closer, deeper ▬ Lexa

Le temps n’était pas un cadeau que le ciel leur faisait. Peut être n’en auraient elles jamais du temps, une fois à Polis. Peut être Titus les garderait il occupées ? Peut être quelque chose se passerait il qui reclame l’attention de Lexa dans d’autres terres. Elle ne pouvait pas savoir. Alors elle s’accrochait au tant que possible, aux rares moments où elle pourrait agir. Et tant que possible elle serait avec Clarke, même si elle craignait d’avance que ça ne soit que peu. Même si elle craignait d’avance, que le temps soit leger, minime. Elles s’habitueraient. Et quand bien même les journées les déchireraient, les accaparant d’un coté ou de l’autre, elles auraient les nuits. Et si Heda s’activerait le jour, en commandeur idéal, Lexa vivrait dans le bonheur des nuits où elle retrouverait sa niron.

 « Je suis sure qu’ils se bousculeront pour avoir l’occasion de le faire. »  Elle arqua un sourcil Lexa, prête à défendre l’affection que son peuple pouvait porter à Clarke, mais elle refusa de mentir, et se contenta de la neutralité, d’une presque taquinerie en fait.  « Je n’en doute pas. »  Et c’était à la fois plaisantin, et pour briser le serieux peut être. Elle savait au fond que certains seraient ravis d’accompagner Clarke, d’autres… étaient réticents. Mais ce n’était pas à ces reticents la, qu’elle confierait la skaikru qui valait tellement à ses yeux.  Et finalement, c’était bien à elle qu’elle la confierait si elle avait le choix. Elle ne l’aurait pas. Elle le savait, elle ne le savait que trop bien, mais il y’aurait le tant que possible. Il y’aurait les moments où elle pourrait s’offrir pour la joie d’une visite, d’une chasse, d’une simple lecture ou d’une conversation. Elle lui offrirait Polis. Elle serait celle qui le ferait. « Je n’en attendais pas moins de ta part. Tu m’accompagneras au moins pour une partie. »  Et c’était presque dur, mais ça plaisait à Lexa, cette pointe d’autorité, cette manière dont Clarke prenait les décisions même quand elle ne controlait plus grand chose. C’était plaisant. Ca lui montrait aussi la capacité qu’avait la fille du ciel à retomber sur ses pattes.  « Aujourd’hui. »  Elle hocha la tête.  Laissa Clarke finir. Tournant la tête pour adresser un regard à Dunlaïth qui voulait dire beaucoup. Merci. Attention. Je te fais confiance. Merci. Principalement. Au moins la vieille guérisseuse acceptait Clarke, et savait, car il ne faisait nul doute que Dunlaïth savait, ce que Lexa encore n’avait pas vocalisé.    « Aujourd’hui. »   Ce serait aujourd’hui oui. Lexa s’executerait avec plaisir. Et elle reflechissait déja aux endroits qu’elle pourrait lui montrer.  « Le quartier des Nightblood et la bibliothèque t’interesseront assurement. »  C’était la ses quartiers preferés en tout cas et elle ne doutait pas que Clarke verrait clair dans son jeu  « Une fois arrivées nous devrions être tranquilles. Demain la vie reprendra son cours. »  Et le soir, il y’aurait probablement une fête. Et il y’aurait probablement Titus qui lui ferait une leçon de morale, qu’elle ne voulait pas imaginer.

Clarke n’avait jamais vu Lexa et Dunlaith en interaction directe, pourtant, elle n’ignorait pas la relation qui unissait les deux femmes. Elle savait, elle avait appris de la bouche de la vieille soigneuse, qui était l’individu qui les unissait, quelle morte faisait qu’elles étaient liées l’une à l’autre. Et Clarke avait cette fascination pour leur relation, le support que l’ancienne apportait, la force dont elle faisait preuve. Ainsi, elle suivit, une affection particulière dans le coin de ses yeux, le bref échange, tacite, qu’il y eut entre les deux femmes, avant de sourire à Lexa, presque amusée de la considération que cette dernière portait à son autre conseiller. « Aujourd’hui. » La confirmation fut reçue et l’appréciation fut visible sur le visage de Clarke, qui inclina un peu la tête en signe de remerciement – bien qu’elle n’aurait en rien accepté le contraire. « Le quartier des Nightblood et la bibliothèque t’intéresseront assurément. » Clarke savait très peu, à propos des apprentis de Lexa. A l’exception de leur statut et de la couleur de leur sang. Elle était curieuse de rencontrer ces enfants, de voir s’ils étaient tous des mini-Lexa, ou s’ils se démarquaient d’une manière particulière. Est-ce qu’ils la jugeraient, eux aussi ? oui, certainement. Et elle était curieuse, terriblement, de voir leur comportement, apprendre à les connaitre un minimum.

C’était presque aussi captivant que la bibliothèque et elle savait déjà qu’elle passerait à plusieurs reprises dans cette salle pour étudier le catalogue disponible. « Une fois arrivées nous devrions être tranquilles. Demain la vie reprendra son cours. »  Raison de plus pour rester éveiller jusqu’à une bonne partie de la nuit. Même si, Clarke n’en doutait pas, une fois à l’abri dans la chambre de Lexa… leur chambre, la fatigue de la journée passée à chevaucher se ferait ressentir. Clarke gérait l’exténuation de son corps sans mal. Il y avait tant qu’elle voulait découvrir avant que demain ne soit là. Profiter de cette journée si particulière, gouter chaque seconde contre les lèvres de Lexa. « Nous sommes encore loin ? » Elle leva les yeux vers l’horizon, cherchant une preuve de leur avancée. Elle supposait que la tour en question serait visible de loin, et que des éclaireurs les préviendraient. Elle se mordilla un peu la lèvre, cette considération dans le regard, presque comme celle d’un enfant. « J’ai envie de voir tout ça, tout ce dont tu me parles. » Ce serait différent, tellement, de ces forêts et être au centre de l’identité culturelle du trigedakru éveillait en elle cet intérêt qu’elle avait toujours eu pour les autres. D’un point de vue intellectuel. Car sur l’Arche, elle n’était pas vraiment intéressée par ses voisins.

Bref. Elle reposa son attention sur Lexa, retrouvant cette espièglerie habituelle, qui n’était jamais bien loin, quand sa niron était à ses côtés et qu’il n’y avait pas d’urgence immédiate. « Cela faisait combien de temps que tu n’étais pas rentrée ? » C’était une question comme une autre et elle réalisa qu’elle n’avait jamais su depuis quand l’armée des 12 clans avait été mobilisée. Elle savait que Anya avait été la première envoyée, mais est-ce que Heda était déjà mobilisée avec ses guerriers ? Probablement pas, sinon ça n’aurait pas été 300 hommes qui auraient attaqué la navette. Quoique. Théoriquement, ils n’auraient jamais été capables de gagner. Douce surprise que réservait la technologie.

C’était assuré peut être. Ce jour serait celui où la majeure partie de la visite de la tour de Polis serait faite pour Clarke. Avec Lexa du moins, parce que plus tard, et comme elle le disait, tout reprendrait son cours. Il faudrait envoyer des messagers, il faudrait s’occuper des problèmes qui avaient été laissés en latence avec la guerre imminente, il faudrait prendre à deux mains le role de commandeur et assumer tout cela. Et Clarke quant à elle devrait assumer son role de conseiller. Elle était bonne pour ça. Elle serait bonne pour ça. Lexa n’en doutait pas une seule seconde. Alors elles profiteraient de la journée, voila qui était reglé, affirmé même de la bouche de Lexa.

Ce n’est que quand Clarke demanda si elles étaient encore loin, qu’elle realisa, Lexa, qu’elle s’était perdue quelques instants dans le silence. Déja elle se figurait le reste de la journée, voyait les sourires des Nightbloods et leurs questions, voyait le doux sourire d’Aden, et le regard désapprobateur de Titus. Non, il n’aimerait pas Clarke. Mais il n’aurait pas son mot à dire. - Il le dirait quand même. Elle ne l’ecouterait pas. « Non, nous ne sommes pas si loin. » Il lui fallut une fraction de secondes, pour bien realiser l’endroit où elles étaient, et son visage s’éclaira un peu. « Au prochain croisement, nous rentrerons dans un sous bois, plus dense. Polis sera de l’autre coté. » Mais au prochain croisement surtout, Clarke pourrait voir la Tour, et cette pensée lui plaisait à Lexa. Ce n’était pas tant que la tour de Polis soit magnifique, c’était juste que cette tour la, était l’une des plus hautes remanences de l’ancienne civiilsation. Une qui avait survécu à la guerre et aux missiles. «  J’ai envie de voir tout ça, tout ce dont tu me parles. » Ca faisait chaud dans le coeur de Lexa tout ça. Et elle était aussi avide de découvrir sur le visage de Clarke son excitation de la découverte que Clarke elle même n’était probablement avide de découvrir ce point du monde. «  J’ai hate de te faire découvrir tout cela. » Et elle ne doutait pas que Clarke adorerait l’effervescence des marchés de Polis, la manière dont ils avaient dans la tour organisé un ascenceur, les terrains d’entrainements … ou peut être un peu moins. Non, elle n’en doutait pas, car l’enfant-elle, malgré sa culture et ce qu’elle en savait, avait été remplie de joie et d’un sentiment bizarre mélangeant exaltation et peur, quand elle avait vu Polis pour la premiere fois.

«  Cela faisait combien de temps que tu n’étais pas rentrée? » C’était banal comme question, de la simple curiosité, mais Lexa ne put faire taire la pointe de nostalgie. Elle la chassa bien vite. Les regrets n’étaient pas une part de sa culture, ou de sa façon d’être. « Il y’a un peu plus d’un mois. » Et techniquement elle ne devrait pas avoir besoin de clarifier le moment. L’explication vint tout de même. «  J’ai quitté Polis en appelant les armées des 12 clans aprés le cercle de feu. » Et aprés ça, tout était parti en vrac. Elle qui avait preparé tout le monde à la guerre s’était retrouvée à faire une alliance qui avait repandu victoire et paix. « Personne ne s’attendait à ce que tout cela se produise. A ce que tout cela dure aussi longtemps. » Quelques instants elle perdit son regard sur la route devant elles. « Je ne suis pas décue que ça ait été le cas. » Et assurément elle ne regretterait rien. Bien au contraire.

« Non, nous ne sommes pas si loin. » Et Clarke se dressa un peu plus sur Archéon, comme si, à ces mots seuls, Polis apparaitrait. Et ses yeux se posèrent sur l’horizon, sur la pointe de la cime des arbres, espérant voir l’apparition d’une forme qui surgirait de la ligne du ciel, pour la fendre, indiquer que, oui, la capitale n’était plus loin. Bien entendu, il n’en fut rien et après quelques secondes à attendre que cela n’arrive, un sourire innocent se joue de ses lèvres, alors qu’elle poussait un mince soupir et relâchait sa prise sur la selle. Archéon secoua sa tête et elle flatta son encolure un peu plus. « Au prochain croisement. » Ses yeux rejoignirent le sol, un point plus proche, alors que la route continuait inlassablement. Une petite moue se dessina sur ses lèvres et elle acquiesça en silence, comme un enfant qui prenait son mal en patience. Ce n’était pas vraiment un problème, Clarke savait attendre, surtout quand c’était nécessaire. Mais ici, ils s’approchaient et à chaque mètre avalé par la cohorte, l’anticipation se faisait de plus en plus vive chez Clarke. Elle n’avait jamais vu de ville, en vrai. Et Lexa le lui avait dit, que c’était un lieu fantastique. La blonde la croyait, avec toutes les fibres de son être. Ces fibres même qui tremblaient d’excitation, malgré que Clarke tentait de ne pas le montrer.

Alors elle s’intéressa à un autre sujet, la fille du Ciel. Quelque chose qui était proche, tout en étant éloigné. « Il y’a un peu plus d’un mois. » Clarke n’eut aucun mal à savoir à quand cela faisait référence, même si son amante jugea quand même bon de l’expliquer. « Après le cercle de feu. » Elle serra un peu la mâchoire, Clarke, et son regard se durcit, naturellement, quand ces évènements étaient évoqués. Elle ne pouvait pas empêcher l’insatisfaction de la prendre, quand il était sujet de cette guerre. Auraient-ils mieux réagit que les évènements auraient pris une autre tournure. Il était trop tard, le passé ne pouvait être changé et elle avait accepté l’entière responsabilité de ces actes – même si elle n’était pas la seule et que plusieurs étaient à porter ce fardeau. Officiellement, elle était celle qui avait mis fin à des centaines de vies. Cette réputation, elle ne tenterait pas de la changer : elle s’en servirait à bon escient.

Lexa ne s’arrêta pas là et sa voix sortit Clarke de ses pensées, alors qu’elle posait son regard bleu sur sa niron. « Personne ne s’attendait à ce que tout cela se produise. A ce que tout cela dure aussi longtemps. » Regard qui perdit pour autant de sa rigidité, grâce aux mots de la Fille Sage « Je ne suis pas décue que ça ait été le cas. » Et le sourire fut là, presque discret alors qu’elle secoua un peu la tête, tourna complètement son torse vers Lexa, alors qu’une expression presque complice se jouait dans son regard. « Le skaikru peut être surprenant, quand il le désire. » Et c’était vrai, d’une certaine manière. Ils avaient été sous-estimé, ce qui avait couté la vie à de nombreuses personnes. « J’ai été surprise aussi. » Elle n’aurait jamais pu prédire un seuls de ces évènements. Elle n’aurait jamais pu prédire qu’elle y aurait survécu. Et pourtant. « Vos guerres durent-elles moins longtemps ? Normalement ? » C’était une question, c’était un intérêt. Dans l’ancien monde, les fronts duraient des mois, parfois des années. Avant que des missiles ne mettent brutalement fin à tout. C’était la facilité, d’éradiquer tout le monde, éradiquer les faibles. Ici, Clarke devait l’avouer, ce n’était pas parce qu’elle avait gagné une guerre qu’elle en maitrisait toutes les subtilités. Loin de là. Et puisque Lexa avait été un si bon maitre, elle espérait en apprendre –encore- en sa compagnie.

Quand elle avait vu arriver les missiles venus du ciel, qui n’étaient pas des missiles en fait, elle n’aurait jamais cru que tout se finirait par la chute de la montagne. Loin de la. Quand elle avait envoyé Anya et son bataillon pour résoudre le problème, elle n’aurait jamais pensé qu’elle finirait par prendre la main du leader de l’armée adverse, et qu’elle passerait ses nuits avec elle. Non elle n’aurait jamais pensé qu’elle gagnerait la guerre et trouverait un foyer pour son cœur. Et pourtant, c’était la maintenant, et si elle avait l’occasion de changer le passé, elle ne changerait rien. Tout ce qu’elle avait, les attaques, les morts que leurs armées avaient subis. Tout ça avait fini par donner ce moment qu’elles partageaient, et elle ne changerait rien, pour rien au monde. C’était ainsi qu’allait le monde. Il fallait avancer sans regrets. Et Lexa n’était pas déçue de tout ce qui s’était passé, elle n’était pas déçue non plus de s’être retrouvée surprise, alors qu’elle pensait que la guerre serait rapide.

« Le skaikru peut être surprenant, quand il le désire. » Il y’eut un sourire, en écho à l’expression du regard de Clarke. « Je ne le sais que trop. » Et l’expression mutine, fut présente aussi dans les yeux de Lexa, qui redevinrent sérieux bien trop vite, bien trop tot. Comme dans une gestuelle rodée où la fille sauvage se permettait un temps d’égarement tant qu’elle pouvait se reprendre. « Vos guerres durent elles moins longtemps ? Normalement ? » C’était une vrai question, et Lexha hocha la tête, prenant le temps de réfléchir. « La plupart sont longues, beaucoup plus longues que ça. D’autres sont parfois courtes, le temps d’une attaque fugace, pour faire ployer un clan. » Elle en avait été témoin, elle aurait esperé que cela se produise avec les skaikru, ou du moins c’était ce qu’elle espérait à l’époque. Tout avait changé maintenant. Et elle se rappelait aussi de guerres bien plus longues. « Avant la coalition, les guerres entre les clans duraient des années. » Il y’eut un silence. Elle espérait vraiment que ces moments de guerre ne reviennent jamais. « Et puis il y’a eu les guerres pour la coalition. Certains clans ont acceptés tout de suite, pour d’autres, les guerres ont durées des mois. » Et elle lui en parlerait à Clarke de la coalition un jour, elle se rappellerait à vie de l’ordre dans le quel les clans l’avaient rejoint. Elle se rappellerait des négociations, de ces moments où elle aurait presque pu croire que tout était perdu. Et bien sur, elle se rappellerait des Azgeda. Elle ignora la pointe de nostalgie dans sa tête, et plus que durant les derniers moments elle senti la piqure des regards dans son dos. Le poids des responsabilités. Le poids de tout ce qu’elle avait fait, et de ce qui restait à faire. Et l’espace de quelques instants elle se permit d’esperer. « A voir combien de temps durera notre nouvelle guerre. » Si guerre il y’aurait, et malheureusement elle en était sure. Les batailles arrivaient de l’Ouest, et elles dureraient peut être très longtemps. Elle ne l’esperait pas.

Ce serait presque une coutume pour les deux amantes, de revenir, inlassablement, sur la guerre. Et s’en était presque ironique, de voir à quel point Clarke abhorrait ceci, et pour autant, finissait toujours pas en parler, d’une manière ou d’une autre. Il y avait un ancien proverbe, qui parlait de connaitre son ennemi et pour Clarke, c’était un peu. Le concept lui-même de la guerre était sa bête noire et elle connaissait assez bien les membres du trigedakru pour reconnaitre que ça ne s’arrêterait jamais. Ici, Clarke pouvait difficilement briser les règles. Ca partait du simple principe de l’envie, qui était compris en chaque homme, en chaque femme. Elle soupira, chipota à l’attelle qui maintenait son bras. Bientôt, elle serait guérie, combien de temps le resterait-elle, jusqu’à ce que la prochaine blessure ne se montre ? S’il y avait des combats, Clarke ne s’imaginait nulle part ailleurs que sur le front. Et c’était une contradiction envers son nouveau rôle. Les conseillers restaient derrière. A discuter et élucubrer. Elle avait vu la guerre de trop près, Clarke, que pour ne pas ressentir l’appel des nécessités. D’être près de l’action, pour réagir au plus vite, au plus fort. Elle se demanda si Lexa la laisserait y aller, et cette question, elle la garda dans un coin de son esprit. Il n’y avait pas de précipitation à avoir et le sujet de l’ouest reviendrait bien assez vite.

Alors, elle écouta, patiemment, attentivement, les explications de Lexa, imaginant des troupes parties pour des mois, ou des années, et comprenait l’importance vitale qu’avait même le plus petit séjour à Polis. Dans un monde idéal aux yeux de sa mère, Clarke ressentait la déchirante absence des siens. Si elle ne la vivait pas réellement, elle l’appréhendait sa mal, le principe de l’être social qu’elle n’était pas vraiment, mais que les autres, eux, étaient bien. « A voir combien de temps durera notre nouvelle guerre. » Elle plissa le regard, Clarke, tandis qu’elle fixait avec acharnement un point qui n’existait pas, là, droit devant. Elle aurait voulu faire des prédictions, Clarke, des élaborations de plans. Mais elle ne connaissait rien de ceux de l’ouest, à part qu’ils étaient appelés barbares et que, vraisemblablement, ils étaient redoutables (c’étaient les mots, approximatifs, de Neith). « Est-ce des ennemis que certains de la coalition ont déjà combattu ? Le Sikru semble avoir un historique. » Elle fronça un peu les sourcils, Clarke, alors qu’elle se repassait les clans qui partageaient les frontières de l’ouest. « Le Demodrakhos ? » Elle claqua sa langue contre son propre palais, réalisant. « Je sais que nous en parlerons plus tard. Mais. » Mais il y avait cette détermination sur sa langue, ses rigidité forte dans son dos, dans tous ses muscles.

Clarke avait besoin de ça, de l’exercice de la réflexion. Lexa lui avait parlé d’une bibliothèque. Y aurait-il des informations intéressantes, dans les ouvrages ? Dieu qu’elle espérait qu’il y ait un semblant de bibliothécaire en fonction. Finalement, l’air s’échappa de ses poumons et elle chercha Lexa du regard, chercha ce sentiment qui s’éveillait, à chaque fois qu’elle avait le support de sa niron. « J’ai besoin de savoir. » Et Clarke n’était que ça, un grand esprit qui mettait les évènements en mouvement, avec une force qui lui était propre, pour faire trembler la terre, elle qui venait du ciel.

Lexa craignait peut être cette nouvelle guerre, comme elle n’en avait jamais craint. Ce n’était pas tant qu’elle ait peur. Pas pour sa vie, - bien que celle ci soit soudainement devenu plus importante , ni pour la vie des autres – bien qu’il y’ait des autres qu’elle n’ait pas envie de voir tomber au combat. Mais tout simplement, parce qu’elle ne savait pas combien de temps celle ci durerait, tout simplement parce que peut être, que pour une fois elle était lassée de partir d’une guerre pour arriver à en faire une seconde en l’espace de quelques jours, parce que pour une fois, tout commandeur qu’elle était elle aurait voulu la paix et le calme. Elle n’aurait jamais rien de tout cela. La guerre était aux portes du clan des prairies, et la coalition allait réagir. Les barbares seraient rayés de la carte, et elle espérait pouvoir contenir les pertes, qu’il n’y’en ait que très peur, que personne ne soit lésé. Ca ne serait pas facile. Ca ne serait peut être pas réalisable. Et elle savait bien que si les skaikru avaient été les ennemis inconnus, et dotés de technologie, les barbares imprévisibles et sauvages, ne seraient pas non plus des ennemis faciles. D’autant plus qu’il était inutile de discuter avec eux. De souvenir, elle ne connaissait aucun trikru qui ait déjà conversé avec l’un de ces barbares de l’Ouest, et qui en soit revenu en vie. Peut être Kandar oui, ou d’autres conteurs qui soient passés dans leurs terres, mais ils ne s’étaient jamais trop attardés, ils ne les avaient pas provoqués. Elle lui poserait la question un jour, à sa conteuse préférée – et il ne faisait aucun doute que de tous les conteurs, c’était bien de Kandar que Lexa était la plus proche -.

« Est-ce des ennemis que certains de la coalition ont déjà combattus ? Le sikru semble avoir un historique. » Elle poussa un soupir, Lexa. Si Neith avait parlé des barbares à Clarke, il était sur que celle ci ne lui en avait pas tracé un portrait élogieux. Mais Neith était Neith, et malgré tout, tout ce qu’elle disait, exagération ou bravade, demeurait véridique. « Neith a repoussé par deux fois les barbares à Sérön. » Et Sérön grâce à elle était devenu la ville imprenable. Plus encore peut être que Polis. Mais ce n’étiat pas Polis que les barbares visaient, non, ils visaient le clan des prairies, les pacifistes, les frontières accessibles. Elle serra le poing. « Je sais que nous en parlerons plus tard, mais… J’ai besoin de savoir. » Elle comprenait Lexa. Elle hocha la tête, et ne desserra pas le poing. Les barbares l’irritaient. Elle ne les avait jamais consideré comme une très grande menace, elle…Enfin. Elle n’avait pas pu savoir. Elle n’aurait pas pu deviné. « Les demodrakhos vivent dans un territoire qui n’est pas si facile d’acces, et même si parfois les barbares frôlent leurs frontières, ils n’ont jamais menés de grande attaque. » Elle comprenait le besoin de savoir de Clarke, et elle le nourrissait, en donnant des réponses aux questions que celle ci posait, aux questions qu’elle ne posait pas, également. « Il a déjà été fait été d’attaques sur les Azgeda aussi, mais jamais les barbares ne s’étaient montrés organisés. C’était des clans, des petits groupes qui attaquaient des villes. Et même si certaines attaques sur Sérön étaient plus violentes que d’autres, nous n’aurions jamais pensé qu’ils finiraient par attaquer pour de bon. Pas comme ça. » Et c’était peut être de sa faute oui. Elle détourna le regard, la mâchoire serrée.

Le sujet était irritation et Clarke empêcha ses lèvres de se pincer en une moue coupable, alors qu’elle lut sans mal la changement de dynamique chez Lexa. C’était ainsi, il y aurait toujours des sujets peu agréables, des sujets que l’on aurait souhaité jamais existé. Mais le monde était fait de diversité et plein de surprises. Qui parfois prenaient la forme de navettes tombées du ciel. Qui parfois prenaient la forme d’assauts menés sur des caravanes sans défense. Clarke ne s’excusa pas. Loin de là. C’était un mal nécessaire et retrouvé cette fureur chez Lexa lui rappela les premiers jours, leurs premiers échanges. Ou leurs mots étaient des bâtons rompus et que les esprits s’entrechoquaient sur des questions sensibles où il fallait forcer l’autre à entendre raison. Et elle doutait, Clarke, que les barbares puissent jamais entendre raison. Du bref portrait qui lui avait été dressé par le keyronsi, ils n’accepteraient jamais un dialogue. « Neith a repoussé par deux fois les barbares à Sérön. » Elle redressa un peu la tête, Clarke, à cette nouvelle information, prévoyant, le lendemain, d’aller rendre une visite de courtoisie à celle du Sikru. La terre n’était pas leur domaine et elle voulait profiter du savoir rusé du capitaine avant que celle-ci ne retrouve son royaume maritime.

Il y eut un mot sur le demodrakhos, puis sur le azgeda et Clarke les visualisa comme un conglomérat peu organisé et brutal. Il y en avait eu, de nombreux, dans l’histoire. Et si la destruction de la terre ramenait la logique humaine à ses débuts, Clarke imagina le sang et la violence à un autre niveau (quelques semaines auparavant, elle peignait le trigedakru de la même manière dans son esprit, elle avait gagné une distance critique, et une prudence qu’elle sentait nécessaire). « Mais jamais les barbares ne s’étaient montrés organisés. » Ses traits se serrèrent et elle songea, Clarke. L’organisation voulait dire une prise en main. Une tête, ou au minimum un groupe qui le dirigeait. La coalition de Lexa les avaient-ils inspiré ? « Nous n’aurions jamais pensé qu’ils finiraient par attaquer pour de bon. Pas comme ça. » Elle grimaça, Clarke. « Nous ne sommes jamais assez prudent, sur terre. » C’était ce qu’il y avait de fascinant, les sursauts de survie que l’homme démontrait, inspiré de la force de ce monde, pour se redresser et devenir plus hostile que les autres. Peut-être que c’était, d’ailleurs, la leçon la plus difficile à retenir, celle qui s’oubliait avec le temps et avec les victoires. Que rien n’était jamais acquis et que, après le sommet, attendait la chute.

Clarke l’empêcherait. Elle s’unirait à ce groupe d’hommes, de femmes, pour éviter que la trigedakru n’en pâtisse. Il y avait des personnes qui comptaient pour elle, maintenant, et elle serait incapable de retourner au Camp Jaha en attendant que les forces qui les entourent se tuent entre elle. « Il nous suffira de leur inculquer ça. » A coup d’armes et de défaites, s’il le fallait. Clarke n’aimait pas le sang, mais elle reconnaissait quand il était nécessaire de le faire couler. « S’ils n’ont jamais fait preuve d’organisation auparavant, c’est un avantage. Il y aura des dissidences. Et puis, le trigedakru n’est pas Sérön. Nous ne sommes pas une ville imprenable, mais nous sommes bien plus, tu ne penses pas ? » S’il n’y avait aucun sourire sur ses lèvres, il y avait dans le bleu de son regard cette détermination vibrante, qu’elle posa sur Lexa.

Lexa culpabilisait de la guerre qui approchait. Et même si elle savait, qu’elle ne pouvait pas avoir été partout. Que ce n’était pas de sa faute vraiment. Elle ne pouvait pas s’empecher de penser que si elle avait fait les choses autrement, tout aurait été different. Peut être mieux. Peut être pire. Mais elle avait sous estimé l’Ouest et maintenant elle en payait le prix fort.  A part qu’elle n’avait pas eu le choix. A part que c’était ainsi maintenant. Et tous les poigs serrés, toutes les colères qu’elle pourrait prendre contre elle même ne changerait rien. Et ça, elle ne le savait que trop bien. «  Nous ne sommes jamais assez prudent, sur terre. »  Et les morts de Clarke résonnaient dans sa tête, comme ils auraient pu résonner en devise de leur peuple tout entier. «  Non, effectivement. »  C’était une évidence à vrai dire. Une évidence que personne n’oubliait. Et les skaikru ne le savaient que trop bien n’est ce pas ?  «  Mais c’est une erreur qui ne sera pas réitéré. » Assurement qu’elle ne le serait pas. Et tandis que la route continuait, Lexa detendit ses doigts, desserra le poing, et caressa nonchalement la crinière blanche d’Erèbe.

«  Il nous suffira de leur inculquer ça. »  il y’eut une hésitation dans les yeux de Lexa, qui se demanda quand Clarke était devenue ainsi. Prête à assener une terrible vérité à grand renfort armé, sur un peuple tout entier. Et elle comprit, que c’était la Terre, que c’était de son du aussi, et du dû de tous les êtres opposants que la terre avait pu mettre sur sa route, que la fille des étoiles était devenue ainsi. C’était admirable, cette force mentale. C’était plaisant, cette détermination. « C’est un avantage. »  Et ça l’était oui. Lexa prévoyait déjà d’eventuellement se servir de ça. Essayer d’envoyer des gens pour qu’ils approchent les barbares, tenter de semer la discorde, les espionner pour savoir qui était leur chef et trancher la maladie en partant par la tête. C'était une façon de faire qui ne derangerait pas Lexa. Assurer la paix, par un bain de sang.

«  Nous ne sommes pas une ville imprenable, mais nous sommes bien plus, tu ne penses pas. »  La détermination était la encore, et elle provoquait en Lexa cette vague de fierté, cette assurance d’avoir bien choisi que ce soit pour une conseillere ou pour sa niron. C’était galvanisant. « Nous sommes bien plus oui. »  Il y’eut une lueur de joie, de presque espoir. «  Nous sommes ce qu’ils ne sont pas, et ne seront peut être jamais. Civilisés. Unis. Et nous regorgeons de ressources qu’ils ne peuvent imaginer. »  Il y’eut un moment et Lexa sourit. «  Et nous vous avons. »  Et c’était on ne peut plus sincère.

Il y avait une triste aisance à parler de la guerre. Même si ça restait une conversation dont rien n’était fixé et que beaucoup était plongé dans l’ignorance, c’était familier (aussi horrible cette pensée était-elle). C’était une dynamique rodée, une dynamique dans laquelle Clarke était confortable, ne rechignant plus sur les discussions, les propos sévères, les actions à envisager. Elle savait qu’elle ne pouvait éviter la guerre, et même si une partie d’elle aurait espéré un dialogue de paix avec ceux de l’ouest, elle n’était plus l’utopiste qui avait un jour mis les pieds sur terre. Non. Cette partie d’elle s’était éteinte avec Finn (avant même qu’il ne meurt, quand il était devenu un garçon tellement différent de celui qu’elle avait aimé, même si ce ne fut que pour un temps très bref, qui ne l’empêcha pas d’être intense). Puisque les terriens se revendiquaient d’être un peuple fort, elle n’hésiterait pas une seule seconde à se servir de la force pour les briser.  « Mais c’est une erreur qui ne sera pas réitéré. » Il y eut une douce rassurée dans les yeux de Clarke, qui suivit le mouvement des doigts de sa niron dans la crinière claire d’Erèbe et elle marqua son approbation d’un mouvement de menton, lent, calculé. « Bien. Je n’en attendais pas moins du commandant. » et feint dans la sévérité de ses propos se trouvait une pointe de chaleur, ce qui se dégageait, avec un peu d’espièglerie – quand parlait-elle de Lexa comme du commandant ?

Clarke ne s’arrêta pas là. Elle connaissait Lexa, savait qu’il faudrait plus qu’une phrase. Ainsi se servit-elle de sa raison pour mettre en exergue ce qu’ils avaient, ce que ceux de l’ouest n’avaient pas. Et c’était nombre de vies, nombre d’expérience. Ils étaient une armée de 12 clans. Ce n’était pas rien. Ca avait son poids. Ca avait son importance. Et la Fille Sage le comprenait, bien entendu, Clarke n’en attendait pas moins de son amante. Et dans le coin de son regard, sur sa gauche, elle nota la posture de Lexa qui changea légèrement, regagnant son statut régalien et dans les prunelles de deux femmes brilla cette même confiance. « Civilisés. Unis. Et nous regorgeons de ressources qu’ils ne peuvent imaginer. » Il y eut un sourire sur les lèvres de Clarke, qui disparut, s’évapora dans l’air alors que la prudence marquait son front. « Ils le sont peut-être. Civilisés. » Les Cent avaient fait l’erreur de penser que ceux du trigedakru n’étaient que des barbares, et finalement, l’appellation voyageait vers l’ouest et Clarke s’était rendue compte à quel point ils s’étaient trompés à leur sujet, à propos de ces clans où elle comptait un certain nombre d’amis – et une amante qu’elle chérissait particulièrement. Mais il valait mieux se servir d’un autre exemple et les mots se trouvèrent sans mal. « Tu te souviens d’Alexandre ? » Comment pourrait-elle l’oublier ? « Il était considéré comme un barbare par ses voisins directe. Qu’il a fini par supplanter totalement. » Elle pinça les lèvres. « Ce n’est pas parce que les nôtres, de barbares, s’en prennent à des groupes désarmés qu’ils sont faibles. » Ca les rendait redoutables, au contraire. S’ils n’avaient aucun scrupule à s’en prendre aux faibles, que feraient-ils, face aux forts ?

Clarke ne voulait pas se laisser aller au pessimisme. Ce n’était pas son genre, ainsi elle ne perdit rien de son assurance, malgré ses mots de prévention. « Mais nous les écraserons, oui. » La guerre serait pénible, Clarke n’en doutait pas une seule seconde. Il y aurait des pertes, il y aurait du sang. Le trigeda s’en relèverait, comme il le faisait si bien. « Et nous vous avons. » Elle sourit, Clarke, de se sourire un peu surpris, un peu pincé. Puis elle se détendit, fit rouler ses épaules, même le gauche, qui ne crissa pas sous l’effort, pas trop. « L’alliance se fera un plaisir de prouver sa valeur. » Les mots étaient choisis pour une raison. Il y avait des promesses qu’elle ne pouvait pas faire au nom de son peuple. Ça ne voulait pas dire, pour autant, qu’elle ne tenterait pas de tirer parti de ce que le skaikru avait à apporter. « Si le soutien du skaikru est nécessaire, je leur ferai appel. »

« Bien. Je n’en attendais pas moins du commandant. » C’était sévère peut être de la part de Clarke, mais Lexa pouvait sentir ce qu’il y’avait en dessous. Avec les jours passés, et les moments qui les liaient, avec cette union mentale qui existait en elle, et qui s’était tissé en quelques heures, en des nuits, elle pouvait affirmer peut être pouvoir comprendre ce que disait la fille des étoiles, et ce qu’elle ne disait pas. Il y’avait une douceur oui, il y’avait de l’affection et peut être autre chose. Lexa arqua un sourcil. Pour Clarke elle n’avait jamais été le commandant, toujours elle avait été Lexa.  Elle laissa filer, il y’avait plus urgent peut être, la pression d’une conversation pour parler de la guerre, pour parler de ce peuple de barbares, pour parler de la guerre qui hurlait à leurs portes. Et Lexa oui, voyait les avantages dans leurs forces, et probablement des fissures dans celles des non civilisés de l’Ouest. Il était sur pour elles qu’ils étaient des barbares, dans cet ancien sens du terme. Ils n’avaient pas cette unité qu’ils avaient les trigedakru, ils n’avaient pas voulu leurs clans, leurs savoirs, et ne parlaient même pas le même langage qu’eux.  Pour elle, assurement, ils étaient des barbares, et leur avantage était la, ce manque d’unité de civilisation. Clarke pensait autrement. « Ils le sont peut être. Civilisés. »  Elle arqua un sourcil.  Mais Clarke continuait, ce n’était pas le temps de la reprendre, de répondre. « Tu te souviens d’Alexandre ? » Un hochement de tête, elle ne l’oublierait pas. Jamais. « Il était consideré comme un barbare par ses voisins directs. Qu’il a fini par supplanter totalement. Ce n’est pas parce que les nôtres, de barbares, s’en prennent à des groupes désarmés qu’ils sont faibles. » Il y’eut un froncement de sourcil. Lexa était bien trop serieuse, toute cette conversation l’était. Et la fille qui gouvernait aux terriens se perdit dans ses pensées. «  Nous ne ferons pas les erreurs des voisins d’Alexandre. » Il y’avait une certitude dans cette affirmation, et Lexa parlait comme elle aurait parlé devant ses armées pour les motiver. «  Si je te parle de civilisation, j’entends par la que jusqu’à présent ils n’étaient pas unis sous une égide. Il s’agissait de groupes epars, ne partageant que des bribes de langage, et leur soif de sang. Au sens propre. » Ou d’avantage leur faim de chair. Elle avait entendu des choses sur les barbares. Des choses qu’elle n’aurait pas voulu vocaliser, mais qui ne lui faisaient pas peur. Ils étaient fous. Et ils seraient écrasés. C’était un fait. Clarke l’affirmait elle aussi. Et Lexa hocha la tête. Approbatrice. Fière. Determinée. Le Sang de leurs morts serait vengé par l’extermination, ou l’alienation de ce peuple qui ploierait enfin.

Et le Trigeda uni en viendrait à bout. Lexa n’en doutait pas de ça. Tout comme elle ne doutait pas que les Skaikru pourraient être d’une aide adéquate. D’une aide peut être necessaire. Clarke sembla surprise, puis se detendit un peu, et Lexa continua de la fixer avec attention, comme pour essayer de comprendre tout ce qui se tramait dans sa tête, derrière ses yeux. « L’alliance se fera un plaisir de prouver sa valeur. »  Sa valeur. Le choix des mots n’était pas anodin, Lexa arqua un sourcil curieux. Elle supposait que ça ne serait pas un plaisir. Mais elle comprenait aussi le role de Clarke qui ne dirigeait pas, qui ne dirigeait plus. Elle comprendrait aussi que les Skaikrus ne pourraient pas forcement choisir de les aider ou non. Et elle esperait qu’il n’y’ait plus de scission. C’était beaucoup de pression, finalement sur leurs épaules. « Si le soutien du skaikru est nécessaire, je leur ferai appel. »  Lexa fit une espece de grimace, minime, mais que Clarke put probablement voir. « Je ne doute pas qu’ils seront ravis de prendre part a une nouvelle guerre. » Il y’eut un soupir de sa part. Ce n’était pas le moment pour parler d’une entrée dans la coalition, pour proposer à Clarke que son peuple rejoigne le sien. Ce n’était pas le moment non. Mais ça pourrait être necessaire. Plus tard. Elles auraient l’occasion d’en parler. « Je ne peux pas te promettre que ton peuple ne sera pas melé à cette guerre. »

Les propos ne furent pas facile à entendre, Clarke le concevait sans mal. Mais c’était son rôle, et elle n’en dérogerait pas. Depuis le début, depuis sa première rencontre avec Lexa, elle disait les mots comme ils étaient, rappelait la réalité qui pouvait se perdre derrière la figure de la personne la plus puissante du monde connu. Rappeler l’ego sur terre n’était pas toujours facile et Clarke, si elle ne doutait pas Lexa d’être la personne la plus humble qu’elle connaissait, se devait de remettre les éléments en place. Quitte à froisser un peu sa niron. Quitte à recevoir une réponse qui ne l’étonna pas. « Nous ne ferons pas les erreurs des voisins d’Alexandre. » Elle garda le silence, Clarke, car il y avait plus et l’explication qu’elle reçut fut précieuse. « Ne partageant que des bribes de langage, et leur soif de sang. Au sens propre. » Elle fronça les sourcils et jeta un regard inquiet vers Lexa, osant demander. « Est-ce que j’ai bien compris ? » Ce fut un sentiment désagréable qui monta jusque dans sa gorge, alors qu’elle imaginait les mangeurs de chairs. Des cannibales. Elle pouvait comprendre la logique, Clarke, qui encourageait un peuple à manger les autres. D’un point de vue purement biologique, la chair restait la chair, le sang restait le sang. L’homme n’était qu’un animal. Un animal très évolué. C’était pour ça que le cannibalisme n’était pas perçu comme nécessaire. Alors, elle poussa un soupir, lourd et long. « Raison de plus pour ne pas les laisser progresser. » Et il y eut une horreur dans son imagination, quand elle réalisa le sort qui était réservé à ceux des prairies. Ça ne suffisait pas de les tuer. Il fallait les manger.

Le régime alimentaire mis en exergue, Clarke ne pouvait que d’autant plus espérer que le skaikru réponde à l’appel quand celui-ci se présenterait. Ca nécessiterait un retour au Camp Jaha, de longues discussions avec sa mère et un appui de la part de Kane. Sans compter tous les autres qu’elle devrait convaincre, de mener une guerre qui ne leur appartenait pas. Le front de Clarke resta plisser, et pendant que sa réflexion se construisait, elle commença à se mordiller la lèvre. Ce n’était pas impossible… ça ne serait pas aisé. « Je ne doute pas qu’ils seront ravis de prendre part à une nouvelle guerre. » Elle haussa les sourcils, brièvement, preuve de l’avis qu’elle avait sur la phrase de Lexa. Ca, pour être ravi… Toute l’ironie du monde ne serait peut-être pas suffisante pour peindre la joie qu’ils auraient à se jeter dans la gueule du loup à nouveau. « Je ne peux pas te promettre que ton peuple ne sera pas mêlé à cette guerre. » Elle secoua la tête, lentement, alors que toute sa gestuelle témoignait de la tension dont elle était sujet. « Je ne te demande pas de me faire ce genre de promesse. » Ce fut presque strict, alors qu’elle poussa un nouveau soupir et qu’elle serra un peu plus les rênes d’Archéon, sans tirer sur celles-ci. Son regard était perdu, là, sur la ligne où la crinière de sa monture partait sur la gauche, tandis que tout le côté droit de son cou était dégagé. Elle laissa courir ses doigts là, chatouillant la peau de l’animal qui agita ses oreilles au contact inattendu. « Ce que je demande, c’est le soutien du Trigeda. » Et elle reporta ce bleu déterminé, rigide, sur Lexa.

Clarke connaissait les besoins du Camp Jaha. Elle les devinait sans mal, car elle aurait tout fait pour les protéger et les deux jours qu’elle avait passé sur le site de crash de l’Arche n’avait pas été qu’une visite de courtoisie. Elle avait vu leurs avancements, leurs besoins. « Si nous leur demandons leur aide, il va falloir leur apporter des biens en échange. » Elle plissa un peu les lèvres, alors que les idées venaient, sans mal. « Avec l’hiver, ils seront prompts à accepter. » Teksas lui avait fait assez la leçon sur ce point. Ils auraient besoin de soutien. Surtout si tous ceux en rapport avec le trigedakru quittaient le camp. « Ils ne connaissent pas la générosité. » Ca lui avait échappé et son visage se durcit un peu plus, alors qu’elle songeait, Clarke, qu’elle appartenait à ce peuple, que nombre d’entre eux ne pouvaient pas pardonner, oublier. Elle devrait discuter, longuement, avec la chancelière. Pour que au-delà des anciens ennemis, ils y voient les vies qu’ils pouvaient changer. Améliorer.

 « Est ce que j’ai bien compris ? »   Ca valut un mordillement de la levre inferieure à Lexa, et elle hocha la tête. Ce ‘nétait pas quelque chose qu’il était facile d’annoncer peut être, qu’il y’avait aux frontières des cannibales, qui ne faisaient pas que tuer avec desordre, mais se nourissaient du sang et de la chair de leurs frères tombés, de leurs enemis, de leurs victimes.  «  Tu as bien compris oui. Il s’agit de mangeurs de chair. »   Et elle ne rentraierait pas dans les detail,s car quels détails fallait il donner quand il s’agissait des barbares. Clarke savait l’essentiel, et Clarke en savait suffisamment pour être convaincue qu’il fallait les arreter n’est ce pas ? C’était bien le cas. Lexa hocha la tête.    «  Raison de plus pour les arreter oui. »  Et elle les arrêteraient. C’était un fait.

Bien sur, elles ne pourraient cependant pas les arrêter seules, elles auraient besoin d’aide, et l’aide du skaikrus serait un avantage considérable. Mais voila, ils n’étaient que des alliés que Lexa ne forcerait pas à combattre, tant qu’elle pouvait l’éviter. Et bien entendu, elle savait, que ces conseillers, que son peuple, voudrait que les skaikrus les aident en retour de ce qu’ils pouvaient leur apporter, elle savait que certains verraient la dans cette guerre un moyen de tester les skaikrus. Et si elle était au dessus de ça elle devait tout de même avouer que ça serait une bonne preuve de l’union entre les deux clans. Alors elle ne promettrait rien non, et elle acquiessa que Clarke ne lui demande pas de le faire. C’était suffisant. Il y’eut un nouveau soupir. C’était compliqué, les histoires politiques, ce qu’elles se demandaient l’une et l’autre, ce qu’elles demandaient à leurs peuples aussi. Ce qu’elles leur demanderaient.    « Ce que je demande c’est le soutien du Trigeda. »  Il y’eut un regard oui. Curieux. Approbateur.  Et si Clarke savait que le Trigeda les soutiendrait du mieux que possible, elle était curieuse Lexa, de voir où cela allait mener. «  Il va falloir leur apporter des biens en échange. Avec l’hiver, ils seront prompts à accepter. »  Les rouages eux, marchaient déja dans la tête du commandeur, qui hocha la tête. C’était satisfaisant à savoir. Et elle avait pu voir de ses propres yeux que si les skaikru avaient la technologie ils n’avaient pas la plupart des choses nécessaires pour passer l’hiver. Pas de vêtements chauds, pas de reserves de nourriture. Elle comprenait bien Lexa. Et elle se ferait un plaisir d’en parler lors d’un conseil.  « Ils ne connaissent pas la générosité. »  Ca causa un petit silence, tandis que les sourcils du commandeur se fronçaient, puis se relaxaient un peu.  «  Je ne prévois pas d’abandonner nos alliés face aux affres du climat. » Ca serait bien mauvais de sa part, et assurement la pire décision qu’elle pourrait prendre.  «  Nous en discuterons lors d’une reunion, mais je pense que le trigeda pourrait envoyer des vivres et des couvertures. »  Ils avaient des ouvriers aussi, des architectes qui pourraient les aider à mieux isoler leurs chambres, leurs maisons. Elles en avaient parlés avec Clarke precedement.  « Et nous enverons egallement de la main d’oeuvre, Ton peuple aura besoin de conseils de personnes qui ont l’habitude des climats qui peuvent frapper. »  Ca serait de l’aide volontaire bien sur. Mais c’était quelque chose d’important.  « Et c’est une aide que nous enverons même si nous n’avons pas besoin de votre aide. »  Un moment de silence, elle reprit doucement. « Je sais que notre peuple semble rude et impitoyable, mais nous ne laissons pas mourir nos alliés. Nous connaissons aussi la générosité. »  Et si il fallait l’apprendre aux skaikru, ils le feraient.

Et l’ouest se teintait d’une dimension plus profonde, plus rouge, plus chaude. L’homme était un animal comme un autre, un ensemble de protéines qui pouvaient très certainement en nourrir d’autre à plusieurs reprises. Elle n’aurait jamais cru que ça soit appliqué, mis en pratique sur la terre qui avait été détruite par les radiations. Et c’était dérangeant, aux yeux de Clarke. Comme un malaise qui ne voulait pas la quitter, l’envie de vomir, comme si, dans son estomac à elle, se trouvait cette chair que ceux de l’ouest dévoraient. Le cannibalisme. Elle eut ce frison, noir, malsain, qui la secoua de longues secondes. Avant qu’elle ne fronce les sourcils et qu’elle se décide à dépasser ça. Se servir de ce moment précis comme d’un moment important, se souvenir de la sensation pour se forcer à aller plus loin.

Ce plus loin, ce serait d’obtenir le soutien du skaikru. Il aurait été plus aisé, pour Clarke, de prendre ce dont elle avait besoin alors qu’elle était à la tête des siens. Elle ne l’était plus. Elle ne le serait pas restée très longtemps, pas avec les lois en place, cette habitude déplaisante pour la démocratie. Il y avait un chancelier en place et la structure extraordinaire pour la guerre n’avait plus de raison d’être. Clarke en avait bien conscience et au lieu de s’emparer du pouvoir, maintenant, elle se devait de jouer suivant les règles de sa mère et des autres. Bien. Ce n’était pas parce qu’elle n’y avait pas encore jouer qu’elle était mauvaise. Loin de là. Si elle avait réussi à rallier une centaine de délinquants à sa cause, l’inquiétude de Clarke serait dirigée ailleurs. Comme le soutien de la coalition. « Je pense que le trigeda pourrait envoyer des vivres et des couvertures. » Elle acquiesça, son regard distillant un peu de douceur vers Lexa. Une sorte de soulagement. «  Et c’est une aide que nous enverons même si nous n’avons pas besoin de votre aide. » Elle n’en demandait pas autant, Clarke. Personnellement, elle aurait été partisante de laisser le Camp Jaha réaliser à quel point la vie était pénible, quand il fallait se débrouiller seul. Mais c’était une rigidité qui n’aurait pas été vraiment nécessaire et l’animosité du passé ne devait en rien guider sa réflexion aujourd’hui. (ça restait plus fort qu’elle et celle-ci, probablement, resterait à jamais).  

« Nous connaissons aussi la générosité. » Elle eut ce sourire un peu brisé, un peu amoureux, aussi, alors que son regard quittait la vision de sa niron, qu’il glissait sur la monture blanche, avant de se retourner sur le devant de leur marche. « Si seulement ils pouvaient le voir. » Et ça ne la quittait pas, ce sourire. « Vous voir comme je vous vois. » Mais non. Aux yeux d’Abby, Lexa ne serait qu’un enfant. Aux yeux des autres, ils seraient que des sauvages. Ca prendrait du temps et construire la confiance entre les individus se ferait. Petit à petit. Péniblement. « Oui, vous êtes un peu rude, mais c’est ce qui fait votre charme. » Ca revint, l’espièglerie, un peu de jeu, de complicité. Puis ça disparut, alors qu’un loin, naissait une forme qui s’élèverait de plus en plus dans le ciel. Clarke ne la vit pas, car son regard se posait à nouveau sur son amante et dans le stries azures de ses iris, il n’y avait que cette profonde affection assumée. « Merci. Pour ta générosité. » Il n’y avait pas que ça, Clarke l’aurait remerciée pour tout ce qu’elle vivait en compagnie de Lexa. Ca n’aurait été qu’une répétition et combien c’était tentant de faire plus, ici, la discussion n’était pas à leur sujet, mais bien à propos des peuples. Comme il le serait toujours, au final.

Il n’y’eut aucune remarque sur les cannibales de la part de Clarke et  Lexa laissa ce thème se noyer un peu dans l’afflux des autres choses qu’elles devaient dire. Et elles parlaient du skaikru maintenant, de ce peuple que Lexa acceptait finalement dans les terres de sa coalition, de son empire. De ce peuple, envers le quel elle voulait faire preuve de tolérance, pour prouver qu’ils n’étaient pas eux, les barbares que les êtres du ciel pouvait croire. Pour prouver qu’ils valaient mieux que ça peut être. Ou tout simplement parce qu’il n’y’avait pas d’interet à avoir traité d’une alliance avec les skaikru pour les laisser mourir de froid.  Bien sur, elle savait que ses conseillers n’apprécieraient pas. Pas tous. Elle se doutait déja des longs moments qu’elle pourrait passer avec Titus quand celui ci lui exposerait des faits qu’elle preferait eviter d’entendre a nouveau. Mais sa décisions était prise. Ils offriraient au skaikru la générosité de leur peuple. Juste cette année. Juste maintenant. Et ils ne demanderaient rien d’autre en retour que le respect de ce qu’ils étaient. Ca ne devrait pas être trop dur. - Elle se leurrait peut être, mais ça, elle ne voulait pas y penser pour le moment.

 « Si seulement ils pouvaient le voir. Vous voir comme je vous vois. »   Il y’eut un sourire de la part de Lexa, un peu désabusé aussi, un peu comme celui de Clarke. Et Lexa garda la tête fière, comme toujours quand il s’agissait de son peuple, elle ne baissait ni les yeux, ni adoucissait son regard. C’était son peuple. Ils n’étaient pas que des rustres. Ils étaient brillants, ils s’étaient adaptés à cette terre, et y avaient évolués. Mieux que leurs ancetres. Dans un retour aux sources vrais. Loin de la technologie. - que pourtant ils allaient devoir accepter tot ou tard - Ils n’étaient pas que des guerriers non plus. Ils étaient des cultivateurs, des eleveurs, des hommes qui s’occupaient de chevaux ou de faire pousser des salades. Ils étaient des batisseurs, cherchant les meilleurs moyens de construire des habitations qui protegeaient du froid, quand toutes les infrastructures de l’ancien monde n’étaient que ruine. Ils étaient des penseurs, des dirigeants, qui regnaient dans une sorte d’empire dirigé par certes une tête unique, mais secondée par un conseil, qu’elle écoutait. Ils avaient une civilisation. Elle était fière de celle la.  «  Peut être un jour y parviendront ils. C’est difficile de s’habituer à une nouvelle façon de faire. A Un nouveau monde. »  Elle fronca les sourcils, légerement perplexe.  «  Tu es plus ouverte que beaucoup de gens de ton peuple. Prête à comprendre et apprendre. C’est pour cela que tu arrives à nous voir autrement, que comme ces monstres qui ont attaqués tes compagnons, que comme ces sauvages que vos adultes croient que nous sommes. »  Quelques secondes de silence, elle regarda derrière elle, la longue file de chevaux et de gens qui les suivaient.  « Ton Kane, il est ainsi egalement. Et il y’a quelques uns des votres qui partagent cette intelligence, cette ouverture d’esprit. L’acceptation finira par arriver. »  Elle sourit doucement, effleurant d’un coup d’oeil le visage de Clarke, en profitant une fois de plus pour admirer ses traits, admirer la façon dont elle se tenait sur Archéon, elle qui quelques semaines avant cela n’était jamais montée.

 « Oui, vous etes un peu rude, mais c’est ce qui fait votre charme. »  Il y’eut un sourire plus franc, un regard plein d’affection. Lexa était touchée dans cette complicité qu’elles arrivaient a avoir, même au detour d’une conversation des plus serieuses. C’était plaisant. Et Lexa, Lexa offrit l’un de ses plus beaux sourires.  «  Tu sais… Vous n’etes pas si tendres. »  Et il y’eut la lueur du jeu dans ses yeux, qui fut chassé par l’émotion à vif alors que Clarke la remerciait. Elle hocha la tête.  «  Sha. »  Elle aurait pu lui repondre que les skaikrus pourraient les remercier en respectant l’alliance, mais ça n’aurait pas été la peine. Clarke savait ce qu’il en était. Et déja une forme dans le lointain attira son regard, tandis que Lexa effleurait la joue de Clarke, d’un mouvement rapide de la main.  «  Regarde la bas. La tour que tu vois s’elever, c’est Polis. »  Et c’était bien Polis, que l’on voyait dans le lointain. Polis… Dont la tour de commandement saillait de la forêt telle une bougie géante.