Simple visite de courtoisie ou rappel à l'ordre ? PV Aamn

Baal'th // 98


Je me trouve sur les quais du port de Baalt'h en compagnie des constructeurs de navires chargés de la construction du dragon le dernier navire qui viendra rejoindre la flotte du village et gonfler ses rangs. Parmi eux se trouve Vlaah le père de ma seconde Azalea. Je les interroge au sujet de l'avancement du projet et ces derniers m'assurent que le bateau sera prêt en temps et en heure. Ils m'exposent des points techniques et me posent des questions sur mes attentes particulières. La discussion se conclut finalement et je quitte les quais Maalk et Traek sur les talons. Mes deux anciens hommes de la garde royale m’emboîtent le pas tandis que je traverse le village le plus à l'ouest de la nation des glaces d'un pas tranquille. Je salue d'un signe de tète les habitants que je croise et prends le temps d'écouter les doléances et les revendications de mon peuple. Qui ne sont au demeurant pas nombreuses car les membres du peuple des glaces ne sont pas portés sur l'auto apitoiement et savent se débrouiller depuis leur plus jeune age ce qui est une nécessité pour survivre dans nos terres glacées. Je bifurque pour me rendre sur la place que j'avais fait transformée en terrain d’entraînement peu après mon arrivée à la tète du village de pécheurs et de marins. Une place moins vaste que la place principale mais suffisamment pour accueillir plusieurs dizaines de guerriers et de guerrières et leurs maîtres d'armes.

Je traverse les rangs des combattants mes deux gardes du corps sur les talons tandis que les combattants du village inclinent respectueusement la tète sur mon passage. Je me place devant la petite foule rassemblée et échange un coup d’œil avec mes maîtres d'armes trois guerriers aguerris et deux guerrières aussi agiles que dangereuses tous anciens gardes royaux. Entraîner régulièrement la petite armée du village me paraît primordial tout autant que leur faire répéter quelques manœuvres et tactiques de mon cru inspirée de mes années de commandement dans la garde royale et de mon expérience de vétéran de la guerre contre la coalition. Je prends bien évidemment en compte la plus forte proportion de marins dans les rangs et intègre le fait que cette troupe se bat avec bien plus de harpons, de tridents et de griffes que dans les autres villages de la nation des glaces. Adressant un petit signe de tète à mes maîtres d'armes je les laisse débuter l’entraînement et me contente en ce jour d'observer mes guerriers et mes guerrières s’entraîner avec ferveur et détermination. Je m'assois nonchalamment sur un muret et observe les combattants apprendre et progresser. J'aime le combat car je suis un guerrier de formation et de métier mais se battre soi même n'a rien à voir, strictement rien de comparable avec le fait de voir d'autres le faire.

Ces vies sont sous ma responsabilité. Je suis celui qui peut décider de les envoyer à la mort ou non. Je suis celui qui pourrait les y mener un jour. Un chef qui ne mène pas ses troupes n'est pas digne d’être appelé chef. Cette responsabilité ne pèse pas de manière excessive sur mes épaules car j'y suis habitué, je la connais déjà. En tant qu'ancien capitaine de la garde je l'avais rapidement intégré. Un chasseur contourne la masse grouillante et vociférante de guerriers pour s'approcher de moi. Traek lève sa lance mais je lui fais signe de l'abaisser et il s’exécute. Le jeune chasseur m'apprend que les patrouilles de chasse menées par Azalea sont de retour avec du gibier en quantité. La chasse a été bonne. Je remercie le jeune homme et le congédie d'un signe de tète. Délaissant mes maîtres d'armes à leur devoir, je prends la direction de ma bâtisse. Celle du chef du village dans laquelle je profite de la chaleur brûlante de l’âtre pour retirer mes gants de peau et ôter une couche de fourrure. Je croise le regard de ma seconde et lui souris. Elle a fait du bon travail avec les chasseurs. Nos réserves sont de nouveau bien garnies de ce coté là. La pèche est également fructueuse ces derniers temps. La gestion rigoureuse des ressources du village a été confiée à ma seconde qui connaît bien mieux que moi son village natal.

