car tu protèges plus que son corps ▬ Curtis

Clarke était allé se débarbouiller après son entrainement quelque peu rude avec Lexa. Elle s’était brièvement changée, avait définitivement abandonné sa veste bleue, coupée par l’épée du commandant, tout en s’habituant à la douleur de ses côtes, qui continueraient de la faire souffrir pour les jours à venir. Rien d’insurmontable et de réellement handicapant. Dans l’action et l’adrénaline, Clarke ne verrait même pas la différence. Soit, elle passa au-dessus de la fatiguée que l’entrainement avait produit. La journée était à peine commencée et elle avait encore quelques projets à peaufiner avant la rencontre du conseil de guerre – même si tout était parfaitement clair dans sa tête. Après une brève discussion avec Jasper, elle s’était rendue dans la tente des soigneurs, où Nyko lui avait envoyé un regard sarcastique quand il avait compris que l’onguent qu’elle était occupée à faire était pour ses propres côtes. Mais il n’avait rien dit et elle avait décidé de l’ignorer, c’était ainsi qu’ils s’entendaient le mieux. Une fois cela fait, elle laissa sa préparation se solidifier au soleil et elle partit se chercher de quoi manger, forcée par un Poney qui lui répétait qu’elle devait « reprendre des forces. » Alors, la faim n’avait pas été sa première motivation pour attraper un morceau de viande et de pain un peu sec.

C’est sur son chemin qu’elle croisa l’une des figures qu’elle voyait aussi souvent qu’elle croisait Lexa, et pour raison, c’était l’un de ces gardes du corps. « Oh Curtis. » C’était un peu près tout ce qu’elle connaissait de la jeune femme. Poney lui avait un jour expliqué qu’elle était partie en mission dans la nation des glaces, et c’était tout ce qu’elle savait. Elle n’avait jamais prêté réellement attention à la guerrière. Si elle était délicate en apparence, Clarke se doutait bien que l’impression s’arrêtait là. Il n’y avait pas de garde du corps faible, autour de Heda. Poney en était un peu la preuve, même s’il avait été relégué aux services de la fille du ciel. Soit. Elle regarda autour de Curtis, cherchant une autre figure familière, mais ne trouva pas Lexa du regard. « Lexa n’est pas avec toi ? » Oui, car elle supposait assez simplement, que là où un garde se trouvait, le leader du trigedakru ne devait pas être loin. Après tout, quand on cherchait après Clarke, cela allait beaucoup plus vite de chercher pour Poney, qui était plus grand que la moyenne. Un bon moyen de la trouver. Mais Curtis était loin d’être une grande perche et elle était loin de devoir être toujours collée à l’ombre du commandant – même si oui, ceci devait consisté en la plus grande partie de sa journée.

car tu protèges plus que son corps

CLARKE && CURTIS

De loin, je regardais l’entraînement entre Lexa et Clarke. Je n’étais pas inquiète, pour une fois. Armée, Lexa était puissante et rapide, précise. Il en fallait beaucoup pour la déstabiliser et Clarke ne semblait pas être très sure d’elle-même. Elle était hésitante, la réalité de l’entraînement avait du mal à s’installer dans son esprit. C’était normal, après tout, les Skaikrus n’avaient pas l’habitude de combattre de cette façon, de s’exercer à frapper au bon endroit et au bon moment. Pour eux, tout était question de ces fusils automatiques qui pouvaient tuer en quelques secondes. Se cacher et attendre, c’était leur tactique préférée, de ce que j’avais pu observer. C’était bien là un signe de faiblesse, d’inexpérience. Sur Terre, ça ne se passait généralement pas comme ça. Les habitants de la Montagne possédaient bien des armes semblables, mais ils étaient plus confortables à l’abri dans leur château. Ils sortaient avec assez de munitions et leurs escapades étaient planifiées, calculées. Les Skaikrus n’avaient aucune idée de ce qu’ils faisaient, ils gaspillaient leurs balles sur le premier venu et se retrouvaient bien vite à découvert. Ça, on l’a bien vite compris. Alors non, je ne m’inquiétais pas pour Lexa. Un sourire s’était même dessiné sur mon visage lorsque son épée était venue s’insérer dans le flanc de la Skaikru. Ce n’était rien de grave, une ecchymose tout au plus. Ça démontrait sa force, c’était tout. C’est lorsque Clarke avait empoigné fermement le bras de Lexa pour le maintenir derrière son dos que mon regard s'était durci. Dans le cadre de l’entraînement, ce n’était pas trop menaçant, mais une grimace s’était installée sur mon visage. L’épaule du commandeur en ressortirait blessée, seulement un peu, mais assez pour qu’elle la sente dans les prochains jours. Ce n’était pas idéal.

Après m’être assurée que tout allait bien auprès de Lexa, je la laissai se reposer quelque temps. Le soleil est chaud et écrasant, la fatigue s’installe parmi les troupes. Je reste à mon poste, me promenant tranquillement entre les tentes. Galaad s’occupe de rester près de la tente de Heda. Normalement, j’y serais restée aussi, mais mes jambes ont besoin de bouger, je jette un œil aux Skaikrus en même temps. Je commence à m’habituer à leur présence, légèrement. Je ne peux pas encore dire être contente ou même indifférente face à ceux-ci. Pas encore. Il faudra du temps et beaucoup d’efforts pour y arriver, mais j’essaie. J’essaie pour Lexa et pour l’alliance qu’elle tente de créer. Je ne doute pas de l’utilité de celle-ci pour l’attaque contre la Montagne, mais elle semble vouloir poursuivre après. Créer des liens, s’entraider. Je ne comprends pas exactement pourquoi, nous nous sommes débrouillés seuls tout ce temps, avec la Montagne anéantie, nous n’aurons plus besoin de leur protection, de leur savoir. Mais le commandeur retrouve sa curiosité d’enfant et toute cette nouveauté la fascine, je ne peux lui en vouloir. La peur m’empêche d’être curieuse et d’aller voir plus loin. Qui sait les tortures qu’ils sont capables d’infliger avec toute cette technologie. Ils sont peut-être plus imaginatifs que la Nation des Glaces. Je ne tiens pas à le découvrir.

Je croise Clarke sans la regarder, mais elle m’intercepte, un morceau de pain à la main. Elle semble étonnée de me voir, ça me fait presque sourire. Elle s’attend peut-être à ce que Lexa m’accompagne, ou enfin, que j’accompagne Lexa. Nous n’avons pas entretenu de grandes discussions, à mon grand plaisir, même si ça semble être sur le point de changer. Ils sont bavards, ces Skaikrus. Ils doivent tout savoir, tout comprendre, tout connaître. Je n’ai rien de tout ça à leur offrir, mais ils ne semblent pas comprendre. Ils font la sourde oreille à mes remarques, évitent de s’attarder sur mes expressions froides et dures. À croire que la froideur leur est inconnue, qu’ils ignorent comment réagir face à une telle façade. « Clarke. » Son regard se porte derrière mon dos, elle cherche le commandeur du regard. Peut-être tient-elle justement à lui parler? « Elle se repose dans sa tente. » Je ne dis pas un mot de plus. Avec un peu de chance, elle ira manger, sans continuer la discussion. Sans que je puisse m’en empêcher, mon regard se porte pourtant sur son flanc, là où le coup d'épée de Lexa a frappé plus tôt. J’essaie de ne pas faire de remarque, mais mes différentes instances avec les Skaikrus m’ont délié la langue. Ils déteignent sur moi alors que je fais tout pour l’éviter. « J’ai regardé ton combat avec Heda. Tu as encore beaucoup à apprendre. »

(c) badwolf.

Clarke passait trop de temps en compagnie des grounders, c’était un fait. Déjà, elle fuyait le camp Jaha, car c’était là où se trouvait sa mère, qu’elle n’avait aucune envie de croiser. Aussi, il y avait, à quelques dizaines de mètres des barrières électrifiées, un endroit qu’elle ne pouvait supporter, car c’était là où elle avait enlevé la vie de Finn. Il y avait Raven, aussi, qui avait la rancune tenace – comment ne pas l’être ? Il y avait tout ce système qu’elle avait haï, depuis plus d’une année, et qu’elle ne pouvait plus cautionner. Même si sur Terre, tout était différent, l’essence de l’Arche restait la même, et elle se retrouvait ici, à l’avant-poste, à attendre une bataille et à se familiariser avec les mines patibulaires des membres du trigedakru. Elle avait compris qu’ils étaient ainsi, les guerriers : imposants, froids, distants. Ca ne l’offusquait plus, et en présence de Curtis, il n’y avait rien dans son instinct de survie qui lui disait de partir. Clarke s’était tout de même fritter avec Indra, et depuis cette dernière, elle se sentait difficilement impressionnable. Et puis, ce n’était pas comme si elle avait l’intention de tenir la jambe de Curtis. Clarke choisissait avec précaution – tout de même – les grounders avec lesquels elle faisait la conversation et elle avait bien compris que les gardes du corps affectés à la protection de Lexa n’étaient pas les plus loquaces. Poney en étant la preuve vivante. « Elle se repose dans sa tente. » Clarke plissa les lèvres à la réponse et elle échappa un « Je vois…merci. » Politesse oblige. Et elle était sur le point de faire demi-tour, d’aller mâcher son bout de pain et de viande en s’occupant à autre chose.

