totalement. Enfin, pour lui ça n’en est pas vraiment. Il ne s’est jamais vraiment posé la question mais c’est vrai qu’il a assisté aux sacrifices et aux rituels pour que les pêches soient bonnes et que les pêcheurs reviennent sains et saufs. Cela démontre une certaine superstition et croyance en un esprit supérieur qui accepterait ces sacrifices.

Elle l’écoute lui dire qu’il ne créé pas que des armes puis elle lui pose une question. Il esquisse un léger sourire amusé à nouveau avant de répondre : « Pour apprendre, pour visiter aussi. Je reviens des terres désertiques j’y suis allé pour apprendre également. Et il m’a suivi… ». Il indique Snack d’un signe de tête. Oui, il l’a suivi. Parce que dans le fond, il n’a pas vraiment eu le choix le forgeron. S’il a dompté et dressé l’animal il pensait vraiment lui rendre sa liberté avant de quitter les terres désertiques. Mais à l’évidence, il n’a pas réussi. Il regarde l’animal un instant puis regarde à nouveau Salem et l’écoute. Une fois qu’elle a fini de parler, il tend la main pour essuyer le sang de sa lèvre qu’elle vient de mordre pour essuyer le sang puis il fait craquer ses doigts en regardant le ciel un instant et demande : « Ils te parlent ? Qu’est-ce qu’ils te disent ? ». Il fait une pause un instant puis réfléchit à ce qu’il doit répondre sur la question concernant les dieux. Est-ce qu’il a des dieux ? Est-ce qu’il a des croyances ? La réincarnation ? Il ne sait pas trop. Alors il dit : « Je ne crois pas en avoir. Je respecte la Terre car elle me fournit de quoi me nourrir. Mais je ne crois qu’en moi pour survivre et tracer mon chemin. ». Il la regarde simplement. Ses paroles ne sont pas méprisantes par rapport à elle. Ce n’est pas parce qu’il ne croit en rien qu’il estime ceux qui eux croient idiots. Non, Nox est ouvert d’esprit.

Cette rencontre est intéressante. Nox ne pourrait dire le contre, c'est une chose certaine. Il apprécie ces terres, il apprécie cette jeune femme qui lui fait face. Elle est différente, c'est clair. Il le sent quand il la regarde. Ses postures, sa façon de parler et son regard. Il y a une folie étrange dans son regard. Elle est jeune mais déjà des idées étranges, des idées différentes guident ses pas. Et ce n'est pas une mauvaise chose, non. Tant qu'elle est capable de voir et de réfléchir. D'entendre et de comprendre. Peut-être alors deviendra-t-elle quelqu'un. Le bien ou le mal, Nox n'y croit pas. Il croit plutôt à la capacité de réfléchir, à la capacité d'être flexible, d'être ouvert d'esprit ou d'apprendre du passé. Il croit aux erreurs et aux réussites. Et il croit à la raison et à la folie. Mais il ne pense pas que les choses soient figées non, les choses changent, elles évoluent. Lorsqu'elle répond au fait qu'il revient des terres désertiques il acquiesce un peu et il dit : « En effet... Bon, au début il n'a pas trop eu le choix. Mais finalement, ça n'a plus trop l'air de lui déplaire... ». Il pose son regard sur l'animal qui traîne autour, en reniflant, en explorant. Mais il ne s'éloigne pas de son compagnon, comme s'il sentait le danger rôder autour d'eux. Et Nox n'en doute pas, le danger rôde autour d'eux.

Puis, il écoute à nouveau. Lorsqu'elle lui dit que les dieux lui parlent, qu'ils lui disent quoi faire, qu'ils lui disent ce qu'ils attendent d'elle et qu'en retour il lui donnent ce dont elle a besoin, ce qu'elle attend. C'est curieux. C'est étrange. Nox se demande toujours un peu comment ça fonctionne, si elle entend des mots, des phrases ou si ce sont des impressions, des visions, des sensations. Il acquiesce un peu et demande : « Selon un principe d'échange équivalent ? Comme du troc ? ». Oui, il est curieux. Et il ne juge pas, bien au contraire. En fait, il se demande comment doit se sentir la jeune femme face à ces dieux qui lui parlent. Perdue ? Effrayée ? Protégée ? Il ne le sait pas. Il frémit un peu et lorsqu'elle reprend la parole, il écoute à nouveau. Il esquisse un léger sourire. Être son propre dieu, ça lui plaît un peu. Mais à bien y réfléchir, il y a peut-être un dieu qui lui parle comme ses dieux lui parlent à elle. Maintenant qu'il y pense. Il esquisse un léger sourire à nouveau et dit : « Peut-être bien oui... Mais il y a peut-être une chose qui me parle. Le feu de ma forge. Le feu d'un foyer qui fait fondre le métal et me permet de lui donner une nouvelle forme... ». Après tout, c'est pour ça qu'il est allé dans les terres désertiques. C'est pour ça qu'il a fait le tour d'une partie des clans, c'est pour ça qu'il finira le tour des clans. Pour découvrir le feu qui brûle dans les foyers, qui chauffe les pierres de chaque sol. Qui peut être aussi destructeur que créateur. Qui le fascine encore et qui le fascinera toujours. Puis, il acquiesce et dit : « Peut-être un jour oui. Mais qu'importe ? Le plus important est ce que toi tu veux faire de ta raison, de ta vie et du chemin que tu prends... ».