Alors que je m'approche de la louve d'Azgeda Valyria débarque en courant vers nous et je me baisse pour la saisir dans mes bras. Il est désormais bien loin le temps ou ma fille adoptive n'était qu'une petiote geignarde. Elle commencera son apprentissage d'ici deux années, trois tout au plus. Je me rends compte que je n'ai pas vu le temps passer ces six dernières années durant lesquelles j'étais entièrement dévoué à la royauté de mon clan. Valyria interroge Azalea au sujet de sa chasse et ma seconde lui narre ses aventures avec force de grimaces et mimiques faisant beaucoup rire la petite. Je m'installe à la vaste table tout comme mon amante et ordonne qu'on serve à manger. Une servante apporte plats et boissons sur la table et quitte les lieux. Je regarde ma fille manger avec appétit tout en conversant avec ma seconde jusqu'au moment ou l'un de mes gardes Sandor se précipite vers moi et me chuchote à l'oreille que j'ai de la visite.

Un ambassadeur d'Azgeda escorté par une petite garde. J'esquisse un sourire amusé. Je sais pertinemment de qui il s'agit. Et bien il n'aura pas fallu beaucoup de temps avant que l'on réagisse à ma nomination si je puis le dire ainsi à la tète de Baal'th. Aamn a daigné se déplacer en personne pour venir me voir. L’âme damnée de Mordh allait probablement me menacer, me dire que je ne devais pas jouer au plus malin. Je ne m'inquiète pas pour mes contacts à la capitale ni pour mes hommes encore présents dans la garde car le dernier rapport que j'avais entendu m'indiquait que tout allait bien. Tss. Quelle inutilité qu'un tel déplacement. Si j'avais dans l'idée de tenter de renverser la reine je n'aurais pas laissé la famille de mon oncle rester à la capitale quand bien même je faisais confiance à Arzhel pour faire son devoir de chef de village. Le simple fait d'avoir laissé derrière moi une partie des miens était la preuve sin equa non que je me trouvais dans un statu quo tendu avec le pouvoir royal et que cette situation me convenait parfaitement. Personne ne franchissait le rubicon et tout continuerait de couler paisiblement au royaume des glaces.

Fouillant dans mes souvenirs je cherche à me rappeler si il se trouvait à la capitale lors de mon renvoi de la garde mais il me semble que non. Il était probablement à Polis en train d'espionner pour le compte de sa reine. Quoi qu'il en soit lorsque je croise le regard d'Azalea je constate que le sien est féroce et brûlant. L'ambassadeur est conduit jusqu'à moi et je demande à ma fille d'aller regarder les navires revenir de la pèche avec sa marraine. Mon amante semble vouloir protester mais finit par se résigner sous mon regard. Son impulsivité pourrait faire tourner cette rencontre au pugilat. Et je ne tiens pas à ce qu'elle tranche quelque chose à Aamn. Je me lève à mon tour et lance à l'ambassadeur : Bienvenu à Baal'th ambassadeur. Que me vaut cette visite ?
Pas de faux semblant avec moi. On oublie les le plaisir de cette visite ou l'honneur de cette visite. Car je ne le pense pas. Une servante vient débarrasser la table et j'invite Aamn à s'installer à coté de moi dans un siège rembourré de fourrure épaisse. Quelque chose à boire peut être ? Un peu d'alcool ?

Ce n'était pas parce qu'Aamn passait désormais le plus clair de son temps à Polis que ce qui se passait au sein de son clan lui était inconnu. Il serait bien mauvais dans son rôle s'il n'avait pas des yeux et des oreilles partout, Baal'th ne faisait pas office d'exception même si son réseau était certainement moins bien développé là-bas qu'ailleurs. Il allait peut-être y remédier maintenant que les choses bougeaient, il aviserait en fonction de ce qu'il ressortirait de cette rencontre avec le nouveau chef du village. Il ne lui avait pas fallu longtemps pour que ce changement parvienne à ses oreilles, pas longtemps non plus pour que son esprit vif et aiguisé fasse le rapprochement entre celui qui venait de prendre le pouvoir à Baal'th et celui qui avait été renvoyé de son post de capitaine de la garde royale il y a peu. Il n'était pas présent lorsque la reine l'avait convoqué pour le relever de ses fonctions, s'il avait était là peut-être lui aurait-il conseillé la prudence, ou une méthode plus radicale pour s'assurer que cet Aslan ne devienne pas gênant... Soit, ce qui était fait était fait désormais et l'ambassadeur allait devoir s’accommoder de cela. Quoi qu'il en soit, une visite s'imposait au nouveau chef de Baal'th et Aamn avait quitté Polis le temps d'un voyage en direction des terres de son clan.

