Mountain is my Home

Ecbert était connu pour être l’un des meilleurs forgerons de la ville d’Anor, ancien guerrier reconverti dans ce noble métier, il avait de quoi être le plus heureux des hommes. Apprécié par le reste des habitants, il produisait armes et armures à ceux qui le lui demandaient. Sa réputation s’était construite au fil des années et son épouse, la belle Ava, était comblée par leur vie de couple profondément épanouie. Pourtant le tableau vint s’enlaidir lors des premiers jours de l’Hiver. Ava portait le fruit de leur union, elle en était sûre et certaine, rien ni personne ne pouvait la faire douter. Pourtant une graine d’incertitude était tombée dans le crâne de son mari et ne cessait de germer. Voilà plusieurs mois déjà qu’il voyait sa chasseuse passer un peu trop de temps avec ses compagnons au sein des collines qui faisaient la symbolique de la ville, et ses visites hebdomadaires à Grima ne l’aidait en rien à solidifier le devenir du couple. La confusion créa la zizanie au sein de leur union et quand le petit vit enfin le jour, le doute se transforma en certitude. Ecbert ne pouvait plus se voiler la face désormais, le bambin ne portait pas ses traits, il n’était en rien sa progéniture. Persuadé de la tromperie de sa femme, il répandit la rumeur.

Ava s'échappa du clan et disparut à jamais de la petite existence tranquille de la ville d’Anor. Ecbert reprit sa profession sans le moindre remord, ayant transformé son cœur en une forteresse de pierres. Les gens furent désormais plus distants à son égard, mais la qualité de son travail amenait toujours de nombreux acheteurs. Son fils, quant à lui, était resté avec lui, Ava ayant réussi à la sauver de ce sort qui lui était réservé. Son père lui donna le nom de Kalf et ne chercha en rien à le connaître. Il ne l’emmenait à aucune célébration et ne lui accorda aucunement le plaisir de découvrir la faune et la flore du clan auquel il appartenait. Ce fut auprès des vieux du village qu’il put acquérir informations et culture. Ceux furent ces derniers qui lui donnèrent le pourquoi de la fuite de sa mère. Et ce fut ainsi que naquit la haine d’ardente de Kalf envers son père.

Néanmoins, Ecbert força son fils à suivre le métier de forgeron dès son plus jeune âge, lui apprenant les bases de la profession sans lui accorder la moindre question. Les journées devenaient lassantes et le jeune garçon rêvait de liberté, de vengeance, d’exploration. Son avenir, il le voyait loin de cet homme et l’idée qu’il ne s’agissait pas de son véritable père ne cessait désormais de lui caresser délicieusement l’esprit. Cet individu sans cœur ne pouvait être celui qui guiderait sa vie, il s’y refusait. Pourtant il acceptait son quotidien sans broncher, se disant que bientôt il pourrait déployer ses ailes. Kalf rêvait de devenir guerrier, et cela depuis la nuit des temps. Et pour cause, les contes que ne cessent de lui raconter lui donnent un élan de courage et de détermination. Il se voyait déjà armé d’une épée et d’un bouclier à défendre leurs terres et à explorer le monde.

Son devenir fut toutefois différent. Ce fut lorsqu’Ecbert l’emmena à la capitale pour acheter de nouvelles ressources que Kalf fit la connaissance des éclaireurs. Il eut la chance de discuter avec l’un deux qui lui conta monts et merveilles à propos de la nature et de cette Terre. Il se mit à rêver d’une toute autre destinée. Cette voie lui permettrait à jamais de fuir cet homme qui le séquestrait. Il viendrait s’installer ici, à Grima, cette magnifique capitale qui était gorgée d’un idéal de liberté pour le jeune garçon. Kalf eut enfin douze ans et se présenta à Grima une nouvelle fois. Il rencontra pour la première fois, le Chef de son Clan et clama vouloir devenir éclaireur. Ecbert subit ce choix comme une profonde et ultime trahison.

L’apprentissage fut particulièrement long et difficile, mais jamais il ne se céda à la défaite. Son maître était particulièrement tolérant et lui enseignait la profession dans les moindres détails. Son corps fut sculpté au fil des années à force d’escalade, de course et de traque.Il apprit à vivre indépendamment des autres et à être aussi silencieux, efficace que le reste des apprentis. Il appréciait particulièrement les journées où son maître l’invitait à explorer les montagnes, là il se sentait comme le roi du monde et ne ressentait plus la moindre restriction. Il était libre de voler de ses propres ailes. Il termina son apprentissage et se glissa soigneusement dans les rangs des éclaireurs de son clan.

Il se familiarisa peu à peu avec cette notion de la coalition, mais ne préféra pas y penser davantage. Il ne se posa dans aucun camp et ne prit parti pour personne. De cette décision prise par le commandeur née la curiosité du jeune homme à rencontrer cette femme qui avait eu le pouvoir de dompter les avis divergents des différents clans pour n’en former plus qu’un. Mais les tensions étaient toujours présentes et Kalf pouvait entendre de nombreuses discussions à ce sujet, mais ce ne fut pas pour autant qu’il se laissa influencer. Il apprit quelques semaines plus tard la mort d’Ecbert. Il assista à ses funérailles, en retrait, dans l’ombre de sa capuche et ne porta aucun sacrifice à sa personne. Cet homme était et restera à jamais un inconnu à ses yeux.

Le peuple du ciel. Kalf les rencontra lors de la bataille de Kalawen contre les barbares. Il avait été intrigué par eux dès le départ, mais n’avait jamais eu la chance de les voir de ses propres yeux. Leur technologie l’effrayait et l’intriguait par la même occasion. Se battre à leurs côtés avait été quelque chose de grisant et particulièrement excitant. Par la suite, le jeune homme vint à poser de nombreuses questions à leur sujet, apprenant que leur venue n’était pas bien vu par tout le monde. Un homme lui parla du sort qu’ils avaient réservé aux hommes de la Montagne, décisions prise par leur soi-disant cheffe, une dénommée Clarke Griffin en compagnie de Heda. Une parfaite inconnue fraîchement débarquée avait-elle réellement le droit de siéger ainsi aux côtés de leur cheffe à tous? Depuis ce jour, Kal se méfia de la femme aux cheveux d’or au cœur aussi vide qu’Ecbert. Cet événement lui restait en travers de la gorge et son amitié envers les hommes du ciel en avait été affectée. Kalf ne devint en rien hostile à leurs idéaux, mais il préféra rester sur ses gardes et ne leur accorda que peu de sa confiance. A l’annonce de l’expédition, Kalf refusa d’y participer, trop préoccupé par le devenir des siens.