"Comme un animal en cage" -Kandar

Tout s'était passé si vite. La Azgeda n'avait eu le temps de rien faire, trop préoccupée à espionner les êtres du ciel. Les Moutain Men l'avait eu par surprise, ne lui laissant aucunes possibilités de fuir. Elle avait été assommée, elle le comprit lorsqu'elle fut éveillée par les hurlements des Reapers. Mais lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle ne plus voyait rien, seulement noir. Heureusement, cette obscurité n'avait duré que de courtes minutes. Puisqu'un homme en combinaison avait finit par retiré le sac qui couvrait les yeux d'Echo. Elle se trouvait dans les mines, près d'une des portes menant à l'intérieur de la montagne. D'autres terriens étaient dans le même cas qu'elle, agenouillés à ses côtés. Echo ne connaissait aucun d'eux mais elle savait qu'ils subiraient le même sort qu'elle. C'est à dire de se transformer en Reaper. Echo ne voulait pas finir comme cela, il fallait qu'elle accomplisse encore des choses à l'extérieur. Mais elle ne pouvait rien faire pour s'enfuir, personne ne le pouvait. C'est à ce moment là qu'une femme habillée en blanc se mit devant la terrienne des glaces pour lui annoncer un « Récolte » . Alors qu'à un autre elle avait dit « Cerberus ». Cette femme ne faisait que sourire et cela insuportait Echo, si elle avait eut ses armes, elle lui aurait tranché la gorge sans aucunes hésitations.

Après avoir été emmené à l'intérieur, dévêtu et laver. La terrienne ne faisait qu'appréhender les événements à venir. Rien que de se faire enlever sa fourrure avait été pour elle comme une torture. Cette peau de loup était sa propriété. Chaque Azgeda privé de sa fourrure ne pouvait se sentir en sécurité. Pourtant ce n'était que la première étape vers un doux cauchemar qui ne faisait que commencer. Echo se reprochait mentalement de ne pas être restée sur ses gardes. D'être partie seule pour observer les Skaikru. Elle avait été imprudente et pourtant on l'avait prévenue maintes et maintes fois. Mais cette fois-ci, c'était trop tard pour la guerrière. La terrienne fut endormie par un Mountain Men qui s'était chargé d'elle depuis son arrivée aux portes de la Montagne. Après la douche bouillante, il lui avait injecter un produit dans le bras à l'aide d'une seringue. Echo n'en avait jamais vu auparavant et se demandait à quoi cela pouvait servir. Alors qu'elle s’interrogeait sur l’aiguille dans son bras, elle perdit connaissance.

A son réveil, Echo ne sentait pas très bien. Sa tête la faisait étrangement souffrir. Cela était sans doutes dû à la dernière chose qu'elle avait vu avant de tomber dans l'inconscience totale et de se retrouver ici. Ici ? Il ne fallut que quelques secondes pour qu'Echo se rende compte où elle se trouvait. Elle se donna une petite claque espérant qu'elle soit encore dans l'inconscience et que rien de tout cela ne soit vrai. Seulement, elle ne rêvait pas et c'était bel et bien la réalité. Elle était quelque part à l'intérieur du Mont Weather et enfermée dans une cage. La même cage que l'on se sert pour des animaux. Echo ne pouvait même pas étirer entièrement son corps, tellement que la cage était petite. La seule position dans laquelle elle pouvait resté sans que ce soit trop inconfortable était d'avoir les genoux recroquevillés contre sa poitrine. Elle aurait pu s’acharner contre les barreaux en face d'elle mais cela n'aurait servi à rien. Puis, on ne l'aurait pas mit ici si les barreaux n'étaient pas résistants. C'était donc ici qu'elle passerait ses derniers instants en tant qu'elle même ? A l'intérieur d'une cage trop étroite à son goût.

Echo rapprocha ses genoux contre sa tête, attendant que quelque chose se passe. Car après tout que pouvait-elle faire d'autres qu'attendre ? Mais c'est alors qu'elle entendit soudainement des murmures sur le côté droit de sa cage. Elle releva brièvement la tête vers l'endroit d'où provenait les sons et finit par apercevoir une femme terrienne. Qui racontait des choses. Ou plutôt une histoire. L'Azgeda ne savait pas à qui cette histoire était destiné mais elle écouta. Elle était tellement concentrée dans ce que racontait l'inconnue qu'elle en oublia ses craintes. Les mots de la terrienne était rassurant et réconfortant. Qui était donc cette femme ? Echo se rapprocha et colla ses doigts contre les barreaux qui la séparait de l'autre terrienne. Et sans rien dire elle continua de l'écouter et de l'observer.

Les mots couraient sur sa langue, s’échappant un rythme régulier, posé, surtout travaillé. Quand Kandar racontait le passé, ce qui avait été, elle oubliait qu’elle était ici, enfermée dans cette cage, qui la privait de sa liberté. Elle oubliait qu’elle était une captive et que son heure se rapprochait, petit à petit. Elle s’était faite une raison, mais ça n’atteignait en rien ce besoin qu’elle avait de conter les guerriers tombés et oubliés. Justement, c’était ce qui lui permettait de tenir. Elle avait encore de l’espoir, oui, qu’un jour, l’armée qui se préparait vienne les libérer. Mais, si elle restait rationnelle, Kandar savait qu’il n’y avait que très peu de chances pour que ça arrive. Ce n’était pas impossible, pour autant, alors qu’elle racontait la libération de prisonniers, libérés par la fin d’une guerre, dans un temps définitivement perdu. C’était ça, ramassé des pièces de l’histoire, pour donner une finalité au présent. Quelques oreilles écoutaient, parfois l’interrompaient pour poser une question, ou échapper un commentaire. Ceux qui ne voulaient pas l’entendre s’étaient fait une raison depuis longtemps, et ne se plaignaient plus des mots de Kandar. La liberté d’expression, ils ne le lui enlèveraient pas.

