no longer a stranger ▬ Canjun

Sujet: no longer a stranger ▬ Canjun Mar 8 Mar - 13:46

Clarke avait accepté la proposition de Kane et, le lendemain, elle se rendrait jusque Camp Jaha. Elle ne s’y était pas rendue depuis qu’elle y avait été opérée pour son épaule, ce qui faisait presque une semaine. Le temps passait à une de ses vitesses, qu’elle avait l’impression que ça faisait toute une vie, qu’elle avait l’impression que ce n’était pas assez d’une vie. Elle rechignait toujours à se rendre sur le site du crash de l’arc. Il y avait des lieux qu’elle ne pouvait pas éviter, des regards qu’elle ne pouvait pas fuir. Mais plus encore, il y avait des obligations auxquelles elle se devait de répondre et c’est avec une légère anxiété qu’elle pensait au lendemain, à la chevauchée qu’elle ferait dans les bois jusqu’à retrouver ces visages si familiers, ceux qui l’avaient enfermés pendant un an dans l’espace et qui ne cesseraient de remettre ses décisions en questions. Surtout quand elle apprendrait à Abby qu’elle allait se rendre jusque Polis pour y mener la politique étrangère. Hm. Elle avait déjà hâte.

Ruminant ses pensées, se préparant déjà aux éventuels remarques qu’elle recevrait de la part de sa mère et des répliques qu’elle utiliserait pour prouver son opinion, Clarke vaquait à l’avant-poste, entre son passage à la tente des soigneurs et ceux de son clans. Elle irait voir qui partait pour l’Arche, c’était une idée. Elle préférait être en groupe sur le voyage, même si elle savait qu’elle ne craignait rien – ou presque rien – avec son garde-du-corps qui prenait sa tâche très au sérieux, il y avait ce sentiment désagréable quand elle passait à l’endroit où elle avait été kidnappée. Soit. Plongée parfaitement dans ses pensées, elle ne manqua pas de repérer, tout de même, une figure familière, et qui l’était de plus en plus au fils des jours : Canjun. Après l’avoir ramené ici pour le soigner correctement, elle l’avait laissé s’habituer aux lieux, passant le voir de temps en temps pour s’assurer que sa blessure cicatrisait bien et que l’infection était bel et bien partie. Le jeune garçon avait vite guéri, et si elle n’avait plus aucun devoir vis-à-vis de lui, elle avait une affection particulière pour celui qui venait de l’ouest. La discussion qu’ils avaient eu, au bord de ce cours d’eau, avait changé quelque chose en Clarke et c’était plus que de la reconnaissance qu’elle avait pour le jeune guerrier : elle l’appréciait vraiment.

« Canjun. » L’appela-t-elle, alors qu’elle se rapprochait du jeune homme. Elle l’avait vu de loin, au banquet, mais il y avait eu des affaires plus urgentes à traiter, puis elle s’était oubliée en compagnie de son amante (amante qu’elle retrouverait dans quelques heures pour une balade dans les bois). Clarke se rapprocha de l’homme, un sourire paisible sur les lèvres. « Comment vas-tu ? Pas de problème avec ton dos ? »

Elle l'avait laissé là, à l'avant-poste, au beau milieu de Grounders avec qui il s'était battu durant la bataille contre la Montagne. C'était Clarke, une jeune femme pour qui Canjun avait beaucoup de respect et d'affection malgré le fait qu'ils n'aient pas eu l'occasion de passer énormément de temps ensemble. Mais elle l'avait aidé plus qu'elle ne le pensait. Car en plus de lui donner des soins en retirant la balle qui s'était logée dans son omoplate, elle l'avait extirpé hors d'une solitude pesante. Une solitude qu'elle avait remplacé par de la compagnie aussi bien avec elle qu'avec les Terriens avec lesquels il avait pu communiquer lorsqu'il devait encore avoir des soins. Et depuis quelques jours après son arrivée, il était guéri. Sa blessure n'était plus qu'une cicatrice encore bien visible, mais qui finirait par s'ancrer sur sa peau de Guerrier déjà marquée par le combat.

Mais il ne s'attendait pas à ce qu'elle lui rende visite aujourd'hui, et alors qu'il était en train de tâter son omoplate, ses doigts parcourant la belle trace qu'il avait désormais, sa tête abaissée vers le sol, il n'entendit pas la Skaikru s'approcher de lui et sursauta lorsqu'elle prit la parole. Relevant la tête, ses yeux ébènes se fixant sur la silhouette féminine et belle de Clarke, un sourire se dessina sur ses lèvres. Canjun était content de la voir. Mine de rien, sa discussion avec elle lui avait manqué, et il était content qu'elle vienne prendre des nouvelles de lui. Se levant pour se mettre à sa hauteur, le jeune homme porta sa main sur l'avant-bras de la fille du Ciel et prit la parole sur un ton doux. Un ton qu'il n'avait employé depuis longtemps. « Clarke. Je suis content que tu sois venu me voir. » dit-il avant de lâcher sa légère emprise sur elle et de mouvoir ses lèvres à nouveau. « Je vais bien, et ma blessure ne se serait pas refermée si tu n'avais pas été là. Je te remercie encore, Clarke... Et toi, comment vas-tu ? » demanda t-il, l'observant.

De ses yeux profonds brillait une lueur qui ne s'était pas allumée depuis longtemps. Il ne considérait pas Clarke comme une simple personne bienveillante qui lui avait seulement apporté de l'aide. Non, il la considérait comme une amie. Certes, cela ne faisait que quelques jours qu'ils se connaissaient, mais le jeune homme éprouvait envers elle déjà beaucoup d'affection. Et le fait qu'elle vienne voir comment il allait lui faisait plaisir. Et de ces pensées joyeuses, le visage de sa défunte mère refit surface. Il pensait chaque jour à cette femme formidable qui lui avait donné la vie. Mais il ne lui avait pas parlé depuis quelques jours. Il était temps. * Regarde la, maman.* dit-il simplement. Oui, il voulait qu'elle la regarde de là où elle était. Qu'elle voit qu'il avait trouvé quelqu'un sur qui il espérait pouvoir compter. Qu'elle voit qu'il avait trouvé quelqu'un à qui s'attacher à nouveau. Comme avant.