Mais elle capta le regard de Curtis, sur ses côtes douloureuses et la grimace ne quitta pas ses lèvres. Oui, le combat n’avait pas été de grande beauté. Clarke n’était pas là pour devenir la parfaite combattante. Le fait qu’elle ait survécu jusqu’ici relevait parfois du miracle, mais il y avait plus que la bonne intention d’une étoile porte-bonheur. Clarke était une survivante, aussi piètre pouvait-elle être dans les combats au corps-à-corps. « J’ai regardé ton combat avec Heda. Tu as encore beaucoup à apprendre. » Chassant l’agacement d’avoir entendu cette phrase à répétition en ce jour, Clarke, simplement, haussa les épaules. Avant de se dire que c’était une mauvaise idée, en vue de la douleur qui s’éveilla à ce simple geste. Soit, elle garda son expression neutre, un peu fermée, peut-être, un peu amusée, aussi. « Je suis parfaitement consciente de ça. » C’était à peine mordant. Elle ne savait pas se battre, ou pas trop. Elle fonctionnait à l’instinct et aux reflexes. C’était tout. Elle n’avait pas des années d’entrainement, pour apprendre à tuer, à se défendre. « Il y a deux mois, je n’aurais jamais pensé à avoir à me battre. » Il y a deux mois, elle était un oiseau en cage, Clarke, à pleurer la mort de son père, son isolement, la mort plus que probable des occupants de l’Arche. Aujourd’hui, si un petit pourcentage d’entre eux avait survécu, tout le reste avait changé. « Mais je suis quand même satisfaite de ce que j’apprends. » Elle était passée par loin de blesser Lexa, et elle avait réussi à faire ça parce qu’elle avait été sous-estimée. C’était la constante erreur qu’ils faisaient, avec elle, avec les 100. Et c’était, souvent grâce à ça, qu’ils tiraient avantage des évènements. Clarke, pourtant, était consciente que ça ne serait pas suffisant, parce que, à présent, les siens étaient enfermés dans la Montagne, et qu’ils avaient eu besoin de cette Alliance, pour qu’un peu d’espoir soit envisageable.

car tu protèges plus que son corps

CLARKE && CURTIS

Il était rare maintenant, de voir Lexa sans Clarke et Clarke sans Lexa. Comme si elles étaient liées, ne serait-ce qu’un peu par une force invisible. J’y étais souvent aussi, éloignée, en arrière-plan. Parce que même si ce qui me liait à Lexa était fort et solide, c’était différent. Ce n’était pas vital, ce n’était pas si pesant. Ça m’agaçait, surtout. Parce que le devoir que je m’étais donné était de la protéger et que plus la Skaikru se rapprochait d’elle, plus j’échouais. Je n’accordais pas ma confiance facilement et même si je savais que le commandeur avait l’habitude de faire des choix posés, là, je ne savais plus. L’inconnu était arrivé si vite et il était charmeur. C’était quelque chose que l’on oubliait souvent, qui passait peut-être inaperçu, mais c’était une arme des plus puissantes. Pourquoi s’efforcer de tuer quelqu’un quand on pouvait le convaincre de se tuer soi-même?