Elle s’arrêta, son histoire touchant à la fin, alors qu’elle finissait avec un mince sourire sur les lèvres, et qu’elle posait sa tête contre les grillages de sa cage, ses doigts courant sur les fils de métal, au-dessus de sa tête, grattant la fabrique, sans que ça ne serve à grand-chose. C’était une occupation du corps, comme une autre. C’est là qu’elle remarqua que sa nouvelle voisine de cage était éveillée, le regard fixé sur la conteuse. Son sourire resta sur ses lèvres, alors qu’elle s’intéressait à cette dernière. « Bien dormi ? » C’était ironique et elle remua un peu, cherchant à bouger ses membres avant qu’ils ne soient trop ankylosés, passant d’une position inconfortable à une autre. « Est-ce que tu sais où tu te trouves ? » Kandar ne pouvait empêcher sa curiosité, mais elle la repoussait. Elle faisait rarement l’accueil aux nouveaux, mais elle savait qu’avant de répondre à ses propres interrogations, il fallait qu’elle s’assurer que son semblable ne soit pas trop déboussolé. Mais la jeune femme avait l’air de bien réagir, puisqu’elle n’avait pas essayé de se débattre, de forcer la porte, comme certains le faisaient. Elle avait dû analyser la situation assez vite. Ah, si c’était un grounder qui avait un minimum de conversation, ça serait fantastique pour Kandar. Non pas qu’elle se lassait de ses connaissances, mais discuter avec quelqu’un lui permettait de garder l’esprit alerte, de ne pas finir folle, aussi.

Surtout, ça lui permettait de savoir ce qu’il se passait à l’extérieur de la Montagne, quand un nouveau arrivait. C’était presque vital, pour Kandar, elle qui, en tant que conteuse, était habituée à être au courant de tout ce qui se passait. Ne plus être capable de remplir son rôle, pleinement, était le mal le plus intrusif pour elle. Oh, et il y avait les saignements réguliers, mais ça, elle pouvait le supporter. Ce n’était pas parce que son corps était faible, qu’il aurait raison d’elle.

Être capturer par l'ennemi était une première, pour Echo. Depuis qu'elle combattait, elle avait fait face à des situations ressemblant à celle ci mais elle s'en était toujours sortie. Cette fois, le Mont Weather l'avait eu. En traître. Peut être que si elle les avait senti, elle aurait pu se battre. Même si affronter seul la montagne était risqué, elle aurait prit ce risque. Echo appartenait avant tout aux Trigedakru, un peuple de combattant. Et non à un peuple de lâche comme l'était la montagne, se cachant derrière leurs armes à feu et leur brouillard acide. Cela agaçait l'Azgeda, de s'être fait avoir de la sorte. C'était absurde, que des lâches l'emportent sur des guerriers. Si seulement, ils ne possédaient pas ce matériel, ils ne vaudraient rien. Et les Trigedakru les aurait eu depuis longtemps. La Terre les aurait eu. Brûlés par les radiations qu'elle procurait. Echo eut un sourire, imaginant un homme de la montagne se faire incendier. Seuls les ancêtres des Trigedakru avaient pu assister à cela. Informant le peuple par des livres ou des conteurs.

En parlant de conteurs, Echo en avait une à côté d'elle. La terrienne l'avait deviné au moment où les mots de cette femme l'avait atteinte. Elle racontait l'une de ces histoires qui ressemblaient à celles que lui racontait les vielles femmes de son clan. Celles parlant de légendes de l'ancien temps. Ou bien d'aventures fictives. Et ces histoires étaient apaisante à écouter. Surtout lors des retours de combats. Ecouter des conteuses aidait à récupérer plus vite. Pour Echo, c'était une autre sorte de force, différente de celle qui impliquait des combats. C'était une force mentale, apaisante. L'Azgeda était plongée dans ce que disait sa voisine, mais ça prit fin lorsque celle ci s'arrêta de conter, à la déception d'Echo. Quelques instants plus tard, la conteuse remarqua Echo, qui l'observait  toujours. La femme souriait et n'avait pas lâchée ce sourire. « Bien dormi ? » La terrienne était troublée. Comment pouvait-elle bien dormir dans une cage ? Comment le pouvait-elle sachant qu'elle était prisonnière de la montagne. La femme se moquait surement d'elle. Ou elle s'inquiétait tout simplement. «  Pas vraiment. » Elle l'avait dit, presque timidement. Après tout, Echo ne la connaissait pas, cette femme. Et pourtant, ça lui faisait chaud au cœur qu'elle lui parle. « Est-ce que tu sais où tu te trouves ? » Echo pivota sa tête mais ça ne servait à rien. Elle savait où elle était. Piégée à l'intérieur de la montagne. Pour servir de cobaye et devenir un ripa. « Dans une cage ? Jusqu'à devenir une cannibale. » Elle avait eut du mal à prononcé le dernier mot. Echo s'inquiétait, elle ne voulait pas devenir une mangeuse d'Hommes. Rien que d'y pensé,  la répugnait. Elle préférait autant mourir que de devenir l'une de ces choses. Ses yeux étaient emplis de désespoir. Certes, elle n'aimait pas abandonner mais l'option d'espérer ne lui plaisait pas non plus.

Elle se recula légèrement. Peut être que la conteuse l'aiderait à surmonter cette peur qui commençait à la submerger ? Puis, elle devait être là depuis un bout de temps, cette femme. Comment n'était pas t-elle devenue folle ? Quoi qu'elle l'était sûrement. Et si Echo ne trouvait pas de raison, elle le deviendrait probablement aussi. Elle se secoua la tête pour ne pas sombrer dans la folie. Surtout que ce n'était que le début pour elle.

