Clarke avait eu besoin de prendre l’air, de s’éloigner de l’agitation constante de l’avant-poste. Ca n’avait pas été réfléchi et elle ne savait pas par quel miracle elle avait échappé à la vigilance de Poney. Il y avait ce malaise qui restait dans le fond de ses poumons et dont elle n’arrivait pas à se détacher. La Montagne était tombée depuis trois jours, l’ennemi n’était plus. Pourtant le mal constant restait là, comme une fausse note, un accroc dans les pièces de son âme. Elle n’était pas dupe, elle savait d’où ça venait. Ce n’était pas parce que Clarke avait connu une victoire que les actes du passés disparaissaient automatiquement. Elle avait tout pour être satisfaite, mais elle ne l’était pas. Elle ne cherchait pas à l’être particulièrement. Elle avait compris que ceux qui avaient été perdus ne reviendraient jamais, et qu’elle serait surement forcer à prendre la vie d’autres êtres humains. Que le cycle ne serait jamais terminé, que peut-être, il n’y aurait jamais de fin paisible dans cette vie. Et c’était surement ça qui l’affligeait, la débectait. Ce n’était pas parce qu’elle s’était faite une raison qu’elle appréciait ce qu’elle était devenue. Clarke resterait brisée, à jamais.
Elle avait besoin de solitude, de penser aux évènements passés, de s’inquiéter de ceux futurs. Elle s’était promise qu’elle ne prendrait plus la place de sa mère. Elle n’arrivait pas à le faire. Elle avait besoin d’être là où l’action se trouvait, car elle n’était pas sûre de réussir à redevenir la fille qu’elle était avant, celle qui aimait le calme, le jeu d’échec et la peinture. C’était dommage et elle aurait tout donné pour un peu de papier de dessin. Pourtant, il était hors de question qu’elle retourne dans le bunker que Finn avait découvert, car ce lieu de paix était mort avec lui. Alors, elle était là, en plein milieu de la forêt, à s’imprégner du vert constant, du vert qui était partout, qui lui rappelait sa première chute sur Terre, qui l’avait terrifiée au début, et qui maintenant était devenu un élément constant de sa vie. Elle n’aurait jamais pu retourner dans le gris morne de l’Arche. C’était pour ça qu’elle avait tellement du mal à rester au Camp Jaha (doublé de la crainte de se voir empêcher de sortir). Il y avait ce sentiment oppressant dans la forêt, ce risque de se perdre, ou de se faire attaquer. Surtout, il y avait cette impression que Clarke pouvait disparaitre en tout temps.
Enfin… ce n’était qu’une supposition, parce qu’elle savait déjà Poney sur ses traces. Elle n’arrivait pas à la cheville des grounders sur ce domaine. Une chose à la fois, elle s’occupait déjà bien assez avec les soins du trigedakru. Pour l’heure, elle faisait une pause dans le retour des ripas. L’équipe qu’elle avait suivi la veille se débrouillait bien mieux sans elle et ils n’avaient plus besoin de son avis. C’était pour ça qu’elle s’autorisait ce petit échappatoire, sinon, elle se serait contentée d’asphyxier à l’avant-poste, avec comme seule bouffée d’air les visites qu’elle rendrait à Lexa… Ici, elle avait eu besoin de quelque chose de différent. Quelque chose qui tournerait mal. Car, comment cela n’aurait-il pas été le cas ? Ce fut ce qui lui traversa l’esprit, quand dans cet océan de vert, elle remarqua du sang presque séché, sur une racine. Elle se redressa, reconnaissant la sensation de son pistolet, dans son dos – elle avait retenu la leçon. Les traces étaient grossières et bientôt, elle se retrouvait à les suivre.
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Canjun
Grounder ; Shiedgeda
Sujet: Re: proie oubliée ▬ Canjun Dim 15 Nov - 18:56
Trois jours s'étaient écoulés depuis la victoire des Grounders face à la Montagne. Une Montagne qui avait fini par s'écrouler, mais qui avait laissé des marques aussi bien physiques que psychologiques chez les peuples de ces terres hostiles. Des terres hostiles sur lesquelles Canjun se trouvait depuis un bon moment maintenant. Il avait participé à la guerre. De ses mains, il avait fait tomber les hommes de la Montagne et avait ainsi apporter son aide à ces personnes en détresse. Mais une blessure le gênait encore aujourd'hui. Une blessure qui datait désormais de trois jours, et qui lui faisait de plus en plus mal. En effet, une balle était logée dans son omoplate droite, déchirant chaque jour un peu plus ses tissus. Le sang coagulait lorsqu'il ne faisait pas de mouvements, mais il se remettait à sortir de son trou lorsqu'il mouvait son épaule. Et la douleur devenait de plus en plus insupportable. Il avait l'impression qu'une griffe de tigre s'enfonçait encore plus loin au fur et à mesure de ses faits et gestes. Et Canjun avait mal. Il devait la retirer.
Alors, foulant le sol feuillus de la forêt dans laquelle il se trouvait, ses yeux ébènes balayaient l'environnement. Il cherchait quelque chose qui pourrait l'aider à retirer le métal qui se trouvait en lui, mais il ne trouvait rien. Et quand il cherchait à la retirer avec ses doigts qui tentaient de presser la balle à l'extrémité pour qu'elle ressorte, il avait l'impression que son omoplate se faisait écraser. Et à chaque fois, une grimace se dessinait sur son visage, et il soufflait, désespéré par cette blessure dont il n'arrivait pas à se défaire. Pourquoi ne l'avait-il pas dis après la guerre ? Un guérisseur se serait sûrement occupé de lui, et il ne serait pas encore avec une balle dans son organisme. Mais il n'avait rien dis. Il s'était tût, uniquement parce que la sensation de ressortir vainqueur d'une bataille lui avait fait oublié ses soucis. Presque tous.
C'est alors qu'il se stoppa net, entendant le bruit d'un cours d'eau. Ses yeux tentèrent d’apercevoir la source, et il tourna sa tête en direction du doux son qui venait titiller ses oreilles. Ayant repérer l'endroit où la rivière devait se trouver, Canjun se remit en marche, sa main gauche se portant à sa blessure, ses doigts sentant la chaleur qui se déversait sur son omoplate droite et qui coulait le long de son dos nu. Si pour le moment le Solitaire ne pouvait pas retirer la balle métallique, il savait cependant comment atténuer la douleur. Les vertus de la nature, le fils de Paw les connaissait par cœur. Il avait tout appris d'elle. Il avait appris à s'allier à elle et à l'aimer. Et l'eau lui serait bien utile pour diminuer cette sensation qui le torturait à chaque mouvement.
S'approchant calmement du point d'eau, l'endroit était plutôt humide et ses pieds nus s'enfonçaient un peu dans le sol boueux de l'environnement verdoyant au fur et à mesure qu'il venait au bord de la rivière. L'endroit était magnifique. Le regard brillant du Grounder observait avec attention la merveilleuse vue qui s'offrait à lui. De grands arbres se trouvaient seulement à quelques mètres de la source, leurs énormes racines tentant sûrement de s'imprégner du liquide pur qui les rendait si beaux. L'herbe était courte, et à certains endroits, il y avait beaucoup de fleurs. Violettes, blanches. Elles étaient belles, et le cours d'eau était orné de pierres et de galets. Le jeune Guerrier pouvait voir le fond de l'eau, et il s'accroupit, ses genoux venant s'enfoncer légèrement dans la terre. Son dos se courba doucement, et le reflet de son visage apparut dans la rivière. Il se voyait comme dans un miroir. Et au milieu de toute cette verdure, il se sentait bien. Si bien, qu'il se croyait dans sa terre natale. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres, et il restait là, à regarder le liquide. Sa main gauche se détacha de son omoplate et il vint caresser l'eau, le sang sur sa main amenant un rouge léger dans la rivière.
