revivre ▬ Lexa

« La compagnie est appréciée. » Ça suffit à tirer a Lexa un mouvement de tête approbateur. Le silence toujours, mais un silence appréciable qui portait plus de mots que si elles avaient parlées. La compagnie aussi était appréciée par Lexa, dont le cœur brulait de ces moments avec Clarke.La compagnie était toujours appréciée, que ce soit dans un moment de calme, de compétition, ou même de désaccord. Lexa aimait leurs échanges quels qu’ils soient, et elle aimait aussi voir les émotions passer dans les yeux de la blonde. C’était plaisant. C’était doux. Agréable. Elle trouvait dans les yeux de Clarke, une familiarité, une demeure qu’elle n’aurait cru plus jamais trouver nulle part. C’était la. Peut être ce qu’elle avait trouvé sans vouloir le chercher. C’était la, bien présent, et ça la prenait au cœur, éveillant dans son abdomen, dans sa poitrine, des battements plus fort.

La route continua, des minutes peut être, dans ce silence de quiétude, dans cette bulle de calme qui les nimbait toutes les deux, jusqu'à ce qu’enfin, au terme d’un sous bois et d’un sentir bordé de quelques buissons, elles arrivent dans la dite Clairière. La fontaine naturelle était la toujours, et les fleurs – nouvelles – avaient poussées. C’était comme si l’endroit lui, avait été epargné de la guerre, avait été epargné du temps. Et Lexa exhala un soupir satisfait. « Ca n’a pas changé. » Elle hocha la tête, et tandis qu’Erèbe marquait un temps d’arret, elle fixa Clarke de longs moments. « Tout change, mais ce lieu a la chance de rester intouché si ce n’est de la morsure du temps. » Et elles changeaient elles aussi. Elle n’étaient plus les deux leader qui partageaient un moment sans savoir ce que tout cela signifiait. Elles n’étaient plus ces deux femmes qui partageaient des morceaux de leurs peuples. Ou peut être, peut être qu’elles l’étaient toujours mais que ce partage était plus personnel, plus profond.

Il ne fallut pas d’avantage de temps à Lexa pour descendre de son vaillant destrier, et lui caressa le flanc elle le poussa à aller vers l’espèce de petit bassin, pour qu’il puisse se délecter d’un peu d’eau fraiche. Elle, elle n’attendit pas, pour se rapprocher de Clarke. « Laisse moi t’aider à descendre. » C’était doux, une proposition, presque une demande. Et Lexa n’imposait pas. Elle savait juste combien il était difficile de manœuvrer, de bouger, avec une plaie à l’épaule, et elle ne voulait pas non plus que Clarke se fasse mal, pas d’avantage. Elle ne voulait pas non plus qu’elle tombe a nouveau. Elle la voulait entière pour la suite de leur journée, pour la suite de la vie également, dans cette poursuite d’un toujours qu’elles n’auraient jamais. Elle ne se vexerait pas non plus cela dit, si Clarke refusait. Et jamais, jamais elle n’imposerait quoi que ce soit à la fille du ciel, elle comptait trop pour ça.

« Tout change, mais ce lieu a la chance de rester intouché si ce n’est de la morsure du temps. » Clarke posa son regard sur Lexa, comme s’il était destiné à ne faire que ça : embrasser la vue, embrasser le monde, pour finir par retrouver ce qu’il y avait de plus beau en ce monde. Elle retint son sourire, la fille du ciel, à ce semblant de leçon qui lui était offert par sa niron, et à la place, hocha la tête simplement, acceptant les paroles et la poésie que les propos de Lexa renfermaient. « Oui, tout change. » Elle le reconnaissait. Et bientôt, la brune était à sa portée, au sol, s’approchant d’Archéon qui quémanda une caresse, en grosse boule d’affection qu’il était. « Laisse-moi t’aider à descendre. » La douceur fut là, dans les gestes de Lexa, dans le regard de Clarke, dans la manière dont cet amour accentua le bleu de ses yeux. « Tu sais. » Elle se pencha un peu, s’approchant de la Fille Sauvage, bien qu’il resta de vicieux centimètres entre eux que Clarke aurait été incapable de franchir. « Je ne suis plus si engoncée qu’avant. » Il n’ avait pas vraiment de reproche. Qu’un souvenir, qu’une remarque qui lui avait arraché un rire à l’époque. Que des mots qui restaient tentateur, en rien rancunier, alors qu’elle glissait sans mal de la selle, pour se retrouver sur le sol avec aise.

& le sourire fut enfin là sur ses lèvres. « Tu vois ? » Alors que son doigt traçait une caresse sur la joue de son amante et qu’elle retint le besoin de l’embrasser, de la plaquer contre son cheval et de lui voler plus d’un baiser. Non, à la place, la caresse s’attarda et se fut toute sa paume qui reposait sur le visage de Lexa, en une affection non dissimulée, libre de se vivre en plein air, sans craindre les regards des autres, la présence d’indésirable. Dans cette clairière, le temps n’existait certainement pas, mais dans les yeux de Lexa, c’était le monde, qui n’existait pas. Non. Et il y avait tant d’autres choses qui prenaient vie dans ces iris grises, qu’elle aurait observé, dévorer pendant des heures. Et certainement, les secondes – ou les minutes – passèrent, sans aucune honte, sans aucune pression. Puis, Clarke prit une inspiration plus profonde que les autres, se souvenant d’où elles étaient et elle détourna le regard, se laissant imprégnée de la vue de la clairière. « Merci de m’avoir amenée ici. » Était-ce pour la première fois, ou pour cette fois-ci ? Ou pour toutes les fois qui arriveraient encore (Clarke l’espérait). Était-ce pour la femme qu’elle était devenue grâce à Lexa, à la victoire que leurs peuples unis avaient gagnée ? Clarke ne l’expliciterait pas, mais le sens était là, plural, secret pour ceux qui ne pouvaient prêter l’oreille. Mais Lexa, assurément, prêtait l’oreille.

Archéon, qui lui n’avait pas eu la patience d’attendre que la romance entre les deux femmes se vive, était déjà parti brouter plus loin et elle alla jusque sa monture gourmande, retenant un soupir amusé. « Tu peux m’aider à prendre ce qu’il y a dans les sacoches de se ventre sur pattes. Ca, je ne dirai pas non. »

Tout changeait oui. Comme le monde, comme la vie, comme les sentiments. Tout changeait ausis, comme cette qui s’était jurée de ne plus jamais aimer, et qui maintenant vivait à travers les yeux d’une blonde venu des étoiles. Tout changeait, comme les barrières autour d’elle même qui étaient tombées devant Clarke. Mais Tout changeait aussi, comme le cavalier sur le dos d’Archéon, qui ne serait plus jamais son mentor et qui en quelque sorte était devenu élève des leçons de vie de Lexa. Et parfois, parfois les changements même si ils étaient douloureux n’étaient pas déplaisant. On appelait ça les évolutions. Lexa était une visionnaire, le premier des commandeurs à vouloir changer les choses, à vouloir unifier. Forcement, elle s’y connaissait en évolution, en changement, et elle aimait qu’ils soient positifs.