Le jeune homme sursauta et, franchement, Clarke ne put retenir un mince sourire amusé. Elle était habituée à être en présence constante avec des guerriers aux aguets, et qu’elle arrive à en surprendre un, de la manière la plus innocente qu’il soit, allégea son esprit, améliorant légèrement son humeur. Qui continuerait de s’améliorer, elle n’en doutait pas : en présence de Canjun, Clarke gagnait en tranquillité. Si elle avait pu, elle passerait plus de temps en sa compagnie. Malheureusement, l’emploi du temps de la fille du ciel se prêtait rarement à des conversations de courtoisie. La majeure partie de ses actions entraient dans une ligne de planification, d’arrangements et d’autres préventions, dans la mouvance constante d’un monde qui ne semblait jamais fatigué de faire la guerre. Soit, elle n’avait pas vraiment ça à l’esprit pour le moment, attrapant le bras de Canjun lui tendit, rendant les salutations silencieuses. « Clarke. Je suis content que tu sois venu me voir. » Elle secoua la tête, par modestie. Aussi, elle n’allait pas lui dire qu’elle l’avait croisé par hasard, même si, en effet, elle avait choisi de ne pas l’ignorer. Comment l’aurait-elle pu ? Canjun était le grounder le plus délicat qu’elle connaissait.

« Je vais bien, et ma blessure ne se serait pas refermée si tu n'avais pas été là. Je te remercie encore, Clarke... » Elle acquiesça distraitement, tout en écoutant les propos, ne pouvant pas retenir un. « Je peux voir ? » Qui venait plus du soucis professionnel d’un médecin envers son patient, que d’une curiosité infondée. Elle savait que l’omoplate allait bien, que la chair rose, bientôt, ne resterait plus qu’une marque de tissu cicatriciel (la blessure était restée béante trop longtemps que pour ne pas laisser de trace). Mais de ce qu’elle avait compris, ceux du trigedakru – et ceux qui n’en était pas originaires – affectionnait ces marques. C’était la preuve qu’ils avaient survécus. « Et toi, comment vas-tu ? » Clarke ne le quittait pas vraiment du regard, ce mince sourire sur le visage, alors que sa main droite s’animait et que, finalement, ses yeux bleus glissaient de la figure du garçon qui était plus grand qu’elle. « Mis à part le fait que je prends plus de temps à soigner que toi. » Son bras gauche était toujours cintré dans cette attelle, qu’elle était un peu plus pressée chaque jour de quitter. Mais la douleur se faisait de moins en moins présente chaque jour. Il fallait un coup, ou une trop longue journée, pour éveiller le feu de son articulation. Ce qui était un bon point. « Je vais. Bien. » La réalisation la frappa au milieu de sa phrase, quand ses traits se refermèrent un peu, en songeant à ce qui l’attendait le lendemain. Elle s’expliqua. « Je viens de penser à des choses peu plaisantes qui m’attendent au Camp Jaha demain. » Et Clarke n’avait vraiment pas envie d’y songer pour le moment. Elle aurait les heures de chevauchée pour retourner dans sa tête, encore et encore, la future prise de bec avec sa mère.

«Soit. » Et aussi vite qu’elle décida de mettre cette idée dans un coin de son esprit sur lequel elle ne se concentrerait qu’en fin de soirée – après tout, elle avait une charmante journée prévue dans une clairière non loin qui l’attendait – son regard se para de cette étincelle de malice caractéristique. « J’ai entendu dire que tu as rejoint le shiegeda. » Et c’était une félicitation, à sa manière.

Ses yeux ébène continuaient de fixer la jeune femme qui se trouvait face à lui. Il la contemplait de haut en bas, se demandant ce qu’elle avait bien pu faire ces derniers jours avant de lui rendre visite. Et son sourire ne disparaissait pas. Non, il était toujours là. Toujours inscrit sur ses lèvres. Toujours inscrit sur son visage qui, pour une fois, n’était pas sale. Clarke était l’une des seules sur qui Canjun espérait pouvoir compter, et obéit à sa demande lorsqu’elle lui demanda de voir sa blessure. Acquiesçant, le fils de Paw dévoila son dos aux yeux de la Skaikru, la laissant observer son dos balafré, marqué par les batailles, ses muscles se contractant par réflexe lorsque Clarke le toucha. Et en quelques instants, il semblait s’être laissé prendre par quelques pensées. Quelques souvenirs. Des souvenirs de guerres qui avaient surgies dans sa terre natale, lorsque ceux qu’il appelait « envahisseurs » avaient tenté d’innombrables fois de décimer son peuple. Les tensions entre son Clan et les meurtriers de sa mère avaient toujours été présentes. Et toutes les marques scellées sur sa peau laisseraient à jamais ces batailles vivantes dans le corps de Canjun.

Mais, reprenant ses esprits, son visage se tourna à moitié vers celle qu’il considérait comme une amie, et remarqua de ses yeux sombres le bras abîmé et placé dans une attelle. Se demandant ce qu’il lui était arrivé, la voix douce et calme du jeune homme retentit, trahissant son inquiétude. « Qu’est-il arrivé à ton bras ? » demanda-t-il, sentant soudainement une réaction au niveau de son cœur. Une réaction qu’il ne comprenait pas. Il avait juste une envie naissante de lui dire qu’il voulait la protéger. La protéger du mal qui pourrait s’abattre sur elle. A n’importe quel moment. A n’importe quel prix. Mais sa bouche ne bougea pas. Ses lèvres restèrent closent. Et se retournant vers elle lorsqu’elle eut fini, son regard la scruta encore un instant, avant de froncer légèrement les sourcils lorsqu’il apprit qu’elle avait des choses « peu plaisantes » à effectuer au Camp Jaha. Penchant doucement sa tête sur le côté, Canjun ne put retenir sa curiosité, et reprit la parole sur un ton toujours aussi calme. « Qu’est-ce que tu as à faire là-bas ? » dit-il, avant de se rasseoir, se sentant vaciller légèrement. Malgré la blessure qui semblait aller mieux, il se sentait quelque fois faible, comme si ses forces l’abandonnaient pour quelques secondes.

Mais n’y faisant pas attention, Canjun croisa les doigts, posant ses avant-bras sur ses cuisses. Son regard ne l’ayant toujours pas quitté, il vit l’expression malicieuse de la Skaikru lorsqu’elle lui dit qu’elle avait su pour son intégration au sein des Shiedgedakru. Un léger rire retentit, Canjun étant fier d’appartenir à un des douze Clans. « Oui, Sköll m’a recruté parmi son peuple. Et je peux dire que j’en suis fier. J’ai enfin trouvé ma place ici, Clarke. » dit-il, son sourire se dessinant encore un peu plus sur son visage aux yeux brillants. Oui, il avait enfin trouvé quelqu’un qui l’avait accueilli comme Lexa. Il portait fièrement l’insigne du Shiedgeda. Il était maintenant un guerrier aux ordres d’un chef, comme il l’avait été auparavant.

