Family ▬ Abby

Les affaires du trigedakru avaient été remballée bien avant le lever du soleil et Clarke avait aidé à sa manière, en envoyant Teksas prêter main forte à ses confrères. Pendant ce temps, elle s’était assurée que Raven était bien réveillée, et que les autres skaikru qui avaient acceptés de les accompagner étaient prêts et surtout avaient de quoi survivre à ces jours de voyage. Ils étaient plus nombreux que ce à quoi elle s’attendait et Clarke avait été agréablement surprise de l’engouement que le siens avaient pour aider la coalition. Finalement, l’Alliance avait bien pris dans les mentalités et la cohabitation entre les deux peuples ne serait pas impossible… restait à voir ce qu’il en serait après cinq jours de chevauchée. Soit, cela rassurait grandement Clarke sur l’avenir de la bataille qui l’attendait. Même si elle regrettait de voir d’autres Cent les accompagner. Elle était partagée sur leur présence, elle aimait les avoir avec elle, car elle savait ce qu’ils valaient, connaissait leur mérite pour les avoir braver avec eux. Et d’un autre côté, il y avait ce besoin incessant de les protéger, alors qu’elle savait que c’était impossible de le faire sur un champ de bataille.

Alors, elle était là, occupée à surveiller l’attroupement de skaikru prêts à partir. Ils partiraient sous peu, car ils avaient une longue route qui les attendait. D’abord, ils se rendraient jusque Polis pour rejoindre le gros des forces armées. Ensuite, ils partiraient en un seul convoi jusque Kalawen et puis, il ne serait qu’une question de jours avant que la rencontre avec les barbares n’aient lieu. Pour le moment, Clarke était relativement apaisée et elle n’attendait plus que l’ordre de départ ne soit donné. Elle voyagerait avec les skaikrus pour le moment, jusqu’à ce que, inévitablement, elle ne rejoigne Lexa – elle le savait, malgré leur dispute de la vieille, Clarke ne se mentirait pas à ce sujet. Au loin, elle reconnut la figure de sa mère qui la sortit de ses pensées. Il y eut une sorte de sourire sur les lèvres de la blonde, qui se rapprocha de Abby. « Tu es venue nous saluer pour le départ ? » C’était presque une coutume maintenant, que sa mère soit le dernier visage qu’elle ne voit avant qu’elle ne quitte Camp Jaha. Et elle ne pouvait pas dire que ça la dérangeait.

Clarke aurait pu ne pas voir sa mère, son expression, qu’elle aurait su comment elle était, ce qu’elle ressentait. C’était visible, cette tension, cette protection qu’Abby n’avait plus aucune légitimité d’appliqué sur sa fille – d’après la fille en question. C’était une divergence d’opinion qui avait été vocalisée, encore et encore, et la blonde n’était pas d’humeur à avoir à nouveau cette conversation avec sa mère. Pas quand le départ pour la guerre était si proche. Ce serait un cadeau de départ, en quelque sorte… dépendant de si sa mère lui rendrait la tâche aisée ou non. Elle plissa ses lèvres en une petite moue quand sa mère l’embrassa sur la joue et par une habitude ancienne, elle serra un peu la main d’Abby, avant de la libérer. « Bien sûr que je viens te dire au revoir. » Elle eut un petit mouvement de tête, ne quittant pas sa mère des yeux. « On a beau avoir eu des mots tu es ma fille et tu es la personne qui compte le plus pour moi. » Cette fois-ci, le geste fut un peu plus automatique, se retenant de ne pas se braquer à cette preuve d’affection. Il y avait toujours ce sentiment un peu nerveux, quand elle était avec Abby, Clarke. Ce souvenir de voir son père être envoyé dans l’espace, cette idée que, même en étant la personne la plus importante aux yeux de la chancelière, cela ne changerait rien à son sort s’il était décidé.

