I will always be by your side.

Teksas était assis sur une pierre plate et grise, que les rayons du soleil matinal venaient réchauffer d'une douce chaleur. 
Au dessus de lui, le ciel rose commençait à virer au bleu au fur et à mesure que le temps s'écoulait, -conférant à ses boucles brunes d'étonnants reflets irisés- tandis que, sous ses pieds, l'herbe humide de rosée mouillait le cuir de ses bottes solides.
D'un geste expert, le jeune garde faisait crisser la lame de son épée, espérant ainsi l'aiguiser de telle sorte à ce qu'elle puisse être suffisamment tranchante pour trancher un cheveu en deux dans le sens de la longueur. 
C'était cette application qu'il mettait à bien achever ses tâches et l'importance qu'il accordait à la précision du toucher de chacun de ses coups qui faisait d'ailleurs de lui un guerrier si expérimenté, en dépit de son jeune âge. 
Et puis, surtout, Teksas ressentait l'envie de se couper du monde, en ce début de mâtinée ; l'effervescence qui bouillait partout dans le Camp lui donnant l'impression de s'avérer inutile. Hors, s'il y avait bien une chose que le Grounder tenait en horreur, c'était précisément le fait de ne servir à rien. Ce pourquoi il mettait tellement d'ardeur à l'entretien de son arme, certain qu'au moins, il ferait ainsi quelque chose qui pourrait toujours servir plus tard, sans pour autant gêner qui que ce soit. 
Bien qu'en cet instant précis, il aurait aimé que Clarke surgisse de quelque part -elle semblait d'ailleurs s'être mystérieusement évaporée dans l'un des recoins du Camp depuis la veille au soir- et lui confère ainsi une tâche à réaliser, quelle qu'elle soit. 
Tout plutôt que de le laisser là, seul, à attendre indéfiniment que quelque chose ne se passe et ne lui donne un rôle à jouer dans cette journée qui, visiblement, se passerait de ses services. 
Cette inertie pesait à Teksas qui, bien que patient, n'en restait pas moins un homme d'action. Toutefois, le jeune homme ne voulait pas se risquer à se lancer à la poursuite de Clarke -en partie parce qu'il était en terrain connu, et qu'elle se débrouillerait sûrement bien mieux sans lui ici- mais surtout parce qu'il savait que, si la fille du ciel avait besoin de lui, elle viendrait directement le chercher. 
D'autant que Clarke était sûrement fatiguée, après le long voyage qu'ils avaient tous deux effectués afin de se rendre ici, en plus de la nuit -sûrement mouvementée- qu'elle avait discrètement passé en compagnie de Lexa. Mais, discrétion ou pas, Teksas restait un garde, et un bon garde se devait de garder un œil partout...
D'un mouvement vif et expert, le Grounder abaissa la lame de son épée jusqu'à la faire toucher le sol, coupant de le sorte un brin d'herbe en plein milieu. 
Satisfait de son adresse, il redressa la tête tout en rengainant son arme dans son fourreau, avant d'apercevoir une silhouette féline et souple se diriger vers lui. 
Un court instant, il plissa ses yeux d’aiguës-marine aveuglé par les rayons que dardaient le soleil, avant de reconnaître Lexa, comme si le fruit de ses pensées se matérialisait soudainement face à lui.
Prestement, le jeune homme se releva, aussi souplement que l'aurait fait un félin, et, voyant que c'était bien dans sa direction que se dirigeait la Commandante des douze Clans, il inclina la tête vers elle, d'un geste plein d'une respect et d'une déférence qu'il ne réservait qu'à elle. 
- Bonjour, Heda.
Il releva le menton et se risqua à plonger son regard interrogateur dans celui, d'un gris-vert impénétrable, de sa reine. 
- As-tu besoin de mes services ? Ou y a-t-il un quelconque problème que je puisse t'aider à régler ?

1er Decembre  Sortir de la chambre avait été plus difficile que prévu, mais Lexa était sure que personne n’avait été le témoin de ses excursions nocturnes (elle découvrirait plus tard qu’elle s’était trompée, mais ceci était une autre histoire )  et finalement elle s’était quelque peu assoupie entourée de sa peau d’ours, tandis que Clarke allait probablement faire preuve de présence autour de sa chancelière de mère.  Puis elle avait croisée Zoey,  - ou plutôt Zoey était venue la trouver – et elle avait vaqué à diverses occupations.  Mais le temps lui semblait long. Attendre une réponse au sujet de l’aide que les Skaikru pourraient apporter à la bataille contre les barbares, était long également, et Lexa avait l’impression de tourner en rond. C’était peut être le cas en toute vérité, et après avoir laissé repartir l’enfant, Lexa n’avait pas tardé  à apercevoir l’un de ses gardes – il n’était plus vraiment le sien, mais il restait tout de même l’un des siens n’est ce pas ? -  et c’était vers le garde aux cheveux bouclés, qu’elle se rapprochait maintenant.

Teksas semblait concentré sur son ouvrage – à savoir aiguiser son épée – et Lexa ne put empecher un très léger sourire de se glisser sur ses lèvres, tandis qu’il avait l’air d’essayer de couper un brin d’herbe avec beaucoup de concentration.  Il se releva alors qu’elle se rapprocha et inclina la tête devant elle, la saluant et joignant une question à la salutation. «  Sha. Bonjour Teksas »   Elle pencha la tête sur le coté Lexa, quelques instants, et puis elle plongea dans son regard avant de reprendre la parole. «  Tu n’es pas avec Clarke ? »  C’était une question un rien joueuse – comme si elle se sentait plus détendue maintenant que la montagne était tombée -  et purement réthorique, car elle voyait bien qu’il n’était pas aux cotés de sa charge, non, il était ici, et Clarke était probablement dans les tréfonds de Camps Jaha – quel sordide nom -  puis elle reprit son air sérieux usuel.  Loin d’elle l’idée de l’inquieter ou de donner l’impression qu’elle le sermonnait pour son absence aux cotés de Clarke non.

«  Ne t’inquiètes pas, je ne faisais que passer. Puis-je profiter de ta compagnie quelques instants ? »  

Et peut être qu’ils avaient beaucoup de choses à se dire. Ils n’avaient pas vraiment parlés depuis qu’elle l’avait puni pour avoir puni Clarke. Et peut être qu’elle s’en voulait un peu d’avoir été si dure. Mais elle ne pouvait s’en vouloir d’avoir appliqué les règles. Perdre Clarke, avait néanmoins été la seule erreur que Teksas n’ait jamais fait, et il s’était bien rattrapé.  C’était indubitable.  En tout cas elle serait ravie de passer quelques instants avec lui. Pour avoir son point de vue sur Camps Jaha, sur le plan à venir dans l’assaut contre les Barbares, et sur ces choses la.

