It's all because of you. - Ft. Rhodàn.

Raphaël avançait tel un zombie dans les couloirs de Mont Weather. Il n'avait envie de rien en ce moment. Pas envie de dormir, pas envie de manger, pas envie de travailler. Est-ce qu'il faisait une dépression ou une connerie de ce genre ? Il n'en savait rien mais, une chose était sûre, il s'en foutait. Il s'en foutait royalement. En fait, il se foutait de tout. Il se contentait de faire ce qu'on lui disait, c'est ce qu'il avait toujours fait. Et, à bien y réfléchir, il y avait une chose dont il ne se foutait pas. Cette chose, c'était ce que cette bande de ploucs de l'Arche leurs faisaient. Qui étaient-ils pour leur imposer une manière de vivre ? Raphaël serra le poing. Voilà des semaines que tout c'était passé, que la bataille avait eut lieu, sans victoire. Des semaines que sont père était décédé en vain pour protéger la montagne. Et donc des semaines que Raphaël était en colère contre tout et tout le monde.
Le Capitaine faisait patiemment la queue dans la salle à manger. C'était une heure d’affluence ici à cette heure-ci. Tout le monde se ruait sur le buffet pour se servir à manger et dévorer leur repas avant de repartir travailler ou vaquer à leurs occupations. Lui, Raphaël, il ne parlait à personne. Il n'avait pas vraiment d'amis ou, du moins, il n'en avait plus. Il en avait eut à une époque mais cette époque était révolue. L'homme avait un peu de mal à accorder sa confiance aux autres depuis la bataille, depuis que nombre d'habitants de Mont Weather avaient trahis leur peuple.

Des frites. Raphaël aimait bien les frites alors il s'avança vers le buffet pour attraper et s'en servir. Il y était presque, sa main avait presque atteint la cuillère qui permettait de se servir mais quelqu'un le heurta et dévia sa main de sa trajectoire. Le barbu se renfrogna et ses prunelles bleus se posèrent sur la cause de l'échec de sa mission. Raphaël fut tellement surpris de voir ce visage que les frites furent immédiatement oubliées.

- Rhodàn.

C'est tout ce que Raphaël réussit à dire. Il ne pouvait pas dire grand chose de plus, il était tellement surpris de la voir ici. Il ne l'avait pas vu depuis.. Depuis la montagne. Depuis le bain de sang, la bataille. Toutes les images de ce moment affreux revinrent à l'esprit de Raphaël, tout ces moments de souffrance, l'humiliation de se retrouver asservit par les Skaikru et la coalition, la mort de son père. Le capitaine serra les poings et c'est comme si son corps avait agit dans lui demander la permission. Une sorte de gestuelle automatique, comme si il avait répété ce moment des dizaines de fois. Raphaël attrapa brusquement Rhodàn par le col de sa chemise et il lâcha son plateau sur le sol plantant ainsi ses prunelles bleus dans celle de la jeune femme.

- Qu'est-ce que tu fou ici putain ?!

C'était comme si toute la rage accumulée depuis des semaines ressortait. Elle ressortait d'un coup et, malheureusement, Rhodàn se retrouvait être celle qui se prenait tout dans la gueule. Rhodàn et Raphaël, ils avaient été proche fut un temps. Ils avaient été des amis très proche et Raphaël se souvenait parfaitement de cette époque. Mais, étrangement, ça lui semblait avoir eut lieu il y a une éternité. Et cette époque était révolue. Rhodàn avait fait des choses, des choses que Raphaël ne lui pardonnerait probablement jamais.