« Pas vraiment. » Kandar eut un semblant de rire, à cette réponse. Eh oui, c’était souvent comme ça, mais bientôt, la fatigue serait telle que l’inconvénient des positions que les cages imposaient étaient oubliés. Surtout après une bonne petite séance de drainage de sang. Kandar, elle, arrivait au point où elle ne sentait presque plus la douleur de ses os et de ses muscles. Ça devait l’inquiéter, mais il n’y avait rien qu’elle pouvait faire pour palier à l’absence de sensations. Ils étaient enfermés comme des bêtes, et parfois elle se sentait comme un animal en cage. L’abattement était souvent présent, et pour le combattre, Kandar se parait de cynisme et de tournures d’esprit que la conteuse n’utilisait pas, quand elle avait été libre. Mais ça ne l’empêchait pas de s’intéresser aux autres, avec un peu de curiosité égoïste, d’apprendre ce que ces trigedakru avaient été, avant d’être enfermés comme de vulgaire bétail. Elle avait besoin de garder son intellectuel éveillé, Kandar. Ça lui éviterait de perdre la tête, surtout si son corps ne pouvait plus suivre. « Dans une cage ? Jusqu'à devenir une cannibale. » Cette fois-ci, elle ne se moqua pas de la nouvelle venue, se contentant d’avoir un sourire contrit, laissant passer un petit malaise sur son visage, avant que tout ne soit chassé, pour laisser place à une expression un peu plus grave. L’inconnue savait où elle se trouvait, c’était déjà une bonne chose. Il ne restait plus qu’à la rassurer sur le bon côté des choses.

Kandar continuait de gratter les grilles de métal, ne quittant pas la jeune femme du regard. « Tu ne deviendras pas une mangeuse de chair. Ce traitement nous est épargné. » Le trigedasleng roulait, presque piquant sur sa langue, alors qu’elle pensait à ces hommes de la montagne, et à ce qu’ils osaient leur faire subir. Elle pointa sa main vers les appareils, qui étaient visible, dans un coin, à la fin de leur rangée de cages. « Ils nous vide de notre sang, grâce à ça. » Il n’y avait personne en traitement, pour le moment et l’objet paraissait presque anodin, quand il n’y avait pas ses semblables qui étaient pendus par les pieds. « Et nous en mette de l’autre. » Du sang, qui n’était pas le leur. C’était une intrusion, au plus profond de leur corps, et à chaque fois que Kandar se réveillait de son don, elle avait envie de s’arracher les veines, pour ne plus avoir à subir ça, encore. Mais elle ne s’abandonnerait pas à la faiblesse de se mordre la langue, pour mettre fin à ce cauchemar. Elle avait l’orgueil que son peuple imposait, et Kandar préférait souffrir, que de poser des actes de faibles. « Ils nous remplacent, une fois que ça ait raison de nous. » Son regard brun et sombre se posa sur la trappe dans le mur, où les corps disparaissaient pour un nouvel inconnu, dont Kandar ignorait tout. Quand Clarke et Anya s’étaient enfuies, elles étaient passés par ce même chemin. Elle espérait que son amie s’en soit sortie vivante. Mais l’espoir s’atténuait au fil des jours – ou de ce qui semblait être des jours, puisqu’ici, il n’y avait aucun moyen de se constituer une conception claire du temps.

Soit, le tour du propriétaire était terminé. La nouvelle venue apprendrait bien les règles, elles n’étaient pas compliquées à comprendre et si elle avait d’autres questions, elle serait libre de les poser. Kandar adorait faire la conversation. « Je m’appelle Kandar. » Bienvenue en enfer.[/color]

Une fois de plus, la terrienne aux cheveux courts se moqua. L'embarras n'avait pas quitté la Azgeda qui ne savait pas comment prendre ces moqueries. Sa réponse avait été si évidente ? Aurait-il fallu qu'elle ne réponde pas ? Mais cela aurait été impoli, surtout pour une femme qui semblait plus âgée qu'elle. Ce n'est pas parce qu'Echo ne la connaissait pas qu'elle manquerait de respect à une aînée. Qui de plus était conteuse. La terrienne des glaces se demandait si sa voisine savait se battre. Car à sa connaissance, les terriens ne pouvaient être guerrier et conteur en même temps. Elle lui demanderait, à la conteuse. Puisque si elle doit rester ici quelques temps, autant s'occuper. Même si Echo n'était pas très réputée pour être une grande bavarde. Au moins, en discutant cela prouverait son humanité. Et c'est ce qu'elles firent, la conteuse et la guerrière faisaient la conversation.

Les moqueries finirent par laisser place au sérieux lorsqu'Echo parla de devenir Ripa. Vu l'expression qu'affichait sa camarade, les doutes d'Echo ne faisait que se confirmer. Et pourtant.  « Tu ne deviendras pas une mangeuse de chair. Ce traitement nous est épargné. » Echo, qui observait la terrienne grattouillant son métal resta bouche-bée quelques instants. Ses yeux se stoppant sur le visage de la brune montrant sa surprise ainsi que son incompréhension. Si ce n'était pas pour devenir un monstre, alors pourquoi la montagne la gardait-elle ? Comme l’espérait la terrienne, la conteuse lui montra de la main des appareils qu'Echo n'avait jamais vu auparavant et dont elle ignorait l'utilité. « Ils nous vide de notre sang, grâce à ça. Et nous en mette de l'autre.  »  Le soulagement de l'Azgeda n'avait duré que quelques minutes. Elle ignorait que la montagne faisait d'autres traitements que celui des ripas. Elle ne savait pas non plus si c'était sensé être mieux ou pire. Si elle allait y passer ou non. « Pourquoi prendre de notre sang? » Echo savait que les Mountain Men étaient dérangés mais probablement pas à ce point. « De l'autre ? » La terrienne n'avait pas comprit et avait hésité à demander. Par peur de recevoir l'une de ces moqueries qui la mettait mal à l'aise. Pourtant elle avait besoin de savoir car c'était ce qui allait lui arriver d'ici peu.

« Ils nous remplacent, une fois que ça ait raison de nous. » Finalement, ce n'était ni mieux ni pire que de se faire transformer. L'image qu'avait Echo sur la montagne ne faisait qu'empirer. De plus, elle n'était pas la première et ne serait sans doutes pas la dernière à atterrir ici, d'après ce que disait la conteuse. Elle ne pouvait rien faire là de où elle était, juste se contenter d'attendre l'aide de l'extérieur. « Est-ce douloureux ? » Non pas qu'Echo avait peur de souffrir, non. Simplement pour qu'elle soit avertie de ce qui l'attendait. Quel guerrier ne connaissait pas de douleur physique. De ce côté Echo ne s’inquiétait pas, même si elle le devait. Après ces quelques renseignement, la terrienne aux cheveux bruns se présenta. « Je m’appelle Kandar. »  Echo en avait oublié la base de toute conversation, la présentation. La Azgeda fit un hochement de tête pour faire comprendre un enchanté. Puis elle prononça à son tour. « Echo » Accompagné d'un sourire fatigué.