Elle aimait aussi, être une espèce de chevalier servant, elle n’avait pas assez l’occasion de l’être – elle était Heda, Heda avait le monde a ses pieds, et ne pouvait pas offrir le monde aux autres (elle l’offrirait à Clarke) – ça ne l’empechait d’essayer en fait. Même si Clarke refusa, se moquant peut être de ce qu’elles avaient pu dire des jours plus tot. « Je ne suis plus si engoncée qu’avant. » Ça lui tira un sourire, et elle la regarda descendre du cheval avec une admiration mêlée de tendresse. Non, elle n’était plus si engoncée, elle était bien différente. C’était plaisant pour la fille sauvage, de voir l’évolution de Clarke. « Tu as changée toi aussi. » Un doux sourire qui n’appartenait qu’a elles. « En bien. »

Et Clarke sourit aussi, alors qu’elle caressait la joue de Lexa d’un doigt joueur. Elle était immobile, la commandante, soumise aux caresses et désirs, soucieuse de ne pas trop en faire, de ne pas trop donner ou bien pas trop demander. Et elle fixa sa niron, de ce regard amoureux que les gens autour d’elles remarquaient quand elles étaient à L’avant Poste. Oui, elle ne mentirait pas elle était sure que lors du conseil, les echanges non verbaux avaient été remarqués, par Neith déjà, ça elle en était sure – et elle craignait une prochaine entrevue avec la sikru, encore et encore - par d’autres probablement. Bientôt, tout l’avant poste, tous les skaikru et tous les trigeda sauraient qu’entre Clarke et Lexa il y’avait bien plus qu’une simple complicité entre dirigeants. Ça n’était pas si grave. Une fois à Polis peut être, pourraient elles rendre publiques leurs affections. Une fois à Polis, elle demanderait conseil à Titus, il l’avait toujours si bien conseillé après tout.

Elles n’étaient pas à Polis encore, non, elles étaient au milieu d’une prairie qui n’existait même plus, tandis qu’elles se fixaient un moment. « Merci de m’avoir amenée ici. » Et c’était peu peut être, ça voulait dire beaucoup. Le commandeur hocha la tête, et tendit la main pour effleurer cette de Clarke quelques instants – des secondes peut être - « C’est une route que je suis honorée d’avoir fait avec toi. » Sa réponse aussi pouvait dire beaucoup. Un voyage n’était pas toujours un simple voyage, il était une épopée, une traversée. Et ça, c’était ce qu’elles faisaient depuis que leurs regards s’étaient croisées pour la première fois sous la tente de guerre à TonDC. Le moment fut brisé par Archéon encore, et Lexa ne réprima pas une moue presque boudeuse, en suivant sa tombée des étoiles. « A ton service, Clarke kom Skaikru. » Il y’eut un léger sourire et déjà Lexa récupérait ce qu’il fallait prendre, avant de poser tout cela sur un rocher plat non loin. Elle était curieuse un peu de savoir ce que la blonde avait amenée avec elle. Elle était curieuse de tout ce qui concernait Clarke à vrai dire. « Désires-tu t’asseoir un peu, pendant que je vais chercher les sacroches d’Erèbe. » Toujours bien trop serviable, dévouée. Clarke était la seule à voir cette facette, à avoir droit à ces égards.

« Tu as changée toi aussi. En bien. » Clarke détailla la femme qu’elle avait en face d’elle. Cette fierté qu’elle lisait dans les yeux gris, yeux de loups, en même temps que cette douceur profonde et délicate, tant aimée. Et le sourire de Clarke se fit un peu moins doux, brisé sur le coin de ses lèvres. « Je ne suis pas sûre que ce soit en bien. » Elle sentait encore le poids des morts, elle les entendait, parfois, dans ces cauchemars qui se faisaient moins récurent, mais toujours présents, comme un rappel perpétuel de ceux qui étaient tombés et qui ne se relèveraient jamais. Elle n’oubliait pas, non, n’oublierait jamais. Son père, Wells, Finn. Et à ses yeux, elle aurait toujours un petit quelque chose d’un monstre, d’une personne qui pouvait reconnaitre la nécessité de sacrifier une partie, pour sauver le tout. Mais elle n’avait plus peur de ce qu’elle était. Elle s’acceptait. « J’ai changé, ça oui. » Et c’est tout ce qui importait. Elle avait évolué pour survivre et elle ne pensait pas, Clarke, qu’il y avait une échelle pour répertorier le bien, le mal. C’était une création de l’homme et dans ce monde, le bien de l’un devenait le mal de l’autre. « Et c’est tout ce qui compte. » Il n’y aurait personne pour la jeter en enfer, à la fin de sa vie, elle en était persuadée. L’enfer était sur terre et, par un puissant miracle, Clarke y avait trouvé son ange.

Il y eut une accalmie, un échange sans mots, juste en regard et en tout ce que le verbe ne pouvait exprimer. Puis le monde se rappela à elles, car il n’était jamais bien loin, même si elles parvenaient à l’ignorer l’espace de quelques minutes. « C’est une route que je suis honorée d’avoir fait avec toi. » Clarke acquiesça, d’un geste simple, retournant le compliment, l’acceptant aussi, d’une certaine manière. « Tu as changé, toi aussi. » Les mots étaient similaires, la pensée, tout aussi fondée. « Tu le réalises, n’est-ce pas ? » Car il était important, aussi, de se rendre compte du chemin parcouru, de ce qui avait été gagné, de ce qui avait été perdu. Lexa n’avait rien du commandant brutal et stricte que Clarke avait rencontré, loin était ces jours, cette guerre. Maintenant, tout ce que Clarke voyait, quand ses yeux se posaient sur Lexa, c’était une Fille Sauvage, parfois trop serviable. « Mochof, Leksa. » Le trigedasleng roula et la brune partait déjà vers sa propre monture. « Va chercher tes affaires. » Ce fut légèrement autoritaire, sans que ça ne le soit autant que Clarke pouvait l’être quand la situation le demandait. « Ne t’inquiète pas pour moi. » Après un dernier regard, elle se détourna de Lexa, sereine.