Mais cet instant de tranquillité ne dura que peu de temps, puisque lorsqu'il décida d'aller dans l'eau pour faire baigner sa blessure, il entendit des bruits de pas. Se relevant alors et faisant un mouvement rapide des bras pour se redresser et se remettre sur pieds, il vit une silhouette s'approcher. Portant l'une de ses mains à l'une de ses dagues, il observa l'inconnu. Son cœur se mit à battre anormalement. Sa respiration était irrégulière. Il avait peur. Il ne savait pas qui était cette personne et quelles étaient ses intentions. Mais lorsqu'il vit la silhouette se dessiner plus en détail, Canjun abaissa légèrement son arme et scruta de ses yeux ébènes l'intrus. C'était une femme. Elle avait des cheveux longs blonds, et elle était un peu habillée dans le même style que le Chancelier du peuple du Ciel qu'il avait rencontré quelques temps après son arrivée sur ces terres. Mais ce ne fut pas son style vestimentaire qui attira son regard. Non, pas du tout. C'était ses yeux. Elle avait de magnifiques yeux bleus. Des yeux d'une couleur qui lui rappelaient quelqu'un : sa mère. Seule femme de son clan décimé qui avait eu la particularité de naître avec des yeux de cette couleur que le Solitaire appréciait particulièrement. Mais malheureusement, elle n'était plus de ce monde. Depuis longtemps, Canjun subissait l'absence d'une mère. Son cœur se serra à ces pensées furtives, mais ses muscles tendus se décontractèrent. La jeune femme en face de lui ne semblait pas être un danger pour lui.
Baissant totalement son arme, le jeune homme extirpa son regard des yeux de l'inconnue. Et lorsqu'il voulut ranger sa dague, une douleur le prit à son omoplate. Une grimace se dessina sur le visage du Guerrier, qui porta directement son autre main à sa blessure. Un léger gémissement s'échappa des lèvres de Canjun qui serra les dents un instant avant de soupirer et de s'asseoir sur le sol humide. Son regard fixé sur le sol revint rapidement sur la jeune femme, et d'un ton calme, il prit la parole. « Qui es-tu ? Et que fais-tu toute seule ? La forêt n'est pas un endroit sûr pour ceux qui ne la connaissent pas. » dit-il, se demandant alors si cette fille aux cheveux blonds étaient du peuple du Ciel. « Tu es une Skaikru, n'est-ce-pas ? » reprit-il tout en continuant de la regarder de ses yeux ébènes.
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Clarke Griffin
100
Sujet: Re: proie oubliée ▬ Canjun Dim 15 Nov - 21:11
Clarke n’était pas une traqueuse et soudain, l’anxiété la frappa, quand elle se demanda ce qu’elle trouverait au bout de cette piste. Elle n’avait pas peur, non. Elle était méfiante et lucide, sa main se refermant déjà sur la crosse de son glock. Elle ne songea pas qu’il y avait des chances qu’elle rate sa cible, sans sa main gauche. Elle ne savait pas qui était au bout de cette trainée de sang – elle aurait très bien pu se tromper et tomber sur un animal. Mais elle en doutait fortement, et bientôt, le son d’une rivière avoisinante arriva à ses oreilles. Et elle continuant d’avancer entre les racines, pour finalement arriver sur un espace légèrement dégagé. Elle suivit le cours d’eau, avant de découvrir la figure crasseuse d’un jeune homme. Tout se corps se tendit, alors qu’elle prenait connaissance d’une dague dirigée vers elle. Déjà, elle prenait position sur ses pieds, prête à esquiver si l’arme devait voler en sa direction. Le temps se suspendit de longue seconde, où Clarke ne fit aucun geste, attendant de voir l’avancée des choses. Elle ne connaissait pas le grounder, tout du moins, son visage ne lui disait rien. Mais il ne semblait pas vouloir l’attaquer. Le contraire même, puisque la dague s’abaissa sensiblement. Elle échappa un bref soupir, sans pour autant baisser sa garde. Il était évident que si elle devait se battre contre lui, elle serait désavantagée, puisque son bras gauche était en bandoulière. C’était étrange, de se retrouver ainsi en situation hostile devant un terrien. Cela faisait si longtemps, mais la nostalgie du sentiment ne lui manquait absolument pas.
Finalement, l’arme se retrouva sur le sol et Clarke décida qu’il serait bon qu’elle avance un peu, ne lâchant la poignée de son pistolet qu’après quelques pas, s’assurant que l’inconnu ne changeait pas d’avis. Elle fronça les sourcils quand elle reconnut une mimique de douleur et cette fois-ci elle s’approcha un peu plus vite, faisant attention où elle marchait, pour ne pas tomber. La distance fut comblée en quelques secondes. Pour autant, elle ne le touche pas, gardant une distance de sécurité. Elle s’abaissa pour être à son niveau, regardant l’épaule du jeune homme, qui semblait être blessé – après tout, elle avait suivi des traces de sang jusqu’ici. « Qui es-tu ? Et que fais-tu toute seule ? La forêt n'est pas un endroit sûr pour ceux qui ne la connaissent pas. » Elle sourit un peu à la leçon de moral, n’ayant pas vraiment le temps de répondre qu’une nouvelle question venait. « Tu es une Skaikru, n'est-ce-pas ? » Elle ne tenta aucun geste vers lui, reposant sa main valide sur sa hanche, tout en hochant sensiblement la tête. « Oui. Ai laik Klok kom Skaikru. » Si ça pouvait l’aider à l’apaiser, autant faire preuve de bonne foi et parler calmement. « Et je connais un peu cette forêt. » Il était difficile pour elle de se perdre, sur les terres qui entouraient la Montagne et qui se partageaient entre les campements qu’elle avait déjà visité. Elle s’était habituée à la végétation, ne perdait plus ses repères et retournant sans mal sur ses pas. Elle tut cependant le fait qu’elle était seule, parce qu’elle savait Poney sur ses traces. Mais elle ne voulait pas l’inquiéter outre mesure. Puis, il y avait plus important que de répondre à toutes ces questions.
Elle venait peut-être seulement de le rencontrer, mais il saignait, c’était sûr, ça se voyait sur sa peau. Et Clarke ne pouvait pas vraiment aller contre sa nature. « Tu es blessé. Je peux t’aider, je suis un soigneur. » Même immobilisée de la sorte, elle serait certainement plus utile s’il était question d’une plaie dans le dos. « Est-ce que tu veux bien me montrer ? »
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Canjun
Grounder ; Shiedgeda
Sujet: Re: proie oubliée ▬ Canjun Dim 29 Nov - 2:59
La douleur toujours aussi vive, Canjun gardait tout de même ses yeux ébènes posés sur la jeune femme aux yeux si précieux. En voyant son mal-être, celle-ci s'était d'ailleurs rapprochée de lui afin d'observer ce qui n'allait pas. Semblant sans peur face à lui, le jeune homme en était un peu surpris. Lui, qui habituellement avait vu les Skaikru effrayés par les Terriens, se sentait bizarre face à cette inconnue dont il ne savait rien. Mais ce n'était pas une sensation désagréable, bien au contraire. Il se sentait comme rassuré, et la présence de cette femme qui avaient brisé les quelques mètres qui les séparaient plus tôt lui faisait du bien. La solitude semblait avoir laissé sa place à la compagnie pour quelques instants, et doucement, un léger sourire se dessina sur les lèvres du Guerrier. Par cet acte pourtant quotidien pour la majorité des personnes, une expression douce et apaisée s'était formée sur le visage de Canjun. Car depuis la disparition de son clan, il avait erré seul et s'était débrouillé seul. Il avait foulé le sol de nombreux territoire avant d'arriver ici. Mais il n'avait jamais trouvé quelqu'un pour lui tenir compagnie. La présence de la blonde était donc une chance pour le Solitaire en ce jour qui suivait la Victoire des Terriens sur la Montagne.
