Into The Woods - Ailis/Norah

Into The Woods

Ailis & Norah

Depuis son arrive sur Terre, Norah avait passé ses nuits dans une tente de fortune qu’elle s’était construite sur un flanc du camp Archéen qu’on n’avait pas tardé à appeler le “camp Jaha” d’après une idée de Sinclair. Bien sûr, Norah n’approuvait absolument pas de ce nom, mais on n’avait absolument pas l’infrastructure nécessaire à mettre en œuvre un référendum pour demander à tout un chacun son avis sur le nom du camp, alors tout le monde s’était plutôt accordé de cette décision. De toute façon, ça n’avait pas d’importance. C’était franchement inutile et insignifiant. La jeune femme ne s’en faisait donc pas pour ça. C’était, pour elle, une décision débile parmi tant d’autres.
Elle vivait, donc, dans une tente fabriquée par ses soins. Elle avait récupéré dans la station un pan de tissu plus ou moins étanche qu’elle avait réussi à tendre et sous lequel elle s’était fait un lit de feuilles mortes et de morceaux de sièges récupérés eux aussi dans la station. C’était profondément inconfortable, mais Norah ne dormait pas tant que ça de toute façon. Chaque soir quand le camp marchait au ralenti et que le silence tombait dans la vallée, c’était le temps pour les cauchemars d’envahir son esprit. Elle ne pouvait s’empêcher de penser à ses parents, au sacrifice inutile de son père et au meurtre injuste de sa mère. Alistair Crowley était là, quelque part dans le camp, bien vivant et en liberté. Non seulement c’était une profonde injustice, mais Norah ne pouvait s’empêcher de penser que c’était dangereux aussi. Cet homme avait tué sa mère, précipitant ainsi la mort de son père dans ce que l’on pourrait apparenter à un suicide. Comment pouvait-on être sûr que Norah, elle-même, n’était pas en danger ? Personne ne la prenait au sérieux, tout le monde s’était empressé de pardonner à Alistair son acte inhumain, et à aucun moment on ne semblait ciller face à l’évidente dangerosité de ce forcené. A tout moment, Norah devait être capable de se défendre. Clarke avait réussi à former une alliance ave les grounders, le camp n’était donc théoriquement plus en danger. Plus menacé par l’extérieur. Mais il résidait en son sein des êtres tout aussi dangereux et meurtriers. La jeune blonde ne se laisserait pas berner.
Donc, elle ne dormait que très peu la nuit. De ce fait, il lui arrivait parfois de tomber de fatigue dans la journée. Dans ces cas là, elle s’octroyait une micro-sieste de 5 minutes avant de se remettre à son ouvrage. Lors de ces siestes, elle s’était aperçu que le soleil chauffait particulièrement fort sur la toile de sa tente et transformait l’habitacle en un véritable sauna. Elle s’était donc mis en tête de fabriquer une vraie cabane avec des branches d’arbres qu’elle irait chercher dans la forêt. Cela lui permettrait de profiter d’une ombre rafraichissante et elle serait mieux protégée en cas de pluie ou de quelque intempérie que ce soit. De plus, si elle s’y prenait bien elle pourrait se construire une porte qui lui permettrait de se barricader la nuit et de se protéger un peu mieux.
Elle décida donc de se mettre en route vers la forêt, scrutant les arbres et se demandant lesquels seraient les plus pratiques à utiliser, lorsqu’un mouvement entre les feuilles attira son attention. Il y avait quelque chose dans les arbres. Ou peut-être était-ce quelqu’un… Elle baissa vite les yeux. S’il s’agissait d’un grounder, elle ne voulait pas qu’il sache qu’elle l’avait repéré. Sans plus regarder dans cette direction, elle décida de s’y rendre, l’air de rien. Elle sortit du camp par le grand portail et marcha en direction de a forêt, toujours la tête baissée, entra parmi les arbres et fit encore une centaine de pas avant d’arriver au pied de l’arbre dans lequel elle avait vu du mouvement. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’elle leva les yeux et se réalisa qu’il s’agissait d’une jeune fille qui ne pouvait pas avoir plus de vingt-et-un ou vingt-deux ans.

- Bonjour, dit-elle simplement, avec un large sourire.

