as if the world wasn't ending | aamn

Les jours passaient, se succédaient, et se ressemblaient un peu. Elle avait fait la connaissance d’un skaikru un peu étrange dans les rues de la ville, et l’avait plus ou moins pris sous son égide. Plus ou moins. Elle l’attendait pour des entrainements maintenant, pour voir ce qu’il valait, car il ne suffisait pas de prétendre manier une arme, pour savoir vraiment la manier, et elle n’avait pas encore croisé quelqu’un qui maniait une chaine à la perfection. Enfin qui savait, elle serait peut être surprise. Elle verrait le lendemain matin. Peut être. Oui. Peut être bien.  Pour l’heure elle s’ennuyait comme un rat mort ou mourrant sur le bord d’une autoroute. Par chance, elle avait des amis ici, et c’était ainsi qu’elle revenait d’un moment sympathique passé en compagnie de Feyn et de ses lézards. Les demodrakhos campaient en effet un peu en retrait de la ville, et Neith y avait passé un bon moment. Loin des préoccupations du moment, elle aimait toujours converser avec sa jeune amie la reine des lézards géants. Elle aurait voulu la traiter de reine des dragons, mais c’était peut être un peu trop ambitieux, ou vexant pour ces pauvres dragons. Allez savoir !

Quoi qu’il en soit, elle était un rien plus relaxée, Neith, en rentrant vers la tour de Polis. Bien sur, les terriens qui étaient partis à Camps Jaha n’étaient pas encore revenus, bien sur, elle était toujours en colère, toujours déçue un peu par le plan qu’ils allaient exécuter mais elle était rassurée, elle n’était pas la seule à penser ça. Feyn partageait son avis, et meme  si toutes les deux étaient fideles à Lexa et la suivraient jusqu'à la mort, Neith espérait que la mort ne viendrait pas dans l’immediat.

Exasperée par ses pensées, elle poussa une des portes de la tour de Polis, et commença à gravir les étages, sans se soucier vraiment des personnes qu’elle croisait, désireuse de se rendre à ce qui leur servait de réfectoire, afin de récupérer quelques vivres pour la nuit, et aussi, de la boisson. Beaucoup de boisson ? Oh, meme si c’était de la pisse parfois l’alcool trikru ! Elle ferait une exception ! Et elle ne s’attendait pas forcement à croiser quelqu’un à cette heure ci.

Polis s'était un peu vidée depuis le départ de toute une jolie troupe vers Camp Jaha. La tour de commandement était bien plus calme et Aamn en profitait. Ce n'était pas parce que certains n'étaient plus là qu'il n'y avait plus rien à faire, plus personne à écouter, bien au contraire, et peu à peu Aamn s'installait, prenait ses marques, offrait de brefs sourires et hochement de tête, se forçait à faire bonne figure. Les choses s'étaient plutôt bien passées pour le moment, il n'avait plus qu'à attendre le retour de ce qu'il avait commencé à semer, l'oiseau de malheur espérait que les chasses sur les terres du Azgeda leur seraient profitables, il ne manquerait pas de provoquer une entrevue avec Indra dès son retour.

Mais soit, ce jour-là était encore loin, et pour le moment des problèmes bien plus terre à terre préoccupaient Aamn qui avançait dans les couloirs déserts en direction du réfectoire. Les jeux de la politiques étaient prenants mais ne remplissaient pas l'estomac, et c'est après de longues heures sans rien avaler que son estomac l'avait finalement rappelé à l'ordre. Heureusement trouver de quoi se nourrir dans la tour n'avait rien de difficile et si cela pouvait lui fournir une occasion de rencontrer la Keryonsi c'était encore mieux. Un mince sourire apparu sur son visage lorsque la silhouette de Neith se découpa devant une fenêtre et finalement Aamn pénétra à sa suite dans la pièce. « Bonsoir Neith. » Le ton était doux, neutre à tendance sympathique, invitant à la discussion. Il n'ajouta rien pourtant, cherchant du regard ce qu'il pourrait se mettre sous la dent, n'oubliant pas le but premier de sa présence en ces lieux.