Il y eut les yeux de Canjun sur son bras et elle pencha un peu la tête, évitant de toucher la blessure qui se soignait – qui se soignait bien, d’autant plus. Elle avait hâte de pouvoir se débarrasser de l’attelle, qui ne la quittait plus, sauf quand elle dormait – et encore, ça ne plairait pas à sa mère si elle l’apprenait. Après, viendrait la rééducation, réapprendre à se servir de son épaule, redécouvrir les nouvelles limites. Elle retint un soupir, qui fut chassé par la considération de Canjun. « Qu’est-il arrivé à ton bras ? » Clarke sourit, tranquille. « J’ai été blessée lors de la bataille contre la montagne. » Et elle avait l’impression que ça remontait à une vie, car tout était si lointain dans sa mémoire. Mais non, c’était à une dizaine de jours, à peine et la douleur qui s’éveillait, de temps à autre, était suffisante pour la rassurer, qu’en effet, c’était toujours la même vie, que Clarke n’était pas si brisée que ça et que d’autres mésaventures l’attendaient très certainement pour les semaines à venir. « Tu n’étais vraiment pas bien quand je t’ai trouvé dans les bois. » C’était doux, sans aucune moquerie, même s’il y aurait pu en avoir une, taquine et tranquille. « Je l’avais déjà. » L’attelle et tout le reste. Elle n’avait pas été en grande forme non plus, quand ils s’étaient trouvés. Mais il n’y avait aucune accusation dans les propos de Clarke. Elle aussi, parfois, oubliait qu’elle fonctionnait un bras en moins.

Et puis, il y avait tellement plus important que son propre bien. Il y avait des personnes qui l’attendaient au Camp Jaha et elle cacha difficilement son déplaisir en y pensant. Canjun était observateur. « Qu’est-ce que tu as à faire là-bas ? » Il était curieux. Il était fatigué aussi et elle l’observa s’asseoir avec un petit froncement de sourcil. Elle s’agenouilla pour être à son niveau, étudiant un peu mieux ses traits tandis qu’une légère inquiétude passa dans son regard. « Est-ce que tu manges assez ? » Elle irait demander à ce que les apprentis prépares un tonifiant pour Canjun. Qu’il soit encore faible, après tant de jour, elle n’en avait pas l’habitude, Clarke. Tous les guerriers de l’avant-poste étaient soit des monstres de la nature et se soignaient à vue d’œil, ou alors, ils avaient trop de fierté pour montrer une quelconque baisse de régime (Clarke ne voulait pas déterminer lequel était le plus vrai et laissait les membres du trigedakru à leurs habitudes). Soit, son inquiétude était marquée et elle répondit tout de même à l’interrogation de celui qui venait de l’ouest. « Mon peuple réside principalement au Camp Jaha. Je dois annoncer aux dirigeants que je m’en vais pour Polis, où je serai conseillère. » Elle se mordit la lèvre inférieure, avant de rajouter. « Ma mère fait partie de ces dirigeants. » Et elle n’avait aucune hâte de la retrouver. La discussion serait houleuse et elle devrait affronter les remarques qui parfois n’étaient pas fondées, ou trop dissimulées pour être affirmées clairement – tout ce que Clarke détestait.

Ca n’avait pas d’importance, pour le moment, vraiment. Car il y avait Canjun et son intégration parmi le clan de la nuit. Ce qui sembla ravir le jeune homme qui eut un maigre rire, qui arracha un sourire chez la blonde. « Oui, Sköll m’a recruté parmi son peuple. Et je peux dire que j’en suis fier. J’ai enfin trouvé ma place ici, Clarke. » Elle hocha la tête, Clarke, déposant sa main sur l’épaule de Canjun. « Je suis heureuse pour toi. » Puis, une expression un peu plus mutine passa dans son regard. « Je te l’avais dit, que tu trouverais bien ta place. » Et elle était sincèrement contente que Canjun ait un clan où poursuivre sa vie. « Que va faire le shiegdegakru après ? » Et il y eut une expression paisible sur le visage de Clarke. « Est-ce que j’aurais la chance de te revoir ? »

Ainsi, Clarke s'était blessé au bras lors de la bataille contre la Montagne. Bataille à laquelle Canjun avait participé en tuant bon nombre de snipers situés dans les hauteurs des grands arbres, où ils étaient cachés par la nuit. Mais le nouveau membre du Shiedgeda avait de l'expérience en matière de camouflage et les avait débusqués un par un, son action permettant de stopper ce massacre imprenable initialement. Puis, lorsque celle-ci lui annonça qu'elle avait déjà son bras blessé lorsqu'ils s'étaient rencontrés dans les bois, un sourire gêné se dessina sur le visage du jeune homme qui porta sa main sur sa nuque avant de se gratter. Tellement emporté par la douleur que la balle lui avait infligé, il n'avait pas fait attention à ce que Clarke avait pu avoir comme blessures de son côté. Ses yeux ébènes posés sur la Skaikru, sa voix calme retentit à nouveau. « Excuse moi, Clarke. J'ai dû être trop soumis à la douleur pour remarquer quoique ce soit. » dit-il, soupirant légèrement avant de diriger ses mains vers l'élastique qui retenait une partie de ses cheveux et d'attacher tout le reste pour en faire un chignon -ou en tout cas, quelque chose qui y ressemblait-. Sa chevelure sombre le gênait parfois, mais Canjun voulait les garder long. Lui-même se demandait pourquoi. Puis, ses pensées se tournaient directement vers sa mère. Sa défunte mère, qui, elle, le préférait les cheveux longs plutôt que court. Alors, par habitude -ou peut-être pour garder une trace de sa mère- il avait décidé de garder cette coupe.

Mais ses pensées se dispersèrent soudainement lorsque la voix de Clarke vint titiller ses tympans. Ainsi, alors qu'il venait de s'asseoir suite à sa perte d'équilibre, la Skaikru se rapprocha de lui et lui demanda s'il mangeait assez, son visage trahissant son inquiétude, avant qu'elle ne lui dise ce qu'elle devait faire au Camp Jaha, lieu de résidence de son peuple. Elle devait annoncer son rôle de conseillère à Polis à sa mère et aux autres dirigeants. Le regard retenu sur la mine de son amie, le jeune homme répondit à son annonce avant de répondre à la question. « Conseillère ? Toi, Clarke ? Je suis content pour toi ! » dit-il en passant rapidement et légèrement sa main sur l'épaule de la jeune femme, un sourire satisfait se dessinant sur ses lèvres, avant de se mordre la lèvre en signe d'hésitation « Tu ne t'entend pas bien avec ta mère ? ». Elle n'avait peut-être pas envie de discuter de cela, mais sa curiosité avait pris une nouvelle fois le dessus. Et il acquiesça doucement à la question de la Skaikru. Oui, il mangeait assez. Mais il avait du mal à se rétablir entièrement. Il n'était pas faible, mais lorsqu'il avait mal, il ne restait pas indifférent face à sa douleur. Et c'est ce qui le rendait un peu différent de la plupart des autres Grounders.

