Galaxie lointaine - Cinzel

Naître dans un trou pourri, ce n'est pas donné à tout le monde. En fait, naître, c'est de base une idée complètement naze. Comment nos parents ont-ils pu faire des gosses alors qu'ils savaient très bien que ce monde n'allait pas vouloir d'eux ? Les guerres, elles ne sont jamais terminées, ou quand on pense que c'est le cas, elles recommencent, encore et encore.

Ma mère, cette traîtresse, n'aurait pas du exister. Maintenant, elle n'existe plus, grâce à moi, et tout le monde se porte mieux. Née au Mont Weather, elle a toujours vécu enfermée ici, elle a toujours trouvé le moyen de s'en sortir grâce à des mensonges. Je parle d'elle, parce que sans elle, je n'aurais pas existé moi non plus. Elle a toujours été mon seul lien familial ici, le seul repère que je pouvais me permettre d'avoir. Des amis ? J'en ai très peu, mais je n'en avais pas quand elle était encore en vie. Elle faisait fuir tous les gosses qui voulaient jouer avec moi, pour que je travaille encore et que je m'habitue à ce rythme. Elle n'a pas osé à me formater pour être une parfaite Mountain Woman, et je lui en veux pour ça. Je n'ai pas eu le choix de ma destinée, contrairement à elle. Dès que j'étais petite, elle me foutait dans le crâne que la cuisine, c'était le seul lieu où je serais en sécurité plus tard, parce que selon elle, ceux qui y sont, ont le contrôle sur la nourriture, et savent comment survivre, vraiment. Ils sont utiles à la communauté. J'ai suivi ce chemin alors que tout faisait que je n'aurais pas du être là. Finalement, j'aime ce travail, parce que quand je sens cette lame entre mes doigts, je me sens forte, et je coupe les aliments comme j'aurais voulu la découper elle. Le sang, ça ne m'effraie pas. C'est la seule chose qui rappelle que tout ça est la réalité, et qu'elle n'est plus là du tout. Le sang qui coule dans mes veines aussi a été transfiguré. Ma mère a pris des précautions, qui me valent quelques critiques aujourd'hui si je laisse échapper l'information. Elle s'est ruinée jusqu'à ne plus avoir un sou pour manger, pour qu'on puisse me transfuser du sang de Grounder régulièrement, parce que pour elle, une catastrophe était vite arrivée, et qu'elle ne voulait pas me voir mourir. En fait, elle pensait seulement, comme tous les autres, que la reproduction était le seul moyen de nous sauver. Foutaises. Ma mère était une menteuse, et elle a mérité ce qui lui est arrivé.

« Je te trouve si peu bavarde, c'est dommage ! » Ma voix monte dans les aigus, je rigole, puis j'avance, lentement vers elle. Cette blondasse, elle me regarde avec des yeux effarés, elle pleure, même, comme une gosse. Elle se recroqueville sur elle-même en me regardant avec pitié. Elle a honte de moi, je le vois dans ses yeux. « Ma puce, as-tu perdu la tête ? Tu sais, on peut parler si jamais tu en as env-... » Je ris, lui coupant sec la parole. Je m'en fous d'avoir l'air d'une folle, c'est juste ma haine, ma souffrance qui refait surface. Moi aussi j'ai envie de pleurer, mais je suis digne, je reste debout et je la regarde, main tendue vers elle. Cette lame de cuisine brille sous les spots lumineux. Un couteau à viande, très peu utilisé, mais bien plus efficace dans cette situation qu'un simple couteau à légumes. Je me redresse un peu plus, et je pointe du menton la porte derrière nous. Si elle dit vrai, je ne craindrais rien, sinon, je mourrais. « Alors comme ça, je resterais dans le déni toute ma vie ? Pourquoi est-ce si dur de cracher un nom ? Tu devrais te souvenir du dernier mec qui t'es passé dessus, vu le peu que tu séduis, avec cette silhouette. » Je jette un coup d'oeil derrière moi, anxieuse que quelqu'un arrive à ce moment-là, on serait capable de m'enfermer ou de m'envoyer dehors, si on me voyait agresser ma mère. D'ailleurs, elle ne répond pas, alors je la regarde avec plus d'insistance. « C'est ça, toujours aussi lâche, aussi inutile. Qui es mon père bon sang ? Et tu ne veux pas non plus me dire de qui vient cette moelle ? » Je pousse un soupir et je m'avance vers la porte. Elle se met à crier et se jette à mes pieds alors que mes mains s'arrêtent sur le système de sécurité. Ce ne doit pas être si compliqué que ça à ouvrir. « C'est pour ton bien, comme ça, personne ne t'en voudra. » Je ne peux plus supporter tout ça. Une larme de colère roule sur ma joue, et je l'écrase avant de venir pointer ma lame sur la poitrine de ma mère. Je lui fais signe de se relever, avant de désigner la porte. Je n'ai plus aucune pitié dans le regard. « Je ne veux plus te voir. Sors tout de suite ou je te tue moi-même, et crois-moi que j'y prendrais plaisir. » Elle s'active pour ouvrir la porte. C'est la seule qui fait honte à notre peuple. Le système de sécurité s'enclenche alors qu'elle recule d'un pas. La porte s'ouvre enfin. La lumière m'éblouit, mais je ne ferme pas les yeux, bien au contraire, je les garde bien ouverts. Je la pousse à l'extérieur, et la regarder subir les effets de la radiation. Un sourire étire mes lèvres alors qu'elle lâche son dernier souffle et qu'elle s'écroule sur le sol. Un frisson me parcoure, et je jette ma lame le plus loin possible dans l'herbe. L'alarme retentit derrière moi, les gardes ne tarderont pas à arriver. Je force toutes les larmes que je retenais jusque là à se montrer, pour pleurer. On s'active autour de moi, je garde la mine sale et déprimée, et je montre du doigt ma mère en hurlant comme une perdue. « J'ai voulu la retenir mais elle n'a pas voulu m'écouter ! Elle s'est jetée dehors sans même réfléchir, faites quelque chose ! »

Comme ma mère, j'ai utilisé le mensonge pour m'en sortir. On m'a tout de suite pris en charge, en croyant que j'étais en profonde dépression. J'ai fait passé le meurtre de ma mère pour un suicide, et tant mieux. Je ne voulais pas d'une femme comme elle pour mère. Je voulais juste être moi, et connaître mon père. Elle est morte seulement parce que c'était une lâche.

« Dehors, c'est juste pas pour toi. » Je soupire, je croise les bras sur ma poitrine et arbore une jolie moue de mécontentement. Je ne lâche pas du regard la vipère qui ne veut pas m'expliquer ni même m'emmener dehors. C'est vrai qu'elle ne sait pas que j'ai de la moelle en moi, mais quand même ! J'aurais voulu être là-bas, savoir ce qui s'y cache. Quand ma mère s'était suicidée, j'en avais eu un aperçu. Un peu d'air frais, de la verdure, et beaucoup de lumière. Tout le contraire de ce que nous avions à l'intérieur, et depuis, je mourrais d'envie d'y aller. « Même pas quelques petites secondes ? » j'insiste, mais la bataille est perdu d'avance. Le sourire qui était sur mon visage pour l'occasion venait de disparaître. Une colère noire monte moi, mais mon interlocutrice semblait complètement imperturbable. « Ta place est en cuisine, ne désobéis pas. » Si j'avais eu une arme dans la main, j'aurais tenté de me battre pour lui prouver que je pouvais voir ce qu'il y avait dehors, mais le sort était contre moi, et même si je ne l'avouais pas à voix haute, je savais qu'elle avait complètement raison. Je retournais sur mes pas, car là-bas, mon peuple m'attendait et même si je ne faisais pas confiance à tout le monde, je devais les nourrir, les engraisser pour mieux gagner leur confiance. Les cuisiniers sont précieux, ils sont là pour que l'on puisse continuer à vivre. C'est le rôle parfait pour manipuler les gens.
« Petite comète ? » Je tire une grimace et me fige sur mon chemin. Un abruti s'est placé là, et semble bien décidé à être con encore longtemps. « Moi, je peux t'emmener dehors. » Je me mets à rire de manière incontrôlable, et quand je me calme, je peux voir un visage désemparé me faire face. « Pourquoi je te ferais confiance ? Quoi de mieux que d'emmener quelqu'un dehors pour le tuer calmement ensuite ! » Il baisse les yeux. Évidemment, je ne passe pas inaperçu, depuis que ma mère n'est plus de ce monde. La nouvelle avait forcément fait le tour, comme chaque fois que quelque chose d'immense se passe. En revanche, il y a quelque chose dans ses yeux qui me dit qu'il ne croit pas un mot de cette histoire, et ce que je viens de dire lui confirme les choses. Je lui donne un léger coup dans l'épaule histoire de le remettre en place et je m'approche pour susurrer à son oreille. « Je ne te ferais jamais confiance. Je te tuerais avant que tu ne me tues, le jour où tu voudras bien avoir le courage d'essayer. » Je le pousse, et je retourne à mes cuisines. Je ne suis pas une adolescente complètement stupide non plus. Je n'irais jamais dehors avec quelqu'un que je ne connais pas plus que ça, que ce soit les ordres ou non. Un jour, j'irais, parce que je suis sûre d'y rencontrer des personnes qui pourront m'aider à retrouver mon père. Je suis sûre qu'il est dehors, c'est obligé, sinon, je l'aurais trouvé depuis bien longtemps. Papa, accroches-toi, j'arrive.

