closer, deeper ▬ Lexa

Il y avait cette excitation propre à un départ, une invitation au voyage. Autant dire que Clarke n’avait pas ressenti ça très souvent dans sa vie. En fait, elle pouvait même dire avec précision que c’était la troisième fois que l’exact sentiment se produisait au sommet de son estomac. La première fois, ce fut quand elle s’était rendue dans l’infirmerie de l’Arche, non pas pour rendre visite à sa mère, mais bien pour mettre en pratique tout ce qu’elle était en train d’apprendre. Ce n’était pas un inconnu, mais le lieu avait changé, pris une toute autre dimension. La deuxième fois, ce fut bref et écrasant dans ses veines, quand elle avait été arrachée de sa cellule pour être envoyée sur terre. Et puis, maintenant, alors qu’elle avait suivi toutes les préparations, y avait même participé à sa manière. Et ce matin, ils étaient finalement montés sur leurs chevaux, une partie de l’avant-poste déjà démontée, tandis que le reste suivrait bientôt. Elle avait fait ses adieux à Jasper, dans une étreinte écrasante, avant de le laisser partir.

Clarke observait ce semblant d’Exode, se demandait si c’était ainsi qu’une grande partie des mouvements humains ressemblaient. Certes, ce n’était pas la meilleure représentation et la majeure partie des individus qu’elle observait étaient des guerriers. Mais elle reconnaissait les autres figures. Les soigneurs, les attendant au campement, les skaikrus, les rares, qui la suivaient. Elle avait jeté un dernier regard aux bois qui cachaient le village de TonDC, puis elle avait pris la route, sur le dos d’un Archéon qui connaissait la marche à suivre lors de ces grands déplacements. Ce qui était la preuve qu’il en avait connu un certain nombre. Peut-être rentrait-il chez lui ? Une question qui n’aurait pas de réponse immédiate.

Après avoir passé une partie du trajet à ennuyer Teksas de la meilleure façon qui soit, à savoir lui demander d’étendre son vocabulaire de trigedasleng, tout en se prenant de temps en temps le bec avec lui, elle avait décidé de lui donne de l’air. Elle talonna le flanc d’Archéon, remontant le peloton à une vitesse modérée, voyant de loin la figure qu’elle recherchait, en première ligne, drapée de sa cape rouge, toujours aussi magnifique, même vue de derrière. Ceux aux abords ne parurent même pas surpris en la voyant arriver et elle resta à leurs côtés un moment, attendant que l’individu qui discutait avec Heda ait terminé. Finalement, elle adressa un mince sourire à Eija, avant de s’approcher sur la droite de Lexa. « Alors, qu’est-ce que ça fait de rentrer chez soi ? » Elle ne prit pas la peine de feindre de la voir pour la première fois de la journée, ou de la saluer de quelques mots : ce matin, c’était encore dans la tente du commandant qu’elle s’était éveillée, après les deux jours qu’elle avait passé au Camp Jaha.

Etait enfin venu le temps de quitter l’avant-poste. Les tentes s’étaient pliées, et Lexa repartait à Polis suivie de quelques autres délégations - dont elle n’aurait pas précédemment imaginé la présence. Pas dans ces conditions, pas maintenant. Mais Neith voulait encore parler des barbares avec les nouvelles que sa seconde lui avait amenée, et Feyn les suivrait un instant sur la route, avant de prendre le chemin du Sud. Du moins c’était ce qui était prévu. C’était comme un exode peut être, sans en être un vraiment. Car ils ne quittaient pas leurs terres pour un avenir meilleurs, mais rentraient de la guerre vers leur doux foyer. Presque tous. Pour d’autres ça serait une nouveauté, elle voulait bien le croire. Comme pour Clarke. Comme pour certains des skaikru qui venaient faire la route avec eux jusqu’a Polis. Bien sur, tout était symbolique, Polis n’était pas si loin du Camps Jaha, peut être moins d’une journée de chevauchée, et les skaikru pourraient venir quand ils le souhaitaient oui. Mais c’était la première fois, c’était le premier voyage, celui qui représenterait le plus, et c’était Clarke qui le faisait.

Lexa était songeuse. Un peu soucieuse peut être. Que Neith lui ait parlé de ses soucis avec les barbares - a vrai dire elle avait vociféré sa colère et le fait qu’il fallait faire quelque chose et que sinon elle brulerait des choses… Bon Lexa l’avait laissé parler longtemps avant de clore la conversation par un «  nous ferons ce qui doit être fait » autoritaire, qui avait fait taire l’irritable keryonsi.-  était un fait. Mais savoir que ça s’ajoutait à la liste des soucis, savoir qu’elle rentrait à Polis pour se préparer à d’éventuelles nouvelles guerres. Oui, elle était Soucieuse. C’était un fait. et pourtant elle était heureuse de rentrer, parce qu’elle ne rentrait pas seule. Elle allait pouvoir montrer à Clarke, l’étendue de Polis. L’étendue de cette ville qui était la sienne, qui était le joyau de son domaine, de ses terres. Elle allait montrer aux skaikru ce qu’ils gagnaient à faire partie d’une telle alliance. Elle… Ça ne l’empêchait pas de songer.

La route se passait néanmoins calmement, tandis qu’elle s’entretenait un peu avec Curtis - toujours aussi peu bavarde à son grand dam, elle qui se souvenait de longs moments où elle avait pu parler avec son amie - avant de continuer la route seule, menant ce peleton, ce groupe. Erèbe sortait de l’ordinaire avec sa toison blanche, et Lexa lui flattait l’encolure, d’un geste volontaire. Un guerrier vint lui parler quelques instants,  et d’une voix fière elle lui assura qu’il pourrait bien vite rentrer chez lui. Même si son retour ne durerait que quelques jours, même si une autre guerre viendrait, que Lexa ne pourrait pas éviter - elle espérait l’eviter. Elle espérait que Jasper ferait quelque chose au Nord. Qu’Arzhel ne ferait pas tout gacher. Elle espérait oui. Mais elle savait qu’il ne fallait pas se reposer sur des espoirs.