Le soleil qui brillait dans le ciel irisée semblait auréoler Lexa d'un halo d'or qui renforçait le sentiment de prestance qui émanait d'elle, lui conférant un aspect presque irréel en cette douce matinée.
- Tu n'es pas avec Clarke ?
La Commandante avait légèrement penché la tête en posant cette question, donnant ainsi un autre angle aux rayons qui baignaient sa chevelure à peine quelques instants auparavant et brisant ainsi quelque peu le "charme mystique" de la scène. Le ton de ses mots semblaient d'ailleurs avoir changé en même temps que son mouvement, devenant soudainement presque taquin.
Toutefois, Lexa restait tout de même Heda et, quelque soit l'intonation avec laquelle elle prononçait ses questions, mieux valait -pour un garde tel que Teksas- y apporter une réponse...
Surtout lorsque le sujet de cette question était Clarke.
Car, oui, le garde ne se souvenait que trop bien de quelle avait été la réaction de sa Commandante lors du dernier échange qu'ils avaient eu à propos de la jeune blonde... Et cet échange s'était terminé par la cicatrice qui ornerait désormais sa peau jusqu'à la fin de ses jours, comme un rappel constant et cuisant -c'était le cas de le dire- de son échec passé.
- Non... Je suppose qu'elle préfère arpenter les lieux sans moi. Après tout, je ne suis pas vraiment indispensable lorsqu'elle est ici, et je suppose qu'elle apprécie le peu de solitude qui lui est accordé.
C'était une réponse sincère, mais aussi teintée de malice que ne l'était la question de Lexa. De toute façon, le jeune homme aurait difficilement pu présenter la situation sous un meilleur jour : il s'agissait là simplement de la réalité.
Bien que, au fil du temps et des aventures qu'ils avaient partagé, Teksas avait compris que la fille du Ciel appréciait sa compagnie autant qu'il appréciait la sienne, il n'en était pas moins vrai qu'elle avait autant besoin qu'un autre de s'accorder des moments de calme ou en seule compagnie de certaine personne.
En l'occurrence, sûrement sa mère ou un ami proche. En d'autres circonstances... Lexa.
- Ne t’inquiète pas, je ne faisais que passer. Puis-je profiter de ta compagnie quelques instants ?
Un court instant, les yeux aigues-marine du jeune homme s'écarquillèrent d'une agréable surprise, avant qu'il ne se ressaisisse à temps pour afficher à nouveau le masque indéchiffrable qui était le sien en de pareils moments sans -il l'espérait- que Lexa n'ait pu discerner ses émotions.
- Ce serait un plaisir, Heda.
À nouveau, il inclina légèrement le menton, dissimulant ainsi le fin sourire qui s'étirait sur ses lèvres charnues.
C'était bien la première que Heda -d'ailleurs, il n'estimant quasiment personne autant qu'il ne l'admirait elle- lui demandait si il accepterait sa compagnie. Mieux, si il accepterait qu'elle profite de sa compagnie...
L'enthousiasme de Teksas donnait à ce dernier le sensation d'être retombé en enfance, et de se comporter de la même façon qu'à un gamin à qui on aurait présenté une arme tout en lui disait qu'il était le meilleur combattant Grounder que la Terre ait jamais porté.
Ridicule.
Conscient de son actuel manque de maturité, le Trikru releva la tête et passa sa main sur le pommeau de sa lourde épée, comme pour se donner une contenance, et s'efforça de retrouver son sérieux.
- Y a-t-il quelque chose dont tu voudrais me parler ou que tu voudrais que nous fassions en particulier ?
Peut être n'y avait-il rien. Peut être voulait-elle en effet simplement profiter de sa compagnie sans rien rechercher de précis.
Mais Teksas était un guerrier et, selon l'expérience qu'il avait en la matière, on ne recherchait que rarement la compagnie des guerriers si ce n'était pour une raison au moins légèrement spécifique.

« Non, je suppose qu’elle préfère arpenter les lieux sans moi. Après tout, je ne suis pas vraiment indispensable lorsqu’elle est ici, et je suppose qu’elle apprécie le peu de solitude qui lui est accordée. » Il n’avait pas spécialement tort Teksas, et c’est un presque sourire qui se glissa sur le visage de Lexa tandis qu’elle pesait tous les mots qu’il lui avait offert en réponse. C’était sérieux et légèrement plaisantin à la fois. Répondant presque sur le même ton que la question qu’elle avait posée, et elle voyait la une marque de respect et de confiance de la part du guerrier bouclé. Et bien entendu, Clarke était un sujet sensible. Et bien entendu, Lexa n’aurait de cesse de s’inquieter pour elle. Mais elle savait que Teksas était dans le même cas. Il avait failli un jour à sa tache, il ne faillirait plus. Le commandeur hocha la tête doucement. «  Sha. Je ne doute pas qu’elle apprécie la solitude et la sécurité de cet endroit. Cependant, il n’y’a jamais d’endroit réellement sur sur Terre. » Et elle même pouvait apercevoir le cuir d’une de ses gardes dans le lointain. Eija et Uriel ne la quittaient que très brièvement des yeux, et elle savait que chacun des gardes de son escorte aurait jeté son propre corps dans les flammes avant qu’il ne lui arrive une simple écorchure. Elle espérait qu’un jour, il finisse par en être pareil pour Clarke. Et un jour oui ça serait le cas. Ca l’était déjà avec Teksas. Ça le serait avec les autres.

Enfin. Elle avait décidé qu’elle n’allait pas trop s’inquiéter pour sa niron, pour le moment, - elle devait assurément être avec sa mère, elle avait cru les voir parler quelques heures plus tot peut être, avant qu’elle, elle n’emmène Zoey en promenade - et au contraire elle se concentrait sur Teksas. Elle savait que c’était étrange peut être, qu’elle se rapproche de lui, pour lui parler sur le moment. Elle savait que c’était un peu tendu depuis qu’elle l’avait puni. Mais c’était ainsi. Elle n’avait pas eu le choix. Alors quand il accepta sa demande, avec de l’enthousiasme, elle se fendit d’un vrai sourire, sincère. Elle se sentait mieux maintenant que la guerre avec la montagne était finie. Elle se sentait mieux aussi – et elle le nierait peut être selon la personne qui le lui demandait – depuis que Clarke était dans sa vie et son cœur. Alors ses sourires étaient plus faciles. Et être ici, dans ce camps peuplé d’êtres du ciel, lui donnait des vagues d’emotions positives – ça changerait peut être, si Abby Griffin venait à savoir la relation qu’elle entretenait avec sa fille - le sourire ne disparut pas, et Teksas lui sembla retrouver son sérieux.

«  Y’a t’il quelque chose dont tu voudrais me parler ou que tu voudrais que l’on fasse en particulier ? » Le sourire disparut, sans que son visage ne redevienne totalement sérieux.  «  Marchons un peu dans le camps, si tu le veux bien. As tu eu l’occasion de le découvrir mieux ? » Ils pourraient parler en marchant n’est ce pas ?

Le sourire de Lexa revint un court instant, aussi fugace qu'un éclat d'espoir sur un visage d'ordinaire fermé par le devoir.
Fugace, et pourtant présent, lumineux.
- Sha. Je ne doute pas qu’elle apprécie la solitude et la sécurité de cet endroit. Cependant, il n’y’a jamais d’endroit réellement sur sur Terre.
Teksas se contenta de hocher gravement la tête aux paroles de sa commandante. En effet, il avait pu lui même constater que, malgré l'ardeur qu'il accordait au bien-être de Clarke, il s'était révélé incapable de la protéger de la Montagne -lui qui, pourtant, s'évertuait à la suivre comme une ombre et connaissait chaque brin d'herbe, chaque feuille de la Terre plus qu'aucun homme de mont Weather. Cela n'avait pourtant pas suffi à éviter à la jeune Skaikru sa capture, et à lui le châtiment qui avait succédé à son incompétence.
Presque instinctivement, le garde aux boucles folles passa une main rugueuse sur le creux de son épaule, l'endroit où les chairs brûlées par la marque de la honte continuait de le brûler sous sa fine cuirasse.
- En effet. La Terre est une source de dangers perpétuels. On ne peut se fier qu'à ceux que l'on aime. Ou qui nous accompagnent dans les durs moments.
Voire qu'à soi-même. Mais, cela, il ne le dit pas.
Se souvenant en quelle compagnie il se trouvait, Teksas retira vivement sa paume, aussi brutalement que si le contact qu'il sentait encore palpiter sur sa peau calleuse venait de l'embraser à nouveau.
Lexa n'avait fait qu'appliquer la justice qu'elle se devait d'exercer en de telles circonstances. Et encore, Teksas se savait chanceux. Lui n'avait eu qu'à subir le déshonneur d'une cicatrice indélébile, alors que, si le Commandant au pouvoir avait été autre que Lexa, il ne s'en serait certainement pas sorti en vie.
Surtout pour avoir ainsi mis à mal la survie d'une personne aussi importante que Clarke Griffin.
Et, plus que tout, Teksas se savait chanceux d'avoir eu l'opportunité de se racheter, de faire ses preuves et de montrer au monde de quoi il était capable : ramener la leadeuse des Sky People indemne.
Ou presque... Si l'on omettait ses blessures et tout ce qu'elle avait du endurer au cœur du mont Weather.
Mais tout cela appartenait au passé et, désormais, la jeune femme se devait de faire face, d'aller de l'avant. Tout comme le Trikru se devait d'avancer, de ne plus s'attarder sur les échecs et se concentrer sur les réussites que lui promettaient l'avenir.
Qu'il se promettait à lui même.
Un sourire étira soudain les lèvres de Lexa. Un sourire qui n'avait plus rien à voir en comparaison de la fugacité du dernier.
Non, il s'agissait là d'une véritable illumination, d'un resplendissement intérieur, aussi éblouissant que ne l'était le doux soleil de ce matin là.
Un sourire que seuls ses mots avaient provoqué.
- Marchons un peu dans le camp, si tu le veux bien. As tu eu l’occasion de le découvrir mieux ?
Se remettant de sa "surprise", Teksas emboîta le pas de son Heda, secouant négativement la tête à l'entente de sa question.
- Non, j'avoue ne pas avoir pris le temps de le faire. Comme j'avoue ne pas me sentir vraiment à ma place ici...
Le garde s'interrompit, désireux de ne pas laisser insinuer que, peut être, il considérait encore les Sky People comme des intrus trop différents des Grounders pour qu'il puisse se faire à leur mode de vie. Evidemment, ce n'était pas entièrement faux, mais c'était également loin de la réalité. Cette effervescence et la présence de toute cette technologie -venant directement d'un monde qu'il ne connaissait que par la biais de rares échos- le mettait simplement mal à l'aise. C'était tout.
- Mais je suppose que l'alliance a pu te permettre d'en explorer plus de recoins.
Et c'était un sous entendu subtilement voilé. Par l'alliance, il sous entendait Clarke.
Et par l'exploration de recoins, il sous entendait cette nuit, que les deux femmes avaient passé ensemble, pensant échapper à tout regard hormis le sien, toujours aussi attentif et vigilant qu'il ne l'était habituellement.
Le regard d'un ange gardien.

