revivre ▬ Lexa

Clarke ne s’était pas attendue ce matin, quand elle s’était réveillée dans le lit de Lexa (ou était-ce leur lit, à présent ?) que cette dernière lui murmure à l’oreille qu’une belle journée les attendait. L’esprit encore embrumé et trop confortable dans les bras de la Fille Sauvage, il lui avait fallu un peu plus de temps pour répondre, demander ce que ça signifiait : Lexa répondrait à la demande de Clarke. Comme elle n’avait de cesse de le faire depuis qu’elles se connaissaient, dans toutes cette délicatesse que la blonde associait de plus en plus à son amante (un peu moins amante à chaque jour, puisque les esprits commençaient à comprendre la relation qu’il y avait entre les deux leaders, qui comprenait un peu moins de diplomatie que prévu et quelques sentiments forts dont Clarke n’aurait plus su se passer). Aujourd’hui pourrait être considéré comme un jour de repos. Ce qui n’avait pas empêché Clarke de sortir aux aurores de la tente de Lexa, comme à son habitude et de faire son petit tour de l’avant-poste après s’être débarbouillée. Elle avait retrouvé les apprentis soigneurs, s’était enquis de l’état des anciens faucheurs. Sur le chemin pour aller voir les siens, elle avait croisé Canjun. Les premières heures de la journée avaient filées, avant qu’elle ne se retrouve à l’écurie.

Elle avait passé un peu de temps, accompagnée par Teksas qui ne quittait jamais son ombre, à soigner Archéon qui se détendait grâce aux soins reçus, la robe nettoyée et ils discutèrent un peu avec Baal quand celui-ci s’enquit des sabots de sa monture. Tous étaient sur le départ, qui arriverait dans quelques jours. Le lendemain, Clarke prévoyait de faire un saut au Camp Jaha, prête à faire ces adieux à l’Arche qu’elle ne portait pas vraiment dans son cœur. En attendant, il y avait une balade qui était programmée qu’elle attendait avec beaucoup de joie, l’excitation nouant un petit nœud dans son estomac. Elles étaient bientôt sur le départ et tout ce que Clarke attendait, c’était la présence de Lexa – ce à quoi Teksas ne manquait pas de l’embêter à chaque fois qu’elle jetait un coup d’œil vers les tentes pour voir si sa niron approchait ou non.

Finalement, après quelques minutes passées à demander les mots les plus gênants du vocabulaire de trigedasleng à Teksas (qui avait bien été obligé de répondre, Clarke l’avait menacé d’aller demander au dresseur de chevaux s’il ne se montrait pas coopératif), ce fut la large carrure de Galaad qui attira son attention. Clarke cacha sa joie, alors qu’elle saluait Lexa d’un geste de la tête. « Lexa. » Et s’il n’y eut aucun contact, aucune main qui se touchait, le sourire qu’elle tentait de retenir sur ses lèvres pliait tout de même ses joues et dans ses yeux brilla une nouvelle lueur. Dans son dos, elle était prête à parier que Poney levait les yeux au ciel. Ca ne comptait pas. Déjà, elle n’avait plus que d’yeux pour sa niron. « Toujours tellement occupée. » Finalement, le sourire naquit, traitre, entrainé par les paroles douces. Archéon, paré de sa selle, s’approcha, saluant la femme qu’il connaissait depuis des années, s’invitant au plus près pour demander une caresse. « J’espère que le programme de la journée n’est pas bousculé ? »

Clarke avait fait une demande quatre nuits auparavant, et c’était enfin maintenant que tout s’était calmé, que Lexa avait décidé de l’honorer. Pas qu’elle n’ait pu le faire avant de toutes les manières, leurs journées avaient été chargées entre les conseils, les entretiens avec les chefs de clans qui avaient voulu la voir, et qu’elle avait voulu voir aussi. D’ailleurs une partie joueuse d’elle se disait qu’il faudrait qu’elle reparte voir Feyn pour decouvrir où celle-ci en était avec son admirateur secret. Admirateur dont elle ne suspectait pas du tout l’existence. Après tout, les histoires de ce genre ne l’avaient jamais vraiment interessées. Soit. Elle voulait tout de même s’en amuser un peu. Et… il n’en demeurait pas moins aussi qu’elle avait une fibre romantique – un peu trop bien enterée – qui ressortait assez en ce moment. Assez ? C’était à dire qu’elle avait fait liberer une journée entière dans son planning pour la dédier à Clarke avant qu’elles ne partent totalement de l’Avant Poste pour rentrer à Polis, avant que Clarke ne parte a Camps Jaha aussi – elle redoutait ce moment, pas tant pour la douleur que l’absence causerait mais a cause de certaines hantises qu’elle ne ferait pas fuir. Quand elle tenait Clarke dans ses bras la nuit, elle savait qu’elle était la, et qu’elle ne retrouverait pas sa tête sur une pique ou posée sur son lit. Quand elle tenait Clarke dans ses bras la nuit elle savait qu’elle ne disparaitrait pas. Deux jours de separation seraient durs sur ses épaules. Mais elle s’y ferait. Elle était Heda. Elle ne pouvait pas laisser une telle chose entraver sa façon d’être et de diriger. Elle avait encore des gens à voir, encore des choses à faire. Soit. Camps Jaha était loin, et leur journée était proche. Si proche peut être qu’elle avait déjà cette hate un peu inquiète – inquiète que Clarke soit occupée ? Inquiète que Clarke ne veuille plus ? -  et qu’elle ne put s’empecher de murmurer à Clarke quelques mots sur leur journée à venir, au reveil de celle-ci. Avant que Lexa ne se replonge dans l’inconscience du repos – bref – qu’elle s’accordait, et que Clarke ne quitte la tente dans cette parade qu’elle répetait tous les soleils levants.

Les premières heures du jour se passerent telles qu’elles le devaient, et Lexa trouva le temps de parler à Dunlaïth pour vider quelques morceaux qui encombraient son cœur. Ce n’était pas tant qu’elle ait de la tristesse, mais les paroles de la vieille dame qui était presque une mère, et son « va de l’avant » dans son vieux trigedasleng parfois effacé, lui avait mit du baume pour la journée dans le cœur. Et cette journée serait parfaite. Elle ne l’attendait pas autrement.