Il y a longtemps que je n'étais pas venu à Baal'th. Phrase banale qui n'en restait pas moins vraie, très longtemps même, trop peut-être mais Aamn se promettait qu'à partir d'aujourd'hui il garderait un œil un peu plus attentif sur cet endroit. Les manières d'Aslan restaient correctes, courtoises même, mais il n'était pas très difficile de deviner qu'il n'était en rien ravi d’accueillir l'ambassadeur chez lui. Il fut invité à s’asseoir néanmoins, le contraire aurait été fort mal venu alors que l’ambassadeur faisait l'honneur d'une visite de courtoisie au nouveau chef du village, en apparence tout au moins. S'installant sur les fourrures Aamn attendit que les gens passent et repassent, ses gardes avaient été postés non loin et il savait qu'il serait averti au moindre geste suspect. La même chose que toi Aslan, je te remercie. Très courtois, trop courtois, le sourire poli et le hochement de tête qu'il offrit à l'ancien capitaine de la garde royale sonnait forcément faux. Il attendait le bon moment pour commencer réellement la discussion, attendait de voir les réactions d'Aslan, était-il anxieux ? Aamn en doutait, cela ne correspondait pas vraiment au personnage. Mais il voulait tâter le terrain, profiter de cet échange de banalités avant d'entrer dans le vif du sujet.

L'ambassadeur n'était pas venu seul, des gardes, fidèles et loyaux avaient également fait le déplacement, mais ils n'étaient pas là pour qu'il arrive quoi que ce soit à Aslan où à n'importe lequel des habitants de ce village. Il était en visite officielle, voilà tout, et n'avait donc pas de raison de se déplacer seul, il était ambassadeur et à moins que l'urgence ou une bonne raison ne le requiert, il se déplaçait rarement sans une escorte plus ou moins grande. Il venait seulement se rendre compte, découvrir l'ambiance qui régnait ici désormais, et discuter avec cet homme dont il savait finalement trop peu de choses à son goût. Puisse-t-elle restaurer la grandeur d'Azgeda. Au moins ses propos là étaient-ils sincère, à l'inverse peut-être de ceux prononcés par Aslan quelques secondes auparavant. Peu importe, pour le moment, le nouveau chef de Baal'th avait au moins l'intelligence de dire ce qu'il fallait au moment où il le fallait quelles que soient réellement ses pensées. C'était d'ailleurs bien les non-dits qui intéressaient Aamn, il voyait déjà dans ces brefs échanges qu'il n'avait pas à faire au dernier des abrutis et qu'il ne lui serait pas forcément aisé de faire parler Aslan. Tant mieux, Aamn aimait quand la tâche n'était pas trop évidennte, il finissait par s'ennuyer sinon.

Très bon, le temps n'a pas été aussi clément qu'il aurait pu l'être mais finalement j'apprécie assez de retrouver la rudesse de nos contrées. Tant que le sujet en restait à la discussion de comptoir Aamn ne voyait pas vraiment d'intérêt à inventer, jusque là il ne disait rien d'autre que la plus stricte vérité. Polis a son charme et ses avantages, mais rien ne remplacera jamais nos terres. Et même s'il ne connaissait que très peu Baal'th il avait tout de même retrouvé en faisant la route cette ambiance qui caractérisait les terres du nord qu'il avait si souvent arpenté au cours des précédentes années. Mais assez parlé de moi, ce n'est pas pour ça que je suis ici. L'ambassadeur laissa le silence se réinstaller durant un instant alors qu'il portait finalement son verre à ses lèvres, appréciant la première gorgée d'alcool avant de poursuivre. Comment vont les choses depuis que tu t'es intronisé chef de Baal'th ? Comment réagi la population ? Quoi de plus normal que de s'intéresser à ce nouvel homme en place n'est-ce pas ? Aamn se doutait bien qu'Aslan n'avait nullement besoin de ses conseils pour se faire respecter et qu'il devait fort bien savoir imposer son autorité, mais soit, c'était un début et en fonction des réponses de son interlocuteur il aviserait. Il restait détendu pour le moment, et ce n'est que depuis qu'il avait directement posé une question à Aslan que son regard c'était figé sur l'ancien chef de la garde royale.