Elle vivait ici ? Bon.. C'est vrai qu'elle marquait un point. Malgré tout ce qu'elle avait fait, Rhodàn vivait encore ici. Malgré la trahison qu'elle avait commise, on lui permettait encore de vivre ici. Raphaël détestait de savoir qu'il vivait sous le même toit que toute une bande de traîtres. Si toute cette histoire ne tenait qu'à lui, il aurait gérer les choses autrement mais.. Non. Les choses ne tenaient pas qu'à lui et à présent, c'était ces imbéciles de l'espace qui devaient approuver leur moindre faits et gestes.
Rhodàn ayant suivit pratiquement le même entraînement que Raphaël, elle n'eut aucun mal à se défaire de son emprise. La tension était à couper au couteau entre l'homme et la jeune femme et le fracas des plateaux s'écrasant sur le sol ne manqua pas d'attirer l'attention des gens. Beaucoup de regards étaient braqués sur la blonde et le brun mais Raphaël n'y prêta pas grande attention. Toute son attention était concentré sur Rhodàn. Si il avait eut son arme à la ceinture, il aurait probablement pointé son canon sur la tempe de la jeune femme. Il ne savait pas vraiment si il voulait la voir morte et aussi froide qu'un glaçon ou si il voulait s'user les poings jusqu'à la défigurer. Raphaël bouillonnait de l'intérieur et il soutint le regard de Rhodàn lorsqu'elle lui demanda si il comptait la frapper.

- Si ça ne tenait qu'à moi, je t'aurais déjà mis une balle dans la tête.

Il n'était pas du genre à mâcher ses mots Raphaël. Lorsqu'il avait quelque chose à dire, il le disait sans détour. Et pour le coup, il venait de dire clairement à Rhodàn qu'il avait bien envie de lui mettre une balle dans la tête. Seulement voilà, faire une chose pareil serait remettre en question les ordres qu'il avait reçu et ça.. Raphaël ne pouvait toujours pas se résoudre à aller à l'encontre d'un ordre. Il lança un regard noir à la blonde avant de s'abaisser et d'attraper son plateau.

- Pourquoi t'es encore ici ? Tu détestes cet endroit, non ?

C'est vrai ça. Elle pouvait sortir Rhodàn, elle n'était pas obligé de vivre ici alors pourquoi rester ? Elle devait bien savoir que la moitié de ses anciens collègues la détestaient.

Ne pas avoir peu de la mort, voilà ce qui rendrait probablement Rhodàn dangereuse. Elle se fichait de perdre la vie et le fait qu'elle n'ait pratiquement rien à perdre la rendait désespérée. Les gens désespérés, ils avaient tendance à faire pitié à Raphaël et même si la jeune femme avait été sa meilleure amie par le passé, il n'avait absolument plus aucune considération pour elle. Pour toute réponse à la réplique de la jeune femme, le barbu se contenta de la regarder de haut en bas avec un air de dégoût, de dépit ou bien même de désapprobation. Il ne savait pas trop quelle émotion ressentir à ce moment précis mais une chose était sûre, il était en colère contre la blonde. D'ailleurs, en parlant de colère, il semblait que Rhodàn avait détecté cette colère. Raphaël devait bien avoué qu'elle était plutôt forte à ce petit jeu et voilà qu'elle se mettait à le provoquer.. Génial. Ne pas tomber dans le panneau, c'était ça la clef. L'homme se contenta alors de lever les yeux au ciel.

- Comme si j'avais besoin de mon arme pour te tuer.

A côté de lui, Rhodàn n'était pas très grande et même si le barbu la savait redoutable au combat au corps à corps, il espérait secrètement pouvoir prendre le dessus et la tuer à mains nues. Les prunelles bleus de Raphaël ne quittèrent pas la jeune femme lorsque cette dernière retourna sa question contre lui. Elle était sérieuse ? Ce n'était pas lui qui avait trahit son peuple pour un autre, non, elle n'avait pas le droit de lui demander une chose pareil.

- Le confort égoïste ? Tu t'entends parler Rhodàn ? Je reste tout simplement fidèle à mon peuple et fidèle à mes principes. Tu ne peux évidemment pas t'en vanter.

Un nouveau regard noir traversa le regard bleu de Raphaël pour venir transpercer Rhodàn. Des piques, toujours des piques. De toute façon, il ne pouvait pas faire beaucoup plus. Frapper la blonde devant toute l'assemblée qui les observait, ce n'était pas la meilleure des idées.