Et ce fut d'ailleurs ses paroles qui l'extirpèrent de ses pensées. Car après avoir parlé en langage Grounder, expliquant qu'elle était bien du peuple du Ciel, elle ajouta qu'elle connaissait un peu cette forêt. Le regard du jeune garçon se tourna alors vers le paysage verdoyant qui les entourait. Malgré la beauté de la nature, il savait que celle-ci regorgeait de dangers. Il savait qu'elle pouvait tendre des pièges à ceux qui auraient le malheur de ne pas la connaître. Alors il fut un peu rassuré qu'elle la connaisse légèrement. Lui, aujourd'hui, la connaissait parfaitement. Tout comme ses terres natales, il avait appris à s'allier à elle et à éviter les dangers qu'elle pourrait lui « offrir ». Et il l'aimait. Il aimait la nature. Il aimait ses vertus. Il aimait ses risques. Il aimait sa verdure. Il aimait tout d'elle. Mais là n'était pas la question, et la jeune femme reprit la parole, se présentant comme étant un soigneur et qu'elle pourrait l'aider. Canjun regarda alors la Skaikru, et l'une de ses mains se porta à sa blessure dans laquelle la balle était toujours logée. Une douleur se fit sentir au contact de ses doigts sur sa peau ensanglantée, et un peu plus d'hémoglobine se dispersa sur l'omoplate et le dos du Guerrier, ses dents se serrant, un léger grognement s'échappant de ses lèvres.
La femme aux yeux bleus semblait vouloir l'aider, ses lèvres se mouvant une nouvelle fois. « Est-ce que tu veux bien me montrer ? »dit-elle. A cet instant, Canjun continua de regarder l'intrus de ses yeux ébènes et hésita. Etant de nature méfiante, il ne voulait pas laisser son corps blessé entre les mains d'une personne qu'il connaissait depuis moins d'une heure. Cependant, la situation devenait de plus en plus problématique. La balle continuait de pénétrer dans son organisme, détruisant encore plus en profondeur ses tissus meurtris par la blessure. Et aujourd'hui, il était possible qu'il se libère d'un poids douloureux. Poussant un léger soupir après hésitation, le fils de Paw finit par acquiescer d'un signe de la tête, se tournant dos face à la Skaikru. Son cœur battait vite, et ses muscles étaient tendus. Il avait peur, il avait mal, mais cela ne l'empêchait pas d'être curieux et de vouloir en connaître un peu plus sur l'inconnue qui se tenait à ses côtés, prête à le soigner. « Quel est ton nom ? » dit-il, sa tête s'abaissant ensuite, son regard quittant Clarke pour observer le sol face à lui.
Spoiler:
Je m'excuse pour le retard, ma semaine a été chargée T_T. J'espère tout de même que ma réponse te va >o<
Clarke faisait très attention, de ne mettre aucune pression, de ne montrer aucun signe d’agacement. Elle avait compris que, pour les grounders, à force de vivre dans la forêt, ils partageaient quelques points communs avec les animaux (Lexa lui aurait fait une remarque, si elle lui donnait son point de vue. Mais il y avait une méfiance instinctive chez eux, qui relevait de leur rapport avec la nature, et qu’elle ne voulait en aucun cas brusquer). Ainsi, elle se contenta de rester là, accroupie dans les galets qui menaient au point d’eau, ne quittant jamais le garçon du regard, car il avait raison, la forêt n’était pas un endroit sûre et Clarke restait toujours méfiante, envers ceux qui se trouvaient face à elle. Elle ne le montrait pas, parce qu’il y avait plus important que de déterminer si le blessé en face d’elle lui était hostile. Ils avaient gagnés la guerre contre la Montagne, elle pouvait espérer que la paix avait un effet apaisant sur les esprits. Son regard était serein, alors qu’elle voyait que le garçon l’observait, peu sûre de ce qu’il devait faire. Elle attendait d’avoir un accord, si bien qu’elle ne broncha pas quand celui-ci échappa une plainte.
Si ça avait été un de siens, un des 100, elle l’aurait déjà plaqué au sol pour voir ce qui n’allait pas. Et justement, là était toute la particularité de la situation. Cet inconnu, elle ne savait pas ce dont il était capable, même blessé. Elle ne pouvait pas se permettre d’en faire qu’à sa tête et elle espérait qu’il soit assez lucide pour accepter. Elle n’avait pas vraiment l’envie de se lancer dans un sermon. Au pire, elle n’aurait qu’à attendre Poney et le forcer à immobiliser le jeune garçon… Heureusement, elle n’eut pas à envisager cette possibilité plus longtemps. Il venait d’acquiesce et Clarke reproduisit son geste, pour s’assurer qu’il ne changeait pas d’avis, pour annoncer silencieusement aussi, qu’elle approchait. Elle se redressa, approchant lentement le jeune garçon qui s’était tourné. Une grimace naquit sur ses lèvres alors qu’elle constatait l’étendu des dégâts. C’était une masse rougeâtre et sale, surement infectée. « Quel est ton nom ? » Elle s’installa à ses côtés, ne le touchant toujours pas. « Clarke. » Elle marqua une pause, alors qu’elle observait les traits du grounder d’un peu plus proche. Il semblait avoir le même âge qu’elle et la constatation ne lui tira plus de pincement au cœur. C’était ainsi, elle l’avait compris. Dans son esprit, ils étaient trop jeune pour des blessures de guerre, mais cela ne changerait rien. La Terre était devenue un endroit impitoyable en cent ans. C’était leur fardeau.
« Et toi, comment t’appelles-tu ? » A l’aide de son bras en écharpe, elle releva la manche de son bras droit, avant de plonger ses doigts dans l’eau, ne serait-ce que pour un peu plus de ‘propreté’. « Je vais toucher. » Ca allait faire mal, mais elle se doutait que le jeune guerrier sache ce qui allait venir. Lentement, ses doigts s’approchèrent de la plaie, avant de l’effleurer, sentant la chaleur de la peau sous ses doigts. C’était définitivement infecté, et l’odeur était un deuxième indice. « Depuis quand as-tu cette blessure ? » Elle en avait vu assez, des blessures par balle pour en reconnaitre une. Et tout ce qui lui venait en mémoire – elle doutait qu’un des siens tire sur un membre du trigedakru, ou ce qu’il y ressemblait. Elle n’avait jamais vu ces habitudes vestimentaires chez les 12 clans… Pourtant, pour s’être fait tiré ainsi…
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Ses yeux ébènes toujours fixés au sol, Canjun gardait cependant une attention auditive aux faits et gestes de la jeune femme qui s'était rapproché de lui afin de mieux observer sa blessure. Dans sa tête, les yeux bleus de la Skaikru s'étaient gravés et ne semblaient plus vouloir disparaître de son imagination. Ils étaient tellement beaux. Ils lui rappelaient sa défunte mère. Celle pour qui il portait un amour toujours aussi fort malgré son absence. Mais elle n'était plus, et le jeune Grounder fut vite tiré de ses pensées lorsque l'inconnue lui donna son nom. Ainsi, la femme blonde qui se tenait face à lui se nommait Clarke. Clarke... Un prénom peut-être ordinaire pour le peuple venu du Ciel, mais pas pour Canjun qui n'avait jamais entendu ce nom. Et pour lui, il était assez original et joli. Alors, après avoir détourné son regard du sol pour observer à nouveau la fille délivrée de la Montagne, il prononça ces quelques mots d'un ton calme comme à son habitude. « Clarke... C'est un joli prénom. » dit-il, un léger sourire s'esquissant sur ses lèvres. Ce sourire presque imperceptible installait une sorte de calme à la tension qui se faisait sentir par rapport au jeune homme face à l'adolescente. Elle ne semblait pas lui vouloir du mal, et le solitaire devait lui montrer que malgré sa méfiance, il la laisserait le toucher sans qu'il ne lui tende un piège par la suite.
