avant que le jour ne nous rattrape ▬ Lexa

Anya était là, devant elle, étendue au sol, recouverte de la boue de la terre, recouverte du sang du monde. Clarke revoyait son sourire, son dernier soupir. Clarke voyait la mort, à celle-ci, se lia celle des autres, de ceux qu’elle connaissait, de ceux qu’elle ignorait. Pour elle, c’était un rêve banal, presque agréable, dans l’historique de ses élucubrations nocturnes. Il n’y avait pas de culpabilité poignante, pas de rage vengeresse qui animait un corps en particulier. Il n’y avait que le statut paisible de ceux qui dormaient pour toujours. Il n’empêcha que Clarke se réveilla en sursaut, déboussolée de son environnement. Ça n’avait rien à voir avec la dureté de sa couchette habituelle et la sensation d’égarement la perturba quelques secondes, durant lesquelles elle se figea. Ce fut le temps nécessaire pour que les souvenirs de la veille lui reviennent en mémoire, et qu’elle se détende finalement. C’était normal, qu’elle ne reconnaisse pas les environs – du moins, pas sous cet angle. Ce n’était pas sa tente, c’était celle de Lexa.

La pénombre était presque totale, encore. Sans mal, elle devinait le lever du jour, qui commençait, alors qu’elle observait le début de luminosité, qui dégageait les contours du mobilier de la tente, les rendant visible, petit à petit. Clarke inspira, enfonçant sa tête un peu plus dans l’oreiller qu’elle avait tiré pendant la nuit. Dans son sommeil, elle avait glissé loin des bras de Lexa, pour se retrouver non loin du bord du lit. Pour autant, elle sentait la chaleur de la Fille Sauvage dans son dos et, tranquille, elle se retourna, découvrant la figure endormie de la brunette. Clarke ne put réprimer un sourire, profitant de l’instant pour observer les traits du commandant. Elle observa sa jeunesse, ce côté paisible, qu’elle ne lui connaissait pas, les mèches en bataille de cette nuit. Et puis, il y eut une mimique sur le visage de Lexa qui retint son attention, et elle resta là, en suspens, retenant même sa respiration, alors qu’elle était témoin d’une légère agitation chez Lexa – si plisser le front pouvait être caractérisé comme tel. Clarke hésita un peu, se mordit la lèvre inférieure, avant de prendre la décision de s’approcher un peu plus, laissant déjà ses mains courir sous la peau d’ours pour attraper une main qu’elle pourrait trouver, alors que ses autres doigts se posèrent sur la base du ventre de sa compagne d’une nuit.

Il ne fallait pas douter que si Lexa était le grand guerrier qu’elle était, elle se réveillerait à l’intrusion, et quand les paupières de la Fille Sauvage s’ouvrirent sur elle, son sourire ne cilla pas une seule seconde, ses yeux bleus lumineux posés sur Lexa. « Bonjour. » Et ce fut les premiers murmures de cette journée.

Elle rêvait en Trigedasleng. Et si la plupart du temps ses rèves étaient les cauchemars qu’elle ne se permettait pas de penser en état d’éveil, souvent également elle revoyait des choses qu’elle imaginait être les anciennes vies de l’Esprit du commandeur. Parfois aussi, elle revoyait Costia son grand sourire et sa peau d’or. Ou elle se revoyait enfant, sur les épaules d’Anya se plaignant d’une blessure fugace a la jambe, qui avait résulté à une traversée de TonDC sur les épaules de la grande guerrière aux cheveux blonds qui s’étaient retrouvés emmelés après que les mains de la Lexa miniature n’y soient passées.  Et puis quelques fois, elle voyait des moments du présent, alterés par les songes, et cette nuit plus qu’une autre, il y’avait des étoiles au milieu de ses songes.

La nuit précédente avait été comme un songe elle aussi, quand la jeune blonde au regard determiné s’était rapproché d’elle en prétextant ne pas réussir à dormir. Quelques barrières étaient tombées, elle n’avait pas su comment faire, que dire, elle avait essayer de trouver les mots, et le réconfort qu’elle avait pu offrir était celui d’une tente et d’une couchette confortable. Celui de sa compagnie et de quelques mots aussi. Elles avaient parlées. Elles avaient parlées d’Anya, elles avaient parlées de leurs peuples, de la chasse, des animaux, elles s’étaient évoquées et s’était livrées l’une à l’autre d’une manière presque légère. Puis Clarke s’était endormie sous le poids de la fatigue, et la main contre son ventre, Lexa avait passé des heures à la fixer, à s’imbiber de l’odeur de son corps, de la rythmique des battements de son cœur, de la douceur du textile sale sous la paume de sa main, jusqu'à s’endormir elle aussi.

Le réveil se fit, au milieu d’un rève qui aurait pu empourprer ses joues tant le baiser semblait réaliste, quand elle sentit une main sur la sienne, et une autre plus intime, posée contre son ventre. Chaudes. Les mains étaient chaudes et familières sans l’être vraiment. L’odeur elle, l’assaillit, et elle reconnu Clarke, avant même d’ouvrir les yeux, se remémorant la nuit passée en un flash mental plutôt rapide.

Ses yeux s’ouvrirent peu à peu pour se poser sur des yeux bleus emplis de lumière et un sourire illuminant le visage de la blonde. C’était une vision qu’elle aurait pu imaginer la gracier à chacun de ses réveils, mais elle ne pouvait se laisser aller à rêver « Hei. »  elle était naturellement passée au Trigedasleng en tout cas. «  Ste os. Sha. » Il est bon en effet. Le jour. C’était ce qu’elle voulait dire, et que Clarke la comprenne ou pas, cela n’avait finalement pas tant d’importance, elle se fendit d’un doux sourire très léger, un de ces sourires qui n’étaient finalement que pour Clarke, et  elle glissa sa main libre vers le visage de la blonde pour y déposer une caresse. «  As tu bien dormi ? » Elle en avait l’impression. Elle voulait juste le savoir. En être sure.