« On doit les nourrir, même s'ils ne sont pas de chez nous. Surtout, vous gardez votre calme, et vous ne laissez rien paraître. Travaillez, c'est le meilleur moyen de s'en sortir. »
Des gens venaient de l'extérieur. Ils étaient là, chez nous, et on devait s'occuper d'eux comme d'invités. Bien sûr, on ne les attendait pas, nous on était là, on vivait notre vie, et eux ils venaient de là-haut, alors que nous, on venait d'en bas. Combien de fois j'ai rêvé d'empoisonner les plats pour les faire dégager ! Mais non, les ordres restent les ordres, et je tenais à ma vie. Tant que je n'aurais pas un moyen de survivre sans mon peuple, je leur resterais fidèle. Mais dans ma tête, je continue à croire que mon père m'attend, dehors, quelque part. Ou si ça se trouve, il ne sait même pas que j'existe, et alors, je le lui prouverais, que moi, je suis là. Ces inconnus, je pourrais éventuellement me lier avec eux, trouver un moyen de fuir. Je leur livrerais des secrets de cuisine si besoin, je serais même capable de leur dire quel aliment est comestible, si jamais dehors, il y en a encore. Parce que même si je les remercie de nous prêter un peu de leur sang, ils doivent vivre un calvaire qui n'est même pas mérité. Ma mère a bien fait de me mettre de côté un peu d'argent, parce qu'à mon âge, je n'aurais jamais pu m'en sortir sans cette moelle osseuse, implantée dans mon corps, par un inconnu.
Mais voilà, cette arrivée était une catastrophe. Je les ai nourris, je n'ai jamais pu discuter vraiment avec eux. Tout ce que je disais, c'était « Bonjour, je vous sers un peu de gâteau ? » alors je leur livrais, comme si j'étais leur amie, et eux, ils partaient, mangeaient, usaient notre eau. Et ce Cage, quand il a pris le pouvoir, j'ai cru que c'était une grosse blague. Notre peuple n'avait jamais été aussi terrifiée. Même moi, qui a pourtant bien du caractère, j'ai eu terriblement peur. J'ai décidé de résister, comme ce groupe de gens qui en a eu le courage. Je n'ai pas eu peur de montrer les crocs, même si ça voulait dire que je devrais peut-être faire une croix sur l'alliance avec l'ennemi pour trouver mon géniteur, s'il est encore vivant. Et puis, il y a eu cette guérilla. C'est arrivé comme ça, d'un coup, quand on ne s'y attendait pas. Les alliances ont explosé, nous, les pauvres Moutain Men qui n'avaient demandé qu'à vivre encore, on venait d'être pris en sandwich par les Grounders et les Sky people. Je les déteste, mais en même temps, je les aime bien. Pour moi, ils sont toujours et encore un moyen de parvenir à mes fins. Alors oui, pendant qu'ils ont débarqué, j'ai joué à la gentille poupée en suivant leurs idées, encore aujourd'hui je les laisse nous épier, alors qu'au fond, j'ai juste envie de les massacrer pour ce qu'ils nous ont fait subir. Par chance, j'ai été assez maligne pour leur faire croire que j'étais dans leur camp, que je les aiderais si besoin à détruire mon propre peuple. Tout ça, c'était surtout pour m'en sortir et ne pas mourir. Un jour, je trouverais quelqu'un à qui vraiment faire confiance, pour arpenter le monde extérieur, car même si j'ai eu le droit d'y aller, je ne l'ai jamais fait. J'ai tout juste compris que seule, je n'y arriverais pas.

WHAT ELSE ? Je me présente, je suis Charlotte, plus souvent connue sous les pseudonymes de Toxic ou Chataigna. Majeure depuis deux ans, membre des sectes des rpg depuis six ans au moins, j'aime l'originalité et je déteste m'ennuyer. Je rp quasiment tous les jours si j'en ai le temps et la motivation    Je suis arrivée suite à une publicité sur Facebook. J'aime bien le design, même si mes yeux ont du mal à s'acclimater au texte blanc sur fond noir   Le code du règlement est "Bellamy aime faire des tartes aux pommes" Je vous aime déjà