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Ailis & Norah

En face de Norah se tenait à présent un visage inconnu. Bien sûr, elle ne connaissait pas encore chaque rescapé de l’Ark personnellement, mais son attirail et sa chevelure la désignaient de toute évidence comme faisant partie de l’une des tribus Grounders environnantes. Elle n’était pas très grande peut-être de la même taille que Norah ou, tout au plus, quelques centimètres au dessus d’elle. Une chevelure brune indomptée tombait en cascade d’ondulations chatoyantes sur ses épaules et jusqu’au milieu de son dos. Elle avait un visage très doux. Ses yeux, bien que très sombres, semblaient scintiller au point, presque, de lancer des éclairs. De ses joues rondes dépassaient des lèvres pulpeuses et Norah pensa que cette demoiselle à elle seule détruisait l’idée que l’on pouvait se faire des Grounders comme étant des barbares sanguinaires. C’était une personne tout ce qu’il y a de plus humaine. Elle avait même presque l’air… fragile.
Norah pensa à la guerre qui avait faillit exploser entre leurs deux peuples. Une guerre qui avait d’ailleurs commencé avant que les adultes ne descendent sur terre, avec l’attaque du dropship et les 300 guerriers Grounders brûlés vifs aux abords du vaisseau. Des atrocités qui atrocités qui auraient pu être évitées si l’on avait su se voir comme elle voyait la jeune femme en face d’elle : comme d’être être vivants, ni plus, ni moins. Pas des animaux, pas des divinités terrestres assoiffées de vengeance et de sang. Simplement des gens. Les Grounders étaient une multitude de peuples que l’Ark avait dérangés dans leurs habitudes et envahis. L’ignorance n’est pas une excuse. Même s’ils ne savaient pas que des survivants habitaient encore la terre, les Sky People n’en ont pas moins violemment investi les lieux sans le moindre respect. Norah comprenait bien qu’elle était sir Terre en qualité d’invitée forcée, plutôt que réelle habitante.

Cela dit, Norah était intriguée par les Grounders. Ils étaient des survivants, restés au monde après la destruction de celui-ci par la guerre nucléaire. Mais s’ils avaient survécu à la guerre, pourquoi n’avaient-ils pas reconstruit leur civilisation… Telle quelle ? Il devait y avoir une raison. Et se pouvait-il que cette raison soit toute simple ? Une question… De bonheur ? Le bonheur se trouvait-il dans la forêt ? Dans une vie simple de huttes et de peaux de bêtes ? Après tout l’hyper technologie avait poussé les générations passées à s’autodétruire. Sur l’Ark, les descendants de ces hommes aux technologies poussées, aux maisons inébranlables et aux armes de pointe en étaient arrivés à exécuter leurs semblables pour avoir volé du pain ou des médicaments. Pour avoir voulu protéger ses enfants ou même pour avoir eu des enfants. Et on avait le culot de considérer les Grounders comme primitifs ? Ne sont-ce pas les insensibles qui tuent à tout va leurs familles et leurs amis qui devraient évoluer ? Il lui semblait que les rescapés de l’Ark avaient beaucoup à apprendre des Terriens. Aussi pensait-elle bon d’essayer de les connaître.

- Je m’appelle Norah, dit-elle doucement, présentant sa main ouverte à la jeune demoiselle, espérant qu’elle la serrerait, souriant toujours pour lui montrer que, surtout, elle n’avait aucune animosité en elle.

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Ailis & Norah

- Hum…

Norah était un peu surprise par la question. Elle eut un léger sursaut et se mit à regarder autour d’elle les arbres, branches et feuilles qui peuplaient la forêt à la recherche d’une réponse, ou tout simplement de sa concentration. Elle n’avait pas vraiment pensé à ce qu’elle dirait à cette jeune Grounder une fois qu’elle l’aurait trouvée, elle n’avait pas préparé de dialogue dans sa tête, mais en tout cas, à aucun moment elle ne s’était attendue à une question pareille. Cela dit, c’était une bonne question. Cela leur permettait de continuer à discuter, sans pour autant en dévoiler trop sur elles-mêmes, leurs origines et leurs tribus. Parce qu’après tout, il fallait se rendre à l’évidence, sur Terre les rescapé de l’Arche réunis au camp Jaha n’était rien d’autre qu’une tribu parmi tant d’autres. Et, même si Norah refusait de trop y penser ils étaient une tribu d’envahisseurs… Et donc d’ennemis pour tous les peuples déjà présents sur Terre.