Puis, s'installant à ses côtés, la fille du peuple du Ciel lui demanda son nom en retour. Un silence s'installa quelques instants, Clarke se préparant à passer à l'action avant de lui annoncer qu'elle allait commencer à toucher. Canjun acquiesça et prit à nouveau la parole. « Je m'appelle Canjun. » dit-il, avant de sentir les doigts de la jeune femme parcourir sa blessure. Même en l'effleurant, une douleur apparaissait. Une douleur qui se faisait de moins en moins vivable au fur et à mesure des jours. Il avait mal, et malgré toutes les souffrances physiques et morales qu'il avait pu subir durant toute sa vie, cette balle enfoncée dans ses tissus était l'une des pires souffrances. Elle rongeait son organisme, et au contact des doigts fins de Clarke sur sa peau meurtrie par la blessure, il fit une grimace et ses membres se tendirent légèrement. Mais il ne bronchait pas. Il ne montrait aucune agressivité et semblait toujours aussi calme malgré la douleur qui le frappait. Ensuite, une autre question fusa. Clarke venait de se retirer quelques instants, et le jeune Guerrier voyait bien dans les yeux de la jeune femme que sa blessure de guerre n'était pas sans gravité. Elle lui demanda depuis combien de temps cette balle était logée, et le Grounder aux yeux ébènes toujours fixés sur Clarke ne tarda pas à répondre. « Elle date de la bataille qui a eu lieu contre les hommes de la Montagne. En voulant aider les Grounders, j'ai éliminé les tireurs qui rôdaient dans les hauteurs, mais l'un d'eux m'a tiré dessus... Est-ce grave ? » demanda t-il.
Mais une autre question lui trottait dans la tête. Car malgré le fait qu'elle soit une alliée de Lexa, Commandeur des Clans de ces terres, lui n'était pas comme les autres. Et la jeune femme l'avait sûrement remarqué de par son style vestimentaire assez différent des autres Grounders. Alors pourquoi l'aider lui, un être complètement différent et qui se serait peut-être jeté dessus pour la tuer ? Ne détachant pas ses yeux de Clarke, il lui posa la question de manière intrigué. « Dis moi, Clarke. Pourquoi me viens-tu en aide ? Tu as sûrement dû voir que je suis différent des autres Grounders que tu as pu rencontrer, mais je n'ai vu aucun signe de frayeur émanant de toi. Non, aucune frayeur. Juste de la méfiance. » dit-il, avant que son regard ne se dirige vers ses mains refermées sur elles même.
Clarke ne pouvait pas se tromper en voyant la manière dont le dos de l’inconnu s’était développé avec l’âge : c’était un guerrier. Elle ignorait sa force, sa rapidité, son agilité. De ce qu’elle avait appris, sur cette Terre, c’était que n’importe quel individu était potentiellement dangereux. Pour autant, ça ne devait pas dire qu’elle devait craindre ceux qui avaient ce pouvoir en eux. Clarke aussi, avait gagné sa place et elle ne s’autoriserait plus jamais à se sentir inférieure face à un autre. Là, se trouvait la part des choses à faire : ne pas se sentir supérieur aux autres – seulement face aux imbéciles accablants comme Dante. « Clarke... C'est un joli prénom. » Elle eut un sourire que le jeune grounder ne vit sûrement pas. « Merci. » C’était la première fois qu’un habitant lui faisait ce compliment et elle était même agréablement surprise qu’il soit fait. Elle ne pouvait qu’être d’accord avec lui, elle aimait son prénom. Pour autant, ce n’était pas le moment de discuter là-dessus, alors que sa concentration observait la blessure qui incombait l’inconnu. « Je m'appelle Canjun. » Elle observa le sursaut de ses muscles, sans rien dire. C’était fascinant – et reposant, en quelques sortes – le self contrôle que grounders possédaient. Elle n’avait pas à s’inquiéter des gestes sauvages et involontaires que la douleur procurait. « Enchantée, Canjun. » C’était direct et dans le ton de sa voix, cela s’entendait, que son attention était dirigée sur le dos du blessé : elle ne prenait pas ça à la légère.
Clarke écouta son explication, imaginant sans mal ce Canjun se battre à l’extérieur de la Montagne. Il était fin et élancé, ce qui représentait sans mal un avantage. Même s’il avait été touché. En quelque sorte, il était chanceux de ne pas avoir été touché ailleurs, sinon il serait déjà mort depuis longtemps. « Est-ce grave ? » Elle se recula un peu, s’agenouillant pour être à sa haute. D’un geste, elle plaça ses cheveux blonds sur son épaule de gauche. « Ce n’est pas beau. Tu as dû bien souffrir pendant ces trois jours… » Elle pinça un peu les lèvres, tentant de montrer un peu de sympathie. « Ca n’est pas grave. Tu survivras. » Sa main était occupée à masser l’annulaire et l’index qu’elle ne sentait plus, inconsciemment. Elle jeta un bref coup d’œil, s’apprêtant à proposer de lui enlever cette balle. Il avait un couteau, elle pourrait s’en servir. Ça serait douloureux, mais ça serait un poids en moins. Il faudrait juste qu’elle s’assure qu’il puisse la suivre jusqu’au campement, et là, il pourrait avoir tous les soins sont il avait besoin. Elle n’eut pas vraiment l’occasion de le demander. Canjun la regardait droit dans les yeux et elle attendit qu’il parle. « Dis moi, Clarke. Pourquoi me viens-tu en aide ? » Elle sourit, tranquille, aux restes des propos du jeune blessé. Pour autant, elle ne répondit pas tout de suite, laissant le temps filé, quelques secondes.
Clarke leva son regard vers le ciel, détaillant le ciel qui s’étendait au-dessus d’eux, qu’elle sentait s’étendre bien plus loin encore. « Si tu avais voulu m’attaqué, tu l’aurais fait immédiatement. » Elle avait rencontré assez de trigedakru hostile, pour savoir quand faire marche arrière et commencer à courir jusqu’à en perdre haleine. « Je ne crains pas ceux qui sont comme toi. Ça peut paraitre audacieux, mais j’ai trouvé beaucoup de support chez les clans qui n'étaient pas les miens. » Elle fut pensive un instant, songeant à Lexa et à tous les autres combattants qui comptaient pour elle, d’une manière ou d’une autre. « Et comme je l’ai dit, je suis un soigneur. Je ne peux pas laisser un blessé en mauvais état. » Sur ces paroles, pleines d’entrain, elle se releva en un geste, longeant le fil de la rivière, espérant trouver une sorte d’algue bien précise. « Dis-moi… » Elle parla un peu plus fort, pour qu’il l’entende malgré la distance et le son de l’eau. « Si tu nous as aidé à la montagne, pourquoi ne pas être retourné au campement avec les autres ? »
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Le temps s'écoulait peu à peu, et le calme prenait sa place au fur et à mesure de la discussion, le cœur du jeune Guerrier reprenant petit à petit un rythme cardiaque normal. La présence de la soigneuse à ses côtés lui faisait du bien inconsciemment, car la solitude qui l'accompagnait chaque jour s'était retirée pour quelques instants, et Canjun regarda à nouveau la jeune femme. Après lui avoir dit son nom, Clarke reprit la parole sur un ton qui montrait bien sa concentration envers la blessure que portait le Grounder depuis plusieurs jours. « Enchantée, Canjun. » dit-elle. D'un signe de la tête respectueux, le jeune homme l'abaissa légèrement en retour et continua de l'observer de ses yeux ébènes. Après l'avoir ausculté, Clarke constata qu'il avait dû souffrir durant ces trois jours, ce à quoi Canjun répondit calmement lorsqu'elle finit de le rassurer. « J'ai traversé bien des guerres, mais je n'ai jamais eu affaire à ce type d'arme... Et cette balle de métal est l'une des pires souffrances qu'un guerrier puisse subir. Elle me gêne de plus en plus, et je n'ai pas réussi à la retirer moi-même. » dit-il, portant sa main vers la blessure qu'il tentait d'atteindre. Mais c'était peine perdue, et le Solitaire retira sa main doucement pour ne pas se faire mal en bougeant son membre blessé.