Elle se tendit, se redressa un peu, alors qu’elle se laissait imprégnée par la vue, par l’air frais qui soufflait sur l’étendue ouverte, se faufilait difficilement sous le vêtement chaud que Clarke avait revêtu, la peau la protégeant d’un coup de froid – intérieurement elle remerciait la ténacité dont Dunlainth avait fait preuve. Après de longues secondes, finalement, elle commença à avancer lentement dans les herbes, observant où elle posait ses pieds, évitant les roches instables et les nids qui pouvaient abriter de petites bêtes, laissant sa main libre jouer avec les plantes qui arrivaient à sa hauteur, nommant dans sa tête celles qu’elle reconnaissait, se promettant de cueillir celles qu’elle ne connaissait pas pour demander aux apprentis soigneurs quand elle les verrait.

« Je ne suis pas sure que ce soit en bien. » Elle avait vu Lexa le sourire qui s’était brisé sur les lèvres, et elle s’était attendu un peu peut être à une telle réponse. Elle la comprenait. En l’espace de quelques temps Clarke avait été soumise à des rudes choix, et Lexa ne lui ferait pas l’offense d’oublier ce qu’elle avait fait à ce criminel – Finn – celui que Clarke avait prétendu aimer, celui qui était mort pour elle, en quelque sorte. Clarke avait du choisir qui sauver, qui sacrifier, des responsabilités qu’elle ne s’attendait probablement pas a avoir quand elle était la haut. Et Lexa comprenait, oui, elle comprenait. Elle hocha la tête, doucement, solennellement presque. « Parfois il faut prendre ce que la vie nous donne, surtout quand elle ne nous permet pas de rester éternellement des enfants insouciants. Il n’empèche que ton évolution est quelque chose de bien. Ce monde aurait pu, Clarke, te transformer en un monstre assoifé de sang, en une vengeresse, en quelqu’un de mauvais. Mais tu as lutté contre ça. C’est ce que j’entends quand je dis que tu as changé en bien. Tu as adapté ta façon d’etre, parce qu’il le fallait. Et même si je regrette pour toi, que tu ais du changer si vite, je suis fière de voir ce que tu es maintenant. » Et c’était une leçon encore. Une chargée de mots que Lexa n’avait pas réprimé. Parce qu’elle voulait que Clarke, peut être, se voit a travers ses yeux chargés de fierté et d’amour. Elle comprenait que toute évolution soit douloureuse – elle qui avait du grandir trop vite – mais elle savait, que Clarke était quelqu’un de bien, de nécessaire.

Et c’était une route qu’elles avaient fait à deux. Le moment passa, dans le silence absolu, et les remerciements le brisèrent. Un compliment. Simple et néanmoins sincère. « Tu as changé, toi aussi. Tu le réalises n’est ce pas ? » Il y’eut un moment, Lexa fixa les cheveux blonds, se perdit dans l’horizon de tout ce que le visage de Clarke promettait, et avec un ton calme, et presque cérémonieux, elle répondit doucement. « Tu m’as changée. » Et c’était vrai. Cruellement peut être. Parce que son peuple pourrait venir à se retourner contre elle si ils découvraient à quel point Clarke avait creusé un chemin que Lexa lui avait elle même ouvert. Mais elle n’avait pas eu le choix. Les voies qu’elles avaient décidées à deux étaient mieux, plus sures. Elles s’étaient changées l’une l’autre, et Lexa n’aurait changé ça pour rien au monde. Elle acceptait son choix, elle acceptait les conséquences qu’il pourrait amener. Et elle avait la sincérité de reconnaître que sans Clarke, tout cela n’aurait pas été possible.

Le cheval s’agita brisant définitivement ce moment, et Lexa aida Clarke, gagnant un merci qui prononcé dans sa langue fit frémir le commandant. Elle savait Clarke, ce qu’elle faisait quand elle parlait en Trigedasleng, mais déjà l’autorité dans le ton quand elle lui disait d’aller chercher ses affaires, dissuadé Lexa de venir lui voler un nouveau baiser. Si elle se laissait aller, elles ne s’arreteraient plus. « Ne t’inquiete pas pour moi. » Elle secoua la tête, en partant vers sa monture. C’était quelque chose à quoi elle ne répondrait pas. Et même si Clarke voulait parler du moment, uniquement du moment, Lexa savait que sa vie entière désormais, il y’aurait une latente douleur dans l’inquietude qu’elle aurait pour sa niron. La place dans son cœur ne venait pas sans crainte, sans souffrance, et toujours des gens voudraient se servir de Clarke pour l’atteindre elle. Oh. Elle ne craignait pas le contraire, et peut être était ce hypocrite de sa part, de penser que son existence était limitée, alors qu’elle voulait que Clarke soit éternelle. Ces pensées hantaient son esprit tandis qu’elle attrapait les sacoches sur le dos d’Erèbe, le libérant de sa selle qu’elle posa ramena contre un arbre, contre le quel elle s’appuya aussi, regardant Clarke d’un œil attentif. Juste la regardant oui. Elle semblait si paisible la au milieu des fleurs, et Lexa aurait pu jurer qu’elle tombait à nouveau amoureuse.

Bien sûr qu’elle ne s’en serait pas sortie comme ça, en affirmant qu’elle était fêlée et puis que Lexa la laisse partir, changer de sujet, se baigner dans la tendresse qui occultait tout le reste. Bien sûr et Clarke attendait presque les mots de la Fille Sauvage, qui, ici, là, était plus Sage que Sauvage. Mais il n’y avait aucun plaisir dans son regard, aucune satisfaction. Il y avait la reception, calme et solennelle, comme si elle buvait les paroles de Lexa, tout en gardant un esprit critique sur les mots qui s’échappaient de sa bouche, les pesant, les considérant, un à un, l’ensemble. Et elle frémit, Clarke. Si ce ne fut pas visible, ce fut son âme qui s’ébranla un peu et peut-être que des larmes manquèrent de naitre dans le coin de ses yeux, peut-être qu’elle inspira longuement pour les réprimer. Peut-être que quelques-unes furent plus fortes qu’elle-même et que celles-ci coulèrent sur son visage, larmes silencieuses (c’était toujours des lames silencieuses que Clarke pleurait, comme si elle avait peur que le monde ne la surprenne dans ce moment de faiblesse et qu’il la brise, une bonne fois pour toute) qui furent séchées par le vent qui caressait leurs peaux. « Je suis fière de voir ce que tu es maintenant. » Clarke cillait à peine, car malgré les quatre larmes qui roulèrent sur ses joues, il y avait quelque chose de fort, de féroce dans ses yeux. Parce qu’elle comprenait ce que Lexa disait, comprenait ce quelle voulait dire. L’acceptait.

