La guerre est terminée. Nous l’avons gagnée. Les barbares ont été défaits et je suis plutôt heureuse et soulagée d’être vivante. Vraiment. Et pas trop abîmée. Enfin, comparée à d’autres. Comparée à Maya. J’ai encore du mal à m’en rendre compte. Maya est morte et il va falloir l’annoncer à Jasper. Je ne pleure pas vraiment la fille de la montagne : je ne la connaissais pas vraiment. Je pleure celle qui nous a aidé par contre. C’était une fille courageuse, on ne peut pas lui voler ça. Et elle va me manquer quand même. Mais par contre… Je suis carrément en colère contre Clarke. Bien sûr elle ne l’a pas tuée directement mais… c’est à cause d’elle si Maya était là. Et si elle n’avait pas insisté pour que la brune soit là, elle serait encore vivante. Au final, tout est de sa faute. Sainte Clarke pas si sainte que ça. Enfin… je dois mon état plutôt bon à cette femme blonde juchée sur un lézard géant et à Curtis bien sûr. Je me souviens du nom que le commander a dit dans le cercle de flammes. Celle qui m’a sortie du champ de bataille pour que l’on puisse m’évacuer à l’arrière afin d’être soignée. Il faudra vraiment que je les remercie. J’esquisse un léger sourire en y repensant. Il faut dire que je n’ai pas forcément pris un bon départ avec les grounders, mais là cela semble aller mieux. Certains m’impressionnent toujours, mais petit à petit je peux me rendre compte qu’ils ne sont pas tous des ours mal-léchés. L’ensemble des rencontres que j’ai fait depuis quelques jours m’ont permis de me rendre compte qu’ils ne sont pas tous méchants, ou froids. Comme Jakob par exemple, ou même Eija que j’ai rencontré au Camp Jaha et Aden était plutôt sympa aussi. Je pense que j’aurais encore du chemin à faire pour ce qui est de la confiance, mais je suis vraiment contente que l’alliance soit toujours aussi solide. Enfin, solide. Si nous sommes tous là aujourd’hui c’est qu’elle est plutôt stable. En attendant que la délégation ne reparte vers Polis, j’aide comme je peux à Kalawen.

Nous reconstruisons ce qui a été détruit par les barbares qui ont réussi à outrepasser : les barrières, les maisons, les enclos, bref. Heureusement, ils n’étaient pas beaucoup parce qu’ils ont quand même fait des ravages. Je viens de finir d’aider un groupe de travailleurs à reconstruire la barrière d’un enclos pour y parquer quelques animaux encore vivants, encore dans la ville. En me redressant, je prends ma béquille. Pour aider à faire des trucs je n'en prends qu'une. Je force un peu sur mon épaule, j'avoue mais tant pis, j'aurais bien le temps de me remettre après. Je m’approche d’un tonneau dans lequel il y a de l’eau, je remplis une espèce de bassine métallique et avant de la salir, j’en bois quelques gorgées. Ensuite, j’y plonge les mains pour les nettoyer et je les place en coupe pour me passer de l’eau sur le visage. Je me redresse ensuite, et je regarde autour de moi pour voir dans quelle direction je vais aller pour trouver d’autres gens à aider. Puis, je laisse la place à un type de clan des prairies qui semblent vouloir se laver les mains lui aussi. En m’éloignant, j’aperçois une enfant qui transporte un seau remplit de gravats. Je la regarde un instant, la trouvant vraiment courageuse de faire ça tout en me disant que la vie sur Terre doit priver les enfants de leur enfance. Je ne m’approche pas pour l’aider car au moment où elle m’a vu esquisser un geste pour le faire, elle m’a clairement déconseillé de le faire d’un regard sombre. Je souris un peu amusée et je m’éloigne. Au détour d’un bâtiment, on me demande de l’aide pour transporter quelques poutres. J’en soulève une que je cale sur mon épaule, la blessée mais la poutre n'est pas très lourde donc je supporte, puis je prends ma béquille et j’avance. Mais alors que j’allais tourner, la personne derrière moi perds l’équilibre et sa poutre rentre en contact avec la mienne. Déséquilibrée par le choc, je trébuche un peu et en me redressant, je manque de décapiter Lexa. Enfin, de la cogner avec ma poutre. Je l’ai arrêtée à un centimètre de son visage. Choquée et catastrophée, je la regarde et je lui dis : « Oh… C’est pas vrai ! Je suis vraiment vraiment désolée Heda… ». Je pose la poutre et en me redressant, j’incline un peu la tête avec respect, maladroitement parce que je ne sais pas vraiment comment me comporter avec elle. C’est différent de la chancelière Griffin ou des adultes de l’Arche. Je sais comment me comporter avec eux, quels mots utiliser, quelle façon de leur montrer mon respect. Ce n’est le cas avec Lexa. D’autant plus que je viens de manquer de la cogner.  Je la regarde vraiment désolée et je lui demande : « Vous allez bien, je ne vous ai pas touché ? ». La personne derrière moi s’est complètement décomposée à l’idée de la catastrophe qu’elle a failli créer et s’en va sans demander son reste en voyant que je parle au commander.