Il y avait ce moment de latence, au réveil. Une sorte d’oubli agréable, offert par les restants du sommeil et des rêves. Les quelques secondes – parfois les quelques minutes – qui suivait celui-ci, Clarke arrivait à chasser la réalité du monde, laisser le poids de ses responsabilités au bord du lit. C’était paisible. Bien entendu, ce don n’existait que quand sa nuit était épargnée de cauchemar. Ce qui n’était pas arrivé depuis des dizaines de jours. La sérénité qui était apportée plaisait à Clarke. Mais plus encore, ce qui lui plaisait ce matin, c’était la présence de Lexa. Qu’elle effleurait du bout du doigt, laissant ses ongles courir sur la surface du ventre du commandant, alors qu’elle observait le sommeil quitté le corps du commandant. Et ça aussi, Clarke aimait, de voir la Fille Sauvage sans ses apparts de chef de guerre, sans cette rigidité qui encerclait son regard, noyait ses yeux. Elle fronça un peu les sourcils, amusée face au Trigedasleng, prenant un peu plus de temps pour le comprendre que si elle était parfaitement éveillée, mais le sens ne lui échappa pas. Ou plutôt, il tarda à lui échapper, jusqu’à ce que Lexa sourie à son tour. Clarke s’enfonça un peu dans son oreiller, une chaleur irradiant dans sa poitrine, comme si les morceaux brisés de son cœur fondaient, pour se souder entre eux.

« As tu bien dormi ? » Clarke garda le silence de longues secondes, profitant de la caresse, avant de hocher, de manière infime, sa tête. « Une des meilleure nuit que j’ai passé sur Terre. » Elle s’interdit de penser à celle qui rivaliserait avec celle-ci : le souvenir était lié à Finn, et elle ne voulait pas casser le moment. Elle voulait profiter un peu de la présence de Lexa, du secret que l’aube leur offrait. Elle avait arrêté de dessiner des œuvres qui n’existaient pas sur le ventre de la brunette, sa main reposait à présent, tranquille. Elle ferma brièvement les yeux, sentant le restant de son sommeil la tourmenter un peu. Elle étira ses jambes, mais ne fit aucun geste pour sortir du lit. Clarke était bien, là, sous les peaux de bête, comme si l’apparat de l’ours les protégeait du monde extérieur. Elle s’approcha un peu plus de Lexa, se levant à peine, pour lui offrir un baiser sur ses lèvres. Et elle resta ainsi, en suspens, l’espace de quelques battements de cœurs, s’éloignant à peine, effleurant de son nez la pommette de Lexa, volant sa fragrance, se posant juste à côté d’elle. « C’est encore mieux comme ça. » Clarke échappa un mince soupire, se réfugiant dans le creux de la nuque de la Fille Sauvage. Ainsi dissimulée, elle se mordilla un peu la lèvre, avant de retourner la question. « Et toi ? » Elle ne put empêcher une brève inquiétude de passer dans son regard. « Tu avais l’air agitée. » Loin de Clarke l’idée que le commandant puisse avoir l’esprit qui s’égarait dans les plaisirs de la chair.

Elle aurait voulu ne jamais plus se lever et profiter de cet instant que la vie lui offrait. La vie cependant était toute autre, et chacun des moments où elle se sentie emplie de cette sourde chaleur, il y’avait également une étrange amertume qui emplissait son cœur et complétait le bonheur. Parce qu’elle savait qu’elle ne pourrait pas lambiner éternellement sous les caresses de la blonde. C’était douloureux de se le dire. La vie elle même l’était elle l’avait gouté du plus prêt. Elle réprima cependant son soupir, et n’arriva pas à chasser le sourire léger qui était présent. Dans cet état de semi sommeil en effet elle n’était pas vraiment Lexa le commandeur, elle était Lexa tout simplement , celle qui aurait pu être si elle n’avait pas été choisie, si il n’y’avait pas eu Costia. Son cœur se serra à la pensée. Elle était déjà emplie d’un trop plein de culpabilité qui ne partirait jamais.

Pourtant elle sourit à Clarke, et glissa sur sa joue, retrouvant son anglais pour être mieux comprise. « Une des meilleure nuit que j’ai passé sur Terre. » C’en était trop. Elle aurait du se taire, et se lever immédiatement, mais il était déjà trop tard. En réalité il avait été trop tard au moment où elle avait croisé le regard de Clarke pour la première fois, ou du moins cette fois la dans la clairière avec Archéon et Erebe pour seuls témoins de sa faiblesse. Elle se mordit la lèvre, espérant le faire discrètement, et réprima avec douleur un sourire qui menaçait. «  Puisse t’il y’ en avoir d’autres. » Elle aurait du éviter. Elle se sermonna, entendant la voix d’Anya dans son cœur qui lui disait une fois de plus que la où résidait l’affection résidait la pire des faiblesses. Elle ne pouvait pas se permettre autant de sentimentalisme. Elle se raidit un peu. Mais Clarke s’enfonca dans le lit et se rapprocha d’elle, comme si elle ne voulait plus la quitter. C’était enivrant ce sentiment.  Comme une drogue forte, pire encore que l’alcool qu’ils buvaient parfois le soir et qui provoquait de la dépendance, pire encore que cette exaltation qu’ils ressentaient au combat. C’était comme un soleil brulant que l’on ne pouvait s’empecher de toucher. Lexa était conquise, et si elle refusait de se l’avouer, dans des moments de faiblesses comme ce matin, elle ne pouvait s’empecher de céder. D’autant qu’un baiser bien que fugace réveilla tous ses sens, lui rappelant à la fois la veille et les songes qui avaient bercés sa nuit. «  C’est encore mieux comme ça. » Faible sourire, elle réprima l’envie de tourner la tête, et ferma les yeux au lieu de ça, glissant sa main loin du visage de la blonde, pour la poser dans son dos de manière possessive. «  Et toi ? Tu avais l’air agitée. » Son regard resta dans l’obscurité de ses paupières closes, et ses joues s’empourprerent légèrement en se remémorant les rèves qui berçaient son réveil.  

«  J’ai dormi. »  Elle réalisa elle même que c’était une réponse de merde. «  Plutot bien. La compagnie était agréable. » Elle essayait de prendre tout ça sur un ton léger, pour ne pas avoir a expliquer ses rèves. Elle n’aurait pas su par où commencer. Mais elle ne voulait pas mentir non plus. Le silence était peut être la meilleure des choses, du moins à ce propos. «  Je n’avais plus l’habitude d’avoir de la compagnie durant mon sommeil. » C’était un commentaire anodin. Ca l’était non ?