La nouvelle n’avait pas l’air bien vilaine, même si Kandar reconnaissait les muscles et les cicatrices d’un guerrier, quand elle en voyait. C’était ce qu’ils semblaient enclins à attraper, les hommes de la montagne. Indéniablement, ceux-ci étaient plus résistants que les autres. Si Kandar n’avait pas été sur le lien de la bataille contre le skaikru, peut-être aurait-elle été épargnée ? Elle ne savait pas, et la conteuse n’avait pas envie de sourire à cette idée. Car rien ne la ferait sortir de cette prison d’1m², et que, indubitablement, elle durait tout aussi bien les combattants de son peuple. Bientôt, dans quelques jours, tout au plus, sa voisine connaitrait le sort dont Kandar expliquait les retors. Elle ne dit rien aux expressions de la guerrière, mais elle n’en manquait aucune. C’était presque la même chose, chez tous. Le temps que la réalisation les frappe et que les aiguilles se plantent dans la chair. Ils devenaient tous des morceaux de fureur, des morceaux de viande. « Pourquoi prendre de notre sang ? De l'autre ? » Kandar secoua la tête, n’ayant pas de réponse précise. « Ce ne sont que les murmures, et les discussions des gardes, qui croient qu’on ne les comprend pas. » Elle eut un sourire cynique, alors que l’agressivité était dans ses propos. Est-ce qu’ils auraient surveiller leurs langues, les hommes de la montagne, s’ils savaient que certains parlaient mieux l’anglais qu’eux ? « Les maunon ne résistent pas à la terre. » Une histoire de radiation, ou du soleil, Kandar ne savait pas exactement. Ce qu’elle savait, c’était que sans leur protection, ils n’étaient rien, là-haut, dehors. « Ca les blesse. Notre sang les aide à guérir, apparemment. » L’ironie du sort. Prendre ce que son peuple avait de plus précieux pour le tourner à leur avantage. Si Kandar en avait eu la possibilité, elle se serait coupé les veines, il y a longtemps, pour que ces abominations ne puissent pas profiter de ce qui avait de naturel, pour elle.

« Est-ce douloureux ? » Kandar s’arrêta de gratter son métal un instant, une trace de mauvais amusement dans le fond de son regard fatiguer. « Tu n’as pas à t’en faire pour ça. Ils nous droguent et du traitement, tu n’en gardes qu’un mauvais souvenir. C’est après, que ça devient pénible, pour certains. » Elle poussa un mince soupir, la noiraude, bougeant un peu dans sa cage, changeant son point d’appui, tournant un peu, pour qu’elle soit face à la nouvelle, sans devoir tourner la tête. « On devient de plus en plus faible, si on finit pas par perdre la tête. » Elle en avait vu quelques-uns, des fous, qui se frappaient sur les grilles jusqu’à se tuer. D’autres qui se jetaient sur les gardes, dans le simple but de mourir. Le pire, réellement, était l’enfermement. Kandar, elle-même, parfois se sentait perdre pieds. Et s’agripper fermement à sa cage ne lui était d’aucune aide. Tout ce qui lui restait était son histoire, et l’histoire des autres qu’elle portait en elle. C’était ce à quoi elle s’accrochait désespérément. « Echo. » Kandar lui rendit son mince sourire, penchant la tête sur le côté, reprenant le travail de ses ongles abimés sur le même espace de métal, au-dessus de sa tête. « De quel clan viens-tu ? Tu es un guerrier, non ? » Et ça, c’était l’occupation la plus saine qu’elle avait, Kandar. Se plonger dans la vie des autres, pour oublier la sienne.

Le bon côté dans ce que venait de dire l'habituée était qu'au moins, Echo resterait elle même. A moins qu'elle ne sombre dans la folie. Mais ça, c'était une autre histoire. Pour l'instant, ce n'était pas le cas puisqu'elle n'était pas seule. Mais qui sait ce qu'il pouvait arriver. Peut être que la terrienne ne supporterait pas le traitement du sang ou bien que sa voisine succomberait à force d'avoir été trop saignée. Plusieurs possibilités étaient envisageables mais mieux valait ne pas y penser. Puis Echo restait persuadée que son peuple viendrait tôt ou tard les libérés. Ils finiraient bien par se rendre compte de ces disparitions mystérieuses. Sauf si ils se convainquent qu'une disparition veut dire transformation en Ripa. Personne ne savait qu'ils enfermaient des gens pour prendre leur sang. Echo n'en savait rien non plus, jusqu'à son atterrissage dans cette cage.

L'azgeda voulait savoir  pourquoi il prenait de leur sang, car même si elle y était obligé, c'était son corps, son sang. « Les maunon ne résistent pas à la terre. » La conteuse ne lui apprenait rien, Echo le savait que les Mountain Men ne supportait pas la terre ferme. Mais Echo ne répliqua pas, laissant la brune poursuivre son explication. « Ca les blesse. Notre sang les aide à guérir, apparemment. » C'était assez explicite pour Echo et ne rajouta rien. C'était étrange mais ça tenait la route puis si Kandar l'avait entendu de la bouche des gardes ça ne pouvait qu'être vrai. Étaient-ils au courant, les Mountain Men que les terriens comprenaient leur langue ? Ou bien ils les considéraient vraiment comme des bêtes, rien qu'à voir leurs cellules... Echo s'était perdue dans ses pensées et secoua la tête pour en sortir. Attendant que sa nouvelle colocataire réponde à sa question. « Tu n’as pas à t’en faire pour ça. Ils nous droguent et du traitement, tu n’en gardes qu’un mauvais souvenir. C’est après, que ça devient pénible, pour certains. » Comme l'avait souhaiter Echo, elle ne s'était pas moquée. Sa question aurait pu faire croire à la conteuse qu'Echo était effrayé et pour un guerrier, ce n'était pas bon. Mais Echo n'avait pas peur, elle appréhendait juste. « Si une conteuse a survécu, je le peux aussi. » Ses mots étaient calmes et doux. Son sourire était resté sur ses lèvres lorsqu'elle les avaient prononcé. Pendant que la brune changeait de position.