C’était l’occasion de voir par moi-même, de voir si la jeune blonde comportait un réel danger ou pas. Je l’avais vu combattre avec Heda et jusqu’à maintenant, la force physique n’était pas quelque chose d’alarmant. Elle avait peut-être réussi à blesser légèrement Lexa, mais je ne craignais pas pour ses habiletés de combat. « Je suis parfaitement consciente de ça. » Il faut croire que je n’avais rien à apprendre de nouveau à Clarke. C’était peut-être ce qui m’agaçait tant chez elle. Elle reconnaissait ses erreurs, ses faiblesses sans pour autant se laisser décourager. Elle voulait apprendre, mais ses motivations n’étaient pas des plus claires. Rester en vie, oui, mais ça pouvait être plus que ça. Après l’alliance, après l’attaque sur la Montagne, tout était possible. On leur apprenait à se battre, à se défendre et bientôt, ce serait contre nous que les attaques seraient dirigées. Avec des bonnes techniques de combat, ils prenaient l’avantage. Ils possédaient des technologies que l’on ne connaissait pas. Si l’art du combat était relativement facile à apprendre, la technologie demandait des connaissances hors du commun. Il faudrait des mois pour comprendre, puis pour créer. C’était trop peu. On donnait sans rien vraiment en retirer en retour. La situation m’effrayait et même avec toute ma confiance envers Heda, je doutais.

« Il y a deux mois, je n’aurais jamais pensé à avoir à me battre. » Il y a deux mois, les choses étaient bien différentes. La Montagne était toujours une grande menace, mais au moins les choses étaient sous contrôle. Les Skaikrus venaient rétablir l’ordre en le déséquilibrant en même temps. Ils étaient des alliés de choix contre les Mountain Men, mais ils étaient surtout de nouveaux ennemis. « Je n’aurais jamais pensé m’adresser à quelqu’un venant du ciel. » Je ne savais même pas que la vie existait là-haut. Curieusement, je ne m’étais même jamais posé la question. Il faut croire que ça allait au-delà de mon imaginaire. Nous étions comme trois espèces distinctes. Les Mountain Men sous la terre, les Terriens à la surface et les Skaikrus dans le ciel. Sauf qu’on se disputait tous la surface. « Te battre aux côtés du commandeur, c’est un privilège. Ne l’oublie pas. » Clarke ne se rendait peut-être pas compte de la place de choix qu’elle occupait chez les Terriens. De son importance dans toute cette histoire. Il était rare de voir quelqu’un si proche de Lexa. Ce n’était pas une coutume et j’espérais que ça ne le devienne pas.

(c) badwolf.

Il y avait des masques qui ne se perçaient pas, ou qui prendraient du temps à être arrachés. Clarke ignorait tout de Curtis. Oh, elle aurait pu demander à Lexa, de lui parler de ses deux gardes du corps qui en mettaient plus d’un mal à l’aise. Mais ce n’était pas son rôle et elle respectait la discrétion de chacun. Curtis n’avait qu’un rôle, protéger son commandant, et Clarke n’irait pas contre celui-ci. Elle ignorait encore beaucoup des coutumes des membres du trigedakru, et elle avait appris à ne pas faire de suppositions hâtives – ou du moins, à ne pas les prononcer à voix hautes. Clarke savait que la brunette cherchait, avant tout, la sécurité de Lexa, mais elle ignorait les intentions qui teintaient ce désir, ce devoir, et de fait, ça ne lui permettait pas de comprendre le garde totalement. En temps normal, ça ne la dérangeait pas. Clarke arrivait à se comporter en oubliant l’existence des ombres de la Fille Sauvage. C’était plus compliqué quand l’une lui faisait la conversation. Surtout qu’elle saisissait cette animosité familière à une grande partie des guerriers de la Terre. « Je n’aurais jamais pensé m’adresser à quelqu’un venant du ciel. » Elle sourit faiblement, à cette remarque, levant les yeux vers le ciel, étudiant le firmament parsemé de nuages blancs. « Et pourtant, nous voilà. Il n’y a pas de marche arrière possible, pour nous. » Pour son peuple. Les siens avaient tout perdu, quand ils s’étaient écrasés. D’une certaine manière, ils avaient tout à gagner, aussi. Leur droit à la terre n’était pas assuré, et voilà que leurs premiers jours étaient marqués par la guerre. Clarke espérait que ça ne serait pas ainsi, jusqu’à la fin de ses jours. C’était pour ça qu’elle se battait, au jour le jour. Si son peuple était accepté, peut-être n’auraient-ils pas à prendre les armes avant un certain bout de temps.

