C’était fou. Comment est ce qu’elle était passée de la motivation qu’elle avait ressenti quelques heures plus tot, à marcher vers la mort, à cette humeur plaisante qu’elle avait la sur le moment, lâchant quelques futilités, et quelques taquineries à la jolie blonde qui une fois de plus l’avait empêché de mourir ? Elle ne comprenait pas. Dans toute son intelligence, elle ne comprenait pas, comment l’humanité pouvait s’emparer d’elle à ce point. « Ça va te sembler étrange, mais j’espère aussi. Ça m’ennuierait qu’on finisse par me défigurer. Malgré tout, je l’aime quand même ma tête. » Elle ressemblait pas vraiment à sa mère, ou a son père, a part pour les yeux, et du coup, forcement.. Enfin, ce n’était pas le sujet. Elle appréciait sa tête, malgré tout. « Et puis, j’aurais peur un peu, que ça fasse partir des neurones, ou que mon intelligence se barre. » Et ça serait ballot, elle l’aimait bien son intelligence aussi. Encore plus que sa tête. Et franchement il fallait bien qu’elle ait des points positifs non ? En tout cas, maintenant elle avait une sacré bosse à l’arriere du crane, et… Ah non. Ca lui convenait pas ça. « Nan. J’pourrais pas être la dernière. Ça voudrait dire vivre encore pas mal d’années. A moins qu’tu ne veuille changer de métier. T’as envie de devenir garde ? » Et elle réagissait comme ça, parce qu’elle ne voulait pas imaginer Lily mourir en fait. Que ce soit pendant la chute de l’arche ou avant. Elle faisait partie de ces putains de personne, qui briseraient le cœur de Luka en partant. Et elles étaient… Elles étaient deux. C’était déjà trop.

Enfin, elle voulait pas vraiment penser à ça du coup. Et forcement, elle avait son humour à la con, et ses réflexions qui l’auraient fait passer pour une meuf un peu naze, pas très intelligente, ou juste pas très douée dans les rapports humains. Juste une plaisanterie en fait. Parce qu’elle préférait parfois juste être légère. La blonde l’était aussi du coup, et Luka sut qu’elle avait réussi son coup, parce qu’elle n’avait plus vraiment l’air de penser trop à l’Arche et aux mauvaises décisions, ou de regretter ce qu’elle avait fait. Parce qu’elle se doutait que c’était dur, d’avoir enfreint la loi, même pour ce qu’elle devait juger être une bonne cause. Alors, la professeur sourit et arqua les sourcils. « Si j’avais su que c’était tout ce que j’avais à faire pour avoir un câlin, peut être que je t’aurais laissé m’assommer plus tot. » Et clairement, la Luka de 15 ans, avec ses crushs à la con, aurait bien voulu. Mais elle n’était plus la même maintenant. « Viens la. » Elle n’avait pas vraiment l’habitude de la tendresse, et des câlins Luka. Mais elle tendit les bras à la blonde pour la serrer contre elle. Parce qu’au fond, elle ne savait pas la quelle des deux en avait le plus besoin. « Je crois que je t’en veux pas. Je voulais que tu le sache. Enfin, je ne sais pas. Je suppose que j’aurais toujours cette envie de ne plus exister. Mais je peux pas t’en vouloir. » Autant clarifier les choses. Elle en voulait au destin qui l’empechait de crever. Elle en voulait aux circonstances. Mais elle en voulait pas à la femme qui égoïstement avait voulu qu’elle vive.