Il ne s'attendait pas à faire une telle rencontre le forgeron. Une rencontre aussi étrange que passionnante. Mais maintenant qu'il est là, il est vraiment content d'être là, d'avoir risqué ses pas sur ces terres hostiles et inhospitalières. Il va apprendre des tas de choses découvrir de nouvelles cultures en quelques sortes. Le forgeron détaille le petit bout de femme qui se tient devant lui, qui semble animée par des croyances bien ancrées, qui semble animée de passions dévorantes. Le feu qui semble brûler dans son regard, qu'il décèle dans son discours, qu'il pourrait presque lire dans son âme, le forgeron le connaît bien. C'est probablement le même feu qui l'anime, qui l'a poussé a quitter sa ville, son clan et sa famille pour aller dans des terres arides et désertiques. Il sourit un peu lorsqu'elle répond sur Snack il acquiesce un peu et dit : « Certainement oui... Il doit aimer mon remarquable sens de l'humour... ». Et il sourit en coin pour appuyer ses paroles. Mais il est vrai que Nox n'a pas un humour débordante. Il n'a pas non plus le sourire facile, même si en l’occurrence la jeune fille le fascine assez pour qu'il se déride un peu.

Puis, elle acquiesce un peu lorsqu'il demande si c'est une forme de troc. Une façon de voir les choses ? Est-ce un oui ? Un non ? Un pas tout à fait ? Il ne sait pas vraiment ce qu'il doit conclure des paroles de la femme. Mais il écoute, quand même. Il a une réponse un peu plus précise d'une certaine façon. Peut-être que les dieux demandent et que parfois ils donnent. Pas forcément ce dont elle a besoin, pas forcément au moment où elle en aurait besoin. Peut-être n'existe-t-il même pas de dieux et que les voix sont dans sa tête. Comme un esprit malade, insufflé d'une folie malsaine et cruelle. Elle n'a pas l'air comme ça. Puis il demande : « Tes dieux, ils ont des noms ? ». Oui, il est curieux le chauve. Pourquoi ne le pourrait-il pas ? Il se renseigne. Peut-être en a-t-il déjà entendu parlé ? Il la regarde toujours, surveillant de temps en temps l'animal qui va et vient autour d'eux sans vraiment s'éloigner.

Elle reprend la parole pour continuer sur l'idée qu'il a initier en parlant de ce qui le guide. Il l'écoute et ne peut que partager son avis. Oui, il est destructeur et créateur. Il la regarde et dit : « Destructeur, créateur, salvateur... Et prévisible aussi... ». Trop de gens pensent qu'on ne peut pas prévoir ce qu'il va faire. Nox a longtemps observé. Il a passé de longues journées plongé dans la contemplation de divers foyers. De feux ravageurs, de feux créateurs. Et il a vite compris qu'il n'est pas guidé par une force invisible et intangible. Enfin. Invisible oui, mais intangible non. Car le vent, l'air qui bouge autour d'eux, qui caresse leur peau, oriente le feu, le pousse, l'éteint ou l'attise. Nox apprécie cette force. Il apprécie sa façon de faire. Puis, il l'écoute lui dire que pour le moment son chemin est ici. Alors il regarde les environs, il se demande ce qui peut bien se cacher dans ces bois. Quels mystères, quels trésors, quelles horreurs. Il la regarde toujours puis il dit : « Je ne peux que comprendre. Il doit y avoir des tas de choses à apprendre. Elles te grandiront, te rendront plus fortes. Et un jour qui sait, nous nous reverrons et je pourrais alors te faire découvrir les terres de mon clan et toutes les merveilles qu'elles abritent... ». Il la regarde simplement. Il ne peut que comprendre que son chemin soit ici, que sa vie soit ici. Qu'elle suive le chemin que tracent les dieux pour elle. Les dieux ou son instinct. Qui sait ? Nox ne pourrait jurer de tout cela. Mais en tout cas, il est fasciné.