En train de se saisir de quelques tranches de viande séchée qu’elle posa sur une assiette, Neith était pensive quand des pas se firent entendre derrière elle, suivis d’une voix douce, peut être même amicale. Sa tête se tourna vers l’homme pale, doté d’un bouc et d’un peu de pilosité sur le visage. « Bonsoir ambassadeur. » Sa voix était sympathique à elle aussi, chargée de la chaleur de cet accent languissant du sud, qui insistait sur les « r » les rendant plus magiques peut être, enfonçant la différence entre leurs peuples. Elle n’appréciait pas Aamn, du moins, elle n’avait pas spécialement apprécié la manière dont il avait fait sortir Echo de ses gonds quelques jours plus tot au conseil, mais elle devait reconnaître que c’était un avis trop impulsif, et peut être assez mal jaugé. Alors non, à vrai dire, elle ne pouvait pas dire qu’elle ne l’appréciait pas, elle était mitigée. Bien sur, c’était un Azgeda et elle les considérait assez comme des serpents, n’attendant que le meilleur moment pour planter leurs crocs à l’endroit qui faisait le plus mal. Et les serpents, elle les empalait de manière générale. Soit. Ça ne voulait rien dire. Elle devait se faire une opinion de l’homme avant de le haïr pour son clan, avant de le haïr pour une mission que l’on l’avait probablement incité à faire.

Ses yeux se fixèrent sur l’homme quelques instants de plus, et elle se fendit d’un de ses caractéristiques sourires. « Ravie de ne pas être la seule à profiter d’un repas tardif. » Un moment où elle le laissa agir par lui même, avant de reprendre la parole, tout en attrapant une choppe qui semblait remplie d’alcool, du moins à l’odeur on aurait dit. « Partager le moment du repas avec une reine du Sud vous semble t’il intéressant ? » Et que l’on ne dise pas qu’elle ne faisait pas d’effort donc.

De la viande séchée, le choix de Neith n'était pas si mal finalement, et puisqu'il avait maintenant signalé sa présence et reçu une réponse positive rien ne l'empêchait de s'approcher de la leader Sikru pour se servir à son tour. La voix de la Keryonsi ne trahissait pas de méfiance, pas de ressentiment. Aamn ne retrouvait pas dans ces quelques mots la froide distance qu'il décelait chez la pluspart de ses interlocuteurs. Il sourit, la Keryonsi était une femme forte, de caractère, c'était indéniable et ça lui plaisait. Ce simple bonjour montrait en outre qu'elle n'était pas fermée à la discussion, que peut-être elle voulait bien mettre de côté le passé pour se concentrer sur le présent, sur ce qui était en jeu actuellement, l'ambassadeur n'en demandait pas plus. Ni l'un ni l'autre n'oublieraient, probablement, mais les choses pouvaient changer au fil des ans, c'est en tout cas le message que l'oiseau de malheur se devait de transmettre à Polis.

« Quand les journées ne sont pas rythmés par les réunions le temps s'écoule différemment. » Polis s'était vidée et ceux qui étaient restés pouvaient occuper leurs journées selon leur bon vouloir, l'heure n'avait plus grande importance pour ceux qui n'avaient plus d'obligations. « Ce sera un plaisir Keryonsi, les derniers jours ne nous ont pas vraiment permis de faire mieux que nous croiser. » Suivant le mouvement de Neith, l'ambassadeur pris à son tour une choppe et s'installa finalement face à elle sur un banc de bois. « A ta santé, reine du Sud, et à la réussite des mouvements à venir. » L'air sérieux Aamn leva sa choppe avant de finalement la porter à ses lèvres. Ce n'était pas bon, mais il s'en contenterait. La nourriture et la boisson n'étaient peut-être plus le principal intérêt de ce repas finalement, et si les mots avaient été prononcés d'un ton neutre il n'en restait pas moins qu'une perche était tendue. Difficile de toute façon de ne pas mentionner le sujet qui les préoccupaient tous en ce moment.

Elle n’avait pas de raison Neith, de détester Aamn délibérément, et elle était d’avantage curieuse d’en savoir plus sur lui. D’où peut être la sympathie dont elle faisait preuve à son égard ? D’où peut être la proposition. D’autant plus qu’elle s’ennuyait assez, alors oui ça serait agréable. Ainsi, il était temps oui, de mettre les divergences de leurs clans et du passé de coté, et oui Neith avait mené un assaut sur Orst pendant les batailles, et oui elle avait tué des Azgeda et des sikrus étaient morts, mais c’était une guerre, et c’était quelque chose dont elle, elle savait ne pas tenir rancune.

Il marquait un point en tout cas, et elle sourit. « Je dois avouer, que les réunions ne me manquent pas vraiment, le temps est offert pour vaquer à autre chose, même si en l’attente d’une guerre ces choses semblent futiles. Je suppose que pour un ambassadeur cela dit, les choses doivent être différentes. » Elle, elle était une reine, elle était cette femme qui prenait des décisions et combattait quand il le fallait. Lui, il était ici pour parler, et les Azgeda ne prendraient meme pas part à la guerre qui menaçait, alors…

L’invitation fut faite, et elle s’installa sur un banc de bois, en face d’une immense choppe et d’un peu de viande séchée. Oui, la choppe était plus importante que le reste, et elle la leva trinquant avec l’homme en face d’elle. « Et à la tienne Aamn des terres du Nord. » Elle avait toujours cette retenue quand il s’agissait de parler, et elle ne voulait pas lui donner sa confiance trop vite, cependant, elle était un bon juge de caractère alors elle allait en profiter. Il ne semblait pas apprécier ce qu’il buvait, et elle se fendit d’un sourire. « Ils ont beau essayer de faire de l’alcool au final ça ressemble toujours à ce qu’on ressent en buvant la tasse dans une mer infestée d’anguilles mutantes. » Oui, elle essayait meme de plaisanter un peu. Un peu. Mais soit, le sujet était évoquée maintenant et elle planta ses yeux dans ceux de Aamn. « Azgeda espere t’il la réussite des mouvements à venir, ou bien est-ce un espoir personnel ? »

Rien n'était jamais futile, chaque mot, chaque geste, chaque murmure pouvait avoir son importance, Aamn était sans aucun doute l'une des personnes les mieux placé pour être certain de cela. Néanmoins, il comprenait la position de Neith, et si les réunions étaient pour lui l'occasion de s'exprimer, de défendre ses positions et celles de sa reine, il appréciait également ces journées où il pouvait vaquer à ses occupations, distillaient quelques idées de manières moins officielles, réglé quelques problèmes d'ordres plus personnel. Il haussa finalement les épaules. « Les évènements se sont enchaînés rapidement dernièrement, j'apprécie de pouvoir finalement prendre le temps de découvrir Polis. » Son centre de commandement, ses rues,s es intrigues. Il n'était pas venu totalement seul, il avait quelques oiseaux de confiance dans la région, c'était aussi le moment de faire le tour de tous ceux du Azgeda qui avaient quitté leurs terres avant lui. Quant à la guerre, et bien Aamn ne serait certainement pas en première ligne, mais il sentait tout de même la tension ambiante et avait hate de voir ce qu'il ressortirait de tout cela.

Soit, ils s'installèrent finalement et après avoir trinqué à leur santé respective Aamn bu une gorgée décevante du contenu de son verre, laissant finalement échappé un sourire à la réflexion de Neith. « Je n'ai pas vraiment eu l'occasion de boire la tasse dans une mer infestée d'anguilles mutantes, mais je vous fait confiance sur la question. » Oui, Aamn était aussi capable de se montrer charmant parfois. Il n'en restait pas moins aux aguets, tel un oiseau de proie planant au-dessus d'une vaste étendue déserte, attendant que le lapin ne pointe le bout de ses oreilles. Le ton léger de la conversation ne dura qu'un temps toutefois, et si Aamn avait de lui-même soulevé de sujet de la guerre et des risques de famine, c'est Neith qui finalement venait d'entrer dans le vif du sujet.

Silencieux, le regard redevenu plus sérieux, Aamn porta une nouvelle fois sa choppe à ses lèvres avant de la reposer et d'observer la Keryonsi. « Encore des doutes... C'est naturel je suppose. » Il laissa échapper un bref soupir en hochant la tête, inutile d'en faire trop dans le mélo, Neith n'avait pas l'air d'une femme à se laisser attendrir par un faux air blessé. « C'est un espoir personnel que j'énonçais, mais je ne pense pas me tromper en disant que ma reine partage cet espoir. L'ouverture de nos terres pour permettre au Trikru de chasser n'est qu'un premier pas. » Vu les regards et les sous-entendu lors du conseil il était évident que le chemin serait long avant que la méfiance des différents clans envers les Azgeda s'estompe. C'était un travail de chaque jour, de longue haleine, la réussite des chasses dans le nord n'était que la première pierre d'un édifice bien plus vaste mais en ça elle avait une importance bien supérieure à celle de seulement permettre de nourir des guerriers.

« Et Polis est une ville assez grande pour que l’on en profite. As tu eu le temps de voir ses marchés et de gouter aux spécialités locales ? Je ne parles pas de l’alcool bien entendu, les trikrus ont de grandes lacunes en ce qui concerne les breuvages, mais leur rat mutant grillé aux épices n’est pas si mauvais si on ferme les yeux en le dévorant. » Ce n’était pas un plat qu’elle trouvait esthétique oui. Et son palais délicat préférait autre chose. Cela étant dit, ça lui permettait de continuer la conversation avec l’ambassadeur Azgeda sur un ton presque léger. Ils trinquèrent, et un fois de plus elle ne put réprimer un mauvais commentaire sur l’alcool, c’était ainsi. Elle aimait les bonnes et les belles choses, et elle sourit à la remarque qu’il lui fit. « Esperons que tu n’en ais jamais l’occasion, elles ont tendance à ne pas laisser les étrangers sortir de leurs eaux, de manière générale. » Et c’était dit avec tellement d’humour et le sourire aux lèvres que ça ne passerait pas comme une menace. A vrai dire ça n’en était même pas une. Pas pour le moment.

Ensuite, malheureusement le ton devient plus sérieux, le sujet plus grave peut être et Neith fixa Aamn et son faux air blessé. Elle sourit. « Si les gens qui dirigent n’avaient jamais de doute, ils ne dirigeraient pas longtemps. » Et il aurait fallu être stupide pour penser que Neith était la première cruche venue, prête à croire la bonté humaine, en n’importe qui. Elle était la sans pitié qui n’hésite pas à bruler ses recoltes et une partie de sa ville pour mieux la reconstruire, pour faire fuir l’assaillant. Elle était celle qui tranchait les têtes des anciens chefs. Elle ne tombait pas dans la facilité des alliances, et des paix nouvellement ennoncées. Et si Azgeda était sincère, ils auraient à œuvrer pour montrer qu’ils l’étaient. Bien sur, Syndra avait été une bonne reine, mais Mordh avait été la seconde de la reine folle, et c’était quelque chose qui ne s’oubliait pas. Tout comme la mort de Syndra arrivée au bon moment. Oh, Neith n’était pas stupide, et elle n’était pas assez stupide non plus pour révéler toutes les cartes. Elle leva son verre quelques instants. « Bien entendu. Et je ne doute pas que la coalition soit emplie de gratitude envers les vôtres, ainsi que les demokdrahos pour l’ouverture des terres et pour les chasses qui s’y préparent. » Mais elle ne parlait elle aussi qu’en son nom. « Trinquons aux pas qui se font alors, puissent ils être toujours droit, sur un escalier de bonnes intentions. » Elle leva son verre, prête à trinquer à nouveau. « Trinquons aux chasses aussi ! Puissent elles réussir ! Je suis presque déçue de ne pouvoir y participer. »

Neith semblait partie sur une description de la ville tout compte fait, et à vrai dire ça n'était pas désagréable parfois de parler pour ne rien dire. Ça durait rarement longtemps toutefois et Aamn savoura cet instant de bavardage léger pour ce qu'il était, un îlot de calme dans un jeu dangereux, un havre de paix dans le flot tendu des discussions où chaque mot compte. Oh, il n’était pas dupe, ce n'était pas parce que le sujet était en apparence sans importance qu'il ne devait pas mesurer ses paroles, mais soit, c'était reposant et il se laissa même aller à un bref rire. « Je n'ai pas encore eut l'occasion de découvrir tout ça non, mais je me souviendrais de tes conseils. » Et la discussion continua encore un peu, la Keryonsi n'appréciant visiblement pas l'alcool des Trikrus, disponible en quantité non négligeable à Polis contrairement sans doute à celui qu'elle avait due ramener de ses propres terres, et elle tenait à bien le faire savoir. Et si les anguilles géantes furent un nouveau sujet de plaisanterie, l'humeur amusée de ce début de repas laissa finalement la place à des choses plus sérieuses, comme on pouvait s'y attendre.

« Tu marques un point. Rien n'est plus dangereux qu'un dirigeant tellement désireux de voir la paix qu'il en devient aveugle à ceux qui pourraient agir contre lui. » Et peut-être Aamn était-il particulièrement bien placé pour avancer ce genre de chose... Pauvre Syndra, victime de ses envies de coalition, victime de ne pas avoir vu que le déclin des Azgeda n'était pas l'option qu'il fallait choisir pour l'avenir. Peut-être jouait-il un peu avec le feu en cet instant, peut-être voulait-il savoir si Neith allait rebondir et le regarder d'un air soupçonneux et si elle se contenterait d'abonder dans son sens. Son air à lui était resté impassible, et il avait enchaîné sur la question initialement posée, rassurant la Keryonsi sur la volonté de son clan de voir les chasses réussir. Les mots n'étaient que ça, des paroles, du vent bien souvent, et à aucun moment il ne vint à l'idée de l'ambassadeur de prendre aux pieds de la lettre les paroles prononcées par Neith. Il préférait juger les attitudes, les gestes et les froncements de sourcil qui étaient bien souvent sources de vérité. En attendant toutefois il leva une nouvelle fois son verre, hochant lentement la tête. « Je suis certain que la chasse aux barbares ne sera pas non plus dénuée d'intérêt. » Lui, il resterait à Polis, et même si jouer dans l'ombre était son passe-temps favoris il aurait également apprécié pouvoir observer les événements futurs d'un peu plus près, les choses étaient ainsi. « Avec Indra qui vient sur nos terres les guerriers Azgeda choisis n'auront qu'à bien se tenir. » Et il retrouva un mince sourire amusé à nouveau. C'était une bonne chose selon lui qu'Indra participe à ces chasses et il sentait que quelque chose de bon pouvait en découler, mais en attendant, il souhaitait bien du courage aux chasseurs qui seraient à ses côtés pour supporter son caractère et sa façon d'agir, nul doute que même en dehors de chez elle, Indra ne se contenterait pas de suivre docilement.

C’était trivial peut être, quelques banalités que deux étrangers pouvaient échanger, et Neith savait que le centre de la conversation viendrait plus tard, après le rat, après l’alcool, après les anguilles aussi. Et ça ne tarda pas. La réflexion de l’ambassadeur ne la surprit pas vraiment quand elle vint, et elle arqua un sourcil, amusé. Les jeux politiques étaient des jeux dans les quels elle prenait un malin plaisir à participer, même si d’usuelle, elle préférait régler les choses de manière plus directe. « Rien n’est plus dangereux oui, mis à part peut être la maladie, qui frappe sans distinction tel un éclair divin n’est ce pas ? » Etait-ce une pique ? Oh, non. Ce n’était pas comme si elle soupçonnait qu’il y’ait pu avoir une épidémie sur les terres Azgeda elle était loin de ça, cependant, si elle croyait bel et bien que Syndra était réellement morte de maladie, tant que personne ne prouvait le contraire, elle voulait jauger la réaction de l’ambassadeur en évoquant cette mort la. Le Sujet Syndra, et les reines azgeda était bien souvent des plus révélateurs dans les regards des gens. Peut être Aamn ne manquerait il pas de réagir. Peut être.

Pour l’heure continuait la discussion, sur les chasses et la Keyronsi avait levé son verre en se morfondant de ne pouvoir y participer. Elle était amusée un peu, par la conversation, et si elle avait ses doutes, et ses réticences, elle devait reconnaître que l’ambassadeur, malgré ses yeux de fouine, ne la dérangeait pas. Elle avait parlé à bien plus déplaisant que ça. « Oh, elle ne le sera pas. » Et un éclair brilla dans ses yeux. « Chasser les ennemis de la coaltion est certes bien plus intéressant que chasser de simples victuailles. » et si ce n’était pas une menace, c’était néanmoins un avertissement. Neith était pour la coalition, pour Lexa, et ses décisions. Si les Azgeda se mettaient de nouveau en guerre, la Keryonsi mènerait ses armées au Nord, pour montrer aux guerriers de la fourberie, ce que la coalition pouvait faire. Il en était ainsi.

Elle sourit néanmoins à l’evocation d’Indra, - avec sa vieille amie elle se rappellerait toujours de cette partie de peche – et hocha la tête doucement. « Ça je n’en doute pas. Je souhaite bien du courage aux guerriers Azgeda qui l’accompagneront. Et aux ours. Indra est une chasseuse imparable. » Et une femme déterminée, Neith savait qu’elle était probabelemnt la meilleure personne à envoyer sur des terres que l’on ne savait pas alliées ou ennemies. « Tu ne combattras pas, je suppose ? »

HRP:

Oh il aimait ça l'oiseau de malheur, ce bref échange de paroles venait d'égayer sa soirée bien plus que l'alcool ne pourrait le faire, même après de nombreux verres. Il avait tendu une perche, relativement énorme il fallait bien l'avouer, et Neith ne le décevait pas. Il savait la Keryonsi intelligente, sa réponse ne faisait que lui apportait une preuve supplémentaire de sa vivacité d'esprit. Il hocha la tête lentement, laissant planer un instant de silence avant de finalement répondre. « C'est une certitude oui, la vie peut-être dure en Azgeda et la maladie frapper là où on l'attend le moins. » Toujours avec de lents mouvements et le regard un peu perdu sur les fissures courant sur le mur derrière Neith il porta son verre à ses lèvres avant de finalement hausser les épaules. « C'est malheureux pour Syndra, bien sûr, mais nous nous relèverons plus fort de cette épreuve, comme toujours. » Et peut-être bien qu'une lueur de fierté et de volonté dansait au fond de son regard. Il n'avait pas peur d'avancer cela, ce n'était un secret pour personne qu'Aamn était quelqu'un qui allait de l'avant, qui souhaitait le meilleur pour son peuple. Quelles que soient les raisons de la mort de Syndra personne ne devait douter que les Azgeda ne se laisseraient pas abattre et que l'arrivée de Mordh au pouvoir ne pouvait qu'annoncer qu'il faudrait compter avec leur clan encore longtemps.

« Je n'ai pas encore eut l'occasion de découvrir tout ça non, mais je me souviendrais de tes conseils. » Et la discussion continua encore un peu, la Keryonsi n'appréciant visiblement pas l'alcool des Trikrus, disponible en quantité non négligeable à Polis contrairement sans doute à celui qu'elle avait due ramener de ses propres terres, et elle tenait à bien le faire savoir. Et si les anguilles géantes furent un nouveau sujet de plaisanterie, l'humeur amusée de ce début de repas laissa finalement la place à des choses plus sérieuses, comme on pouvait s'y attendre.

Quant aux chasses, Aamn ne pu s'empêcher de sourire à l'avertissement à peine voilé de la Keryonsi. « Comme je te comprends ! L'excitation est loin d'être la même et le résultat ne ramènera certainement pas non plus la même satisfaction. » Chasser des hommes, même si ceux-ci étaient des barbares, était tellement plus ambitieux. Aussi dangereux que soient les territoires de chasses des Azgedas et des Sikrus rien n'était au niveau d'une chasse à l'homme et le plaisir de se débarrasser d'un ennemi était bien supérieur à celui de ramener à manger, l'oiseau de malheur en savait quelque chose. Alors oui, il laissa la presque menace de côté, il n'avait aucune raison de la prendre pour lui, rien dans ce qu'il faisait ne pouvait nuire à la coalition ou à la Keryonsi, pour le moment tout au moins, alors oui, clairement il était serein.

Le ton resta détendu quand Aamn enchaîna sur l'évocation d'Indra, il avait hâte qu'elle revienne de ces chasses, qu'il puisse avoir une discussion avec elle sur leur déroulement, sur ce qu'elle pensait de tout cela. Il connaissait l'importance de la Trikru et si dire qu'il l'appréciait était exagéré tout au moins attachait-il une importance à son jugement, pour son propre bien et celui de son peuple Indra ne devait pas le voir comme un ennemi et être convaincue de sa bonne volonté. « Non, je resterais ici, à Polis. » Un haussement d'épaules accompagna ses paroles et il reprit la parole une fois qu'il eu fini sa bouchée de nourriture. « Je ne dis pas que je n'aurais pas apprécié de reprendre mes activités de chasseur mais ma place est actuellement ici. » Au moins ne se mettait-il pas inutilement en danger ? Et puis les rues vidées de la capitale étaient une aubaine pour l'oiseau de nuit qu'il était. Aamn était arrivé depuis trop peu de temps pour déjà songer à repartir, mieux valait mettre à profit ce temps. Sans compter que les barbares étaient bien loin, inutile de trop s'impliquer dans la coalition, à trop vouloir bien faire certains risquaient de finir par trouver tout cela suspicieux.

HRP:

« Et bien entendu la coalition sera un soutien pour Azgeda dans cette épreuve tout comme cette épreuve renforcera les liens d’Azgeda avec la coalition je n’en doute pas. Il serait dommage de voir les efforts de Syndra réduits à néant par sa malheureuse mort. » Elle demeurait vive Neith, et si elle appréciait cet échange avec Aamn, elle appréciait également ce qu’elle voyait, il aimait son peuple c’était un fait, et il était fier d’être parmi eux. Peut être n’était il pas mauvais et fourbe comme elle avait tendance à voir les Azgeda. Après tout, Echo n’était pas ainsi, elle était une guerrière honorable, alors oui, Neith voulait en apprendre d’avantage sur l’homme, avant de le haïr pour le peuple qu’il représentait. Elle essayait. Mais elle n’était pas Lexa, elle n’avait pas sa tolérance. Pour elle, toutes les têtes Azgeda auraient déjà roulées. Alors oui, elle essayait de faire un effort avec l’ambassadeur, et ce n’était pas si mal non ? Elle était fière d’elle, elle but une longue gorgée pour la peine !

