Il faisait froid à Skjer. Comme toujours ; puisque la ville était située au nord. Etrangement, les tempêtes ne me dérangeaient pas et je trouvais que la neige avait quelque chose de rassurant. Le blizzard, qui pouvait effrayer les autres peuples qui n’étaient pas habitués au froid glacial qui régnait sur nos terres enneigées, était comme un troisième parent pour moi. Je savais pertinemment que mes origines n’étaient pas nordiques, que je n’étais pas née ici, mais c’était tout comme. Je n’avais jamais rien connu d’autre et mes parents n’avaient jamais voulus m’en dire plus. Quelque part, je les détestais pour cela. Ce froid rude et pourtant plus amical que ma famille avait toujours fait partie de ma vie, il avait était la seule chose constante dans ma vie. C’est ce qui le rendait d’autant plus réconfortant.
Enfin, lui et l’esclavage… J’avais passé toutes les dix-sept premières années à servir les autres et visiblement, cela n’allait pas aller en s’arrangeant… Je faisais tout ce qu’on me demandait, sans exception. Petite fille, il m’arrivait parfois de répondre, de râler ou bien de grogner lorsque l’on m’assigner une tâche qui ne me plaisait pas. A cette époque je n’avais pas encore pleine conscience de ce que « être esclave » signifiait réellement. Mais depuis « l’Evénement », je ne pestais plus contre rien. Je n’avais plus la voix pour le faire, et de toute manière tout ordre qui m’était donné ne pouvait pas être pire que ce qui s’était passé. Je m’étais donc résignée à vivre comme on me le dictait. Désormais, je n’attendais plus rien de la vie, que pouvait-elle m’apporter de toute façon ?
J’avais beau voir le verre à moitié vide, je devais cependant céder le fait que ma vie était tout de même meilleure depuis que j’avais quitté cette horrible famille de pêcheur. Servir au Palais me demander plus d’énergie, je devais être plus consciencieuse et faire plus attention à chacun de mes gestes et autres mouvements mais au moins je ne ressentais plus de malaise. Je n’avais plus l’impression que chaque regard qui se posait sur moi était malsain ou haineux. J’avais la sensation d’être, enfin, une esclave « normale ».
Cela faisait trois ans que je servais les membres du palais et je connaissais cet endroit par cœur. Lorsque la reine revint seule, à la mort du roi, j’eu peur de ce qui allait se passer pour moi. Je ne connaissais pas la reine, c’était le roi qui m’avait achetée et je l’avais vu bien plus souvent que sa femme. La reine Torvi c’est finalement révélée au moins aussi bonne que son mari, elle ne m’a pas jetée dehors comme une malpropre, elle m’a juste changée de service. La reine m’a affectée à un homme du ciel se prénommant John Murphy.
J’étais très intriguée, je n’avais jamais vu d’homme du ciel avant celui-là. Il n’avait pas l’air si différent de nous, physiquement en tout cas. J’avais pour ordre de répondre à tout ce qu’il me demandait. Pour le moment, après ces quelques jours, il me traitait convenablement.
Ce jour là, cependant, ce n’était pas vers l’étrange homme appartenant au skaikru que je me dirigeais, mais bien vers notre reine, qui m’avait fait appeler. Je me postai devant la porte et frappai trois coups attendant la permission de rentrer dans la pièce comme je devais toujours le faire.