C’est vrai que ça devait être chiant garde. Elle en connaissait, et ils n’avaient pas spécialement la vie facile. Mais ouais, c’était comme ça. « Entre toi et moi. Je te préfère médecin. » Parce que soyons honnête, elle aurait peut être tapé beaucoup plus fort si elle avait été garde, et Luka aimait trop sa tête, elle avait déjà statué la dessus. Puis, bon. Elle était médecin, c’était ce qu’elle était, ça lui collait à la peau, un peu comme l’attitude suicidaire de Luka, et son statut de professeur. C’étaient des choses qui ne changeaient pas. Comme la foi de Lily dans le conseil aussi, et les plaisanteries, les sous entendus que la professeur pouvait lancer. Et vraiment c’était pas si mal au fond. Et en un sens Luka savait qu’elle serait prête à affronter bien pire qu’une matraque pour gagner une étreinte comme celle dans la quelle Lily venait de se refugier. Et c’était maladroit, parce que la professeur s’accrocha, et posa sa tête sur l’épaule, en serrant ses mains dans le dos de la blonde, et serra sans violence, mais sans envie de lâcher un peu peut être. Alors oui, elle la serrait contre elle, et elle se sentait mieux, comme si c’était vraiment magique. Peut être que ça l’était. Une réaction du corps et de l’esprit à un simple geste affectif. Ça marchait peut être bien ? Et elle comprenait pourquoi parfois quand les enfants pleuraient ils voulaient leurs parents. Et c’était triste de se dire qu’a trente ans presque, elle n’avait jamais vraiment trouvé du réconfort comme ça. Oh, elle avait eu des contacts physiques. Assurément. C’était une autre chose. C’était chargé de moins de choses. Ou plus. Ça dépendait des situations. Elle avait ouvert la voix de la sincérité en tout cas. Et c’était pas si dérangeant que ça. Pas pour elle. Même si la vérité pouvait blesser un peu. Elle sourit d’ailleurs, malgré elle, à la tendresse de la blonde, de ses actes et de ses mots, et elle ferma les yeux quelques instants pour éviter qu’ils n’en disent bien trop, se murant quelques instants dans le silence, tandis que ses mains se serraient dans le dos de la femme avec elle.

Quelques minutes peut être passèrent, où Luka se contenta de profiter de l’étreinte. Puis elle brisa le silence. « Je crois… » C’était douloureux peut être à sortir, à lâcher, et elle avait du mal à laisser s’échapper les mots. Mais ils devaient le faire. « Je crois, que tu as raison. Si tu dis qu’il y’a un moyen, je veux croire que le Conseil peut nous amener sur Terre. Et alors, je veux essayer de survivre jusque la. Que sont quelques mois de plus, quand ça fait plus d’une quinzaine d’années ? » Ce n’était pas tout a fait une reddition, mais pour Lily ça serait probablement une victoire. Et Luka, dans toute sa sagesse, ne put s’empêcher finalement de laisser s’échapper une réflexion de plus. « T’es peut être la seule personne qui ait réussi à me fait changer d’avis sur tout ça. Tu es sure d’être humaine ? » Et c’était dit, avec la naissance d’un sourire. Tandis qu’elle reposait sa tête contre l’épaule. Bien décidé à ne plus lâcher que quand ça serait nécessaire. « Si il n’y’avait que des gens comme toi dans le Conseil. J’aurais foi en votre autorité tu sais. » Mais il y’avait Kane, et puis son père, et d’autres stupides crétins.

Elle profiterait de cette étreinte aussi longtemps qu’elle le pouvait. C’était cette chaleur, cette tendresse qu’elle avait toujours souhaité et qu’on ne lui avait jamais offert. C’était cette affection, qu’elle avait toujours désiré.  Lily la lui offrait sans qu’elle n’ait eu besoin de la réclamer finalement. Et c’était bizarre. C’était plus que bizarre oui.  Mais voilà, dans la femme de trente ans, qui serrait son amie – parce que Lily était son amie n’est ce pas ? – il y’avait une gamine de quinze ans qui avait toujours revé de ça. C’était stupide. Mais la pensée la fit sourire, presque autant que l’étreinte en elle même. Au fond, peut être que c’était la, la solution pour ses maux. Une étreinte qui lui réchauffait le cœur, et une amie qui lui ôtait l’envie de se sacrifier. Parce que c’était bien ce que Lily venait de faire. L’empêcher de donner sa vie et de gâcher son avenir. Même si elle avait l’impression que sa vie, n’avait qu’une succession d’échecs de toute façon, en acceptant que Lily avait raison, elle réussissait quelque chose. Elle faisait sourire son amie en lui cédant la vérité sur son changement d’avis. C’était une réussite.  Elle souriait aussi alors. Et elle gardait ses bras autour de Lily encore.

Elle était sure d’une chose maintenant, si elle découvrait la terre, elle refusait de le faire seule. Lily serait à ses cotés, ou elle serait aux cotés de Lily. Parce qu’elle pouvait comprendre que la Blonde ait une appréhension quand au changement, alors qu’elle, elle les attendait. Des nouveautés. Et elle était sure aussi, qu’elle ne pourrait pas supporter maintenant, de perdre Lily. Et c’était horrible, de se dire qu’elle s’était attaché à quelqu’un comme ça. C’était trop douloureux après quand ça disparaissait. Les gens.