Des « pataclop » qui lui étaient familiers se firent entendre, et elle ne retourna même pas la tête vers la droite, attendant que la voix résonne dans les brouhahas des chevaux et des armes. « Alors, qu’est ce que ça fait de rentrer chez soi ? »  Elle ne cacha pas son sourire, consciente qu’Eija et Curtis pourraient le voir, et s’en fichant un peu, et enfin elle tourna la tête vers Clarke. Le salut n’était pas necessaire, et ce n’était pas la peine d’essayer de leurrer les personnes qui les entouraient, elles savaient très bien ce qui se tramait dans la tente du commandeur les nuits et les matins. Et la lueur qui brillait dans les yeux de Lexa montrait peut être qu’elle se rappelait d’une conversation, quelques jours auparavant, dans cette clairière où trop de déclarations furent faites.  « Je n'étais pas loin de chez moi. »   Houm werom tombom kamp raun.  Et c’était cliché peut être. Elle ne le dirait pas. Pas maintenant. Elles se l’étaient déjà dit plus ou moins.  «  Mais je suppose qu’il y’a toujours ce soulagement, et une pointe d’anxieté. »  Il y’eut quelques instants de silence, et Erèbe se rapprocha de l’autre cheval, avec qui il avait l’habitude de marcher de front.  «  J’espère que Polis correspondra à tes attentes. » Elle ne regardait plus la route, fixant Clarke avec d’avantage de sérieux dans le regard. « Ça doit être étrange pour toi, je présume ? »

C’était un sentiment vivifiant, de se trouver devant la cohorte en marche et, l’espace d’un instant, Clarke se détourna, regarda derrière elle pour admirer la masse humaine qui avançait, suivant sans faillir Heda, sur un chemin que la majorité connaissait. Polis. La capitale. Le demeure de la majeure partie de ces hommes et femmes qui s’étaient battus dans cette bataille qui s’était terminée depuis plus de dix jours maintenant. Et Clarke eut ce mince sourire sur ses lèvres, un sourire d’une vision qu’elle n’aurait jamais cru avoir et, embrassant une dernière fois le spectacle, elle en retrouva un tellement différent, mais inestimable à ses yeux. « Je n'étais pas loin de chez moi. » Et ce fut délicieux, l’expression de Clarke, qui ne lutta pas le bonheur de ces simples mots, portant la tête en arrière, qu’elle secoua, entrainant ses cheveux en une lente ondulation. Lexa était une charmeuse, oui, et surtout, elle était sincère. Clarke le savait. Clarke adorait le savoir. « Mais je suppose qu’il y’a toujours ce soulagement, et une pointe d’anxieté. » Rentrer chez soi. C’était un inconnu, pour Clarke. Oh, oui, il y avait bien le souvenir, lointain, du soulagement reposant, quand elle approchait, dans l’espace, du logement des Griffin et qu’elle trouverait son père à lire un document de travail tandis que sa mère vaquait à d’autres occupations. Mais cela remontait à trop longtemps et elle savait qu’elle n’effleurerait plus ce sentiment. Peut-être connaitrait-elle autre chose. Pour l’heure, elle disait adieu à ce qui aurait pu être chez elle – le Camp Jaha – qu’elle aurait détesté pour être son chez elle. Clarke était encore en voyage, à ce qui ressemblait à un pèlerinage et peut-être trouverait-elle la paix au bout de chemin.

Peut-être pas. Elle savait ce qu’il y avait, au-delà de Polis, la guerre, d’autres combats. Et la vie, ne serait-elle que ça ? Qu’une lutte contre plus fort que soi, différent de soi ? Elle comprenait, oui, sans mal, pourquoi Lexa avait voulu unifier les peuples. Pour autant, elle ne comprit pas quelle était l’anxiété dont parlait la Fille Sage. « J’espère que Polis correspondra à tes attentes. » Elle échappa un faible « oh », qui arrondit sa bouche, avant que la douceur ne prenne le dessus et qu’elle capture entièrement ses traits. « Je n’en doute pas. » Puis vint le jeu. « Et si jamais, je n’aurais qu’à me rabattre sur celle qui me fait la visite. » Au mieux aussi, elle le ferait. Enlever Lexa, pour quelques minutes de tendresses dérobées. Le lieu changerait, oui, mais il était hors de question que les habitudes, elles, restent en arrière. « Ça doit être étrange pour toi, je présume ? » Son regard glissa sur la proximité des deux cavaliers, sur la maigre distance que les cheveux imposaient, qu’Archéon acceptait sans main. Si Lexa n’avait pas été sur sa gauche, elle aurait pu tendre la main, effleurer son bras. Son bras était toujours en écharpe et, surtout, il y avait une armée dans leurs dos. Si l’amour n’était pas une faiblesse, il y avait bien des preuves d’affection que Clarke préférait exposer dans un environnement un minimum plus privé.

Alors, Clarke acquiesça, de ce bref mouvement du menton, alors qu’elle observait ces bois qu’elle traversait pour la première fois. « Ca l’est. J’ai hâte de voir la ville. » L’enthousiasme était dans sa voix sans qu’elle ne cherche à le cacher. « J’espère en voir le plus possible, avant que. » Elle s’arrêta, sembla hésiter, avant de lâcher, finalement. « Avant d’être trop prise par les évènements. » Et il y eut cette parcimonie, cette prudence, propre aux jours à venir aux menaces qui seraient à traiter.

Si quelques mots seulement provoquaient un tel bonheur chez la fille du ciel, peut être que Lexa choisirait de les user avec plus de fréquence. Tant qu’ils restaient sincères, tant qu’ils restaient spontanés. Elle était juste heureuse peut être finalement, et d’un sourire franc elle mimiqua la joie de sa niron. C’était plaisant. Et elle se sentait emplie d’une fougue nouvelle, alors qu’elle chevauchait avec determination vers sa capitale. Aux cotés de Clarke c’était une promesse d’un avenir dans le quel elle voulait croire oui. Le bonheur ne chassait pas l’anxieté néanmoins, et si elle gardait la tête froide, et la mine décidée quand il s’agissait de ses soldats, elle ne le cacha pas à Clarke. Elle avait une lueur d’angoisse dans ce retour à Polis, qu’elle vocalisa finalement plus clairement. Se plairait elle à Polis ? La ville tout entière representant Lexa plus que n’importe quel autre village, conviendrait il aux yeux et au gout de la fille du ciel, pour qu’eventuellement un jour elle décide d’en faire son foyer. Avec elle ? Ou plus tard même, quand Lexa elle-même ne serait plus. Elle voulait oui, que leurs nouveaux alliés se sentent aussi chez eux, et que Clarke – plus que quiconque – apprécie la ville à sa juste valeur.   « Je n’en doute pas. »  C’était de la douceur dans les paroles, et sur le visage, et le nœud qui se formait dans l’abdomen de Lexa, se dessera. «  Et si jamais, je n’aurais qu’à me rabattre sur celle qui me fait la visite. »  Ca tira un sourire. Le jeu revenait, et c’tait un jeu dans le quel Lexa appréciait de foncer, car qu’elle gagne ou perde, elle gagnait toujours finalement. « Et je ne doute pas que celle-ci soit à ton gout en revanche. »  Car de tout ce qui était, si il y’avait une chose dont Lexa était sure après tous les derniers evenements c’était de la sincerité des sentiments de Clarke envers elle. Bien sur, au debut il y’avait eu cette voix qui lui criait qu’elle était faible, qu’elle se faisait manipuler – elle entendait presque la voix de Titus maugréant ces mots - , mais elle l’avait bien vite fait taire, et c’était une crainte qui n’existait plus. Clarke tenait à elle, probablement autant que ce qu’elle, elle tenait à la fille du ciel. Elle était sa niron. La femme avec qui elle esperait avoir l’occasion de passer sa vie, si celle-ci se montrait clémente – et elle ne se montrait jamais clémente, Lexa le savait… - Ca apportait une mimique paisible sur son visage. Voila tout.

Et par tous les diables, elle aurait voulu attraper la main de Clarke maintenant, mais elle ne le pouvait pas. Il y’avait des choses qui ne se faisaient pas. Elle opta pour son sourire, pour des questions interessées, inquiètes.

  «  Ca l’est. J’ai hate de voir la ville. » Elle entendit l’enthousiasme, elle le partagea d’un hochement de tête, et quelques secondes plus tard, alors que Clarke lacha de l’inquietude à travers quelques mots, elle tourna la tête, sa machoire se serrant alors que de Lexa elle redevenait Heda. Parée de sa cape, regalienne même en l’absence de ses peintures de guerre, elle renvoyait cette image de calme, de déesse posée et calme au milieu des tempètes. Rassurante peut être. « Nous aurons le temps. » Et sa voix était dénuée d’inquietude, apportant la quiétude qu’un chef offrait aux siens. «  Les guerres ne se montent pas en quelques jours. » Les defenses non plus. Et une fois à Polis il faudrait attendre que le conseil décide, il faudrait attendre que les messagers partent et puis reviennent. Elles auraient le temps de se poser. «  J’aurais le temps de te présenter quelques personnes, et de te faire visiter la tour. » Et pas que la tour, elle l’esperait bien.

Il y avait cette confiance mutuelle entre les deux femmes, entre les deux amantes. C’était évident, ça se trouvait dans cette aisance qu’elles avaient, l’une avec l’autre. Ces sourires qui se gagnaient, ces mots qui s’échangeaient, sans aucune honte, sans aucune gêne. « Elle l’est, oui. » Pourquoi s’arrêter en si bon chemin, pourquoi se limiter, quand le lendemain était si peu sûre ? Oh, il y aurait bien une notion de prudence, celle de ne pas s’enfoncer trop profondément, ne pas s’approcher de trop. Mais Clarke était déjà trop loin, trop proche et elle était prête à se bruler les ailes en compagnie de sa niron. Et ce, malgré les doutes. Ça fonctionnait comme ça aussi, entre elles. Rassurer l’autre, face à la crainte, face à l’hésitation. Face au monde. « Nous aurons le temps. » Clarke jeta un coup d’œil vers Lexa et s’il y avait encore une réserve, une prudence, celle-ci disparut quand Lexa tomba dans son regard et qu’elle capta la droiture du commandant, ainsi que la force qu’elle incarnait physiquement. Il y eut une pause, brève, durant laquelle Clarke retint son souffle. Comme ça, simplement, la bouche légèrement entrouverte, tandis que la vie continuait de se faire, les troupes d’avancer dans ce brouhaha qui les portaient.

« Les guerres ne se montent pas en quelques jours. » Et sa mâchoire se crispa, chez Clarke, l’admiration passagère envolée, l’esprit s’inquiétant de l’ouest. Elle, elle avait le sentiment que la guerre était déjà là – elle avait le sentiment que la guerre n’était jamais partie et qu’elle attendait toujours l’occasion de se rappeler à la mémoire de tous. Comme une épée plantée dans le sol, qui attendaient d’être saisie par une main belliqueuse. « Elle est déjà là dans les prairies. » Ne put elle s’empêcher d’échapper, à moi-voix. Car c’était vrai et qu’elle savait que Baal était parti, quelques jours auparavant, sur son meilleur cheval. C’était étrange. Théoriquement, ça n’aurait pas dû être sa guerre. Fondamentalement, le skaikru était protégé (de cette menace tout du moins). Mais elle sentait cette compassion, pour ces éleveurs, qui n’étaient pas fait pour le combat et qui se faisaient massacrés sans qu’ils aient le temps de le comprendre. C’était familier à ses yeux. Trop pour qu’elle les ferme sur la situation.

Et d’autre part, c’était son nouveau rôle, non ? Conseiller. Suivre les mouvances donner son opinion. Même si, là, elle n’était que Clarke, une femme très amoureuse d’une autre femme. « J’aurais le temps de te présenter quelques personnes, et de te faire visiter la tour. » Elle poussa un maigre soupir, se concentra sur les mouvements des oreilles d’Archéon, pour se détendre. Mais il lui fallut plusieurs secondes, avant qu’elle n’acquiesce et qu’elle force un sourire sur ses lèvres. Celui de l’inquiétude présente, l’inquiétude qu’elle ne pourrait pas vraiment oublier. Lexa avait un point, tout de même. La précipitation n’apporterait rien de bon. Alors elle se concentra sur autre chose, Clarke. Elles auraient tout le temps de discuter de guerre et de menace une fois installées à la capitale. « La tour ? » Polis serait un nouveau terrain, il faudrait bien qu’elle apprenne à le connaitre. Et puis, elle ne pouvait pas oublier cette excitation de découvrir.

Et elle l’était Lexa, interessante n’est ce pas ? Tout comme Clarke l’était. Et tout comme elle était interessée. Interessée par ce jeu qui se jouait entre elles deux, où elles provoquaient une ligne invisible, sans pouvoir la franchir. Elles restaient correctes, et Lexa offrit à Clarke un sourire entendu. Qui céda bien trop vite la place au visage serré et determiné d’Heda. Elles auraient le temps, et tant que possible Lexa le lui offrirait, ce temps. Tant qu’il ne peserait pas au peuple, pour le quel elle sacrifierait tout. Elles auraient le temps, et il fallait que Clarke peut être comprenne quelque chose. Ca lui serait etrange, ça lui était étrange. « Elle est déjà là, dans les prairies. »  Et c’était probablement ce qui contrariait Clarke, ce qui avait contrarié Neith, ce qui probablement contrariait Feyn aussi. La guerre était déjà la. Et ils s’organiserait. Le calme ne quitta pas son visage. «  Et nos hommes viennent d’en finir une autre, et se préparent déjà à aller lutter pour aider leurs frères des Prairies. » Elle restait ainsi Lexa, comme si ce poids des responsabilités et des devoirs, ne la ferait jamais plier. Et elle ne ploierait pas. C’était un fait. Elle ne ploierait pas parce qu’elle n’avait pas le choix, parce que le peuple avait besoin d’elle. Elle reprit. «  Mais nous avons différentes menaces qu’il est bon d’examiner, et nous ne pouvons nous permettre de lancer nos forces sans préparation préalable. » C’était dit.  Elle aimait être preparée Lexa, elle savait qu’une bataille ne se gagnait pas sur un coup de tête, et elle voulait être sure que les Nords, n’attaqueraient pas, pendant que l’attention était à l’Ouest. Et elle était tiraillée aussi parce qu’elle ne savait pas si elle devait se rendre à l’Ouest ou rester à Polis. Il y’aurait un conseil. Les décisions seraient prises.

Mais elle était touchée aussi, de remarquer que Clarke semblait porter aux prairies une attention particulière, une affection ? Lexa avait fait le bon choix, en la voulant comme conseiller. Et c’était quelque chose qui ne lui déplaisait pas. Avoir raison. Ne pas se tromper quand le bien de son peuple était en jeu.  Elle laissa un fin sourire glisser sur ses lèvres. La satisfaction.

Vint la proposition, pour changer le sujet vainement peut être. Les inquietudes étaient latentes. Mais la perspective de decouvrir devait probablement mouvoir les pensées de Clarke. Le sourire ne se dissipa pas. « La tour ? »  Il s’agrandit même un peu à l’idée de montrer son domaine, le cœur même de l’empire. « La tour de commandement. C’est un des batiments de l’ancien monde, qui se dresse toujours de presque toute sa stature, au milieu de la ville. Il abrite les salles du conseil et du trone, les chambres des Nightblood, des ambassadeurs et des conseillers, ainsi que ma chambre. »  Et elle rosit presque en prononcant ces mots.  C’était la aussi un lieu qu’elle voulait lui faire decouvrir. Quand elles auraient le temps. Elles l’auraient.

« Et nos hommes viennent d’en finir une autre, et se préparent déjà à aller lutter pour aider leurs frères des Prairies. » Combien de guerres ces hommes avaient-ils connu ? Combien de guerres, Lexa avait-elle été témoin, avait-elle dirigé ? Il y eut un choix qui fut pris sans que Clarke le réalise. Elle se lamentait des combats, alors que, en choisissant la compagnie de la Fille Sage, elle les acceptait toutes entières, ces gerres. Pleines. Sanguinaires. Présentes. Peut-être était-ce ça que sa mère lui avait reproché, à demi-mot, deux jours auparavant. Si elle était restée à Camp Jaha, elle aurait pu trouver un semblant de tranquillité au quotidien. En acceptant Lexa, en suivant l’amour, elle acceptait la guerre avec. Soit. Si Clarke n’appréciait pas tout ceci, elle restait douée, d’une certaine manière : elle n’était pas encore morte. Et ella avait changé. Elle était plus forte, les morceaux de son âme brisée remplacé, soudé, Par de morceaux de nécessité, des morceaux de monstre, un peu aussi. Clarke connaissait le goût du sacrifice, connaissait le prix des sacrifices et elle ferait un conseiller terrible. Efficace. Pragmatique.

« Nous ne pouvons nous permettre de lancer nos forces sans préparation préalable. » La tension s’atténua, Clarke serra moins les dents, alors qu’elle penchait un peu la tête en avant, comme si elle avait été défaite par les mots de Lexa, sans que ça ne soit une réelle défaite. La préparation, en effet, pouvait être la clé. Elle ne résoudrait pas tout, mais tant que les villages du clan des Prairies tenaient encore bon, il n’y avait pas de raison de se précipiter. Les mots qui se passaient aujourd’hui seraient des morts qu’ils n’auraient pas à subir demain. Et elle comprenait la logique, tout autant qu’elle l’abhorrait. « Oui. Et tu as plus d’expérience que moi dans ce domaine. » Le blague aurait pu être là, et si elle manqua dans sa voix, elle illumina un instant les sillons bleus de son regard, le coin de ses yeux qui se plissa un peu. D’un geste de la tête, elle désigna l’armée qui les suivait. Argument probant. « C’est juste que je n’ai pas l’habitude d’attendre que la mort frappe sans rien faire. » La tempérance, c’était assurément ce qui lui manquait. Ses âmes qui ne pourraient être sauvées, celles qui seraient massacrées dans les terres de plaines et dont Clarke ne pouvait rien faire.

Depuis qu’elle était arrivée sur Terre, elle s’était battue pour assurer la survie des siens. Elle en retirait ce besoin de veiller sur chaque personne, car chaque personne comptait. Cette vision avait ses limites, surtout quand elle était affiliée à une coalition de douze clans. Et c’était terriblement frustrant. Elle poussa un autre soupir, faible soupir, se força à oublier ses morts qu’elle ne connaitrait jamais. Polis fut une agréable distraction, facile et intrigante. Et elle écouta les propos de sa niron avec attention, son imagination construisant une représentation à la suite de la description de Lexa, captant le changement dans les prunelles de la brune, tandis qu’un mince sourire se dessina sur ses propres lèvres. « J’avais compris que ta chambre était là. » Clarke passait difficilement à côté d’une occasion pareille, même si elles venaient de parler de la guerre, de la mort. Ici, tout se rejoignait, il n’y avait pas de distinction claire et précise. Et Clarke, surtout, adorait la manière dont la peau du commandant s’empourprait, se réchauffait à ses mots (à ses actes, quand il n’y avait pas une distance imposée, qu’elle captait la chaleur des veines de Lexa, le feu de ses muscles, la force de ses os). « C’est ce qui se rapproche le plus de ta maison. » Elle marqua une pause, arquant un sourcil, se pencha légèrement vers son amante, l’espièglerie sur la langue. « Physique. » Et ce sourire, si aisé, si amoureux, revint sur ses lèvres.

Elle passa ses doigts sur l’encolure de son cheval, prétendant s’intéresser un peu plus à Archéon qu’à la femme qui chevauchait à ses côtés. Mais elle ne garda pas le silence très longtemps, Clarke (plus le temps passait, plus elle devenait mauvaise à ce jeu, en compagnie de Lexa). « Mais où sera la mienne, de chambre ? » Lexa avait bien parlé des chambres des conseillers, non ?

Les guerres étaient parts entières de Lexa. Elle était Athena, sagesse et bataille. Elle menait les combats quand il fallait les mener, à l’opposé des Ares furieux et trop rapides, qui ne pensaient qu’a guerroyer sans penser aux conséquence. Elle avait ça de sage Lexa, de savoir quand se poser, de savoir quoi faire, et prendre le temps de peser le pour et le contre des batailles. C’était cela finalement qui lui avait permit de conquérir la coalition, c’était cela finalement qui lui avait permit de gagner la bataille quand certains dans son clan même ne criaient qu’à la vengeance. Jus Drein Jus Daun. Elle partageait bien sur cette croyance, ce leitmotiv de son peuple, mais c’était une politique qu’il ne fallait appliquer qu’avec parcimonie. Et cela elle le savait bien. C’était ce qu’elle vocalisait avec Clarke maintenant, consciente que pour la fille du ciel ça ne devait pas être si facile à entendre et à comprendre. Elle n’était pas de son peuple – elle était autre chose, elle était liée, c’était different oui – et leur façon de faire, ses façons de faire pouvaient parfois sembler trop froide, trop detachées. C’était ce qui était mieux. C’était ce qu’il fallait. Garder la tête froide. Ne pas foncer. « Oui. Et tu as plus d’experience que moi dans ce domaine. » Elle hocha la tête oui, sans même regarder l’armée que Clarke lui montrait d’un mouvement de main. Ce n’était pas la peine d’affirmer, Clarke le savait bien. C’était le cas. Une verité ecrasante peut être. « C’est juste que je n’ai pas l’habitude d’attendre que la mort frappe sans rien faire. » Un froncement de sourcil fut la seule réaction de la terrienne. « Tout s’apprend. » Et la donneuse de leçons qu’elle était, était prête à se lancer dans un laïus sur la patience peut être. Elle se refrèna cela dit. Un peu. « La mort frappera peut être, mais en attendant ainsi nous évitons qu’elle ne frappe trop. » Un peu de sacrifices pour le bien d’un peuple tout entier. Une façon de faire qui n’était la encore pas celle de Clarke, Lexa n’en doutait pas. Et qui pourtant était la seule façon de voir quand on avait le poids d’un peuple tout entier sur les épaules.

Ca devint plus leger. Polis amenait la tour. Qui amenait la chambre. Il y’eut un changement oui. Et Lexa se sentait toujours prise dans ce jeu du flirt et de la séduction, comme une adolescente presque adulte qui jouait à l’Amour. Comme si la guerre était releguée dans un coin, tandis qu’autre chose se batissait. Encore. Toujours. « J’avais compris que ta chambre était la. » Le sourire revint, joueur, en harmonie avec des joues qui prirent cette teinte plus rose dont elle aurait pu avoir honte. Ce n’était pas le cas. Ce qu’elle ressentait faisait partie d’elle. Elle ne changerait rien. « C’est ce qui se rapproche le plus de ta maison. » Elle allait la reprendre, il y’eut une pause. Clarke reprit avant elle. « Physique. » Elle rougit vraiment, et ne detourna pas le regard renvoyant le sourire qui se fit lui aussi. Elles étaient presque paisibles. Elles étaient à l’écart du temps quelques instants. « Effectivement. Ma peau d’ours est plus radieuse encore quand elle est sur mon lit. » Et il y’eut un sourire, une provocation peut être. Avant que revienne le serieux quand Lexa se rappela qu’elles n’étaient pas seules. C’était dur quelques fois, mais c’était une habitude à prendre, et elle savait que les personnes qui chevauchaient non loin, qui pouvaient les entendre, n’étaient pas un danger.
Quelques instants de silence se firent, jusqu’à ce que Clarke ne le brise à nouveau. « Mais où sera la mienne, de chambre ? » Elle fronca les sourcils Lexa, soudainement perplexe, soudainement genée, comme si elle n’avait pas pensé à ceci. Erèbe connu la tendresse des doigts de Lexa dans sa crinière. Et la réaction fusa, naturelle, nonchalente. « La où tu le désires. » Un moment entendu. « La mienne est assez grande pour deux. » Et c’était dit, cette proposition qu’elle ne voulait pas taire. Cette conscience du fait que de toutes les manières elles y finiraient l’une et l’autre ensemble, et que les gardes de Polis verraient leurs mouvements.

« La mort frappera peut être, mais en attendant ainsi nous évitons qu’elle ne frappe trop. » Les leçons laissaient des goûts, des réactions qui s’imprégnaient jusque dans le physique. Et Clarke se mordit la lèvre inférieure, elle qui connaissait si souvent se mauvais traitement, alors qu’un sentiment de malaise chatouillait un recoin de son poumon. Elle se gratta la peau, là, les sourcils froncés, alors qu’elle assimilait les propos de Lexa. Elle aurait voulu un ‘mais’, elle aurait voulu que le monde ne soit pas ainsi. Ce n’était pas le cas. Clarke n’avait plus son mot à dire, aucune raison de s’animer d’une colère sourde. Ce n’était pas son peuple, et pour la première fois, la constatation fut douloureuse. Il y aurait des morts, pour lesquels elle ne pouvait rien faire et cette impuissance restait la même : abjecte. Et Clarke garda donc ce silence, ce si précieux silence. Elle n’était en rien abattue, ou apitoyée sur son sort. Non. Dans son regard brillait cette détermination féroce et elle resserra un peu plus sa prise sur les brides d’Archéon. Clarke avait pris sa décision : elle trouverait un moyen de se rendre utile pour les évènements à venir.

Le sujet était clos, ainsi, il changea vers une discussion beaucoup plus légère, Clarke retrouvant ses douces habitudes de faire frémir Lexa avec ses mots, souriant délicieusement devant les rougeurs qu’elle serait la seule à voir. Il y eut une parole sur la peau d’ours et Clarke ne douta pas des propos de Lexa, acquiesçant, alors que son esprit était déjà tourné sur sa prochaine question. Et si elle prétendait s’intéresser au chemin (ce qui n’était qu’à moitié le cas), elle suivait méthodiquement la gestuelle de son amante, son sourire ne l’abandonna pas devant le léger trouble de Lexa. « La où tu le désires. La mienne est assez grande pour deux. » Elle fut prise à son propre jeu, Clarke, alors qu’elle se détournait totalement du chemin, pour admirer la femme qui était sur sa gauche. « Je pourrais t’embrasser, là, maintenant. » Il y avait quelque chose de féroce, dans sa déclaration et si s’arrêter n’aurait pas fait arrêter une armée entière, Clarke l’aurait fait. Mais elles étaient sur le devant, et à la place, elle dévorera la Fille Sage du regard, avec un sérieux qui n’était pas rare chez elle. Quand il était question de Lexa, s’entend.

Puisque la conversation était ouverte, Clarke ne pouvait que la considérer avec le même respect. « J’aimerais beaucoup voir ta chambre, Lexa. » Elle fronça les sourcils un peu, secoua la tête, alors qu’elle retrouvait ce calme paisible et qu’il n’y eut que de la douceur dans son regard, dans sa voix. « L’occuper ave toi. » Ainsi, c’était dit, c’était clair.

La mort frappait oui, et parfois elle ne faisait pas de différence, c’était à eux d’en faire, c’était à Lexa de décider - et c’était une tache ardue, c’était une tache qui brisait son âme à chaque décision - qui devait vivre et qui devait mourir. Envoyer des hommes sans réfléchir pour sauver des fermiers aurait été la décision humaine à prendre. Mais ces hommes, ces soldats mourraient peut être aussi. Il fallait être prêt. Il fallait envoyer les forces nécessaires pour aider le clan des prairies, et cela passait malheureusement par la mort de quelques uns. Ils comprendraient. Leurs âmes comprendraient. Et les décisions de Lexa se faisaient ainsi, douloureusement, mais en pesant toutes les possibilités. Des hommes trop pressés, trop hâtifs, n’étaient rien de plus que des failles dans une armée rodée. Et si Lexa le savait, elle savait aussi que Clarke le comprendrait. Un jour. Quand il faudrait. Ca viendrait peut être à petit, que ça lui plaise ou non. Lexa ne forcerait pas la compréhension, elle expliquerait, elle prendrait du temps, et elle savait aussi qu’elle apprendrait de Clarke. Eventuellement.

Le sujet fut clos quand la conversation s’attaqua à un autre problème. Un autre sujet peut être. A la fois plus complexe et moins épineux. La peau d’ours évoquée eut son approbation silencieuse, et Lexa n’insista pas. Non, se posait le problème de la chambre qui l’avait prit au dépourvu et qu’avec talent elle tourna à son avantage. Prenant peut être Clarke au depourvu à son tour. Appréciant l’espèce de surprise.  « Je pourrais t’embrasser, la, maintenant. »  La tête se tourna, fixant les yeux pales, et les cheveux blonds, fixant ce visage qu’elle aimait embrasser. Elle se mordit la lèvre.  «  Tu pourrais oui. »  C’était un fait. Lexa se serait retrouvée désemparée si Clarke l’avait embrassée devant son armée. Mais elle n’aurait pas lutté. Elle n’aurait pas refusé. C’était cet aimant qu’était l’attraction de Clarke, cette sensation qu’elle ne pouvait pas rester trop eloignée, sans quoi elle arretait de fonctionner. C’était stupide un peu peut être. C’était la confiance aussi. Et les lèvres de Lexa se pliserent d’affection.  «  Mais tu ne le feras pas. »  Ce n’était pas un défi. Une simple constatation. Clarke était trop emplie de sagesse au sujet des trigeda, pour oser quelque chose de ce genre. L’intention suffisait peut être.

Leurs regards se croiserent, avec tout le serieux du monde dans leurs yeux, et Lexa attendait finalement, comme suspendue aux lèvres de Clarke, que celle ci réponde. «  J’aimerais beaucoup voir ta chambre, Lexa. »  Il y’eut un temps d’hésitation. Quand il s’agissait de Clarke, il y’en avait toujours.  «  L’occuper avec toi. »   Le coeur battit un peu plus, un peu plus vite aussi. Et Lexa romprit la distance auto imposée, pour tendre la main vers le bras de Clarke. Quelques secondes volées au temps où elle effleura le tissu a défaut d’effleurer la peau, d’effleurer d’avantage.  «  J’en serais honorée. »  Elle se redressa, se tournant vers le chemin qu’il restait à parcourir, les mains dans la crinière de son étalon fougueux.  «  Les gens parleront. »  et Lexa n’en était pas génée. Et Lexa n’avait aucune objection contre cela. Mais elle se souvenait vivement de la discussion précedente avec Clarke. Elle comprenait cet avis, elle le partageait un peu. Juste. Elle n’avait pas honte. et surtout, elle avait déja hate de ce moment où elle monterait les étages avec Clarke, lui montrant la vue de Polis que sa chambre offrait. Lui montrant autre chose également.

Il y avait un fléau, il y avait une beauté sur ce monde. C’était la Tentation, pure et brutale qui courrait dans leurs veines quand, à moins d’un mètre l’une de l’autre, le monde était trop puissant, et qu’il continuait de les séparer. Immuable. Terrible. Et toute l’authenticité de Clarke rencontra l’authenticité de Lexa. « Tu pourrais oui. » Le sourire n’eut pas le temps de fleurir. « Mais tu ne le feras pas. » Oui, c’était terrible la tentation, et la retenue qui était appelée. Clarke fut presque blessée des propos et, dans son regard, ce bleu sauvage, brilla la défiance des propos de Lexa. « Tu es cruelle. » Non, la Fille Sage ne l’était pas. Elle était dans son rôle, ainsi, devant son armée et finalement, la bouche de Clarke se plia en un sourire coupable, alors qu’elle secouait la tête pour elle-même, échappant un soupir, qui aurait pu servir d’exutoire, si seulement Clarke avait eu la force de le croire. A la place, elle s’imagina plaquer Lexa contre un mur, dès qu’elle en aurait l’occasion et, finalement, la fierté lui gonfla la poitrine et que son attention inlassablement, trouvait la brune. « Je le ferai plus tard. » Un clin d’œil s’invita, tandis que son ton s’était fait plus bas, à la limite du murmure.

Clarke trouverait bien l’endroit idéal, qui ne se prêtera pas qu’à des baisers volés. Car la chambre de Lexa était offerte (tout de Lexa était offert et Clarke prendrait tout de sa niron, chérirait tout). Un bras se tendit et effleura celui en écharpe de la blonde, qui s’illumina de cette tendresse réservée à une seule. « J’en serais honorée. » Et elle inclina la tête, un peu, Clarke, rendant sans un mot la déclaration. «  Les gens parleront. » Ca ne la dérangea pas, et ça se vit dans la déférence avec laquelle elle haussa les épaules, ne daignant même pas jeter un coup d’œil derrière elles. Les plus proches de Lexa étaient au courant, Clarke n’avait aucun doute à ce propos. Et si le mot devait voyager, il voyagerait (bien qu’elle espérait que les trigedakru soient discrets à ce sujet). Les langues ne seraient pas coupées pour s’assurer du silence de tous. « Les gens parlent, probablement, déjà. » Elles n’avaient pas été vraiment discrètes, au banquet, les deux amantes incapables de s’éloigner l’un de l’autre, se saisissant la main et riant. Ce qui était important, c’est qu’elles n’en faisaient pas étalager. Qu’elles lutaient, contre cette Tentation, qu’il y avait un monde de différence, entre clamer haut et fort qu’elle voulait embrasser Lexa et le faire devant des centaines d’hommes.

Ce n’était pas un sujet qui la dérangeait réellement. Clarke n’appréciait pas le secret, et puis, elle doutait que n’importe qui ne soit autorisé aux alentours des appartements de Heda. « Laissons-les parler. » Ajouta Clarke, alors qu’elle flattait Archéon distraitement, se repositionnant un peu mieux sur la selle.  « Tu défends leurs intérêts à longueur de journée. Ce que tu fais de tes nuits ne regardent que toi. » Et il y eut un éclat espiègle dans le fond de son regard, qu’elle garda sur Lexa. « Et moi. »

Douloureux. C’était douloureux cette envie qu’elle avait quand Clarke était à ses cotés. C’était douloureux ce besoin qu’elle avait de vouloir la toucher. C’était douloureux aussi de savoir qu’elle était si proche, à portée de main, et qu’elles avaient la tenue de ne pas rompre ce vide. Elles étaient la. L’une et l’autre, en proie à la douleur de cette pulsion sauvage qu’etait l’amour  qu’elles se portaient. Car c’était de l’amour. Et ce n’était pas la pire des faiblesses.  Et elle jouait Lexa peut être, de ces provocations, de ces moments sur les quels elle voulait avoir le controle.  « Tu es cruelle. »  Ca n’était pas si faux, mais néanmoins incorrect. Et eusse t’elle eut le coeur plus leger aurait elle répliqué « réaliste. » Elle se contenta d’un sourcil qui s’arqua et d’un mouvement d’épaule. « Je le ferais plus tard. »  Le sourire revint. «  Plus tard, je serais toute à toi. »  C’était peut être un murmure aussi, mais il était bien la. Et Lexa savait ce qu’elle faisait, elle provoquait toujours, mais elle assumerait. Elle en pensait chaque mots.

Et le plus tard arriverait probablement une fois dans sa chambre. Leur chambre ?  Oui ça serait leur chambre. Et c’était une pensée tellement plaisante, tellement chaleureuse qui faisait monter une sourde chaleur dans le ventre de Lexa. Ca serait leur nouvel Eden, l’endroit où elles seraient tranquilles et heureuses toutes les deux ? Ca serait leur antre, dans la quelle personne jamais ne viendrait les deranger. Ça lui plaisait. Elle aimait cette idée, cette image du futur. Elle voulait.  Et elle se fichait un peu de ce qu’en penserait les autres.  « Les gens parlent, probablement, déja. »  Et c’était vrai. Mais ça n’avait pas l’air de deranger Clarke, et Lexa respira un temps.  C’était un fait. Elles essayaient d’être discretes, mais il y’avait des choses qui ne mentaient jamais. Et Jasper avait découvert la trace sur Clarke, et d’autres savaient les va et vients dans sa tente. Ça n’avait rien de grave. « Laissons les parler. »  Elle hocha la tête, la route continuait et elle partageait l’avis de Clarke sur ce sujet. Clarke le savait bien.    « Tu défends leurs interets à longueur de journée. Ce que tu fais de tes nuits ne regarde que toi. »    Un temps, elle savoura la lueur, apprehendant la suite.  « Et moi. »  Son sourire s’agrandit encore plus, et elle fixa Clarke quelques instants, avant de regarder la route.  « Et mes nuits sont à toi. »  C’était quelque chose qu’elle arriverait à faire ça Lexa. Separer le devoir, du plaisir. Savoir quand se taire, et quand s’occuper de la femme qu’elle aimait. Savoir quand il fallait être caresses et quand il fallait avoir la main de fer qui envoyait des hommes mourir. Elle le faisait bien. Elle était le meilleur commandeur qu’ils n’aient jamais eu, et elle continuerait de l’être tant qu’elle était en vie.

 « Alors les choses sont reglées. J’ai hate de te montrer notre chambre. »  Et il y’avait une émotion qu’elle ne cacha pas alors qu’elle prononcait ces mots. Notre Chambre. Ça sonnait presque comme notre maison.

« Plus tard, je serais toute à toi. Et mes nuits sont à toi. » Il y avait des mots qui pouvaient être dits et répétés sans cesse, que ça ne lasserait jamais Clarke. Il y avait des affirmations qu’elle ne se lasserait jamais d’entendre, des points de lumière dans le regard de Lexa qu’elle capturerait jusqu’à son dernier souffle, si elle pouvait passer le restant de sa vie à juste admirer sa niron. Bien entendu, ce n’était pas possible et chaque interaction avec Lexa était précieuse à ses yeux. Polis offrirait d’autres possibilités, un environnement différents, une approche différente, aussi. Plus affirmée, car elles donnaient enfin des noms à leur dynamique, elles en discutaient, de manière réalistes, logistique. C’était anodin, mais ça avait toute l’importance du monde pour Clarke. « J’ai hâte de te montrer notre chambre. » Ca éveilla des sentiments, forts, avides, chez la blonde, qui sentit son regard s’assombrir et elle prit une respiration profonde, se redressant, tandis qu’elle serrait la mâchoire pour éviter son sourire radieux de la trahir. « Moi aussi. » Et il n’y avait rien à rajouter, vraiment. Elles étaient sur la même longueur d’onde et la route ne se passait pas assez vite au goût de Clarke.

Pour autant, elle ne voulait rien perdre du voyage, reconnaissant les légers changements des bois, alors qu’ils continuaient de s’éloigner de ces terres qu’elle connaissait presque par cœur, pour des environs qui réservaient son lot de surprise, elle n’en doutait pas. Le silence s’installa, confortable et léger, comme il tombait parfois, entre elles. Et puis Clarke inspira un peu, ce bref filet d’air qui précédait une phrase, quelques mots. « C’est la première fois que je m’aventure aussi loin. » De où ? De ce qui avait été la navette, ce qui restera à jamais son point de repère principal. Elle avait tellement traversé ces bois, que de n’importe où, elle aurait été capable de retrouver son chemin, remonter jusqu’à une piste qui avait déjà été empruntée. « Je n’aime pas ça, je ne pas être capable de me repérer. » Ce fut dit, presque coupable. Elle n’aurait aucun mal à trouver le Nord, et choisir une direction, plus particulièrement la bonne direction. Mais elle ne pouvait lutter contre le souvenir, presque inscrits dans ses os, celui qui était associé à ses premiers jours sur terres où tout était de l’ignorance : ignorance sur le lieu, sur ce qui était comestible, sur ceux qui s’acharnaient à les tuer.

C’était l’instinct, probablement et elle jeta un coup d’œil vers Poney, qui était en retrait avec les autres gardes. Celui-ci fronça les sourcils quand il rencontra son regard, mais elle lui sourit, pour le rassurer, avant de reporter son attention sur la femme qui était à ses côtés. Elle lui demanderait de lui présenter les environs, dès que ça serait possible. Pas une visite de courtoisie, mais tout ce qui était vital. Ce n’était pas parce qu’ils se rendaient jusque la capitale que le monde devenait moins dangereux. Clarke ne l’oublierait pas. Jamais.

La route était longue. Pour Lexa elle était familliere, un peu comme si elle l’avait fait des centaines et des centaines de fois. Et c’était le cas a vrai dire. Partant de son village pour aller à Polis, alors qu’elle n’était qu’une enfant, tenant la main d’Anya, retournant à Polis, aprés des heures d’entrainement, rentrant à Polis aprés un nouveau conseil, aprés une chasse, aprés une visite de courtoisie à TonDC, dans son village natal, où même a Luray. Elle l’avait fait ce chemin, et elle le ferait encore et encore. Mais aujourd’hui la route qui d’habitude lui paraissait normale, lui semblait bien trop longue. Ce n’était pas tant le fait de guider l’armée - elle avait l’habitude, elle était commandeur depuis bien longtemps maintenant - c’était la présence de Clarke. Pas qu’elle l’ennuie, bien au contraire. Elle avait pour une fois, cette hate d’être au terme du voyage, car le voyage prendrait fin dans Leur chambre. La Leur. Cet endroit qui serait leur havre. Elle cachait la hate néanmoins, la vocalisait mais n’agissait pas dessus. Parce que ça ne se faisait pas. Parce qu’elle ne pouvait pas le faire.

Elle laissa alors s’instaurer le silence, tandis qu’elle regardait la forêt qui s’épaississait, les arbres qui changeaient. Elle y pretait attention à ces détails, pouvait se rappeler de dizaines de chemins qui menaient vers des caches, vers des petits hameaux, vers des grottes dans les quelles à l’époque elle avait pu se cacher. Elle connaissait ces lieux, presque comme elle connaissait Polis. C’était chez elle. Le territoire du Trikru où elle avait grandi, et où peut être elle serait devenue chasseresse ou guerrière si elle n’avait pas eu le sang noir.  Peut être serait elle devenue chef de clan, ou chef d’une garde armée. Comme Anya. Peut être…. Elle ne savait pas. Elle avait su dés son plus jeune age que son sang était noir, et que ces bois meme si ils étaient les siens, pourraient devenir un plus grand territoire. Elle serait le commandeur ou elle mourrait. Et elle n’était pas morte.  

 « C’est la premiere fois que je m’aventure aussi loin. »  Clarke la tira de ses pensées et de ses souvenirs, elle tourna la tête avec ce regard curieux et interessé qu’elle reservait à la fille du ciel.  « Je n’aime pas ça, ne pas être capable de me reperer. »  Elle arqua un sourcil, et hocha finalement la tête, avant de rapprocher Erèbe à nouveau.  «  Je comprends. »  Il y’eut un moment où elle comprit aussi que les siens y étaient pour beaucoup de traumatisme, peut être. Elle avait apprit qu’a peine arrivés, quelques heures à peine depuis qu’ils aient posés les pieds sur le sol, une lance avait perforé le torse de Jasper. Elle avait apprit oui. Et elle avait prit les décisions, en envoyant Anya, en envoyant Tristan. Elle ne le regretterait pas. C’était à l’époque ce qu’il fallait faire. Les choses desormais n’étaient plus les mêmes.  «  Je te donnerais des points. Pour tes repères. »  Il y’eut une etincelle peut être. Elle tendit la main vers un autre chemin.  «  Nous viendrons par ici, quand le temps nous le permettra. Il y’a un point de vue appréciable. »  Et peut être qu’elle pourrait en profiter pour lui montrer une partie de chasse. Ou peut être que… Enfin.  «  Quand nous aurons le temps. »  Et elles l’auraient. Peut être pas tout de suite. Peut être dans quelques mois, peut être qu’elles seraient blessées entre temps. Mais Lexa esperait pouvoir montrer les lieux à Clarke. Cependant, elle savait être terre à terre. Elle l’était beaucoup trop.  « Et quelqu’un d’autre se chargera de tout te montrer, quand je ne pourrais pas. »  Elle se doutait de toute manière que Teksas se proposerait tout seul.  Peut être. La route continuait.    « Mais Polis, j’y tiens, te sera montré par mes soins. »  Au debut du moins. Et elle esperait pouvoir s’y tenir. Vraiment. Ce n’était pas une promesse, mais ça l’était tout de même un peu.

Clarke restait une fille pragmatique, qui évoluait avec un but, une destination. C’était comme ça, depuis le début de sa vie. Et si parfois elle s’était retrouvée perdue, métaphoriquement parlant, il ne lui avait jamais fallu bien longtemps avant de rebondir. Elle était habituée, à savoir où elle allait, connaitre son environnement, les personnes auxquelles s’adresser, les ficelles tirer, les mots à utiliser pour que tout aille dans son sens. Polis serait un nouveau défi, car il y aurait de nouvelles tête, une logique différente. Elle avait entendu parler de ce Titus et attendait de le rencontrer, devinant déjà sans mal que l’homme ne l’apprécierait pas (aux premiers abords, aucun trigeda ne l’avait apprécié, sauf Lincoln, mais Lincoln était une crème). Mais ça serait différent, aussi, en un sens. Car elle avait déjà une certaine légitimité, puisque conseiller. Si le titre ne lui permettait pas de représenter les siens à proprement parler, et que d’une certaine manière, elle était un peu l’outsider des sphères politiques de Polis, elle avait un rôle, un rôle qui la tenait à cœur et qui n’influerait en rien sa manière d’agir.

Mais oui, les repères changeaient et Clarke ressentait cette nécessité de les apprendre. Et vite. « Je te donnerais des points. Pour tes repères. » Elle acquiesça, alors que le pli sur son front ne disparut pas entièrement. Le soutien de Lexa était inestimable. C’était grâce à celui-ci que le skaikru était encore entier et sa niron était probablement l’allié le plus important qu’elle avait à ses côtés. Un allié qui dépendait du temps, et si rien ne se détendit chez Clarke, ni son visage, ni sa posture, il était évident qu’elle comprenait. Elles avaient déjà eu ce genre de conversation et les deux femmes étaient plus que consciente qu’il y avait un monde de différence entre ce qu’elles voudraient faire et ce qu’elles auraient le temps de faire. Ce que Lexa avait appris, sur ses lieux, elle avait eu toute sa vie pour les assimiler. Clarke, elle, voulait s’en imprégner le plus vite possible, afin d’éviter les erreurs, comme il y en avait eu tant lors des premières semaines passées sur Terre. « Et quelqu’un d’autre se chargera de tout te montrer, quand je ne pourrais pas. » Ca lui tira un sourire un peu pincé mais quand elle rouvrit les yeux, pour les poser sur Lexa, il y avait la reconnaissance vibrante dans son regard. Lexa comprenait et c’était tout ce que Clarke demandait. « Je suis sûre qu’ils se bousculeront pour avoir l’occasion de le faire. » C’était ironique, destiné à alléger la conversation. Elle avait déjà fait son choix sur son guide principal. Après, elle ne doutait pas que la capitale lui réserverait son lot de surprise et de rencontres.

« Mais Polis, j’y tiens, te sera montré par mes soins. » Cette fois-ci, elle acquiesça plus ferment Clarke, de ces mouvements de tête rigides et précis. Son expression s’illumina finalement, quand elle échappa un « je n’en attendais pas moins de ta part. » Elle le voulait, oui, voir Polis comme Lexa la voyait. Elle n’espérait pas découvrir toute la ville en présence du commandant, loin de là, mais au moins la tour du commandant. « Tu m’accompagneras au moins pour une partie. » C’était la planification, à sa manière. La journée était loin d’être terminée et elle ne rechignerait pas à se coucher tard, si ça lui permettait de découvrir une partie de Polis ce jour même. « Aujourd’hui. » Ce fut presque autoritaire mais Clarke savait qu’elle devait fonctionné de cette manière, si elle voulait avoir un minimum de temps en la compagnie du commandant. « Quelques étages de la tour ? D’autres m’ont déjà promis un tour plus spécifique : Dunlaith m’a proposé de me montrer le quartier des soigneurs, et le marché aux herbes. » Le souvenir était là et sans chercher la femme qui était derrière elles, sentant le regard de la guérisseuse dans son dos, il y eut cette excitation visible chez elle.