Et la discussion continua, alcool, anguilles, menaces voilées et sujet sérieux. Ils parlaient des chasses maintenant, et elle sourit un peu plus. Sa menace avait été claire, mais le ton était détendu, car seul quelqu’un qui se jugerait ennemi de la coalition aurait pu mal le prendre. Si il ne l’était pas, il n’avait rien à craindre n’est ce pas ? « Effectivement. Mais chaque chose viendra en son temps je suppose. » Elle était plus légère en tout cas en évoquant Indra, et elle imaginait déjà la trikru au milieu des terres Azgeda. Enfin, A chacun son rôle. Elle, elle irait chasser du barbare, et les détruire complètement, et lui, il resterait ici à s’ennuyer. Tout était bien qui finissait bien peut être. « Et bien, j’espere que tu ne t’ennuiera pas trop, par chance Polis est une ville peuplée, dont tous les habitants ne partiront pas défendre la coalition. » Et peut être était-ce une pique sur une supposée lâcheté. Tant pis. Quelque chose l’avait marqué en tout cas, elle arqua un sourcil. « Tu étais chasseur avnat d’être ambassadeur ? »

On ne pouvait nier le fait que l'un et l'autre faisaient des efforts pour que ce repas se passe dans une ambiance agréable. Les sujets abordés ne l'étaient pas tous pourtant, ou pas pour tout le monde en tout cas, mais les échanges restaient en apparence détendus. En apparence seulement, Aamn savait que rien de ce qu'il disait n'était anodin, qu'il pouvait faire passer un message entre deux bouchées de pain de la même manière que Neith analysait probablement chacun de ses propos, chacun de ses gestes. Il estimait que tout se passait bien pour le moment, il y avait eu des piques, envoyées de part et d'autre, quoi de plus normal après tout, il estimait suffisament la Keryonsi pour savoir qu'il ne la bernerait pas avec de douces paroles et qu'elle saurait le tester de la manière qu'elle le souhaitait. Il serait à la hauteur, il était l'ambassadeur d'Azgeda, le bras droit de Mordh, son oiseau de malheur qui susurrait aux oreilles des alliés comme des ennemis, il ne pouvait en être autrement.

Il grimaça un peu toutefois, baissant un instant son masque de neutralité lorsqu'elle le titilla sur la guerre à venir contre les barbares, à laquelle il ne participerait pas.  « Oh je suis certain qu'il y aura mainte personne à rencontrer. Tous les Sikrus partent-ils pour Kalawen ? » Il n'allait pas mordre à l'hameçon et laisser l'Azgeda en lui montrer son regard dur, son ton froid et s'énerver comme Echo avait pu le faire lors de ce conseil, il valait tellement mieux que ça, il ne donnerait pas à Neith cette satisfaction. La question que cela avait amené n'était en outre pas totalement dénuée d'intérêt, il serait toujours intéressant de savoir qui restait à Polis de chacun des clans pour laisser traîner ses oreilles ou celles de ses agents.

Il n'était pas le seul toutefois à laisser transparaître, au moins de manière provisoire, ses émotions. La Keryonsi avait semblé surprise qu'il mentionne ses activités de chasseur et un sourire amusé passa sur le visage de l'oiseau de malheur.  « Et bien, oui. Je suppose que nous avons tous eu une vie avant d'arriver là où nous sommes aujourd'hui. » Et il était peut-être un brin moqueur, comme s'il ne s'agissait que d'une broutille. Chasseur... Oui, il avait chassé, les déserteurs d'Azgeda en particulier, et parfois quelques animaux aussi, mais comme il l'avait mentionné un peu plus tôt il y trouvait bien moins de plaisir.  « J'ai été conseillé aussi, mais je pense que ce rôle-là t'es plus connue, ou en tout cas t'étonneras moins. » Ce n'était probablement pas un secret qu'il avait été l'un des conseillers de Galaath, qu'il était resté également aux côtés de Syndra même s'il n'approuvait pas la pluspart de ses choix.

Le moins que l’on pouvait dire c’était que Neith faisait des efforts. Bien sur elle ne manquait pas de lâcher quelques piques plus ou moins sous entendus, plus ou moins mauvaises, mais elle tenait sa langue pourtant si souvent déliée plus soucieuse de lier connaissance avec cet Aamn des terres du Nord, que de causer un incident diplomatique ou pire, une guerre. Déjà fort peu dans les grâces d’Heda en ce moment depuis la discussion qu’elle avait eu avec elle avant le départ de celle ci pour Camps Jaha, elle allait essayer de ne pas déclencher une nouvelle guerre en son absence. Une chance, qu’elle sache se tenir. Ça ne l’empêchait pas de tester l’ambassadeur, et elle eut un sourire – aussi peu émotif soit il – à sa réponse. « Les sikrus respecteront les ordres d’Heda. Seuls quarante de nos guerriers auront l’honneur d’aller au combat contre ces chiens de barbares. » Et il devait savoir cet oiseau de malheur à quel point cela l’irritait, Neith, que la guerre soit d’avantage une succession de piège qu’une guerre à proprement parler, alors elle ne bondirait pas sur l’occasion, elle ne saisirait pas la perche – et pourtant, les dieux savaient que parfois elle les saisissait à la perfection – et elle rajouta simplement. « Mais je crains qu’aucun sikru ne reste à Polis pour te tenir compagnie. » Ses messagers étaient déjà parti, quant au reste, ils avaient également des familles à retrouver.