Et elle accepta le silence, tandis que sa main se posait sur la joue de Lexa et qu’elle profitait de la chaleur de sa niron, tandis qu’elle offrait sa douceur brisée, renforcée. « Merci de m’avoir amenée ici. » Et oui, ça avait définitivement beaucoup plus de sens que le fait d’être arrivée jusque dans cette clairière. Que Clarke, apaisée, explora un peu, avançant à travers les petits talus, découvrant les fleurs sensiblement différentes, la manière dont les herbes chantaient sous le vent, se tordaient face à sa force et embaumaient l’air des différents parfums, qui n’intriguaient plus autant Clarke que lors de sa première venue. Maintenant, elle arrivait à découper les parfums, reconnaitre les notes qu’elle préférait, les laisser emplir ses poumons. Elle erra, ainsi, quelques minutes, avant de se pencher et de ramasser une feuille d’herbe, tout ce qu’il y avait de plus banal. Et le sourire était sur ses lèvres, en paix, reposé.

Elle arriva jusque Lexa, qui s’était tenue à l’écart, préférant un arbre. « Maintenant je comprends pourquoi tu es Trikru.» Le ton était léger et la blague la fit sourire, alors qu’elle s’approchait de sa niron. « J’ai vu quelque chose, dans un vieux film de l’Arche. » Elle tendit le brin, vert et long. « Je ne sais pas si tu sais le faire. » Ajouta-t-elle rapidement. « Mais ils se servaient de brin d’herbe pour siffler. » Elle pencha un peu la tête sur le côté, l’humeur légère. « Tu saurais me montrer ? »

Elle avait laché Lexa, un laïus, une leçon sur tout ce qu’elle avait sur le cœur. Et jamais elle n’aurait imaginé qu’elle ferait pleurer Clarke, mais elle ne s’en voulait pas non, parce que c’était quelque chose qu’elle devait dire. Quelque chose qui devait être entendu. Et Clarke l’entendit bien sur. Alors Lexa bougea simplement une main pour aller cueillir les larmes muettes, et les chasser de sa douceur. Parce qu’elle pouvait être douce, elle n’était pas seulement la froide et cruelle Heda des terriens, elle était Lexa, une fille qui se redécouvrait chaque jour avec Clarke. Elle caressa doucement, quelques instants.  Et tout continua. Leurs révélations peut être un peu, leur conversation. Et elles s’offraient tout à tour compliment et chaleur. Tendresse et réconfort. Lexa s’y plaisait dans ces actes, dans cette façon d’être et de faire. Lexa se plaisait avec Clarke, que ce soit dans cette clairière, dans sa tente, ou partout sur Terre.

Lexa était drastiquement changée oui, du moins Clarke devait la voir ainsi, car elle n’avait vu au début que le commandeur en temps de guerre. Mais il y’avait quelque chose, il y’avait une autre Lexa qui était resurgie du néant dans le quel Heda l’avait enfermée. Pour Clarke. Grace à Clarke. Et Lexa lui était redevable, car enfermer les sentiments, c’était comme perdre au final une partie d’elle. Et même si elle était dure dans ses commandements – elle le serait toujours – ici elle était presque fragile. Pas trop tout de même. Mais elle était plus calme, apaisée. C’était plaisant.

Et appuyée contre cet arbre qu’elle avait retrouvé, cet arbre contre le quel un jour elle avait donné un coup d’épée, sous le coup de la colère, avant de se mettre à pleurer, cet arbre qui l’avait vu grandir et qui avait grandi avec elle, elle était fière de montrer ce qu’elle était devenu. C’était stupide peut être, et ce n’était qu’un arbre, mais il avait été l’un des repères de sa vie. Tout comme la clairière. Tout comme le devenait Clarke. Une ancre.  Et Clarke revint d’ailleurs, un sourire a ses lèvres, se reflétant un peu sur celles de Lexa. «  Maintenant je comprends pourquoi tu es Trikru. »  Il y’avait de l’humour – que Lexa comprit – et elle hocha la tête, amusée. «  Tu devrais demander à Indra de te parler de sa passion pour les arbres, tu serais surprise. »  il y’avait de l’humour chez Lexa aussi. Et pas une seconde elle ne voulait imaginer la scène…. Ou peut être que si, ça serait amusant ; Un peu.  Puis elle fixa Clarke, et le bout d’herbe qu’elle tenait dans ses mains, en parlant de choses qu’elle avait vu dans des films. Lexa n’était pas stupide. Pas trop. Elle savait que les films étaient des choses qu’ils avaient avant, dans ce temps ancien avant la guerre. «  Ils se servaient de brin d’herbe pour siffler. Tu saurais me montrer ? »   OH. Elle s’était attendu à beaucoup de choses peut être, mais elle se fendit d’un sourire plus grand, attrapant le brin d’herbe que Clarke lui tendait. «  Je n’ai pas besoin d’un brin d’herbe pour siffler. »  Il y’eut un sourire néanmoins et Lexa était prête à tout pour la fille du ciel. «  Ce n’est pas si dur tu sais. »  Alors elle s’executa, callant le brin d’herbe entre ses pouces, et soufflant ce qu’il fallait pour qu’un léger son s’échappe. Aussi loin qu’elle s’en souvienne, il y’avait eu a un moment un père qui lui avait montré ça, et des années plus tard elle avait demandé à Gustus qui avait rit avant de lui apprendre plus en détail. Son cœur se serrant en y pensant, elle chassa la lueur triste de ses yeux et elle sourit a Clarke son œuvre accomplie. «  Ramassons en un autre, pour que tu essayes. »  C’était une proposition encore. Jamais un ordre.

Clarke aimait vraiment ça, chez Lexa, l’intelligence sous toutes ses formes. Que ce soit pour un plan de bataille, ou pour lui renvoyer son humour, la Fille Sage était rapide d’esprit et Clarke aurait passé des heures à écouter Lexa parler du monde, pour espérer capture de manière fidèle la manière dont la brune percevait son environnement. En attendant, il y eut une remarque sur Indra, qui tira un rire franc chez Clarke, alors qu’elle imaginait le genre de conversation que cela aurait donné avec le général de guerre. Il lui fallut quelques secondes pour chasser l’image qu’elle avait en tête, retournant à son interrogation première. Ses yeux bleus suivirent la naissance de ce sourire sur les lèvres de Lexa et Clarke mima plus modestement le geste, laissant la brindille lui échapper. « Ce n’est pas si dur tu sais. » Oh, elle n’en doutait pas, Clarke, il lui manquait juste la technique, le souvenir pas assez précis dans sa mémoire. Alors, avec beaucoup de volonté, elle détourna son attention des yeux de sa niron, la portant sur ces mains, qui faisait des merveilles. Ces mains qui en firent une nouvelle, alors que le son s’éleva dans l’air, aigu et qui pour une raison qu’elle ne s’expliquait pas, envoya un frisson griffer sa colonne vertébrale.

Clarke n’était plus un enfant (elle ne l’avait pas été très longtemps, dans l’Arche), mais à cet instant précis, elle se sentit comme tel, retenant une légère euphorie. La terre n’était pas seulement que la découverte d’un nouveau monde, c’était aussi la découverte de soi-même et Clarke se sentait comme la petite fille blonde qui n’avait que cinq ans et qui s’émerveillait encore de la station spatial. Sauf qu’ici, elle s’émerveillait de la plus simple des choses. (elle s’émerveillait aussi de Lexa, mais elle n’avait jamais cesser de le faire, ne cesserait jamais. Et puisqu’elle ne quittait jamais vraiment son amante des yeux, elle ne rata pas la tristesse qui tourmenta l’argent clairsement de son regard. Clarke, pour autant, n’interrogea pas. Il  avait des souffrances qui n’étaient pas contrôlables et respecter le silence, c’était respecter la personne, l’histoire). Suite à la proposition de Lexa, Clarke hocha la tête et partit à la recherche d’un brin d’herbe similaire, son regard scrutant le sol, les plantes, avant de se pencher et d’arracher un morceau qui ferait l’affaire.

Elle revint et s’assit au pied de l’arbre que Lexa avait choisi, les jambes croisées. Un instant, elle observa les animaux qui broutaient paisiblement, remarquant qu’Archéon avait toujours sa selle, mais elle n’aurait pas le courage de la lui remettre si elle le lui enlevait. Puis, le gros mammifère ne semblait pas s’en accommoder outre mesure. Alors elle reporta son attention sur son brin vert, le callant entre ses pouces, mimant la gestuelle de Lexa, un peu plus penchée en avant, peut-être, puisqu’elle évitait toujours de trop se servir de son épaule gauche. Elle souffla, et rien ne se produisit. Elle fronça un peu les sourcils, Clarke, positionna un peu différemment la feuille. Et quand sa bouche se plaça contre ses pouces, et qu’elle expira, un sifflement aigu monta dans l’air, qui attira l’attention de sa monture, qui les observa curieusement, avant de plonger à nouveau vers l’herbe fraiche.

Sur son visage, il y avait la douce satisfaction d’avoir réussi et elle reporta son attention sur sa niron, l’espièglerie dans le fond de son regard, presque occultée par la lueur de ce bonheur tout simple. « Et donc, tu n’as pas besoin de ça pour siffler ? » Mais elle était définitivement là dans sa voix.

Elle appréciait toujours avec fierté, Lexa, les moments où elle arrivait à tirer un sourire et un rire de la part de Clarke. Le rire était bien trop rare en ces temps douloureux, et si elle avait eu la fibre poétique elle aurait pu dire que celui de Clarke résonnait comme des éclats de cristaux. Mais elle était peut être un peu trop terre à terre pour ça, ou bien… peut être que pour Clarke, elle se faisait rêveuse, et même romantique. Peut être que pour Clarke…  Il ne servait à rien de rêver, pour Clarke elle avait presque arreté une guerre – bon bien sur il y’avait des circonstances, des clauses, mais dans des siècles de ça, peut être que les conteurs romanceraient leur histoire – et elle serait prête à beaucoup plus. Tant que cela ne métrait pas son peuple en danger. Car c’était la que s’arretait toute notion amoureuse de la fille sauvage, qui savait que le choix à faire entre sa niron et le peuple pour le quel elle vivait arrivant, elle devrait choisir avec sa tête, toujours avec sa tête, jamais avec son cœur.

Le sujet n’était pas la. Le sujet était dans la brindille qu’elle tenait entre ses doigts, la façon dont elle montrait à Clarke comment faire, comme l’aurait fait un parent patient bien des années avant. Elle n’était un parent patient, elle était une amoureuse, et elle montrait tout de même, heureuse de provoquer une sensation chez Clarke. Parce qu’elle pouvait le voir dans ses yeux n’est ce pas ? dans sa façon de se tenir, dans son regard ? Elle découvrait à nouveau une merveille de la nature, un miracle de la Terre et cette fois c’était Lexa qui le lui offrait.  Et c’était grisant d’offrir ainsi, même si ce n’était qu’un sifflement dans l’herbe, même si ce n’était qu’un geste anodin. C’était grisant, et ça emplissait Lexa d’une joie qui se refléta dans ses yeux.

Alors elle regarda Clarke partir à nouveau vers les herbes, pour chercher la perfection. Et elle se laissa tomber, assise sur le sol, le dos contre cet arbre qui la couvrait avec fierté dans une zone d’ombre. Elle se sentait bien la. Elle aurait aimé que la vie entière s’arrete, et qu’elle puisse rester dans cette clairière à regarder Clarke penchée dans les herbages, ad vitam aeternam.  Elle aurait aimé oui, continuer à laisser ses yeux se repaitrent de la silouhette agréablement forcée de la leader des skaikru, et elle aurait aimé que le manteau des responsabilités ait quitté depuis longtemps ses épaules. Il ne les quitterait jamais. Car un commandeur ne cessait jamais de l’être, et la mort jamais n’était une fin.  

Clarke revint,  et Lexa laissa ses yeux couler sur le corps qui se mouvait avec grâce. Ça n’était pas la grâce d’un éclaireur ou d’un espion, ni même spécialement celle que pouvait avoir un agile guerrier, mais aux yeux de Lexa la démarche de Clarke avait un indubitable charme. Charme qui lui tira un sourire, tandis qu’elle la regardait s’asseoir à ses cotés, tentant à son tour de mimer sa gestuelle précédente.  Le premier essai fut un échec, et la trikru arqua un sourcil amusé, qui se chargea de fierté quand l’aigu sifflement s’eleva autour d’elles. Elle était satisfaite Lexa, et Clarke semblait l’être également. Il y’avait de quoi. Et il n’y’avait pas besoin de mot, tant ses yeux exprimaient ce qu’elle ressentait. La joie, devant un tel bonheur qui se prenait de la blonde, l’honneur, d’être celle qui était à ses cotés à ce moment précis. Et pour certains ça aurait pu sembler ridicule peut être, mais Lexa se sentait vivre en ce moment.  

«  Et donc, tu n’as pas besoin de ça pour siffler ? »  Elle arqua un sourcil amusé et siffla simplement, de ce sifflement puissant qui fit lever la tête d’Erèbe, et le fit s’approcher d’elle. «  Ne siffliez vous pas sur l’Arche ? Etait-ce interdit ou un savoir oublié ? »  Après tout, c’était bien possible. Les gens sifflaient pour avertir les autres, pour se faire obéir de certains animaux. Sur l’arche à quoi cela leur aurait il servi ?

C’était la première fois, à n’en pas douter, que les deux femmes se retrouvaient ainsi, sans que ça ne soit sur l’avant-poste grounder, où elles pouvaient savourer simplement la présence de l’autre. Oh, il y avait bien eu une expédition dans la forêt avec un Pauna à leurs trousses, mais depuis leur rapprochement, c’était la première fois, oui, qu’elles profitaient de la nature, et plus encore, de la présence de l’autre dans un coin oublié du monde, oublié des autres. Un coin pour elles seules où les souvenirs ne seraient teintés que des yeux cendrés de Lexa. Après avoir maitrisé sa nouvelle technique, et réitéré le sifflement à deux reprises, pour la pure satisfaction d’y arriver, Clarke s’appuya sur l’épaule de la Fille Sauvage, Fille Sage, dans une recherche de contact inconsciente. Et un autre sifflement s’éleva, qui arracha un sourire à la blonde quand elle remarqua qu’Erèbe réagit à l’appel, visiblement conditionné au son. « Ne siffliez vous pas sur l’Arche ? Etait-ce interdit ou un savoir oublié ? » Clarke secoua la tête, avant de l’appuyer contre le tronc de l’arbre, prenant ces longues secondes de réflexions, ces longues secondes de souvenir, comme à chaque fois qu’il était question de l’Arche.

« Ca n’avait pas vraiment d’utilité ? » Les couloirs étaient longs et le métal, s’il portait le son, se prêtait toujours plus à des échanges technologiques. Pour communiquer entre eux, ils avaient les différents systèmes de communications, principalement les téléphones et les radios. « Tu as vu à quoi ressemblait l’Arche, quand tu es venu à Camp Jaha. » Une succession de cellule, de pièces, toutes fermées. La communication entre les lieux était réduite – des raisons de sécurité derrière tout cela, en cas de brèche d’un sas. « On avait pas besoin de siffler pour se faire entendre. Et définitivement pas d’animaux à appeler. » Ca, elles en avaient déjà parlé, dans cette clairière même, si sa mémoire ne la trompait pas. « C’était plus des mélodies ? » Elle fronça un peu les sourcils, alors qu’elle tentait de retrouver une sonorité particulière. « Mon père avait l’habitude d’en siffloter une, quand il travaillait. » Et elle exécuta les notes, du bout des lèvres, une douce nostalgie s’éveillant en elle, à la consonance plus que familière. C’était tellement fort, qu’elle ne remarqua même pas que c’était la première fois qu’elle évoquait Jake à voix haute devant Lexa. (pourtant, combien avait-elle pensé à lui en présence de la brune).

Ainsi, Clarke, presque innocente, fit revivre une mélodie qui datait d’une autre époque, d’un autre monde. Et puis, elle garda le silence de longues secondes, perdant son regard sur la clairière, le souvenir solennel qu’elle prit la peine de chérir particulièrement. « Oui, plus de la musique qu’autre chose. »

«  Ca n’avait pas vraiment d’utilité ? »  Elle aurait pu parier une telle chose Lexa, au vue de ce qu’elle avait apprit, de ce qu’elle avait comprit de ce peuple qui venait du futur de leur passé, dans leur boite de métal. Mais elle était curieuse, et elle supposait que certaines habitudes comme des sons que l’on émettait par le corps même, ne s’oubliaient pas toujours. C’était comme écrire ou parler peut être, l’humanité saurait toujours le faire, même si les symboles évoluaient et différaient d’endroit en endroit. Certaines choses ne s’oubliaient pas.  Et Lexa hocha la tête alors que Clarke lui expliquait que les Archeens ne sifflaient pas pour se faire entendre. Elle comprenait. Elle avait vu leurs radios, elle avait vu leur technologie. C’était fascinant cette part du monde moderne que les terriens avaient pourtant pendant des années considérés comme leur passé, et qui tombait du ciel, comme ça, comme un mauvais présage qui ne s’était pas averé aussi mauvais que ça.

«  C’était plus des mélodies ? » Elle hésitait sa niron, et Lexa arqua un sourcil en la regardant. La musique existait chez les terriens, ils avaient des chanteurs qui contaient leurs histoires lors des grandes cérémonies, et des conteurs qui connaissaient la mélodie des mots. Mais elle savait – par sa culture, par les livres – que jadis, il y’avait d’avantage, que jadis la musique était courante, et qu’il y’avait des appareils qui la répandaient aussi. Ils n’avaient plus ça aujourd’hui. Peut être dans la montagne ? Lexa n’avait jamais entendu de musique, si ce n’était les tambours, et les doux sons des instruments à cordes.  Et elle était sure maintenant, que c’était quelque chose qu’elle n’entendrait jamais. Ce n’était pas dérangeant. Il y’avait d’autres mélodies qu’elle préférait écouter, comme la voix de Clarke. «  Mon père avait l’habitude d’en siffloter une, quand il travaillait. »  Il y’eut un moment, une lueur dans les yeux d’Heda,  qui ne loupa pas le fait que c’était la première fois qu’elle évoquait son père, Clarke. De ce qu’elle en savait il était mort. Car sinon, Clarke en aurait parlé, les skaikru auraient parlés de ce Monsieur Griffin. Mais elle n’en savait rien de plus, et si elle voulait savoir, elle hésita tout de même à poser la question. Les plaies restaient des plaies que l’on ne voulait pas toujours vocaliser à l’autre.

De la musique s’éleva des lèvres fines de la blonde, un silfflement, plusieurs, comme une mélopée qui fit sourire Lexa. C’était beau. Surprenant. Et le silence se fit tandis que les deux femmes se plongeaient dans leurs pensées respectives. Il y’avait comme une nostalgie ambiante, et Lexa ne connaissait pas l’histoire, mais elle ressentait, elle comprenait… alors elle glissa sa main contre celle de Clarke, glissant paume contre paume, pour offrir du confort. «  Cette musique est belle. »  Le silence continua un peu, et elle tenta avec la timidité qui la caractérisait quand il s’agissait de Clarke, d’entrelaçer leurs doigts. «  Il doit te manquer. »  Et ce n’était pas une question, c’était dit, avec ce ton qui signifiait qu’elle comprenait. Des gens lui manquaient à elle aussi. Elles avaient tant perdu. Et elles avaient aussi tant retrouvé.