Puis, lorsque Clarke lui annonça qu'elle était contente pour lui, elle lui demanda ce que comptait faire son Clan désormais. Question à laquelle le Grounder répondit de manière peu sûre. « A vrai dire, je ne peux te répondre avec précision. Je sais qu'il se renforce après la bataille, et Sköll n'a pas l'air de s'opposer à la coalition, bien au contraire. Jimmy kom Skaikru a pu recevoir l'honneur d'avoir un entraînement avec lui. » dit-il, fier de cette initiative. C'est lui-même qui s'était battu contre la jeune femme afin qu'elle prouve ce dont elle est capable. Et elle avait réussie. Puis, son sourire s'élargit lorsque la voix de la Conseillère retentit à nouveau. « Est-ce que j'aurais la chance de te revoir ? » lui dit-elle, agenouillée auprès de lui. C'était une question qui ne valait même pas la peine d'être posée. Oui, il voulait la revoir. Et oui, ils allaient se revoir. Aucune barrière ne se mettrait entre leur amitié. « Bien sûr, Clarke. Tu es mon amie. Personne ne m'empêchera de te revoir. » dit-il, l'observant de ses yeux ébènes. Il tenait à elle.

Clarke connaissait la manière dont la mémoire fonctionnait. Comme elle s’attachait sur un élément particulier, pouvant même omettre tout ce qui se trouvait autour de ce point. C’était quelque chose qu’elle se forçait à ne pas faire, car voir l’ensemble du tableau lui avait déjà permis de se sortir de situations désespérées. Mais elle comprenait parfaitement que, dans la situation dans laquelle elle avait rencontré Canjun, celui-ci n’avait pas fait attention à l’état dans lequel se trouvait le bras de Clarke. Raison pour laquelle elle accepte ses excuses d’un mince sourire, ne cherchant pas à lui imputer la fausse. Il avait été dans une condition déplorable quand ils s’étaient rencontrés dans le bois, le principal ait qu’il ait pu être débarrassé de cette balle, amené jusqu’au camp, intégré. Canjun commençait à trouver sa place et ça plaisait de voir la confiance chez celui qu’elle considérait comme un ami – ce qui était si rare, ces temps-ci. Elle aussi, Clarke, trouvait ses points de repère, son confort dans un statut qui lui permettrait de ne pas passer ses jours au Camp Jaha. « Conseillère ? Toi, Clarke ? Je suis content pour toi ! » Les félicitations de celui qui venait de l’Ouest réussirent à arracher un sourire sincère, mais contrit, à Clarke. « Merci. » Echappa-t-elle, simplement, même si sa voix était encore pincée, tout en posant sa main sur l’avant-bras de Canjun, qui avait saisi son épaule pour souligner ses propos.

« Tu ne t'entend pas bien avec ta mère ? » Et elle plissa le nez, comme un enfant qui avait été pris en faute. Ce n’était pas un secret et tout ceux qui avaient vécu dans l’Arche connaissaient les disputes qui pouvaient retentir entre les deux femmes Griffin. « Ce n’est pas ça… » Elle chipota un peu avec l’attache de son attelle, avant de répondre, suite à un haussement d’épaule. « Nous nous ressemblons trop, je crois. » Et la grimace resta sur ses lèvres, alors que d’énoncer ce simple fait était presque douloureux. « Trop têtues pour notre entourage. » Elles aimaient avoir le dernier mot, elles aimaient tout porter sur leurs épaules. Elles aimaient diriger. Dans un monde idéal, où l’oxygène n’aurait pas été un problème dans l’espace, Clarke aurait très certainement suivit les pas de sa mère. Elle serait devenue médecin, puis les rênes du conseil (peut-être serait-elle-même devenue chancelière ?). Rien n’était moins sûr maintenant et, une chose dont Clarke était certaine, c’est qu’elle ne dirigerait pas dans l’immédiat. Elle en avait assez fait contre la montagne et les conditions extraordinaires n’étaient plus de mise. « Elle veut des choses pour moi que je ne peux accepter. » Et puis, surtout, il y avait cette prudence qu’elle avait, en compagnie de sa mère. La crainte que des mots blessants –plus que d’autres- ne s’échappent et qu’elles reviennent sur l’homme Griffin qui leur manquait à toutes les deux.

Soit, sa relation mère-fille serait éternellement tendue, et il y avait plus intéressant à discuter, comme l’intégration de Canjun au Shiedgedakru, et ce qu’il adviendrait du clan. Et elle écouta, patiemment, un fin sourire sur le visage, alors qu’elle ne quittait pas des yeux le jeune homme, hochant la tête aux noms qu’elle reconnaissait. Ce qui n’était pas compliqué. Elle avait vu Sköll à quelques reprises lors des conseils de guerre et du banquet, pour Jimmy, et bien, elle faisait partie des Cent. « Je suis heureuse de voir que Jimmy s’intègre elle aussi. Même si je ne l’ai jamais envisagé comme une guerrière. » Cette pensée fut plus marmonnée qu’autre chose. Elle se souvenait de la fille comme un personnage un peu particulier, qui dénotait des autres. Mais rien n’était impossible. « J’espère qu’il ne la malmènera pas de trop. » Car elle avait vu de quoi étaient composés les entrainements des membres du trigeda, avec Octavia qui avait un peu plus de blessures chaque jours. Qui était un peu plus fort chaque jour également.

C’était le cas de tout le monde ici-bas, guerrier ou non. Et même s’il y avait des pertes, d’amis, de membres de la famille, de nouvelles relations se créaient, des dissidences, des alliances. Définitivement, Clarke considérait Canjun comme faisant partie de ces derniers. Ce n’était pas seulement parce qu’il lui était redevable de lui avoir sauvé la vie. Elle appréciait sincèrement le garçon qui venait de l’ouest. « Bien sûr, Clarke. Tu es mon amie. Personne ne m'empêchera de te revoir. » Elle lui offrit un doux sourire, avant de hocher la tête. C’était le genre de détermination qu’elle aimait voir. « Tu m’en vois rassurée. » Elle ne sous-estimait pas les paroles de Canjun, car pour eux, ce genre de déclaration était toujours sincère, n’est-ce pas ?

Et il continuait de regarder, Canjun, de ses yeux ébènes, la Skaikru qui s'était imposée avec diplomatie au milieu des Grounders. Elle était passée de survivante face aux Terriens, à Conseillère aux côtés d'Heda. C'était respectable, et le jeune homme du Shiedgedakru était content pour elle. Fier d'elle, même. Les deux ne se connaissaient que depuis quelques temps, et déjà leurs liens étaient assez soudés. Ils étaient proches. Ils semblaient bons amis. Et le Guerrier voulait que cette relation dure, jusqu'à ce qu'il pousse un dernier souffle. Sur Terre, à cette époque où régnaient les batailles et le sang qui en découlait, les amis se faisaient de plus en plus rares. Seulement, Canjun savait qu'il pouvait compter sur Clarke. Et il savait aussi qu'il lui viendrait en aide, comme il l'avait juré à Lexa, si un danger quelconque se présentait et mettait leur vie en péril. Alors, il se contenta simplement de sourire sincèrement lorsqu'elle le remercia de ses félicitations, avant de sentir le muscle de son avant-bras se contracter légèrement lorsque la jeune femme posa sa main sur son membre antérieur. Il n'avait pas encore pris l'habitude que quelqu'un le touche, même pour le soigner, ou simplement pour discuter. Il était craintif, malgré tout. C'était instinctif. Pas volontaire.

Puis, lorsqu'il lui demanda si elle s'entendait bien avec sa mère, Clarke grimaça. Et elle lui expliqua qu'elles se ressemblaient trop. Qu'elles étaient toutes deux trop têtues -ce qui fit ricaner Canjun de manière enfantine-, rajoutant des paroles qui raisonnèrent un peu plus que les autres dans l'esprit du jeune homme. « Elle veut des choses pour moi que je ne peux accepter. » dit-elle. A ces mots, la mine de Canjun s'abaissa vers le sol. Il repensait à sa mère, qui n'avait jamais vraiment souhaité qu'il devienne ce qu'il était aujourd'hui. Le voir sur le champ de bataille. Le voir blessé. Le voir ensanglanté, sale, presque à terre. Elle le lui avait souvent dit, que c'était dur pour elle de l'imaginer devenir ainsi. Mais c'était dans un seul but. Un seul but, qu'aucune mère ne renierait : protéger son enfant. Alors, relevant la tête, il porta une de ses mains sur les cheveux de Clarke avant de parler sur un ton un peu plus sérieux, bien que toujours calme, et de retirer sa main de la chevelure de la jeune femme. « ...Ma mère n'a jamais été tranquille d'esprit lorsque mon père m'a forgé pour devenir Guerrier. Elle était hantée par des images ensanglanté de moi. Des images où je suis à terre, ou même mort. Des images où je suis dévisagé, et pleins d'autres horreurs comme celles-ci. Ce que je veux dire, c'est que... si elle veut ces choses là pour toi, c'est sans aucun doute pour te protéger, Clarke. Qu'importe sa manière de te le faire savoir, je suis sûr que c'est dans le seul objectif de te préserver du danger. » dit-il, son sourire encore présent sur son visage. Il ne connaissait sûrement pas toute l'histoire, mais il ne forcerait pas son amie à faire resurgir un passé douloureux.

Alors, secouant légèrement la tête après les mots qui s'étaient échappés de ses lèvres, Canjun acquiesça aux dires de Clarke à propos de Jimmy. « C'est vrai qu'elle n'a pas l'étoffe d'un guerrier, mais pour m'être battu contre elle afin de décider de son sort aux côtés de Sköll, je peux t'assurer que c'est une femme pleine de ressources. Elle a l'air prometteuse et gentille, aussi. » dit-il, se remémorant son combat sur le sol de son nouveau Clan. « J'espère qu'il ne la malmènera pas de trop. ». A ces mots, Canjun secoua la tête de gauche à droite. « Tu n'as pas à t'inquiéter. Je veillerais sur elle pour toi, si tu le souhaite. Mais dis toi que chaque entraînement va l'endurcir. La préparer à ce monde où la paix n'est seulement que de passage. » dit-il, ses yeux ébènes la regardant toujours avec un certain regret dans ses propos. A vrai dire, c'était malheureux de ne plus s'accrocher au fait qu'une paix durable s'installerait un jour. Mais le passé douloureux du jeune homme, ainsi que la bataille contre la Montagne, et la Chef des Skjeran qui semblait suspecte dans ses actes n'étaient pas des événements qui amenait Canjun à croire en une paix durable. Pas pour le moment.

Puis, lorsque l'ancien héritier des Osgiliath lui annonça que personne ne l'empêcherait de la voir, Clarke lui répondit par un sourire doux, et sa voix retentit, lui disant qu'elle était rassurée de cela. Lui souriant, Canjun se sentit légèrement rougir. Il n'avait plus l'habitude d'une quelconque douceur. Il s'était endurcie, lorsqu'il avait tout perdu. « Tu devrais toujours sourire ainsi, Clarke. Cela donne espoir que l'humanité est toujours présente dans ce monde de sang et de larmes. » dit-il, le plus sincèrement du monde. En fait, à travers cette femme du Skaikru, il voyait autre chose. Pas seulement une amie qu'il verrait sans que personne ne lui mette de barrières. Pas seulement une ancienne survivante devenue Conseillère. Il voyait de l'espoir en cette femme. Tout comme à travers Lexa, Sköll, et tout les autres Clans alliés. C'était ces personnes là, qui les guideraient vers un monde meilleur.

Ils connaissaient si peu, l’un sur l’autre. Clarke le remarqua un peu plus quand elle sentit Canjun se tendre à son contact et elle recula sa main, lui offrant un petit sourire désolée. Donc, il n’appréciait pas être touché. C’était logique. De manière générale, Clarke évitait de heurter les autres membres du trigedakru, par habitude. Lors des premiers jours où elle avait évolué en leur compagnie, elle avait bien compris à leur attitude hostile qu’elle devait surveiller ses gestes, et la manie était resté. Elle avait oublié que c’était certainement le cas de Canjun. Le raccourcit avait été fait parce qu’elle l’avait soigné, que la frontière physique avait déjà été franchie. Cela ne se reproduirait plus. Tout du moins, c’était ce qu’elle s’était dit, quand ce fut au tour du jeune homme de lui toucher la tête dans un geste qui se voulait affectueux. Une brève surprise passa dans le regard de Clarke, qui oublia momentanément l’anticipation de se rendre jusqu’au Camp Jaha. Elle fronça un peu les sourcils, de manière inquisitrice. Et la parole arriva, écoutant les propos d’une mère qui avait probablement compté aux yeux de Canjun. Elle ne posa pas la question sur ses parents. De ce qu’elle avait brièvement appris sur lui, il était le dernier des siens. Clarke ne voulait pas enfoncer le couteau dans la plaie.

Elle ne put s’empêcher d’acquiescer faiblement – très faiblement- aux propos du guerrier nouvellement shiedgedakru. « Je suis sûr que c'est dans le seul objectif de te préserver du danger. » Clarke poussa un faible soupir, empêchant la colère de montrer, à chaque fois qu’il était question de cette facette de sa relation avec Abby. Elle regarda un moment ses pieds, joua de la pointe de sa chaussure avec un petit caillou, qu’elle fixa, alors qu’elle commençait à parler. « Elle ne peut plus le faire. Je comprends qu’elle ait envie de me protéger, mais je ne m’estime pas plus légitime de ce droit que quiconque. Et je n’ai pas besoin de protection. » Certes, le garde-du-corps qui n’était pas loin mettait son affirmation en difficulté, mais ça restait vrai. Elle avait survécu jusqu’ici, elle ne s’arrêterait pas en si bon chemin. « Ta mère devait être une bonne mère. » Et elle sourit, pour appuyer ses propos. « Mais la mienne a arrêté de l’être quand elle choisit le bienêtre de mon peuple avant le mien. » A ses yeux, Abby avait perdu ce droit. « Je ne lui en veux pas. Mais j’ai appris à ne plus dépendre d’elle. Elle doit l’accepter. » Et c’était dur, sur sa langue, dur dans ses yeux posés à nouveau sur Canjun. Dur dans son cœur. Les femmes Griffin continueraient de s’opposer, comme il en avait toujours été le cas depuis le début de l’adolescence. Et cette tendance s’était affirmée avec la mort de l’homme Griffin. Rien n’y changerait. Clarke avait pardonné. Elle n’avait pas oublié pour autant.

Clarke, finalement, avait suivi les traces de sa mère, en prenant soin des Cent qui avaient été abandonnés sur terre. Jimmy en faisait partie. Même si elle était une fille un peu étrange, qu’elle ait rejoint la milice improvisée de Bellamy prouvait un fait : la volonté de protéger les autres. Savoir que Canjun veillait sur elle rassurerait grandement la fille du Ciel, qui eut un mince sourire. « Je veillerais sur elle pour toi, si tu le souhaite. » Il y eut d’autres mots sur l’entrainement et à nouveau, l’image d’Octavia s’imposa dans sa pensée. Il y eut d’autres morts sur la guerre et cette fois-ci, Clarke eut cette mine grave et usuelle. Elle malmena l’espace de quelques instants sa lèvre inférieure, tandis qu’elle songeait aux tensions au nord, avec le Skjeran et celles qui se dessinaient lentement à l’ouest. « C’est d’autant plus important alors, qu’elle ait quelqu’un sur lequel elle puisse compter, oui. Si personne n’est là pour nous épauler, c’est presque impossible de se relever. » Clarke le savait, elle était passée par-là. Si elle n’avait pas eu la présence de Kane, après son meurtre sur Finn, et par la suite les recommandations de Lexa, la blonde se serait effondrée. Puisqu’elle avait été soutenue, aujourd’hui, elle se dressait encore plus forte que par le passé.

Aujourd’hui, elle espérait compter Canjun parmi ceux-là. Ceux sur lesquels elle pouvait compter. Ca semblait bien parti, après qu’il lui ait confirmé, et qu’un faible sourire se dessina sur les lèvres du garçon qui venait de l’ouest. « Tu devrais toujours sourire ainsi, Clarke. Cela donne espoir que l'humanité est toujours présente dans ce monde de sang et de larmes. » La surprise fut visible dans son regard, alors qu’elle ouvrit faiblement la bouche, par laquelle elle inspira un faible filet d’air, tandis qu’elle sentait la chaleur se dessiner sur ses joues. Puis, il y eut un petit rire, pas méchant, juste… candide. « Tu as plus foi en mon humanité que moi-même. » Ce fut dit avec une légèreté déconcertante. Celle qui impliquait que la notion était bien ancrée chez Clarke. Mais soit, elle ne jouait pas avec ses doigts, il n’y avait rien de ce malaise. « C’est ensemble que nous nous illustrons plus fort que ce que le monde est devenu. » Elle adressa un petit clin d’œil à Canjun. « Tu en fais partie aussi, de cet ensemble. »

Au contact de la main de Clarke sur son avant-bras, Canjun avait senti son muscle se contracter, ce qui avait provoqué un recul de la part de la jeune femme. Mais rapidement, le jeune homme lui empoigna le poignet, doucement, évitant d'être trop brusque dans ses gestes. Un homme comme lui, musclé et désormais habitué à la durceur de ce monde, n'avait plus l'habitude de faire des gestes doux. Il était habitué à frapper. Il était habitué à tuer. Alors, ce moment amical et tendre avec la jeune Griffin lui faisait une sensation bizarre. Mais ce n'était pas une sensation désagréable. Oh, ça, non. C'était bien ce qu'il y avait de plus agréable. Il n'y avait aucune tension, à cet instant. Aucun soucis. C'était calme. C'était apaisant. Et c'était doux. Alors, Canjun, observant toujours son amie de ses yeux ébènes, lui adressa un léger sourire gêné. « Non, Clarke. Ce n'est pas toi. Je ne suis juste plus habitué à cela. La douceur, ce n'est plus vraiment ce qui m'entoure, désormais. Mais j'apprécie ce moment avec toi. » dit-il, avant d'observer ce qui séparait l'intérieur de l'extérieur.

Et puis, la voix de Clarke retentit à nouveau après ce que lui avait dis Canjun. Et ses yeux sombres se tournèrent à nouveau vers le visage abaissée de la jeune femme vers le sol. Doucement, le jeune guerrier abaissa lui aussi son regard pour observer le caillou avec lequel la Conseillère d'Heda jouait à l'aide de ses pieds. Et il écouta. Il écouta ce que Clarke disait, et c'est ainsi qu'il apprit que selon elle, elle n'avait pas besoin d'être protéger. Et sa mère n'avait plus à le faire. A ces mots, Canjun acquiesça lentement. Il semblait comprendre ce que ressentait la diplomate. Avec 99 autres personnes venues du Ciel, elle avait dû se débrouiller par tous les moyens pour survivre sur cette terre hostile et peuplée de Grounders. Elle avait dû se prendre en main, sans pouvoir s'épauler sur les adultes qui étaient encore logés dans l'espace. Alors oui, il comprenait la jeune femme. Et ses paupières se fermèrent un instant lorsque Clarke prononça ces quelques mots. « Ta mère devait être une bonne mère. » dit-elle. Et à nouveau, le jeune homme hocha la tête avant de revoir le visage de celle qui lui avait donné la vie, et qui était maintenant passé dans l'au-delà. Oui, elle fut une bonne mère. La plus merveilleuse à ses yeux. Mais ce n'était pas le sujet de leur conversation, présentement, et l'ancien solitaire écouta à nouveau Clarke. Aux yeux de la jeune femme ancienne survivante, celle qui l'avait mise au monde avait arrêté d'être une bonne mère lorsqu'elle avait fait passer son peuple avant sa fille. Désormais, elle ne dépendait plus d'elle. Elle avançait, et avait appris à avancer avec l'absence de sa mère. Face à ces déclarations, les paupières du Grounder du Shiedgeda se rouvrirent, et son regard resta posé sur la jeune Griffin. « Je pense comprendre ce que tu ressens, Clarke. Et malgré le fait qu'à mes yeux une mère est très importante dans la vie d'un quelconque individu, je suis content de voir que tu as réussi à traverser tout ces obstacles sans elle. Tu es forte, et je t'admire pour cela. » dit-il, abaissant légèrement sa tête en signe de respect, ressentant la dureté des mots de la jeune femme. Ses paroles étaient sincères. Oui, il admirait cette Skaikru. La force qui émanait d'elle semblait être en parfaite complémentarité avec Lexa, Commander que Canjun avait rencontré quelques jours après son arrivée sur les terres de l'Est et pour qui il avait juré loyauté également. Et il se sentait honoré de pouvoir créer un lien particulier avec Clarke. Ce n'était pas n'importe qui. Du moins, plus maintenant. Elle avait réussi à s'élever.