« Te battre aux côtés du commandeur, c’est un privilège. Ne l’oublie pas. » C’était presque attachant, l’attention que Curtis réservait pour Lexa. Clarke eut même envie de rire, mais elle ne le fit pas, tout au plus, pinça ses lèvres, alors qu’elle acquiesçait, le bleu de son regard – presque féroce - fixé sur Curtis. « Je ne l’oublie pas. » C’était déterminé, à la limite d’être une élocution grave. Bien sûr que Clarke ne l’oubliait pas. Si elle avait un Dieu, elle l’aurait remercié chaque jour pour cette Alliance qu’elle avait pu créer. C’étaient des chances de survies en plus pour le peuple du Ciel, et Clarke était parfaitement conscience que sans Lexa, si ça avait été un autre à la tête du peuple, les siens seraient probablement morts, tous éradiqués pour une ressemblance trop proche de ceux de la Montagne. Il était plus facile de voir, chez les autres, l’ennemi, que l’allié. Parce qu’il fallait reconnaitre ses propres tares, ses propres défauts. Peu étaient prêts à faire ça. Heureusement pour Clarke, le commandant avait cette présence d’esprit.

Face à ceux de la Montagne, ils étaient tous les deux des victimes, trigedakru et skaikru. Pas évident à le reconnaitre, pour une tribu aussi fière. Et cette fierté, elle la retrouvait chez Curtis. « & je ne l’oublierai pas. » Ca non, elle garderait profondément enfuie dans son cœur la meurtrissure que sa relation avec Lexa lui avait offert. C’était peut-être une erreur, mais c’était une erreur de Clarke avait prise seule, pour elle-même. Unique acte égoïste qu’elle s’autorisait dans cette guerre qui faisait rage, qui lui arrachait ceux auxquels elle tenait de trop. Dans cette logique, elle supputait qu’elle perdrait le commandant, d’une manière ou d’une autre. Le savoir, pour autant, ne lui permettrait pas d’y être préparée. Il n’y avait qu’à songer à Finn, qui ne disparaitrait jamais de ses pensées. « Contrairement à nos apparences, nous ne sommes pas ingrats. Vous n’obtiendrez pas que de la reconnaissance de notre part. » Ils devaient le savoir. Déjà, ils récupéreraient les faucheurs. Ce qui arriverait après, n’était qu’une question de confiance et de temps. Et Clarke, anxieusement, espérait que cette confiance tiendrait assez longtemps.

Le regard de Curtis se faisait insistant sur la blonde, comme si elle voulait lui transmettre un message, sans pour autant lui communiquer oralement. Même si au fil du temps, son opinion sur les Skaikrus venait à changer, elle gardait un petit doute, une petite réticence. C’était beaucoup plus évident, alors qu’elle s’entretenait avec celle qui semblait être la chef des gens du ciel. Même si son statut n’était pas réellement celui de dirigeante – ce que Curtis avait compris lorsque l’Arche s’était écrasée sur Terre et que le chancelier en avait émergé – les Skaikrus semblaient la suivre, l’écouter, lui faire confiance. Lexa aussi, lui faisait confiance et ça, elle ne le comprendrait jamais. Parce que pour elle, accorder une telle confiance était une chose des plus difficiles. Ça lui faisait presque mal, lorsqu’elle songeait à s’ouvrir, à se mettre dans une telle position de vulnérabilité. Elle avait été vulnérable, une fois, alors qu’elle était torturée et malmenée par le Nation des Glaces. Elle ne voulait pas recommencer l’expérience, le traumatisme toujours bien présent dans son esprit, des années plus tard. Ce qui l’énervait le plus, dans tout ça – et c’est seulement maintenant qu’elle s’en rendait compte – c’est que Clarke et les Skaikrus ne lui avaient laissé aucune raison pour douter. La plupart d’entre eux étaient inoffensifs et s’ils avaient tué près de trois cents hommes de son peuple, c’était purement pour se défendre. Curtis avait côtoyé assez souvent les champs de bataille pour comprendre cela. Ça n’enlevait pas la peine qui lui tiraillait le cœur lorsqu’elle pensait à ces vies perdues, mais la logique était aussi très forte dans son esprit. C’était cette émotion, ce sentiment dans le fond de son corps qui ne lui laissait pas admettre que l’alliance était peut-être une bonne chose. « Je ne l’oublie pas et je ne l’oublierai pas. »