Elle le revoyait, parfois, dans ses rêves, Jake. Clarke revoyait son sourire, sa confiance habituelle et l’aisance avec laquelle il calmait les ardeurs des filles Griffin. Avec sa mort, c’était sa famille qui était morte. Car Clarke, en sa mémoire, s’était retrouvée en isolement et elle n’avait revu sa mère qu’une minute, à peine, avant d’être envoyée sur terre et que tout avait changé. Son père, c’était l’innocence, le monde parfait. Elle aurait pu vivre dans l’espace, toute sa vie, s’il avait été avec elle. Mais non. Il était mort comme un criminel, trahi par celle qu’il aimait (et maintenant qu’elle y repensait, elle ne pouvait s’enlever ce sentiment, cette impression, qu’il s’attendait à ce que Abby le livre à Jaha). Oui, quand elle pensait à son père, il n’y avait que la douceur et la mélancolie qui lui venait à l’esprit. « Cette musique est belle. » Clarke hocha la tête, la mâchoire tendue en surface. L’air manqua de se loger dans ses poumons, puis une main s’invita dans la sienne et toute trace de rigidité la quitta, aussi simplement que ça.

Elle referma ses doigts sur ceux de Lexa, accueillant le contact, chaleureusement, un ancrage bienvenu et nécessaire. « Il doit te manquer. » Les dents étaient déjà sur sa lèvre inférieure, tandis qu’elle tint un peu plus les doigts de sa niron. Elle avait été proche de son père – et plus encore – sa disparition brutale laisserait une plaie béante chez Clarke. Mais celle-ci s’oubliait, la douleur s’atténuait. Il y avait eu d’autres morts, d’autres pertes inestimables. « Tous les jours. » Ce n’était pas une honte, car Clarke en parlait si peu souvent qu’elle savait que ce n’était pas une faiblesse, c’était son devoir de mémoire, qu’elle faisait à sa manière, sans la montre qu’elle avait reçu en héritage. Il y avait plus important que les objets et elle savait que sans les apprentissages de Jake, elle serait probablement morte à l’heure qu’il est. Elle le sentait vivre en elle, dans ses acquis, ce besoin de dessiner, ce besoin de défendre ce qui était juste à ses yeux.

Mais elle n’avait pas envie d’en parler, car éventuellement, les souvenirs de son père finissaient pas la rendre morose, car tout était lié et que le ressentiment constant qu’elle ressentait envers le Camp Jaha ne s’en irait jamais, car dans les murs de l’Arche, elle reverrait inlassablement son père se faire éjecté. Alors, elle laissa le silence s’installer, assez longtemps pour qu’il indique clairement que le sujet était clos, avant qu’elle ne s’intéresse à autre chose. « Je me souviens que je t’avais promis de te parler d’un certain Alexandre, Lexa. » L’assonance était volontaire et le sourire revint sur les lèvres de la fille du Ciel. « Toujours intéressée ? » Et il n’y avait que de la tendresse pure dans le regard de Clarke, posé sur la figure de son amante.

Les doigts se serrèrent les uns contre les autres, et Lexa offrit dans ce simple contact tout ce qu’elle pouvait avoir. Parler des morts n’était pas quelque chose qui se faisait souvent chez les trigedakru. Bien sur, ils étaient respectés et n’étaient jamais oubliés, mais on savait qu’ils étaient dans un endroit où ils continuaient à exister encore et encore. Anya. Gustus. Costia. Et aussi les 7 nightblida dont elle se répétait les noms quelques fois.  Combien d’autres encore avait elle en tête quand elle pensait à ceux qui l’avaient quitté ?  Elle comprenait et plus que tout elle savait. Alors elle offrit le confort et le silence. L’Ecoute. Et doucement elle caressa la paume de son pouce, dans une tendresse que personne n’aurait imaginée de sa part, tant les gens oubliaient souvent que sans le maquillage elle n’était qu’une adulte d’un peu plus de vingt ans, une jeune femme qui pouvait aimer, qui pouvait souffrir, qui pouvait consoler.

«  Tous les jours. »  C’était clair et c’était suffisant. Clarke n’en parlerait pas parce qu’elle ne le voulait pas, et jamais Lexa ne poserait les questions qu’il fallait éviter. Elle comprenait les silences, elle en avait besoin elle aussi. Et ce qui ne se disait pas, n’avait pas besoin d’être extorqué. Non. Au lieu de ça, elle caressa la main, et attira la blonde vers elle quelques secondes, pour déposer sur ses lèvres un baiser des plus doux. Le sujet était clos, et ça lui suffisait. Tout lui aurait suffit avec Clarke, sauf peut être la limite du temps qui leur était donné. C’était toujours trop court, et le Tant que possible, parfois, commençait à manquer. Pas encore. Demain peut être.  Ce n’était pas le moment.

«  Je me souviens que je t’avais promis de te parler d’un certain Alexandre, Lexa. »   Elle hocha la tête, rappelée par le présent, et ses yeux se plongèrent dans ceux de sa niron. Fascinés comme elle avait pu l’être jadis quand Kandar promettait de lui raconter une histoire. «  Toujours intéressée ? »   Il y’avait cette lueur désormais dans le regard du commandeur, cette envie d’en savoir plus, et fixant toujours Clarke, elle acquiessa. «  Toujours intéressée, par ce que tu me promets. »  Elle eut un sourire, et glissa sa main libre dans les cheveux de la blonde qu’elle regardait avec des yeux admiratifs. «  Parle moi de ton Alexandre. »    C’était sincère. C’était curieux. Et l’enfant qui aimait les histoires avait hate qu’une de ces histoires la s’échappe des lèvres de celle qu’elle aimait. Elle boirait ses paroles. Elle les buvait toujours, même quand elles n’étaient pas d’accord, après tout.

Il y avait des sujets qui étaient tellement importants qu’il fallait les éviter. Comme Lexa qui n’en demanda pas plus à propos de Jake. Comme Clarke qui n’en demandait pas plus à propos de Costia (même s’il y avait cette maigre curiosité envers la femme dont la perte avait détruite le commandant). Non, parfois l’ignorance était la meilleure des choses et, surtout, en temps, les mots viendraient. Pour le moment, il n’y avait que la mémoire chérie, personnellement. Le partage viendrait. Assurément. Car elles partageaient tant, les amantes. Discuter avec Lexa – ou profiter des silences – était une activité que Clarke appréciait tout particulièrement. Sa niron connaissait ce monde, l’aimait profondément et si la blonde commençait à l’apprécier aussi, à ne plus le craindre pour les dangers qu’il renfermait, elle ne se lasserait jamais d’échanger avec Lexa. Car elle voulait tout savoir de la Fille Sauvage, tout comprendre de la Fille Sage.