Puis, à nouveau, la voix de la jeune femme retentit dans les oreilles du Guerrier au clan décimé. Il la suivit du regard, la voyant observer le ciel, et décida de faire de même. Écoutant ses paroles avec attention, il comprit que Clarke avait côtoyé régulièrement les Terriens de ces terres. Elle se tenait là, à ses côtés. Elle semblait forte. Elle semblait sûre d'elle, et Canjun ne pouvait que sourire légèrement à ses propos. En effet, s'il aurait voulu la tuer, il l'aurait fais depuis bien longtemps. Et son instinct de soigneur jouait sur le fait qu'elle avait oublié le danger potentiel pour s'approcher de l'homme blessé qu'il était. Détournant ensuite son regard du Ciel qui illuminait l'environnement dans lequel il se trouvait, Canjun répondit à la question que Clarke venait de lui poser. « Si tu nous as aidé à la montagne, pourquoi ne pas être retourné au campement avec les autres ? » demanda t-elle après s'être éloignée de lui pour se retrouver près du cours d'eau.
A cet instant, des images cauchemardesques lui revinrent en tête. Du sang. Des larmes. Des corps inertes. Son père tué de ses propres mains. Ces images lui faisaient mal, et son sourire disparut d'un coup, sa mâchoire se crispant, ses mains venant supporter sa tête. Il ferma les yeux un instant. Les images continuaient de défiler. Mais il restait calme et silencieux. Aucun son ne s'échappait de ses lèvres, jusqu'au moment où il décida de briser ce silence. « Je n'ai pas encore trouvé ma place parmi tout ces clans. Je ne suis pas d'ici. Ce n'est pas ces terres que j'ai foulé lors de ma naissance. Je viens d'un territoire loin de celui-ci. Je n'appartiens à aucun de ces clans, et certains me voient d'un mauvais œil. » dit-il, ses yeux se rouvrant afin d'observer une nouvelle fois la jeune femme aux yeux bleus. « Je te remercie de ton aide, Clarke... Je ne sais pas ce que j'aurai fais de moi avec une blessure pareille. » reprit-il, abaissant sa tête une fois de plus en signe de remerciement.
C’était intéressant. De tous les grounders qu’elle avait rencontré, ce Canjun était, sans l’ombre d’un doute, le plus poli avec lequel il lui fut donné d’échangé. Il n’y avait pas cette réticence dont elle avait toujours été témoin chez les membres du trigedakru, qui faisait qu’à un moment ou un autre, ils étaient hautains, distants, méprisants. Le jeune guerrier était calme – ou tout du moins le percevait-elle de cette manière – et n’avait jamais un mot plus fort que l’autre. C’était rafraichissant et apaisant. La tranquillité qu’elle recherchait, au début de sa promenade dans ses bois, peut-être ne l’aurait-elle pas obtenue si elle n’avait rencontré personne. Elle pinça les lèvres, en observant la gestuelle de Canjun, qui lui expliquait comment il avait été incapable de se défaire de la balle. C’était ça, l’évolution du savoir de l’homme. Construire des armes de plus en plus létales. C’était ce qui les avait amenés à la fin du monde connu. C’était ce qui aurait causé la perte des siens, au Camp Jaha, s’ils avaient seulement supposé que les armes à feux étaient ce qui les garderait en vie. « Une chance que nous nous soyons rencontrés, dans ce cas. » Ajouta-t-elle, le ton léger. Elle le pensait vraiment. Maintenant, il ne restait plus qu’à le soigné, du mieux possible. Elle restait persuadée qu’il faudrait l’amené jusqu’au campement. Ne serait-ce que pour fermer au mieux la plaie. Avant ça, avant que Poney ne remonte sa trace, elle pouvait au moins alléger la douleur du blessé ; il avait assez souffert ainsi.
C’était la raison pour laquelle ses yeux scrutaient le fond du ruisseau, pour espérer trouver la même plante aquatique rouge, qui avait sauvé la vie de Jasper, il y a de cela bien des semaines. C’était un puissant antiinflammatoire, qui réduirait la peine de Canjun. Occupée ainsi, elle ne remarqua que trop tard le changement d’humeur de jeune guerrier. « Je n'ai pas encore trouvé ma place parmi tout ces clans. » Clarke l’écouta. Et surtout, elle l’observa. C’était familier. Elle aussi, elle nageait entre deux eaux. Son devoir l’appelait auprès des siens, mais elle se savait incapable d’y rester, sans causer un autre soulèvement. La philosophie de vie des adultes – et de sa mère – était trop éloignée de la sienne. Ils étaient trop ancrés sur ce qu’ils avaient perdus, pas assez ouverts sur ce qu’ils pourraient gagnés. Certes, la victoire sur la Montagne était un point positif, mais au fond, elle savait que le skaikru ne se plierait jamais au mode de vie du trigeda, pas comme elle, elle le faisait. « Je ne sais pas ce que j'aurai fais de moi avec une blessure pareille. » Elle haussa les épaules, leva la main vers lui, lui indiquant que ce n’était rien. Elle le lui avait dit : elle était un soigneur (même si, des jours auparavant, elle affirmait à Lexa qu’elle ne savait plus si c’était ce qu’elle voulait faire de sa vie, c’était forgé dans son instinct et elle ne pouvait pas le combattre). « Tu n’auras pas à le savoir. » Sur ces mots, elle pénétra dans la rivière, faisant attention à ses appuis, à ne pas glisser sur une roche qui aurait paru être sûre. Sans une once d’hésitation, elle plongea sa main dans l’eau, agrippant l’algue, tandis qu’elle sortait un couteau de sa botte, coupant la tige du végétal.
Secouant ses pieds, une fois sortie du point d’eau, elle revint. Son regard quitta la plante médicinale, pour se poser sur les yeux noirs de Canjun. « C’est pareil pour moi, tu sais. » Ca restait léger, malgré la lourdeur que les souvenirs évoquaient. « Je n’ai pas encore trouvé ma place. Chez les miens, j’étais une criminelle. » Elle sourit, sardonique, en repensant à son année s’isolement. Les temps avaient bien changés. « Puis j’ai été amenée ici avec les autres 100. » Combien étaient-ils, maintenant ? Elle ne voulait pas compter. Tous avaient un noms et tous avaient de l’importance à ses yeux. Et il y avait trop de tombes, derrière la navette où ils avaient vécus pendant plusieurs semaines. « Ce ne sont pas nos terres non plus, le trigeda ne nous accueillera pas à bras ouverts et les adultes qui viennent du Ciel s’attendent à ce qu’on les écoute sagement. » Clarke poussa un soupir, amusée de cette pensée. Elle s’installa à ses côtés, écrasant les racines avec le plat de son couteau, contre une roche un peu plus largue que les autres. « Ce n’est pas parce que les autres te voient d’un mauvais œil que tu dois te laisser faire. » Et ça, il n’aurait pas meilleure professeur que Clarke pour le lui apprendre.
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Le visage toujours fermé, Canjun faisait face aux cauchemars les plus rudes de sa mémoire. Ses mains retenant toujours son crâne, le jeune homme fut tiré une nouvelle fois de ses tristes pensées lorsque la voix de Clarke vint lui titiller les tympans. Lui disant que c'était une chance qu'ils se soient rencontrés, le Grounders resta un instant inexpressif avant d'esquisser un léger sourire. Elle avait raison. Sans l'intervention médicale de la jeune femme, il n'aurait pu tenir des semaines avec une balle aussi bien logée dans son organisme. Cependant, son sourire n'était pas dû qu'à son aide. Non, pas du tout. Il la connaissait encore très mal, et pourtant, il se sentait relaxé à ses côtés. Il se sentait libéré des chaînes que représentait la solitude. Une solitude qui était parfois plus importante que d'autres fois. Et en ce jour qui avait paru ordinaire pour le jeune Guerrier, ce sentiment d'être seul s'était envolé pour quelques instants grâce à la blonde aux yeux bleus.