Et elle préférait revenir un peu sur le Conseil du coup. Avec un léger sarcasme qui n’avait rien de méchant. «  Je ne dis pas qu’ils le soient. »  Non ils n’étaient pas tous horribles, vraiment. Mais certains l’étaient plus que d’autres. «  Vraiment ? Tu crois en tous ces sacrifices toi ? »  Et elle ne voulait pas vraiment épiloguer la dessus, parce qu’elle savait que ce n’était pas un sujet si léger. Alors elle resserrait son étreinte elle aussi, comme si elle ne voulait pas la lâcher. Jamais peut être. Mais il allait peut être falloir que le moment touche à sa fin ? C’était une angoisse qu’elle avait Luka toujours, que les bons moments touchent trop à leur fin. Et paradoxalement c’était elle qui en causait la fin. «  Je te retiens peut être, pour quelque chose d’important ? »  Elle avait peut être des réunions du conseil, ou des cellules de crise ?

Elle fronça les sourcils Luka, parce que ça ne lui plaisait pas de savoir que Lily ne croyait plus en grand chose. Elle la préférait fougueuse, clamant que le Conseil avait raison. Elle la préférait pendant leurs débats, pendant qu’elles partageaient leurs avis différents. Elle n’aimait pas la voir abattu. Et sa main caressa quelques instants le dos qu’elle tenait, parce qu’elle pensait que c’était un geste rassurant. Que c’était comme ça qu’on faisait pour apaiser les gens. Et elle voulait apaiser Lily. C’était un fait. Et le silence fut un peu sa façon de s’excuser d’avoir remué le couteau dans la plaie.  Elle le brisa néanmoins. «  Je sais. »   Parce qu’elle n’était pas stupide au point de ne pas comprendre qu’il y’avait parfois des décisions à prendre et qu’elles ne faisaient pas du bien aux personnes qui devaient les prendre. Elle comprenait. Alors elle se jura intérieurement de tacher de ne pas juger le conseil aussi vite. Pas devant Lily du moins. Ce qui ne l’empecherait pas de continuer à poser ses questions pour essayer de la comprendre, de comprendre l’Arche et sa manière de fonctionner.

Mais il fallait une fin à chaque chose, et meme si ça brulait les lèvres de Luka, elle ne put s’empecher de lui demander si il fallait qu’elle parte. Parce qu’elle avait l’habitude d’être un poids. Ce qu’elle avait vécu pendant 15 ans de son enfance, c’était quelque chose qui ne s’oubliait pas. Une histoire de traumatismes peut être. Elle avait les épaules si lourdes. Et soudain, il y’eut un dysfonctionnement à l’intérieur de son esprit. Être avec toi est important aussi.  C’était une flèche en plein dans son être. C’était douloureux de bonheur peut être ? Parce que jamais personne ne l’avait jugé plus importante que des responsabilités. Elle figea. La fin de l’etreinte était déjà bien triste. Mais il y’avait tout ça, cette phrase, et son regard se figea sur la blonde en face d’elle, tandis que de l’humidité se mit à naitre au coin de ses yeux. Une fois n’est pas coutume, Luka n’avait aucune répartie, pas même humoristique. Une fois n’est pas coutume, Luka était silencieuse avec comme cette envie de pleurer qui la dévorait à l’interieur d’elle même. Elle se retenait. Sans comprendre pourquoi ça lui faisait autant d’effet peut être. C’était douloureux et chaleureux à la fois.   Et malgré la suite, et malgré la plaisanterie de Lily – parce que c’était une plaisanterie hein ? Elle ne craignait pas vraiment le traumatisme crânien n’est ce pas ? – elle ne savait plus vraiment quoi dire. «  Je… »  Et elle avait envie de pleurer et de se jeter dans les bras de la blonde pour ne plus jamais en partir. Mais elle était adulte, et les adultes ne réagissaient pas comme ça. Alors elle se reprit et tenta de sourire un peu, d’un sourire sincère mais difficile à sortir. «  Je suis assez contente que tu ne me jettes pas dehors alors. «    C’était… Presque léger non ? Elle essayait. On ne pouvait pas trop lui en vouloir parce qu’elle était assez perturbée sur le coup. Ca lui faisait bizarre.