Les deux terriennes se présentaient donc. La conteuse s’appelait Kandar et Echo aimait bien ce nom. Elle le trouvait original, enfin tous les prénoms terriens étaient originales. Mais celui là était particulier et Echo ne serait dire pourquoi. La conversation devenait plus personnelle mais cela ne dérangeait pas la terrienne. Habituellement elle n'était pas très bavarde mais ça lui faisait du bien de parler. « De quel clan viens-tu ? Tu es un guerrier, non ? » En tant normal, Echo n'aurait rien dit. Mais ce n'était pas le cas et presque naturellement, elle répondit. « Du clan Azgeda. Effectivement, ces cicatrices en sont la preuves. » Lui disait-elle tout en montrant les marques sur son corps. Si elles n'avaient pas été là, elle ne l'aurait peut être pas cru. Puis normalement les guerriers étaient distinguer des autres grâce à leurs tenues et leurs armes. « Et toi, d'où viens-tu ? » Car Echo voulait en savoir aussi sur sa voisine.

« Si une conteuse a survécu, je le peux aussi. » Ce n’était pas méchant, ça ne devait pas l’être. Rien n’empêcha, pour autant, Kandar de rire jaune, légèrement, alors qu’elle penchait sa tête en arrière, les grilles s’enfonçant dans ses cheveux sales, se posant sur sa boite crânienne. « Tu ne dois pas prendre ça comme une compétition. » Oh, elle n’allait pas prendre la mouche sur le fait d’être considérée comme faible. C’était une manie récurrente chez les guerriers, et Kandar savait son corps fragile. Elle vivait avec cette considération depuis sa plus tendre enfance. Peut-être était-ce ce qui la gardait en vie, maintenant, habituée à la fatigue de son sang, à l’essoufflement presque constant. Ça, ce n’était pas une torture pour elle. Et l’ascétisme forcé de la montagne n’avait que très peu d’effet sur elle, elle avait dépassé l’état de son corps depuis bien longtemps. Non, ce qui lui faisait tourner la tête était l’enfermement et le traitement. C’était le temps qui passait, sans qu’il ne daigne préciser depuis combien de temps la conteuse était là. « Beaucoup sont morts ici. Nous n’y échapperons pas. » C’était acide, c’était la réalité sur sa langue. Elle le savait, c’était inscrit, persuasion, sur ses os fatigués. Elle avait eu de l’espoir, avec la fuite d’Anya. Mais celui-ci s’était tari, pour ne plus oser se montrer.  Les hommes de la montagne auraient raison d’eux. Triste fin, que de finir ainsi, comme des animaux.

Kandar, pour autant, ne voulait pas alourdir l’atmosphère – le cadre en lui-même suffisait. Echo était une nouvelle distraction, un moyen de repousser l’ennui et la folie qui guettait toute personne sensée. Et puis, la nouvelle finirait bien par découvrir les règles implicites de l’endroit. Ainsi, elle était du Azgeda et un mince sourire amusé se dessina sur les lèvres de la noiraude, qui repensait au repenti du clan, depuis que la dernière reine avait été tuée. Elle n’était pas pour la rancune, Kandar. Elle avait assez de celle qu’elle dirigeait à la montagne. Et puis, elle n’avait pas d’opinion à apposer sur la guerre. C’était une histoire éternelle, et rien ne changerait ce qui avait été fait. « Azgeda. » Pour entretenir son mental, plutôt que de briller ses prouesses, c’était la langue du nord qu’elle utilisait, à présent. Elle avait besoin de ça, pour tenir, pour ne pas se perdre, ne pas oublier ce qu’elle était, qui elle était. « Heda a sonné le rassemblement ? » Il n’y avait que des brides, de ce qu’elle connaissait, sur les évènements extérieurs. Kandar voyait déjà la figure de Lexa, stoïque et pourtant serrée, donner ses ordres et songer à ceux qui avaient été perdus, dans le cercle de feu.

« Et toi, d'où viens-tu ? » Kandar continuait de gratter son morceau de métal, ne sentant aucune différence sur la matière. « De Polis. » C’était simple, c’était là qu’elle retrouvait les siens, qu’elle avait passé la plus grande partie de sa vie, après la disparition de sa mère. « Mais ma famille appartient au clan des prairies. » Elle évitait d’y penser, en temps général, à ses enfants, et à Baal. Elle ne s’inquiétait pas pour eux, mais quand tout ce qui restait était la réflexion, ses pensées revenaient souvent sur eux. Elle poussa un soupir, chassant la morosité qui venait, indéniablement, quand elle songeait à ceux qu’elle ne reverrait plus jamais.

« Tu ne dois pas prendre ça comme une compétition. » Echo n'avait pas cherché à contrarier Kandar, loin de là. C'était juste une plaisanterie, que les guerriers aimaient faire lorsqu'ils se sentaient plus forts. Mais d'un côté, Echo aurait dû réfléchir avant de dire ces mots. Ça avait été incorrect de sa part, elle l'avouait et s'en sermonna mentalement. Ce n'est pas pour autant qu'Echo répliqua de suite, elle ne voulait pas brusquer sa voisine, encore une fois. « Beaucoup sont morts ici. Nous n’y échapperons pas. » Elle en était conscience, la fille des glaces, elle ne savait pas combien ce traitement pouvait rendre faible, comment il faisait pour mener à la mort. Tout ça, elle ne le savait pas encore et ne tarderait pas à le comprendre. Echo préférerait mourir dans un combat plutôt que de mourir comme une bête. C'était triste, ce qui lui était arrivé, à elle comme aux autres. « Personne n'a réussi à s'échapper ? » Comment l'aurait-ils pu ? Puisque d'après la conteuse, les Mountain Men droguent leurs cobayes. Mais peut être que certains avaient trouvé une ruse pour s'en aller, qui sait.

