revivre ▬ Lexa

Des liens, Clarke en aurait pu faire des centaines, entre l’empereur du temps passé et la heda d’aujourd’hui. Elle n’aurait eu aucun mal, en premier lieu, à croire que Lexa était un enfant des dieux. Elle avait cette force et ce charisme qui était tellement rare dans l’espèce humaine, que chaque geste qu’elle avait pour la Fille Sage était une dévotion, un culte silencieux à sa personne. Elle était Athéna, Déesse de la Guerre et de la Sagesse et même si Clarke ne l’avait jamais vu sur un champ de bataille, chacun occupée sur un front différent, elle ne doutait pas une seconde de la magnificence de Lexa. Oui, Clarke la vénérait, silencieusement, avec des gestes, des baisers, des tendresses. Et elle buvait sa vision du monde, cette union des clans qui avait définitivement sauvé la vie de nombre d’entre eux. Ainsi, elle ne pouvait s’empêcher de mettre le récit d’Alexandre en exergue, de découvrir un peu plus la personnalité de Lexa, ses motivations. « Peut-être que c’était un rêve. » Elle ne s’était pas attendue à cette réponse (aurait-elle dû être étonnée ? Lea avit toujours le don de la surprendre, sans cesse). Et la mince surprise qui attrapa son regard se changea en une douceur réservée seulement à sa niron.

Les mots continuèrent et Clarke saisit les doigts qui jouaient entre eux, canalisant la preuve extérieure de ce qui agitait le commandant. Elle caressa la main, se pencha pour y déposer un furtif baiser. « J’avais cette sensation que c’était ce qu’il fallait faire. » Et il y eut cette adoration tranquille, alors qu’elle se penchait un peu plus, Clarke, capturant les lèvres de son amante, marque d’affection légère, significative. « Je comprends. » Parfois, il n’y avait pas réellement d’explication, que la limite de ce que le langage apportait. « Il y a une légende qui dit que le monde a été créé suite à un rêve qu’un dieu en avait fait. » Clarke restait trop rationnelle pour y croire, bien entendu. Elle avait la science dans le sang, la biologie, la physique, le terre-à-terre. Mais elle comprenait que, pour d’autres, cela avait un sens. Et surtout, elle savait que pour Lexa – et le trigedakru – ça avait son importance. Elle n’oserait pas remettre ça en question. « Peut-être ne sommes-nous qu’un rêve. » Mais au sourire maussade de Clarke, il était évident qu’elle avait du mal à croire à ses propres paroles. Tout était trop réel pour qu’elle s’autorise à y croire. Ils avaient vaincu les cauchemars, mais elle ne doutait pas qu’ils viendraient, en temps, en heure. De l’ouest ou du nord.

« Ton Alexandre a-t-il réussi ? » L’histoire revenait et Clarke hocha la tête, retombant dans le récit. « Il a rallié beaucoup de peuples, oui. Plus grand que ta coalition. » Elle haussa son épaule droit, se perdit un instant dans ses pensées. « Qui sait ? Regarde ce que tu as fait en quatre années. A quoi ressemblerait le trigedakru dans cinq ans ? » La question était rhétorique. Clarke n’avait aucune envie de présager le futur, car il avait le don, lui aussi, de la surprendre.

Si elle devait remonter aux sources Lexa, elle n’aurait pu précisément dater le moment où elle avait décidé qu’elle serait l’Unificatrice. Mais elle savait, que l’idée lui était venue sans que les anciens commandeurs ne s’y opposent, elle savait que le destin avait joué de sa main et l’avait fait pion d’une conquête qui changerait le monde. Elle le savait oui. Le monde avait changé quand elle s’était mit en tête qu’il fallait unifier. Le monde avait changé le jour même où elle avait gagné le conclave devenant le commandeur. Et tout ce qu’elle avait pensé plus tot, toutes les idées et la culture qu’elle avait reçu, l’avait poussé à s’ouvrir d’avantage à de nouvelles idées. C’était ce qu’elle était, ce qui l’avait entouré, qui avait fait ce qu’elle était devenue. Une femme tolérante, capable de passer outre ses propres sentiments pour protéger son peuple, et son peuple, ça englobait la totalité des tribus civilisées de ce coté de la terre. Oui, en réalité si elle devait remonter aux origines Lexa, elle dirait qu’elle était née pour ça. Mais elle n’avait pas besoin d’en dire plus n’est ce pas ? Parce que Clarke comprenait. Et tandis qu’une main se saisissait de ses doigts et que des lèvres déposaient un baiser sur la sienne, elle évoquait cette sensation. Le regard de Clarke était nimbé d’émotions qu’elle ne pourrait jamais nommer. Il y’en avait trop, et s’y perdre était un danger qu’elle frôlait tous les jours. « Je comprends. » Et c’étiat suffisant oui. Que Clarke comprenne. Qu’elle ne lui demande pas des explications qu’elle n’aurait pas pu donner. C’était suffisant oui et Lexa hocha la tête.

« Il y’a une légende qui dit que le monde a été crée suite à un rève qu’un dieu en avait fait. » Et Clarke parlait à nouveau, fascinant Lexa de quelques mots. Lexa qui se demandait où la fille du ciel avait pu savoir tout ça, surprise que les skaikru connaissent des legendes et appréciant de pouvoir les entendre. Elle se renseignerait plus tard cependant, demanderait probablement à Kandar de lui en dire d’avantage. Et elle offrit à Clarke un regard passioné. « Je n’ai pas la prétention d’être un dieu. » C’était clair. Lexa n’était qu’une femme, bien que certains puissent la considérer divine à cause des réincarnation, et c’était ce qui la rendait aussi exceptionnelle. Le fait qu’une femme seule ait réussi à unifier des caractères, des peuples, et à faire cesser des guerres qui duraient depuis bien trop longtemps. Elle n’était pas un dieu. Elle n’en aurait jamais la prétention. Et plus que pour quiconque, elle était au courant de la brièveté de l’existence.

« Peut être ne sommes nous qu’un rève. » Il y’eut une hésitation peut être, mais Lexa voyait le même déni, le même pragmatisme chez Clarke, que dans ses yeux. « Peut être t’ais-je rêvée. » Et si elle ne choisit pas de nier tout de suite, elle se reprit pourtant. « Mais même les rèves ne durent pas aussi longtemps. » Et elle eut un sourire, ramenant cette fois la conversation sur Alexandre. Cet Alexandre qui la fascinait tant depuis que Clarke l’avait évoqué. Cet Alexandre, en qui elle aurait pu se voir peut être. « Plus grand que ta coalition. » Et peut être Clarke vit elle la lueur dans les yeux gris du commandeur, qui perdit son regard plus loin vers l’horizon, que la clairière ne le permettait. « Regarde ce que tu as fait en quatre années. A quoi ressemblerait le trigedakru dans cinq ans ? » Et si elle y pensait quelquefois, elle ne voulait pas vocaliser la vérité. Dans cinq ans, elle serait peut être morte. Dans cinq ans, un autre commandeur viendrait peut être casser tout ce qu’elle avait fait. Personne ne pouvait le dire. Pas même elle. Pas même ses conseillers. Et pourtant si quelques mois plus tot, ce défaitisme aurait été normal, elle voulait se surprendre à penser qu’elle serait toujours la. « Peut être aurons nous l’occasion de le voir ensemble » Il y’eut un moment, comme si elle cherchait ses mots, et elle rattrapa avec douceur la main de Clarke, plantant son regard dans le sien. « Peut être aurons nous l’occasion de construire ce futur ensemble ? » Et elle le pensait, elle y tenait. Elle l’esperait a vrai dire.