Le sol avait cet effet sur elle, en plus de se sentir clouée à celui-ci, elle avait l’impression, Clarke, qu’il l’attirait toujours vers le bas, comme s’il tentait de l’enfoncer, de l’empêcher de se relever. Elle luttait, bien évidemment. Mais il y avait les nuits, il y avait l’égarement inconscient des rêves, qu’elle ne maitrisait pas. Elle y était habituée, à ces cauchemars, qui parfois frôlaient les terreurs nocturnes. Il n’empêchait que ça restait fatiguant, que ses nuits n’étaient jamais totalement réparatrice et qu’il y avait des moments où elle n’en pouvait plus. Et pourtant, elle continuait, Clarke, s’usant jusqu’à l’os, jusqu’à la moelle. Cette nuit passée avec Lexa – la première d’une longue succession, espérait-elle secrètement – était une bouffée d’air, pour elle. Même si ça n’avait pas été des plus calmes, et des plus réparateur, son esprit était reposé, et elle n’arrivait pas à chasser le sourire qu’il y avait sur ses lèvres. « Puisse t’il y’ en avoir d’autres. » Clarke ne put retenir un petit rire appréciatif, et alors qu’elle s’approchait de Lexa pour lui donner un baiser, elle répondait, furtive, presque lascive. « Eh bien, si tu ne me mets pas dehors... Ai na kom bak. » Son souffle s’écrase sur la base du cou de Lexa, là où elle s’était installée confortablement, sentant la main de la Fille Sauvage dans son dos. Elle échappa un petit soupir appréciatif, ne ratant rien de leur échange matinal (car le sommeil était chassé, petit à petit, et au fur et à mesure que Clarke reprenait pleine conscience de son propre corps, de la situation actuelle, de ce qu’il serait attendu de la journée, elle devenait, aussi, de plus en plus réceptive aux moindres gestes de Lexa.)

De fait, elle ne rata pas la légère tension chez le commandant, mais Clarke, en bonne diplomate aux premières heures du jour, ne dit rien. Elle leva le visage, s’échappant un peu de la nuque, le front collé contre le menton de Lexa, sentant le moindre mouvement de sa mâchoire, écoutant la voix de la brunette. « La compagnie était agréable. » Clarke souffla, amusée, constatant que le sujet serait évité. Soit. Les rêves restaient trop personnels. Elle-même n’aurait pas eu à cœur de parler de ces morts qui la poursuivaient. Ce n’étaient que des rêves, ce n’étaient que ses fantômes. « Je n’avais plus l’habitude d’avoir de la compagnie durant mon sommeil. » Elle hocha un peu la tête, ses lèvres se pinçant, par réflexe, en cette petite moue de réflexion, de regret. Clarke était curieuse, à propos de Costia. Elle aurait voulu la connaitre, voir ce que Lexa avait vu. Mais il y avait des morts qu’il ne fallait pas déterrer et puisqu’elle connaissait la brulure de l’absence, Clarke – surtout de l’être aimé – elle ne força pas sa compagne d’un soir. Tout viendrait en temps, en heure. Elle n’avait aucun scrupule à voler l’autorité de Lexa, à remettre ses décisions de leader en question. Mais il y avait l’humain, plus que le guerrier, l’humain que Clarke appréciait un peu plus chaque jour, qu’elle ne voulait pas blesser. Pas maintenant.

Sa main abandonna le ventre de Lexa, et ses doigts remontèrent la silhouette du commandant, pour se poser sur son visage. Elle caressa distraitement la peau de Lexa, ses doigts traçant la ligne de sa mâchoire, s’égarant sur la chute de sa nuque, avant de remonter, et de caresser, léger, sa joue. « Est-ce que tu prends déjà l’habitude de moi ? » Elle voulait que ça soit un jeu, dans sa voix. Mais finalement, ce ne fut qu’un murmure, qu’un peu d’espoir, égaré, indésirable. Mais il était là, et Clarke le garda comme tel.

trigedasleng 101:

Sa nuit avec Clarke avait eu le mérite de lui montrer qu’il n’y’avait pas dans la vie que la survie. Qu’il y’avait autre chose aussi, qu’il y’avait un peu d’affection, un peu de tendresse, qu’il y’avait aussi et surtout quelque chose de vraiment important qu’elle avait eu tendance à oublier ces derniers moments : L’Espoir. L’Espoir d’une vie un peu plus calme plus tard, l’Espoir de quelque chose de plus posé. Peut être que ca serait possible, ou peut être qu’elle se fourvoyait complètement en espérant et en imaginant que ces moments puissent durer. Peut être oui. Trop d’hésitations, trop d’hypothèses, trop de doutes en réalité.  « Eh bien, si tu ne me mets pas dehors... Ai na kom bak. »  Ses pupilles s’écarquillèrent. Et son cœur se mit à battre plus rapidement. Elle ne répondît cependant pas. L’usage du Trigedasleng et la promesse étaient suffisant pour qu’elle se sente différente, encore plus attirée par cette drogue qu’était Clarke. C’était trop dangereux. Décidément. Et pourtant elle en était ravie. Quelque chose en elle ne semblait plus pouvoir s’arrêter, et elle était comme perdue dans un désert où seule la tendresse de Clarke aurait pu l’abreuver.  Elle s’en voulait de penser de telles choses alors que la guerre allait venir. Alors même qu’elle savait qu’elle s’enfonçait dans la souffrance sans fin, dans encore une erreur.  Elle le regretterait oui. Plus tard peut être. Pour l’heure elle profitait encore de ce moment entre le sommeil et l’éveil total, où elles n’existaient qu’entre elles.

Elle aimait la sensation de la main de Clarke contre la sienne, elle aimait savoir que la blonde était blottie contre elle dans ce lit qui était le sien. Elle aimait posséder, même si elle ne la possédait pas réellement. Et elle ne voulait pas la posséder. Ou peut être que si, un peu… D’une certaine manière ?  Elle chassa ces pensées la, et chassa aussi la conversation a propos de ses rêves, qu’elle n’était pas spécialement prête à assumer.  C’était une chance, Clarke n’insista pas, et elle fut soulagée aussi que Clarke n’insiste sur rien du tout.