D'un ton léger et calme, il prit à nouveau la parole, sa voix étant à peine audible. « Quelle chance, oui. Ta présence me retire un lourd fardeau... » dit-il avant de retirer doucement ses mains pour ensuite tourner son visage vers Clarke. Il l'observait en train de s'engouffrer dans le ruisseau à la recherche de quelque chose. Quelque chose qu'elle trouva quelques secondes avant que le Solitaire lui propose son aide. Ayant fait un mouvement rapide avec l'épaule blessée lorsqu'il allait se lever pour l'aider, une grimace se dessina sur son visage et, à peine à moitié levé, le jeune homme aux cheveux ébènes se rassit à nouveau. Sa main se porta à sa blessure qu'il tâta, ses doigts tremblant légèrement à cause de la douleur. Du sang s'engouffrait sur les doigts de Canjun qui sentit la chaleur du liquide avant de retirer sa main. Un soupir s'échappa de sa bouche, puis il écouta une nouvelle fois les paroles de la Skaikru. Des paroles qu'il écoutait avec attention, et qui lui permirent d'en savoir un peu sur ce qu'elle était aux yeux de son clan, de la place de son peuple sur ces terres. Ainsi, elle était vu comme une criminelle. Cela attisa la curiosité du jeune homme dont les muscles se tendirent à cette nouvelle. D'une voix qui trahissait son inquiétude, Canjun prononça ces quelques mots. « Quelle est la raison pour laquelle ton clan te considère ainsi ? Tu ne donne pas l'air d'être une criminelle, Clarke. Et qui sont les 100 ? » dit-il, ses yeux ébènes la scrutant toujours avec attention.
« Ce n'est pas parce que les autres te voient d'un mauvais œil que tu dois te laisser faire. ». Ces mots raisonnèrent un instant dans la tête de Canjun qui acquiesça légèrement avant de reprendre la parole sur un ton toujours aussi calme, mais avec une pointe de tristesse. « Tu as certainement raison. Je dois leur montrer que je ne suis pas comme ils le pensent... Mais tu m'as bien vu, je suis différent. J'ai grandi avec des coutumes différentes des tiennes et de ceux des Grounders. Qui m'acceptera vraiment ? » dit-il sans vraiment attendre une réponse de la part de Clarke. Il n'était pas sûr de pouvoir réellement trouver sa place ici, même si Lexa lui avait ouvert les bras. Au départ, la solitude ne l'avait pas effrayé, car il avait simplement voulu fuir le massacre qui avait eu lieu dans ses terres natales. Mais aujourd'hui, c'était différent. Aujourd'hui, il ressentait ce besoin d'aider. Ce besoin de connaître les habitants de ces forêts. Ce besoin de combattre aux côtés d'un clan qui l'accueillerait comme s'il serait né là-bas. Mais quelles étaient les probabilités pour que cela se produise ? Il ne le savait pas et restait fermé quant à ça. Secouant doucement la tête pour chasser ces pensées, il se concentra à nouveau sur la Skaikru. Il voulait en savoir plus sur elle. Il s'intéressait à qui elle était, et même s'il avait une certaine inquiétude vis-à-vis de son statut au sein même de son propre clan, il était décidé à oublier la criminelle qu'elle avait été pour se tourner uniquement vers ce qu'elle était maintenant. Car c'était le plus important, désormais. « Clarke... pourrais-tu... pourrais-tu me raconter ton histoire ? » demanda t-il doucement, ses yeux ébènes observant la jeune femme en train d'écraser les racines d'une plante aquatique à l'aide d'un couteau et du rocher avec lequel elle s'aidait.
« Quelle est la raison pour laquelle ton clan te considère ainsi ? Tu ne donne pas l'air d'être une criminelle, Clarke. Et qui sont les 100 ? » Les questions de ce Canjun arrêtèrent Clarke dans son mouvement. Elle tourna sa tête vers le garçon, visiblement troublée de ne pas être reconnue. Puis, elle eut cette envie de rire contre sa propre bêtise et à la place, un sourire tendre se perdit sur ses lèvres alors qu’elle retournait à son travail approximatif de guérisseur. C’était ça, alors, qui était différent avec Canjun : il ne la connaissait pas. C’était normal, alors, qu’il n’ait pas cette animosité à laquelle Clarke était accoutumée depuis qu’elle côtoyait ceux du Trigeda. Elle n’avait pas besoin de prouver qu’elle n’était pas ce monstre que tout le monde la pensait être (même si, petit à petit, elle avait arrêté de se battre contre cette idée, l’acceptant plus que la refusant. Si elle était un monstre, elle se servirait de la force que cet emblème lui conférait. Et rares seraient ceux à savoir qu’elle n’était qu’une fille brisée comme les autres).
En tout cas, elle ne prendrait pas ce rôle devant Canjun, qui était assez troublé par ses propres problèmes d’acceptation au sein des douzes clans. « Mais tu m'as bien vu, je suis différent. J'ai grandi avec des coutumes différentes des tiennes et de ceux des Grounders. Qui m'acceptera vraiment ? » Clarke s’appliqua un peu plus sur les algues rouges, mettant un peu plus de forces contre les graines qu’elle rencontrait. A certains mouvement, trop amples, la brulure dans son épaule blessée se réveillait, mais à l’exception de son regard qui se plissait l’espace d’une seconde, il n’y avait aucun indicateur. Et en comparaison de la blessure de Canjun, ce n’était pas une articulation récalcitrante qui la ferait s’arrêter : il y avait plus urgent. « Je suis sûre que tes coutumes sont beaucoup plus proche du Trigedakru que le sont les miennes. Crois-moi, je viens littéralement de l’espace. » Et il avait fallu tant de temps pour qu’elle s’adapte, avec les siens. Elle connaissait la douleur de ne pas se reconnaitre chez les autres et elle aurait voulu faire cette promesse à Canjun que, s’il n’était pas accepté parmi l’un des clans de Heda, Clarke, elle, l’accepterait. Elle était plus un outsider qu’autre chose. Peut-être qu’elle arriverait à créer un club ?
Elle observa son travail sur la bouillie désinfectante qu’elle avait préparé et elle acquiesça pour elle-même. « Clarke... pourrais-tu... pourrais-tu me raconter ton histoire ? » Elle regarda les yeux sombres qui étaient posés sur elle, étudia les traits de Canjun. Le silence dura une poignée de secondes, avant qu’elle n’accepte. « D’accord. Mais avant, je vais t’enlever cette balle. » Et tout aussi lentement que précédemment, Clarke se releva, pour reprendre sa place derrière Canjun. Son attention retomba sur la blessure, plissant un peu le nez et s’excusant mentalement pour ce qu’elle s’apprêtait à faire. « Tu sais que le Skaikru vient du ciel, non ? J’ai grandi là-haut, avec les miens. » Ses mains expertes retrouvèrent l’omoplate perforée et lentement, précisément, la lame de son couteau s’enfonça dans la chair blessée, l’ouvrant un peu plus. « Nous avons été forcés de redescendre sur terre car notre maison, notre station était trop abimée. J’ai fait partie des premiers envoyés ici, les Cent. » Elle ne paniqua pas, malgré l’agitation qui pourrait prendre Canjun à l’intrusion. Rapidement, malgré son bras en écharpe, et la position précaire pour soigner le jeune homme, Clarke s’appliqua. « Nos pensions qu’il n’y avait plus personne ici, sur Terre. Rapidement on s’est rendu compte que ça n’était pas le cas. » Et en moins d’une minute, entre ses doigts, se trouva la bille couverte de laiton. « Ca ira mieux maintenant. » Dit-elle, alors qu’elle lui tendit le petit bout de métal perturbateur.