« Promets-moi juste de me revenir très vite d'accord ? » C’en fut trop et Clarke afficha un sourire gêné, alors qu’elle sondait le regard brun de sa mère. Ce fut évident, ce qu’elle allait dire, car elle ne pouvait dire que ça, à Abby. Elle n’allait pas mentir pour rassurer sa mère, ou rendre le départ plus facile. « Je ne vais pas te promettre ça maman. » Elle inspira, serra sa main gauche, sentant la dureté dans son épaule. « Je ne sais pas combien de temps ça va prendre. » Le peu d’ennui qu’elle ressentait disparut assez vite, alors qu’il n’y avait que cette dureté, cette détermination qui n’était jamais bien loin, avec elle. « Mais quand la bataille sera terminée, ce n’est pas à Camp Jaha que je reviendrai. » Ce n’était pas sa maison, elle ne la considérait plus depuis que son père était mort et qu’elle avait subi presque une année entière d’isolement. Tout au mieux, Clarke était une nomade qui avait trouvé une raison de s’arrêter à Polis. Et contrairement à ce que beaucoup pourraient penser, ce n’était pas pour une personne en particulier. Si elle avait accepté le poste de conseiller, c’était pour s’assurer du bienêtre des siens. Et c’était là que la limite commençait à devenir floue.

Clarke avait parfois du mal à se rappeler de ce temps béni de l’adolescence où elle apprenait sous la direction de sa mère. Quand tout ce qui les éloignait était l’adolescence qui grandissait dans les veines de la blonde et que parfois, elle tenait tête à Abby, juste pour le principe. Tout lui semblait si lointain aujourd’hui. Si la possibilité se présentait à ses pieds, elle choisirait toujours le chemin qui l’éloignait de sa mère. C’était devenu instinctif depuis la mort de son père et même si elle avait pardonné, elle ne pouvait oublier. Car, parfois, la nuit, dans les plus réels de ses cauchemars, elle revoyait le visage de Jake se tordre alors qu’il se faisait engloutir par l’espace. Et elle se réveillait effrayée, en constatant que la douleur n’était plus aussi vive que par le passé. Finalement, tout s’atténuait. Alors oui, sa distance avec Abby finirait pas disparaitre. Mais elle avait besoin de temps, de beaucoup de temps. Car ce n’était pas le seul acte pour lequel elle tenait sa mère responsable et que Clarke, en bonne Griffin, arrivait à être rancunière sans mal. « J'ai l'impression de ne plus avoir de place dans ta vie. » Elle se retint de pousser un soupir, la jeune adulte. A la place, son visage se ferma un peu plus et elle sentit la méfiance faire son nid dans son estomac.

« Tu es devenue si dure... je reste ta mère ! Et ton mépris me blesse. » C’était sincère, Clarke le savait car de tous, sa mère était probablement l’une des personnes les plus droite qu’il y avait dans son entourage. Et c’était surement l’une des plus grandes différences qu’il y avait aussi entre elles. Parce que Clarke n’avait rien d’une personne qui combattait à l’amiable et qui refusait de plier l’échine. Elle tirait avantage des faiblesses, aurait massacré des centaines d’individus, pour sauver les siens, sans prendre en compte les solutions alternatives, car elle ne croyait plus en celles-ci. Peut-être était-ce là, la majeure dissonance entre elles. Abby avait encore de l’espoir. Clarke elle, n’avait plus que la dure réalité gravée dans les veines, inculquée par cette vie sur Terre. « Je suis désolée maman, je ne veux pas te blesser. » Et ce fut sincère, dans sa voix, dans ses yeux. Elle se redressa, avant de continuer. « Tu as encore de la place dans ma vie, mais tu n’as plus ton mot à dire sur comment je la vis. » C’était déterminé et elle retombait avait aisance de cette détermination qui lui était caractéristique. « Tu dis ça comme si le fait de partir à Polis était un grief dirigé personnellement vers toi, alors que mon choix n’a rien à voir avec toi. » C’était ça aussi, que Abby ne semblait pas comprendre. Le monde de Clarke s’étendait en dehors de sa famille. Il y avait des responsabilités, des dangers et des anticipations qu’elle percevait, et parfois, elle avait l’impression qu’elle était la seule à les voir. Ah, quelle route solitaire.

Il y aurait toujours des dissidences entre Clarke et sa mère. Elle ne pouvait pas dire à partir de quand leur relation avait pris ce tournant, de la fille se démarquant sans cesse de l’opinion de sa mère pendant que cette dernière tentait de la raisonnée. Mais c’était là, et si elle aimait profondément Abby, Clarke ne pouvait pas faire ce que la Chancelière lui demandait. C’était plus fort qu’elle. Un jour, éventuellement, Abby comprendrait. Eventuellement. « Tu ressembles tellement à ton père. Lui aussi faisait toujours passer ses devoirs avant tout. » C’était un sujet sensible, Jake. Il le resterait, toujours. Et la surprise se lut dans le regarde de la blonde, tandis qu’elle recevait la comparaison. Elle baissa un peu le regard, comme prise sur le fait. Elle plissa les lèvres dans cette petite moue caractéristique de sa gêne, pas nécessairement de son désaccord. Pas là, pas durant ces quelques secondes où elle sentit presque le rouge lui monter aux joues. Clarke fut alors heureuse de l’obscurité ambiante de ce soleil qui tardait de se pointe à l’horizon, dissimulait ses traits.

Son silence fut certainement un indicateur, pour sa mère, de ce qu’elle ressentait à ces propos. Mais ça ne s’arrêta pas là. « Je sais que tes choix sont guidés par ton sens du devoir. Je veux juste que tu restes sur tes gardes. Tout comme ton père tu as tendance à trop vite accorder ta confiance. » Elle se mordit la lèvre inférieure, Clarke, comprenant où voulait en venir Abby. Se servir de la mémoire de Jake pour lui aire entendre raison… La fille du Ciel secoua la tête. « Il n’a pas eu à allier deux peuples, maman. Il pouvait se permettre de faire confiance. » Clarke, elle, ne le faisait pas envers n’importe qui. Dante avait été remis à la tête de la Montagne mais elle se méfiait encore de l’homme. Pour Lexa, c’était différent. Sa mère ne comprendrait jamais les raisons qui faisaient en sorte que Clarke accordait toute sa confiance à Lexa, car elle n’était pas à sa place et sa vie n’avait pas été sauvée par Lexa. « Tout comme toi qui privilégieras les tiens, elle privilégiera les siens ! Ne perds jamais cela de vue. » Elle poussa un long soupir, levant, une fois encore, les yeux au ciel. « Maman… » Ce fut un peu ennuyé. Elle avait déjà eu droit à un discours similaire la veille, et elle y aurait droit, maintes et maintes fois. Si ce n’était pas de la bouche d’Abby, ça le serait d’autres skaikru. C’était ainsi, son peuple qui signifiait tant pour elle ne verrait jamais d’un bon œil sa relation avec le commandant. Il y avait tant en jeu, Clarke ne le perdait pas de vue. Mais elle n’oubliait pas, non plus, que sa relation avec Lexa n’interférerait jamais dans les relations diplomatiques entre les deux peuples.

Teksas s’approcha, les brides d’Archéon dans ses mains et elle sourit un peu en voyant sa monture, déjà parée pour le départ. Ils ne quitteraient pas tout de suite le Camp Jaha, peut-être avaient-elles encore une dizaines de minutes où elles échangeraient sur cette vision du monde. Clarke n’avait aucune ambition de rassurer sa mère, seulement de tenter de la défaire de la vision erronée qu’elle avait du monde. « Ca me semble juste. Je ne peux pas lui demander de faire quelque chose que je ne ferais pas moi-même. Aucune de nous deux n’abandonnera son peuple respectif. » Il y eut une brève pause, durant laquelle Clarke observa l’agitation aux alentours. Puis, elle sourit avec la simplicité du monde. « Je n’aurais qu’à faire en sorte qu’une situation qui requiert ce choix n’arrive jamais. » C’était utopiste, certainement. Surtout dans un monde qui n’arrêtait pas de leur réserver des surprises. Mais ce que Clarke avait appris, c’était qu’importe que ce monde soit impitoyable avec ses habitants, rien n’était impossible.