La presque mort » Visenya

J'avais passé la nuit à faire d'horribles cauchemars. Que les barbares à ma recherche me trouvaient et qu'ils tuaient Shugaï sous mes yeux comme ils avaient déjà tentés de le faire quand j'étais une enfant et lui un louveteau. J'étais d'une humeur massacrante. Quelques jours auparavant, j'avais rencontré un membre du peuple des gens tombés du ciel. Il m'avait parlé à cœur ouvert et désormais, je préférais me méfier de ce peuple. Un hurlement résonna entre les arbres, une personne se trouvait en danger et non loin de moi. Je saisie ma lance puis regarda Shugaï.

« - Que l'agresseur. »

Lui dis-je. L'énorme loup noir se mit à courir tandis que je marchais à pas rapides. Une fois arrivé, Shugaï observa la situation puis poussa un grognement avant de jaillir sur la panthère - qui ressemblait pratiquement à un chat comparé à la taille du loup. Il planta ses crocs dans la panthère puis l'arracha du garçon avant de secouer le félin dans sa mâchoire et de le relâcher presque mort. En arrivant, je plantais alors ma lance dans le cœur de la panthère tout en murmurant :

« - Yu gonplei ste odon. »

A force d'avoir rencontré des grounders, je connaissais quelques mots et quelques phrases. Je me redressais puis me retourna vers le garçon. Je sortis ma lance du corps inanimé d'un coup sec puis m'approchais de la personne blessée.

« - Skypeople ? »

C'était bien un membre du peuple tombé du ciel. Pourquoi était-il aussi loin de Ton DC ? Moi qui devait m'y rendre absolument aujourd'hui, je commençais à être angoissée. Étaient-ils tous insouciants ? Je me mis à parler la même langue que lui.

« - La forêt est dangereuse, vous n'avez pas l'air d'être au courant, vous le Skaikru. »

Oui, je généralisais, mais avec ma mauvaise humeur d'aujourd'hui, c'était compliqué de ne pas avoir de paroles autre que franches et dures. Moi qui d'habitude était du genre à être douce et gentille, le fait que John ait été frappé et renié par son peuple, peu importe la raison, me rendait grognon.

« - Je suis guérisseuse. Laisses-moi regarder. »

Déclarais je en posant mon sac en cuir sur le sol et en m'accroupissant vers la jambe blessée du garçon. Malgré mon humeur, mes gestes restaient étonnements doux et gracieux. Je saisie ma lance, puis à l'aide de la lame, je déchirais le pantalon du garçon afin de lui éviter la douleur en le relevant. Les crocs étaient allées en profondeur.

« - Ne t'inquiète pas, tu ne vas pas perdre ta jambe. »

Déclarais-je en voyant sa mine angoissée.

Je levais le regard vers lui un instant. John n'avait pas l'air de se sentir libre non plus. J'avais du mal à comprendre tout cela. Y-avait-il une différence entre les gens de la première arrivée et les autres arrivés après ? Je parlais mal l'anglais et mal la langue des grounders. Ca allait être vraiment difficile de parlementer avec le chef de la coalition.

« - J'ai rencontré une autre personne... De ton âge. Vous semblez tous fuir votre propre camp... Pourquoi ? »

Avais-je des raisons d'avoir peur ? Pourquoi les deux skypeople que j'avais rencontré avaient l'air de s'enfuir ? J'étais inquiète, avais-je eu raison de venir jusqu'ici ? Je regardais les traces de crocs puis sortit de ma sacoche quelques fioles et des bouts de tissus propres.

« - Cela risque de piquer un peu... »

Déclarais je en nettoyant la plaie tout d'abord avec de l'eau. Le mieux aurait été de cautériser mais il semblait vraiment douillet.

« - Je... Vais devoir cautériser... C'est trop profond, tu risques d'attraper une infection. Mais je ne vais pas te cacher que ça fait très mal. »

Je levais mon regard vers le sien. Il ne semblait pas du tout bien. Ce qui était assez logique.

« Qui as tu rencontré? Parce que ceux qui régissent ce camps sont ceux qui nous ont envoyés ici pour mourir. Mais nous ne sommes pas mort. Alors ils profitent. » Pardon ? Le peuple du ciel avaient sacrifiés d'autres gens du ciel ? Je hausse les sourcils, décidément, ce peuple était vraiment étrange. Je m'éloignais un peu pour allumer un petit feu en un rien de temps grâce aux frottements de deux bâtons.

« - John Murphy. »

Déclarais-je en lui lançant un regard. Je sortais un peu de matériel. Puis plongea la lame de la lance dans le feu.

« - Je ne comprends plus rien... Il y a deux clans dans le skypeople ? Pourquoi vous ne partez pas ? »

Pourquoi n'essayaient-ils pas de se créer un village et un mode de vie à eux si les autres leurs posaient autant de problèmes ? Je regarde la lame rougir puis la retourne dans le feu.

« Murphy est sûrement celui qui a le plus vécu chez nous... Il a eu des problèmes avec le camps mais aussi avec les autres. Il est plutôt solitaire. » Oui et il à une sacré fierté aussi. Mais la présence de John m'avait apaisé et je le considérais comme un ami bien que nous ayons simplement beaucoup discutés. Nous avions des points communs. Avoir un ami ici, c'était compliqué, surtout quand on venais de l'Ouest...

« - Oui, j'ai cru comprendre que ton peuple s'acharnait un peu sur lui... »

Déclarais-je. « Il est clair que c'est assez compliqué... Disons que les premiers qui sont arrivés sur Terre s'étaient nous les enfants. Nous étions des détenus sur l'Arche. On ne nous a pas donné le choix. Ensuite est venu le reste. » Je fronce les sourcils.

« - Ils vous ont envoyés ici... Pour mourir ? »

Du moins c'est ce que je commençais à comprendre suite aux témoignages que j'avais entendus. C'était horrible. Pourquoi les parents avaient envoyés leurs enfants sur terre au lieux d'y aller avant ? C'était le but des parents non ? Je soupire. Je lui tend une lamelle de cuir.

« - Mords-ça. Je vais commencer. »

Une fois qu'il planta ses dents dans le cuir, je fis en sorte de bloquer sa jambe afin qu'il soit immobile. Puis sors la lame et la pose sur la première blessure, je fais de mon mieux pour qu'il reste le plus immobile possible. Puis je dépose à nouveau la lame sur l'autre plaie. Vaut mieux faire ça d'un coup. Puis je le lache.

« J'ai beau apprécier Murphy, il a fait certaines choses. Il n'est pas tout blanc non plus. » Je lançais un regard au skaikru. John était la seule personne en qui je semblais pouvoir avoir confiance. Personne n'est tout blanc ou tout noir. Mais moi, je le voyais sur le même pied d'égalité. Je pousse un soupire agacé face à ce qu'il avait dit. Je n'aimais pas que l'on parle ainsi d'une personne qui avait sans doute fait d'horribles choses pour survivre. Je l'avais fait également.

« - Si certains ont des envies de vengeance, ça prouve qu'ils sont humains. John a peut-être fait des erreurs, mais il y a sûrement une raison à cela. Il s'est sûrement défendu comme il l'a pu. A l'heure actuelle, je suis recherchée par un clan de barbare de l'Ouest. J'y ai tué mes parents et le chef de ce clan. Je n'ai aucun remords. Et pourtant, je suis en train de t'aider. Les actes du passé ne nous définissent pas. Ce que John a fait ne le définit pas non plus. »

Déclarais-je. « Ouais... On a été envoyé pour mourir. » Je commençais à mieux comprendre pourquoi tous les gens que je croisais semblaient quitter le camp. Pourquoi ne se vengeaient-ils pas ? Après m'être occupée de ses jambes, le jeune homme. Moi qui aurait pensé qu'il aurait hurlé comme une fille, je suis surprise. Les premier skaikrus semblent être plus durs que je ne le pensais. Je sors d'une petite poche une petite boîte en bois mal taillée et l'ouvre. Elle contient cette fameuse pommade cicatrisante. Je l'utilise sur les traces de crocs puis lui bande la jambe.

« - Je ne comprends pas... Pourquoi vous ne vous vengez pas ? »

« Je ne connais pas les raisons qui l'ont poussé à commettre ceci ou toi pourquoi tu as tué tes parents mais il y a un certain stade que l'on ne peut pas dépasser. » Je relève mon regard vers le siens en prenant un drôle d'air. Mon humeur massacrante se calme et mon regard devient plus doux. Ce garçon semblait être le genre avec lequel je pourrais discuter des heures de tout et de rien. C'était l'impression qu'il me donnait. Il avait une certaine force d'esprit.

« - On est sur Terre... Aucune limite n'existe... »

Déclarais-je. Des hommes en mangeaient d'autres à l'Ouest, d'autres tombaient du ciel, certains étaient terrés dans une montagne. Il n'y avait aucune limite, seul les plus sages se posaient des barrières. Je pose ma main sur le front du garçon et pose le dos de mon autre main sur le mien. Valait mieux prévenir que guérir. Je sors un petit flacon du sac en cuir puis lui tend.

« - Bois le contenu, ça atténuera un peu la douleur et ça empêchera une potentielle fièvre. Le goût est affreux par contre. »

Je récupère le morceau de cuir puis déclare :

« - Rien ne vous empêche de créer votre propre clan. Avec vos règles et votre système de vie. »