« En effet. La Terre est une source de dangers perpétuels. On ne peut se fier qu'à ceux que l'on aime. Ou qui nous accompagnent dans les durs moments. » il était attachant Teksas quand il disait ça, et si Lexa remarqua l’endroit qu’il touchait de la paume de sa main, elle ne fit aucun commentaire. Elle l’avait blessé oui. Elle avait été celle qui avait brulé ses chairs parce qu’il n’avait pas fait son devoir. Et elle ne le regrettait pas. C’était ainsi. Il avait eu son châtiment, parce qu’il n’avait pas réussi à protéger Clarke. Et aussi injuste que cela ait pu sembler à sa niron, Teksas l’avait merité. Il le savait. Lexa le savait. Et les terriens dans leur entièreté le savaient également. Ne l’aurait elle pas marqué qu’elle l’aurait laissé à une vie de déshonneur. Il avait été puni. Il avait été pardonné. Et Lexa était heureuse de ne pas avoir choisi de le laisser mourir. Une marque. Une simple marque. C’était bien suffisant. Elle hocha la tête. « Et c’est bien la ta mission. La protéger des dangers. » Parce que ça n’était pas la sienne à elle non. Elle pouvait protéger son cœur du mieux qu’elle pouvait, elle pouvait protéger son ame. Mais elle était sa compagne, elle était le commandeur, elle n’était pas sa protectrice. Elle le serait bien sur, comme elle avait tenté de l’être quand elles avaient été attaquées par Pauna. Elle le serait bien sur, si elles étaient amenées à se retrouver toutes deux sur le champs de bataille. Mais Teksas lui, était la pour ça. Pour protéger. Garder. Il était le garde. Le protecteur. La confiance. Et malgré ce qui s’était passé, en ce qui concernait Clarke, Lexa avait une totale confiance en lui. Son ton, devait suffire à le lui notifier peut être.

Ils décidèrent de marcher. Peut être le surprit elle ? Peut être ne s’était il pas attendu à une telle proposition. Elle vint néanmoins, et quand il avoua ne pas se sentir à sa place, elle hocha la tête, presque imperceptiblement. « Sha. Nous ne sommes pas habitués à vivre entouré de métal et de technologies. Mais les skaikru sont amenés à rester aux portes de notre coalition, et qui sait, un jour peut être rejoindront ils celle ci. Autant s’habituer tant que nous le pouvons. » Et il y’avait toujours cette prudence bien sur quand elle parlait de la coalition, quand elle parlait de ce qui allait pouvoir se faire un jour ou l’autre peut être. Quand les soucis avec Torvi seraient réglés – elle attendait impatiemment des nouvelles de ceux qui avaient été envoyés au Nord – quand elle aurait clarifié l’allégeance de Mordh et surtout, quand ils se seraient débarrassés des barbares.

Un sous entendu échappa des lèvres de Teksas, figeant quelques instants le commandeur qui ne s’était pas attendu à cela. Elle rougit. Discretement, mais elle rougit oui. Prenant une teinte rosée tandis qu’elle reprenait ses esprits, secouant un peu sa tête, consciente qu’ils étaient toujours au milieu du campement. Il ne suggérait rien vraiment. Rien qui ne soit bien grave, et si elle détourna le regard ce n’était pas par honte. « J’apprends de cette alliance oui. » Et c’était une réponse des plus neutres, tandis qu’elle reprenait son air assez impassible. Elle n’était pas idiote, elle savait bien que Teksas comme Eija et Uriel, comme Curtis et Galaad. Ceux qui étaient proches d’elles. Savait. Elle savait qu’il était au courant de ces nuits que Clarke passait dans sa chambre, dans sa tente, et de cette nuit également qu’elles avaient passées. Elle se reprit, reprit sa contenance. « Tu n’es pas sans savoir que Clarke et moi avons explorés des parties de l’arche cette nuit. C’était… Enrichissant. » Et pour sur, ça l’était. Tout l’avait été oui. « Viens, marchons un peu, ils ont construits des panneaux solaires pour pouvoir se chauffer et s’eclairer avec cette énergie, c’est tout bonnement fascinant. » Et peut être essayait elle un peu de changer de sujet ? En vain ? Elle mentirait si elle disait que ça ne lui aurait pas fait du bien d’avoir quelqu’un à qui parler un peu. Quelqu’un de confiance. Et malgré sa marque, il l’était. Elle était sure de ça.

Teksas ne put réprimer un léger raclement de gorge gêné en apercevant le coup d’œil furtif que Lexa venait de poser sur sa main qui, quelque secondes encore auparavant, s'était posée sur la marque de sa honte.
- Et c’est bien là ta mission. La protéger des dangers.
Le malaise qui pesait sur les épaules du Trikru se dissipa aussitôt les mots de la commandante furent prononcés. En de simples paroles, la reine de Grounders venait de montrer au jeune garde quelle responsabilité elle lui accordait, et, par conséquent, quelle confiance elle mettait en ses capacités.
- C'est une mission que je suis déterminé à réussir, Heda.
La reconnaissance vibrait dans la voix de Teksas, qui inclina respectueusement la tête en direction de la femme qu'il avait juré de servir jusqu'à ce que la mort ne l'arrache à son serment.
Quoiqu'il arrive, il serait là. Veilleur indicible des secrets, des mensonges et des vérités.
Des douleurs, aussi. Douleurs qu'il ne laisserait désormais plus arriver facilement...