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Une goutte. Puis deux. Puis trois. Et la pluie tomba. Le ciel dégagé était maintenant gêné par des nuages gris imbibés d'eau. Et ces nuages avaient décidés de se libérer de leur poids ici même, alors même que Canjun apprenait à connaître Clarke. Une jeune femme qui lui avait gentiment tendue sa main afin de l'aider à extirper la balle de son omoplate à l'intérieur usé. Ses yeux sombres toujours posés sur la blonde aux yeux bleus, le jeune homme écoutait avec attention les propos de la fille du Ciel, qui lui expliqua que ses coutumes étaient plus proches des Grounders de l'Est que les siennes. Mais en appliquant les soins sur son épaule meurtrie, Clarke réveilla la douleur qui somnolait parfois lorsque ses mouvements étaient absents. Et les muscles du Guerrier se contractèrent sous la douleur, ses mains se refermant sur elles-même. Il serra les dents, et se retint de pousser un léger gémissement de douleur. Canjun avait connu pire. Après tout, les armes tranchantes avaient forgés l'armure que sa peau formait désormais. Il en avait, des cicatrices. Il en avait des plus ou moins profondes. Aujourd'hui, son corps de Guerrier était habitué à la douleur, mais cette balle de métal qui traînait dans son organisme depuis déjà trop longtemps aurait pu rendre son bras inapte à bouger si Clarke n'était pas intervenue.
Se reprenant en main en revenant à la réalité, hors de ses pensées, Canjun chassa son regard de la jeune femme pour observer le cours d'eau. « C'est vrai. Elles le sont sûrement... » dit-il, relâchant l'emprise de ses mains fermées qui se rouvrirent lentement malgré la douleur. « Lexa est la seule à m'avoir accueillie pour le moment. Après tout, c'est déjà un bon début. » finit-il par dire, hochant la tête comme pour se rassurer lui-même et se dire qu'une vie meilleure l'attendait et viendrait à lui bientôt.
Puis son attention se tourna à nouveau vers la jeune femme qu'il regarda une nouvelle fois, observant ses longs cheveux blonds et ses yeux concentrés sur la blessure qu'il portait. De sa bouche sortait l'histoire de son groupe. Et en même temps, elle était à l'oeuvre, retirant petit à petit le métal, Canjun resserrant ses mains abîmées à cause de la douleur. Il tressaillait quelques fois mais ne montrait toujours aucun signe de violence. Puis, à la fin de son dernier mot concernant son groupe, le jeune homme se sentit libéré du poids de la balle. Clarke le lui avait enfin retiré. Son omoplate était maintenant prête à cicatriser correctement. Elle l'avait détaché de quelque chose qui l'embêtait de plus en plus et ne savait comment la remercier à part lui promettre une chose. Une chose qu'il prononça en se levant doucement, se tournant vers elle, l'observant de ses yeux ébènes profondément reconnaissant avant de s'incliner devant elle. « Je ne sais comment te remercier, Clarke kom Skaikru. Mais en réponse à ton aide, je m'engage à te donner loyauté et reconnaissance aussi longtemps que me sera donné la vie. » dit-il avant de se redresser et de la regarder, prenant la balle de métal en main. Clarke avait donné une approche générale de son histoire, mais pas la sienne. Pas celle qui faisait d'elle ce qu'elle était aujourd'hui. Mais il ne voulait pas insister plus. Si la jeune femme voudrait lui en parler un jour, elle le ferait de sa propre initiative.
La pluie venait de s'estomper. Les gouttes d'eau perlaient maintenant sur les cheveux sombres et le corps musclés de Canjun qui venait de jurer loyauté et reconnaissance à la jeune femme du Ciel. Il continuait de la regarder, ne voulant pas partir tout de suite. Il appréciait sa présence. Il voulait discuter un peu plus avec elle, si elle-même le voulait bien. Alors, d'abord hésitant, le jeune homme prit à nouveau la parole sur un ton toujours aussi calme. « Dis moi... Tu étais piégée dans la montagne toi aussi ? Qu'as-tu fais lors de l'assaut de Lexa pour sauver les Grounders et les tiens ? » dit-il, venant s'accroupir face à elle comme pour s'attendre à rester là encore un bon moment.
La pluie tomba, mouillant tout sur son passage, imbibant les vêtements de Clarke, la trempant dans quelques minutes jusqu’à l’os. Rien ne changea dans ses gestes, à l’exception qu’elle leva la tête vers le ciel, admirant le phénomène quelques instants avant de reporter son attention sur Canjun. La pluie, c’était un miracle en elle-même. Tellement grisant d’être sous celle-ci et de sentir l’eau raviver sa peau. Elle n’avait jamais rien connu de tel, Clarke et à chaque fois que le caprice de la météo se faisait, la blonde l’appréciait comme il se devait. « Lexa est la seule à m'avoir accueillie pour le moment. Après tout, c'est déjà un bon début. » Clarke ne put retenir un sourire de naitre sur ses lèvres en entendant le prénom de son amante, à peine surprise par les propos de Canjun. La Fille Sauvage était assez généreuse pour accepter une alliance avec tout un clan qui avait tué plusieurs centaines de ses guerriers. Alors un garçon comme Canjun qui était à peine différent des autres membres du trigedakru… « Que Heda t’acceptes est déjà un bon début, oui. » Le plus dur restait à faire. Clarke était dans la même situation. Lexa l’avait accepté assez vite. Pour le reste de son peuple, eh bien la fille du Ciel continuait de supporter les regards inquisiteurs et noirs que certains lui adressaient. Bien que tout se soit légèrement arrangé avec la chute de la montagne. Il y aurait toujours des individus qui ne voulaient pas d’elle.
Finalement, la balle sorti de l’épaule de Canjun et elle l’observa bouger, se redresser. Elle voulut l’en empêcher, mais l’homme était prompt sur ses pieds et il dépassait Clarke de quelques centimètres, maintenant qu’il n’était plus assis. « Je m'engage à te donner loyauté et reconnaissance aussi longtemps que me sera donné la vie. » Légèrement trop formel pour elle, elle attendit que celui qui vient de l’est se redresse. Elle s’autorisa un maigre sourire, avant qu’elle reprenne une expression plus posée. « J’accepte ton vœu. » Clarke avait appris à ne pas se détourner des alliés qu’elle se faisait, consciente qu’elle pourrait en avoir besoin, tôt ou tard. « Et je te préviens, je me servirai de ta loyauté. » Sans scrupule, sans honte. Elle comprenait les traditions des grounders et un jeune garçon comme Canjun pourrait être plus qu’utile pour elle. « Maintenant rassieds-toi, je n’ai pas terminé. » Le ton était un peu autoritaire, mais il avait l’autorité d’un soigneur, plutôt que d’un leader. Ah. Voilà qu’elle changeait de rôle. Sa mère aurait apprécié.
Pour autant, elle ne se laissa pas distraire par ses pensées, allant récupéré la texture rouge qu’elle avait préparée pour Canjun, rangeant également son petit couteau dans sa chaussure. L’averse se calme et déjà les nuages changeaient dans le ciel. Le garçon lui posa d’autres question et Clarke fronça les sourcils sous la concentration, alors qu’elle recouvrait l’omoplate blessée du remède approximatif. « J’en viens, oui. Après une guerre contre le trigedakru. » Elle éluda volontairement les détails. Les morts, le feu, la navette. « Les hommes de la montagne nous ont capturé. J’ai réussi à m’échapper et Lexa a accepté l’alliance dont tu as dû entendre parler ? » Elle haussa un sourcil, attendant d’obtenir la trace d’une réponse, avant de continuer. « Et ils m’ont recapturé. » Triste évènement. « Un rebelle m’a aidé à m’échapper : tout le monde n’était pas d’accord avec les agissements de la montagne. A partir de là, nous avons attendu que l’armée de Heda donne l’assaut. Nous avons désactivé le nuage acide. Puis je suis allée trouver leur chef, avec un petit groupe. » Elle se retint de passer une main sur son épaule blessée ce soir-là, en souvenir. Ca avait été une nuit si longue. Une nuit qui avait tout changé, pour beaucoup de trigeda.