Ce fut tout naturellement qu’Alexandre devint le sujet de conversation. Clarke n’oubliait pas les promesses et réaliserait toutes celles qui seraient possibles. « Toujours intéressée, par ce que tu me promets. » Elle ne put empêcher le sourire de fleurir sur ses lèvres, aux mots, et à la main qui se glissa dans ses cheveux. Clarke ne parla pas tout de suite, profitant du contact et de ce que cette proximité avec Lexa soulevait en elle. Ce profond sentiment d’aise et d’affection qu’elle désespérait de ressentir, encore et encore. « Parle moi de ton Alexandre. » Elle hocha la tête, Clarke et se décala un peu, quittant le support de l’arbre, se détournant un peu de la clairière pour avoir Lexa en face d’elle. Sa main droite, si elle quitta l’étreinte des doigts de la brune, se posèrent sur la cuisse, dessinant des formes qui n’existaient pas, tandis que l’autre jouait encore avec la brindille qu’elle n’avait pas lâchée. « Alors, Alexandre. » Elle garda le silence, tandis que sa mémoire retrouvait les traces de ce passé oublié, qui pourtant perdurait grâce aux livres et à tout ce que renfermait l’Arche (qui, définitivement, en était bien une). « C’était en Grèce, une terre de l’autre côté de l’océan. » Une terre qu’elles ne verraient probablement jamais. Ce n’était pas vraiment sa préoccupation, pour Clarke. Ici, il y avait tant à découvrir… tant à aimer, aussi.

Ainsi, Clarke parla, du père d’Alexandre, du roi qu’il était, des chevaux, des armées, du style de combat. De la mère et l’affection qu’elle avait pour les serpents. Ces créatures qui paraissaient si inoffensive, en comparaison avec les animaux mutés qui existaient aujourd’hui – elle eut un frisson en repensant à la créature qui les avait attaqué lors de leur première journée sur terre. Et elle parla du philosophe, d’Aristote, qui donna à Alexandre cette vision de grandeur, d’une union. Et alors que le récit s’écoulait de sa bouche, la réflexion se faisait chez Clarke. « Tu as été la première à vouloir unifier les clans, c’est ça ? » Elle s’écartait du cours d’histoire improvisé ; elle avait l’intention d’y revenir. « D’où t’es venue cette vision ? »

Lexa n’avait pas peur des zones d’ombres, tant elle les savait necessaires. Bien sur il y’aurait toujours des morceaux de la vie l’une de l’autre qu’elles ignoreraient, et qu’elles apprendraient en temps voulu. Il y’avait des choses elle qu’elle ne disait pas, qu’elle ne s’imaginait pas dire sur le moment, pas parce qu’elles n’étaient pas necessaires ou importantes, mais juste parce que ce n’était pas le moment. Non, le commandeur ne craignait pas l’ombre, elle l’aurait affronté si il le fallait, mais c’était une ombre qui était inévitable, contre la quelle il ne fallait lutter.

Au lieu de ça elle preferait profiter de la chaleur du visage de Clarke, perdre quelques instants son regard sur ses joues charnues qui appelaient aux caresses. Au lieu de ça, elle preferait profiter aussi de ces moments où Clarke livrait des récits, et des promesses. C’était l’heure d’une histoire. C’était l’un des moments dont Lexa se souviendrait dans bien des jours, quand peut être elles devraient se quitter séparées par la vie – elle ne voulait pas y penser, cette pensée venait quand meme - et elle ne voulait pas en rater une seule seconde. Il y’eut un silence bien sur, et Lexa offrit une caresse, un regard doux qui n’avait plus rien à voir avec le regard lourd de maquillage que le commandeur portait lors des moments importants, un regard doux qui n’avait plus rien à voir avec celle qui portait l’esprit de ceux qui avaient été avant elle, et qui honorait leur mémoire avec fierté et grandeur. Et puis l’histoire commenca alors, après que Clarke se soit positionnée autrement, et que Lexa elle ne laisse trainer sa main dans les extremités des cheveux blonds. « Alors Alexandre. » Et le récit commenca sur les actes d’un hommes et de son père, sur des histoires de serpents que Lexa n’avait vu que dans les livres, tant les serpents maintenant étaient si enormes qu’il était inimaginable de penser que quelqu’un ait pu dormir avec eux ; et tandis que Clarke parlait d’un philosophe, d’une vision de grandeur, d’un petit royaume qui deviendrait un empire, Lexa se laissait bercer par les mots et la caresse sur sa cuisse. Ses yeux étaient fixés sur la femme en face d’elle, explorant d’un regard les lèvres fines qui parlaient de quelque chose qui semblait si lointain mais qui n’avait jamais semblé si proche, si famillier.

Le recit se brisa d’ailleurs à un moment. Et la question fusa des lèvres roses que Lexa admirait quelques secondes auparavant, la ramenant dans le réel. « Tu as été la première à vouloir unifier les clans, c’est ça ? » Tout était lié peut être, et Lexa ne manquait pas de voir le parallèle que Clarke essayait de tracer. « D’où t’es venue cette vision ? » Et c’était complexe, et c’était plus profond que les enseignements d’un maitre, ou qu’une idée fugace. Elle ferma les yeux quelques instants Lexa, et se ré-appuyant un peu plus sur l’arbre derrière elle, elle rouvrit son regard a l’horizon de la clairière en face d’elle. « Les anciens commandeurs voulaient la survie de leur peuple avant de penser au reste. » Et c’était une longue histoire, une histoire qui mettrait en relief des guerres, la découverte des autres clans, des massacres et les extremités où ils devaient en arriver pour survivre. Et c’était une longue histoire oui, mais Lexa n’allait pas la conter aujourd’hui, elle se contenterait de l’essentiel. « Peut être que c’était un rève. » Peut être avait elle été plus sensible ou plus fragile que l’ancien commandeur ? Peut être était-ce du aux livres qu’elle s’était procurée, ou peut être tout simplement avait elle était le jouet du destin. « J’avais ce sentiment qu’il y’avait plus à faire qu’une guerre inutile. Ca n’a pas empeché la guerre et les pertes bien sur. » Elle eut un sourire amer, et jouant doucement avec ses propres doigts. « Mais d’autres clans ont approuvés l’idée quand elle leur a été presentée. Peut être que c’était un rève, ou peut être que c’était tout simplement mon destin. » Et parfois il était dur de savoir d’où lui était venue l’idée. Elle fixa Clarke après ça, d’un regard plus determiné que jamais. « J’avais cette sensation que c’était ce qu’il fallait faire. » Elle perdit son serieux quelques instants après. « Ton Alexandre a-t-il réussi ? » Car c’était SON Alexandre, tout comme finalement, en un sens elle était SA Lexa.