Le garde emboîta donc le pas de son Heda, heureux, pour une fois, de marcher à la lumière qui émanait des côtés de celle-ci plutôt que dans l'ombre de son dos. D'aussi loin qu'il s'en souvienne, c'était bien la première fois que Lexa et lui ne se retrouvaient rien que tous les deux, sans gardes ou autres diverses personnalités sensées l'accompagner dans ses moindres faits et gestes.
Et cette proximité avait quelque chose d'étrangement apaisant.
- Sha. Nous ne sommes pas habitués à vivre entourés de métal et de technologies. Mais les Skaikru sont amenés à rester aux portes de notre coalition, et qui sait, un jour peut être rejoindront ils celle ci. Autant s’habituer tant que nous le pouvons.
Teksas sourit à l'évocation de l'éventualité que, peut être un jour, les Skaikru ne rejoignent les douze clans. Une éventualité qui, au fil des années et de leur adaptation dans le milieu qu'était la Terre, se muerait davantage en certitude.
- En effet, nous sommes plus habitués à la proximité des arbres que celle des vaisseaux... Et j'avoue que cela n'ait pas pour me déplaire. Mais nous avons également beaucoup à apprendre des Skaikru -comme eux ont beaucoup à apprendre de nous ; et il serait stupide de négliger l'opportunité d'en découvrir davantage sur leur monde.
Comme mu d'un réflexe, le guerrier aux boucles brunes jeta un rapide coup d’œil en direction du ciel, que les nuages venaient teinter de dizaine de teintes diverses.
- D'autant qu'ils se sont révélés de précieux alliés, durant l'affrontement nous ayant opposé à la Montagne. Ils le sont d'ailleurs toujours. Ils méritent autant que d'autres l'honneur de rejoindre la coalition -du moins, une grande partie d'entre eux.
Oui, les Sky People avaient prouvé à de nombreuses reprises maintenant que leur droit de s'intégrer aux peuples de la Terre leur revenait davantage encore qu'à certains Natifs.
Mais, bien sûr, tous n'adhéraient pas forcément à la façon de faire de Lexa ou à la vision de Clarke, ce qui compliquait légèrement les choses... D'autant que cette vision s'avérait partagée par de nombreux Grounders, qui n'hésiteraient certainement pas à préparer une rébellion en cas d'une déclaration d'alliance plus approfondie encore.
Et, étant donné la situation actuelle avec les Barbares, la menace d'une éventuelle guerre civile serait certainement le dernier risque que prendrait Lexa.
- J'apprends de cette alliance, oui...
Lexa marqua une pause, ce qui lui valut un regard en coin du jeune garde, qui remarqua un léger changement sur les traits de sa commandante. Serait-il possible... Qu'elle rougisse ?
- Tu n’es pas sans savoir que Clarke et moi avons explorés des parties de l’arche cette nuit. C’était… Enrichissant.
Cette remarque manqua de peu d'arracher un petit rire à Teksas, qui se reprit au dernier moment en transformant celui-ci en une légère toux. En compagnie de Clarke, le Trikru n'aurait sûrement pas hésiter à en rire ou à lancer quelques piques à la jeune blonde, mais le fait est que Lexa n'était pas Clarke, et qu'avec elle, il avait une place qu'il se devait de respecter. Bien qu'il fallait admettre que ces quelques minutes passées en sa présence la lui présentait sous un jour totalement différent...
Dans tous les cas, il ne doutait nullement que cette nuit se soit révélée enrichissante pour les deux femmes... Mais il se garda bien de faire le moindre commentaire, se contentant d'un léger hochement de tête.
- Viens, marchons un peu, ils ont construit des panneaux solaires pour pouvoir se chauffer et s’éclairer avec cette énergie, c’est tout bonnement fascinant.
Des panneaux solaires ?
Intrigué, le Trikru emboîta le pas de sa commandante, traversant au passage l'agitation qui régnait dans le camp tout en adressant de brefs signes à ceux qui les saluaient, sans se départir de l'expression légèrement renfermée qui caractérisant son statut de garde du corps.
Enfin, les deux compagnons s'arrêtèrent un peu plus loin de l'effervescence -lieu dans lequel le plus jeune ne s'était d'ailleurs jamais rendu. Teksas pila net, manquant de ce fait de laisser Lexa lui rentrer dedans.
- C'est... C'est fascinant, en effet.
Sa voix était rendue rauque sous le coup de l'admiration, et il peinait à masquer l'admiration qui s'étalait sur son visage, conférant une expression enfantine à ses grands yeux d’aiguës-marine écarquillées d'émerveillement.
Devant lui, réverbérées par une multitude de panneaux d'un matériau qui lui était inconnu, toutes les nuances susceptibles de pouvoir émaner du soleil s'étalaient, provoquant ainsi un panel plus vaste encore que celles qu'il avait pu admirer auparavant.

« C’est une mission que je suis determiné à réussir Heda. » et quelques mots de Teksas pouvaient lui donner un léger sourire. Elle avait bien entendu la reconnaissance dans la voix du guerrier, qui inclinait sa tête devant elle. Sha. C’était plaisant de savoir qu’elle mettait sa confiance dans les mains de quelqu’un de respectueux, et elle était satisfaite qu’il sache qu’elle lui faisait toujours confiance. Elle savait qu’il était le plus à même de surveiller, non, que disait elle, de protéger Clarke. Et elle la lui confiait, comme elle aurait confié un morceau de son cœur – c’était ce qu’elle faisait à vrai dire, elle n’épiloguerait pas la dessus, mais c’était bien le cas.- Il savait. Elle savait. Les erreurs ne se reproduiraient plus. Le passé était excusé. Ca en était ainsi pour elle du moins.

Et c’était ainsi qu’ils commencèrent à marcher tous les deux parlant avec ce ton reservé qu’elle gardait pour les moments où elle parlait de l’alliance, de la future coalition peut être. Et tandis que Teksas s’exprimait sur le propos, elle regarda les traits du jeune guerrier, si sage déjà pour son age. Etait-ce la présence de Clarke qui l’avait rendu ainsi, ou bien avait il toujours été ? C’était peut être pour cela, pour sa compréhension, son adaptation qu’elle l’avait choisi pour le poser aux cotés de Clarke. Ça lui plaisait, cette capacité d’adaptation, c’était un point positif chez certaines personnes de son peuple. « Ils méritent autant que d’autres l’honneur de rejoindre la coalition – du moins, une grande partie d’entre eux. » Et elle hocha la tête. « Voilà qui fait plaisir à entendre. Si seulement nombre de nos camarades pouvaient partager ton avis, et le mien. » Et elle ne forcerait pas l’acceptation par les autres, ce qui devait venir, prendrait le temps de venir. Elle était juste soulagée de savoir que certains partageaient son point de vue. Les gens proches d’elle, d’elles. « Mais soit. Il y’a tellement de choses à régler avant de pouvoir envsiager cette option. » La guerre. Le Nord. Les barbares. Chaque chose viendrait en son temps.

Et d’autres choses venaient aussi. Si Teksas sembla réprimer un éclat de rire, elle ne le remarqua pas, concentrée qu’elle était à ne pas rougir totalement quant à ce que Clarke et elle avaient bien pu faire. Non, ce n’était pas le moment. Ce n’était pas le sujet. Elle continuait sa route, parlant de l’energie qu’usaient les skaikru, et se faufilant parmi la foule - certains les regardaient avec encore un peu d’apprehension, elle laissait les regards glisser - ils finirent par atteindre un point où Teksas se stoppa brusquement. Elle l’esquiva, s’arretant quelques pas à coté tandis qu’il s’extasiait. « Ca l’est oui. De ce que j’ai compris, ils récoltent les rayons du soleil et s’en servent comme une énergie pour faire fonctionner leurs machines diverses, ainsi que chauffeur leur eau. » mais elle n’avait pas tout comprit. Doucement elle glissa ses mains sur la surface d’un panneau, récupérant sa main bien vite alors qu’elle se brulait. « Le moins que l’on puisse dire est qu’ils s’adaptent plutôt bien. »

