oz & oïs' | tell the world i'm coming home

"Tell the world i'm coming home"

L'amour est resté, comme une grande image survit seule au réveil dans un son effacé - Lamartine

Deux mois s'étaient écoulés comme un fleuve à laquelle on ne prête à peine attention que si ce n'est pour étancher une soif passagère. On ne se demande pas vraiment d'où vient l'eau et où va-t-elle ; on la laisse seulement filer tel un visiteur qui disparaît comme il est apparu sur notre chemin. Oui, voilà que notre périple avait pris deux longs mois, mais qui - à mes yeux - fut pourtant deux petits mois de plaisir. J'ai eu la chance d'affronter des adversaires pour la plupart très fort, en plus d'être parmi ceux qui sont restés aux côtés de la Keryonsi et qui l'ont vu combattre de toute sa grâce. De mon côté, même si je ne m'en suis pas sortie sans blessure, j'ai pris du plaisir aussi étrange que cela peut être à vos yeux. Je ne suis pas une femme compliquée voyez-vous : donnez-moi à manger, un adversaire puissant et une Keryonsi portant le nom de Neith à protéger... Eh bien vous aurez la femme la plus comblée en ce monde, même si elle n'est pas mariée et qu'elle n'a pas d'enfant, et qu'elle finira vieille femme. Enfin, vous m'avez compris... Nous étions donc partis le 18 décembre dans la soirée, pour atteindre notre destination ce 22 décembre. Durant le voyage l'enthousiasme de l'équipage était vraiment palpable, ce qui avait de quoi me donnait envie de raconter tous pleins de bêtises et de rire avec tout le monde lorsque mon rôle de garde s'arrêtait temporairement. Ben oui... Je ne pouvais pas me tenir au côté de ma Keryonsi lorsqu'elle était dans sa cabine, qu'elle voulait lire ou se reposer. Je profitais aussi de ces moments tard le soir lorsque le silence régnait sur le navire,- à quelque ronflement près -, pour m'entraîner et affiner ma maîtrise de la Faux. Le soir quand tout est si silencieux, on peut entendre les murmures de l'air chanter d'une voix elfique et les vives rotations de ma faux fendant l'air, venait leur apporter ce rythme si enchanteur à ces murmures pourtant si lointains.          

Et chaque soir mes yeux se levèrent vers le ciel pour contempler ses multitudes d'étoile dont jamais je ne pourrais me lasser ; cette beauté que les dieux nous ont offert dans leur grande sagesse et miséricorde. Nous étions de retour à la maison, notre maison à nous après deux mois... La chaleur, les moussons océaniques, l'odeur maritime propre au territoire Sikru avaient de quoi me donner du baume au cœur. Voilà ce qu'était les territoires Sikru, une beauté qui reste dans la simplicité et qui ne cherche pas l'extravagance, cela nous suffisait. Oui, j'ai davantage hâte de retrouver Sérön et ma famille lorsque l'occasion se présentera. Il fallait bien faire archiver les derniers exploits de notre Keryonsi après tout. Lorsque le navire accosta au port de notre unique ville terrienne bien aimée, par réflexe j'avais retiré mes souliers, histoire de profiter du sable chaud sur le chemin. Je n'avais pas quitté ma Keryonsi pour autant, je suis même persuadée qu'elle a dû entendre mes petits gémissements lorsque mes pieds se noyaient entière à travers ces petits dunes de sable qui recouvraient la plage. Pour vous donner une image, c'était comme si je me faisais directement masser les pieds. Le sourire aux lèvres, clairement pour moi la journée débutait très bien, je dirais mieux... Très, très bien ! Puis après le sable chaud, ce fut la terre, de la bonne terre, car il fallait la meilleure pour qu'on y cultive les fruits qui feront la meilleure alcool Sikru, alcool que j'avais hâte de boire en temps et en heure. Je me tiens à ses côtés lorsque ma Keryonsi fait envoyer un garde chercher des messagers. Elle se tourne vers moi à la suite et me pose une question. Je lui souris immédiatement avant de regarder mes pieds ; « En tout cas, eux, ils sont contents d'être rentrés, ma Keryonsi ! » Annonçai-je comme à mon habitude avec ce ton et cet humour qui me caractérise tant, avant d'agiter mes doigts pieds à la suite.

Je rajoute plus sérieusement sans vraiment avoir le ton de la voix qui le soit pour autant. « Après deux mois d'absence, Sérön me donne l'impression qu'elle a embelli. » Si je pensais cela, c'était suffisant à prouver à ma Keryonsi que cette ville m'avait beaucoup manqué et que ça faisait du bien d'être de retour... Enfin, je suis sûre qu'elle l'avait déjà compris avec le fait que je marche pieds nus depuis qu'on avait quitté le Kraken.