S’en suivi une légère curiosité qu’elle ne sut cacher, et la réaction la fit sourire légèrement. Il prenait les choses à la légère, et elle s’en amusait assez. « Parfois les changements sont plus drastiques que d’autres. » Parfois on se retrouvait à tuer son chef de clan, parfois on chassait puis on arrivait ici portant la parole d’un peuple detesté de tous. Ses sourcils se froncèrent quand il ajouta avoir été conseillé, et elle hocha la tête. « Ce morceau de ton passé est je pense connu de beaucoup. Les Reines d’Azgeda semblent apprécier t’avoir dans leurs bagages. Pour ton charisme probablement ou certainement pour tes idées. » Et elle se faisait légèrement charmeuse, c’était sa manière d’agir qui ne cessait jamais. Mais sa choppe était vide et son cœur en ressentit un grand chambardement. « Mais peut être devrais-je ne pas abuser d’une aussi charmante compagnie ? »

Les ordres d'Heda, oui, il avait probablement entendu des choses à se sujet mais cela ne le concernait pas vraiment n'est-ce pas, lui resterait là de toute façon. Il était mitigé quand au plan élaborait pour aller guerroyer contre les barbares mais n'y avait pas prêté un intérêt démesuré, il se doutait toutefois que ce n'était pas l'approche qu'aurait souhaitée la Keryonsi. Dommage qu'il ne puisse se déplacer pour voir de valheureux guerriers jouer aux paysans en tout cas, ça l'aurait certainement beaucoup amusé de les voir se ridiculier de la sorte. Il balaya finalement l'air devant lui d'un geste de la main et haussa les épaules. « Je suppose qu'Heda a murement pesé le pour et le contre avant de prendre sa décision. Puisse l'issue de la bataille lui donner raison. » Ils verraient bien, et lui serait de toute façon bien loin des lignes ennemies lorsque l'affrontement débuterait alors peu lui importait. Si Heda s'était fourvoyée il faudrait qu'il songe peut-être à envoyer des guerriers Azgeda sauver le monde, en compagnie des guerriers des autres clans qui n'auraient pas eu le privilège de faire partie de la première vague bien sûr... Soit, on n'en était pas encore là et il sourit finalement lorsque Neith lui annonça qu'aucun Sikru ne resterait pour lui tenir compagnie à Polis.  « Tu m'en vois particulièrement désolé... j'aurais volontier quémander un peu de votre alcool du sud ! » Flatter Neith sur l'alcool des Sikrus ne pouvait pas faire de mal n'est-ce pas ?

Ils souriante, l'un et l'autre, s'amusant de la curiosité de la Keryonsi sur le passé de l'oiseau de malheur. Ils avaient tous un passé, certains probablement plus intéressants que d'autres, certains plus sombres certainement aussi. Aamn ne retournerait pas la question à son interlocutrice, il savait d'elle ce qu'il savait et ça lui suffisait, pour le moment tout au moins, et si un jour ce n'était plus le cas, il aviserait. « Que veux-tu, elles ne savent pas résister à mon sourire. » Et pour quelqu'un qui souriait aussi rarement que lui, et de manière aussi peu naturelle, cette réponse ne pouvait être autre chose qu'une boutade. Il avait l'esprit vif, savait se mouvoir dans un panier de crabe, savait réfléchir et distiller son venin au moment opportun, et il était fidèle, à Mordh tout au moins, il ne s'étendrait pas sur la question en ce qui concernait la malheureuse reine passée. Mais voilà que déjà le repas touchait à sa fin et Aamn hocha la tête, il ne retiendrait pas la Keryonsi. « Je te remercie pour ce repas partagé Keryonsi, c'était un plaisir de discuter de choses et d'autre en ta compagnie. » Il n'avait pour sa part pas terminé sa choppe alors il ne se lèverait pas tout de suite, laissant Neith libre de quitter la table puis la pièce si tel était son désir. Il profiterait encore quelques minutes du silence des lieux avant de rejoindre finalement ses quartiers.