Les rayons du soleil se réverbéraient avec une telle luminosité sur les panneaux que Teksas fut forcé de cligner des paupières pour ne pas être ébloui, allant jusqu'à placer une main prudente devant son visage.
La chaleur renvoyée par le miroitement se répandit sur sa peau, prodiguant en lui le même effet que s'il venait de se réchauffer les paumes auprès d'un feu.
Toujours aussi prudent, comme s'il craignait que la luminosité puisse le brûler, Teksas abaissa lentement sa main, et la laissa retomber le long de son corps, ses yeux d’aiguë-marine légèrement plissés.
- Ça l’est oui. De ce que j’ai compris, ils récoltent les rayons du soleil et s’en servent comme d'une énergie pour faire fonctionner leurs machines diverses, ainsi que pour chauffer leur eau.
Lexa fit mine d'effleurer l'un des panneau du bout des doigts, et retira sa main si vivement que le garde faillit ne pas remarquer son geste. Visiblement, ces espèces de miroirs démesurés s'avéraient aussi fascinants que dangereux... Un peu comme le feu l'était pour les enfants encore inconscients, en somme. Et, bien que l'on ne puisse pas réellement qualifier les deux Grounders  d'inconscients, ils n'en demeuraient pas moins ignorants, face à tout cet étalage de technologie. Finalement, ils était tous deux des enfants, eux aussi. Ignorant tous des merveilles d'un monde tombé du ciel.
- Le moins que l’on puisse dire est qu’ils s’adaptent plutôt bien.
La remarque de la commandante interpella le garde, qui tourna la tête vers elle, légèrement intrigué. Au contraire, pour lui, la preuve de toutes ces installations démontraient bien là le contraire de leur adaptation.
Si les Skaikru avaient voulu s'adapter sur Terre, ils auraient suivi le mode de vie des Grounders : ils se seraient installés dans des tentes, se seraient illuminés et réchauffés grâce au feu -et non par le biais de stratagèmes aussi pointilleux, et auraient même laissé de côté leurs armes pour ne s'adapter qu'à celle utilisées par les Trigedakru.
Mais, évidemment, il estimait que le point de vue de son Heda méritait sa juste considération.
- Crois-tu ? Si leur volonté avait vraiment été de s'adapter à notre monde, ne penses-tu pas qu'ils auraient plutôt laissé de côté toute cette technologie pour adopter notre mode de vie ? Bien sûr, ces stratagèmes leur ont permis de survivre à de nombreuses reprises, mais c'était dans une vie antérieure. Ils sont sur Terre, désormais, et non dans les étoiles. Leur monde a changé -leur vie a changé- ; ils n'ont plus besoin de tout cela pour s'en sortir. D'autant que cela leur demande de plus amples entretiens...
Et c'était justement ce soucis d'adaptation qui posait tant de problèmes à l'intégration des Sky People au sein des Grounders. Pas uniquement, bien entendu, mais cela jouait en grande partie. En ce qui concernait les armes à feu, notamment. Certes, cela s'était arrangé depuis, mais, au départ, nombreux étaient ceux qui voyaient leur porteurs comme des conquérants.
Des tueurs, des assassins.
Et nombreux demeuraient encore aujourd'hui ceux qui pensaient que les Sky People ne cherchaient qu'à développer leur technologie, à pervertir les coutumes typiques des Grounders, à vouloir s'imposer pour, peu à peu, prendre le pouvoir sur toute une civilisation, avant de la faire disparaître au profit d'une autre, qu'ils jugeraient plus évoluée. La leur.
Ce qui entraînerait par la suite, inévitablement, les mêmes erreurs que celles commises par le passé...
Teksas poussa un léger soupir chargé de lassitude. Au fond, les erreurs et la bêtise humaines lui semblaient n'être que d'éternels recommencements, un cercle perpétuellement vicieux.
Faudrait-il en arriver à la disparition totale de l'homme pour que tout cela prenne enfin fin ?

Quand elle regardait l’immensité de ce que les skaikru avaient pu accomplir depuis qu’ils étaient arrivés sur Terre, Lexa se sentait dépassée mais également tellement fascinée. Il y’avait en elle toujours cette femme, cette fille, avide de connaître tout ce qui ne lui était pas inné, Il y’avait ce désir toujours d’en savoir plus, de pallier par la découverte au manque de connaissance que les maigres livres qu’elle avait pu feuilleter à Polis, que les histoires des conteurs sur l’Ancien temps lui avaient donnés. Elle était en apprentissage constant, et peut être au fond que c’était ce qui faisait d’elle un si bon commandeur. Une visionnaire ? Une femme capable de voir plus loin que l’ordre établi, que ce que son peuple ne pouvait voir. Alors oui, elle continuait d’apprendre, et ce que les skaikru avaient amené ici était une constante source de découvertes, de nouveauté. Ça lui plaisait.

Teksas cependant ne semblait pas spécialement de cet avis, et elle arqua un sourcil, tandis qu’il s’expliquait, donnant un point de vue sage et à l’image de ce que l’entiereté du trigeda pensait probablement. C’était intéressant aussi, de rentrer dans cette conversation, d’echanger des points de vue different, d’apprendre ce que son peuple pensait dans l’ensemble.

« Sha. » Elle hocha la tête d’un air determiné, et elle regarda quelques instants autour d’elle, avant de replonger ses yeux clairs sur son garde. « Ils viennent d’un monde où l’evolution s’est fait différemment de la notre, mais nous partons tous de cette même base qui à détruit la terre à l’origine. » Il y’eut une vague d’ombre qui passa dans ses yeux à ce moment la. Elle avait assez lu, assez ecouté pour savoir que c’était la technologie qui avait provoqué tout ça, ce monde devasté, ces animaux mutés, cette sous population humaine. Elle n’était pas bête, non, elle savait que les humains et leur soif de facilité, leur façon de toujours s’appuyer sur la technologie, sur des machines, avaient provoqués tout ça. Mais elle savait aussi, que leur mode de vie, celui des terriens, celui du trigeda, n’était pas le plus facile. Elle était assez ouverte pour savoir que les archéens avaient besoin de leur familiarité, de leur confort, pour se sentir mieux, sur cette terre. Elle offrit à Teksas un très léger sourire. « On ne peut pas changer du tout au tout en quelques jours tu sais. L’adaptation prend un temps, et avant toute chose, elle prend plusieurs formes. Ils vivent aujourd’hui dans le métal de leur demeure échouée, se servant des rayons du soleil. Mais demain que feront ils ? » Elle secoua la tête. « Je pense que l’adaptation ira dans les deux sens, leurs avancées technologiques vont nous aider contre les barbares, tout ce qui est dans leur savoir n’a pas a être néfaste, et c’est pour cela que nous sommes ici pour les guider aussi. Pour éviter qu’a eux seuls, ils ne reccomencent comme nos ancêtres à user la nature jusqu'à sa moelle pour leur confort personnel. Je nous fais confiance pour être de bons guides, je leur fais confiance pour leur évolution. Mais je ne les forcerais jamais à abandonner leurs différences. » Et elle espérait être claire la dessus. « Leur technologie t’effraie t’elle ? »

- Sha.
Teksas riva ses yeux sur le visage de Lexa, que les panneaux solaires auréolaient d'un doux halo doré, soulignant la ligne fine de sa mâchoire et l'expression déterminée de son regard clair.
- Ils viennent d’un monde où l’évolution s’est faite différemment de la nôtre, mais nous partons tous de cette même base qui a détruit la Terre à l’origine.
Il y eut un silence, que le garde ne combla pas. Il ne savait que trop bien quelle était cette même base : la technologie. Une technologie qu'aujourd'hui encore, les Sky People continuaient d'exploiter, en dépit des vertus de la nature qui leur ouvraient les bras, et de l'aide que les Grounders pouvaient leur apporter.
Bien sûr, il était plus facile de se reposer sur les sciences techniques que sur celles apportées par la Terre et le mode de vie que les Trigedakru avaient choisi d'adopter, mais le danger n'en restait pas moins présent. Autant pour l'image qu'ils renvoyaient de leur peuple aux yeux des Grounders que pour la survie de tous.
D'un autre côté, lui même savait également que, s'il était un jour poussé à quitter tout ce qu'il avait toujours vécu pour arriver dans un environnement où, au contraire, il ne connaîtrait plus rien, il ne pourrait s'adapter sans se rattacher à ses racines, à ce qui l'avait forgé et qui avait fait de lui ce qu'il était aujourd'hui.
Un guerrier au service des siens, de ses croyances, et de son Heda.
Lexa lui adressa un très léger sourire.
- On ne peut pas changer du tout au tout en quelques jours tu sais. L’adaptation prend un temps, et avant toute chose, elle prend plusieurs formes. Ils vivent aujourd'hui dans le métal de leur demeure échouée, se servant des rayons du soleil. Mais demain que feront ils ?
Elle marqua une courte pause, que Teksas accueillit avec attention, attendant la suite.
- Je pense que l’adaptation ira dans les deux sens, leurs avancées technologiques vont nous aider contre les barbares, tout ce qui est dans leur savoir n’a pas à être néfaste, et c’est pour cela que nous sommes ici pour les guider aussi. Pour éviter qu’a eux seuls, ils ne recommencent comme nos ancêtres à user la nature jusqu'à sa moelle pour leur confort personnel. Je nous fais confiance pour être de bons guides, je leur fais confiance pour leur évolution. Mais je ne les forcerai jamais à abandonner leurs différences.
Ce fut au tour de Teksas d'afficher un sourire -l'ombre d'un sourire, fugace et pourtant sincère.
Plus le temps passait, plus il devenait évident pour lui que Lexa était la commandante qui changerait le monde, la visionnaire qui apporterait la paix plutôt que la guerre. Son discours en était la preuve même.
Et, plus le temps passait, plus la loyauté et la détermination que le garde mettait à suivre son Heda grandissaient avec ses ambitions.
- Notre alliance est ce qui permet d'équilibrer la balance. Ils nous offrent leur aide pour la victoire, et nous leur offrons la sécurité, en plus de celle de la Terre entière.
Mais, sans Lexa, aucun des deux peuples n'en seraient là.
Sans Lexa, l'arrivée des Sky People n'aurait fait que déclencher une guerre supplémentaire -une guerre qui, à la longue, aurait pu se finir de la même façon que celle ayant eu lieu des années auparavant, alors que les radiations privaient la planète de quasiment toute source de vie saine.
Sans Lexa, le monde aurait couru à sa perte, encore une fois.
- Tu es sûrement le meilleur guide que les Skaikru puissent avoir. Eux comme tous les Trigedakru.
Et c'était la vérité.
Sans Lexa, que serait la vie sur Terre, finalement ? Une continuité de combats, d'affrontements stériles, une succession d'erreurs, d'idéaux trop différents pour faire l'unanimité.
Une vie de guerres, de morts, et de défaites perpétuelles.
Comme l'avait été la vie des humains, à peine un siècle auparavant.
- Leur technologie t’effraie-t-elle ?
Le sourire imperceptible de Teksas se mua en légère grimace, qu'il masqua en se détournant vers les panneaux solaires, faisant mine de se plonger dans la contemplation de la technologie en question. D'ailleurs, l'effrayait-elle ?
Sûrement un peu. Mais un guerrier n'était pas censé étaler ses faiblesses ou ses craintes. Encore moins aux yeux de son Heda. D'un autre côté, la peur ou l'inquiétude étaient des sentiments humains, et c'était Lexa elle même qui le lui demandait.
En tant que commandante, elle aussi d'ailleurs, devait savoir de quelles angoisses s'accompagnaient la cohabitation avec une civilisation presque inconnue.
Et puis, ne pas ressentir d'émotions aussi naturelles que la peur était davantage un signe de stupidité que de courage, finalement.
- Oui, elle m'effraie. Mais elle me fascine aussi, ce serait mentir que de ne pas l'avouer. Elle rend les Skaikru presque invincibles et, si nous la maîtrisions également, nous n'aurions certainement aucune crainte à avoir en ce qui concernerait les conflits internes. Cependant, je ne peux passer outre des dégâts qu'elle a pu causer sur la Terre. Peut être que la technologie peut véritablement s'avérer bénéfique, mais pas en n'importe quelles mains. Pas dans les nôtres.
Et, par ''les nôtres'', il sous-entendait l'humanité. Ou sa majorité.
- Et toi, Lexa, quel est ton avis sur la question ? T'arrive-t-il d'avoir des doutes ou des appréhensions quant à son utilisation ?
Poser cette question relevait pleinement du domaine de la curiosité, mais Teksas était en effet curieux, et il n'y avait plus vraiment lieu de s'en cacher, désormais.