Soudainement, Echo remarqua une bosse sur son avant-bras. Une bosse qui n'était pas dû à un cognement, c'était autre chose. C'était récent, comme si quelque chose se trouvait sous sa peau mais la terrienne ne s’attarda pas que la bosselure. Alors qu'elle donna le nom de son clan, la réaction de la femme n'était que trop prévisible. Les Azgeda, dans un temps, n'étaient aimés de personne. A  cause des décisions de la Reine folle et des guerres qui s'en suivaient à cause de celle ci. Tellement de terriens en voulait toujours au clan de glace, et ça, malgré la coalition des 12 clans. « Heda a sonné le rassemblement ? » Elle était intelligente, Kandar. Même en restant enfermé ici, elle avait comprit les intentions de Lexa, pour nuire au peuple du ciel. Rien qu'en repensant à ces envahiseurs, Echo eut une grimace. Elle les haïssait, ces individus venus du ciel. Depuis leur arrivé, ils faisaient que semer la pagaille. Et c'était d'une part leur faute que maintenant, la terrienne se trouvait là. En guise de réponse, Echo fit un simple hochement de tête.

Echo avait répondu d'où elle venait et attendait que Kandar en fasse de même. « De Polis. » L'azgeda fut surprise. Polis était la capital des terriens ainsi que l'endroit le plus sécurisé qui soit alors que faisait  Kandar dans cette cage ? Echo n'avait été que peu de fois à Polis et pour ces peu de fois, elle en avait été satisfaite. C'était chaleureux comme lieu et si la terrienne n'aurait pas été guerrière et fidèle à son clan, elle y serait bien resté quelques temps. Mais ce n'était pas le cas et la fille des glaces aimait son village malgré qu'il ne soit pas aussi animé que Polis. « Comment as tu fais pour te retrouvé ici ? Tu aurais dû rester à la capital. » Même si elle ne s'était sans doutes pas attendu à se faire prendre par la montagne, comme Echo lorsqu'elle était partit espionner les Skaikru. « Mais ma famille appartient au clan des prairies. » Elle trouvait ça beau, Echo, les familles. Elle, n'avait connu que son père, qui se trouvait toujours dans le village d'Orst qu'il ne quittait plus. Quand au clan des prairies, Echo avait déjà rencontré leur chef, qu'elle respectait grandement. « Tu as une grande famille ? » Le sujet des familles, un sujet sensible pour les terriens. Mais si Kandar les avait mentionné, c'était probablement qu'ils étaient en vie.

Kandar eut une petite moue sur les lèvres quand sa réplique presque acerbe ne reçut aucune réponse. Non pas qu’elle cherchait la dispute avec sa nouvelle voisine, mais chaque remarque était prise en considération et quelque part, elle s’attendait à un esprit plus mordant de la part de la jeune femme qui faisait du nord. Soit, elle n’allait pas se plaindre du manque de répondant. Echo devait être encore déboussolé et il n’y avait pas de raison de défendre des propos absurdes. Kandar, dans tous les cas, trouverait un moyen de faire de la guerrière une occupation intéressante. « Personne n'a réussi à s'échapper ? » Et ça, indéniablement, c’était une question intéressante, qu’elle n’avait reçu qu’à de trop rares reprises. Et elle était douce, la réponse, dans les songes de la conteuse, alors qu’elle repensait à l’évasion dont elle avait été témoin. Elle arrêta de gratter les grilles, portant son attention de manière plus perspicaces sur Echo. « Une seule. Et c’est parce qu’elle a été aidée. Ces enfants du skaikru sont ici. Leur leader, Klok l’a fait sortir. » Il y avait un peu de rancune, en prononçant le nom de l’enfant qui menait d’autres enfants. Mais surtout, il y avait une certaine tendresse dans les propos, alors qu’elle revoyait Anya s’enfuir. Une part d’elle espérait encore que son amie soit vivante. Une part, seulement. Parce que le reste se doutait de ce qui était arrivé. « Après, je ne sais pas si elles ont réussi à quitter la montagne. » Ah ça, c’était un autre mystère.

Et mieux valait diminuer le nombre de ceux-ci. Déjà, Echo en apprenait un peu plus sur Kandar. La conteuse n’avait aucun mal à parler d’elle, trouvant cela toujours amusant, de voir à quel point certains de ses semblables aimaient restés secret. Mais ça encore, c’était bien parce qu’ils ne partageaient pas la même fibre. Elle n’était pas faite de secret, et Kandar adorait raconter, à propos de tout et de n’importe quoi. « Je ne reste pas à la capitale. Je suis une conteuse. Je vais où la guerre se porte, j’en témoigne. » Elle bougea un peu, encore, dans sa cage, appuyant sa tête contre le grillage de métal, fermant les yeux pour ne pas voir les néons, tenter d’oublier l’endroit où elle se trouvait. « J’accompagnais l’armée de Heda qui devait se charger des skaikru. » Elle grimaça au souvenir, éludant l’évènement du cercle de feu. Parfois, dans son sommeil, elle sentait encore la chaleur des flammes contre sa peau. « Les hommes de la montagne nous sont tombés dessus. » C’était maussade. Il n’y avait aucun honneur dans la tactique qu’ils avaient utilisée. Comme quoi, à force de se cacher comme des rats sous terre, il y avait beaucoup de notions qui leurs échappaient, beaucoup de valeurs qu’ils avaient oubliés.

Ce n’étaient pas des souvenirs qu’elle appréciait, car ce n’étaient pas des souvenirs qu’elle pourrait colporter à un plus grand nombre. Personne ne saurait jamais exactement ce qu’il s’était passé, à la navette des jeunes skaikru et ça rendait Kandar presque malade. Heureusement, elle était droguée et désinfectée assez souvent pour ne pas l’être réellement… « Tu as une grande famille ? » Elle hocha un peu la tête, repensant à son garçon, rependant à sa fille, qui finirait par grandir parmi les chevaux, sans rien connaitre de plus de ce monde. « Mon partenaire est un nomade, j’ai rejoint toute sa famille. J’ai deux enfants, aussi. » Elle eut un rire triste et bref, qui trancha en elle l’humanité qui lui restait. « Et ils ne sauront jamais que j’ai été enfermée ici. » Ne pas pouvoir transmettre son savoir, même pas à ses enfants, même pas à sa fille… Il y avait des tortures plus terribles que cet enfermement animal. Elle poussa un soupir, reprenant le grattage de son morceau de métal.