La main la caressa doucement, et sa main à elle glissa sur le dos de la fille du ciel. Elle aurait aimé être dans un autre temps et avoir l’occasion de la caresser des heures durant. Oser un petit peu plus. Mais elle n’était pas comme ça. Elle ne pouvait pas l’être et elle ne serait jamais finalement.  Le temps se cassa. «  Est ce que tu prends déjà l’habitude de moi ? »  C’était une  question presque innocente, peut être un peu joueuse ? Mais elle n’arriva pas à la prendre comme ça, et au lieu de ça, elle s’accrocha mentalement aux lèvres de Clarke, et crispa sa main dans son dos. Puis elle rouvrit les yeux, posant ses iris gris dans ceux couleur ciel de la femme à ses cotés. L’envie était présente. Lui faire une promesse. Lui dire la vérité et affirmer cet espoir qui se tissait entre elles deux. Mais a nouveau Anya était la et le souvenir la brulait encore des mots qu’elle avait pu lui dire.   «  Je ne peux pas. »   Elle poussa un soupir qui lui aurait brisé le cœur si il ne l’avait pas déjà été. Et puis elle détourna le regard pour regarder le plafond de la tente. «  C’est cela dit une possibilité. » Une possibilité qu’elle avait peur d’evoquer. Une possibilité en la quelle elle avait peur de croire un peu et qu’elle ne supportait pas d’avouer.  Elle serra son étreinte puis relâcha le tout. «  Il y’a la guerre à venir. L’attachement, les habitudes, tout cela ne peut exister. »  Le temps volé au réel reprenait finalement ses droits et elle se haïssait intérieurement de devoir être le rappel à la réalité. Ce rappel la. A ce moment précis. Mais peut être que Clarke lui ferait oublier à nouveau ce qu'il fallait faire au profit de ce qu'elle désirait réellement ?

HRP:

Clarke n’aurait pas dû tomber ainsi, c’était un piège, et le réveil la privait de cette précaution qu’elle gardait constante. Elle aurait dû le voir venir, mais il était trop tard, et déjà, sa question lui échappait des lèvres, pour aller lui ouvrir le cœur en deux, prêt à recevoir le coup. Et elle le vit, dans le regard de Lexa, avant que la réponse ne vienne. Alors, peut-être que le choc fut moins profond, moins fort. Ce fut un clivage, dans la luminosité de son regard, et sa main suspendit son geste sur la joue de la Fille Sauvage, ses doigts se mettant déjà en retrait. « Je ne peux pas. » Clarke accusa le coup, ses lèvres se plissant déjà dans cette petite grimace, presque désolée. Voilà, le réveil était fait, et ça ne valait plus la peine de prétendre que la guerre n’existait pas. Ca ne valait plus la peine de prétendre qu’il n’y avait qu’elles, et que le reste cessait de tourner autour d’elles. «  C’est cela dit une possibilité. » Le regard de Clarke se durcit un peu, niant la possibilité. Elle connaissait Lexa, elle envisageait ses craintes et ses obligations, parce que Clarke, en partie, les partageait. Elle sentit l’étreinte derrière elle se faire plus lâche et Clarke roula sur son dos, regardant elle-aussi le plafond en tissu qui constituait la tente. « Il y’a la guerre à venir. L’attachement, les habitudes, tout cela ne peut exister. » Clarke poussa un soupir, relevant le bras, celui qui tenait la main du commandant, qui n’avait pas été lâchée. Bien entendu, que ça ne pouvait exister, ce qui existait entre elles. Mais c’était là, présent, tentant. Elles devaient y résister, c’est ça ?

Clarke, finalement, se redressa, s’installant en tailleur sur le lit, libérant la main de Lexa, pour passer la sienne dans ses cheveux en bataille. Elle aurait dû en vouloir à la Fille Sauvage, elle l’avait si bien fait, parfois. Mais elle savait qu’être fâchée contre Lexa n’arrangerait rien à son cas , surtout qu’être en colère l’attirait encore plus vers le commandant. Alors, elle contemplait cette amertume qui avait pris la possession de ses veines, tandis que le regret tournait dans son regard : ça ne valait pas la peine de mentir. Elle n’était pas dupe, la fille du ciel. « Tu as toujours été la plus sage de nous deux. » Elle attacha, en un geste rapide, les quelques mèches derrière son crâne, une idée germant dans son esprit. Oui, le sommeil était définitivement parti, et de fait, il n’y avait plus de raison que Clakre soit indulgente envers Lexa, non ? Son esprit reprenait pleine possession de ses capacités de réflexion, et un mince sourire se posait sur ses lèvres, alors qu’elle se penchait vers Lexa, s’arrêtant à quelques millimètres de ses lèvres, écrasant son souffle contre sa bouche. « La plus stupide aussi. » Et elle l’embrassa. Ce fut brutal, sans aucune délicatesse. Comme une marque qui était posée. Puis elle se recula, visiblement fière d’elle, s’étirant les bras et le dos. « Heureusement que je suis plus têtue que toi. » Et elle lui adressa un clin d’œil, avant de glisser hors du lit.

C’était frustrant cette limite qui existait en Lexa, cette barrière qu’elle savait malheureusement poser entre ses envies et ce qui devait être. C’était irritant, blessant même un peu. Mais c’était reculer pour ne plus jamais ressentir la souffrance qu’elle avait pu ressentir. Et pourtant c’était hypocrite. Elle s’était déjà attachée et il était trop tard pour se figurer que la mort de Clarke, son départ ou même une trahison ne lui briserait pas le cœur d’avantage. Elle souffrirait. Quoi qu’elle décide maintenant elle souffrirait, et même en choisissant la prudence il était déjà trop tard. C’était hypocrite oui, mais elle ne pouvait pas empêcher les images successives de Costia morte, puis d’Anya la sermonant en tentant de l’endurcir, de passer dans sa tête. Et elle avait trop peur. Clarke était pour elle, plus qu’elle n’aurait du l’être. Mais il y’avait tant à mettre en cause. Il y’avait tant de vies qui dépendaient d’elle et de ses décisions qu’elle ne pouvait pas se permettre de penser avec son corps ou son cœur. Elle devait choisir avec sa tête. Toujours.

Son regard se brisa un peu, et sa main retomba lentement sur le lit tandis que Clarke partait, quittait cette proximité qui s’était instaurée. Une fois de plus elle avait tout brisé, et elle se demandait si ça en valait vraiment la peine. La tristesse s’insinuait en elle, et ses yeux exprimaient les émotions qu’elle ne savait pas dire. « Tu as toujours été la plus sage de nous deux. » C’était presque des mots que des amoureux auraient pu dire lors d’une dispute, alors que le regret et l’amertume s’insinuaient. C’était blessant. Et Vrai. Et le toujours sonnait comme un jamais qui résonnerait dans son cœur à l’eternel. Les cheveux de Clarke s’attachaient, ses mains bougeaient rapidement, et Lexa restait toujours immobile, comme si elle ne voulait plus bouger. Il était trop tard certes pour mentir en disant que la nuit n’avait pas fini. Elle avait tout cassé une fois de plus et sa main était vide de cette chaleur réconfortante qu’elle avait plus tot. « La plus stupide aussi. » Elle était immobile Lexa, elle ne savait plus comment réagir, et tandis que Clarke s’approchait d’elle, elle n’avait qu’une envie, glisser ses mains dans son dos, l’embrasser. Elle ne le fit pas. Elle se sentait coupable. Coupable d’avoir cessé la tendresse. Coupable aussi de l’avoir initié. Le baiser la surprit finalement, mais pas tant par le baiser lui même que la brutalité avec la quelle il avait été donné. C’était terrorisant que Clarke la rende pantoise en un simple baiser. C’était prenant. C’était… Ca avait un coté exaltant. Elle repondit, plus tendrement, et puis tout cessa trop vite à son gout. « … » Reprimant une sorte de rale de manque, elle fronça les sourcils et regarda encore une fois Clarke qui lui échappait. « Heureusement que je suis plus têtue que toi. » Un clin d’œil et déjà la blonde n’etait plus.

La fin était venu trop vite, elle ne le voulait pas. Son corps réagit sans que son esprit n’ait le temps de le bloquer, et elle roula vers le coté de Clarke – qui en une seule nuit était devenu son coté, - pour se lever plus vite, rattrapant sa main, pour l’attirer vers elle. « Ne pars pas. » C’était un murmure, elle espérait presque que Clarke ne l’ai pas entendu. « Laisse moi être stupide quelques secondes de plus avant que les responsabilités n’arrivent. » Elle regrettait les mots au fil des mouvements de ses lèvres, mais dés qu’elle posa celles ci sur celles de la blonde elle oublia. Elle oublia que c’était mal, qu’elle devait s’occuper de son peuple, qu’elle ne pouvait se le permettre. Elle voulait… Elle voulait juste leur donner une chance. Mais elle n’arrivait pas à briser cette barrière en elle qui l’en empêcher. C’était dur et douloureux. C’était les expériences et la peur. Tout ce qu’elle ne pouvait pas dire.

C’était simple, au final, de regretter ce qui venait d’être brisé. Clarke avait regretté la mort de son père. Clarke avait regretté la mort de Finn. Clarke avait regretté la mort de tous ces grounders. Pour autant, ça n’enlevait pas l’impossible de récupéré ce qui venait d’être perdu. Le regret entrainait une certaine part de responsabilité. Et Lexa, certainement, se serait sentie mieux si Clarke lui avait donné raison. Ca aurait été mal la connaitre. Depuis que les deux leaders s’étaient rencontrées, elles ne cessaient de tenter de prouver le contraire à l’autre. Lexa avait voulu la mort du skaikru, Clarke lui avait prouvé qu’ils avaient une importance. Clarke avait voulu sauver TonDC, Lexa lui avait prouvé que des vies étaient sacrifiables. Lexa pensait qu’il n’y avait pas d’attache, Clarke s’était forcé une place, forgé un lien. Et que ça plaise à la Fille Sauvage, ou non, elle n’avait pas l’intention de laisser filer Lexa comme ça. Le commandant était habituée à avoir ce qu’elle voulait, juste à cause de sa position de chef. Clarke se ferait un plaisir de lui rappeler qu’elle ne lui obéirait pas, qu’elle n’écouterait pas ses demandes. Elle ne partirait pas juste parce qu’on lui demandait. Elle n’était pas comme ça, et Lexa avait définitivement trop d’importance pour qu’elle la laisse s’éloigner d’elle. Tant qu’elle n’était pas devant le fait accompli, devant l’obligation de la rupture, de ce qui existait entre elles, Clarke ne se laisserait pas faire.

Elle cacha son expression satisfaite quand elle entendit Lexa se mouvoir dans le lit, mais échappa un petit cri de surprise quand elle fut attrapée par le poignet, forcée à se retourner. « Ne pars pas. » Elle haussa un sourcil sceptique devant la détresse de la Fille Sauvage, restant dans ce petit jeu – qui dans le fond, n’en était pas vraiment un. « Laisse moi être stupide quelques secondes de plus avant que les responsabilités n’arrivent. » Clarke allait répondre, quelque chose de cassant, juste pour lui faire comprendre qu’elle n’aimait pas être repoussée de la sorte – même si, de manière évidente, Lexa regrettait déjà son acte. Mais ses lèvres furent occupées par d’autres, et la légère frustration céda à l’envie provoquée par l’éveil, par la pleine conscience de son état, de ce qu’elle ressentait pour Lexa. Elle ne laissa pas l’occasion au commandant de reprendre son souffle, que Clarke prolongeait le baiser, sa main se posant sur la base du cou de Lexa, s’accrochant à la clavicule de celle-ci. C’était électrique et le frisson lui mordit l’échine, affolant les battements de son cœur, accentuant l’envie. Puis elle se recula un peu, se dégageant de cet échange délicat et brutal à la fois, posant sa tête contre le front de Lexa. « Ton temps est écoulé. » Il était difficile de paraitre sérieux, quand tout ce qui traversait l’esprit de Clarke était une tension, qui ne cherchait qu’à repousser Lexa jusqu’au lit et à lui laisser croire qu’elle pouvait être stupide, elle aussi. Il était difficile de paraitre sérieux, surtout, quand tout ce qui portait cette phrase était un souffle un peu erratique, le rouge qui était monté aux joues de Clarke, une chaleur dans le regard, qu’elle ne détachait pas du gris posé sur elle. Et sa main était toujours accrochée à ce morceau de peau, dessinant l’os du bout des doigts. « Tu as raté une occasion de te taire. » C’était un murmure, presque une faiblesse murmurée sur bout des lèvres, son souffle se perdant sur le visage de Lexa. Ça aussi, c’était un regret. « Tu sais que je dois y aller. » Tu sais que je ne veux pas y aller. Mais Lexa avait rappelé la réalité du monde, et déjà, elles étaient hors du lit. Maintenant que Clarke percevait où elle était, tout ce qui était à faire, elle savait qu’elle ne pouvait rester trop longtemps ici. Ce qui existait, entre elles, restait secret, devait l’être. Et avec les secrets, en plus de la complicité, venait la tentation, qui devait être repoussée.

Si Anya l’avait vu dans cet état, suppliant presque Clarke de lui accorder quelques secondes de plus en sa compagnie, Lexa aurait recu l’une des plus importantes leçons de sa vie. Mais Anya n’était pas la, elle ne donnerait plus jamais de leçons, et n’empêcherait plus Lexa de se bruler les ailes. C’était trop tard de toutes les manières, elle se brulait déjà ne serait-ce que de regarder Clarke. Poser les yeux sur la leader autoproclamée des jeunes skaikru avait été l’erreur la plus fulgurante de sa vie, l’attraction qui en avait suivi la chavirait encore. Alors elle essayait de grappiller quelques moments, regrettant déjà celui qu’elle venait de briser par son pragmatisme, son … pessimisme, son… réalisme en fait.  Mais Clarke ne partait pas, et Lexa estimait qu’elle pouvait être heureuse de ce fait. Elle l’avait rattrapé, d’une main puissante et douce, l’attirant vers elle pour savourer à ses lèvres l’amer gout de l’affection.  Le baiser dura, Clarke glissa sa main sur son épaule, le baiser reprit. Et quand il céda enfin, Lexa était presque comme essoufflée dans  son entier. Clarke serait sa perte et le fait qu’un seul de ses baisers la mette dans cet état présageait le pire quelques que soient les suites de leurs entrevues. Elle voulait de Clarke l’éternité qu’elle n’aurait jamais. « Ton temps est écoulé. » Les lèvres de la blonde parlaient, et si Lexa comprenait malheureusement cette sorte de rejet, elle savait que c’était de sa faute. Le temps était écoulé oui. Elle n’aurait jamais du les ramener à la realité, elle aurait du profiter de ce qui se tendait au bout de ses bras. Mais son avidité devait laisser le pas à sa sagesse – ce qu’elle ne se pardonnerait jamais – et elle n’aurait plus se leurrer plus longtemps.  Elle reprima le puéril « Je ne veux pas » qui arrivait à ses lèvres, Heda ne pouvait se permettre une telle faiblesse.  

Les joues de Clarke s’empourpraient et celles de Lexa auraient facilement pu faire echo a cette passion qui les devoraient l’une et l’autre. Elle se sentait telle une enfant attirée par des flammes dans les quelles mettre la main était de plus en plus attirant. Elle ne savait pas comment s’en tirer, elle ne savait pas comment y survivre, et elle savait au fond d’elle qu’il était déjà trop tard. Elle avait sombré dans les méandres des complexités qu’elle avait pourtant tentée de fuir.   « Tu as raté une occasion de te taire. » Le murmure la frappa plus que des cris n’auraient pu le faire. Je sais. Elle le tut. Gardant le silence et la position, contre Clarke, a quelques centimetres de gouter encore à ses lèvres.

« Tu sais que je dois y aller. »  

Qu’aurait elle pu repondre ? Oui, elle le savait, elle avait elle-même brisé le moment qui s’était formé dans la tendresse et le déni de la réalité. Mais désormais tout autour d’elles existait, et le secret devait rester entre elles, pas qu’elle ne veuille se cacher, pas qu’elle n’ait honte, elle ne voulait pas, juste, que Clarke soit sa faiblesse. Elle l’était déjà.  Elle hocha la tête un peu, et glissa une main sur la hanche de la blonde. «  Je le sais. »  Elle le savait. Elle savait qu’elles n’avaient plus le c hoix. Elle garda les mots qui affluaient en elles. «  Le soleil n’est pas tout a fait levé. »  Pas tout a fait. Les realités de leurs fonctions n’étaient pas tout a fait la ? Mais le magique du moment s’était étiolé… Bien que chaque moment où ses yeux se plantaient sur Clarke, lui semblent emplis d’un certain charme. «  Je pourrais ne pas te lacher. » Elle appuyant sa prise sur la blonde, toujours tendrement, lui faire mal n’était pas dans son objectif, et elle prenait soin d’eviter de faire preuve de trop de force. Reprimant par la même son envie d’attirer la blonde sur le lit, et de l’emprisonner sous son corps. De s’emprisonner sous le sien.

C’était une douce torture, de se rappeler la réalité, alors que tout chez Clarke appelait au rêve, à l’oubli. Mais la premier coup avait été donné, et elle était incapable d’arrêter son intellectuel de travailler, d’envisager la journée, de prévoir les évènements à venir, les obligations à porter. Pourtant, elle aurait voulu tout oublier, de cette guerre qui les attendait. Elle aurait voulu vivre pour le regard de Lexa, et seulement de ça. Elle l’aurait volé au monde et elles se seraient dérobée de lui, allant dans un ailleurs qui n’existait que pour elles. Elle ne pouvait pas. Elles ne pouvaient pas. Car elles étaient des leaders, et plus que leurs envies, il y avait le poids de leurs peuples, qui ne s’oubliait pas, presque ancré dans les veines, douloureux devoir, que celui des autres. Que valait la satisfaction personnelle, l’esquisse du bonheur, quand tout un peuple pouvait l’avoir ? N’y avait-il que trop de raison, pour que Clarke ne puisse pas trouver un argument valable, pour qu’elle reste ici, et qu’elle ne quitte plus jamais ce lit orné de la peau d’ours ? Car oui, c’était ainsi. Si son cœur et son corps criaient à ce besoin, qui se faisait plus agressif, plus vindicatif à chaque rencontre des lèvres de Lexa, tout dans sa tête forçait à l’oublier.

C’était pareil pour Lexa, qui se montrait beaucoup plus capricieuse qu’elle. L’apitoiement du commandant arracha un sourire à la fille du ciel, détruisant son propre tiraillement. «  Le soleil n’est pas tout à fait levé. » Clarke haussa un sourcil à la constatation, sachant où la Fille Sauvage voulait en venir. Elle se recula un peu, au niveau des épaules, détachant son front de celui de Lexa, alors qu’elle restait sous la prise de Lexa. Ses mains descendirent jusqu’aux poignets de son geôlier, et elles restèrent là, ne tentant rien. C’étaient des secondes grappillées, que Clarke n’aurait aucun scrupule à récupérer. «  Je pourrais ne pas te lacher. » Un petit rire surpris lui échappa et elle pencha la tête sur le côté, la tentation dans le fond de son regard. « Je ne te ferais pas le plaisir de m’échapper. » Et ses doigts remontèrent la longue route des bras de Lexa, avant de se croiser derrière la nuque de la brune, se perdant par la même occasion dans quelques mèches. Simplement, facilement, elle attira Lexa jusqu’à ses lèvres, qu’elle embrassa, tendresse sur le bout des lèvres, sur le bout de la langue. L’instant dura quelques éphémères, puis elle se recula à nouveau. « Tout comme je ne te ferais pas le plaisir de rester. » Le ton était un peu plus dur, rancune persistante, pour ce début de journée. L’étincelle de son regard, pour autant ne faiblit pas et son esprit s’apprêtait déjà à se jouer de Lexa. « Ce que tu disais sur l’attachement a été vite oublié, non ?  » Loin d’elle l’idée d’insinuer que Lexa s’attachait. Loin d’elle d’insinuer quoi que ce soit. C’était trop vif, trop nouveau, trop brumeux pour que Clarke ne mette un nom sur ce qui existait entre elle. Car cette passion qui lui brulait les entrailles n’avait d’égal que l’impératif d’y mettre fin, à un moment encore inconnu. Ce qui était, ce qui les attirait, n’aurait éventuellement jamais de nom. Car le nommer aurait été lui donner encore plus de poids dans cette réalité, et Clarke n’était pas sûre de pouvoir y résister, si ce potentiel venait à être.

Finalement, Clarke échappa un petit soupir. « Laisse-moi partir, Lexa. » Le désir n’y était pas, et finalement, la confession lui échappa aussi. « Sans ça, je n’aurais pas la force de partir. »

Ne pars pas. Voila les mots qu’elle mourrait envie de dire. C’était le théme de la matinée, une reccurence, qu’elle ne voulait pas formuler mais qui demeurait présente dans chacun de leurs mouvements. Ne pars pas, lui aurait elle criée à plein poumons si elle avait pu se permettre de le faire. Mais si elle n’avait pas été Heda, si elle n’avait pas porté le monde sur ses épaules, elle aurait pu aimer Clarke comme celle-ci méritait d’être aimée, sans besoin de la pousser loin d’elle. Elle se permit un caprice, Lexa. Mais il n’était ni permis, ni entendu, elle ne pouvait pas d’une manière égoïste garder pour elle cette fille du ciel. Le jour se léverait, et chanteraient les oiseaux tandis que viendrait le soleil, darder de ses rayons qu’elle n’avait jamais autant haï, ce lit sur le quel elles s’étaient retrouvées.

Elles ne bougeaient plus, figées dans leurs mouvements, suspendues dans un temps qui terminerait trop vite.   « Je ne te ferais pas le plaisir de m’échapper. » Des mains se serrerent dans sa nuque, elle se contenta de poser son autre main sur l’autre hanche de Clarke, la tenant contre elle, face a elle. Repondant au baiser qui goutait à la fois la tendresse, l’envie et l’amertume. Leurs matins seraient ils toujours les même ? Y en aurait il d’autre ? Etait-ce possible que ce soient ici les derniers moments qu’elles passaient l’une et l’autre ? . « Tout comme je ne te ferais pas le plaisir de rester. » Son regard durcit, son visage se crispa, machoire serrée, mais la lueur de tendresse ne quittait pas ses yeux. « Ce que tu disais sur l’attachement a été vite oublié, non ?  » Malheureusement echapper aux mots semblait trop dur sur le moment, et si Clarke était attentive, elle pouvait ressentir le tressaillement dans les mains du commandeur qui ne l’avait pas laché. La peur presque dans son regard et les regrets. Ce n’était probablement pas le but souhaité, mais déjà tous les atomes de Lexa commencaient à battre en retraite.  Etait elle condamnée à ne pouvoir s’attacher et à finir par s’attacher quand même ? Etait elle condamnée à soufrir du regret à chaque mouvement ? Clarke avait les mots justes pour la faire reculer, et finalement elle n’était probablement pas la seule à gacher le moment.

Elle lacha prise sur Clarke, dans un mouvement très lent où ses bras retomberent le long de son corps. Et elle figea a nouveau quand la blonde reprit la parole. . « Laisse-moi partir, Lexa. »   Et c’était la peut être bien l’une des seules battailles qu’elle accepterait de perdre, car la seule souffrance qui en découlerait n’atteindrait pas son peuple. « Sans ça, je n’aurais pas la force de partir » Et pourtant, pourtant les mots de Clarke la toucherent encore, et c’est un regard presque triste qu’elle lui offrit. Elle gardait cependant toujours cette lueur presque effrayée. L’attachement. Clarke mettait, tout comme elle, ce simple mot sur ce qu’elles ressentaient, et c’était quelque chose qui l’effrayait. Qui l’aurait effrayé si il avait été pire encore. «  Fais ce que tu as a faire. » Elles étaient des leader, leurs vies entières étaient faites de ça.  Puis, tandis que s’instaurait un nouveau silence, elle reprit, cherchant quelque chose pour s’occuper l’esprit. «  Je ne serais pas la pour la journée à venir. » Après tout, entre leader il était normal qu’elles se tiennent informées de ce qu’elles faisaient non ?

L’instant était définitivement perdu et Clarke échappa un nouveau soupir, comme preuve de son regret. C’était ainsi, le bonheur n’aurait jamais d’éternel et tout ce qui était lié à elles était voué à prendre fin, d’une manière ou d’une autre, répétitivement, se perdre, se retrouver, laisser partir l’autre, courir jusque dans ses bras. C’était une répétition d’évènements, qui s’accentuaient à chaque renouveau, et qui gagnait en tiraillement, à chaque nouvelle séparation. Clarke se mordit la lèvre inférieure, presque coupable de ses propres paroles. Était-ce un crime, de laisser passer le devoir, avant l’envie personnelle ? Clarke, elle aurait abandonné son peuple, sans la moindre once d’hésitation, car elle n’était qu’un outil pour eux, un moyen de survivre. Lexa, ça n’aurait jamais été ça. C’était plus important, c’était Heda, plus que le corps, c’était la vie entière qui était dédiée au Trigedakru. Alors, quel était le but de fuir, si c’était pour fuir seule ? Et Clarke ne baissa pas le regard, captant la détresse de la Fille Sauvage, sans y apporter aucun secours. Ca n’aurait pas été juste, pas après qu’elles aient tenté, l’une après l’autre, de s’éloigner. Et Lexa, déjà, la laissait partir. Ses bras retombèrent et les mains de Clarke se détachèrent de la nuque de la brune, glissant le long des bras de Lexa, y laissait une dernière caresse, une dernière griffe de chaleur avant que la distance, définitivement, ait raison d’elles.

« Fais ce que tu as à faire. » La détermination de Lexa ne trompa guère Clarke, qui hocha la tête, marquant le premier pas en arrière, les lèvres plissées, la mâchoire serrée. La distance était terrible et finalement, le jeune leader détourna du regard, partant à la recherche de ses chaussures qu’elle avait abandonné hier soir, s’occupant les mains, au risque de les retrouver à nouveau sur le corps de Lexa. « Je ne serais pas là pour la journée à venir. » Clarke releva la tête de ses petites bottines, gardant la surprise pour elle, laissant son regard vif et curieux – mais réticent à l’idée – sur la brune. « Où vas-tu ? » C’était une pure question. Il n’y aurait aucune objection. Clarke n’avait pas son mot à dire sur les actions de Lexa, elle n’avait aucun pouvoir sur elle, et c’était ce qui la désolait. Elle aurait voulu être le Peuple, celui qui dictait les comportements du commandant, celui pour qui Lexa aurait dédié sa vie, sans aucune pensée. Elle aurait voulu être tout ce qui guidait les gestes de Lexa, toutes ses décisions. Mais… elle n’était qu’une âme de passage, donc l’éphémère emporterait tout d’elle. Lexa la rendait terriblement fort, et aussi, terriblement frêle. Car plus que toutes ces couches de résistances, Lexa y laissait sa marque, chaude, fusionnelle, sur elle. Raven la tenait responsable des changements chez elle. Mais ce qu’ignorait l’ingénieur, c’était que, sans Lexa, Clarke ne se serait jamais relevé.

Une fois ses chaussures lassées, elle attrapa sa veste fétiche, qu’elle enfila en un geste. Puis, elle retrouva sa place devant Lexa, et elle garda cette mine, presque boudeuse. Sa main se leva, se posa sur la joue de la Fille Sauvage. Dans son regard bleu, eau de vie, il y avait tout ce qui ne pouvait être dit, empli de ce conflit qui la rongeait de l’intérieur, et qui, pourtant, lui permettait de garder cette dynamique constante. « Tu me promets que ça sera pour le plus vite ? » Car elle n’était pas sûre de survivre à l’attente, pas celle-ci.

L’eternel n’était definitivement qu’un lourd amas de chimère en le quel Lexa ne croyait pas. Il y’avait des choses à faire, des décisions à prendre, et un peuple tout entier qui comptait sur ses elle. Ses épaules étaient lourdes du poids de ses décisions et elle ne pouvait se permettre de tout gacher, pour une blonde aux yeux clairs, même si celle ci, assurément, faisait plus que battre son cœur. Il y’avait quelque chose de plus que du simple attachement pour Clarke, mais a force de trop vouloir s’aveugler elle espérait que cela passe. Elle savait que ça ne passerait pas. Elle espérait juste. Que les choses puissent être différentes. Qu’elle puisse réussir à se détacher aussi vite qu’elle s’était attaché. Ce n’était pas possible. C’était la deuxième fois que son cœur lui faisait faux bond de cette manière, et elle ne pouvait pas concenvoir que ça puisse lui arriver encore. Alors elle tentait de se durcir, de se raffermir. Et se montrant determiné. Ou du moins en tentant de l’être. Peut être qu’elle ne leurrait pas Clarke, peut être que ça ne marchait pas. Mais la blonde recula, et c’est une victoire amère que Lexa savoura à regret.

Il y’avait d’autres choses à dire cependant, elle ne pouvait pas la laisser partir. Pas sans la prévenir. Pas après cette nuit tendresse qu’elles avaient partagées. Même sans ça, elle aurait prévenu Clarke de son départ rapide. «  Où vas-tu ? » Une question, simplement, et Lexa commençant à bouger dans la tente pour s’occuper, pour se préparer aussi, sortant des vêtements plus propice au voyage, et changeant de t-shirt pour l’un de ceux qu’elle portait plus souvent. Un de ceux dans les quels elle ne dormait pas. Ensuite, il faudrait qu’elle se vêtisse de sa veste, sa cape, son épaulière, qu’elle passe sur ses yeux des peintures de guerre, et qu’elle se tresse, ou se fasse tresser. Mais pour l’heure, elle se préparait du mieux qu’elle pouvait, et Clarke semblait faire de même.  Dans le silence. Qu’elle brisa néanmoins.  «  Je me rends à Camps Jaha, pour voir comment les choses se passent avec les terriens que j’ai laissé la bas. » Pas de justifications. Pas de propositions. Elle aurait, il était vrai, aimé que Clarke aille avec elle, mais Clarke aussi avait ses combats a mener ici, et si l’une devait se faire accepter de l’arche, l’autre devait se faire accepter des terriens. Les choses viendraient.  

La fille du ciel finissait de s’habiller et Lexa se trouva sur sa route, volontairement, involontairement ?  Une main se glissa sur sa joue, et la terrienne fixa ses yeux dans les siens. Ce qui se passait entre les iris bleus et verts n’avait pas besoin de mot. Il y’avait les peut être, les j’aimerais, et les je ne peux pas. Il y’avait ce sentiment, et un mot bizarre qui ne pouvait exister. Il y’avait, trop de choses, pour qu’au final elles ne puissent oser les dire. . «  Tu me promets que ça sera pour le plus vite ? »  Les mots prirent Lexa au cœur, comme un étau solide. Elle ne savait plus ce qu’elle devait dire, ce qu’elle devait en penser. Elle savait juste, que  Clarke avait sur elle une emprise que personne n’aurait du avoir.

Pouvait elle cependant promettre quelque chose comme ça ? Pouvait elle cependant leur faire ce plaisir ? Il y’avait en elle cette partie qui voulait offrir à Clarke les étoiles que l’autre fille avait atteint plus vite qu’elle, et qu’elle finalement ne toucherait jamais. Mais il y’avait les responsabilités, le jamais, l’interdit. D’une main hésitante, elle saisit la main libre de la blonde en face d’elle. «  Je ferais au plus vite. » Un moment, l’hesitation à gouter ses lèvres, une envie réprimée. «  Tu ne remarquera même pas que je suis partie. » C’était faux. Elles le savaient toutes les deux, et elle, elle sentirait l’absence de Clarke, comme un couteau planté à l’interieur de son cœur qu’elle aurait voulu mort. Hodnes laik kwelnes. Il y’avait de multiples raisons pour que les faiblesses se fassent ressentir, le manque finalement en faisait aussi partie. Elle le découvrirait assez vite.