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Toujours accroupi face à Clarke, Canjun ne tarda pas à se rasseoir lorsque la jeune femme le lui demanda. Sur un ton un peu autoritaire, qui fit légèrement sourire le jeune homme. Il n'était plus habitué à recevoir des ordres. Pire, il n'était plus habitué à communiquer avec les gens. Seul le hasard des choses l'avait fait rencontré quelques personnes telles que Lexa, le chancelier Marcus pour qui Canjun éprouvait un grand respect malgré tout les actes qu'il avait pu faire, ou encore Sköll lorsque la bataille avait fait rage contre la Montagne. Mais la plupart du temps, il n'avait usé sa salive que pour se chantonner des chansons à lui-même ou encore parler à la nature.
Se mettant à nouveau de dos à la jeune Skaikru, Canjun écouta la voix de celle-ci, lui expliquant qu'elle avait été capturée par les hommes de la Montagne après leur avoir échappé une fois. Et le jeune Guerrier acquiesça lorsqu'elle lui parla de l'alliance. Lors des derniers jours avant la guerre, il avait rencontré Lexa, femme qui dirigeait d'une main de fer et qui lui avait parlé des atrocités de la Montagne ainsi que de l'alliance qui s'était faite entre elle et le peuple du Ciel. Puis il se remit à écouter, son regard ébène fixés sur un grand arbre aux innombrables feuilles verdoyantes et mouillées qui se tenait face à lui, à seulement quelques mètres de là où il se trouvait assit. Clarke lui raconta que tout les hommes vivant à l'intérieur de cet abattoir n'avaient pas été d'accord avec le système barbare imposé. A ces mots, les poings du Grounder se serrèrent inconsciemment. Il repensait à ce que Heda lui avait dis. Leur manière de faire. Dans cette Montagne, l'humanité n'avait eut qu'une place mineure. Oui, puisque d'après les dires de sa nouvelle alliée, Canjun savait dès à présent que certaines personnes qui avaient vécu dans cet endroit aujourd'hui mort s'étaient battus contre cette manière inhumaine de faire les choses. « Qu'ils reposent en paix, désormais. » dit-il d'une voix à peine audible avant de lever les yeux au Ciel. Il s'imaginait la bravoure de ces êtres qui avaient mis leur vie en jeu pour protéger les Terriens prisonniers. Et ils avaient tous gagnés le respect du jeune homme au Clan décimé.
Mais dès à présent, il savait que Clarke n'avait pas terminé son récit. La Montagne s'était écroulée ce jour-là. Sans la jeune femme aux yeux bleus, la victoire se serait peut-être tourné vers un autre vainqueur. Et Canjun le comprit rapidement sous le silence qui venait de s'installer. A ce moment là, elle devait être en train de se remémorer d'horribles scènes. Des scènes qui devaient la hanter jour après jour. Et le jeune homme comprenait sa douleur, son tourment. Alors, un peu hésitant, il porta l'une de ses mains sur celle de Clarke qui était occupée à recouvrir sa blessure à l'omoplate d'une substance à base d'algue. Ses doigts posés sur ceux de la Skaikru ainsi que sa paume, Canjun ne tourna pas son visage vers elle. Il ne la regarda pas. Seule sa voix calme retentit. « Je comprend ton tourment. Je comprend ce qui te hante chaque jour. Mais si tu ne l'aurais pas fais, ce ne serait pas de bonnes personnes qui peupleraient cette terre. Ou en tout cas, pour la majorité d'entre eux. Même si des innocents sont partis, je suis sûr qu'ils comprennent ton choix. Tu n'as pas à t'en vouloir, Clarke kom Skaikru. Aucun de nous n'est innocent. » finit-il par dire, sa main resserrant un peu son emprise sur celle de la jeune femme.
Clarke avait troué une créature bien étrange dans les bois. Canjun n’était en rien comme les membres du trigedakru qu’elle connaissait. Pas même comme Lexa. Il y avait une douceur chez lui qui déroutait la blonde et elle se demandait si beaucoup avec cette délicatesse. Oh, elle savait que son amante était capable de douceur, mais pour y arriver, elle avait dû défaire une par une les pièces qui constituaient l’amure de Lexa. Ici, elle connaissait le garçon de l’ouest que depuis quelques dizaines de minutes et il avait cette sensibilité à laquelle Clarke s’était renfermée depuis la mort de Finn. Une sensibilité qui l’ébranlait plus que ce qu’elle ne croyait possible. Parce qu’il était la preuve vivante, Canjun, que finalement, ce n’était pas impossible de posséder un tel trait de l’âme et de pouvoir survivre dans ce monde. « Qu'ils reposent en paix, désormais. » Elle suspendit son geste, presque figée par les paroles du presque étranger. Son souffle s’arrêta douloureusement dans ses poumons et elle fit tous les efforts possibles pour ne pas fermer ses poings sur le dos de Canjun. Ca ne l’aurait que blessé et la seule en souffrance maintenant, c’était Clarke.
Alors, elle se fit un peu plus violence et réussit à reprendre son souffle, faire repartir son cœur qui se tordait dans sa cage thoracique. « May we meet again. » Elle compléta de leur phrase rituelle et elle reprit son soin où elle s’était arrêtée, détaillant un peu plus le dos du jeune garçon. Finalement, un autre mot lui échappa. « Merci. » C’était doux et fragile, un éclat de ce qu’elle était réellement, Clarke, avant que ça ne se fasse ravaler par sa posture rigide et qu’elle se souvienne où ils se trouvaient : dans les bois. Et elle continua son récit, Clarke, revivant ce passage de sa vie tout en les contant. Elle ressentait la brulure dans son épaule gauche, le froid qui la prenait alors qu’elle essayait d’empêcher la mort de prendre possession de Rhodan (Clarke devrait aller voir le rebelle qui les avait tant aider. Sans le soldat, elle doutait de la tournure du combat). Elle laissa tout ceci dans un coin de son esprit, alors qu’elle terminait de recouvrir l’omoplate de Canjun des algues. Ca allait diminuer l’inflammation et combattre l’infection. C’était un bon début. Après, une fois qu’ils seraient au camp, elle s’appliquerait à soigner correctement son dos.
Il y eut un silence que Clarke ne remarqua même pas, quand elle eut terminé son récit et elle sursauta légèrement quand la main de Canjun, qui était toujours de dos, recouvrit la sienne. Elle observa les doigts du garçon qui venait de l’ouest, sentant cette sensibilité contagieuse remonter le long de sa gorge, s’infiltrant dans ses yeux. A chaque mot doux et précis, connaisseur, que le garçon prononça, elle sentait cette tristesse la reprendre, la complété entière. « Tu n'as pas à t'en vouloir, Clarke kom Skaikru. Aucun de nous n'est innocent. » Les derniers mots furent accompagnés de larmes silencieuses qui dévoraient avidement la blonde trempée par la pluie. Ce fut à elle de ne rien dire, de rester statique, et pourtant tellement tremblante derrière Canjun. Jusqu’à ce que ses émotions se calment, se tarissent. Elle ne sut pas combien de temps cela dura, toute notion perdue. Mais après ce qui ne put être déterminé, Clarke se sentait plus en paix. Pas plus légère. Ca, jamais.
Finalement, toujours hésitante sur ce qu’elle pouvait dire, ce fut l’intrusion d’un nouveau personnage qui remplaça Clarke dans une dynamique nouvelle. Teksas surgissait des fourrés, cette même expression ennuyée que Clarke ne lui blâmait plus vraiment. « Clarke. Qu’est-ce que tu as encore trouvé ? » Il parlait en trigedasleng juste pour l’agacer et ce fut seulement à ce moment là que la fille du Ciel dégagea sa main de celle de Canjun. Elle ne marqua aucun pas en arrière. Niant l’espace de quelques secondes son garde-du-corps, elle se replaça devant un Canjun soigné, essuyant en quelques gestes les larmes se mêlant au restant de la pluie sur son visage. « Merci. J’espère que tu es un peu plus apaisé, toi aussi. » Puis, droite, sans l’éclat d’une tristesse, alors que les sillons rouges étaient des témoins flagrants du moment qui venait de se passe, elle répondit au noiraud qui les avait rejoint. « C’est Canjun, il va rentrer au camp avec nous. »
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Ven 13 Nov - 21:04