- En fait, je cherchais de quoi me construire un abri en bois. J’ai une tente mais c’est pas très solide et avec le soleil c’est un véritable sauna, mon cerveau va bouillir. Je voulais fabriquer quelque chose qui tienne la route et qui me permette de me rafraîchir un peu… Mais j’ai aucune idée de ce que je peux prendre comme type de bois, de feuilles… Certains de ces trucs sont sûrement toxiques, mais je n’ai aucune idée de comment les différencier.

A cet instant, Norah réalisa qui elle avait en face d’elle. Ailis était une Grounder. Mieux encore, elle était du coin. Elle savait très certainement quels matériaux Norah pouvait utiliser pour construire son abris Peut-être même avait-elle des bases de construction qui pourraient lui être  très utiles. Mais jamais elle n’oserait lui demander son aide alors qu’elles venaient à peine de se rencontrer. De plus, Norah comptait construire cette cabane à l’emplacement où se trouvait actuellement sa tente : en plein cœur du camp Jaha. Il serait très délicat de faire entrer une Grounder que personne ne connaissait dans l’enceinte. Tout le monde était un peu à cran et beaucoup de rescapés de l’Arche refusaient encore de faire confiance aux locaux. Indra et ses hommes étaient tolérés, parce que tout le monde avait bien compris qu’il s’agissait là d’une alliance nécessaire par temps de guerre, mais il serait presque dangereux pour Ailis de s’aventurer dans ce que l’on pourrait qualifier de terrain hostile, ce que Norah déplorait, d’ailleurs.

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Ailis & Norah

Ailis semblla se radoucir et Norah se permit de se détendre un peu. Pour des questions de survie, elle savait à présent qu’elle se devait d’être sur ses gardes avec… A peu près tout le monde, puisque même les habitants de l’Arche, ceux que les autochtones ici appelaient Sky People, se tuaient entre eux. Mais cet état de constante vigilance, de constante peur était profondément éreintant, particulièrement pour quelqu’un de doux et indubitablement romantique, comme Norah. Elle avait besoin, pour sa santé tant mentale que physique, de se relâcher un peu, de faire confiance à quelqu’un, n’importe qui ! ET pour le moment, cette jeune Grounder lui apparaissait comme parfaitement respectable. De plus, elle lui proposait son aide. Que demander de plus ?

Ailis expliqua à Norah qu’elle était experte dans l’art de fabriquer des abris et le sourire de la blonde s’élargit. Elle pensa soudainement que bien plus qu’une victoire militaire pouvait émerger d’un partenariat avec les Grounders. Les rescapés de L’Ark avaient beaucoup à apprendre des natifs. Ces gens avaient vécu là où eux ne faisaient pour le moment que survivre. Une véritable union, une véritable alliance, au-delà de leur opposition avec les Mountain Men ouvrait un million de possibilités et pouvaient permettre aux nouveaux arrivants de s’installer et recréer leur communauté sur des bases solides, dans a paix. Depuis le pied de cet arbre aux abords de la forêt, Norah entrevoyait la possibilité d’un futur brillant pour son peuple, s’ils parvenaient à secourir les jeunes enfermés sous la montagne et à s’associer avec les locaux dans la sincérité et l’humilité. Cela serait difficile, mais c’était la meilleur chose à faire : mettre de côté leur complexe de supériorité, assimiler la culture Grounder et se fondre dans la masse, sans top à ramener. Et peut-être Ailis et elle pouvaient-elles montrer l’exemple en s’associant à petite échelle, sur quelque chose d’aussi simple que la construction d’un abri contre la chaleur et les différentes intempéries.

- Ce serait fantastique ! s’exclama-t-elle avec un enthousiasme non dissimulé. Il faudra que tu m’expliques en détail quel bois choisir, et si j’peux utiliser des types de feuilles particuliers pour ma toiture… J’ai déjà une toile de tente étanche, mais je voudrais consolider la structure. Merci, vraiment du fond du cœur de me proposer ton aide, ce serait vraiment génial…

Elle se stoppa dans son élan, réalisant qu’elle s’emportait peut-être un peu vite. Elle ne voulait pas non plus faire peur à la jeune Grounder et risquer qu’elle ne s’en aille et la laisse en plan. Pour construire une alliance solide entre elles, il fallait avancer lentement, que la confiance s’installe solidement avant tout.

- Enfin… Excuse-moi, je te suis, tu fais comme tu veux.

Et elle sourit avec sincérité.

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Ailis & Norah

Norah suivit la demoiselle, les sourcils froncés et une moue de concentration sur le visage. Il Fallait surtout qu’elle pense à tout. Ne rien laisser au hasard pour ne pas risquer de foirer l’abri, purement et simplement. Beaucoup de ses camarades Sky People la trouvaient un peu excentrique de vouloir se construire une cabane. A vrai dire, peu d’entre eux s’imaginaient que les intempéries puissent être véritablement sévères sur Terre. Mais Norah avait étudié l’Histoire. Elle avait une connaissance encyclopédique des orages, des tempêtes, des ouragans, de la neige… Même si elle ne les avait rencontrées que sur papier, elle avait bien conscience des dégâts qu’ils pouvaient faire et elle pensait sincèrement que le reste de son « clan » avait tout intérêt à suivre sa démarche. Son plan, pour le moment, était de se fabriquer son abri et de le faire si bien, si pratique, si parfait, mais tout en restant simple, constructibles par tous ou presque, que le reste des rescapés de l’Ark voudraient suivre son exemple et se protéger à leur tour. Pour cette raison, elle se devait de ne rien laisser au hasard. Et tant pis si sa détermination passait pour un enthousiasme enfantin. C’était l’une des façons selon lesquelles elle espérait participer à la protection de son peuple, et finalement, les apparences avaient peu d’importance.
Au fil du chemin que les deux jeunes femmes faisaient, Norah s’efforçait de garder un œil attentif sur l’environnement qui l’entourait, de repérer des signes distinctifs sur les arbres et les buissons à côté desquels elle passait, pour être sûr de ne pas être perdue. Elle avait un assez bon sens de l’orientation et pensait pouvoir retrouver son chemin, si elle essayait vraiment, même dans une forêt qui lui était inconnue. Ailis ne parlait pas beaucoup, ce qui lui était aussi d’une grande aide dans sa démarche, aucune distraction à sa concentration.
D’après la jeune Grounder, la construction d’un abri était « plutôt facile ». C’était une bonne chose. Si Norah voulait qu’une grande partie des Archéens suive son élan de construction, il était crucial qu’ils en soient capables. De plus, dans la mesure où peu d’entre eux se rendaient vraiment compte de l’importance de vivre autrement que dans un camp de fortune mal organisé et encore plus mal agencé, si la démarche leur apparaissait comme compliquée et difficile à réaliser, il était fort probable qu’ils ne prennent même pas la peine d’essayer d’en construire à leur tour. Peut-être Norah devrait-elle d’abord se faire la main en construisant un premier abri à l’écart du Camp Jaha. Ainsi ses mains seraient déjà plus ou moins habituées aux gestes nécessaires à la construction d’une cabane en bois, elle apparaitrait donc plus à l’aise lorsqu’elle construirait son réel abri dans le camp. Pendant un instant, elle pensa demander de l’aide à un mécanicien de l’Ark, Raven par exemple. Mais toutes les constructions sur l’Ark avaient toujours été faites en acier. Le bois était de toute évidence une matière bien différente à manipuler. Un ingénieur serait peut-être plus utile dans ce cas, pour l’aider à trouver des idées d’amélioration de la cabane basique qu’Ailis lui laissait entrevoir. Si les premiers pas de cette entreprise se déroulaient bien, elle irait peut-être en parler à Kyle Wick. Après tout, le jeune homme semblait bien assez taré pour la suivre dans cette idée farfelue. Et il serait sûrement heureux de pouvoir travailler sur quelque chose qui n’ait rien à voir avec une quelconque guerre.