Ni l'un ni l'autre n'était dupe, cet échange de banalités ne durerait pas et était d'ailleurs assez peu utile. Il servait seulement à planter le décor, à respecter les apparences bien que l'un comme l'autre n'y attache probablement que peu d'importance de manière générale. Parfois pourtant elles étaient bien plus utiles que l'on pouvait l'imaginer et donner l'impression d'une visite tout à fait banale de l'ambassadeur d'Azgeda à un nouveau chef de village ne pouvait que servir Aamn. Il en jouait donc, il aimait jouer de ce genre de petits signes insignifiants qui pimentent les choses et il devait reconnaître que s'il devait s'en fier à leurs premiers échanges il était plutôt satisfait de celui qu'il avait face à lui aujourd'hui. Aslan joua le jeu et répondit sur le même ton badin aux questions météorologiques et de territoires. Aamn n'en doutait pas toutefois, comme lui le chef de Baal'th appréciait probablement ces contrées plus que nulles autres, aussi divergents qu'étaient certainement leurs positions sur d'autres points ils n'en restaient pas moins deux Azgeda, fiers de leurs peuple et de leurs racines, fiers de leur force et de leur courage.

Et puis enfin la discussion prit un tour un peu plus sérieux et Aamn laissa à Aslan l'occasion de rentrer de lui-même dans le vif du sujet et de lui parler de sa prise de pouvoir ici, à Baal'th. Sirotant son alcool d'un air distrait Aamn hocha une ou deux fois la tête, laissant son vis-à-vis s'exprimer autant qu'il le souhaitait. Le regard de l'ambassadeur restait inexpressif, son attitude pouvant paraître désinvolte, pourtant l'Azgeda écoutait attentivement chacune des paroles prononcées et finalement il profita d'un silence pour se redresser un peu et reprendre la parole. C'est une bonne nouvelle Aslan, j'ai eu de bons échos de ta gestion de la garde royale par le passé, je ne doutes pas que la gestion de ce village soit à ta portée. Et ce n'était pas faux, Aslan avait certainement était un très bon élément par le passé, sous le règne de Syndra notamment. Les choses avaient changées aujourd'hui mais il restait un meneur d'homme, quelqu'un à qui la garde avait obéi, quelqu'un que certains avaient suivis ici. Aslan n'était pas quelqu'un que l'ambassadeur devait prendre à la légère, il en était convaincu. Tu parles des guerriers, de redonner à Baal'th la fierté qu'elle a perdue, je ne souhaites pas mieux que de rendre à la nation Azgeda toute entière cette fierté. Syndra avait ramolli les hommes et leur cœur, avait endormi la passion qui devrait faire vibrer chaque homme et chaque femme de cette grande nation, tout cela Azgeda devait le retrouver. Tu as raison, Baal'th est un village de notre clan et ne devrait pas être mis à l'écart, ma présence ici témoigne de ma volonté d'y remédier. Aslan, comment vois-tu Baal'th au sein de la coalition. Dans le verre qu'il tenait toujours en main il faisait tournoyer doucement un fond d'alcool en parlant, et ce n'est que lorsqu'il apostropha directement le chef du village qu'il cessa son geste, le fixant de son regard insondable et se penchant un peu en avant dans sa direction.