Manquer de décapiter le chef des grounders, c’est fait. J’espère vraiment que la journée ne va pas continuer comme ça, sinon je risque bien de déclencher une guerre à moi seule. Une fois la poutre au sol, je me redresse et je m’appuie sur ma béquille. Lexa a empêché Galaad d’intervenir ce qui m’a évité d’être empoignée violemment je pense. Il aurait peut-être même fait pire. Je l’ai vu détruire des barbares durant la batailles et honnêtement je n’ai pas du tout envie de me retrouver face à lui un jour. Même en entraînement. Assez vite, Lexa répond à mes excuses. J’ai pu apercevoir un sourire sur le visage de Galaad que je lui ai rendu avec plaisir. Et j’ai également presque pu deviner l’esquisse d’un sourire sur celui de Heda ce qui agrandit encore plus le mien. Elle n’est pas en colère, je ne lui ai pas fait de mal, tout va bien. Il n’y a donc plus de raison de faire la grimace ou de redouter quelque chose. Enfin, il y a toujours des choses à redouter sur Terre, pas seulement venant des grounders, mais aussi de la nature. Cependant, là, maintenant, je n’ai pas grand-chose à craindre. S’il y a quelqu’un en qui j’ai confiance c’est bien Lexa. C’est grâce à elle que la coalition existe et que nos deux peuples sont en paix. Et j’espère que cela durera le plus longtemps possible. J’acquiesce un peu en souriant toujours lorsqu’elle me dit que ce n’est rien. Elle laisse même la personne qui m’a bousculée s’éloigner sans rien dire, empêchant le guerrier d’intervenir. Je suis un instant le fuyard du regard avant de la regarder à nouveau lorsqu’elle me demande comment vont mes blessures. Je souris un peu et je réponds : « Elles vont plutôt bien. D’après les guérisseurs je devrais être bientôt remise… ». Je souris de plus belle. Je me sens un peu empotée à devoir me balader avec une béquille, je dois bien l’avouer. Mais au moins je peux quand même aider et je survivrais. Tout le monde n’a pas eu cette chance. Maya ne l’a pas eue. Et je le déplore, malheureusement. Je lui demande : « Et vous, allez-vous bien ? ». Je la considère un long moment avant de dire : « Vous avez été vraiment impressionnante durant la bataille. ». Je marque une pause puis je lève le regard sur Galaad et je rajoute : « Tout les deux, en fait… ». Et alors que je souris à nouveau, je ne peux m'empêcher de penser qu'elle est tout de même très clémente et bien plus humaine que ce que je n'aurais pensé : elle a laissé celui qui a commis une faute s'en aller, elle s'enquit de mon état, elle semble même capable d'émotion. Je n'imaginais pas qu'un chef de guerre grounders puisse être comme elle.