Parfois un peu de tendresse et d’affection faisait encore plus de dégâts que le reste. Parfois, juste quelques mots dits avec conviction et émotion valaient mieux que des coups pour faire pleurer quelqu’un, pour rendre quelqu’un triste. Et ça avait marché avec Luka. Parce qu’elle était comme ça, parce que malgré ses grands airs, ses excès de confiance en elle, elle était juste une pauvre fille fragile et paumé qui avait grandi trop vite mais avait loupé des morceaux de croissance. Alors oui, ça la touchait de savoir qu’elle était importante pour quelqu’un. Elle aurait aimé l’entendre plus souvent, mais… Mais ce n’était pas quelque chose qui se demandait. Pas comme ça. Jamais. Et puis finalement il y’eut de nouveaux deux grands bras qui s’entourèrent autour de son corps et elle s’accrocha à Lily. Elle essayait très fort de ne pas pleurer, elle essayait très fort de ne pas laisser les sillons humides qu’elle avait toujours fuit, aller plus loin que ses yeux. Elle ne pleurerait pas devant Lily, parce que Lily la trouverait si faible qu’elle se désintéresserait de leur amitié ? C’était comme ça. Qui avait envie de rester avec une meuf de trente ans qui se mettait à pleurer pour une phrase gentille ? Elle était désemparée peut être, et elle serra ses bras autour du corps de Lily, elle posa à nouveau sa tête contre son épaule, et si elle avait conscience qu’elle était serrée très fort elle aussi, elle se réjouissait de la tendresse, de la chaleur que ça lui amenait.

Il y’avait une phrase une espèce de promesse, et Luka déglutit quelques instants avant de s’accrocher un peu plus si c’était possible, s’accrochant à la taille, au dos. La où elle pouvait s’accrocher, comme un peu une enfant perdue, qui avait besoin de quelqu’un à qui se retenir. Comme un peu, une noyée en detresse. Ou tout simplement, comme quelqu’un qui avait juste besoin de ça. « Merci. » Et c’était d’une sincérité sans faille. Tandis que peu à peu elle prenait sur elle, pour ne pas être le poids qui aggraverait la tristesse de Lily aujourd’hui. « Je pourrais être tentée de ne jamais partir tu sais. » Et elle un sourire, tandis qu’elle reculait un peu sa tête, sans faire cesser l’etreinte. « Après tout tes quartiers sont sympa. Tu as même un miroir fonctionnel je pense. C’est déjà ça de mieux que dans les miens. » Et du coup, elle garda son sourire, avec cette facilité déconcertante peut être qu’elle avait à passer d’un sentiment à l’autre. Un peu.

Confortable. C’est la première chose qui lui venait à l’esprit si on lui avait demandé ce qu’elle pensait de ce moment tendresse. Confortable. Et elle se sentait bien dans l’étreinte, elle se sentait un peu peut être mieux ? Alors c’était son devoir de faire en sorte que Lily n’aille pas trop mal, parce que Luka connaissait les visages défaits, et elle ne voulait plus voir les yeux tristes de la femme dans ses bras. Après tout, elle avait pas vraiment l’habitude que les gens pleurent quand ils partageaient un moment d’affection physique avec elle. C’était un peu déroutant. Beaucoup. Mais elle essayait de prendre su elle, de plaisanter un peu, en sachant que le rapport au miroir ferait bien rire Lily, ou du moins la ferait sourire, et elle avait réussi, parce que Lily avait rit, meme si c’était bref, et elle la regarda arranger ses cheveux tandis qu’elle lui proposait de rester. C’était un peu… C’était un peu étrange oui. Parce que ce n’était pas quelque chose qu’elle se serait imaginée entendre maintenant. Après tout, quelques jours plus tôt, elle pensait encore que le seul moyen de voir Lily, c’était de se faire mal, ou de la croiser comme ça. Et puis, elles avaient bu un café – au gout abject – et elles avaient continuées à débattre. Et aujourd’hui, aujourd’hui elle s’était fait assommer alors qu’elle voulait mourir, et elle s’était retrouvée dans un lit qui n’était pas le sien, à gagner une étreinte, et une conversation sympathique, une conversation émouvante un peu. Et cette proposition la touchait encore en plein cœur.

Elle plissa les yeux un peu quand même, en gardant le silence sans vraiment savoir comment elle pouvait répondre. Parce qu’il y’avait cette femme qu’elle avait toujours admiré malgré tout. Et qui était son amie maintenant, chose qu’elle n’aurait jamais imaginée possible quand elle avait 15 ans, et qu’elle était si conne qu’elle se faisait mal pour aller à l’infirmerie. Et qu’elle lui proposait de rester ici, alors Luka finalement reagit comme elle réagissait souvent aux choses un peu stressantes. Elle prit ça avec humour. « Ça dépend, est ce que je peux considérer que mes livres sont invités eux aussi ? » et elle espérait que ça soit une proposition sincère, parce que sinon ça serait un peu triste. Elle serait beaucoup triste en fait. « Si … Enfin, si tu es sérieuse bien sur. » On pouvait toujours compter sur elle pour briser les moments non ? La Luka de 15 ans se serait foutu une putain de claque.