Il y eut une étincelle chez Lexa et cela entraina un sourire de la part de Clarke. Ce n’était pas parce qu’elle ne croyait pas au monde ésotérique que la blonde n’avait rien lu à ce sujet. Sa connaissance restait limitée et elle n’avait retenu que peu de détails. Mais il y avait une philosophie qui était toujours intéressante à retenir et si, en plus, ça lui permettait de surprendre sa niron, Clarke ne regretterait définitivement pas sa lecture. « Je n’ai pas la prétention d’être un dieu. » Il y eut cette douceur en Clarke qui sera un peu plus les doigts de son amante. Bien sûre que Lexa ne l’était pas. Elle était chair, elle était sang, elle était réelle. « Tant mieux, sinon je n’aurais jamais pu t’atteindre. » Et sa bouche, à nouveau, retrouva ces doigts, qu’elle embrassa tendrement, qu’elle mordit un peu, par jeu. Et la conversation continua, comme une sorte de fable que les deux femmes créaient, l’une avec l’autre, l’une pour l’autre. « Peut être t’ais-je rêvée. » Clarke papillonna des yeux, assimilant les propos, avant d’avoir un sourire de prédateur sur les lèvres. « Charmeuse. » Lexa l’était, et au grand damne de la blonde, ça fonctionnait. « Mais même les rèves ne durent pas aussi longtemps. » Elle hocha un peu la tête, Clarke, tandis qu’elle abandonnait la main de la Fille Sage, terriblement sage, pour effleurer la base de son menton, appelant son regard, appelant son attention. « C’est ce qui fait l’importance du rêve. L’éphémère. » et sa main se perdit un peu plus, caressant le visage, perdant ses ongles et ses doigts dans les tresses brunes. « Parfois, je rêve de toi. » Et c’étaient les plus beaux rêves, car il n’y avait pas de cauchemar. Et c’était les plus terribles des rêves, car dans l’univers de tous les possibles, elle y découvrait pire que les lois de Murphy.

Clarke attira Lexa jusqu’à elle, capturant ses lèvres, chastement, prudemment. Et elle se recula, à peine, juste ce qu’il fallait pour sentir la chaleur de son amante contre son visage. Elle l’embrassa encore, de cette tendresse qu’elle dévoilait si peu, avant d’appuyer son front contre celui de sa niron. « Mais je préfère de loin cette réalité. » Là où tout était tangible, tout réalisable. Et elle laissa Lexa lui échapper, se reculant pour reprendre sa position assise plus confortablement, l’histoire reprenant, un conquérant du passer qui retrouvait la vie grâce à leurs propos. Bien qu’Alexander était loin d’être l’intérêt principal de Clarke. « Peut être aurons nous l’occasion de le voir ensemble. » Et tout était oublié du Macédonien, de ses faits de guerres. Il n’y avait que Lexa qui comptait, sa délicatesse, ses yeux de cendres, l’accent de son anglais, sa présence. « Peut être aurons nous l’occasion de construire ce futur ensemble ? » Cinq ans, c’était terriblement loin. Où serait-elle, dans cinq ans ? Elle ferma les yeux, Clarke, l’espace de quelques secondes, se situant. A quoi ressemblerait le monde, dans cinq ans ? Serait-elle toujours vivante ? Y aurait-il toujours tant de guerres ? Clarke avait envie de faire une promesse, une promesse aveugle comme elles n’arrêtaient plus de le faire.

Elle rouvrit les yeux, des grains de lumières qui dansaient parmi les éclats bleutés. « Peut-être, oui. » Elle n’aurait jamais su dire non, pas à Lexa, pas comme ça. « Tu penses que le secret durera combien de temps, encore ? » Et cette fois-ci, elle fuit le regard de son amante, songeant à la conversation qu’elle avait eue avec Jasper, à la discrétion qui s’étiolait, disparaissait dans le néant.

Lexa était humaine, et cette humanité si elle la rendait faible, la rendait forte aussi. Parce qu’un dieu n’aurait jamais su s’emmerveiller de la beauté du couchant, ou des traits de Clarke, un dieu n’aurait jamais voulu se battre pour protéger quelque chose qui lui était cher, et ça, c’était bien ce que Lexa faisait tous les jours. Elle se battait pour son peuple, Elle se battait pour l’alliance, elle se battait parce qu’il y’avait des choses humaines, qui méritaient que l’on se batte pour elles. Et ça la rendait forte. Et ça la rendait terriblement forte. Elle prenait chacune des faiblesses de l’être humain, pour les tourner en force. Et elle faisait un mur de ce qui ne pouvait le devenir. Lexa était humaine, oui, et les doigts de Clarke, ses lèvres sur sa main, la rendaient terriblement fière et honorée de l’être.  «  Tant mieux, sinon je n’aurais jamais pu t’atteindre. »  il y’avait cette douceur, cette presque admiration peut être ? Et Lexa se senti emplie de joie, au point que mutine, elle réponde  à Clarke.  « Avec ce que j’ai vu, je soupçonne que si une personne peut atteindre les dieux, ce soit toi. » Et c’était à demi léger et a demi sérieux. Clarke faisait des miracles. Elle rendait le commandeur des armées des terriens faible devant ses mots, sans que cette faiblesse n’en soit réellement une. Elle avait convaincue Lexa, quand celle ci avait voulu la guerre, et connaissait sa détermination sans faille.  Alors oui, Lexa ne doutait pas que si dieux il y’avait eu, Clarke aurait pu les toucher.

La conversation continua, et la terrestre ne put empêcher une sorte de compliment. «  Charmeuse. »  Et elle l’était oui. Elle avait ce coté quand elles étaient loin du monde, et elle aimait provoquer chez la blonde des réactions comme celle ci. Un tel sourire qui faisait réchauffer son sang et monter presque le rouge à son visage. Presque. Elle ne répondit pas, libérant sa main pour caresser la joue quelques instants, avant de continuer à parler. Elles parlaient des rêves, et ce sujet était à la fois vaste et peut être sensible. «  Parfois, je rêve de toi. »  Et elle comprenait Lexa, que c’était naturel peut être. Et elle comprenait parce qu’elle rêvait aussi parfois de la blonde, et c’était douloureux, la perte, c’était beau, les étreintes, l’idée d’un toujours qu’elle ne voulait pas éphémère. «  Parfois, je rêve de toi aussi. »  Et ça suffit peut être, à ce que le rose monte vraiment aux joues du commandeur.

Il y’eut un baiser. Et Clarke évoqua finalement ce qu’elle ne faisait que penser plus tot. La réalité était mille fois préférable, parce que dans la réalité, Clarke lui appartenait vraiment. « Je l’apprécie également. »  Elle sourit Lexa, et captura les lèvres avant de s’echapper, pour s’installer  un peu mieux, pour évoquer un futur qu’elle espérait réel. Une réalité qu’elle espérait construire à deux. Et peut être que cinq ans étaient beaucoup, pour réfléchir au futur. Mais à chaque fois qu’elle croisait le visage de Clarke, Lexa voulait y croire. Et ses conseillers l’accepteraient, ils n’auraient pas le choix. Tant que Clarke voudrait partager sa vie, elles la partageraient. Le silence se fit. L’absence de réponse fit battre son cœur plus vite. «  Peut être, oui. »  Et finalement quand elle vint, Lexa tourna les yeux pour fixer le visage – si beau – de la blonde qui la réduisait à l’état d’amoureuse.

« Tu penses que le secret durera combien de temps, encore ? »  Et son regard fut fuit, tandis qu’elle réfléchissait. Le secret… Avait été nécessaire au départ, quelqu’un de mal intentionné aurait pensé que l’alliance était battie sur un simple désir charnel qui unissait deux être, quelqu’un aurait pu penser que Clarke manipulait Lexa, ou le contraire peut être, mais maintenant… maintenant que l’alliance existait, tout pouvait être different. Bien sur, Lexa aurait aimé en parler à Titus, avoir son avis qui comptait énormément. Mais elle était aussi capable de prendre ses décisions. «  A t’on vraiment besoin de le garder, secret ? »  Elles pouvaient se rendre publiques, Lexa assumerait ce choix. Clarke était une force. Et si la peur que quelqu’un la prenne pour cible, à cause d’elle, ne la quittait pas. Elle savait que ça arriverait quand même, elle arrivait à relativiser. Presque.

Clarke aurait pu dire qu’il y avait deux mondes, deux versions d’une même réalité. Le partage, entre le secret et le commun. La discrétion – pas si discrète – de ces visites nocturnes chez Lexa, et tout ce que les autres voyaient. Il y avait cet amour précieux, furieux qu’elle ressentait pour sa niron, ces heures qu’elle avait passée en sa compagnie, ces gestes, ces affections, ces preuves. Et il y avait ce semblant de solitude que tout ceci entrainait. Ce silence, cette absence d’échange avec les autres. Certes, l’environnement ne favorisait pas l’échange des derniers coups de cœurs de chacun. Mais Clarke savait qu’elle ne pouvait pas en parler. Si l’idée ne lui avait pas traverser l’esprit jusqu’à maintenant, c’était pour une bonne raison. Elle voyait la réticence entre les deux peuples. Elle la vivait, quotidiennement, alors qu’elle tentait d’être le modérateur de l’alliance fragile qui existait. Clarke n’était pas stupide et si l’amour lui donnait l’impression d’avoir des ailes, elle gardait bel et bien les pieds sur terre.

Peut-être n’aurait-elle pas dû en parler, oui. Mais puisqu’elle suivait Lexa dans le jeu des ‘si’, elle le ferait sérieusement. Leur statut ne la dérangeait pas. Clarke aimait ça. Se faufiler dans la tente du commandant la nuit tomber et retrouver la femme qu’elle aimait tant. Elle aimait cette distinction, entre son devoir au quotidien, et ses sentiments au soir. « A t’on vraiment besoin de le garder, secret ? » Clarke fit sa moue, alors qu’elle continuait d’observer le paysage, laissant la plénitude du lieu l’inspirer, gonfler son cœur. Il y avait deux voix, dans la tête de Clarke. L’égoïste et la rationnelle. Et puis, elle ne pouvait vraiment pas s’empêcher de songer à la conversation qu’elle avait eu avec Jasper, quelques jours auparavant. Et elle songea à ceux du Camp Jaha, qu’elle verrait, quelques jours plus tard. Elle poussa un mince soupir, récupéra la main de Lexa, pour trouver le réconfort qu’elle cherchait. « Je pense, oui. » C’était un tiraillement, ce sentiment de faire bien les choses, et de savoir qu’une partie des siens ne l’approuverait pas. « Pour encore un certain temps. » Elle fronça les sourcils, la déception évidente dans son regard courroucé, quand elle le posa sur Lexa.

Clarke regrettait, vraiment, que le skaikru ne soit pas capable de voir le trigedakru comme elle le voyait. Leurs coutumes étaient différentes, oui, résultat de presque une centaine d’années passée dans des environs différents. Mais sous la rigidité de l’être se trouvait des valeurs dont elle doutait l’existence chez les siens. « J’adorerais, vraiment. Pourvoir faire ce que je veux de toi à n’importe quel moment de la journée. » Et il y eut ce désir noir, qui s’éveilla, à ces propos. Il était là, vif et dur dans ses muscles. Et il disparut aussi vite. Car là n’était pas le moment et Clarke savait se contrôler un minimum. « Le skaikru commence tout juste à se faire à leurs alliés. Ils ne nous verraient pas d’un bon œil. » Quelle honte, elle qui était une femme qui, habituellement, se moquait des opinions des autres. Ici, elle se sentait presque forcée de s’y plier. Et c’était rageant.

« Je pense, oui. » C’était comme une pierre au fond du cœur peut être. Et Lexa n’était pas stupide. Elle savait ce qu’il en était. Elle savait que la logique voulait que Clarke ait raison. Et elle savait que les trigedakru n’accepteraient pas non plus bras ouverts ce qui s’était tissé entre leur commandant et la fille du ciel. Mais voilà. Il y’avait en Lexa cette part rêveuse qui aurait voulu égoïstement affirmer sur Clarke sa possession, et s’affirmer à Clarke comme une possession. Il y’avait aussi cette part du commandeur qui se voulait limpide pour le peuple, et elle se demandait comment ils prendraient son mensonge. Il y’avait aussi, encore, - beaucoup de choses finalement – cette idée que les gens de toute manière découvraient peu à peu. Parce qu’elles ne faisaient pas attention aux marques quand elles étaient dans les flammes de la passion, parce qu’elles avaient des regards parfois trop soutenus, parce qu’elles étaient incapables de rester loin l’une de l’autre quand il le fallait ? Mais il y’avait la logique, le réalisme, la prudence. « Pour encore un certain temps. » C’était Clarke. Clarke était la prudence, que Lexa aurait pu ne pas être. Juste sur le moment. Et c’était peut être une inversion quelque part, pour le commandeur trop souvent bien trop réfléchie.

Et Clarke avait raison. Alors Lexa laissa les mots s’insinuer entre elles, en gardant le silence. « J’adorerais, vraiment. Pouvoir faire ce que je veux de toi à n’importe quel moment de la journée. » C’était lisible aussi, le désir. Lexa y faisait presque écho. Mais il y’avait encore des choses à dire. Ce n’était pas le moment de gouter à nouveau aux lèvres qui se seraient presque offertes. Ce n’était pas le moment. « Le skaikru commence tout juste à se faire à leurs alliés. Ils ne nous verraient pas d’un bon œil. » Et finalement, elle lâcha – Lexa – une sorte de soupir las. Jamais elle n’avait autant regretté être le commandeur qu’en ce moment précis. Peut être… Peut être pouvait elle penser à un second moment, qu’elle préférait ignorer sur l’instant.

Son bras retomba le long de son corps, et sa mâchoire se durcit un peu plus. « Sha. » Elle acquiessait à contrecœur. Parce qu’elle savait que c’était ce que sa tête voulait. Parce qu’elle savait que ce n’était pas avec son cœur qu’elle devait prendre les décisions. « Le skaikru… Ou certains de ses représentants ? » Et c’était une question sincèrement curieuse. Elle ne visait personne Lexa. Elle était juste surprise peut être que Clarke se soucie de l’opinion de son peuple. Elle qui n’avait pas hésitée à faire ce qu’il fallait pour eux. « Je sais que tu as raison. » C’était dit également. Et elle alla chercher la main pour lier leurs doigts à nouveau. « Il était égoïste de ma part de suggérer autre chose. » Elle baissa les yeux, songeuse quelques instants. Consciente dans son réalisme, que le secret ne durerait de toute manière pas longtemps.

Elle ne rata rien, Clarke. Car toute son attention était dirigée vers Lexa, et qu’il était impossible pour elle de passer à côté de cette tension. Car elle la ressentait aussi et que, si elle ne l’exprimait pas, entrait en parfaite résonance avec celle de son amante. Alors, immédiatement, sa main alla chercher la mâchoire de Lexa, l’effleurant de ses doigts, traçant les muscles, pour chasser cette crispation caractéristique. « Le skaikru… Ou certains de ses représentants ? »  Elle ne put retenir ce sourire sardonique, ce sourire de mauvais enfant qui comprenait où allait la pensée de la brune. « Les deux, Lexa. » Abby, oui, serait le plus grand des obstacles. Déjà, Clarke redoutait le moment où elle irait lui annoncer qu’elle partait pour Polis. Alors, si le jour où sa mère découvrait que sa fille entretenait une relation fusionnelle et charnelle avec le chef du trigedakru, Clarke n’était vraiment pas pressée d’y être. Non pas qu’elle craignait sa mère, mais elle craignait une partie de ses réactions. Elle ne le montrerait jamais, bien entendu, elle était trop fière pour ça, mais elle entendait déjà les propos de la chancelière. Lexa, le commandant, celle qui demandait la mort des autres pour réparer celle des siens. Celle qui n’hésitait pas à cautionner la mort des siens pour s’assurer un avantage lors d’une guerre.

Clarke, elle avait accepté ça, cette ambiguïté chez Lexa, le fait qu’elle était capable de sacrifier des individus tout en les pleurant. Elles étaient similaires, après tout. Alors oui, la blonde avait tout accepté de la Fille Sage, ses vices, ses peurs, ses courages, ses obligations. Et elle espérait qu’un jour, les siens l’accepterait pleinement aussi. Sauf que ce jour n’était pas encore arrivé. « Je sais que tu as raison. » Ah, Fille Sage, vraiment. Et Clarke se pencha un peu vers Lexa, cherchant la proximité. Car sa réponse lui brisait le cœur (elle le supporterait, il était brisé depuis longtemps, maintenant). « Il était égoïste de ma part de suggérer autre chose. » Elle secoua la tête, Clarke, vivement, alors qu’elle volait les lèvres de Lexa et qu’elle lui offrit toute la passion qu’elle ressentait pour sa niron, en un baiser chaleureux et plus long que les précédents. « Non. Ce ne l’était pas. » Et elle déposa un nouveau baiser, qui après ses lèvres remontèrent sur la pommette de Lexa, en de traces fugaces d’affection. « Je le veux aussi, Lexa. » Et il n’y avait que cette attache profonde qu’elle ressentait pour son amant.

Mais elles n’étaient que ça, amantes, destinées à vivre dans l’ombre ce qu’elles auraient voulue porter à la lumière. Et peut-être que la métaphore de Platon n’avait jamais été si claire aux yeux de Clarke que maintenant. Dieu qu’elle aurait voulu s’extirper de cette caverne. Elle ne se recula pas, Clarke, resta même dans cet équilibre précaire, ne cherchant pas à se rattraper quand elle se senti tomber dans le flanc de Lexa. A la place, il y eut un mince rire qui lui échappe, tandis qu’elle bougeait un peu, pour se retrouver affalée sur le dos, envahissant à la perfection l’espace personnel de sa niron, qu’elle proclamait comme le sien, à nouveau. « Mais tu sais qu’entre vouloir et devoir, il y a une distance qui ne s’exprime pas. Tu me l’as appris. » La leçon était dur à retenir, dur à vivre.

«  Les deux, Lexa. »  Elle le savait oui. Elle pouvait le comprendre. Et sa question n’avait rien eu de mauvais, mais elle était satisfaite en un sens que Clarke lui ait offert une réponse sincère et n’ait pas cherchée à se cacher derrière des fausses idées. C’était ce qu’elle aimait aussi chez Clarke. Cette manière de tout assumer. Et Lexa pouvait comprendre que Clarke craigne les réactions de certains plutôt que d’autres. Abby Griffin serait un soucis, elle n’en doutait pas. Mais il y’avait aussi les autres. Cette Raven, ce Bellamy, ces jeunes gens dont elle avait brisé le cœur quand elle avait ordonné l’execution de l’assassin, et ceux que les siens avaient blessés, malmenés.  Clarke savait. Clarke était intelligente pour comprendre qu’il y’avait le devoir et l’envie, mais les autres, les délinquants du ciel, et même leurs dirigeants, ils étaient trop habitués à une sorte de confort peut être. Et Lexa pouvait comprendre. Ca ne voulait pas dire qu’elle acceptait. Elle tolerait. Car elle était la tolérance. Elle était celle qui s’ouvrait aux autres et au monde. Elle était juste la. Lexa. Prête à tenter de comprendre. Et eux, ils ne comprenaient pas. Ils ne faisaient pas d’effort.

Elle ne jugerait pas. Car chaque peuple était different. Et c’était dans son esprit égoïste que de vouloir annoncer au monde que Clarke était sienne. Elle n’en démordrait pas, quoi qu’en dise sa niron. Et pourtant il y’eut un baiser empli de chaleur, il y’eut une assurance.  «  Je le veux aussi Lexa. »  Et la fille terrestre glissa ses mains dans les cheveux de Clarke pour la garder contre elle. Comme si elle ne voulait plus la lâcher quelques fugaces instants. Pendant qu’elle cherchait à nouveau les lèvres qu’elle désirait tant.  

