revivre ▬ Lexa

Le foyer, c’était quelque chose qui n’était pas tangible. Le foyer c’était quelque chose de doux et de chaud, c’était ce qui réchauffait le cœur après une nuit d’effroi, ce qui pansait les plaies après une blessure, et qui donnait envie de revenir d’une guerre. Le Foyer de Lexa, ça avait été une fille aux yeux d’or qui s’était effacée dans le sang. Le foyer de Lexa ensuite, ça avait été Polis, matérielle Polis, visible et existante. Mais jamais elle n’avait ressenti quelque chose d’aussi fort que cet attrait qu’elle ressentait pour Clarke, que cette sensation que Clarke était son foyer, la demeure de son âme. Un repos. Repos qu’elle n’aurait pensé trouver que dans l’outre mort, quand son âme aurait quitté son corps pour revenir à quelqu’un d’autre. Et pourtant, Clarke était le Repos, qu’elle n’aurait jamais pensé trouver. Et Clarke était beaucoup de ce que Lexa n’aurait jamais cru vouloir avoir un jour.

Clarke était surtout la, contre elle, et Lexa souriait dans l’étreinte et le baiser, ne pouvant empêcher le frisson d’agiter son corps entier quand les lèvres de sa niron remontèrent vers son oreille. « Houm werom tombom kamp raun. »   C’était une phrase qu’elle avait cru lire en anglais dans de vieux livres de poèmes, mais jamais elle n’aurait imaginée le flot d’émotions qui passèrent dans sa tête. C’était cliché oui. Mais Lexa n’avait pas conscience qu’elle pouvait ressentir autant, qu’elle en était capable. Et qu’elle soit damnée si ses émotions étaient bien trop enfantines, Et qu’elle soit damnée, si aimer Clarke à ce point était si débordant d’amour. «  Yu gada ai tombom. »  Et aussi sentimental que ça puisse paraître, elle  savait que Clarke serait assurée de la véracité des mots. Elle les pensait. Le cœur de Lexa était entre les mains de Clarke, et ce fait ne changerait jamais. Ce fait non plus ne changerait rien à ce qui se passerait. Les décisions continueraient d’être prises avec la tête du commandeur, et pas avec le cœur de Lexa. Mais le cœur… le cœur avait trouvé une nouvelle demeure. Il y’eut un baiser dans son cou, elle attrapa une mèche, y fit courir ses doigts. «  Sha. Krei Presh. »  Et comme la première fois qu’elle l’avait entendu, elle se senti emplie d’une sourde chaleur. Les yeux du commandeur luirent à nouveau, et elle fixa Clarke, comme si elle voulait encore parler.

Elle n’en eut pas vraiment le temps, car le vent se leva d’un coup, rappelant les deux femmes à la réalité et provoquant une réaction chez Clarke que Lexa n’aurait pas prédit. – Mais, de Clarke, elle ne prédisait rien. Elle qui était pourtant un si bon stratège, elle dont les idées novatrices et visionnaires faisaient gagner des guerres, quand il s’agissait de Clarke, elle n’était sure de rien. «  J’ai faim. Pas toi ? »   Un hochement de tête, et elle attrapa la main pour se hisser les deux pieds sur le sol. Dégourdissant ses bras en un mouvement rapide, avant de marcher vers la pierre plate sur la quelle elle avait posée les sacoches de leurs chevaux, dont l’une contenait de la nourriture. «  Je savais que j’avais bien fais d’amener des provisions. » Et c’était si domestique cette scène. Enfin.. Elle sorti quelques morceaux de viande sechés enveloppés dans du tissus, ainsi qu’un pot contenant des baies, et du pain semblable à de la brioche. Ca serait un repas agréable. Du moins elle le supposait. Après tout, pour Clarke tous les repas sur Terre devaient être formidables, si Lexa avait bien compris. «  J’espère que cela t’ira. »  Lexa elle n’avait pas particulièrement faim, mais la simple idée de partager un repas avec Clarke était suffisante pour reveiller son estomac. Pendant ce temps, les chevaux eux, semblaient avoir trouvé un coin d'herbe agreable à grignoter aussi.
 

Trigedigeda:

La main de Lexa rencontra la sienne et en moins d’une seconde, le commandant était sur ses pieds, sans qu’aucun effort ne soit réellement nécessaire. Clarke lui adressa un sourire, qui n’eut pas de réel raison, pas de réelle cause, sauf l’envie pure et innocente. Elles marchèrent jusque-là où les sacoches avaient été déposées, sans que la fille du Ciel ne laisse la main de sa niron lui échapper, entrelaçant tranquillement leurs doigts, même si ce ne fut que pour les quelques mètres qu’elles parcouraient. Ce n’était pas quelques choses qu’elles pouvaient faire à l’avant-poste… normalement. Ca ne les empêchait pas de le faire, car c’était si fort dans leurs veines, qu’il était impossible de se priver des marques d’affection. Même s’il y avait une armée de douze clans pour en être témoin. « Je savais que j’avais bien fais d’amener des provisions. » Clarke leva les yeux vers le ciel, libérant la main de Lexa. « Tu n’es pas la seule à être prévoyante, tu sais ? » Non, Clarke ne pouvait pas laisser tout le mérite à son amante. Elle avait bien compris que, si le trigedakru était capable de partir sans aucune provision et chasser suffisamment pour se nourrir indéfiniment, ce n’était pas son cas. Avoir de quoi grignoter faisait partie de ses réflexes de survies. Qui savait ce qui pouvait arriver ? Ils n’étaient jamais assez préparés, ça, c’était une certitude qui ne la quitterait qu’à sa mort.

Clarke accepta les morceaux de viande séchée qui lui étaient offertes, remerciant Lexa d’un petit geste de la tête, tandis qu’un sourire de renard, espiègle, se perdait sur ses lèvres. « Même si je n’aurais pas été surprise que tu te mettes à chasser. » C’était un jeu, une taquinerie. Lexa lui avait parlé des parties de chasses sur ses terres. Mais comme elle ne l’avait jamais vu combattre, Clarke ne l’avait jamais vue en pleine traque. Oh, elle ne remettait pas en doute les talents de Heda – elle devait être la meilleure, non ? Peut-être qu’un jour serait-elle amenée à les voir ? Lexa restait la femme qui, adolescente, avait abattu un ours dont la peau reposait à présent sur son lit.  

Elle grignota un peu de la viande séchée, sans s’asseoir. A la place, elle erra à nouveau un peu dans la clairière, profitant de l’ambiance, du calme ambiant, tellement différent du brouhaha de l’avant-poste auquel elle s’était accoutumée. Elle n’avait eu aucun mal. Depuis sa plus tendre enfance, elle se rappelait du ronronnement paisible de l’Arche, de son système d’aération, des câbles électriques qui frétillaient, du roulement mécanique. Elle avait troqué tout ceci contre l’empressement des guerriers qui passaient, des coups des armes d’entrainement, de hennissement des chevaux au loin. Le calme, en lui-même, était ce qu’il y avait de plus dépaysant, et Clarke apprenait seulement à l’apprécier à sa juste valeur – avant, il l’aurait effrayé. Et ses pas la menèrent jusqu’à la petite source qui coulait, offrant son eau fraiche. Qui attira Archéon, qui s’approcha à son tour pour se désaltérer. « J’t’ai manqué ? » Demanda-t-elle à l’animal qui n’esquissa aucune réaction. Elle sourit pour elle-même, s’appuyant contre le cheval, mangeant lentement la viande, avant de chercher Lexa du regard.

Il y’avait de tout dans les sacoches. C’était comme si, soudainement Lexa avait décidé de partir en apportant de quoi survivre plusieurs jours. Si jamais il se passait quelque chose. Elle qui avait l’habitude des manières des trikru partant sans réellement de préparation. Elle qui avait participé a des chasses qui avaient souvent failli mal se terminer. Elle qui était partie à la guerre, et n’hésitait pas à être une des premières à foncer. Non. Elle avait pensé à tout, pour que Clarke soit confortable. Pour ne pas qu’elle manque de quoi que ce soit. Oui, elle avait pensé à tout, ou du moins elle espérait que c’était le cas. «  Tu n’es pas la seule à être prévoyante, tu sais ? »   Ca lui tira presque un sourire à Lexa, qui regarda Clarke se saisir de la nourriture. «  Même si je n’aurais pas été surprise que tu te mettes à chasser. »  Il y’avait du taquin dans les mots de la blonde, et Lexa se remémorait de toutes ces parties qu’elle avait pu faire. Avec Galaad. Avec Anya. Et elle se souvint en avoir parlé à Clarke, de cet ours qui ornait son lit. Elle répondit amusée. «  Non, je gardes la partie de chasse pour une autre de nos sorties. Les forêts de l’autre coté de Polis sont assez belles à voir elles aussi. »   Et elle y tenait Lexa, finalement. Peut être qu’un jour elle amènerait Clarke chasser avec elle. C’était le moment de glisser une simple remarque.  «  Peut être pourrais-je t’apprendre à chasser. Si tu le désires. »  Et c’était quelque chose qu’elle voulait volontiers. Prevoir un futur où elle apprendrait encore plein des choses à Clarke, et où celle ci lui en apprendrait. «  Quand nous aurons le temps. »  Et elle espérait vraiment que du temps elles en aient.

Clarke grignota après ça, errant à travers la clairière, en direction d’Archéon, et Lexa ne la lâchait pas du regard. Elle se demandait encore comment elle était arrivée la, à ce point de la vie, où elle pouvait profiter d’un tel moment, avec une telle personne. Bien sur, il y’avait des zones d’ombres, il y’avait des doutes, des insécurités, mais il y’avait aussi cette sensation de bonheur qu’elle n’arrivait pas à faire taire, qui naissait dans son cœur et qui grossissait de jour en jour. C’était plaisant.  

A son tour Lexa agita son cheval, en sifflant un coup bref, pour le faire venir à elle, et lui tendant un bout de viande séchée, dont il se saisit, elle commença à lui flatter l’encolure. «  Tu mérites bien ça pour avoir gagné tout à l’heure. Tu es agile mon beau. »  Et pensant que personne ne la regardait elle en profita pour déposer un baiser sur la tête de ce cheval qui était son compagnon depuis bien des années maintenant. Se concentrant sur lui, pour cesser peut être de fixer Clarke continuellement, comme si elle avait peur qu’elle disparaisse. Non. Autant se concentrer sur le cheval, son ami.

C’était paisible, aisé, ces conversations qu’il y avait entre les deux femmes. Et Clarke, peut-être, n’aimait rien de plus. L’esprit, et ses visions qui s’exprimaient ainsi. Lexa était une femme fascinante et elle voulait être fascinée jusqu’à la fin de sa vie par la Fille Sage. Fille surprenante, qui avait toujours un pas d’avance – était-ce si étonnant que ça ?, alors qu’une autre forêt fut proposée. « Non, je gardes la partie de chasse pour une autre de nos sorties. Les forêts de l’autre côté de Polis sont assez belles à voir elles aussi. » Et Clarke se demanda à quoi ressemblait ces forêts. Innocemment, elle n’avait jamais imaginé qu’elles puissent être différentes. A présent, les hautes forêts de pins du Trigedakru était tout ce qu’elle connaissait et si elle savait de ces quelques cours de biologie qu’il y avait tant d’espèces différentes, elle devait avouer que la majorité de la forêt qu’elle s’imaginait était composée de ces hauts arbres, de ce tapis de feuilles brunâtres qui recouvrait le sol, de l’odeur typique de ces terres. « Tu me montreras ça. » Ce n’était en rien un ordre. C’était une pure confirmation. Une acceptation. Clarke aurait suivi Lexa jusqu’au bout du monde (et d’une certaine manière, elle espérait qu’elle l’y mènerait).

Il y eut une autre proposition à laquelle Clarke fut moins sûre et l’hésitation s’empara très légèrement de ses traits. « Peut être pourrais-je t’apprendre à chasser. Si tu le désires. » Elle ne savait pas, Clarke. Elles en avaient déjà parlé, très sommairement, de la chasse, et la fille du Ciel avait déjà confié que ça ne faisait pas partie de ses expériences. Avoir été chassée, ah ça, elle se rappelait bien d’une créature ou deux qui avait tenté de lui faire la peau et à chaque fois qu’elle y repensait, elle ne pouvait empêcher ce frisson d’adrénaline de s’éveiller. « Je ne sais pas. » Avoua-t-elle, après un bref silence. Ce n’était pas détaché, loin de là. Ce fut confié avec ce sérieux que Clarke avait de considérer le monde. Ce ton qui indiquait que ça représentait bien quelque chose pour elle. « Je sais que ça fait partie de toute la dynamique de survie. Mais… » Et elle perdit son regard sur un point qui n’existait pas, alors qu’elle cherchait ses mots, une manière précise de s’exprimer. « Je ne sais pas si je suis faite pour ça. » Assurément, dans les pas de Heda, Clarke serait un bien piètre apprenti. Là n’était pas le problème. Si elle avait la rage d’apprendre, Clarke pourrait devenir tout ce qu’elle aurait souhaité être. Devenir un chasseur ? Ca ne faisait pas partie de son optique immédiate. Surtout si la notion de temps entrait dans l’équation. Quand auraient-elles à nouveau le temps de passer ainsi une journée, seules ?

& puisque Clarke n’était pas une femme qui montrait son hésitation trop longtemps, la douceur retrouva sa place dans son regard bleu, qu’elle posa sur sa niron. « Mais j’adorerais te voir à l’œuvre. » Et en ça, il n’y eut aucun doute. Sur cette parole, elle trouva la source en compagnie de sa monture. Le cheval qu’elle n’aurait jamais imaginé posséder un jour (et encore, elle n’était pas sûre qu’il soit sa possession. A chaque fois qu’elle venait à l’écurie, il était là et personne ne la contredisait quand elle le faisait seller). Puis, Archéon semblait s’être attaché à elle aussi. L’aurait-il était, s’il découvrait que sa précédente maitresse avait eu toute cette animosité envers Clarke ? Elle secoua la tête et mâcha un peu plus longuement son morceau de viande. C’était du passé et Anya, certainement, reposait en paix, maintenant. Et elle retrouva Lexa, occupée à flatter Erèbe, lui offrir une affection délicate, qui arracha un sourire à la blonde. Sourire tendre, sourire presque envieux. Même s’il n’avait rien à envier et que de Lexa, elle avait tout.

Et elle resta là, à observer silencieusement, amoureusement, jusqu’à finir son bref repas. Elle s’essuya sans aucune gêne sur la robe d’Archéon qui le remarqua à peine, occupé à suivre le mouvement de fins poissons argentés qui tournaient dans l’eau et elle décida de s’éloigner de celui-ci avant qu’il ne fasse quelque chose d’inconsidéré. Puis, il y avait une compagnie tellement meilleure, là, à quelques mètres. « Lexa. » Et ele retrouva la femme en question, prodiguant quelques caresses à Erèbe, tout en restant prudente de l’humeur de la monture de Heda. « Tu m’as dit ce qui arrivait à ton esprit, une fois morte. » Et elle sentit cette tension dans sa mâchoire, à l’évocation. Contrairement à la brune, Clarke n’en parlait pas avec tant d’aisance. Soit. Sa main retrouva celle de son amante sur l’encolure d’Erèbe, qu’elle effleura tout juste, sans empressement, avant de continuer de flatter l’animal à leur côté. « Qu’arrive-t-il aux autres ? »

 «  Tu me montreras ça. »  Ça lui plut à Lexa cette idée d’avenir. Cette notion selon la quelle, oui, elle pourrait montrer à large les forêts de l’autre bout du monde, si elle en avait envie. Bien sur, Polis n’était pas l’autre bout du monde, et les forêts qui bordaient la ville ressemblaient un peu à celles du trikru, appartenaient aussi au trikru. Mais il y’avait d’autres lieux que Lexa avait découvert, des cascades qui n’auraient pas du être la à la base, et qui étaient venues avec l’apocalypse, des grottes, d’autres types d’arbres. Des choses qu’elle voulait faire découvrir à Clarke, et qu’elle lui ferait decouvrir, tout comme elle lui ferait découvrir elle l’espérait l’es grandes prairies, et les autres territoires dans les quels elle avait eu l’occasion de bouger par le passé, et dans les quels elle devrait a nouveau aller maintenant.    «  Bien entendu. Ça et bien d’autres choses. »  Ca n’ouvrait pas spécialement la conversation, mais c’était une affirmation, que Lexa honorerait, c’était un fait.

Il y’eut autre chose, pour ouvrir d’avantage le dialogue, et si Lexa proposa l’entrainement à la chasse, Clarke ne semblait pas des plus volontaires pour cela. C’était compréhensible en un sens, elle venait du ciel, elle n’était pas formé pour ça, elle n’avait pas les réflexes qu’il fallait, et prendre une vie, même animale était toujours quelque chose de different. Peut être que prendre une vie animale aussi était different d’en prendre une humaine. Pourtant, il y’avait la une histoire de necessité, que Clarke comprenait aussi. C’était la survie. Le cycle de la vie. Pour se nourrir il fallait chasser, et ne pas forcement compter sur le fait que d’autres puissent ramener le repas. C’était un cycle peut être. Mais ce n’était peut être pas ça qui dérangeait Clarke. Lexa ne chercherait pas à insister. Clarke aurait Teksas si jamais il devait lui arriver quelque chose. Et une fois qu’elles seraient à Polis, de toute manière… Et bien elle devait reconnaitre qu’elle non plus elle n’avait plus l’occasion de chasser.   Quelques instants elle fixa l’hésitation, et puis Clarke se reprit  « Mais j’adorerais te voir à l’oeuvre. »  Et il y’eut un sourire, comme une lueur taquine qui revenait encore et encore dans les yeux de Lexa, quand Clarke était concernée.  «  Alors je chasserais pour toi. » Et c’était dit avec cette plaisanterie mêlée au serieux. Elle était Heda, elle ne chassait pour personne, et pourtant, ce n’était pas la spécialement une promesse en l’air qu’elle faisait sur le coup. Non, elle le pensait vraiment. Et quiconque en pense quelque chose, n’aurait pas son mot à dire.  Soit. Il y’eut une lueur, un sourire.  «  Peut être même pourrais-je t’offrir une peau d’ours. »

Et quelques instants elles s’occuperont de leurs chevaux, avec la tendresse qui était due a ces équidés qui étaient leurs meilleurs alliés et qui le resteraient probablement. Elle était tendre avec Erèbe, c’était quelque chose qu’elle avait apprit, et qui était naturel chez elle : Être tendre avec les animaux, être tendre avec ceux qui le meritaient, être impitoyable et dure avec les autres. Être commandeur, être un trigeda, c’était un peu ça, trouver l’équilibre entre les moments où l’on pouvait être d’une douceur exemplaire, et les moments où il ne fallait pas laisser une once de pitié s’insérer en vous. C’était ce qui était arrivé avec Gustus. Elle perdit son sourire quelques secondes, et caressa la crinière de son destrier, quand Clarke brisa le silence à nouveau.  «  Tu m’as dit ce qui arrivait à ton esprit, une fois morte. »   Elle fronça les sourcils, et tourna la tête vers Clarke, se saisissant de la main qui frôla la sienne.  «  Sha. »  C’était sorti naturellement. C’était peut être un sujet que Clarke n’appréciait pas de traiter, mais ça existait. Lexa mourrait, et son esprit irait dans le corps de quelqu’un d’autre, qui se souviendrait de tout ce qu’elle était, de tout ce qu’elle avait fait et ressentit. Elle laissa le silence, attendant la suite d’une question qui vint subitement.  «  Qu’arrive t’il aux autres ? »  Ce fut l’espace d’une seconde, une hésitation dans les yeux de Lexa, qui fixa la crinière sous leurs mains.  «  Certains croient en la résurrection de l’âme. D’autres pensent qu’il n’y’a rien. »  Ce fut quelques instants encore.  «  Pour nous trikru. Les morts restent morts une fois morts. »  Il y’eut la lueur de l’hésitation pour Lexa.  «  Quelles sont vos croyances à ce propos? »

Parfois Clarke avait du mal à réaliser que la femme qui se trouvait à ses côtés était la même que celle qui commandait d’une main impitoyable les douze clans. Bien entendu, cela ne dura jamais longtemps. Non, c’était furtif, la saisissant quand elle s’y attendait le moins, quand une offre se faisait de la part de Lexa, qu’il n’y avait que la compréhension et l’acceptation. Et c’était bel et bien Lexa qui ne poussa pas quand Clarke exprima sa faible réticence à pratiquer la chasse. Alors, Clarke serra faiblement sa main gauche, laissant la douleur s’éveiller, la force à rester sur place. Sinon, elle aurait pris la Fille Sage entre ses bras et ne l’aurait lâché que quand la fin du monde serait arrivée. « Peut-être même pourrais-je t’offrir une peau d’ours. » La plaisanterie fut la bienvenue, fut efficace, alors qu’elle gagna un rire chez Clarke, qui secoua la tête, la tension s’envolant. « Il est vrai que celle sur ton lit est des plus confortable. » Et cette peau d’ours, elle avait été témoin de nombreuses choses. Même si l’idée que Lexa se batte contre un ours restait affolante, il y avait des craintes qu’elle ne pouvait formuler, Clarke. Elle avait choisi d’aimer une guerrière, une chasseuse, elle accepterait tout ce qui venait avec.

Et les propos se perdirent sur d’autres, sur des morts, qui ne reviendraient plus, tandis que son regard ne lâchait pas leurs mains entrelacées. Clarke serra un peu plus les doigts, faisant taire la frustration d’avoir son bras gauche toujours immobilisé contre elle. Il y avait des colères qui ne menaient à rien, futiles, stériles. Et toute son attention était dédiée au sujet qu’elle entretenait avec Lexa. « Pour nous trikru. Les morts restent morts une fois morts. » Elle hocha la tête, un peu, faiblement. Ca faisait tellement plus de sens que la réincarnation à ses yeux. Mais Clarke n’avait jamais été très poussé sur la religion, ou la spiritualité. D'une certaine manière, le genre humain avait arrêté de croire en un Dieu quand le monde avait été détruit. Mais la croyance était restée. Le besoin de croire, surtout. En quelque chose d’autres. Et elle comprenait, oui, sans mal que la mort reste la mort. Surtout ici-bas. « Quelles sont vos croyances à ce propos? » Il y eut un maigre pincement de ses lèvres, sa moue sur le visage, alors qu’elle levait les yeux sur Lexa, retrouvant l’argent, qui pour elle avait toute la valeur de l’or. « Nous croyons à l’après-vie. » C’était la meilleure façon de l’expliquer. Et au fur et à mesure que l’explication se construisait dans sa tête, il y eut un mince sourire sur ses lèvres, un peu sardonique, un peu désillusionné. « Avant, les gens croyaient au Paradis, au Ciel. Ironiquement, nous, nous pensions à la Terre. » Finalement, Clarke n’aurait pas eu besoin de mourir pour le découvrir.

Son doigt caressa la paume de Lexa, et elle tourna son regard vers le Ciel, bleu et nuageux, sur un point qui aurait contenu l’Arche, si elle avait toujours été dans l’espace. « Je n’y crois pas vraiment. » Son sourire se fit amer, un peu, avant qu’il ne disparaisse de ses lèvres. Il y avait cette considération fragile dans le fond de son regard. « Je suis un peu comme le trikru sur ce point. Les morts restent mors. » Et il n’y avait que l’absence terrible qui pesait sur l’âme. Et maintenant, plus que jamais, elle acceptait les paroles du trigeda. Que les morts n’étaient plus, et que les vivants étaient affamés. Clarke, assurément, quand il était question de Lexa, était affamée.

Il y’avait eu un rire à l’évocation de la peau d’ours, et Lexa n’en était que plus enchantée. C’était dans ces moments la qu’elle ne se sentait pas Heda, et elle devait reconnaitre que depuis qu’elles étaient sorties des limites de l’avant poste, seules, sur leurs montures, elle ne se sentait lus vraiment Heda, mais juste Lexa. Comme bien des années auparavant, comme lorsqu’elle avait été la jeune femme fière ramenant une réelle peau d’ours. Cette partie de chasse, elle en avait parlé à Clarke, resterait toujours et encore dans sa mémoire, comme un souvenir cheri. Peut être qu’un jour, elle aurait l’occasion d’affronter à nouveau l’un de ces terribles bestiaux, pour offrir à la femme à ses cotés une peau en conséquence de son rang dans son coeur. C’était presque un peu trop sentimental, mais c’était Lexa, quand elle était seule avec Clarke. Et c’était quelque chose qui ne changeait pas.  «  Il est vrai que celle sur ton lit est des plus confortable. »  Le sourire ne disparu pas, et elle arqua un sourcil entendu.  «  Et encore, tu n’as pas pu tester mon lit à Polis. »  C’était une provocation oui. Une proposition aussi.

Mais la légèreté ne dura pas. Elle ne durait jamais. Clarke avait parlé des morts, et Lexa ne faisait qu’assener la vérité oui. Les morts restaient des morts. Et le commandeur avait ça de spécial qu’il revenait toujours, transmettant son esprit. Telles étaient les valeurs du trikru, et de l’ensemble des trigeda. Même si certains clans croyaient encore en une palingénésie, et si elle même elle aurait pu être amenée à participer à de telles croyances. L’esprit du commandeur. Les esprit des gens. Toutes les âmes devaient se renouveler et se recycler à un moment ou a un autre, elle le savait bien. Enfin, elle supposait que chacun pouvait avoir son avis sur la question. Elle, elle était arrivée dans un monde où on l’avait prétendu élue a cause de son sang noir, et quand elle avait passé le conclave, elle avait reçu l’esprit du commandeur. C’était ainsi. Les choses ne changeraient plus maintenant. Son âme était mêlée à celle plus ancienne, et se renouvellerait dans un cycle sans fin. Les autres peut être, avaient le droit au repos éternel.   Les mains se serrèrent un peu plus. les regards se chercherent. Elle aurait aimée penser, Lexa, qu’il y’avait un cycle sans fin peut être, qu’un jour dans une autre vie elle serait amenée à retrouver Anya, a retrouver Gustus, et toutes ces personnes qu’elle avait perdue. Elle n’était pas sure. Ce n’étaient pas les croyances du trikru. Ils ne croyaient plus en grand chose à vrai dire. Si ce n’était en elle.

 «  Nous croyons à l’aprés-vie. »   Elle fronça les sourcils. La fille sauvage ne comprenait pas vraiment ce concept. Les morts restaient morts. Que leurs âmes perdurent était un fait qu’elle acceptait d’appréhender. Mais l’après vie alors n’était qu’un recommencement ? Pas une fin en soit.   «  Avant, les gens croyaient au Paradis, au Ciel. Ironiquement, nous, nous pensions à la Terre. »  il y’eut un moment de comprehension. La Terre n’avait rien d’un havre idyllique où passer des jours heureux. Si elle se rappelait des concepts qu’elle avait lu dans des vieux livres de religion, la Terre aurait été comparable à une espèce d’enfer. Un endroit où bons et méchants cohabitaient. Un peu comme dans ces vieux mythes grecs où les gens parfois attendaient dans des plaines d’être enfin jugés.  Elle hocha la tête, et fixa le ciel quelques instants, en même temps que Clarke, comme pour essayer de voir ce que la fille des étoiles voyait. Peut être y voyait elle un futur dont elle avait esperé, peut être y voyait elle le passé.  «  Je n’y crois pas vraiment. »  Elle remarqua la disparition du sourire, et lâcha la main pour glisser son bras autour des épaules de la blonde. «  Je suis un peu comme le trikru sur ce point. Les morts restent morts. »  Et elle comprenait, ce poids de l’absence. Ce poids que pouvaient peser les morts, quand on espérait les revoir. Et même si, comme elle le pensait plus tot, elle espérait, elle aurait aimé, avoir cet objectif, revoir ceux qu’elle avait perdu elle savait que ce n’était pas le cas. Elle posa quelques instants dans une tendresse bienvenue, sa tête sur l’épaule de Clarke, sans forcer.  «  Il faut s’occuper des vivants. »  C’était une fatalité. C’était une façon de vivre.

Le silence resta quelques instants.  «  Il y’a de vieux mythes tu sais. Selon les quels les âmes attendaient plusieurs cycles dans les limbes des après vie, pour revenir plus tard, pour revenir un jour. Les anciens humains y croyaient. »  Elle, elle ne savait pas vraiment. De toutes les manières elle respectait les croyances du trikru.  Point. Ca ne l’empêchait pas d’être cultivée sur le reste. Voila tout. Et de se poser des questions aussi.

La provocation de Lexa était tellement peu son genre, tellement son genre, que Clarke sourit, ravie, avant d’envoyer un clin d’œil prometteur, qui ressemblait à un « je n’y manquerais pas ». Qui en était définitivement un. Elles n’avaient pas encore parler de ce qu’ils adviendraient, une fois à Polis, mais il était déjà clair dans l’esprit de Clarke qu’elle continuerait de passer ses nuits en compagnie de son amante. Et si elle n’aurait plus l’excuse du sol inconfortable ou du froid de la nuit qui se faufilait dans sa tente, ça ne la dérangerait pas, de simplement être présente, là, en compagnie de sa niron. Elles n’étaient pas encore à l’étape d’officialiser ce qui existait entre elles, mais Clarke ne changerait pas ses habitudes. Capitale ou pas. Elle voulait passer sa vie avec Lexa. A défaut de l’avoir complètement, elle passerait ses nuits avec elle.

Soit, le sujet changea, se fit plus lourd, se para de ce même sérieux qui se devait être, quand il était question des morts, de ceux tombés d’une manière ou d’une autre, pour une cause ou une autre. Et Lexa, comme pour parer l’évocation de la faucheuse, se rapprocha de Clarke, son bras autour de ses épaules, sa proximité sur ses sens, sa sérénité sur sa méfiance. Alors la fille du Ciel se détendit un peu. Même si les morts étaient partis, elle restait indéniablement hantée par une succession d’entre eux et elle avait finalement accepté que, parfois, ses nuis ne seraient pas paisible. Ça lui allait et en toute honnêteté, elle dormait mieux maintenant qu’elle acceptait cette part de monstre qui sommeillait en elle. « Il faut s’occuper des vivants. » Clarke poussa un faible soupir, avant de poser sa joue sur le sommet du crâne de Lexa, fermant brièvement les yeux. « Kikon ste enti. » Elle ne l’oublierait jamais, Clarke et la phrase, jour après jour, faisait de plus en plus de sens. Les vivants avaient tout son intérêt, tous ses efforts. Avec ça en tête, elle ne pouvait pas vraiment espérer un semblant de paradis où des retrouvailles dans une autre vie. Celle-ci était la seule qu’elle aurait et elle voulait la pousser à son maximum, offrir le plus qu’elle pouvait à son peuple.

Ça ne changeait pas, ça resterait. Ils étaient son but, son leitmotiv, son devoir. Lexa aurait été la raison, la parfaite raison. Mais elles ne vivaient pas dans un monde parfait et autant cette pensée la déchirait, autant elle était fondatrice pour Clarke. Et elle savait que pour Lexa, il en était de même. « Pour revenir plus tard, pour revenir un jour. Les anciens humains y croyaient. » Elle rouvrit les yeux, Clarke, se détachant un peu, à peine, de Lexa. Elle rechercha son regard, ce gris pour lequel elle aurait tout donné, ce gris pour lequel elle ne pouvait rien donner. « J’espère pour eux qu’ils avaient raison. » Elle se rapprocha, Clarke, cherchant le visage de Lexa, frottant son nez contre cette peau qui était juste là. « Je ne suis pas prête à me consacrer à ma mort tout de suite. » Et c’était un changement, alors qu’elle déposait sa tête contre la tempe de la brune, profitant, simplement, de la présence. Avant, Clarke aurait sacrifié sa vie pour les Cent. Elle n'aurait pas eu peur de sa mort. C'était avant. « J’aime le présent, tel qu’il est, juste là. » Oh oui, elle aimait, Clarke. Cette compagnie, cette femme, tandis que ses doigts s’aventuraient sur la hanche, attirant plus, si c’était possible, Lexa, l’embrassant, là, juste là.

Le sujet était lourd peut être, mais ce n’était pas non plus un sujet que Lexa fuirait. Elle ne fuyait rien. Parfois, certes, il y’avait ce besoin de ne pas répondre, quand les questions touchaient au passé, quand il s’agissait de Costia, mais elle ne cachait rien Lexa, pas quand ce n’était pas nécessaire pour le peuple ou la guerre. Elle ne fuyait pas. Que ce soit une guerre ou une conversation. C’était juste un sujet délicat peut être. Parler de l’après vie. Parler de ce qui était, de ce qui serait, de ce qui peut être parfois pouvait amener des vivants à espérer. C’était ça avant n’est ce pas ? Certains pensaient que si ils vivaient bien ils seraient mieux traités après. Elle avait lu sur ça. C’était quelque chose de surprenant, un peu étrange, ou peut être qu’il y’avait quelques fondements. Ca n’était pas tout a fait le sujet.

 «  Kikon ste enti. »   Les vivants sont affamés. C’était un mot d’ordre chez eux. Et elle avait cette lueur de fierté dans le regard à l’idée que Clarke s’en souvienne, que ce soit une leçon qu’elle avait tiré de leur manière de faire. Les vivants restaient en vie parce que l’on s’occupait d’eux, et pleurer trop longtemps sur des morts ne menait à rien d’autre qu’oublier que les vivants étaient plus importants. Ils étaient affamés. C’était une façon de parler, quelque chose pour dire que l’attention devait leur être accordée. Le commandant hocha la tête. Son attention à elle aussi était toute offerte aux vivants. C’était pour eux qu’elle se battait, c’était pour eux qu’elle n’avait pas rayé les Azgeda de la carte après ce qu’ils avaient fait, c’était pour les vivants qu’elle faisait tous les sacrifices du monde.

Et même si elle parlait de cette vision du monde qu’avaient les anciens, elle savait que ça n’avait finalement que peu d’importance. Ce qui était mort restait mort. Ce qui était vivant était le coeur du problème. Les regards se croiserent. Un mouvement les rapprocha encore - et tous les mouvements semblaient les rapprocher quand ils ne les éloignaient pas. Ceux qui les éloignaient lui arrachaient le coeur, même quand elle les savait necessaire, elle ne voulait pas y penser.  Sa main glissa, dans les cheveux, rassurante, aimante. «  Je ne suis pas prête à me consacrer à ma mort tout de suite. »  Et c’était compréhensible pour Lexa. Elle ne pouvait pas en dire autant, le commandeur mourrait c’était quelque chose qui se ferait, et quand elle mourrait et bien… elle mourrait. La mort, elle l’affrontait la tête haute. Même si, au fond, il y’avait cette envie égoïste, de ne pas mourir tout de suite, elle non plus.  «  J’aime le présent, tel qu’il est, juste la. »   Et elle aimait aussi. Ca devait se lire peut être dans ses yeux, dans la manière dont elle répondait aux mouvements de Clarke, se laissant entrainer dans un baiser, glissant ses mains sur son corps.  «  Je l’apprécie aussi. »  Mais il était égoïste pour elle de vouloir qu’il dure toujours. Cependant, pour une fois, elle gardait son pragmatisme silencieux, préférant gouter sur les lèvres de Clarke ce présent addictif dont elle ne voudrait jamais se séparer.  Erèbe bougea, faisant presque perdre son équilibre à Lexa, qui se rattrapa à sa compagne pour ne pas tomber, adoptant pour le temps venu, une moue presque boudeuse. Pour un peu, elle aurait manqué de tomber, et le sérieux du moment serait tombé en miette. Ou peut être… Peut être était-ce quand même le cas ?