Et leur conversation dériva à nouveau sur Jimmy, jeune femme prometteuse. Et voyant Clarke soucieuse pour elle, Canjun venait de lui proposer de la surveiller et de la protéger en cas de danger. C'était une proposition importante pour l'héritier d'un clan aujourd'hui décimé. Jimmy lui avait donné bonne impression malgré le caractère très affirmé qui émanait d'elle. Elle ne devait pas être méchante, bien au contraire. Et si elle était aussi forte mentalement, c'était peut-être la conséquence d'un lourd passé. D'une triste histoire. Soit, Clarke accepta qu'il veille sur elle. La mine légèrement plus froncée, Canjun s'inclina doucement, reprenant la parole d'un ton calme et assuré. « C'est entendu. Tu peux compter sur moi. Je serais tes yeux, et je veillerais sur elle là-bas. » dit-il, se relevant, ses yeux ébènes plongeant à nouveau dans ceux de Clarke. Il ne voulait pas la décevoir, et comptait bien mener à bien la requête de son amie. Après tout, comme le disait si bien la nouvelle conseillère de Lexa, il était important de pouvoir s'épauler sur quelqu'un. Il était important de pouvoir compter sur d'autres personnes pour avancer.

Puis, alors qu'il venait de confier à Clarke qu'elle lui redonnait espoir en une humanité encore présente dans ce monde de chaos, celle-ci ne sembla pas convaincu de ses mots. « Tu as plus foi en mon humanité que moi-même. » dit-elle, créant une expression surprise chez la part du Guerrier qui répondit comme s'il voulait la rassurer. « Ce n'est pas parce que des personnes sont tombées sous tes mains que tu es dénuée d'humanité, Clarke. Tu l'as fais pour protéger les tiens, ceux qui te sont chers. N'est-ce pas une preuve assez grande pour te prouver que tes actes ont été nécessaires et que ça ne veut absolument pas dire que tu ressembles à des barbares ? » dit-il, avant de reprendre la parole, l'une de ses mains se resserant légèrement. « J'ai tué mon père de mes propres mains pour honorer mon peuple massacré par les hommes qu'il a rejoint, ayant trop peur de mourir. Je l'ai tué pour sa trahison. Mais ça ne m'empêche pas d'être humain. J'ai sauvé des vies, aussi. Je ne suis pas sans cœur. Et toi non plus, Clarke. Tu es bien plus que ça. » dit-il, avant de sourire lorsque celle-ci ne l'honore en lui disant que lui, Canjun, faisait parti d'un ensemble qui « s'illustrait plus fort que ce le monde est devenu ». C'était un compliment qui réchauffa le cœur du jeune Guerrier, qui s'approcha timidement pour enlacer légèrement la fille de Abby. « Merci, Clarke. » prononça t-il simplement avant de se retirer, et de lancer un regard vers la sortie. « J'aimerais prendre l'air. J'ai l'impression que ça fait bien trop de temps que je ne suis pas sorti. Tu m'accompagne ? » demanda t-il, sa tête tournée vers la sortie se dirigeant à nouveau vers une amie qu'il appréciait beaucoup. Des instants comme celui-là, il en voulait plus, et espérait la revoir plus souvent.

Bien, s’ils ne se connaissaient pas, ils apprenaient à se connaitre. Ca allait d’un geste totalement anodin, qui pouvait être décrypté de tant de façons différentes, ensuite expliqué. C’était ce qu’elle aimait, chez Canjun, sûrement. Que la plus petite des choses pouvait entrainer une discussion, un échange enrichissant. C’était un échange sensible et Clarke avait tendance à oublier que le monde savait l’être. « La douceur, ce n'est plus vraiment ce qui m'entoure, désormais. Mais j'apprécie ce moment avec toi. » Elle lui adressa un petit sourire, sourire timide, presque et elle acquiesça. Les mots n’avaient pas besoin d’être rajouté et la fille du Ciel comprenait, oui, le besoin de s’apprivoiser entre eux. Cela viendrait et elle se surprit même à espérer que cela vienne : elle tenait à Canjun et aspirait à mieux le connaitre.

Car pour le moment, elle ne savait que peu de choses sur lui. Il venait de l’ouest – plus loin que ces barbares – avait participé à une guerre qui n’était pas la sienne et son intégration se passait bien. C’était un jeune homme délicat, plus qu’une grande partie des membres du trigedakru avec lesquels Clarke avait échangé. Pourtant, elle ne doutait pas qu’il avait traversé son lot d’épreuve. Sinon, comment expliqué qu’une âme si éloignée se soit retrouvée ici, dans cet avant-poste ? « Tu es forte, et je t'admire pour cela. » La surprise fut là, dans son regard, dans ce léger geste de recul qu’elle ne pouvait s’empêcher d’avoir, quand elle n’était pas dans la dissimulation de son ressenti. Il y eut une seconde, ou deux, d’hésitation chez la blonde, avant qu’une expression plus douce n’apparaisse. Elle secoua un peu la tête quand même, car il y avait une modestie en elle, insufflée par cette désillusion qui ne la quittait plus depuis plusieurs mois maintenant. « Je ne suis pas quelqu’un qui doit être admirée, tu sais. » C’était ça, cette même prudence de ce qu’elle était devenue. Cette même prudence qui la faisait douter de son humanité (Clarke n’en doutait pas, elle était là, dans le fond de son cœur, brisée et insensible à ce qu’elle était devenue. Elle s’était acceptée pour ce qu’elle était, colmatant ces blessures qui n’étaient pas visibles, par ces morceaux de monstre qu’elle était à présent. C’était plus facile ainsi, d’accepter les morts et de reconnaitre les actes qu’elle avait posé.)