Evidemment qu'Echo avait remarqué l'accent du nord qu'employait Kandar. Elle n'avait pas réagit, oui, mais si elle l’aurait fait, qu'est-ce que ça aurait changé ?  Probablement rien.  Même la terienne ne le montrait pas, elle était touchée par l'attitude qu'eut sa voisine, à son égard. Puis Echo poursuivit dans ses questions, demandant si certains prisonniers avaient réussi à s'échapper. C'était peu probable mais la terrienne voulait savoir, même si elle s'attendait au pire. « Une seule. Et c’est parce qu’elle a été aidée. Ces enfants du skaikru sont ici. Leur leader, Klok l’a fait sortir. » La réponse la surprit, elle ne s'était pas imaginé cela possible. Déjà pour la fuite mais aussi pour le fait qu'une skaikru ait aidé l'un des leurs. C'était de lourdes informations que donnait Kandar à Echo. Et cela paraissait absurde. Les trigedakru et les skaikru étaient en guerre, comment cela se faisait-il que l'ennemi apporte son aide ? Echo ne comprenait pas tout et cela l'intriguait. « Pourquoi aurait-elle fait ça ? Dans ces cas là, pourquoi ne pas avoir libéré tout le monde ? » Elle voulait en savoir plus, car elle ne comprenait pas. « Les skaikru subissent-ils le même traitement que nous ? » C'est à dire, les ripas, les cages, le sang. Les Mountain Men ne s'arrêteraient donc jamais, à agir comme des barbares. Echo n'aimait pas les Skaikru mais eux n'agissaient pas de la sorte. « Après, je ne sais pas si elles ont réussi à quitter la montagne. » Echo en doutait fortement, si elles s'en seraient sortis, les Trigedakru seraient au courant de tout. Ce qui n'était pas le cas. « J'en doutes. » Les mots d'Echo étaient durs, froids, comme l'était son clan.

Les deux terriennes parlaient d'elles, aisément. Rien ni personne ne pouvaient les empêcher de le faire. Peut être que si elles avaient été dans d'autres circonstances, elles n'auraient pas pu se vendre de la sorte. Soit. Echo se redressa légèrement, essayant de trouver une position confortable. Pendant ce temps, Kandar racontait ce qu'il était d'elle avant de se faire capturer. « J’accompagnais l’armée de Heda qui devait se charger des skaikru. » Parlait-elle de l'armée qui se trouvait sur le pont ? Ou bien de celle qui s'est faite incendiée ? Dans les deux cas, elle avait frôlé la mort. « Tu étais avec l'armée de Tristan ? » Le trigedakru qui était autrefois redouté de beaucoup. Echo l'avait déjà côtoyé et elle l'avait apprécié. C'était un homme sans cœur dont elle admirait la dureté. Des rumeurs disait qu'il était mort, dans le cercle de feu produit par les skaikru. L'Azgeda n'avait pas apprécié la nouvelle. Certains s'étaient réjouis de sa mort car ils ne supportaient pas sa cruauté. Et pourtant, c'était les hommes comme lui faisaient parfois le plus.

Echo sortit de sa rêverie, prête à écouter la réponse de sa question. « Mon partenaire est un nomade, j’ai rejoint toute sa famille. J’ai deux enfants, aussi. » A ces mots, le regard d'Echo changea. Elle était si désolé pour la terrienne de la capitale. Ainsi que pour ces enfants qui devaient désespérément attendre le retour de leur mère. Pour un trigedakru, ce n'était pas surprenant de perdre sa famille. Mais bon, c'était toujours mieux d'en avoir une vivante que morte. Echo supposa donc que Kandar ne se laisserait pas mourir si facilement, et la fille des glaces ferait en sorte de la soutenir. « On ne sait pas ce qu'il peut arriver. » L'Azgeda ne se faisait pas d'idées mais elle préférait garder espoir. « Je n'ai pas encore formé de famille mais j'ai un père. » Echo se confiait comme jamais elle l'avait fait. Ça paraissait peu mais pour elle, c'était beaucoup.

Kandar devait au moins reconnaitre qu’Echo était une partenaire de discussion plutôt agréable. Elle ne se parait d’aucun pseudo-mystère que tous les grounders perdaient une fois foutu en couche-culotte. Elle ne prenait pas la peine d’être agressive gratuitement envers la conteuse (la tendance était inverse, en fait) et elle avait assez d’intérêt pour que la conversation dure un petit temps. Oh, il n’y avait pas un voisin de cage qui lui avait tenu tête longtemps. Une fois assommé par le traitement, tout le monde devenait un peu plus coopératif – en ajoutant les longues journées qui devaient passées, d’une manière ou d’une autre. Mais si la discussion était aussi aisé maintenant, peut-être qu’elle gagnerait une tournure plus intéressante, dans le futur. Pour le moment, Kandar se contenait de nourrir la curiosité de la jeune femme de la nation des glaces, qui ici se portait sur les skaikru. La noiraude haussa les épaules à la succession d’interrogations. Elle n’avait pas eu les meilleures places, malheureusement. (sinon, elle aurait dit à Anya d’être prudente, de ne pas se laisser berner par la skaikru. Et Anya aurait réfuté son inquiétude par un rire assuré.) « Klok était pressée par le temps. Il y avait des gardes à sa poursuite. Pour ses motivations, j’imagine qu’un ennemi commun doit être une bonne raison. » Elle se mordilla un peu la lèvre, ajoutant au mal de ses lèvres sèches et abimées. « Je ne sais pas ce qu’ils leur font, aux skaikru. Après ça, je n’en ai plus vu… » Ca ne la dérangeait pas. Kandar était bien, loin de ces enfants. Même si elle auvait voulu savoir, elle aussi, ce qu’il en était d’eux. Quand Clarke était venu, il y a de ça plusieurs jours, il était évident qu’elle n’avait pas trouvé son havre de paix sous la montagne.

Amusant quand on songeait à la proximité de leurs savoirs. Leurs techologies ressemblaient trop aux hommes de la montagne (pas leurs manières, heureusement). Anya, aussi, lui avait expliqué qu’ils avaient tenté de rejoindre la montagne, au premier jour de leur arrivée. La lance avait été pour les ralentir. Toutes les élucubrations rapprochant les skaikru avec les maunon étaient mises en branle par ce que les grounders en cage avaient vu. Il n’y avait que deux possibilités futures : soit il n’y aurait plus jamais de skaikru dans son champ de vision, soit il y aurait encore une autre surprise. Oh. Kandar en voulait une, tellement. Elle s’égarait. « Tu étais avec l'armée de Tristan ? » La conteuse haussa un sourcil. « Tu connaissais Tristan ? » Il n’était pas la meilleure figure, aux yeux de Kandar, mais il restait un bon guerrier. Elle le savait, parce qu’elle avait déjà raconté ses exploits. Soit, son allégeance n’allait pas à lui. « C’était l’armée d’Anya. » Tint-elle à préciser, alors qu’elle bougeait un peu dans sa cage. « Je ne sais pas s’il a survécu. » Elle devait au moins le dire, tenir informée Echo. « Il a probablement été pris dans le cercle de feu. » Comme tous les autres. Elle avait survécu parce qu’elle était en retrait. Elle se souvenait des brulures, sur ses bras. Maintenant, les blessures étaient presque parties.

Enfin, le sujet changea, pour un tout aussi douloureux aux souvenirs de Kandar, mais qui éveillait plus de bons souvenirs. Pendant un moment, elle s’égara dans ses pensées, revoyant les cheveux noirs de son fils, occupé à monter à cheval. Elle sentait encore le poids de sa fille, dans ses bras. Tout ça lui avait été enlevé à présent et si elle n’avait pas été un membre du trigedakru, elle aurait pleuré pour eux, pour cette absence qu’elle leur imposait. A la place, elle échappa un « ugh » en voyant l’expression de Echo. « Je n’ai pas besoin de ta pitié, ça ne me ramènera pas à eux. » Ce n’était pas aussi détaché qu’elle l’aurait voulu, c’était évident que le sujet était lourd dans son cœur. Kandar se gratta un peu le crâne, avant de reprendre son travail sur les grilles de métal, écoutant les propos d’Echo. « Accroche-toi au souvenir de ton père. » Elle hocha un peu la tête, perdant son regard dans un lointain. « C’est ce qui permet le mieux de tenir. » Elle eut un sourire, s’étirant les épaules. « Il est guerrier ? »

Ça en devenait passionnant, cette discussion. Echo était curieuse, malgré qu'ont lui est toujours dit de ne pas poser de questions. Au moins dans cette cage, elle était libre d'en poser. Puis la conteuse ne la remettrait jamais à sa place pour ça et elle semblait aussi apprécier le dialogue. Si l'Azgeda s'était tenu aux conseils de ses aînés, jamais elle n'aurait accepter de discuter avec Kandar. Et elle l'aurait envoyer balader pour qu'elle lui laisse sa tranquillité. Mais Echo avait été au dessus de ça, elle avait tout d'abord penser à son bien être. C'était elle qui se trouvait en cage et non ses conseillers. Elle était libre de faire ce qui lui plaisait, le temps de son séjour dans la montagne. Alors les questions se suivirent ainsi que les réponses. Mais chaque réponses de la conteuse ne faisait qu'agrandir l'avidité de la fille des glaces. Et tant que sa voisine accepterait de répondre, elle continuerait. La conteuse parlait, à présent, de ce qu'elle avait vu. C'est à dire de l'évasion d'une Trigedakru et Skaikru. Paradoxal comme ça l'était, la conteuse disait vrai. Echo ne remettrait jamais en question ses dires. Elle lui faisait confiance sans même savoir pourquoi. « Pour ses motivations, j’imagine qu’un ennemi commun doit être une bonne raison. » Tout en écoutant, Echo remit ses cheveux en arrière. Ils auraient pu lui laisser sa tresse, les Mountain Men. « Mais si Heda l'apprend, la trigedakru risque la mort pour trahison. » C'était envisageable, ce que disait Kandar, l'Azgeda trouvait cette hypothèse plus au moins possible. Mais les ordres de la commandante n'étaient pas à prendre à la légère. « A moins qu'elle ait une idée en tête. D'ailleurs connaissais-tu la fuyarde ? » Peut être qu'avec un nom, Echo comprendrait mieux. Enfin s'il s'agissait d'une guerrière reconnu, sinon ça ne changerait rien.

Une fois qu'Echo serait au courant de ce qu'était arrivé à la conteuse, peut être qu'elle se confierait aussi. « Tu connaissais Tristan ? » Cela répondait à sa question. La brune se trouvait donc avec le bataillon qui fut finalement brûler. Echo fit un hochement de tête. « Nous avons souvent combattus ensemble. » Côte à côte, pour diverses missions donnés par Heda. Puis Echo fit une faute que Kandar n'hésita pas à corriger. « C’était l’armée d’Anya. » On avait dit à Echo ainsi qu'aux autres guerriers de son clan, que la célèbre Anya n'avait pas pu terrasser le peuple du ciel, seule. Alors que Tristan était venu en renfort. Mais ils étaient morts, décimés par le cercle de feu. Kandar l'avait confirmé avec sa théorie. Echo n'en était pas boulversée pour autant, elle s'y était déjà préparée.

C'était dur de revenir dans le passé alors que le présent était pour le moment, paralyser. Echo n'avait pas eut pitié de Kandar lorsqu'elle lui avait dévoiler l’existence de ses enfants. Elle était juste désolée, pour la conteuse. « Sont-ils âgés ? Si tu ne te sens plus apte à répondre, je comprendrais. » Elle ne voulait pas aller au delà des des limites de la brune. Au contraire, elle voulait lui apporter son soutien et non la faire culpabiliser. « Accroche-toi au souvenir de ton père. »  Elle le faisait. Et continuerait jusqu'à que ses yeux se ferment à jamais. « Toi de même, pour tes enfants. » Comme le disait Kandar, cela permettait de tenir. « Il est guerrier ? » Auparavant son père avait combattu, lors des nombreuses guerres entre les clans. Seulement il avait déserté les siens pour pouvoir mettre en sécurité Echo, dans le village d'Orst. « Il y a longtemps. Ce n'est plus son cas aujourd'hui. »