D'anciens amis devenus ennemis. Peut-être que ce n'était pas la trahison que Rhodàn avait fait à la montagne qui dérangeait Raphaël, peut-être que c'était le fait qu'elle l'ait trahit lui. Le fait qu'elle ne lui ait rien dit, qu'elle agit dans son dos et qu'elle ait participé au massacre de nombreux montagnards. La mâchoire du barbu était toujours aussi tendue et son regard était glacial. Si il avait eut des revolvers à la place des yeux, Rhodàn serait sûrement morte plusieurs fois mais pourtant. La blonde était encore là, debout et bien vivante. Raphaël ne savait pas ce que c'était mais quelque chose le retenait de se jeter sur la jeune femme. Est-ce qu'il avait une sorte de ressentiment concernant leur relation passée ? Il n'en savait rien mais il savait que voir la jeune femme là, maintenant, lui avait foutu un coup. Alors, même si il ne voulait pas donner raison à Rhodàn, Raphaël resta silencieux et ne répliqua pas face aux propos de la jeune femme.
Un sourire s'étira alors sur les lèvres de Rhodàn et Raphaël, de son côté, fronça les sourcils tout en écoutant ce que la blonde avait à dire. Il l'écouta en silence cracher son venin.

- Des tas de gens sont morts Rhodàn. Des gens meurent tout les jours partout et si nous avons dû sacrifier des vies, c'était pour protéger ceux que nous aimions. Et pourtant.. Ca n'a pas suffit. Des tas d'entre eux sont morts, des gens que je connaissais, que tu connaissais. Ils sont morts comme des chiens. La nature n'a rien à voir là-dedans. Tu veux en venir où au final ? Tu penses qu'on aurait tous dû mourir il y a bien longtemps ?

Raphaël était agacé et il aurait voulut clore cette conversation rapidement. Mais voilà, par fierté, il ne voulait pas donner raison à Rhodàn. Il n'aimait pas la façon dont Rhodàn tentait d'imposer sa vision des choses mais peut-être qu'au fond de lui, il savait qu'elle avait raison.

Le débat entre les deux amis devenus ennemis risquait de durer des heures. Des heures de joutes verbales, de menaces qui n'en étaient pas vraiment. Au fond de lui, Raphaël savait qu'il ne frapperait probablement jamais Rhodàn. Il pouvait très bien lui vouer une haine profonde sans réussir à faire quoi que ce soit. La blonde et lui, ils avaient partager beaucoup de choses. Beaucoup trop de choses. Au final, toutes ces choses étaient trop compliquées. Le passé qu'ils avaient eut se mêlait au passé de la montagne. Des querelles qui les dépassaient mais Raphaël comme Rhodàn avait des principes. Des principes que, l'un comme l'autre, ils ne pouvaient pas abandonner si facilement.

- Tu sais que je ne les ai jamais appelé des barbares. C'est plus compliqué que ça, plus complexe que ça. Mais tu ne veux pas voir plus loin que le bout de ton nez.

Raphaël s'exprimait les poings serrés. Cette discussion le frustrait et Rhodàn avait encore des choses à dire. Des choses que Raphaël aurait préféré ne jamais entendre peut-être ? La blonde souhaitait réellement leur mort ? Elle préférait les voir tous morts, tout les gens qu'elle aimait, elle préférait les savoir mort ? Mais quel genre de personne peut penser une chose pareil ? Depuis les événements de la montagne, Raphaël avait du mal à reconnaître celle qui avait été sa meilleure amie.

- Tu préfères nous savoir mort que bien portant ? Tout ça pour venger des gens que tu ne connais même pas ?

Le brun détourne le regard avec dégoût. Il est comme dégoûté rien qu'à la vue de la blonde. C'est le regard dans le vide qu'il s'exprime à nouveau. Cette fois-ci, on peut sentir comme une pointe de tristesse dans la voix de Raphaël. C'est assez rare chez lui de laisser ses sentiments pointer le bout de leur nez comme ça.

- Est-ce que tu as été au moins une fois sincère avec moi ? Est-ce que notre amitié a représenté quelque chose pour toi ?