Et c’était pire peut être, que de savoir qu’elles le voulaient toutes les deux, mais qu’elles ne pouvaient se le permettre. C’était un cruel jeu du destin finalement que de leur offrir le bonheur mais de les forcer à le cacher. Et Lexa baissa les yeux quelques instants, comme si elle rendait les armes. – Et c’était peut être le cas, elle rendait les armes contre cet aspect cruel de la vie - , se perdant dans ses pensées, pour n’en revenir que quand Clarke trébucha presque jusqu'à tomber affaler sur elle. C’était… étrange comme sensation. Agréable. Et Lexa glissa sa main entre les meches blondes, de ces cheveux qu’elle aimait tant, caressant avec tendresses sa niron couchée contre elle. Il y’avait ce bonheur. Cette sensation d’appartenance. Il y’avait cette envie, qu’elle gardait silencieuse. « Mais tu sais qu’entre vouloir et devoir, il y’a une distance qui ne s’exprime pas. Tu me l’as appris. »  Et malgré tout ce qu’elle aurait voulu dire, c’est la vérité qui quitta ses lèvres. «  Et je ne le regrette pas. Certaines leçons sont les plus dures à apprendre, elles n’en sont pas moins nécessaires. » Et l’espace de quelques secondes elle oubliait presque le reste, pour redevenir la Lexa qui dispensait sa sagesse. Oh. Ca ne dura pas. Une main couru sur le torse de Clarke, se perdant contre sa poitrine. «  Le devoir n’a pas sa place ici. »  Et doucement elle se pencha pour dérober à la fille du ciel, ses lèvres en un baiser délicat.  C'était juste une façon d'affirmer son bonheur. De se dérober peut être un peu à la conversation.

Elles pouvaient espérer, se cacher, se mentir, le voile n’était pas indestructible et la réalité reviendrait toujours. C’était un mal nécessaire. Sans ça, les deux jeunes femmes ne se seraient jamais rencontrées. Qu’était-ce que le poids de quelques obligations, contre le simple bonheur des instants volés ? Clarke pouvait vivre avec, pour le moment. Et puisqu’elle n’avait pas la capacité de se projeter cinq ans en avant, elle ne bouderait pas le présent. Surtout si elle était dans un lieu si paisible, en si plaisante compagnie. « Certaines leçons sont les plus dures à apprendre, elles n’en sont pas moins nécessaires. » Elle hocha la tête, Clarke, approuvant les paroles de Lexa – elle aurait tout approuvé d’elle. C’était ainsi, c’était la vie, cruelle dans ses enseignements, mais vitaux pour la survie. C’était aussi une partie qui avait charmé Clarke, la rigueur naturelle de Lexa. Elle ne la voulait pas laxiste, ne l’aimerait pas laxiste. Elle aimait la femme forte et déterminée. La femme torturée et engagée.

Et une main fut sur son torse, s’accaparant une place sur ce qui devait être le cœur (en réalité, Lexa était trop sur la droite et trop haute, mais le médecin n’avait pas son mot à dire ici). Le contact, lui, ne prit aucun détour, avivant la chair et la réaction que le toucher de la Fille Sauvage avait sur elle. « Le devoir n’a pas sa place ici. » Elle se laissa faire, Clarke, admirant de ses yeux bleus la chute de Lexa contre elle, gardant les yeux ouverts quand le baiser fut échangé. Elle profita du gout, de la chaleur de sa niron, inspirant son odeur, enregistrant sa présence. Ses doigts attrapèrent quelques mèches brunes qui suivirent le mouvement et Clarke répondit à l’échange, avec moins de tempérance, une ardeur calculée, tandis qu’elle faisait pression sur la lèvre supérieur, s’invitant l’espace de quelques secondes à l’aide de sa langue, avant de se reculer, non sans mordre faiblement cette bouche à portée. Elle prit de longues secondes Clarke – ou fut-ce des minutes ?- pour reprendre son souffle, ainsi réfugiée dans l’étreinte de Lexa.

Le silence était paisible, partagé entre les sons de la nature, celui du vent qui chatouillait les herbes hautes, la présence lointaine des chevaux, le sifflement des oiseaux et d’autres créatures lointaines. Ca n’avait pas d’importance aux yeux de Clarke, pour qui, tout ce qui existait, était juste contre elle. « Le devoir est partout, Lexa. » Sa main droite se leva, caressant le visage de son amante. « Il est là. » Et ses doigts coururent, dessinant la peau, le nez, l’arcade sourcilière dépourvue de ce maquille noir. « Là. » Sa voix n’était qu’un murmure, tout juste assez fort pour se faire entendre par Lexa. Sa main continua sa balade, son aventure, se tordant pour caresser la mâchoire, effleurer la gorge. « Là. » Et elle continuait cette exploration qu’elle aurait pu faire les yeux fermés. Elle descendit plus bas, tout en ajustant sa position, s’installant encore plus confortablement. Avant que ses doigts ne se posent sur un point qu’elle chérissait particulièrement, qui sous les vêtements, était devenu bleu sous les lèvres de Clarke. « Et là. » Et ses doigts s’envolèrent, attrapant à nouveau la fin d’une tresse libre. « Mais il n’y a pas que ça. » Non, il y avait tellement plus, et sur le moment, c’était ce plus qui comptait aux yeux de la fille du ciel.

Lexa était bien trop serieuse et engoncée dans un code moral bien trop strict, pour pouvoir se laisser aller à trop d’égoïsme. C’était pour ça qu’elle l’avait reconnu, elle n’avait pas le droit d’être égoïste dans son désir de Clarke, elle n’avait pas le droit de vouloir officialiser ce qui était entre elles, sans prendre en compte ce que cela pourrait amener. Elles étaient toutes deux des leader de leurs peuples, et si Clarke avait accepté d’être son conseiller, pour Lexa elle restait un leader, celle qui menait son peuple, celle qui portait les skaikru sur ses épaules. Et les leader qu’elles étaient ne pouvaient se permettre une escapade romantique et amoureuse que par brefs instants où les reponsabilités les laissaient tranquille. Elles ne seraient jamais totalement l’une à l’autre, mais elles seraient totalement au peuple.

Sauf peut être dans ces moments volés, et c’était de ces moments volés que Lexa voulait profiter. Elle qui avait tout donné aux trigeda, qui avait donné son cœur, et l’avait oublié après ça. Elle qui avait porté a bout de bras une bataille que tous croyaient perdu. Elle qui avait unifié au péril de tout ce qui comptait pour elle. Elle avait envie de profiter de cet instant ou elle pouvait être juste Lexa, et ces moments où elle n’était pas Heda, il n’y’avait qu’avec Clarke qu’elle se permettait de les passer. Elle n’aurait pas imaginé dans le présent, les passer avec quelqu’un d’autre. Et elle esperait que dans cinq ans ça soit toujours le cas.

Ce jour était un instant où elle était Lexa, et sa main sur la poitrine de Clarke, cherchant à se saisir de son cœur, elle se pencha pour affirmer leur quiétude en un baiser. La position n’était pas confortable, Lexa se laissa choir d’avantage, et sa main resta tout le temps de leur baiser sur le cœur de Clarke qu’elle ne voulait lacher. Il y’eut des minutes de colisions entre leurs lèvres, et la fougue d’approfondir l’embrassade, tandis que Lexa une fois encore laissait Clarke mener la cadence qu’elle désirait. C’était ardent quand la fille du ciel prenait les devants, et Lexa mima son rythme en conséquence, serrant la main sur le cœur, la zone de la poitrine. Et puis il y’eut le reel, le retour à la vie, avec les souffles qui nécessitaient d’être repris. Elle souriait Lexa, de ce sourire qu’ont les gens heureux, les gens satisfaits. Et même si ça ne durerait pas, elle profitait de l’instant, et s’installant sur le flanc, elle restant la, couchée dans l’herbe aux cotés de Clarke.

C’était paisible. C’était vomitif presque de tendresse, mais Lexa ne le voyait pas comme ça, Non, Lexa voyait ça comme un bon moment, alors elle resta contre Clarke, en laissant possessivement sa main sur la fille du ciel. « Le devoir est partout, Lexa. » Et celle-ci avait raison bien sur. Lexa ne fuirait jamais le devoir. Quoi qu’elle dise. Quoi qu’elle pense sur un coup du moment, elle ne fuirait jamais le devoir, parce qu’il était partout en elle. Et c’était ce que lui montrait Clarke, dans l’aventure que suivaient ses doigts sur son visage, puis son corps. Le devoir était partout. Et elle était comme fascinée par les mouvements de la blonde, tandis qu’elle fermait les yeux pour profiter du moment. Jusqu’à ce que les errances ne terminent et qu’elle ne pose à nouveau son regard sur le visage qui illuminait ses nuits. « Non. Il n’y’a pas que ça. » Et elle glissa doucement elle aussi sa main sur le visage de Clarke, pour s’arreter sur des lèvres qu’elle caressa. C’était la tendresse du moment qu’elle ne voulait pas perdre. « Quoi qu’il puisse arriver, nous aurons toujours ces moments » Et c’était peut être un peu trop défaitiste sur le moment, mais Lexa ne changerait jamais ce qu’elle était. Enfin, elle reprit plus légerement. « Tu sais, il y’a des jours et des jours, quand vous etes arrivés sur Terre, je n’aurais jamais pu imaginer que le futur serait ainsi. » Elle n’aurait jamais imaginé que Clarke serait la liberatrice de son coeur.

Il fallait le voir, pour le croire. L’avoir devant les yeux, pour le réaliser, l’accepter. Que ces deux femmes qui pouvaient commander la mort de centaines d’âmes, étaient ainsi, allongées dans une clairière, sous le vent frais de l’automne, discrètes et à la merci du monde. Rien de ce qui arriverait ne les atteindrait aujourd’hui. Elles étaient loin de l’agitation de l’avant-poste, loin des jugements des esprits contradictoires. Même si elles y avaient accordées une pensée. Ce qui comptait était juste là, à portée de doigts, tandis qu’un doux sourire refusait de quitter Clarke et qu’elle se rapprocha un peu plus de Lexa. « Quoi qu’il puisse arriver, nous aurons toujours ces moments. » Elle acquiesça un peu, Clarke, les yeux fermés, profitant simplement, sans contrainte ni pression. Elle profitait du chant du monde, des éclats de la vie qui avaient subsisté à un assaut nucléaire. Il y avait cent ans, le monde n’était que désolation. Maintenant, s’il n’était un havre de paix, il était au moins la scène de ce qui unissait les deux femmes.

C’était tout ce qui comptait, là, maintenant, aux yeux de Clarke. Il n’y avait pas de peuple, pas d’obligation de s’expliquer, de prouver sa valeur. Pour les heures à venir, ces heures qui seraient si précieusement chéries, il n’y aurait que Lexa. « Je n’aurais jamais pu imaginer que le futur serait ainsi. » Lentement, Clarke rouvrit les yeux, tandis que ses doigts continuaient de jour avec cette mèche de cheveux, perdant son regard sur ce point précis. « Tu ne pouvais pas savoir ce que renfermait le ciel. » Pourtant, les méfiances avaient été justifiées. Combien de sang Clarke avait-elle sur les mains ? Combien de trigedakru avaient connu la fin de leur combat, par les actions du skaikru. Combien seraient morts, encore, si l’alliance n’avait pas aboutie ? « Mais c’est vrai. » Elle bougea un peu, ses doigts abandonnant la chevelure brune pour remonter jusqu’à la ligne de la mâchoire de Lexa qu’elle caressa distraitement, sentant l’os sous la peau, glissant jusqu’au point de pouls. « Je n’aurais jamais cru trouver un semblant de paix. » Car la paix complète n’existait pas. Clarke en était incapable. Il y aurait toujours une zone d’ombre, des doutes qui s’immisceraient dans sa pensée, en vigilance constante qu’elle serait incapable d’éteindre. Elle avait connu trop, perdu trop, pour espérer que la cruauté s’éteigne d’elle-même du jour au lendemain.

Il ne fallait pas se concentrer sur ça. Pas ici, pas maintenant. Pas quand elle était dans les bras de Lexa, dans ce havre qui n’appartenaient qu’à elles. « Je n’aurais jamais cru que quelqu’un me l’apporterait. » Elle, la princesse solitaire dans son monde de responsabilité. Elle qui avait tant l’habitude de se dresser contre vents et marées, elle qui avait terriblement besoin des autres pour survivre. Terriblement besoin de Lexa pour vivre.

Quand on était le commandeur on se preparait a une vie solitaire, une vie faite de responsabilité et de serieux. Costia n’avait pas été une erreur, mais Costia n’avait jamais été prévue. Elle était la compagne de Lexa avant même que celle-ci ne gagne son conclave, et elle se rappellerait toujours des mots qu’elles avaient échangées la veille de celui-ci. De toutes les deux, Lexa aurait toujours cru être la première a partir. Ca n’avait pas été le cas. Et Lexa s’était résignée. Elle s’était résignée à être seule, comme Titus et Anya le lui conseillaient. L’un parce qu’il disait que c’était de son devoir, l’autre probablement pour la protéger. Et Lexa s’était convaincue, que bâtir des barrières autour de son cœur était la meilleure des choses à faire. Ses barrières étaient tombées. A cause d’une fille tombée du ciel. Il y’avait un pattern peut être. Ce qui tombait une fois, faisait tomber à son tour. Et ce n’était cette fois pas quelque chose d’anodin qui s’était fait reduire à néant. Ca ne l’était jamais. Quand on était le commandeur on se préparait, oui, à la solitude. Mais désormais Lexa n’était pas sure de pouvoir l’affronter. Bien sur, elle serait forte, et si il le fallait elle garderait la tête haute, si son peuple le voulait, elle continuerait cette route seule, encore et encore. Mais a l’interieur de son être elle ne voulait plus l’être. Elle voulait profiter de ces moments où elle était fragile.