Ses livres. C’était presque un sujet de plaisanterie oui. Tout était sujet de plaisanterie, quand on recevait une telle proposition, quand on se retrouvait dans un tel état d’anxiété que l’était Luka. Tout était léger. Mais la proposition était la. Et Luka était touchée  d’une telle proposition. Alors quand Lily lui dit qu’elle était sérieuse, les joues de Luka prirent une teinte un peu rose, et ses yeux redevinrent presque humide. Putain, elle allait pas se mettre à pleurer maintenant. Pas avec Lily, pas comme ça.  Mais voilà, ça la touchait trop. C’était horrible en fait ce sentiment qui la prenait, comme si son cœur se mettait à battre un peu plus vite, et c’était perturbant, dérangeant meme. Alors elle fixa un peu, tandis que Lily reculait toute entière, mais attrapait ses mains. C’était doux, c’était tendre, et Luka serra les mains qui tenaient les siennes.  Et elle déglutit un peu, parce qu’elle était encore un peu sous le choc, mais c’était bien. C’était un choc positif.  Elle acquiesça finalement. «  Avec d’aussi jolies paroles, comment résister à une telle proposition ? »   Et c’était un sourire charmeur sur les lèvres de la professeur. Parce qu’elle ne pouvait pas s’en empêcher vraiment. C’était un sourire un peu tendre aussi.

«  Et puis, je sais que mes livres préfèrent la compagnie. »  Ses livres, c’était pas vraiment d’eux dont elle parlait, c’était plutôt d’elle. Mais Lily le comprendrait n’est ce pas ? Alors finalement elle reprit Luka, pour pas laisser trop de sentimentalisme se mêler à tout ça. « C’est une solution pour ne pas avoir à traverser l’arche pour les visites à domiciles ? »  

«  Non effectivement, je pense que je ne peux pas. »  Et c’était clairement vrai, elle ne pouvait pas lui résister à Lily. C’était d’ailleurs une réalisation plutôt étrange que de se rendre compte qu’elle venait de se trouver un point faible. Et elle réalisait Luka, que c’était ça. Lily était devenue une faiblesse, sans qu’elle ne réalise vraiment comment, ni à quel moment. Etait-ce quand elle l’avait invité à boire un café ? Ou peut être était-ce bien avant quand elle n’était qu’une gamine de 15 ans qui avait besoin d’affection et de repères ?   Peut être que ce n’était même pas la peine de chercher, ça ne servait à rien.  C’était comme ça. Et Luka avait accepté finalement, parce qu’elle ne pouvait pas refuser. Elle n’en avait pas envie, du tout, de refuser. Et c’était un peu bizarre parce qu’elle aimait sa solitude, elle aimait le fait de pouvoir se rouler en boule sur un lit, avec un livre a coté d’elle, et la sensation d’être dans une bulle protégée du monde, loin des gens. Mais elle savait que la présence de Lily était devenue quelque chose d’important dont Luka n’avait pas envie de se passer. De manière égoïste au fond, si leur prison céleste devait exploser, elle voulait profiter de ses derniers moments ici. En bonne compagnie ? C’était pas si déplaisant oui.  

Et elle lui offrit encore une chance de s’échapper et de dire non, Lily, alors Luka haussa les épaules, et serra un peu plus les mains dans les siennes. «  Tu ne me forces à rien, enfin du moins pas sur le moment. Tu n’as pas de matraque dans la main, alors je pense être plutôt libre d’accepter. »  Et c’était dit avec ce petit sourire charmeur qui était revenu. Parce qu’une Luka un peu heureuse, c’était mieux qu’une Luka qui avait perdu toute sa confiance en elle. «  A une condition cela dit, enfin, une autre que mes livres, tu m’promets de pas hésiter à m’renvoyer chez moi, quand tu commencera à en avoir marre ? »  Parce qu’elle était comme ça Luka, elle préférait prévoir les moments où on allait se lasser d’elle, plutôt que d’être prise par surprise par un abandonne fugace. Enfin. Avec un peu de chance ça ne viendrait jamais, et elle pourrait rester un moment, peut être une éternité, jusqu'à ce que meure l’arche ? Ou jusqu'à ce qu’ils meurent tous.