En entendant qu’elle va bien, j’acquiesce un peu. C’est une bonne nouvelle. Perdre le commander maintenant pourrait être vraiment gênant. Politiquement parlant. Après, sur le plan humain, la mort n’est jamais terrible. Clairement, je ne le recommande à personne. Mais comme je ne la connais pas personnellement, je ne peux pas vraiment quel genre de vide elle laisserait. La rue qui nous retourne est à nouveau déserte, nous ne sommes que trois et le calme est apaisant, tranquillisant. J’imagine que ça ne durera pas alors j’en profite un peu. Au compliment que je lui fais, ses yeux semblent s’ouvrir un peu. C’est difficile à expliquer. Mais elle semble heureuse de le recevoir. En même temps, c’est sincère. Je l’ai vraiment trouvé impressionnante. Mais ses paroles reflète le caractère solennel qu’elle doit avoir en toutes circonstances. Un peu comme les membres du conseil sur l’Arche. Et j’avoue que je ne sais pas vraiment quoi répondre à cela. C’est vrai que c’est ce qu’on attend d’elle. Mais tous les commanders ne se battent peut-être pas ? Enfin. Je ne connais pas vraiment l’histoire des grounders, leur passé. Est-elle la première ? Y’en a-t-il eu d’autres avant elle ? Je laisse traîner mes oreilles, je pose des questions mais il y a encore tellement de choses qui sont floues. Alors à défaut de dire quelque chose, je me contente d’un sourire et d’un signe de tête.

Puis, elle me dit que moi aussi j’ai été impressionnante et courageuse. Je rougis un peu. L’entendre d’elle me fait vraiment très plaisir. Je ne sais pas si c’est sincère ou si c’est juste par politesse qu’elle le dit. Mais j’imagine que les grounders ne font pas de compliments par politesse. Même leur chef de guerre. Alors je réponds : « Merci… ». Oui, ça me touche. Mais en même temps, je crois que j’ai été plus inconsciente que courageuse. Ne pas trop penser à ce qui se passait autour pour survivre. Oui, en fait, je crois que j’ai juste arrêté de penser. Mais bon, je ne vais pas lui dire. Enfin, pas comme ça. Lorsqu’elle fait signe à Galaad de s’avancer, et qu’elle me dit de lui dire où l’amener, j’écarquille un peu les yeux puis je souris légèrement en l’entendant me proposer de faire quelques pas avec elle. Alors j’explique à Galaad ce qu’on m’a expliqué quelques minutes plus tôt pour la poutre : deuxième à droite puis première à gauche jusqu’au bâtiment où d’autres volontaires aident déjà à placer les premières poutres amenées. Je le remercie évidemment, puis je me tourne un peu vers Heda et je lui souris à nouveau en disant : « Avec plaisir… ». Je m’appuie sur ma béquille un peu, attendant de voir quelle direction elle va prendre. Puis, une fois qu’elle avance, je me mets à ses côtés et je lui dis : « Je ne suis pas sure que c’était vraiment du courage finalement... ». Je souris amusée. Ce n’est pas de l’apitoiement et ça s’entend dans ma voix. Mais il ne faut pas croire. Faire la guerre ne m’amuse pas. Je garderais des images de cette bataille toute ma vie je crois. Je ferais surement des cauchemars pendant des semaines. Comme au sortir de la montagne.

C’est étrange de marcher dans les rues de Kalawen aux côtés de Lexa. Elle est tellement importante que j’ai l’impression de ne pas être à ma place. Pourtant, elle est bienveillante, avenante. Enfin, à sa façon. Je la regarde de temps à autre et je ne peux que constater qu’elle est jeune. Plus vieille que moi bien sûr mais jeune. Je crois que j’aurais imaginé le chef de 12 clans beaucoup plus vieux. Mais non. Et malgré son jeune âge, c’est déjà une chef de guerre émérite et respectée. Maintenant que je l’ai vu se battre, je comprends mieux pourquoi. Et j’imagine qu’elle saura se faire respecter en toute occasion. A mes paroles sur le courage, elle me pose une question. Je souris un peu et je lui dis : « De la folie peut-être… ». Je ris un peu et je lui dis : « Ou de l’inconscience. L’adrénaline de la bataille… ». J’avoue que je n’ai pas vraiment d’honneur dans le fond. Je ne savais pas vraiment ce que je faisais. J’ai même réussi à tirer sur quelqu’un de mon camp. Je doute que cela soit vraiment brave et courageux. Mais bon, je ne vais pas m’en vanter.

Elle reprend la parole et je l’écoute. Ce qu’elle dit ne me plaît pas beaucoup. Je grimace un peu et cela me rappelle la conversation avec Quatre sous la tente des soigneurs. Je lui dis : « J’avoue que je n’ai pas hâte de recommencer... J’aimerais tant que la paix soit durable… ». Mais oui, elle a raison. J’ai l’impression que les choses ici ne fonctionnent jamais vraiment comme on le voudrait. Que les guerriers ne vivent que pour la guerre, que certains sont assoiffés de sang et de haine et qu’ils ne sont surement pas pour la paix. Et que la Terre elle-même nous adresse de fougueux adversaires. Alligators, serpents géants et autres insectes mortels. « Je ferais mon possible pour la faire durer en tout cas… ». J’esquisse un léger sourire et je lui dis : « J’ai appris que vous aviez apporté la paix et bâti la coalition. J’admire le courage et la force dont vous avez dû faire preuve pour réussir cet exploit… ». De ce que j’ai pu comprendre tous n’étaient pas d’accord et les idées de Heda ont été affrontées par certains clans. Mais aujourd’hui, les 12 clans marchent côte à côte et s’entre-aident. Cela ne durera peut-être pas. Je ne sais pas. Mais en tout cas, elle a vraiment dû être incroyable pour réussir cela. Alors oui, je l’admire.

Puis, elle me demande ce que je vais faire. Ah… l’éternelle question. Je souris amusée retenant mon rire. Trouver ma place a toujours été une épreuve pour moi. Découvrir qui je suis, ce que je veux faire. Je crois que je n’ai pas encore totalement répondu à cette question. Cependant je lui réponds : « J’ai toujours eu du mal à trouver ma place. Même dans l’espace. Lorsque nous rentrerons au camp Jaha, je rejoindrais de capitaine Andersen du Mont Weather pour devenir son apprentie. J’aimerais aider les habitants du Mont Weather à comprendre que nous pouvons vraiment vivre ensemble… ». Il y a déjà du monde pour entretenir l’alliance avec la coalition. Clarke, Jimmy, Octavia. Même Jasper et Miller. Cela ferait surement un peu répétition qu’à mon tour je rejoigne un clan. A la place, je me dis que la montagne, ce n’est pas si mal. Même si oui, j’ai toujours peur d’y retourner.

Parler de ma folie et de mon inconscience avec Lexa ce n’est peut-être pas une si bonne idée que ça, finalement. Enfin, d’un seul coup je me rends compte qu’il y a peut-être des choses que je ne devrais pas lui dire. Parce que bon, j’imagine que ça peut faire peur d’avoir dans les rangs de ses alliés quelqu’un de fou comme moi. Et encore, je ne suis pas la pire. Bon ça clairement, il ne faut pas que je le dise. Mais j’ai l’impression que ça ne l’effraie pas – enfin bon moi, effrayer une femme comme elle ? Pfft n’importe quoi – et qu’elle ne le prend pas mal. D’ailleurs ce qu’elle dit me fait vraiment plaisir. Je m’arrête même sur le moment, à la fois étonnée, flattée et très gênée. Je rougis d’ailleurs en la regardant. C’est un compliment dont je me souviendrais toute ma vie. Mais je ne sais pas vraiment quoi lui répondre enfin bon je pourrais nier ou essayer de minimiser mais j’ai l’impression que ce n’est pas ce que je dois faire. Parce que Lexa ne me donne pas l’impression d’être du genre à faire des compliments facilement alors je me contente de dire : « Merci… » et de lui sourire avec sincérité.

Je reprends finalement la marche et la conversation poursuit son cours. Je suis vraiment heureuse de l’avoir rencontrée, depuis le temps que j’entends parler d’elle. Clarke ne jure que par elle et je commence à comprendre pourquoi. Cependant, je me demande bien ce que Lexa peut trouver à Clarke. Ça, c’est un mystère pour moi, mais bien sur je ne me permettrais pas de lui en parler ou de lui poser la question. Je l’écoute me répondre et j’acquiesce un peu en lui répondant : « Je suis d’accord et je crois que les autres le sont aussi… ». Je reste un instant silencieuse puis je dis : « Et c’est en remportant des victoires ensemble et en s’entraidant que nous réussirons à convaincre ceux qui sont encore effrayés… ». Je souris de plus belle tout en marchant avec ma béquille. J’ai appris plus vite que je ne le pensais à m’en servir. Mais j’avoue que j’ai hâte de pouvoir marcher normalement à nouveau. Et lorsqu’elle enchaîne sur la coalition, je l’écoute. Je me demande à quels clans elle pense et je me rappelle de ma discussion avec Canjun, du fait que les skjerans n’aient pas combattus à nos côtés. Et je comprends ce qu’elle veut dire, ce qui ne laisse rien présager de bon. Enfin, combien de temps pourra-t-elle maintenir la paix ? Avons-nous un rôle à jouer ? Probablement oui. Enfin bon, moi et la politique ce n’est pas forcément trop ça, je n’ai jamais été passionnée et le respect des lois n’a jamais été trop mon fort non plus à bien y réfléchir. Mais je lui dis : « Tout le monde n’en aurait pas été capable… ». J’esquisse un léger sourire à nouveau vraiment admirative de l’entendre le dire. Et en même temps je n’arrive pas à imaginer comment cela a dû être. Quelles batailles et quels sacrifices elle a du faire. Vraiment, c’est incroyable.

La conversation continue cependant, vraiment intéressante et enrichissante. Face à ma réponse, Lexa semble s’étonner mais plutôt d’une façon positive visiblement. Elle approuve même mes paroles ce qui me fait sourire un peu plus. Mon estime de moi remonte en flèche et je dois dire que cela fait du bien. Même s’il y a surement une grande part de politesse dans ces paroles. Parce que la montagne a torturé bon nombre des siens et je peux comprendre que les grounders gardent une part de rancœur et de peur. Mais si nous – les 100 – arrivons à cohabiter avec ceux qui nous ont attaqués dès notre arrivée, j’imagine que les grounders pourront à leur tour cohabiter et partager des choses. Même s’il faudra surement plus de temps. Puis je reprends la parole pour répondre à sa question : « La chancelière Griffin m’a accordée son autorisation. Et lorsque j’ai eu l’occasion d’en parler au conseiller Kane, il m’a semblé plutôt content. Je n’ai malheureusement pas eu l’occasion d’en parler à Clarke ou aux autres. ». Je fais une pause un instant. Je ne peux qu’imaginer la réaction qu’ils auront en l’apprenant. Colère, incompréhension. Certains pourraient même le prendre comme une trahison. Mais bon, j’ai fait partie des premiers dont on a prélevé la moelle de force, alors qui je trahis en faisant cela ? Moi-même ? Ca ne serait pas la première fois. « Je pourrais comprendre qu’ils soient en colère ou qu’ils ne comprennent pas, mais je trouve que c’est important. Si nous laissons les habitants de la montagne de côté, leurs rancoeurs risquent de s’accumuler et peut-être finiront-ils par chercher une nouvelle guerre. Alors que nous avons beaucoup à nous apporter les uns les autres. Alors je ne changerais pas d'avis ». Je souris simplement.

Alors que l'on marche, la conversation continue. Allégée de mon fardeau, je peux marcher plus librement. Même si cette fichue béquille me gêne toujours. Je n'ai jamais réellement su le faire. Fort heureusement, je n'ai jamais vraiment été blessée au point de devoir porter des béquilles. L'avantage d'une vie sur l'Arche relativement protégée et cocoonante. Il faut bien le dire. Hormis maladresse et accident de travail, il n'y avait pas vraiment de raison de se blesser. Enfin bon. Moins que sur Terre, toujours. J'écoute le commandeur lorsqu'elle reprend la parole et j'acquiesce un peu. Elle espère qu'il n'y aura pas de guerre avant un moment. Bien sûr, moi aussi. Même si je ne m'en suis pas trop mal tirée, j'ai vu des choses horribles pendant ces combats et je ne suis pas prête de recommencer. Enfin, s'il le fallait, je le ferais mais s'il était possible de l'éviter, alors je ne m'en sentirais que mieux. Je lui souris en acquiesçant et je lui dis : « Je suis d'accord… Préserver la vie et construire la paix. Je ne suis pas encore prête à recommencer tout de suite... ». Je grimace un peu avant de sourire à nouveau. Je suis sure que ça passera. Nous avons vu des choses effrayante depuis que nous sommes là. Mais ça ira. Les choses vont de mieux en mieux. Et cette conversation avec Lexa est vraiment la preuve que c'est le cas.

La conversation continue sur les projets que j'ai préparé pour l'avenir. Mon entrée à la montagne, les raisons qui me poussent à le faire et sur tout ce que cela peut impliquer pour moi, pour mon peuple et pour la montagne. Et les paroles de Lexa me font chaud au cœur c'est le moins que l'on puisse dire. Elle apprécie ma vision du monde et elle la partage. Je suis fière et honorée d'avoir tant de point commun avec elle. Ce qu'elle ajoute ensuite ne fait que me rendre plus fière encore. Recevoir la bénédiction de Heda est vraiment un très grand honneur. Plus que cela encore. Mon sourire s'agrandit encore. Et ce qu'elle dit ensuite n'entâche pas mon moral. Et je lui dis : « C'est un grand honneur que vous me faites… ». J'incline un peu la tête. Oui, c'est le cas. Je souris de plus belle et je lui dis : « Et j'espère marcher à vos côtés encore très longtemps pour continuer à rendre plus solide notre alliance... ». Bien sûr, cela n'a rien d'un mensonge. C'est un fait. Un espoir. L'espoir d'une vie meilleure. D'une vie plus belle. Une vie dans laquelle je pourrais enfin trouver ma place. Nous avons tous perdu beaucoup. Des amis, de la famille. Mais ce que nous avons trouvé aujourd'hui en valait la peine à mes yeux. La stabilité, la liberté. La possibilité de grandir à l'air libre, de pouvoir voir la Terre. D'avoir autant d'enfant que nous en aurons envie. Je souris un peu plus puis je lui dis : « C'est généreux de votre part de me proposer d'en parler à Clarke, mais j'aurais sûrement l'occasion de la croiser afin de lui dire moi-même. ». Oui, j'assume mes choix et mes convictions. Je la regarde à nouveau et je lui demande : « Pensez-vous qu'elle ne le comprendrait pas ? ». Je ne sais pas si elles se connaissent bien. Mais elles ont passé beaucoup de temps ensemble ces derniers temps. Son opinion m'intéresse vraiment.

Lorsque Lexa touche mon épaule, je dois avouer que je suis plutôt fière. C'est un peu comme l'approbation d'une mère, d'une sœur ou d'une amie. Quelque chose dont je n'ai pas très souvent bénéficié dans ma vie. Pas d'amour d'une mère, pas de sœur et peu d'amies. Ce n'est pas comme si cela me manquait vraiment au final. Mais parfois, ça fait du bien. Ça me rend fière en quelque sorte. Oui, c'est ça. Je souris de plus belle en répondant à son regard. Elle ne sourit pas la commander mais cela se lit dans ses yeux. Je suis habituée à déceler dans les regards. Les sourires en coin, les choses sous entendues. Elle acquiesce pour toute réponse car elles partagent les mêmes opinions sur la question et qu'elles sont d'accord sur le sujet. Alors elle se contente de ça et de conclure ainsi ce thème de conversation.

Conversation qui dévie sur les autres 100 et plus précisément sur Clarke. Ce n'est évidemment pas mon sujet de conversation préféré mais j'étais plutôt curieuse. Il y a bien des rumeurs qui circulent sur la relation qu'elles entretiennent mais je ne les écoute pas vraiment. Dans le fond, ça ne me concerne pas. Je ne sais que trop à quels points les rumeurs peuvent desservir. Alors j'évite de les propager, surtout ce genre de rumeurs. Malgré toute ma rancœur envers elle, la plupart des 100 ont confiance en elle. Alors je ne peux pas vraiment leur retirer cela. Même si il faut quand même bien avouer qu'elle est clairement insupportable. J'esquisse un sourire légèrement amusé aux paroles de heda puis je réponds : « Je trouve aussi. Parfois, elle manque un peu de recul... Enfin, nous en manquons tous. Peut-être parce que nous ne sommes pas habitués à vivre des choses aussi intenses... ». L'Arche nous a desservi d'une certaine manière, elle nous a abrité d'une certaine façon. Alors qu'ici, il faut vivre et il faut le faire à fond. Je reprends la parole pour dire : « Elle prendra le temps qu'il lui faudra pour le comprendre, cela ne me fera pas changer d'avis… ». Je fais une pause un instant afin de réfléchir à ce que je vais lui dire, à ce que je vais répondre à sa question. Je ne sais pas vraiment s'il faut tout lui dire ou non. Je pense que c'est surtout une façon de dire les choses. Il faut juste rester le plus respectueuse possible : « Pas réellement, non... A notre arrivée sur Terre, je me suis plutôt rangée du côté de Bellamy. Je n'avais pas réellement d'attaches sur l'Arche et la liberté m'allait très bien. Les choses ont rapidement changé. Mais nous ne nous sommes pas vraiment rapprochées... ». Ce qui explique probablement pourquoi ça ne me fera pas changer d'avis. Jasper aurait peut-être plus d'influence qu'elle, mais Jasper n'est pas là.

La conversation dévie sur Clarke. C’est plutôt une mauvaise chose. Je crois savoir que Lexa l’apprécie. Disons qu’au moins, elle la trouve assez intéressante pour la prendre comme conseillère. Clarke passe beaucoup de temps auprès de Lexa, donc j’imagine qu’elle doit quand même l’apprécier à minima, non ? Même si dans le fond, cela ne me regarde pas du tout. C’est une bonne chose pour nous, même si je n’aime pas Clarke. Nous marchons toujours et très vite à ses paroles, je saisis qu’elle n’apprécie pas forcément Bellamy. Je souris un peu et je ne peux que la comprendre. Bellamy a fait des choix parce qu’il avait peur. Et maintenant, il continue à faire des choix en ne pensant qu’au pire. C’est une façon d’anticiper peut-être, je ne sais pas trop. Je souris un peu plus lorsqu’elle poursuit sa phrase en me disant qu’elle admire ma détermination. Je ne peux m’empêcher d’être fière à nouveau. De si beaux compliments provenant de Heda en personne, cela ne peut que me toucher évidemment. Je reprends la parole pour dire : « Bellamy n’a pas un mauvais fond, il a juste du mal à faire confiance aux autres… ». Est-ce que je peux vraiment le lui reprocher ? Je ne sais pas. Il ne fait pas toujours les bons choix, c’est certain. Mais il essaie de nous protéger. Clarke aussi mais elle est largement plus insupportable que lui.

Je marque une pause cependant et finalement je lui dis : « J’espère continuer à faire des choses qui contribueront à la paix… ». Et peut-être être un jour aussi admirable que vous ? Oui, il y a un peu de cela bien sûr. La jeune femme qui marche à mes côtés semble incroyable. Empli d’une sagesse qui nous profite à tous. Et c’est réellement appréciable. J’espère un jour être comme elle. Faire des choses aussi incroyables. La poutre que je transportais est désormais arrivée à sa nouvelle place, et les gens continuent à aller et venir. Mais je dois dire que tout cela m’a fatiguée. Je suis encore un peu secouée et ébranlée de la bataille et mes blessures me font encore mal. Lorsqu’elle reprend la parole je tourne la tête vers et c’est avec un léger sourire que je dis : « Peut-être bien, cela me fera du bien... ». Je la regarde et je lui dis : « Merci pour ces quelques pas… Cela a été un grand honneur de pouvoir parler avec vous… ». Ce n'est pas un mensonge bien sûr. C'est une réalité. Je suis honorée d'avoir pu parler avec elle. J'en suis très heureuse. C'était aussi l'occasion de me faire mon propre avis sur la question.