Ces questions, Raphaël se les était beaucoup posé. C'était des questions qui le taraudaient depuis un bon moment.

Malgré l'air assez calme des deux soldats, les propos étaient de plus en plus durs, de plus en plus crus mais Raphaël tentait de garder son calme. Encore une fois, Rhodàn lui reprocha tout un tas de de choses du passé. Les barbares, les atrocités que la Montagne avait dû faire pour survivre. Le brun resta impassible. Il voulut ouvrir la bouche, se défendre, dire qu'il avait tout simplement voulut rester loyal envers ses supérieurs, envers les hommes en qui il avait placé toute sa confiance. Alors qu'il commençait à ouvrir la bouche pour parler, un poing vint s'écraser contre sa mâchoire. Raphaël recula d'un pas puis de deux en se tenant la joue d'un air outré. Il releva ses prunelles bleus vers Rhodàn.
Le silence venait d'envahir la salle de restauration et plusieurs gardes firent un pas en direction des deux soldats sans pour autant les interpeller puisque Raphaël leur fit signe de ne pas s'interposer. Toute la salle retenait son souffle, ils semblaient avoir peur que le barbu se jette sur la blonde mais il n'en fit rien. Tout ce qu'on pouvait lire dans le regard de Raphaël, c'était de la déception.

- Je ne sais peut-être rien mais je suis au moins certain d'une chose à présent, tu as changé Rhodàn et pas en bien.

D'un air las, Raphaël laissa retomber ses bras le long de son corps. Il était fatigué de cette discussion, fatigué d'entendre les propos de Rhodàn. Le brun lança un regard en biais à Rhodàn, pour couronner le tout, il semblait que la jeune femme pense que Raphaël avait accepté son changement de comportement sans broncher. Il secoua négativement la tête.

- Evidemment que j'ai cherché à comprendre, tu me prends pour qui ? Visiblement, je ne sais rien mais toi, tu ne me connais pas.

C'était une réalité que Raphaël n'avait pas voulut voir ou même accepter. Rhodàn était-elle réellement une personne totalement différente que celle qu'il avait connu ? Visiblement, c'était le cas. Et les propos de la jeune femme firent l'effet d'un poignard planté en plein coeur au soldat. Ce que Raphaël redoutait depuis le changement de camp de Rhodàn était entrain de se réaliser : Elle n'avait jamais était réellement son amie. Tout ceci, tout ce qu'elle avait pu faire avait été dans le but de se rapprocher de Raphaël, sûrement dans le but de faire tomber la montagne. Raphaël avait les poings serrés et si ils avaient été seul, il se serait probablement jeté sur elle pour lui montrer toute la haine qu'il était entrain de développer à son égard mais.. Raphaël ne fit rien. Il ne fit rien parce qu'il n'en avait peut-être pas la force.

- Et tu es fière de m'apprendre que durant tout ce temps tu n'étais pas toi-même ? Que tu n'as fais que jouer la comédie ? C'est une fierté pour toi ? Une fierté d'avoir été fausse et d'avoir vécut dans un rôle durant tout ce temps ? Tu n'as jamais vraiment vécut en fait Rhodàn et tu ne vivras probablement jamais.

Il n'y avait que du dégoût dans la voix de Raphaël parce que c'était ça qu'il ressentait principalement. Il ne ressentait que du dégoût à l'égard de Rhodàn, il était dégoûté de voir ce qu'il voyait à présent, dégoûté d'apprendre qu'il n'avait été qu'un pantin durant tout ce temps. D'un signe de main, le barbu fit signe aux gardes de s'éloigner, de tourner les talons. Il se retourna ensuite vers le reste de la salle à manger qui avait les yeux rivés sur eux.

- QUOI ?! Vous voulez un autographe aussi ?! Allez, dégagez d'ici ! Y'a rien à voir putain !

Plusieurs personnes se levèrent immédiatement pour quitter la salle tandis que d'autres retournaient à leur occupation. Beaucoup d'entre eux savaient qu'il ne valait mieux pas trop contrarier Raphaël, que son self-control avait des limites.