Alors le cœur plus leger peut être, elle avait fait signe à Galaad de la suivre, lui expliquant son role pour les heures à venir, tandis qu’elle marchait vers les écuries, ou Erèbe avait du être preparé. Avait elle peut être quelques minutes de retard – c’était un concept plus difficile à quantifier sur les petites sommes – elle arriva enfin, et cacha son sourire à la vue de Clarke qui posait visiblement trop de questions à Teksas. Le garde avait l’air las, et elle se rapprocha aux cotés de la massive silouhette de son garde, tandis que Clarke finalement la saluait sobrement. « Lexa »  Elle répondit, d’un hochement de tête, et ses yeux brillaient d’une lueur similaire à celle de Clarke. Dans la retenue des sourires qu’elles ne s’offraient pas encore. «  Toujours tellement occupée. »  C’était une plaisanterie, elle le savait. Plus passaient les jours, plus apte se faisait elle à les comprendre. Elle hocha la tête, et le sourire naquit en écho à celui de sa niron. «  Toujours oui. Mais il était un évenement de la journée que je n’aurais pu louper. »  Elle avait esperé, elle l’avouerait peut être un jour, que rien n’arrive aujourd’hui. Et elle remerciait les dieux qu’elle puisse être ici, aux cotés de Clarke, tandis qu’Archéon s’approchait curieux et quémandeur. «  Bonjour mon vieil ami. »  il gagna une caresse, de ces mains qui brulaient de toucher Clarke et qui ne le faisaient pas.  Et déjà elle pouvait voir un des hommes de Baal qui se rapprochait d’elle, guidant par les rennes son blanc destrier doté de sa selle, la fixant d’un air fier. Il était magnifique. Il le serait toujours. Et il ne se passait pas un jour sans qu’elle ne soit fière qu’il soit sien, malgré son caractère. «  Nous partirons quand tu es prête. »  C’était une invitation, et encore une fois Lexa offrait à Clarke les possibilités de choix, les possibilités de refus.

Il y avait cette boule qui s’agita légèrement quand Clarke embrassa du regard la vision de Lexa (elle aurait voulu l’embrasser, tout court, mais il y avait trop d’agitation. Alors Clarke ferma sa main gauche, triturant ces doigts qui n’avaient plus de réaction, ou si peu). Elles n’étaient jamais loin, fondamentalement. Une dizaines de minutes, tout au plus, mais parfois les journées s’acharnaient tellement sur les amantes qu’elles ne se voyaient qu’au soir, quand les esprit s’apaisaient et que les obligations étaient reléguées au lendemain. Clarke chérissait chaque moment qu’elle passait en compagnie de Lexa, qu’ils soient privés, ou en public. Elle acceptait tout ce qui allait avec la Fille Sauvage. Si cela revenait à se tenir calme, de temps en temps, Clarke le subirait, le supportait. Elle avait supporté pire et ses caprices, elle savait les gérer. « Toujours oui. Mais il était un évènement de la journée que je n’aurais pu louper. »  Et il n’y eut que de l’adoration silencieuse dans le fond des yeux bleus de Clarke, qui détourna à peine son attention quand son destrier passa lui faire une infidélité en s’intéressant à la brune. Clarke secoua la tête et s’approcha, d’Archéon, passant une main sur son encolure avant de le tenir par les brides, profitant de l’excuse pour se rapprocher de Lexa, à moins d’un mètre d’elle.

« Nous partirons quand tu es prête. » Erèbe arriva à son tour, amené par un palefrenier et elle suivit un instant l’animal qui était tout aussi majestueux que sa cavalière. C’était une autre catégorie de cheval, mais elle appréciait son appaloosa. Ils s’étaient apprivoisés l’un l’autre et s’il continuait d’essayer de lui manger un bout de vêtement de temps à autre, Clarke remettait vite l’animal à la robe tachetée en place. Les conseils que Baal lui avaient apportés étaient précieux, tout comme les heures de chevauchées qu’elle avait accumulées depuis sa première leçon. « Je n’ai jamais été aussi prête. » Elle répondit avec ce sourire sur ses lèvres. Et c’était vrai. Depuis bien des années maintenant, elle avait eu si peu de temps pour se préparer aux malheurs qui menaçaient. Clarke, en réalité, était impatiente, de se retrouver seule à seule avec Lexa. De profiter de sa présence, dans cet entre-deux qu’était la clairière à ses yeux. Loin de la guerre, loin des peuples. Un havre de tranquillité auquel Clarke aspirait.

Teksas, en ombre fidèle, s’approcha, aidant Clarke à se hisser sur la hauteur d’Archéon. En temps normal, elle n’avait pas besoin d’aide, mais avec son bras toujours enfermé dans l’attelle, il était hors de question qu’elle ne force sur celui-ci. Et Archéon avait arrêté de faire ses prétendues jeux d’humeurs, attendant que sa nouvelle cavalière soit installée sur son dos avant de faire mine de bouger un peu. Les rênes entre les mains, la posture tellement plus assurée que la première fois qu’elle était montée sur le dos de son cheval, elle offrit un sourire apaisé vers Lexa, se rapprochant de sa niron avec aise, Archéon reniflant Erèbe avant de secouer son encolure. Teksas repassa brièvement ce qu’il y avait dans les sacoches accroches à la selle et Clarke se retint de dire ‘oui maman’, à la place remercia simplement son garde-du-corps. Et puis, rayonnante, se tourna vers Lexa. « Allons-y. »

L’excuse d’Archéon était suffisante pour que l’une et l’autre soient proches. Suffisamment pour que le cœur de Lexa s’emballe et s’empourpre, et pas assez pour lui convenir. Mais elle savait. Elle savait que ce qui était ici n’était pas ce qui était dans leur tente, car oui, c’était bien de leur tente dont il était question, et plus simplement la tente du commandeur – comme il serait peut être question de Leur chambre une fois à Polis. Dans tous les cas Lexa ne prendrait pas la décision, tout dépendrait de Clarke, elle ne forcerait rien. Jamais. Et c’était a nouveau ce mode opératoire qui se déroulait alors qu’elle annonçait à la fille du ciel qu’ils partiraient à son aise, quand elle le déciderait. Elle ne voulait rien forcer Lexa, elle commandait son peuple oui. Mais elle ne commandait pas Clarke, elle ne la commanderait jamais – Qui d’ailleurs aurait voulu commander Clarke ? C’était une chose impossible que même le commandeur n’était pas capable de réaliser, et c’était bien en Clarke ce qui lui plaisait également.

« Je n’ai jamais été aussi prête. » Ça suffit à la convaincre, Lexa, et le sourire lui plu, de même que la phrase. C’était probablement vrai, Clarke n’avait pas eu la même enfance, les mêmes méthodes, la même éducation, et si depuis son age le plus jeune la nighblood elle avait apprit à être forte, à être prête, elle supposait que c’était different pour les enfants de l’Arche. « Allons y. » Elle ne fit pas l’offense de l’aider à se hisser sur le cheval, Teksas était la, et une fois de plus Lexa n’imposait pas. Non, Lexa en profitait pour se jucher sur Erèbe, en adressant au palefrenier quelques mots amicaux, adressant même au passage à Baal un sourire. Il savait ce qu’elle pensait de lui, mais il n’y’avait pas un moment où elle manquerait d’exprimer la gratitude où elle était méritée. Seule. Avec dextérité elle chevaucha sa blanche monture, et lui flattant l’encolure, en le tenant d’une main nonchalente, elle le fit avancer vers Clarke.