Même dans cette situation où elle voulait se croire supérieure à la Clarke, où elle voulait la mépriser, elle n’y arrivait pas totalement. Parce que ce qui lui tiraillait l’intérieur était irrationnel et son cerveau tentait de combattre ces sentiments qui n’avaient pas lieu d’être. Est-ce que c’était par peur pour son peuple? Par peur pour elle? Est-ce que c’était complètement égoïste, égocentrique? Curtis n’arrivait pas à mettre le doigt sur l’origine de ses émotions et même si de l’extérieur elle semblait en contrôle, elle ne l’était pas vraiment. Elle ne l’avait pas été depuis bien longtemps. « Contrairement à nos apparences, nous ne sommes pas ingrats. Vous n’obtiendrez pas que de la reconnaissance de notre part. » Son visage se crispa alors que Clarke lui donnait une raison de plus de douter d’elle-même, ce qui était nouveau pour elle. Curtis avait passé tant d’années à tout observer, à prendre des décisions judicieuses et réfléchies. Tant d’années à ne rien ressentir, à tout pousser au fond. Le pire ennemi du guerrier, c’était l’émotion. « Ça reste à prouver. » La remarque n’était pas nécessaire et montrait un peu trop le mécontentement de Curtis, qui n’était plus à son aise. Ses sourcils étaient froncés et son regard était toujours fixé sur celui de Clarke. Elle se sentait petite et elle n’arrivait pas à comprendre pourquoi. Elle sentait que la fille du ciel avait quelque chose de plus qu’elle, quelque chose d’inatteignable. Elle avait Lexa.

Curtis n’était que le scepticisme incarné que les membres du Trigedakru réservait constamment envers Clarke. Ce n’était pas nouveau, et si la jeune femme en face d’elle était, à n’en pas douter, une guerrière redoutable, ce n’était pas une raison pour laquelle Clarke serait désarçonnée. Elle traitait avec ce comportement depuis qu’elle avait établi l’alliance entre les deux peuples. Peut-être qu’au début, cela l’aurait dérangé, un minimum intimidé. Mais à force d’être dévisagée, Clarke ne se privait plus pour en faire de même, ne cédant pas sous le regard réprobateur que lui adressait le garde du corps. Ils la considéraient comme une erreur de la nature, ce n’était pas une raison pour qu’elle commence à se comporter comme tel. Il n’y avait pas de raison de douter, malgré les morts, malgré les prisonniers, ou les blessés. Elle avait les siens à sauver, et c’était tout ce dont elle avait besoin, pour le moment… C’était faux, et si elle n’avait pas eu le soutien de Lexa, Clarke se serait brisée depuis longtemps, sans avoir eu la force de se reconstruire. De cette alliance, il n’y avait que de rares supports qui se faisaient ressentir, et celui du commandant était crucial, presque vital. Car tant que la Fille Sauvage restait à ses côtés, Clarke savait qu’elle continuerait d’avancer. Qu’importe les regards réprobateurs et la froideur que lui réservait les grounders.

Clarke était plus forte que ça, et elle n’avait pas assez de temps pour se constituer de méfiance envers ses alliés. Eux, vraisemblablement, avaient de l’énergie à perdre – même si, contrairement à ceux de la Montagne, ils ne prenaient pas la peine de se dissimuler derrière des mensonges et des faux-airs. Ils restaient, constamment, vrais envers ce qu’ils ressentaient, envers ce qu’ils montraient, et ça, indéniablement, permettait à Clarke de ne pas sombrer dans un semblant de paranoïa. « Ça reste à prouver. » Elle aurait pu marquer un pas en arrière, parce que les propos de Curtis restaient intimidants. A la place, la fille du Ciel ne cacha pas son sourire, finement amusé et joueur sur ses lèvres. Quelque chose brilla dans son regard, ce goût de défi et cette confiance inébranlable en ses moyens. Ils pouvaient douter, oui. Mais le retour des faucheurs ne serait que la première étape vers l’acceptation des siens. Ça lui permettrait de gagner du temps, de forcer les deux peuples à travailler ensemble. Et si elle ne gagnait peur leur reconnaissance, les faucheurs, eux, leurs seraient redevables. Clarke jouerait sur tous les tableaux, se forcerait les partenaires et les soutiens qu’elle pouvait avoir. Ce n’était pas la réticence de tout un peuple qui l’arrêterait.

Elle ne répondit rien, garda cette expression amusée – mais toujours un semblant respectueuse, elle ne voulait pas insulter Curtis et provoquer une réaction ingérable. Puis, elle se décala du garde et commença à marcher pour retourner à ses occupations.

Sujet: Re: car tu protèges plus que son corps ▬ Curtis

» octavia & curtis « you'll only cause trouble
» (m) Marlone Teixeira ▬ Poney [garde du corps de Clarke]
» curtis | we're on top of the world
» curtis | at least you are not a foe anymore
» jude & curtis « la boîte de pandore