Ah, Syndra... Aslan n'avait pas pu s'empêcher n'est-ce pas, de lancer quelques fleurs à son ancienne reine. Grand bien lui face, ses paroles arrachèrent un sourire amusé à Aamn, et rien d'autre sur le moment. Cela aurait presque pu ressembler à une perche, tendue exprès pour que l'ambassadeur la saisisse et rebondisse sur ce qui venait d'être dit... presque, Aslan semblait plus intelligent que ça et Aamn doutait qu'il s'abaisse à de telles manœuvres en espérant réellement qu'elles puissent avoir le moindre succès. Elle l'aimait sans doute oui, peut-être trop et de peur de voir ses membres mourir a-t-elle oubliée ce qui faisait de nous des Azgeda. C'était dit en tout cas, Aslan connaissait de toute façon la position de l'ambassadeur vis-à-vis de leur ancienne reine, il avait probablement des soupçons également sur la mort de celle-ci, mais Aamn ne s'en inquiétait pas, pas le moins du monde. Au moins le nouveau chef de Baal'th avait-il admit que leur clan c'était endormi sous le règne de Syndra et l'emploi des mots "féroce fierté", certainement tout sauf anodins, sonnaient agréablement à l'oreille de l'ambassadeur.

Mais puisque c'est à Baal'th qu'ils étaient en ce moment, puisque c'était bien dans ce village que s'était installé Aslan après avoir était évincé de la garde royale par Mordh elle-même, autant s'y intéresser désormais d'un peu plus près. Puisque Aslan était devenu le chef de ce village l'ambassadeur voulait connaître son avis sur la façon dont il voyait les choses, sur la façon dont il imaginait son village au sein de la grande coalition. Ou peut-être était-ce autre chose qu'Aamn voulait savoir, ce qu'Aslan pensait de la coalition par exemple, et une nouvelle fois la réponse le fit sourire. D'un sourire moins froid cette fois, presque sincère et certainement amusé par cette discussion. Un simple village peut avoir bien plus de poids que ce que tu sembles sous entendre Aslan. Se laissant repartir en arrière il prit le temps d'avaler une nouvelle gorgée d'alcool avant de poursuivre. Même un petit village dans lequel bien peu ont eu l'occasion de se rendre, même un village presque inconnu pour beaucoup au sein de la coalition. Et même s'il n'avait rien dit clairement Aamn ne doutait pas qu'Aslan aurait saisi l'idée sous-jacente et peut-être lui offrait-il l'occasion de donner son avis. Aslan avait beau avoir était démis de ses fonctions au sein de la garde royale, plus cette rencontre avancé et plus Aamn voyait en lui aussi bien un allié d'importance qu'un adversaire dangereux. Jamais il ne ferait confiance en cet homme, jamais l'oiseau de malheur n’accordait sa confiance totale à personne, mais Aslan apparaissait comme un pion plus qu'utile sur le grand échiquier de l'ambassadeur.

L'ironie était une chose à manier finement, trop grosse, trop palpable, elle en devenait désagréable et l'on ne ressentait plus aucun plaisir à détecter ce qui se cachait derrière les mots prononcés. Aslan venait d'en abuser et si cela venait de décevoir Aamn qui fronça imperceptiblement les sourcils, il doutait que ces paroles soient seulement une faute de la part du nouveau chef de Baal'th, qu'Aslan soit seulement allait un peu trop loin sans s'en rendre compte. Il aurait parié que tout cela était parfaitement maîtrisé et si ça avait un côté plaisant d'enfin avoir à faire à un orateur à sa portée, c'était également un peu énervant. Il aurait pu le mettre en garde, le menacer par un simple rappel à l'ordre sur les propos qu'il pouvait ou non tenir face à l'ambassadeur de la reine, mais cela était inutile, Aslan était parfaitement au courant certainement, et réagir n'aurait eu d'autre effet que de donner un peu plus de poids à l'ancien chef de la garde. Soir, Aamn lui concéda ce point, laissant le sujet de côté pour s'intéresser plus précisément à Baal'th, à la façon dont le nouveau chef entendait diriger son village, à la place qu'il lui voyait au sein de la coalition... Et même si rien n'était vraiment dit clairement et Aslan avait admis ne pas être favorable à l'entrée de leur clan dans la coalition, et ça c'était quelque chose qu'Aamn ne pouvait qu'apprécier. Essayant de poursuivre la discussion dans cette direction il avait suggéré à Aslan qu'un village pouvait avoir du poids, beaucoup de poids, et finalement il écouta la réponse, bras croisé sur la poitrine, se renversant un peu vers l'arrière dans un faux air parfaitement détendu. Je suis certain que tu as raison. Baal'th était un village Azgeda et même si l'ambassadeur ne connaissait pas personnellement l'état des forces armées en présence il était tout enclin à avoir confiance dans les propos d'Aslan sur ce point, n'importe quel village Azgeda valait à ses yeux milles fois mieux que n'importe quel autre clan. Fait fructifier cette force, rappel à ces hommes et à ces femmes qu'ils sont des Azgeda, rend leur la fierté d'appartenir à ce clan. Un jour crois-moi, ces guerriers auront l'occasion de s'exprimer aux côtés de tout le clan et de montrer au monde ce qui fait la valeur d'un Azgeda. Puisqu'Aslan ne voulait pas en dire plus Aamn serait un peu plus direct finalement, sans mentionner réellement qu'un jour les Azgedas feraient face à la coalition toutefois, jamais on ne pourrait l'accuser d'avoir proférer pareilles choses. Dans ses propos il ne parlait que de grandes batailles, celle contre les barbares à Kalawen en avait était une et Aamn ne doutait pas qu'il y en aurait d'autres, mais Aslan comprendrait certainement, et s'il ne voulait pas comprendre Aamn se passerait de lui. Un peu à contrecœur peut-être, mais ça ne durait pas longtemps.

hrp:

Des paroles avaient été échangées, des idées et des ressentis partagés, et si tout n’était pas tel qu’Aamn l’aurait voulu cette visite au nouveau chef de Baal’th était loin d’être une perte de temps. S’il avait eu son mot à dire Aslan ne serait certainement pas à cette place aujourd’hui, plus de ce monde très certainement, mais les choses étaient ainsi et le resteraient tant qu’une bonne raison ne serait pas donnée à l’oiseau de malheur de se débarrasser d’un personnage se révélant gênant. Pour le moment Aslan était là, et en dépit de tout Aamn devait reconnaître qu’il avait apprécié leurs échanges, pour le forme, pour l’intelligence d’Aslan qu’il était facile de deviner dans son regard et à travers ses mots. Ça lui plaisait à Aamn et ça le rendait plus méfiant encore, il s’en doutait avant de venir, il en était certain désormais, cet homme n’était pas à prendre à la légère et devrait être surveillé de près, chose qui serait loin d’être aisée.

Heureusement, tout n’était pas mauvais non plus, et ils avaient tous deux des visions qu’ils partageaient. Savoir qu’Aslan souhaitait rendre à son village puissance et fierté ne pouvait que plaire à Aamn qui avait hoché la tête, approuvant les dernières paroles prononcées par le chef de Baal’th. Et si l’un et l’autre n’avaient certainement pas les mêmes idées pour parvenir à ce renouveau, au moins le but commun leur donnait une direction dans laquelle marchait. Aussi dangereux et pénible qu’Aslan serait sans doute dans le futur, il n’était pas bon à jeter aux ordures, pas encore, Aamn était convaincu qu’il pouvait se montrer utile et faire de ce village un peu oublié quelque chose de bien. Peut-être était-ce ce que Mordh avait également décelé en lui, la raison pour laquelle il était là, la tête bien ancrée sur ses deux épaules ? Ils en parleraient certainement, plus tard, lorsque l’occasion se présenterait.

Cette discussion entre les deux Azgeda semblait en tout cas s’approcher de son terme, et même si Aamn n’avait pas lui-même amorcé les choses il n’en tenait pas rigueur à Aslan, ils étaient sans doute passé bien au-dessus de ces enfantillages à travers leurs échanges précédents. Ils savaient désormais l’un et l’autre ce qu’ils valaient. Je passerais la nuit ici si tu n’y vois pas d’inconvénients. Un geste d’apaisement aussi, une marque de confiance, feinte, mais tout de même. Aamn acceptait, provoquait plutôt, l’hospitalité de son hôte, lui signifiant ainsi que leurs différents resteraient pour le moment un sujet annexe. Oh, ils auraient pu parler pendant des heures encore, mais cela viendrait e temps utiles et voulus. Aamn était venu à Baal’th pour rencontrer Aslan et se faire une idée un peu plus précise de cet homme, il avait largement trouvé ce qu’il était venu chercher, la suite attendrait.

hrp: