Et dire qu’il y a encore quelques temps, j’étais en train de courir dans les bois pour exorciser les cauchemars, l’angoisse laissée par mon passage dans la maison. Pour toute trace il ne reste que mes mains, blessées par ma crise de nerf piquée contre un arbre. Mais maintenant ça va mieux. Enfin, c’est toujours là, mais avoir parlé ça fait du bien. Sentir que quelqu’un s’inquiète un peu pour moi. Et maintenant, nous sommes enfermés dans un cagibi, avec deux bouteilles d’alcool. Et ça va très vite dégénérer, comme à chaque fois que des gens comme nous se retrouvent avec des bouteilles entre les mains. Mais j’assume. J’aime faire la fête, j’aime m’amuser. Me vider la tête ne plus penser à rien. Et rien de tel qu’un moment comme celui-là.

Nous voilà partis à jouer. Et à ce rythme, je sens qu’on va rapidement finir rond. Même si on supporte bien l’alcool tous les deux, étrangement, je sens qu’on ne va pas tarder à être ivres tous les deux. Et dans un espace aussi petit et clos, cela pourrait être … inoubliable. Mais pour le moment, c’est à moi de jouer. Je tente à nouveau et je rate à nouveau. C’est de l’adresse qu’il nous faut pour ce jeu et de précision. Je sais que je peux y arriver, on en est capables tous les deux. Mais, il me faudra encore quelques essaies pour réussir. Comme j’ai échoué, je bois. Je ris et je lui dis : « Le prochain, je ne le raterais pas, prépare toi à boire mon petit Jasper ! ». Je souris en coin. Et je le regarde essayer à son tour. Un certain nombre de tour passent. On boit à tour de rôle, la partie est serrée, Jasper est plutôt doué mais je me défends aussi. Je bois autant que lui. Et au bout d’une demi bouteille – chacun – j’échoue à nouveau et je ris encore une fois : « ça commence à être vraiment dur là… ». Je souris amusé puis je lui dis : « Tu sais, il faudrait qu’on essaie ces baies… celles qui nous avaient fait plané à la navette… ». Il faudra qu’on trouve d’autres plantes dans ce genre…

Jasper réussit son coup. Je souris amusée en l’entendant me dire qu’il est plus doué que moi et que ce n’est pas une première. Je me penche un peu et je le frappe à l’épaule, gentiment. Je ris ensuite, parce que l’alcool à cet effet-là sur moi : il me fait rire. Puis je lui dis : « Dis donc… Tu pourrais être galant ! ». Cependant, je me redresse et en bonne joueuse je bois une rasade de vodka. Encore. La brûlure de l’alcool est habituelle après la quantité que je viens de boire. Et je dois dire que cette sensation m’avait manqué. Cette sensation de flottement, de liberté… Oui, clairement, cela m’avait manqué. Je joue à mon tour et cette fois je réussis mon coup ! « Wouh ! Je ne déclare pas forfait ! ». C’est donc à son tour de boire. Oui, je ne le laisserais pas faire.

Il me répond ensuite, sur les noix de Jobi, dont j’aurais probablement oublié le nom dans 5 minutes. Que Monty et lui aient déjà essayé ça ne m’étonne même pas. Je souris amusée et je dis : « C’est bon à savoir pour une prochaine fois ! ». Ce genre d’informations sont toujours bonnes à savoir et à connaître. Je regarde Jasper et finalement je lui demande : « Tu crois que Lincoln serait d’accord pour nous donner des informations sur les plantes de ce genre ? ». Il a l’air d’en connaître un rayon en plante et en poison. Alors peut-être qu’il pourra nous fournir de bons tuyaux pour commencer à constituer notre stock de délinquants qui se respectent… Je commence quand même à sentir l’alcool faire effet. J’ai chaud et je commence à avoir un peu la tête qui tourne. Mais j’aime tellement cette sensation que je ne compte pas m’arrêter maintenant…

A ma remarque sur la galanterie, Jasper ricane. Je n’en attendais pas moins de lui. Clairement, il a beaucoup de qualité mais la galanterie – du moins envers moi – n’est pas son fort. C’est bien dommage d’ailleurs, j’aurais bien aimé. Mais Jasper a une espèce de fascination pour Octavia. Oui, Mme parfaite avec ses beaux yeux et ses cheveux noirs. Bref. Je souris amusée d’autant plus qu’il répond sur le fait qu’on joue fair play. Je ris un peu et je lui réponds : « Bien sûr oui ! Ça ne serait pas drôle sinon ! ». Je lui adresse un clin d’œil et un sourire amusé. Avec certains garçons, je n’hésite pas à me penche un peu pour les déstabiliser, mais honnêtement, je suis presque sûre que ça ne servirait à rien avec lui. Alors je ne perds pas mon temps avec ça. Je me contente de la jouer fair play comme il dit. Mais d’ici quelques minutes et quelques gorgées d’alcool, il se pourrait que ça change. La chaleur de l’alcool, la promiscuité… ça promet. Lorsque je réussis mon coup, il est obligé de boire. Et d’ailleurs, il me dit de profiter tant que je peux. J’y compte bien oui ! Je ris et j’acquiesce en passant une main dans mes cheveux.

D’autant plus qu’il se renfrogne quand je parle de Lincoln. Je ne m’y attendais pas à celle-là. Je voulais juste parler des plantes de la terre, lui faire plaisir en pensant à toutes ces nouvelles drogues qu’on allait pouvoir tester. Au lieu de cela, il se met à bouder. Je fais la moue et je me penche vers l’avant – pas beaucoup vu que nous sommes déjà plutôt proches – pour l’embrasser sur la joue afin de m’excuser et lui dire : « Tu as raison. On n’a besoin de personne… ». Je souris en coin et je lui dis : « On aura jamais besoin de personne pour savoir comment nous amuser ! ». Je lui fais un clin d’œil et je me redresse, buvant une gorgée juste pour le plaisir. Il commence à faire un peu chaud là. Alors je me tortille un peu pour retirer mon pull et le poser à côté de moi puis je me redresse et je lui dis : « Aller joue ! ».

Bien sur qu’on est d’accord. Je ne le laisserais pas me laisser gagner. De toute façon dans ce genre de jeu on se fiche pas mal de qui gagne ou perd, tant que tout le monde finit éméché. Et c’est clairement bien parti pour nous deux. J’ai déjà plus que chaud. Donc après avoir embrassé Jasper sur la joue pour me faire pardonner, je retire mon pull. Ce n’était pas calculé, je ne cherche pas à le draguer, je sais bien qu’il apprécie Maya, la petite infirmière de la montagne. Même si je ne vois pas ce qu’il lui trouve. C’est dommage mais bon. Je le regarde et il revient à la réalité pour jouer. Mais il échoue en prétextant qu’il n’était pas concentré. Je ris un peu et je lui dis : « Ne te cache pas derrière des excuses… ». Je souris un peu et je lui dis : « Aller bois ! Ça va te faire du bien ! ». Je souris en coin et je lui adresse un clin d’œil.

Puis je joue à mon tour et je réussis surement poussée par la fierté de réussir à le faire boire encore. Je ris d’ailleurs quand je vois que je réussis. « Wouhouh ! Admire mon talent un peu ! ». Je ris à nouveau et je le laisse boire encore une fois. Oui, décidément, deux fois de suite c’est un coup de chance. Et je sais que ça ne va pas durer. Je raterais surement les prochains parce que plus le temps passe et plus les effets de l’alcool se font sentir. Quand ma tête commencera vraiment à tourner, là ça sera vraiment difficile de pouvoir viser et réussir mes lancés. Pour le moment ça va encore, c’est plus difficile mais ce n’est pas non plus impossible, la preuve. Je le regarde simplement, ne sachant pas vraiment quoi lui dire. Je lui suis reconnaissante pour tout ce qu’il a fait pour nous et ce qu’il continue à faire, là, alors qu’on joue comme deux idiots à un jeu d’alcool. Juste pour me remonter le moral. Alors je me contente de lui sourire et d’attendre qu’il joue.

« Aucune non, mais tu n’en as pas non plus… ». Et je ris un peu. Après tout c’est lui-même qui vient de demander de la jouer fairplay et de ne pas me laisser gagner sous prétexte que je suis une fille. Il a bien raison, les choses sont toujours plus agréables quand on les fait à fond, sans faux semblants. Alors honnêtement, je ne crois pas qu’il soit vraiment en colère, même quand il râle. Parce que de toute façon, Jasper passe son temps à me râler dessus. Je suis sure que c’est parce que dans le fond il m’aime et qu’il sait que je suis plus cool qu’Octavia. Mais bon, il ne m’écouterait pas si je lui disais et en plus je suis à moitié saoule donc les choses ne sont peut-être pas exactement comme je les pense. « Non, c’est juste le talent… ». Je lui fais un clin d’œil et un sourire charmeur parce que l’alcool me fait cet effet-là. Je drague déjà beaucoup quand je suis sobre mais alors quand j’ai bu… Je deviens une vraie harpie. Bon, je n’ai jamais agressé personne bien sûr.

Lorsqu’il me dit que c’est à lui et que je vais voir, je l’observe attentivement et comme lui je suis le bouchon des yeux jusqu’à ce qu’il termine sa course sur un échec* qui me tire un éclat de rire ainsi qu’un sourire indulgent : « Aller je suis sure que tu réussiras le prochain va… ». Puis je lance à mon tour et j’échoue aussi. Je commence à avoir du mal à me concentrer alors c’est normal. Et je bois aussi avant de me redresser un peu pour me frotter la nuque. Je commence à avoir sacrément mal aux mains aussi mais bon, je l’ai bien cherché et je ne vais pas lui dire c’est hors de question. Je le regarde simplement et je lui dis : « Merci d’avoir été là… ».

C'est vraiment très drôle comme les choses peuvent changer en quelques instants, comment je peux passer de la peur, de la colère, de l'angoisse en peu de temps. Et tout ça grâce à un jeu. Un peu idiot, mais bon, ça va encore. Même si l'endroit est un poil étroit. Mais honnêtement, la partie claustrophobe de moi-même a été tuée par l'alcool qui me déride un peu et me détend de plus belle. J'apprécie l'endroit finalement mais j'apprécie surtout la présence de Jasper. Je souris plus facilement qu'il y a encore quelques instants dans la forêt. Puis, il me répond et je ne peux que sourire en coin : « Ne t'en fais pas, je suis habituée... ». Eh oui. L'alcool, la fête. Je connais ça et depuis quelques années déjà.

Le jeu continue, la discussion aussi et ce que me dit Jasper me tire un sourire en coin à nouveau. Est-ce qu'il s'en est rendu compte ? Je pense que ce n'est pas volontaire. Je souris amusée et je lui dis : « Ça c'est parce que j'ai des arguments convainquant… ». Je lui adresse un clin d’œil appuyé puis j'attrape ma bouteille et je remets le bouchon puis je me redresse un peu ramassant mon pull. J'ai une bouffée de chaleur, je frôle un peu Jasper au passage puis je me tourne vers le panneau pour me préparer à l'ouvrir quand il sera prêt. Et une fois qu'il a tout ce qu'il lui faut, je fais coulisser un tout petit peu le panneau pour vérifier qu'il n'y a personne. J'écoute qu'il n'y a pas de bruit de pas, puis quand je suis sure, je le fais coulisser encore plus et je me faufile dehors et je laisser sortir Jasper puis je referme le panneau. Je saurais que je peux y revenir. C'est une bonne planque. « On peut y aller ! ».

Bien sûr que j’ai des arguments convainquant. Je suis plutôt douée même la preuve. Il est troublé. Bon, d’accord, il y a quand même l’alcool qui entre en ligne de compte et qui baisse surement la plupart de ses défenses. Mais quand même. Etre à l’air libre me fait du bien. J’enroule ma bouteille dans mon pull que je cale sous mon bras pour être sure de ne pas la lâcher. Ça sera quand même très triste de la briser et de gâcher de l’alcool. Je souris tranquillement alors qu’il me pose une question. Je ris un peu et je lui dis : « J’aime bien râler c’est sûr… Mais ne t’inquiète pas, je me suis portée volontaire pour profiter de ces bouteilles… ». J’ai baissé un peu la voix sur la fin de ma phrase histoire que les autres n’entendent pas. Je ris un peu, amusée de la situation. Ça faisait vraiment longtemps que je n’avais pas bu et ça me fait du bien. Je me sens plus détendue. Bien sûr, demain je serais surement moins enthousiaste. Mais je ne regretterais pas.

Puis, il poursuit et se défend en levant un peu les mains. Je le regarde et je ris à nouveau. Je me penche et je l’embrasse sur la joue en lui disant : « C’est noble de ta part… Maya est gentille. Un peu sage, mais elle est gentille… ». Je lui souris. C’est vrai. Je suis un peu jalouse c’est sûr, mais Maya est une fille vraiment géniale. Elle nous a aidés. Elle a beaucoup risqué pour nous. Et je ne peux que l’apprécier pour cela. Je le regarde simplement et je m’écarte un peu. Je ne le forcerais à rien. Ce n’est pas si mal qu’il soit fidèle.

Puis, il lève sa bouteille et trinque à la nuit que nous avons devant nous. Je ris à nouveau et j’acquiesce : « En voilà une très bonne nouvelle ! ». Et je me mets en marche pour sortir de l’arche et pour me rendre vers les tentes. La sienne ou la mienne, peu importe. Le plus important c’est de continuer à s’amuser et à boire. Le plus important c’est de passer des bons moments avec un ami, quelqu’un sur qui je peux compter et qui peut compter sur moi. En voilà une bonne nouvelle. Une excellente nouvelle !