Lexa comprenait ce que Teksas pouvait ressentir, cette appréhension de la technologie, qui l’attirait tant à elle, tout comme elle la dégoutait à la fois. Peut être que c’était à cause de la première commandeur, peut être que c’était à cause de ces mémoires qu’elle avait parfois, de ce que lui montrait l’esprit du commandeur. C’était peut être oui la raison pour la quelle elle était différente des autres terriens, plus tolérante, plus ouverte. Ou peut être tout simplement que parfois naissaient des gens dotés de cette capacité à s’adapter, à comprendre.  Quoi qu’il en soit, quoi qu’elle puisse en penser ça ne l’empechait pas de comprendre les réticences qu’avait son peuple envers la technologie, et elle pouvait aussi leur assurer que jamais elle ne les forcerait à passer dans un age technologique qui ne les concernait pas. C’était ainsi. C’était une promesse. C’était un serment qu’elle se faisait à elle même aussi.  Et son peuple, et la terre, passeraient toujours avant.  C’était queluqe chose que Teksas semblait comprendre, et à nouveau il lui faisait part de sa gratitude, de ses sentiments. Pour lui, elle était Heda, elle était celle sans qui cela n’aurait pas été possible, et si le compliment la touchait, elle savait qu’il était mérité, ce qui la touchait d’autant plus. Ce n’étiat pas qu’elle soit imbue d’elle même ou emplie d’arrogance, elle connaissait juste les qualités et les défauts qu’elle pouvait avoir. «  Je me contente de faire ce qui me semble le mieux pour nous. »  Il y’eut un léger sourire après ça. «  Et je n’étais pas seule. Et je ne serais pas seule. Clarke sera un guide pour nous  tout autant que je le serais pour eux. »  et vraiment, c’étiat de cette alliance que tout découlait. C’était cette union de leurs deux esprits, le commandeur et la fille des étoiles.

Après ça elle s’interessa à ce qu’en pensait Teksas à qui elle posa une simple question, était il effrayé ? C’était possible qu’il le soit oui. C’était possible que la technologie que les armes à feu, lui fassent la même impression qu’elles auraient pu faire à la majeure partie du trigedakru. Il avoua sa peur, et elle hocha la tête. Ce n’était pas quelque chose qu’elle jugeait la peur. Pas celle la. Pas expliquée comme il le faisait. Et bien sur, elle aurait jugée la peur de mourir. Mais cette crainte liée à la curiosité, évoquait en elle une familiarité qu’elle n’aurait su taire. «  Sha Teksas, cette technologie est bien ce qui a mit fin à l’ère de nos ancêtre, mais maitrisée avec parcimonie elle sera peut être ce qui nous aidera à poser les ciments de notre ère future. »  Elle hocha doucement la tête, réfléchissant à la question qu’il venait de poser. «  Comme tout être humain j’ai des doutes également. Je me demande si autoriser les skaikru à utiliser ce qui pourrait nous détruire est la meilleure idée, puis je me rappelle que sur cette terre ils ne sont que des enfants ignorants, et qu’il est de notre devoir de les aider à se servir de leurs jouets. Qu’il est entre nos mains que réside le pouvoir de les aider à faire les bons choix. Et si je ne veux pas qu’ils adoptent pleinement notre culture au détriment de la leur, j’aimerais qu’ils se sentent assez chez eux pour réussir à mélanger ces technologies et nos méthodes. »  Elle eut une moue satisfaite de sa réponse et elle croisa les bras dans son dos. «  Je présume que la bataille contre les barbares, où nos techniques et les leurs se mêleront, sera la meilleure manière de voir si cela est réalisable à nouveau, ou si la chute de la montagne n’était qu’un coup de chance. »  Son sourire se fit un peu plus doux. «  Et toi, où seras tu pendant l’assaut ? »

Un nuage voila les rayons du soleil éclatant l'espace d'un court instant, ôtant soudainement aux panneaux solaires toutes les couleurs, toutes les nuances qui lui conféraient sa beauté, qui lui donnaient l'allure irréelle qui fascinait tant Teksas. Mais ainsi, plongé dans l'ombre, il ne restait plus que de grands panneaux de verre, sombres, lisses et désespérément vides. Ainsi vidés de tout apparat, il n'était plus que de simples surfaces, parfaitement dénuées d'intérêt.
- Je me contente de faire ce qui me semble le mieux pour nous. Et je n’étais pas seule. Et je ne serai pas seule. Clarke sera un guide pour nous, tout autant que je le serai pour eux.
Enfin, après seulement quelques secondes, les rayons du soleil refirent leur apparition, auréolant les panneaux des milles teintes et éclats qui l'illuminaient auparavant. À croire que la seule mention de Clarke, et de l'amour que Lexa sous-entendait en prononçant son nom, le fait qu'elle ne serait plus jamais seule, suffisaient à rendre au monde toute sa beauté, tout l'espoir dont il avait besoin.
Et c'était un sentiment humain. Lexa avait besoin de Clarke, comme Clarke avait besoin d'elle pour avancer. C'était un équilibre parfait, un partage de force et de faiblesse qui rendait l'Alliance plus durable, plus sûre. Qui donnait un sens à la rencontre de la Terre et du Ciel, à la collision du respect de la Nature avec l'usage de la technologie. À l'union de deux univers.
- Sha Teksas, cette technologie est bien ce qui a mit fin à l’ère de nos ancêtres, mais maîtrisée avec parcimonie elle sera peut être ce qui nous aidera à poser les ciments de notre ère future.
Teksas acquiesça simplement. Il partageait le point de vue de Lexa. Tout résidait dans le juste milieu, le partage et la confiance. D'où l'importance de l'Alliance, de celle de Clarke et, même, de la relation qui unissait les deux femmes. Tout découlait d'elles, même si l'enjeu se révélait bien plus important qu'une histoire d'amour, et que les acteurs qui entraient en jeu s'avéraient autrement plus nombreux. Que ce soient des alliés précieux ou des ennemis redoutables.
- Comme tout être humain j’ai des doutes également. Je me demande si autoriser les Skaikru à utiliser ce qui pourrait nous détruire est la meilleure idée, puis je me rappelle que sur cette Terre ils ne sont que des enfants ignorants, et qu’il est de notre devoir de les aider à se servir de leurs jouets. Que c'est entre nos mains que réside le pouvoir de les aider à faire les bons choix. Et si je ne veux pas qu’ils adoptent pleinement notre culture au détriment de la leur, j’aimerais qu’ils se sentent assez chez eux pour réussir à mélanger ces technologies et nos méthodes.
Lexa croisa les bras dans son dos, affichant la posture et la fierté qui faisait d'elle tellement plus que "tout être humain". Qui la rendait tellement plus importante que la majorité d'eux ne le seraient jamais.
- En effet. Jusqu'à ce que l'Alliance se révèle assez bénéfique aux yeux de tous pour que Skaikru puisse, éventuellement, devenir le Treizième Clan, cela reste notre monde. Et tu es la seule à pouvoir influer leur champ d'action, ainsi que leurs droits et les conséquences qui en découleront.
Oui, Lexa était celle qui avait toutes les cartes en mains -pour le moment du moins. Elle était celle qui déplaçait les pions sur l'échiquier, parfois au risque d'en perdre plusieurs, mais jamais sans faire en sorte que derrière ne l'attende la victoire.
- Je présume que la bataille contre les Barbares, où nos techniques et les leurs se mêleront, sera la meilleure manière de voir si cela est réalisable à nouveau, ou si la chute de la montagne n’était qu’un coup de chance.
Un coup de chance. Teksas sentit son regard s'assombrir. Les Grounders avaient tellement donné, tellement perdu dans cette bataille que la simple possibilité que leur triomphe ne résulte que d'un simple "coup de chance" lui était tout bonnement insupportable. C'était la Montagne qui avait décimé des familles entières, -à commencer par la sienne en lui arrachant ses parents-, la Montagne qui avait transformé des centaines de Grounders en monstre dénués de la moindre parcelle d'humanité, la Montagne qui volait leur sang, la Montagne qui était responsable de l'enlèvement de Clarke, et de la marque de la honte que Teksas portait désormais, signe constant d'une défaite qu'il n'oublierait jamais totalement.
Pourtant, il se contenta une nouvelle fois d'un simple hochement de tête, incapable de formuler à haute voix la rancœur et l'amertume que laissait l'empreinte du Mont Weather sur son existence, et sur le guerrier qu'il était devenu.
- En effet. De même que ce sera l'opportunité rêvée de voir quelle peut être l'aide que nous apportera la technologie, et quelle est l'importance des Skaikru dans la Coalition. Peut être même que, si nous triomphons, les autres Grounders ouvriront les yeux et verront à quel point cette Alliance nous est bénéfique.
Teksas hésita un court instant, puis finit par poursuivre.
- Mais... Si jamais nous perdons... Ce n'est qu'une hypothèse, évidemment, -nous avons toutes les chances de gagner-mais, même dans le cas contraire, cela pourrait tout de même rester un risque... Si les Grounders remettent en cause la place des Sky People au point de se révolter... Penses-tu qu'il serait plus sage de risquer que notre peuple se rebelle afin de permettre au Skaikru de bénéficier d'une place qui lui reviendrait de droit, ou bien de remettre en question l'Alliance dans son intégralité ?
Sa question s'avérait loin d'être claire, Teksas en était conscient. Mais, même s'il n'était qu'un garde sans aucune fonction politique propre, c'était une interrogation qu'il avait souvent tourné et retourné dans son esprit. Et, peut être qu'obtenir une réponse l'éclairerait davantage et lui apporterait encore sous un jour nouveau la façon avec laquelle il voyait Lexa, et sa façon de régner.
Lexa gratifia le guerrier d'un regard presque doux, le sourire toujours aux lèvres, et posa à son tour une question au Trikru.
- Et toi, où seras tu pendant l’assaut ?
Le jeune homme haussa modestement les épaules.
- Là où l'on a besoin de moi.
C'était une réponse évasive, mais il était difficile d'en donner une plus précise. Teksas était un guerrier, peut être comptait-il même parmi les combattants les plus aguerris, ce qui devait l'envoyer directement en combat direct, mais il était aussi le garde du corps de Clarke, et devait par conséquent assurer sa sécurité. Ce qui devrait sûrement l'amener à ne pas prendre trop de risques inutiles en se livrant dans la bataille en première ligne...
- Et toi, où voudrais tu que je sois, pendant cet assaut ?
C'était une question stupide, bien sûr. Lexa avait sûrement mieux à faire que d'attribuer personnellement des places à des guerriers en fonction de leurs talents et volontés, mais Teksas restait excessivement curieux. Curieux de voir comment Lexa le voyait, curieux de voir si, en temps de guerre, la sécurité de Clarke restait aussi importante à ses yeux que la perspective de voir tomber le plus d'ennemis adverses possibles. Curieux de voir à quel point elle estimait l'existence des siens, et le mérite qu'elle leur accordait.

Lexa était convaincue dans ce qu’elle disait. Et peut être que pour les skaikru elle pourrait paraître illuminée, elle pourrait paraître emplie d’une spiritualité qu’ils ne pouvaient pas comprendre. Mais il en était ainsi, quand elle parlait, elle faisait preuve d’une sagesse plus grande que la majeure partie de l’humanité, parce qu’il y’avait en elle les esprits des commandeurs, et peut être parce qu’elle avait apprit. Elle avait apprit qu’il fallait tolérer, qu’il fallait s’ouvrir, plutôt que de chercher à combattre et conquérir. Elle était l’Unificatrice – et elle aimait se qualifier ainsi – et elle tendait à continuer à l’être. Alors oui, elle expliquait à Teksas, dans cet endroit innopiné, au milieu de la technologie rutilante, ce qu’elle pensait. Elle expliquait ses pensées et ses avis sur les skaikru. Titus ne les apprécierait pas, mais elle faisait preuve d’une grande retenue, et contrairement à sa pensée initiale, elle n’avait pas englobée le skaikru comme un treizième clan. Non, sa discussion avec Aden avait été bénéfique à cet égard, et elle savait qu’il fallait attendre, elle savait qu’il leur fallait faire leurs preuves, et montrer ce qu’ils avaient à proposer.

Bras croisés dans son dos, elle parlait, et Teskas semblait comprendre. Ça lui plaisait. Il y’eut la pale lueur d’une naissance de sourire sur ses lèvres. Elle ne dura pas, mais elle était la, et elle appréciait ce que Teksas pouvait lui dire. Parce qu’il était un guerrier sage, et qu’elle savait quelque chose. Clarke l’avait changé. Il était plus apte à comprendre l’attachement de Lexa envers les Skaikru parce qu’il comprenait Clarke.

La conversation continua. Et à la lueur de la guerre prochaine de nouvelles questions se posèrent. Lexa décroisa les bras quelques instants, le temps d’arranger une mèche de ses cheveux qui venait virevolter devant son visage, lui donnait un air plus doux, plus jeune, puis elle reprit son attitude Commandeur. Les bras croisés à nouveau, la mâchoire serrée, elle entreprit de répondre aux interrogations de son guerrier.

« Nous ne perdrons pas Teksas. » C’était clair. Et c’était tout ce qu’elle aurait du dire. Mais Teksas méritait mieux qu’une simple injonction. Teksas valait bien d’avantage à ses yeux. Alors elle adoucit quelque peu son regard. « Nous ne perdrons pas, car si nous perdions, il n’y’aurait plus de questions sur l’alliance, ou sur la coalition. Si nous perdons la bas, dans les champs de Kalawen, nous ne serons plus. » Ses yeux se plissèrent un peu, et elle regarda l’horizon. « Si nous perdons la bas Teksas, Le prochain commandeur aura la tache la plus difficile qui soit, et devra affronter une guerre à peine elevé. » Et ce n’était pas ce qu’elle voulait. Ses yeux se firent plus perçant peut être. « Mais ça n’arrivera pas. Nous allons donner tout ce que nous avons pour protéger le monde libre de ces assaillants sanguinaires. » Et ils en étaient capables. Ils auraient des pertes, elle n’en doutait pas. Mais ils étaient capables d’aller jusqu’au bout. C’était quelque chose qu’elle ne voulait pas remettre en cause. Sa voix se durcit un peu plus. « Tu ne peux pas partir défaitiste. » C’était clair. Et pour elle ce sujet touchait sa cloture maintenant. Elle avait consience peut être qu’elle ne lui avait pas donné la réponse qu’il attendait, mais dussent ils tous mourir la bas, il n’y’aurait plus rien. Les chefs de clans les plus fidèles venaient avec elle, et elle n’imaginait pas un monde si ils perdaient tous. Elle même n’y serait plus.

Une autre interrogation vit le jour, et la réponse de Teksas apporta à Lexa un visage plus doux. Il lui posait la question en connaissant probablement la réponse déjà. De manière générale, il aurait du être avec elle sur le Front, avec Galaad, Eija, Uriel, tous ces soldats d’élites qui composaient sa garde. Cette fois, il ne le serait pas. « Tu fais parti des meilleurs guerriers à ma disposition. » C’était un compliment. Et il était sincère. « Et selon notre plan, la guerre se fera sur plusieurs fronts » Elle distillait peu à peu les informations. « Je te veux aux cotés de Clarke. Ou qu’elle soit. J’espère qu’elle ne sera pas assez insensée pour se jeter sur le champs de bataille, mais si la guerre devait arriver à elle, je sais que tu seras le plus apte à la protéger. » Ses épaules s’affaisserent un peu, et en lieu et place du commandeur ce fut Lexa qui parla. « Avec toi à ses cotés, je combattrais le cœur léger. » Et finalement, par cette simple phrase, par cette marque de confiance, elle en faisait un des seuls à pouvoir savoir à quel point Clarke comptait.

Le vent se leva soudainement sur le Camp, balayant, l'espace d'un court instant, les boucles brunes de Teksas sur ses yeux et les longs cheveux de Lexa sur son front. En la voyant ainsi, l'air si sauvage, si libre, Teksas se surprit à se dire que, peut être, dans une autre vie, Lexa aurait pu n'être qu'une simple combattante. Peut être même auraient-ils grandis ensemble, et ce seraient battus côte à côte. Ce qui serait sûrement arrivé si le sang de Lexa n'avait pas été aussi noir qu'une nuit sans étoile, mais rouge comme celui de tous ceux qui ne méritaient pas de prétendre être meilleur que les autres. Ce qui sûrement arrivé si, dès le jour de sa naissance, Lexa ne s'était pas déjà révélée porteuse d'un monde meilleur.
Toutefois, il ne fallut qu'un geste de la part de la Commandante pour coincer sa mèche rebelle derrière son oreille, croiser à nouveau les bras dans son dos droit et crisper la mâchoire avec cette froide détermination qui la caractérisait tant, pour que les illusions du garde ne partent en éclat.
Lexa était Heda, et cela serait toujours ainsi. Il ne servait à rien de se soucier de ses autres vies, lorsque les évidences de son existence actuelle étaient si évidentes.
- Nous ne perdrons pas Teksas.
Et c'était dit, sur ce ton froid, tranchant, qui caractérisait tant la Commandante que le garde connaissait. Sur ce ton qui faisait qu'elle serait toujours plus qu'une guerrière.
- Nous ne perdrons pas, car si nous perdions, il n'y aurait plus de questions sur l’Alliance, ou sur la Coalition. Si nous perdons là bas, dans les champs de Kalawen, nous ne serons plus.
Ce fut au tour de la mâchoire de Teksas de se contracter, et à son regard de se perdre dans l'horizon. Lexa avait raison, la défaite ne devait pas avoir lieu, ne pouvait pas avoir lieu. Le simple fait de l'envisager était trop douloureux. Cela signerait leur fin à tous. Qu'ils soient Trikru, ou Skaikru, la question de l'Alliance ne se poserait alors plus. Unis, ils le seraient tous. Dans la mort.
- Si nous perdons là bas Teksas, le prochain commandeur aura la tâche la plus difficile qui soit, et devra affronter une guerre à peine élevée.
La mâchoire de Teksas se contracta davantage encore, et il sentit son cœur se serrer rien qu'à la mention d'un prochain commandeur. Si Lexa mourait là bas, si elle mourrait sur le champ de bataille, alors ce ne serait pas seulement la fin de la guerre. Ce serait la fin de la paix, la fin du monde Grounder.
- Si nous perdons, il n'y aura sûrement plus de commandeur.
Il avait prononcé ces mots d'une voix dure, glaciale. Si les Barbares triomphaient, alors ils ne laisseraient certainement pas la Coalition se former, ni encore moins un nouvel Heda prendre le pouvoir. Ils arracheraient ce problème à la racine, et l'empêcheraient ainsi de donner toute chance de floraison, avant de prendre le pouvoir à leur tour. Sinon, à quoi rimerait cette guerre, pour eux ? Ils ne feraient sûrement pas les choses à moitié. Ce n'était pas pour rien qu'on les appelait "Barbares", après tout.
- Tu ne peux pas partir défaitiste.
Il inspira profondément.
- Non. Tu as raison. La victoire est notre seule issue. Et je ne penserai plus autrement.
Il ne pouvait plus penser autrement. La perspective d'une défaite était trop insupportable ne serait ce qu'à envisager.
Les traits de Lexa s'adoucirent, et elle le gratifia de ce regard plus ouvert, plus accessible. Celui là même qu'elle ne lui adressait que lorsqu'ils étaient tous les deux.
- Tu fais partie des meilleurs guerriers à ma disposition.
Le compliment réchauffa le cœur de Teksas tout entier, et il ne put retenir un sourire de gratitude. Bien sûr, son poste privilégié auprès d'une personne telle que Clarke témoignait déjà de la valeur qu'il pouvait avoir, mais l'entendre de la bouche d'Heda s'avérait ô combien plus gratifiant. Il en était presque à rougir de plaisir, et il baissa légèrement la tête, incapable de masquer l'air de satisfaction béate qui illuminait ses traits.
- Et selon notre plan, la guerre se fera sur plusieurs fronts.
Cette fois, Teksas opina simplement. Il n'ignorait pas cette information. Et l'ampleur des combats n'en serait que plus décuplée.
- Je te veux aux cotés de Clarke. Où qu’elle soit. J’espère qu’elle ne sera pas assez insensée pour se jeter sur le champ de bataille, mais si la guerre devait arriver à elle, je sais que tu seras le plus apte à la protéger.
Sans un mot, Le Trikru releva la tête. Lexa n'avait plus rien de la Commandante qu'elle incarnait encore quelques secondes auparavant. Elle était juste une femme, une fille, soucieuse du bien être de celle pour laquelle elle avait donné son cœur. Son âme.
Et, surtout, il était touché par la confiance qu'elle plaçait en lui. Cette confiance qu'elle avait à lui dévoiler ses secrets, ses faiblesses sans même plus chercher à les masquer.
Evidemment, cette liaison n'était plus un secret pour lui, mais, encore une fois, l'entendre confirmée de la bouche de Lexa était une chose différente que de le savoir par ses propres moyens.
Teksas esquissa un demi-sourire.
- Je ne peux te promettre de réussir à l'empêcher de courir sur le champ de bataille, mais je peux te jurer que je la garderai saine et sauve. Aussi longtemps que je respire, aucun mal ne lui sera fait. Et je ne laisserai pas un seul Barbare porter la main sur elle.
Il y eut un très léger silence.
- Avec toi à ses cotés, je combattrai le cœur léger.
Incapable de supporter le poids de cet honneur plus longtemps, Teksas courba la nuque, presque ému par l'importance que Lexa accordait à sa présence, au respect qu'elle lui témoignait en prononçant ces mots.
- Je ne faillirai pas Lexa. Je ne faillirai plus.
Et c'était affirmé avec la certitude d'un homme qui saisissait les chances qui lui étaient accordées, la certitude d'un homme qui délaissait le passé pour, résolument, marcher vers l'avenir. La tête haute.