Ce serait la fibre de leur conversation, après que Canjun ait rassuré Clarke sur le sort de Jimmy, ce à quoi elle répondit pas un dernier « merci » confiant. Il y avait d’autres démons qui restaient, dont le jeune homme tentait de la réconforter. Elle se retint de l’arrêter dans ses propos. Peut-être avait-elle envie de croire que son sort n’était pas encore décidé ? Alors, elle releva ses yeux bleus, les posa sur la figure du guerrier qu’elle avait soigné et elle l’écouta avec une attention presque religieuse. Il y eut des mots sur la nécessité de tuer l’autre, abattre l’ennemi pour assurer la survie des siens, des mots qu’elle tiendrait à Xeren dans quelques jours. Bien entendu, elle partageait la vision de Canjun. Mais elle en avait sacrifié tant, qu’elle ne pouvait plus parler d’humanité (ironique, alors qu’elle considérait Lexa comme la personne la plus humaine qu’elle ait rencontré). « J'ai tué mon père de mes propres mains. » Il y eut une douleur dans le regard de Clarke, une douleur partagée, une douleur qui portait la connaissance. Celui de tuer un être proche. Avant qu’elle ne le réalise, sa main se ferma légèrement sur l’épaule de Canjun, en un geste compatissant. Il n’y avait rien à dire là-dessus et parfois le silence était un meilleur allié que la parole. « Mais ça ne m'empêche pas d'être humain. J'ai sauvé des vies, aussi. Je ne suis pas sans cœur. Et toi non plus, Clarke. Tu es bien plus que ça. » Oh oui, elle avait bien un cœur, qui pesait lourd dans sa poitrine, suivant les jours. Et au lieu de loyer sous ce poids, elle s’était renforcée, avait insufflé de la force dans ses colonnes vertébrale, sa cage thoracique, ses épaules. Ses os s’étaient solidifiés, sa peau s’était durcie. Elle ne cillait plus – presque plus – à ces souvenirs. Car les morts étaient partis, malgré leur présence constante, et les vivants étaient affamés, et cette présence était plus importante que les fantômes qui ne disparaissaient pas.

Sa main s’était retirée de Canjun et elle avait marqué un pas en arrière. « J’ai fait un choix Canjun. » C’était bas, alors que son regard, si elle le sentait fuyant, désireux de glisser au loin, ne quitta pas une seule seconde le regard d’ébène qu’elle avait en face d’elle. « Je suis responsable de tant. De morts et de vivants. » Tant, qu’elle en avait perdu le compte. S’il n’y avait pas Lexa avec elle, la nuit, elle se réveillerait de cette culpabilité. « C’est plus simple pour moi de me voir ainsi. » Il y eut une tristesse chez elle, et elle fut incapable d’afficher un sourire aussi faible soit-il. « Car il y aura un jour où je devrai refaire tout ce que j’ai fait. Et je ne peux pas me permettre de me briser à ce moment-là. Jamais. » Et peut-être que la force dont Canjun parlait plus tôt s’éveilla à ce moment, quand son échine se redressa un peu et que derrière la dureté de ses yeux, il y eut autre chose.

Clarke doutait de son humanité, oui, l’avait enterré. Ça ne l’empêchait pas de voir celle des autres, l’importance des autres (c’était tout ce qui comptait et c’était la seule vérité en laquelle Clarke pouvait croire.) E elle reçut un câlin de la part de Canjun, contre lequel elle ne se tendit pas, elle posa simplement sa main sur le torse nu de son ami et acquiesça légèrement quand il la remercia. & le moment touchait à sa fin, alors qu’elle suivait le regard du jeune homme jusque la sortie. Elle plissa les lèvres, moue ennuyée. « J’aurais aimé, mais je vais devoir retrouver Lexa dans peu de temps. » Il y eut quelque chose qui brilla dans son regard, une impatience calme. « Ne t’éloigne pas trop, d’accord ? » Du campement. Elle ne voulait pas le retrouver avec une autre blessure.

Clarke était une femme honorable. Elle avait sans aucun doute fait couler beaucoup de sang pour parvenir à ses fins, mais tout cela n'avait sûrement été que dans le but de sauver et protéger les siens. En tout cas, c'est ce que Canjun voyait, de ses yeux ébènes, et de son âme de guerrier, lorsqu'il était face à elle. Elle dégageait, tout comme Lexa, quelque chose qui voulait faire le mieux possible pour garder ses frères et sœurs en sécurité. Alors, lorsque celle-ci secoua la tête et prit la parole une nouvelle fois pour lui dire qu'il n'avait pas à l'admirer, Canjun fronça légèrement les sourcils et croisa les bras, avant de lui répondre d'un ton toujours aussi calme. « Tu as tort, Clarke. Tu as fais des choses que nul autre n'aurait pu faire. Tu as toujours fais ce qui te semblait le mieux pour les autres. Tu es intelligente, et regarde où tu en es désormais ! Tu es Conseillère aux côtés d'Heda. N'est ce pas suffisant pour te prouver qu'il est normal que quelqu'un t'admire ? » dit-il, ses yeux ébènes plongeant dans ceux de la femme Skaikru.

Puis, lorsque Canjun lui avoua qu'il avait tué son père de ses propres mains, il sentit la main de son amie se refermer sur son légèrement sur son épaule. Et il trésaillit, légèrement. Très légèrement. Son inhabitude à ce contact là resterait encore pendant un moment. Il fallait simplement qu'il s'y fasse. Qu'il se fasse à la douceur qu'une personne pouvait lui donner, une douceur qu'il n'avait pas reçu depuis longtemps. Et une douceur qui se voulait compatissante. Le Grounder apprécia ce geste qui n'avait pas besoin d'être orné de mots. Il avait tué son père même s'il l'aimait. Mais il avait dû le faire. C'était comme ça. La vie était pleine d'embûche. Mais là n'était pas l'histoire de Canjun, et le jeune homme tenta de rassurer Clarke en lui disant qu'elle aussi était humaine. A cet instant, la jeune femme aux cheveux blonds retira sa main de l'épaule du jeune homme avant de reculer. « J'ai fais un choix Canjun. » dit-elle, avant d'ajouter quelque chose qui résonna dans la tête du Grounder durant quelques secondes. « C'est plus simple pour moi de me voir ainsi. ». A ces mots, le visage de l'homme du Shiedgedakru se referma. C'était triste de penser cela. De vouloir se voir autrement que ce que l'on est réellement. Et doucement, Canjun décroisa ses bras avant de prendre l'une des mains de la diplomate et de finir d'écouter ce qu'elle disait. « Je vois... Cependant, Clarke, j'espère que lorsque ce monde sera encore meilleur, tu te rendra compte que tu es humaine. De quelque manière que ce soit. » dit-il de façon presque inaudible.

Et lorsqu'il la prit dans ses bras, lui proposant ensuite d'aller se promener dehors, Clarke refusa. Elle avait des obligations, maintenant qu'elle était Conseillère. Et le jeune homme comprenait. Alors, souriant légèrement, il s'inclina devant elle avant de se relever et de la regarder à nouveau. « Vas-y, Clarke. Je n'irais pas bien loin, de toute façon. Bon courage pour ton nouveau poste ! Puissions-nous nous revoir. » finit-il par dire avant de la regarder s'en aller.

FIN DU RP

Sujet: Re: no longer a stranger ▬ Canjun

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