Ca lui faisait bizarre un peu, comme une douce amertume de voir Archéon et de ne plus voir celle qui l’avait eu si souvent en fidèle monture. Ca lui faisait bizarre parfois, de se dire qu’elle ne verrait plus le visage félin de la guerrière aux tresses châtains. Mais les morts étaient morts, enterés, brulés, respectés, et Archéon avait une cavalière dont il prendrait soin. Dont elle, Lexa, prendrait soin également. Elle n’était pas triste non. Elle avait bien fait de suggérer à Clarke de prendre ce cheval, la première fois. Elle ne regrettait rien. C’était juste parfois, les pensées des gens passés qui hantaient son esprit. Elle secoua la tête. Elles étaient prêtes maintenant, et adressant un regard à Galaad, lui offrant un « Tu sais ce que tu as à faire. » autoritaire, elle commença la route. « Te rappelles tu du chemin ? » Elle était à coté de Clarke maintenant, et elles s’éloignaient pour ce qui serait un moment de solitude partagée, où le monde ne les empêcherait pas de vivre. Elle pouvait garder cette lueur joueuse dans le ton.

Il y eut quelque chose de fort, quelque chose de sombre, qui naquit dans les prunelles de Clarke. Prunelles éclairs qui suivirent le rouge qui monta aux joues de Lexa. Elle serra la mâchoire, retint un sourire qui ne naquit qu’en coin. Les souvenirs remontaient, revoyant cette même timidité le jour du conseil et Clarke se fit violence pour ne pas se pencher vers la Fille Sauvage, attraper ses lèvres, mordre ses lèvres. Non. A la place, elle tourna la tête, flattant sa monture. Elle ne pouvait pas se montrer impatiente. Dans quelques minutes, il n’y aurait qu’elles et Clarke pourrait exprimer librement le fond de sa pensée. Mais pour l’heure, au milieu de ces chevaux, la retenue était de mise et ce fut avec un entrain particulier – qui n’échappa guère à Poney – qu’elle monta sur le dos d’Archéon, pressée, presque, de quitter l’avant-poste. Il y avait un autre empressement, celui de changer d’air. Cela faisait des semaines maintenant qu’elle était là, entre ses tentes, capable de se repérer sur les chemins boueux en plein milieu de la nuit. Elle associait ce lieu avec la guerre et une part d’elle attendait que tout soit démantibuler, que la vie puisse se dédier à autre chose.

Ce n’était qu’une illusion et après le conseil, Clarke était parfaitement consciente des menaces qui les encerclaient. Immédiatement, les soucis se trouvaient à l’ouest et si, officiellement, ce n’était pas le problème du skaikru, Clarke voulait apporter son soutien. Car ce qui inquiétait sa niron l’inquiétait aussi. Cette guerre contre la montagne avait forgé un lien entre le trigeda et le skaikru. Il était temps que les achéens fassent leurs preuves, qu’ils montrent le support qu’ils pouvaient être, dans le grand jeu des influences. Mais ça ne serait pas pour tout de suite. Aujourd’hui, les deux leaders s’accordaient quelques libertés. Qui sait quand elles auraient encore l’occasion de connaitre pareille plénitude ? Clarke avait bien l’intention de penser le moins possible à qui menaçait aux frontières. Lexa, elle, semblait avoir délégué à Galaad, et elle attendit que l’échange entre le commandant et le garde-du-corps soit terminé, indiquant une halte à sa monture. « Te rappelles tu du chemin ? » Un mince sourire naquit sur les lèvres de Clarke, qui hocha de la tête tout en donnant un coup de bassin, accompagner de ses pieds qui effleurèrent les flancs d’Archéon, pour lui indiquer de se remettre en marche, éventuellement guider le chemin de quelques pas en avant. « En partie oui. Si je m’égare, tu n’auras qu’à me remettre sur le droit chemin. » La plaisanterie sonnait comme une vérité.

Lexa, peut-être, n’avait fait que ça, depuis qu’elles se connaissaient : guider Clarker. Lui montrer quel était le rôle d’un véritable leader, qui était amené à faire des choix drastiques pour assurer la survie du plus grand nombre. Si Clarke ne se sentait pas plus sage, elle se sentait plus usée, et plus forte qu’elle ne l’avait été à la mort de Finn. C’était mieux que rien. Des morceaux brisés de son âme, elle s’était relevée, prouvant sa valeur. Ca n’aurait pas été possible sans la présence de Lexa et Clarke n’aurait jamais assez de mots pour exprimer sa gratitude envers sa niron. Elle se contenterait d’être là, d’être présente pour les moments troubles. Comme elle avait réaffirmé sa présence après les révélations liées aux Azgeda. Cette balade, finalement, serviraient les deux femmes. « Je t’aurais pleinement pour moi, aujourd’hui ? » Demanda-t-elle, à moitié joueuse, alors qu’elle désignait d’un geste de la tête les hommes de Lexa qui restaient aux écuries dont elles s’éloignaient de plus en plus.

Aujourd’hui serait un calme dans les nouveaux cauchemars qui descendaient sur Terre. Aujourd’hui serait un jour où le commandeur se permettait de ne pas porter le monde sur ses épaules, et où elle empêcherait la leader des skaikru de faire de même. Elles avaient des sujets d’inquietude certes, et il y’avait des choses qui n’étaient toujours pas réglées.  Il y’avait la menace Azgeda – Lexa avait demandé une surveillance accru, et elle avait demandé à Galaad de profiter de la journée pour sélectionner deux guerriers qui pourraient s’infiltrer. Une mission qu’au vue du peuple visé elle n’avait pas voulu donner à Curtis. Soit. Ce soir, elle aurait des noms, et devrait choisir des personnes à envoyer en Azgeda, quoi qu’ait dit Arzhel. Il n’avait pas de décisions à prendre, et depuis 2 jours, elle hésitait sur la demarche  à suivre. Enfin. Elle n’y penserait pas aujourd’hui. Du moins pas sur le moment. Non, elle ne gâcherait pas la journée de ses sombres pensées.

Elles étaient prêtes à partir maintenant, et c’est d’humeur légère qu’elles se mettaient en route. «  En partie oui. Si je m’égare, tu n’auras qu’a me remettre sur le droit chemin. »  C’était plaisant. Cette sorte d’humour, qui cachait quelque chose de profond peut être, car n’était ce pas ce qu’elles faisaient continuellement ? Se remettre en place, sur la route qu’il fallait suivre. Se remettre sur la bonne voie, et reprendre l’autre quand elle divaguait. Elles se complétaient, et se corrigeaient aussi. C’était ce qui faisait que leur union, leur harmonie,mène a de grandes choses, et Lexa voulait y croire oui. «  Je n’y manquerais pas. »  Et c’était comme une promesse. Ça l’était oui, totalement. Un serment renouvelé qui se renouvelait sans cesse.

Les chevaux continuaient leur route, comme si ils réalisaient le chemin qu’ils prenaient, et Clarke brisa le silence qui s’installait à nouveau. «  Je t’aurais pleinement pour moi, aujourd’hui ? »  C’était un cri dans son être. Elle aurait du répondre « Non », répondre tant que possible. Mais le tant que possible était aussi l’entière journée qu’elle avait libérée pour ça. Le tant que possible devenait de plus en plus court sur la durée future, et de plus en plus Lexa avait des craintes de cet avenir qui arrivait. Alors Tant que possible, elle ne mentirait pas.  «  Je me suis arrangée, pour que ce soit le cas en effet. »  Et c’était dit. Avec presque timidité dans le regard, mais avec ce ton qui était si Lexa. Catégorique et doux.  «  Tu voulais une journée, et cette clairière. Il était de mon devoir de te l’offrir avant notre départ. » Et même si Polis n’était pas si loin que ça, et même si elles auraient l’occasion de revenir ici tant que Clarke voudrait, tant que la vie le leur permettrait, c’était un pèlerinage, un souvenir, un adieu a l’avant poste. C’était un moment qu’elles avaient besoin d’avoir. Et c’était pour cela que Lexa avait fait préparer quelques morceaux de viande séché, et des baies, pour leur servir de repas si elles avaient un creux dans la journée. Elles verraient. Lexa n’avait rien de prévu. Elles pourraient rester aussi tard qu’elles le voulaient. Elles pourraient rester autant que Clarke le désirait.  

«  As tu quelque chose de prévu ? »  Mais avant de prévoir, ou de se mettre à rêvasser, autant poser la question.

Les individus s’écartaient de leur chemin, laissant les chevaux passer dans une gestuelle habituée, regardant à peine les cavaliers – ou s’attardant juste ce qu’il fallait quand ils remarquaient que c’était Heda sur son destrier blanc. Les animaux avançaient à leur aise, sachant pertinemment qu’ils auraient toute la liberté de dégourdir leurs pattes une fois l’avant-poste quitté. Sous ses jambes, elle sentait la fébrilité d’Archéon qui attendait cette occasion avec hâte, lui qui se retenait, ouvrant la marche, presque paisible. Ce n’était pas encore le lieu pour le laisser aller, et la rigidité de Lexa en était la preuve. Clarke se mordit la lèvre, pour ne pas montrer son amusement. A présent qu’elle était habituée à voir Lexa sans son masque de commandant, la revoir tomber dans le solennel de son rôle présentait quelque chose de cocasse, qui éveillait un besoin de taquiner Lexa plus que de raison. Surtout quand il y avait ce semblant d’intimité, qu’elles étaient seules, sans l’être vraiment. Mais elle ne dit rien, Clarke – pour le moment, offrant un sourire ravi et sage à la Fille Sauvage quand elle reçut la confirmation qu’il n’y avait rien d’autre pour la journée.

« Tu voulais une journée, et cette clairière. Il était de mon devoir de te l’offrir avant notre départ. » Le sourire ne la quitta pas, alors qu’elle penchait la tête en arrière, ravie et amusée des propos de Lexa. « Je n’avais demandé que la clairière il me semble. » Les souvenirs étaient flous, ceux qui remontaient au banquet. Une partie, tout du moins l’était et contrastait parfaitement avec la vivacité qu’elle associait à Torvi. La vivacité qu’elle associait à un corps nu contre le sien. Et le feu était là, attisé sous son diaphragme et elle inspira, renfermant cette précieuse mémoire. Elle avait mieux que ça. Elle avait Lexa à portée de main. « Je suis ravie du présent que tu me fais. » Et ce fut dit, léger et sincère. Et ce fut visible, léger et sincère, dans ses yeux lumineux, qui quittèrent finalement la vue de Lexa pour se concentrer sur la route. Bientôt, elles furent à proximité des portes de l’avant-poste et puis, les chevaux empruntaient la route principale, qui remontait jusqu’à la ville partiellement reconstruite de TonDC. « As tu quelque chose de prévu ? » La question la sortit de son observation tranquille de la végétation (qu’elle avait appris à observer et à apprécier). Son regard un peu hagard, alors qu’elle considérait la question, retrouva sa tranquillité quand elle secoua la tête légèrement. « Je suis toute à toi, Lexa. » Et cette fois-ci, elle signifiait bien autre chose que le programme de la journée. Ce fut la manière dont cette lueur tourna son regard, cette manière dont elle arrêta Archéon et effleura la Fille Sauvage quand elle passa à son niveau.

Puis, le sérieux fut à nouveau envolé, la sincérité préservée pour leurs moments juste à elles. Archéon reprit la route, cheval docile – quand ça lui chantait. Et elle fronça un peu les sourcils, s’enquérant. « Aurais-je dû ? » Elle fit mine de réfléchir. « Tu as dit que tu m’apprendrais à voir. » Trouver la beauté de ce monde. Et elle l’avait vu. Et elle l’avait trouvé, dans cette femme qui l’accompagnait aujourd’hui. « Et tu m’as définitivement appris. » Elle marqua une courte pause. « Tich ai mou op. » Car Clarke en voudrait encore plus de Lexa. Toujours plus.

tritri:

Ça lui faisait du bien, à Lexa, d’avancer comme ça,  perchée sur son cheval en renvoyant au monde l’image du commandeur. Bien sur ils l’avaient vu guider les hommes à la bataille, ils l’avaient vu tachée d’un sang qui n’était pas le sien, et blessée en son ventre, mener encore les hommes à la victoire, ils l’avaient vu scandant leur phrase fétiche, leur mode opératoire, et ils l’avaient vu annoncer fièrement le calme chassant la fureur que les hommes de la montagne n’avaient pas tous besoin de mourir. Mais ils l’avaient vu aussi se faire défier par Torvi, et passer du temps à profiter de la simple compagnie de Clarke. Ils l’avaient vu écouter les conseils des skaikru et disparaître avec l’une d’eux dans sa tente. Et certains peut-être commençaient à parler. Mais Lexa, fièrement dressée sur son étalon blanc, regardait son peuple, la mâchoire serrée, et le visage dénué de son maquillage,  renvoyant l’image de la fière guerrière, de l’Heda directrice et protectrice qu’ils voulaient tous.  Elle le voyait dans leurs yeux, le respect. Et ça lui plaisait, ça la galvanisait. Alors elle gardait sa stature

Et pourtant, elle échangeait avec Clarke quelques mots qui n’avaient rien des mots du commandeur. Elle offrait à Clarke une journée entière de son temps, et son peuple peut être la trouverait faible pour cela. Elle ne l’était pas. Il n’y’avait pas que des faiblesses dans les sentiments, et Clarke était une force. Elle le leur prouverait. Elle l’avait déjà prouvé sans qu’ils ne s’en rendent compte.  Ca ne les regardait pas. Le don était formulé maintenant. A Clarke de le prendre. «  Je n’avais demandé que la clairière il me semble. »  Et une lueur de crainte passa dans les yeux de Lexa qui pensa soudainement avoir mal fait. Quelques secondes d’incomprehension, le temps qu’elle se ressaissise, et alors qu’elle allait reprendre la parole, c’est Clarke qui la prit à nouveau. «  Je  suis ravie du présent que tu me fais. »  Ce n’était pas mauvais alors. C’était une bonne chose. Et Lexa lâcha un soupir qu’elle ne pensait pas avoir retenu, reprenant une respiration normale, et son air usuel. «  Voilà qui me comble alors. »  Et elle était satisfaite vraiment.

Alors la route continua, et alors qu’elles passaient les portes elle se risqua à demander à Clarke si elle avait prévu quelque chose. Il aurait été dérangeant peut être qu’elle vole Clarke a ses devoirs, mais la réponse ne tarda pas, et sa sincérité, et ses implications firent briller le feu dans les yeux de l’Heda. «  Je suis toute à toi, Lexa. »  C’était beaucoup. Cette phrase. C’était une sorte de serment, c’était empli de significations que Lexa comprenait sans vouloir réellement se permettre de les étudier. Et pourtant, elle sourit. D’un sourire entendu. Et pourtant, elle ne put empêcher sa peau de réagir à la caresse de Clarke qui passa à ses cotés, et pourtant elle ne put s’empecher de la fixer avec tout l’amour du monde dans ses yeux gris.  Elle savait. Il n’y’avait pas besoin de mots. Elle savait. Et elle était sure que Clarke aussi savait. Et elle n’avait pas besoin de professer son appartenance, Clarke savait qu’elle la possédait. Ca se voyait dans ses regards, ça se voyait dans sa façon d’être. C’était une faiblesse. On y revenait toujours. Mais ça ne deviendrait une vrai faiblesse que si un jour Clarke décidait de ne plus posséder ce qu’elle avait peut être.

Les sabots des chevaux traçaient leur route sur le chemin de terre, et Lexa regardait les paysages qui se dressaient autour d’elle. Non loin, elles apercevraient un morceau de la reconstruction de TonDC – elle était fière de ce que les gens y faisaient – et puis il y’avait l’horizon. Toujours l’horizon. Elle voyait Clarke aussi. Et c’était une autre sorte d’horizon, mais elle appréciait aussi. «  Aurais-je du ? » Une simple question, qui apporta un sourire sur les lèvres de Lexa. «  Non, bien entendu. »  C’était plaisant, cette capacité a avoir une conversation. Cette capacité aussi qu’elles avaient à apprendre l’une de l’autre, et c’était bien la encore ce que disait sa niron. Oui, Lexa lui avait apprit à voir la Terre, à voir qu’il y’avait autre chose que des guerriers qui voulaient la guerre et le sang. Elle en était si fère.  «  Tich ai mou op. »  Elle était fière de ça aussi d’ailleurs. Des mots que la fille du ciel usaient dans sa langue à elle, de ce que ça éveillait en elle. Et peut être qu’elle était moins fière, que des jours plus tard, Clarke la rende encore aussi fébrile avec de simples mots. Elle se reprit. Un peu. «  Je t’apprendrais. »  La voix était douce. «  Polis déjà, t’apprendra d’avantage sur nous, sur cette Terre. »  Et puis elles voyageraient quand les choses seraient calmes. Et puis elles découvriraient, tant que Lexa pourrait, tant que Clarke pouvait. En temps de paix, si la paix revenait, ou restait, elles seraient libres non. «  J’aimerais redécouvrir ce monde avec toi. »  Et c’était sentimental, peut être un peu trop. Mais elles étaient déjà loin des oreilles indiscrètes, et Lexa pouvait redevenir tout simplement Lexa.

Elles avaient changées, les deux femmes. Il n’y avait plus rien de cette tension tenace qui les entourait pendant les premiers jours où elles s’étaient rencontrées. Beaucoup, en fait, avait changé, et même si la menace était à l’ouest, Clarke gardait ce sentiment de satisfaction en son être. Dans un autre monde, dans un autre univers, Lexa aurait pu la trahir, l’abandonner dans cette montagne et qui sait ce qui serait advenu des Skaikrus. Mais non, il n’y avait qu’un nombre minime d’hommes morts et si Clarke avait toujours du sang sur ses mains, elle ne le sentait plus autant. Oh, elle n’avait pas oublié et il lui arrivait de penser à ceux qui avaient perdu la vie. Mais les morts ne pouvaient être rattrapés, et les vivants étaient les plus important. Et la vie était, sous plusieurs aspects. Aujourd’hui, ce serait cette balade en compagnie de sa niron, qu’elle appréciait voir vaciller imperceptiblement à ses mots, qui s’ils étaient joueurs, restaient emplis de cette affection dont Clarke ne pourrait jamais plus se détacher. Et elle savait Lexa être dans la même position. Le corps ne trompait pas, quand bien même la brune maitrisait toute sa gestuelle. Clarke voyait au-delà et elle adorait – aimait – ce qu’elle y lisait.

La conversation naissait, aisée et libre entre les deux amantes, tandis que l’avant-poste s’éloignait dans leurs dos et qu’elles longeaient la périphérie de TonDC. Elles ne s’aventureraient pas dans le village, Clarke savant que la reconstruction touchait sur sa fin et que certains étaient même retournés y vivre. TonDC s’était relevée de ses cendres et quand elle en parlait avec d’autres du trikru, il y avait cette fierté solide de retourner chez eux. Même si ce n’était plus totalement chez eux. Les maisons étaient fortes, preuve qu’il n’y avait aucune faiblesse en eux. Il n’y avait aucune faiblesse chez elles non plus. Il n’y avait que cette lumière, que cette chaleur que l’autre provoquait et l’usage de la langue natale de Lexa n’était jamais anodin chez Clarke. Même si ici, la raison était relativement sage. Elle sourit à sa niron, sourire de renard, sourire fier. Polis fut évoquée et Clarke laissa courir sa main droit sur le crin d’Archéon, qui savait ce qui l’attendait. « Polis. » Elle plissa un peu le front, le sérieux sur ses traits. « J’ai vraiment hâte de voir à quoi cela ressemble. » Elle se l’imaginait, mais elle savait que ça n’aurait aucun pareil. Comme elle s’était imaginée la terre, dans l’espace, et que tout avait été tellement plus surprenant que tout ce que son imagination aurait pu créer. Déjà, elle n’avait en rien supposé que l’environnement serait à ce point hostile… et qu’il y aurait d’aussi délicieuses créatures.

« J’aimerais redécouvrir ce monde avec toi. » Elle fut prise de court, Clarke, qui sentit le feu sur ses joues et elle resta concentrée sur la route, comptant intérieurement jusque trois. Puis, elle inspira et finalement, jeta un coup d’œil vers sa niron. « Tu me le montreras, Lexa. » Sa voix la trompa un peu, la sensibilité trop présente sur le nom de la Fille Sauvage, un éclair de passion dans son regard. Si elle n’avait pas été sur Archéon, elle aurait sceller les lèvres de Lexa. Mais la distance était là, de quelques pas et le cheval devina l’anticipation de sa cavalière, car il accéléra sensiblement le pas. Clarke poussa un soupir et secoua la tête. « Et si nous donnions à ce grand impatient ce qu’il désire ? » Un trot, ou un galop. Elles ne seraient que d’autant plus rapidement à la clairière et Clarke pourrait enfin faire subir à Lexa ce qui la dévorait, elle, de l’intérieur.

Elle lui offrirait le monde si il était à porté de ses mains. Voila une chose qui était sure, voila une chose que Lexa ne nierait pas. Peut être le nierait elle auprés de ses conseillers – ils la jugeraient, elle le savait, elle imaginait les crispations sur le visage de Titus – mais elle ne le nierait pas longtemps. Elle voulait affirmer ce qu’elle ressentait. Ca viendrait en temps voulu. Et elle affirmerait tout ce qu’elle devait, elle s’affirmerait Heda encore et encore, tant qu’il le faudrait jusqu’à ce que son peuple et leurs alliés connaissent la paix. Et peut être qu’alors, une fois cette paix durable, Clarke aurait droit au monde. Mais avant tout ça, elle aurait droit à Polis, et la ville était pour Lexa une fierté certaine, tant et si bien, qu’elle aurait presque pu sourire en y pensant. En en parlant.  Et Clarke bien sur n’oubliait pas Polis, cette promesse qu’elle lui avait fait, de l’emmener voir la ville. Et comment Clarke aurait elle pu oublier ? A sa place Lexa aurait eu du mal à tenir en place, prise par cette envie de découverte, prise par l’envie d’en savoir plus. Mais elle n’était pas à sa place, et la Terre avait prit d’avantage à Clarke qu’elle lui avait donné. La Terre avait aussi prit beaucoup à Lexa. Elle secoua ses pensées. «  J’ai vraiment hate de voir à quoi cela ressemble. »  Ca suffit finalement, pour que Lexa sourit, passant ses mains habiles dans la crinière blanche de son fougueux destrier. «  Je n’en ai aucun doute. »  Et elle n’en avait réellement aucun doute, car elle savait que Clarke ne lui mentirait pas. – Ou peut être était elle trop naïve ? Non, elle refusait de penser ça. – L’enthousiasme était sincère, et c’était suffisant à la combler. «  J’ai vraiment hate de te montrer à quoi cela ressemble. »  Et c’était dit aussi, reprenant avec une lueur un peu amusée les mêmes termes que Clarke avait employée. C’était leger leur conversation. C’était bien agréable. Elle n’aurait pas imaginé ça des jours et des jours plus tot, quand elle avait quitté Polis à la tête de son armée, pour raser de la terre ceux qui n’auraient pas du y redescendre. Elle n’aurait jamais imaginé que les conflits prendraient fin ainsi, mais voila, elle devait reconnaitre qu’elle preferait cette chance.

Tout aurait pu arriver. Clarke aurait pu la trahir. Les skaikrus auraient pu fuir dés qu’ils avaient eu ce qu’ils voulaient. La Montagne aurait pu lui offrir une solution plus avantageuse qu’elle aurait prit pour son peuple. Mais tout n’était pas arrivé. Parce que Clarke avait été prise, parce qu’elle ressentait cet attrait pour Clarke qui n’était pas seulement physique ou affectueux. Il y’avait quelque chose. Comme deux ames qui se reconnaissaient.

Elle ne reviendrait pas la dessus. Pas maintenant. Non, au lieu de ça, elle sorti une reflexion, qui paru peut être maladroite, mais néanmoins spontanée. Il y’eut un silence. Il y’eut les joues de Clarke qui s’empourprerent, et Lexa fut satisfaite. C’était flatteur, de provoquer une telle reaction, et elle n’était pas naïve pour l’ignorer. «  Tu me le montreras, Lexa. »  La douceur sur son prénom n’echappa pas non plus au commandeur, qui choisit de ne pas spécialement réagir. Pas tout de suite. Pas clairement. Ses yeux brillerent néanmoins, et elle eut hate déjà qu’elles soient à la clairière.

Elles n’y étaient pas encore non. TonDC était toujours à leurs cotés, quand Clarke proposa qu’elles laissent les chevaux s’adonner à leur desir, et elle hocha la tête. «  Et que dirais-tu d’en faire une course ? »  Après tout, elles suivaient pour l’heure un chemin, et n’étaient pas encore completement dans les sous bois. «  Jusqu’au gros arbre la bas. »  Et c’était un défi. Elle savait qu’Erèbe était plus rapide qu’Archéon, mais qu’Archéon était plus commode. Souvent avec Anya quand Lexa était plus jeune, elles avaient pu faire ça, au retour d’une chasse. «  Penses tu pouvoir me battre ? » Elle attendait maintenant, satisfaite qu’a part Clarke personne ne la voit.

L’excitation était partagée entre les deux femmes. Quand ne l’était-elle pas ? Même dans les désaccords, il y avait une ferveur à prouver son point de vue, un orgueil nécessaire quand à la tête d’un peuple. Elles étaient déterminées, déterminées l’une par rapport à l’autre (et Clarke adorait marqué cette détermination sur la Fille Sauvage. Seules, allongées sur le lit – le leur- elle laissait souvent courir ses doigts sur le bleu qui couvrait la peau de Lexa, malgré les vêtements, ça restait un point de repère, directement sur le cœur). Polis était leur nouveau but, qui serait atteint bien vite et elle espérait, vraiment, Clarke, que Lexa puisse lui montrer tous les recoins de la capitale. C’était utopique, et avec toutes les obligations qui restaient, elle avait conscience que la découverte, elle la ferait seule ou en compagnie de personnes de confiance d’après le commandant. Mais il y avait tant à voir et Clarke avait vraiment hâte découvrir la ville. Le monde avait tant à offrir, et elle en connaissait si peu.

Lexa lui fit une proposition à ceci aussi et une douce chaleur se diffusa en son sein, pas que sur ses joues. Des promesses, encore des promesses et Clarke aurait voulu que sa niron lui promette le monde, pour espérer obtenir tout ce qui le serait vraiment, tout ce qui pouvait l’être. C’était des projets, de longs projets. Mais se projeter dans le futur ne lui faisait plus peur et si cela était son nouveau but, elle l’accepterait, le chérirait comme elle chérissait son amante. Et ça ne serait jamais assez, elles chercheraient plus. Comme, après la simple proposition de partir au galop, Lexa invita à une course. « Penses tu pouvoir me battre ? » Clarke leva les yeux au ciel, le sourire sur ses lèvres traitre de ce qu’elle pensait réellement. Elle refusait difficilement un défi, la fille du Ciel. Elle avait ça dans son sang, le besoin de faire ses preuves, pour un jeu tout aussi anodin que celui que sa niron proposait. « Je ne penses pas pouvoir te battre. » Elle restait rationnelle, logique, Clarke. Cela ne faisait qu’un mois qu’elle montait à cheval et si elle n’était pas encore une experte, elle reconnaissait que la carrure d’Erèbe était faite pour la course. Archéon, lui, eh bien s’il avait pu s’arrêter pour manger toutes les branches à portée de bouche, il l’aurait fait.

Et son sourire ne la quittait pas, parce qu’elle aimait la compétition. Elle restait une Griffin. « Cela ne m’empêche pas d’accepter le défi. » Elle offrit un clin d’œil à l’autre cavalière, avant de donner un coup vif avec ses étriers, Archéon répondant immédiatement en partant à toute allure, en direction du point de repère que Lexa avait donné.

Elle voulait Lexa redécouvrir le monde, avec les yeux de Clarke. Elle voulait lui montrer les splendeurs du Sud, les chevaux paisibles des Prairies autour d’Awathon, elle voulait l’entrainer vers Niddhog en traversant les terres désolées et dangereuses jusqu'à la cité gardée, elle voulait avoir la chance de l’entrainer plus au Sud encore, vers les grands murs blancs de Sérön et grimpant sur le Kraken, la faire découvrir une côte moins sure pour remonter vers d’autres clans plus froids, plus glaciaux. Elle voulait qu’elle voit tout ce que les terres du commandeur avaient de plus beau et aussi de terrible. Elle voulait lui faire découvrir la nature pour qu’elle puisse la dessiner, et lui montrer à quel point la Terre devait être différente de cette terre qu’elle avait apprit dans les archives de l’Arche. C’était une promesse. Et elles feraient ça, quand elles auraient réglées des soucis. Elles feraient ça, quand la paix serait assurée. Parce que Lexa y croyait à cette paix, parce que Lexa la ferait coute que coute, et peut être qu’elle mourrait pour cette paix la, alors elle espérait que son esprit choisirait la bonne personne, une personne qui montrerait à Clarke ce nouveau monde.

Pour l’heure elle était bien vivante cependant, et prête à lancer à Clarke un peu défi qui serait accepté. Clarke était ainsi, et c’était quelque chose que Lexa avait comprit bien vite. Elle non plus cela dit ne reculait devant aucun défi. Pas quand elle les savait juste, pas quand elle le pouvait. Bien sur parfois elle devait refuser, c’était le commandeur qui voulait ça, c’était son statu. C’était rare. « Je ne penses pas pouvoir te battre. » Elle fronça un sourcil, qui se changea en un léger sourire quand Clarke reprit la parole. Et tandis que celle ci commençait à donner un coup d’etrier a Archéon qui reagit bien vite – brave bête, il aurait un panier de fruit plus tard - Lexa fit de même pour Erèbe. Quelques secondes d’avance n’y changerait rien, son cheval était fait pour aller vite, et si elle se rappelait l’enfant-elle, qui le regardait avec des grands yeux avant qu’il ne la lance dans une rivière, elle se rappelait aussi avec joie de ces moments où elle avait pu se rendre au plus vite d’un point à un autre, de ces moments où il lui avait permit d’esquiver quelques flèches ou de fuir une panthère qu’elle avait titillée de trop près.

« Rends moi fière mon ami. » Un coup d’étrier et il était parti lui aussi, donnant de son mieux en direction de l’arbre. D’un coin de l’œil elle pouvait voir Archéon avancer vite, presque trop vite, presque comme si il était sur le point de gagner, mais Erèbe sembla comprendre la compétition, l’interet, et il n’en fallut pas plus pour qu’elle arrive au repère d’arrivé, attendant sa compagne et sa douce monture. « Il me semble avoir gagné Clarke. » Une étincelle de joie brillait dans ses yeux maintenant. L’exaltation de cette course, la joie d’avoir gagné aussi, mais d’avoir pu profiter de ce moment paisible.

Le galop était une sensation particulière, grisante et effrayante à la fois. Celle de fendre l’air, plus vite que ce que Clarke n’aurait pu faire à elle toute seule. Celle aussi, d’aller à une vitesse qu’elle ne contrôlait pas et qui aurait pu la faire tomber à la moindre imprudence – la première fois qu’Archéon était parti à cette vitesse, Clarke n’avait pas été assez accrochée et elle avait mordu le sol, une fois encore. Et c’était suffisant pour lui arracher un rire, fait purement de joie. Même si, à ce moment-là, sur sa gauche, un animal blanc les dépassa et sous ses cuisses, elle sentit l’appaloosa se tendre d’insatisfaction et celui-ci continua sur plusieurs mètres, après avoir dépassé l’arbre, malgré que Clarke le rappelle à l’ordre. Il y eut un mouvement plus brusque sur les brides et finalement, une dizaine de mètres devant Lexa qui s’était déjà arrêtée, Archéon marqua une pause, avant de tourner sur lui-même et de hennir, en redemandant encore. « Tu n’aimes pas la défaite ? » Demanda-t-elle à l’animal, alors qu’elle lui flattait l’encolure pour le féliciter tout de même. « C’est pareil pour moi. » Et il tourna encore un peu sur lui-même, avant qu’elle ne lui indique d’avancer jusque le groupe de gagnants.

« Il me semble avoir gagné Clarke. » Et Clarke aurait une nouvelle fois lever les yeux au ciel si elle n’était pas captivée par la vision d’une Lexa victorieuse. Alors, elle s’approcha lentement au rythme de son cheval, ne détournant pas des yeux, dévorant la Fille Sauvage au sommet de sa gloire. Sa mâchoire se serra et dans son regard, il y eut un désir noir, fort. « Mais qui sait à quoi ressemblerait une Heda mise en échec ? » Murmura-t-elle à Archéon ( ou pour elle-même). Elle se mordit la lèvre inférieure, l’espace d’un instant, puis, le jeu revint sur sa langue, la hardiesse à l’esprit. « Modeste dans la victoire, Lexa. » Et elle s’arrêta là, Clarke. Au niveau de Lexa, leurs jambes se touchant, Clarke qui lui attrapa la cuisse, quelque chose de chaud, de tentateur dans le fond de ses prunelles. « Je suis bonne perdante, tu sais. » La vie le lui avait expliqué, la terre lui avait forcé à l’accepter. Puis, ses doigts quittèrent le pantalon de Lexa, pour s’accrocher à son col. « Le gagnant mérite une récompense, non ? » Le sourire de renard fut sur ses lèvres. Clarke se pencha, et le sourie de renard, finalement, fut sur les lèvres de Lexa, où elle offrit un baiser, loin d’être chaste, motivé par l’adrénaline et la perspective de cette journée.

Archéon s’ébouriffa et le baiser prit fin ainsi, sur cette route vide – ou presque – tandis que l’animal reprenait sa marche, tournant à nouveau sur lui-même, pour se mettre dans la bonne direction et se mettre à avancer vers cette prairie qui n’attendait qu’elles.

Elle était encore exaltée de ce qui venait de se produire. Une Lexa victorieuse, c’était un peu une Lexa heureuse, et elle appréciait la course – qui faisait frissonner son corps, et battre le sang dans ses veines – et la victoire  - qui faisait luire ses yeux de l’étincelle satsifaite d’un bonheur complet. Elle était heureuse oui  et pourquoi ne l’aurait elle pas été ? Et pourquoi n’en aurait elle pas profité ? Pourquoi pour un moment ne pouvait elle pas penser à ce qui était bon dans sa vie, à ce qui était bien et plaisant ?  Non. Sur le moment elle avait envie d’être heureuse, et ça devait se voir dans ses traits. Parce que le galop l’avait grisé oui, parce qu’avec Erèbe elle n’avait fait qu’un l’espace d’un moment, et que voir Clarke avancer vers elle comme un point défini faisait battre son cœur plus vite que la course qu’elle venait de faire. Et elle sourit oui, aux manières d’Archéon de signifier son désaccord avec la victoire, elle pouvait le revoir des années auparavant avec un autre cavalière, avec une Lexa plus jeune esquissant un sourire similiaire qui manquait peut être de quelque chose. Aujourd’hui, son sourire ne manquait de rien, et elle resta droite, attendant que son aimée et le cheval grincheux n’arrivent à ses cotés.

Ce fut plus fort qu’elle peut être,  cette phrase presque narquoise, mais sans mauvais sentiment. Elle était fière de sa victoire. Elle aurait eu du mal à imaginer sa tête si elle avait perdu en face de Clarke, mais elle savait que Clarke était probablement la seule personne contre la quelle perdre ne serait pas une faiblesse gênante. Tout bien réfléchi, elle en avait fait du chemin, depuis les enseignements d’Anya et Gustus, depuis les mots qu’elle se répétait sans cesse, jusqu'à ce jour où elle voulait bien reconnaître que Clarke était une force et qu’être faible pour elle n’était pas si dérangeant. La blonde en question d’ailleurs se pencha vers Archéon pour lui murmurer quelque chose qu’elle n’entendit pas totalement, et elle arqua un sourcil curieux en entendant son titre, sans néanmoins poser la question.  

«  Modeste dans la victoire, Lexa. »  Elle secoua la tête légèrement, gardant un espèce d’air mutin dans le regard. «  Je ne faisais qu’affirmer ce que tu pouvais voir. »   Et c’était si léger, qu’on aurait pu se méprendre en ignorant qu’elles étaient toutes deux les leader de leurs peuples. Et c’était si léger qu’on aurait pu penser qu’elles n’étaient que deux jeunes adultes joueuses et amoureuses. Une main effleura sa cuisse, l’attrapa, et tandis que leurs chevaux restaient calme un instant, Lexa sentit son cœur battre d’avantage, comme à chaque fois que Clarke était à ses cotés.   Et elle ne doutait pas que Clarke soit bonne perdante, mais quelques instants elle perdit ses mots, perdue comme elle était dans le regard de son autre. «  Le gagnant mérite une récompense, non ? »  Elle hocha la tête, sans avoir le temps de formuler d’avantage que les lèvres mutines se posaient sur les siennes, chassant son sourire d’un baiser amoureux qui n’avait rien de chaste. C’était plaisant, cette manière dont son corps réagissait, une de ses mains lâchant les brides de sa monture pour se perdre dans les longs cheveux blonds.  

Archéon brisa tout alors qu’il s’ebouriffa, et la route reprit, sans que l’air satisfait ne parte du visage de Lexa. Il y’avait des récompenses qu’elle aimerait avoir à jamais. Et  des défis qu’elle serait capable de lancer uniquement dans ce but. Gerant Erèbe quelques instants, elle mima la cadence d’Archéon pour qu’ils marchent cote à cote, et doucement elle attrapa la main de Clarke. Juste une histoire de quelques instants, juste le temps d’un regard. «  La récompenses est appréciée. »  C’était délicat, rempli d’une affection qui débordait de Lexa quand il s’agissait de la fille du ciel, et elle la lâcha après ça, pour reprendre la marche jusqu'à cette prairie qui n’était plus si loin.

Il y avait cette simple satisfaction amoureuse, chez Clarke, de pouvoir rendre Lexa béate, muette de quelques gestes, de quelques paroles. Que le silence, parfois, soit nécessaire pour exprimer ce qui existait entre elles, sans qu’un mot de plus ne soit nécessaire. C’était flagrant à ses yeux, et ça commençait à l’être pour les autres. Ceux qui se doutaient, ceux qui ne se trompaient pas. Ceux qui resteraient à l’avant-poste ce jour, tandis que les deux amantes s’en allaient dans une clairière qui avait vu quelque chose naitre, sans qu’un nom n’ait pu être donné réellement. C’était bouleversant, presque, de voir l’évolution que les semaines avaient portée. Les femmes qu’elles étaient devenues, les pensées avaient évoluées, les sentiments avaient éclos. L’amour s’affirmait. En un baiser, une main prise par une autre. « La récompense est appréciée. » Clarke offrit un mince sourire, calme et apaisant, avant que sa main ne soit à nouveau libérée et qu’elle referme les doigts sur la crinière d’Archéon qui suivait à sa manière, regardant droit devant lui, tandis que ses oreilles suivaient la discussion et les sons ambiants.

Oui, il était effarant de voir l’évolution que ce monde apportait, et voir avec quel aise Clarke le vivait. « La compagnie est appréciée. » Ainsi, en présence du commandant qui n’avait rien du leader qu’elle aurait dû être. Les rôles étaient restés derrière elles et Clarke comptait profiter pleinement de la présence de Lexa. Juste Lexa. Rien n’était plus sûr. Après ce jour, passé au havre de paix qu’elles rejoignaient, qu’adviendrait-il d’elles ? Les guerres – et les risques de guerres- étaient toujours présents et peut-être ne feraient-ils que se succéder tout au long de sa vie. Clarke était déterminée à profiter de ces quelques heures, à tenter de ne pas laisser les soucis la poursuivre jusqu’ici (elle y croyait à moitié, car elles avaient toutes les deux le bien de leur peuple très à cœur).

Le silence tomba, paisible, et la balade se poursuivit, les chevaux avançant à un rythme soutenu, malgré qu’ils s’enfoncent dans les sous-bois, dans un chemin que Clarke reconnaissait sans mal, serrant un peu plus les rênes quand ils passèrent à côté d’un buisson qui avait fait peur à Archéon, la première fois qu’ils étaient venu ici. La grosse bête, elle, ne sembla pas s’en souvenir et continuait, suivant Erèbe, quelques mètres derrières. Puis, finalement, entre les taches orangées, dorées des arbres, apparut la clairière, tout aussi calme et sereine que la première fois. « Ca n’a pas changé. » Oh, ça l’avait, et ses yeux d’artistes le voyaient. La teinte des hautes herbes, les fleurs qui avaient disparus, remplacées par d’autres espèces, même l’odeur dans l’air était sensiblement différente. Ce qui n’avait pas changé, ce fut le sentiment que l’endroit évoquait, ce calme profond et bienvenu que Clarke avait tant cherché.