Ses doigts courraient sur la hanche de Clarke. Il n’y’avait pas de public autre que le soleil, et la Terre toute entière, pour voir la tendresse d’une simple caresse, et entendre des mots qu’ailleurs elle n’aurait pas prononcé. «  Tu ne pouvais pas savoir ce que renfermait le ciel. »   Non, elle ne pouvait pas. Machinalement ses yeux se leverent vers le ciel en question avec une lueur d’admiration mélée à de la curiosité. Elle ne visiterait jamais le ciel, et tout ce qu’elle en verrait c’était probablement les morceaux de l’arche qui s’étaient echoués. Elle ne visiterait jamais le ciel, mais Clarke en était tombé, et de Clarke elle apprenait beaucoup. Et c’était vrai. Au debut ils avaient cru à une invasion, les être du ciel étaient arrivés sur leur terre, et ils les avaient confondus avec les maunon, avec leur technologie. Et puis il y’avait eu la guerre que personne n’avait gagné.  Parce qu’ils n’avaient pas su se parler dés le debut. Parce que les uns et les autres s’étaient craints.  Elle hocha la tête, pensive. «  Je ne l’ai su qu’au moment où le destin l’a jugé necessaire. » Et Lexa, n’était pas femme à regretter le passé. Ce qui s’était produit était arrivé pour une bonne raison. Elle n’epiloguerait pas sur ce qui aurait pu être. Car si Clarke et elle s’étaient croisées à un autre moment, peut être que cet instant, dont elle profitait, n’aurait pu exister.   «  Le ciel, n’est pas si effrayant finalement. »  Elle glissa sur la joue, pour deposer un baiser d’une tendresse intense.
Et la tendresse, Clarke la dispensait elle aussi. « Je n’aurais jamais cru trouver un semblant de paix. Je n’aurais jamais cru que quelqu’un me l’apporterait. »  C’était si doux au cœur de Lexa, qu’elle marqua un temps d’arret, et chercha Clarke du regard, avant de fuir quelques instants, pour fixer à nouveau ce point vers l’horizon qui lui servait d’echapatoire. «  Je ne l’aurais pas cru non plus. » Il y’eut un silence encore, et sa main joua avec le pan du t-shirt de sa niron. «  La vie du commandeur est une vie solitaire. C’est ce que l’on m’a apprit. »  et elles en avaient déjà parlées toutes les deux. «  Mais désormais, je ne l’imagine plus de cette même façon. »  Et elle se tourna vers Clarke, l’émotion visible dans son regard. «  Tu m’es necessaire. » Et voila la faiblesse du commandeur devenue force peut être.

Il y avait des douceurs qui manquaient de mot pour être décrite. Il faudrait passer des pages entières, à s’attarder sur les effets du corps, les effets du cœur, les effets de l’esprit, pour montrer à quel point Clarke était sous l’emprise de Lexa, à quel point la tendresse de la Fille Sage était comme le battement de son cœur. Une si faible impulsion, presque anodine si on ne tendait pas l’oreille, mais qui initiait toute une rythmique vitale. Le muscle battait, le sang courait, l’amour naissait. Et il se distillait, dans les veines, les organes, les os. Il était partout et Clarke aurait voulu le dessiner partout sur le corps de Lexa. Mais il y avait des mots qui n’avaient pas besoin d’être retournés, ni rendus. Juste gardés. Précieusement. Jalousement. Elles étaient secrets et Lexa était le plus beau secret du monde. Ca n’avait pas d’importance, aux yeux de Clarke, vraiment, que les autres ne soient pas au courant. C’était même mieux ainsi, princesse possessive d’une commandante guerrière. Cette Lexa, elle n’existait qu’aux yeux de Clarke, et rien ne la rendait plus heureuse ces jours-ci. Malgré la guerre qui menaçait, malgré les interdits, malgré la survie. Lexa était vie. Rien d’autre ne comptait.

« Le ciel, n’est pas si effrayant finalement. » Il y eut un sourire sincère et elle secoua un peu la tête, Clarke, partiellement amusante. « Je peux être effrayante. » Ce n’était pas ce qu’elle avait voulu dire. Non. Elle aurait juré sur la cruauté du ciel, sur les horreurs qui s’étaient passées dans l’espace et qui ne serait partagée qu’entre les centaines de survivants qui étaient arrivés sur terre. Parfois, elle parlait de loi, à Lexa, aux autre trigeda. Ils avaient leur brutalité, oui. Mais pour Clarke, rien n’était plus terrible qu’un sas qui se fermait, pour que la mort happe, imagée par le vide de l’espace. Ici-bas, ils contaient la beauté du ciel. Clarke n’y voyait que l’horreur. Soit, elle ne briserait pas le moment. C’était le passé, et elle était trop occupée à profiter du présent. « Je ne l’aurais pas cru non plus. » Ses doigts continuaient d’explorer Lexa, courant sur son torse, dessinant la clavicule, la chute de l’épaule. Il n’y avait aucun moyen de connaitre le futur, mais elle devait avouer, Clarke, que parfois il était généreux. Et que des êtres s’incarnaient à son image. Terribles, cruels, surprenants, délicats. Il y eut d’autres mots sur les lèvres de Lexa, puis il y eut les lèvres même de Clarke, scellant leur échange. « Tu m’es nécessaire. » Ca éveillait un sentiment similaire chez la blonde.

& ça en éveillait d’autres aussi. Ses doigts saisirent le vêtement par le col, attirant sa niron jusqu’à elle, cachant son manque de réponse momentanée, son souffle volé, par quelques baisers. La délicatesse était dans son approche. « Ai nou na ban yu op. » Et puis, elle ne l’était plus, remplacée par tout le reste, tout ce que Lexa réveillai chez Clarke. Et c’était un poids sur le cœur, une présence dans sa poitrine qu’elle devait exprimer, offrir. En quelques geste, elle fut en califourchon sur Lexa, profitant du changement de position pour masser un peu son bras, ne quittant jamais la brune du regard. Jamais. « You count as much as air. » Le trigedasleng, encore, celui qui venait, comme une seconde peau, quand il était question des émotions que Clarke ressentait pour Lexa. C’était sa manière de prouver sa dévotion, cet écart qu’elle voulait annihiler, se fondre dans ce qui faisait l’identité de son amante. Et elle resta là, supérieure, dévorant du regard la femme qui était sous elle. Avant de, lentement, se pencher, l’embrasser. L’aimer.

tritri:

«  Je peux être effrayante. »  Clarke avait ce mérite peut être de toujours surprendre Lexa par ses paroles. Et pour sur, Lexa était surprise. Alors elle fixa quelques instants Clarke, comme pour essayer de comprendre ce qu’elle voulait dire par la. Pour sur elle ne l’était pas. Et pourtant oui, elle l’était. C’était Clarke qui avait participé au cercle de feu, Clarke, qui avait comprit que pour gouverner et protéger son peuple, il fallait parfois  - souvent – faire des sacrifices. Clarke, qui avait en son sein le poids de tant de choses. Et Lexa comprenait oui. Alors elle sourit. «  Et tu n’es pas que ça. »  mais ce n’était pas ce qu’elle avait voulu dire n’est ce pas ? Elle avait voulu dire que le ciel n’avait pas été une menace. Que Clarke avait protegé son peuple oui, mais qu’elle n’avait pas été volontairement hostile, que la terre n’avait pas eu à craindre finalement que le ciel ne tombe encore. Pourtant ils étaient tombés. Plusieurs fois. Et la guerre avait manqué d’avoir lieu. Mais ils s’étaient arrangés. Mais elles avaient sauvés un equilibre. «  Les choses sont moins effrayantes une fois qu’on les comprend. »  Et les gens l’étaient moins une fois qu’on les aimait.  

Car elle l’aimait n’est ce pas ? Et c’était ce qu’elle lui suggérait une fois de plus, dans ce mouvement émotif empli d’une affection sans borne. Elle n’aurait jamais cru trouver son Autre dans les êtres du ciel, et Clarke pourtant était la, à chaque respiration, à chaque sourire ; s’insinuant sans même le vouloir derrière ses paupières à chaque heure du jour et dans ses songes quand venait la nuit. Clarke était la. Et Lexa ne voulait plus qu’il en soit autrement.   Et il y’eut le silence oui, le manque de réaction vocales, bercé par des baisers qui comme toujours firent frémir Lexa. C’était doux oui. Et son cœur manquait quelques battements, comme à chaque fois. Elle ne s’en lasserait jamais peut être de ces réactions que son corps lui infligeait quand Clarke était impliquée. Il y’avait parfois la chair de poule, il y’avait  les frémissements aussi. Parfois.  Sur l’heure il n’y’avait que son cœur qui manquait sa cadence usuelle, en écho aux mouvements de la blonde. Qui bougeait en parlant désormais. «  Ai nou ban yu op. »  Et c’était une promesse qui s’incrusta dans sa peau. Une promesse qui se grava dans son cœur.

Lexa garda le silence, consciente qu’elle en dirait trop si les mots quittaient ses lèvres. Et Clarke s’installa, sur elle, à califourchon, parlant à nouveau, tandis qu’elle plantait son regard dans celui qui lui volait son souffle. «  You count as much as air. »  Il y’eut un frisson cette fois, et les yeux de Lexa manquèrent de s’embrumer. Le baiser coupa le souffle de ses paroles, et ses mains glissèrent dans le dos de Clarke pour la garder contre elle, caressant pour offrir la douceur à celle qu’elle aimait. «  Clarke je… »  Il y’eut l’hésitation. Mais elles s’étaient déjà déclarée leur dévotion. Leur appartenance. Et Lexa en était heureuse, de cette  presque osmose qu’il y’avait entre les deux. « Yu laik oma houm. »  Ce fut dit, avec un grand sourire tandis qu’elle l’embrassait à nouveau.  Et c’était bien l’une de leurs caractéristiques de noyer les conversations qui auraient pu être trop sérieuses sous des déclarations, des baisers. Et c’était bien ce qui les rendait si spéciales l’une pour l’autre peut être ? Et peut être que si Erèbe et Archeon avaient pu parler, ils auraient pu conter au monde la profondeur de leurs sentiments. Ce n'était pas le cas. Ceci n'était qu'a elles.

Clarke aimait ça, initier le frisson chez Lexa, initier la faiblesse, initier la forcer. Par des mots, simple, qui pourtant portaient une signification qui elle, ne l’était pas. Oui, elle adorait cette emprise, car cela lui confirmait qu’elle n’était pas la seule à être tellement prise dans cette relation. C’était une aventure qui se vivait à deux, et elle avait Lexa dans la peau, tellement, que ça en deviendrait douloureux de se l’arracher. Alors elle voulait être sûre, persuadée qu’il en était de même pour son amante. Etre plus qu’une présence, qu’une marque. Elle voulait être la raison, elle voulait être le but. De Lexa. Pas du commandant. Le clivage était toujours présent dans son esprit, elle ne le perdait jamais de vue, Clarke. Tout ce qu’elle demandait à la Fille Sage, elle ne le demanderait pas au chef des clans. Si elle aimait Lexa entière, elle céderait toujours au rôle, plutôt qu’à la personne (à condition que cela aille avec ses propres attentes concernant son peuple, bien entendu).

Clarke sourit contre les lèvres de Lexa, laissant le frémissement remonter son dos, mordre sa nuque, ronronner sous les mains de son amante. Elle échappa un faible soupire, ainsi plaquée contre sa niron. « Yu laik oma houm. » Et elle sentit le sourire de Lexa, l’embrasse juste là, où le bonheur se marquait, le capturant, pour qu’il n’aille pas trop loin. Après quelques secondes passée à s’assurer que l’affection était bien affirmée, à l’aide d’autres baisers, sa bouche remonta le visage de Lexa, s’échouant au bord de son oreille. La tentation fut là, de mordre le lobe, mais elle n’y répondit pas, Clarke, déposant un léger baiser, avant de murmurer. « Houm werom tombom kamp raun. » Et elle ne prêta pas attention à ce sentiment de cliché. Clarke était parfaitement heureuse, là et sa conscience ne donnerait aucune importance à ce que son esprit critique pouvait penser. Il n’y avait qu’elles et pour une fois, c’était comme si le monde n’allait pas essayer de la dévorer pour les cinq prochaines minutes. Clarke voulait en profiter.

Son souffle s’écrasa contre la base du cou de Lexa, et après avoir embrasser la peau qui se trouvait là, elle se redressa, admirant une nouvelle fois la Fille Sauvage. Elle se mordit la lèvre inférieure, sa main courant sur le menton de la brune. « Sha. Krei presh. » Et elle ne chercha pas à empêcher cette fierté de se gonfler, là, sous son diaphragme. Elle resta ainsi, de longues secondes, presque immuable, profitant. Simplement. Puis, le vent se remit à souffler, le temps à se souvenir de sa propre existence. Par la même incidence, se souvenir à l’attention de Clarke, qui ne se défaisait pas de son sourire de prédateur satisfait. Elle se releva sans mal, à présent droite. Elle jeta un coup d’œil vers les chevaux, s’assurant qu’Archéon n’avait eu aucun plan de fugue, avant de reposer son attention vers Lexa. « J’ai faim. Pas toi ? » Et elle lui tendit sa main, attendant que son amante la saisisse.

tritri: