Would you mind ? - Ft. Cinzel.

Je ne savais moi-même pas d'où venait mon prénom. Ma mère ne me l'avait jamais dit, enfin, elle m'avait seulement avoué que Cinzel elle trouvait ça joli, lumineux, et plein d'espoir. Moi, j'avais pas vu ça comme ça. Je pensais que c'était un mensonge, comme chaque mot sortant de ses lèvres, comme chaque mot sortant des miennes. Comme une vipère je sifflais sur les gens, sans qu'ils ne puissent comprendre réellement mes propos. Wolfgang, lui, semble vouloir en savoir plus. C'est quelque chose qui me déstabilise un peu, j'ai du mal à comprendre pourquoi. Je n'ai pas cette vision des choses. Je n'ai pas été éduquée pour m'intéresser aux autres. Je me mords la lèvre, je baisse les yeux, c'est gênant. Tout ça, c'est du au fait que j'ai un comportement dérangé. Je soupire. Je n'étais pas du genre à frapper, je ne frappais pas, d'ailleurs, d'habitude. Je voulais simplement lui faire comprendre qu'il n'avait aucun droit ici. C'était stupide de ma part. Mais il fallait que je me pardonne, et peut-être le faisais-je déjà quand je le vis sourire un peu. Une émotion qui me manquait terriblement. « Encore désolée. » m'excusais-je avant que mes yeux ne se posent sur sa main tendue vers moi. Me ramener chez moi était une mauvaise idée. Je devrais retourner en salle de toute façon pour aider au ménage dans les cuisines, mais je ne pouvais pas refuser son aide. Je prenais sa main après une hésitation, me sentant déjà mieux, même si ce contact m'électrisa un instant, bloquant mon fil de pensées. Je me lève, parce que cette position est drôlement inconfortable pour mes genoux, et je décide de croiser rapidement son regard, avant de m'exprimer. « Non, accompagnes-moi à l'infirmerie. Ma chef va vérifier que j'y suis bien allée. On expliquera que j'ai fait un peu de résistance, ce qui n'était pas totalement faux. » Mes doutes, mes larmes, ma souffrance se sont envolés comme des milliers d'oiseaux dans le ciel. Je montre l'escalier au bout du couloir, caché derrière une porte. J'ai fini par lâcher sa main, ne voulant plus ressentir cette étrange sensation sur la peau de ma main. « C'est au niveau 3. » Ici, juste les cuisines, quelques résidences et un hall où on se rassemblait parfois. Je me mis en route, lui tournant le dos, juste pour ne pas qu'il puisse apercevoir quelconque émotion sur mon visage. Je ne marche pas trop vite cependant, pour ne pas le semer, j'ai eu assez de problèmes comme ça. J'oublie la peine qui a pu me traverser il y a quelques minutes de ça, et je deviens une autre personne. C'est alors qu'un mot m'interpelle dans sa phrase, et la machine guidant mes pieds leur ordonne de s'arrêter. Je me tourne lentement vers lui, fronçant les sourcils. J'ai cru mal comprendre. Si j'ai bien entendu ça, je suis dans la merde. « Tes hommes ? » S'il était à la tête d'un groupe d'hommes, alors je comprenais pourquoi mon comportement avait tant fait parlé dans la salle. On ne frappe pas les unités supérieures, ni même les gens en général. On n'accepte pas leur aide comme si de rien était, on ne se confie pas à eux même s'ils sont aussi silencieux qu'une tombe en ce qui concerne les secrets. Mais c'est trop tard. Je suis peut-être encore assurée de vivre quelques années supplémentaires, après tout.

Lui aussi, semble complètement changer. Comme si mes révélations avaient un effet sur nous deux. Il était beaucoup plus bavard que dans la cuisine, semblait même destiné à m'aider. Tout ça, je ne l'aurais pas cru possible. Alors je décide de le guider, mon cerveau me renvoyant plutôt une image du passé. Ces mêmes couloirs, je les avais parcourus avec l'ennemi, pour le guider à un lieu où il pouvait nous faire du mal. J'avais honte, quand j'y repensais. Alors, plutôt que d'invoquer de vieux démons, je décidais de les fuir, de revenir au présent. Sans attendre, nos pas résonnèrent dans l'escalier jusqu'au niveau trois, puis le silence se fit roi, quelques instants, avant que je ne le brise, comme toujours. Une habitude qui me valait quelques reproches, parfois, mais je préférais l'ignorer, continuer sur mon chemin. Là, mon chemin était bloqué par un obstacle bien plus grand que je ne l'avais jamais imaginé. La vérité. Je n'y étais pas vraiment exposée, bien au contraire j'avais parfois du mal à la reconnaître. Wolfgang aussi s'était arrêté pour ne pas entrer en collision avec moi. Son pied claquant sur le sol me fit sursauter et une grimace traversa mon visage quand je le vis faire un salut militaire en se présentant en tant que lieutenant. Je le regardais de la tête aux pieds avant de rire. Ça ne pouvait pas être vrai. Un lieutenant ne se laissait pas faire par une gamine comme moi. La première idée saugrenue qui me traversa l'esprit est qu'il avait succombé à mes atouts de femme, ce que je ne voulais pas. J'espérais donc que ce ne soit pas ça, tout en lui répondant. « N'essaie pas de me rouler dans la farine. » Je n'avais pas envie de croire qu'il avait un poste aussi élevé ici. Déjà parce qu'il était jeune, aussi beau que tous les agents chargés de notre sécurité, et ce dans tous les clans. Je soupirais et balayais la question d'un revers de la main avant de me remettre en route. La porte des laboratoires médicaux étaient bien là, mais je ne parvenais pas à pousser la porte. Je me tournais pour la énième fois vers mon compagnon de voyage pour la journée, jouant avec une mèche de mes cheveux blonds. Je hausse les épaules et baisse les yeux avant de demander autre chose. « Tu vas leur dire quoi à l'infirmerie ? Ils me croient tous déjà folle, même si c'est peut être un peu le cas, je suis encore consciente de mes gestes. » Je ravalé ma saliver, ce n'était pas la vérité. Quelques fois, je perdais le fil, quand je faisais des crises. Je devais reconnaître que j'avais dépasse les bornes. En me rebellent, je risquais gros. Je m'approchais encore de lui, pour mieux voir son visage, pour parler moins bas. « Est-ce que tu reviendras ici, dans la montagne ? J'aimerais me racheter. » Cette idée m'était insupportable mais il fallait que j'évite la pire des punitions alors je faisais comme je pouvais. Et puis, si cela pouvait m'aider à gagner un allié parmi les hauts rangs de l'arche, pourquoi pas.