change happens all the time, you don't have to like it - Rhòdan

Keenan commençait enfin à reprendre ses forces et à récupérer de ses multiples nuits blanches qui avaient précédé la prise de la Montagne. La prise de la Montagne... Tout avait changé pour eux, l'ambiance était... mauvaise. Tout le monde se blâmait entre eux, pour autant que le changement avait été voulu, il n'avait plus à personne. Kee' quant à elle pensait qu'ils méritaient ce qui leur arrivaient. Après tout, ils avaient laissé Cage perpétrer des actes inhumains et beaucoup s'était rangé de son côté. Alors que pour les autres... Eh bien, les rebelles s'étaient battus contre les leurs, s'attirant l'animosité de ceux qui s'étaient rangés avec Cage. Puis les gens du ciel ne les aimait pas du tout non plus et c'était eux qui les supervisait. Bon, certains les prenaient en pitié et semblait prêt à partager de leur moelle, volontairement. C'était peut-être un peu trop généreux envers le peuple de la Montagne...

Pour Keenan, elle s'était retrouvée entre tous les camps. N'étant pas avec les rebelles, les rebelles l'avaient cru avec Cage, surtout que son titre de scientifique, si on ne se posait pas de question, la plaçait automatiquement aux côtés du tyran fou. Alors que pour ceux qui avait été à l'opposée, connaissant sa position et sa façon de penser, ils la plaçaient avec les rebelles. Autant dire qu'elle n'était pas populaire du tout présentement. C'était la même réaction pour le groupe militaire qui les supervisait, elle était identifiée comme scientifique, alors ils la pensaient ligué aux évènements qui avait torturé et tué certains de leur jeunes... Et Keenan n'osait pas s'imaginer ce que pensait les peuples de la terre d'elle.

Alors ce matin, elle se dirigeait vers les quartiers de la seule personne qui, elle l'espérait, ne la détestait pas complètement. Rhòdan s'était réveillée récemment de l'infirmerie, mais Keenan n'avait pas pu aller la voir avant là, des formules instables aux labos l'avait garder sur le pied d'alerte, mais maintenant que tout était calme...

Eh bien, merde, elle avait besoin de quelqu'un qui ne la détestait pas et avec qui parler des derniers évènements, elle avait le droit, non? Avoir une amie, juste une, ça devait être suffisant, non? Bon, elle communiquait encore un peu avec cette scientifique de l'Arche, mais ce n'était pas comme parler avec une amie, Jude et elle avait surtout parlé de recherches, découvertes et échanger des idées. Ce n'était pas la même chose que de parler librement avec quelqu'un qui la connaissait de longue date.

Arrivant finalement devant la porte, les bras chargés d'un sac de nourriture et d'une bouteille d'eau et une autre de jus de pommes, Keenan frappa à la porte des quartiers de son amie, espérant ne pas déranger ou la réveiller et qu'elle n'avait pas manger non plus, sinon elle aurait l'air bien ridicule avec la nourriture pour deux.

N'ayant pas de réponse immédiate, Keen cogna une deuxième fois et en entendant bouger et peut-être quelques paroles pas très polies, elle se risqua à ouvrir la porte.

« Rhòdan? » Sa voix était douce, elle ne voulait pas déranger non plus... « C'est Keenan, j'ai euh... J'ai apporté à manger... »

Elle se glissa à travers la porte, l'appartement était sombre.

De la veille elle ne se rappelait plus ce qui était vrai ou faux. Vrai. Elle avait révé d’Andrea, ça c’était sur. Vrai. Elise avait été impliquée dans sa gueule de bois, dans son état pathétique, dans la douleur qu’elle ressentait, mais aussi dans son état du moment, qui était tout de même… mieux. Vrai. Faux… ? Elle ne savait plus si les mots de la jeune Heath avait réellement été prononcé, si c’était vrai qu’elle s’était un peu souciée d’elle. Et aussi, elle ne savait plus trop, le quel des mots acerbe avait été le plus vrai. Ou avait fait le plus mal. Bon, elle devait reconnaître une chose, et une seule. Tout avait fait mal, et tout faisait encore mal. Les actes, la situation, l’entrevue avec Lizz.

Mordant son oreiller elle grogna un peu. Et grogna d’avantage quand quelqu’un se mit à frapper violement à la porte. Bon violement c’était peut être abusé, mais soit. Le soldat grogna, et finit par se lever au terme de quelques réflexions, avant de finalement ramasser un des t shirt propres qui étaient sur son lit et de l’enfiler au dessus de son boxer. C’est tout ce qu’elle portait, et elle se fichait pas mal de qui pouvait être la personne de l’autre coté de la porte. «  Ouais, j’arrive. » Grogna t’elle même, en sortant de la chambre pour arriver dans le salon.

«  Lizz si c’est toi tu sais que… »  Elle stoppa en plein milieu de sa phrase, ce n’était pas Lizz qui était la. Mais c’était une femme qu’elle n’aurait pas cru voir de si tot. Keenan. Keenan qui avait donc survécu – tant mieux – et qui n’avait pas prit de ses nouvelles. Keenan qui n’était pas venue la voir une seule fois pendant qu’elle était sur le point de mourir, et qui devait probablement lui en vouloir de ce qu’elle avait fait. Elle avait tué Cage. Pour qui Keenan travaillait. «  Keenan. »  C’était neutre un peu, et elle regarda la nourriture et le jus dans les bras de l’asiatique, avant d’hausser les épaules. «  J’aurais preferé des muffins d’Howard, mais je suppose que ça va faire l’affaire. »  Les choses étaient la, elle avait un peu moins la gueule de bois. Ca faisait plusieurs heures, Lizz s’était un peu occupée d’elle… Mais elle avait toujours un peu mal à la tête, et elle ne savait plus trop combien de temps elle avait dormi. Trop ? «  La porte était restée ouverte ? » Depuis combien de temps elle était tombée et Lizz était partie ? Diable. Elle avait encore bien merdé non ?

À peine avait-elle osé passé le pas de la porte que le noir de l'appartement s'éclairait et ses yeux prirent quelques moments pour s'habituer à la lumière et elle vit Rhodàn vêtu d'un simple t-shirt et d'un boxer. Elle lui sourit timidement. Le contexte était moins formel qu'à l'habitude, du moins, lors de leur rencontre. Rhodàn ne s'exprimait pas beaucoup et Keenan se demanda si visiter était une bonne idée, mais... qui d'autre aurait-elle pu aller voir? Elle avait pris un risque et la soldat – est-ce que c'était encore appropriée de l'appeler ainsi? - pouvait la mettre dehors si elle le désirait. La scientifique n'argumenterait.

«  J’aurais preferé des muffins d’Howard, mais je suppose que ça va faire l’affaire. »

Oh. Oui, mais...

« Je n'ai pas droit aux mêmes faveurs que toi à la cuisine. Je n'ai eu droit qu'à ce qu'ils offraient. » Et elle avait reçu le tout à contre-coeur. Sa cote de popularité n'était déjà pas bien et s'était apparemment revu à la baisse. Un petit sourire désolé s'installa sur ses lèvres.

Avec un peu plus de courage, elle s'aventura dans la pièce et déposa les victuailles sur la table basse du salon. Peut-être que tout ceci était une mauvaise idée et elle devrait laisser la nourriture et partir. Tout simplement, Keen ne savait plus trop ce que Rhodàn devait penser d'elle aujourd'hui.

«  La porte était restée ouverte ? »

La question la poussa à relever la tête vers l'autre femme et elle chercha un léger moment de quoi elle parlait avant de jeter un coup d'oeil à la dite porte.

« Euh, oui, enfin, elle n'était pas barrée et enfin... Je n'aurais peut-être pas dû entrer comme ça. Désolé. » Elle se gratta la nuque, mal à l'aise, soudainement, la scientifique aurait voulu se faire encore plus petite que ce qu'elle était. « Je... voulais juste prendre de tes nouvelles. Je sais que tu as passés beaucoup de temps à l'infirmerie et... Je voulais aller te voir, mais... Enfin, je crois que c'est un mauvais, je peux repasser plus tard si tu préfères? »

Tout le monde la détestait dans la Montagne présentement et ça commençait à affecter sa façon de pensée. Rhodàn ne voulait sûrement pas la voir.

« Je n'ai pas droit aux mêmes faveurs que toi à la cuisine. Je n'ai eu droit qu'à ce qu'ils offraient. » Malgré la situation ça réussit à lui tirer une espèce de sourire, suivi d’un grognement. Quand Lizz lui avait assuré – a demi mot probablement, disons qu’elle l’avait comprit – qu’Howard était en vie, elle avait été soulagée. Forcement, elle appréciait le gosse qui n’en était pas un, et elle appréciait ses muffins aussi.  Qui qu’il en soit elle haussa les épaules, et regarda la nourriture, avant de grimacer. Non, elle n’avait pas faim. Ou plutôt… Elle avait faim oui, mais pas forcément de ça. Mais pas forcément comme ça. Et elle avait toujours l’impression d’avoir vidé quatre bouteilles de whisky dans son corps, qui n’était peut être pas … faux. Machinalement elle regarda l’appartement autour d’elle, pour voir qu’il était…rangé. Et elle fronça les sourcils d’incomprehension, avant réaliser qu’elle avait gardé le silence trop longtemps.

«   Pas tout le monde à la chance d’être un héros que veux tu. »  C’était presque de l’humour, mais c’était encore assez douloureux pour elle, de penser à tout ça. La moitié de la montagne la haïssait. Des gens qu’elle avait passé sa vie à protéger. Elle haussa les épaules et lle avait même essayé un sourire. Ouais. Elle pouvait faire ça. C’était pas parce qu’elle se sentait comme un sac à patate, qu’elle voilà quoi.

Enfin, sa gueule de bois lui avait un peu passé, et elle se fichait pas mal de son état de demi-nudité. Les zones importantes étaient couvertes c’était l’essentiel. En plus elle était chez elle, et elle n’avait rien de mieux à faire de la journée. Bref. Elle était juste curieuse. De la présence de Keenan. De la porte mal fermée. Du rangement. Et machinalement elle chercha a jouer avec le pan de sa chemise avant de se rappeler que c’était un t shirt et que c’était moins pratique de tirer dessus. Tant pis.

«  Stop. »  Keenan parlait trop. Et même si Rhodan n’en était plus au même état que des heures plus tot quand Lizz était venue, ce n’était quand même pas le moment de parler autant. « Tu as bien fait de venir et de rentrer. Je viens juste de me réveiller. Les derniers jours ont été… Compliqués. »  Et Keenan ne pouvait pas imaginer à quel point. Enfin, elle supposait que la vie de Keenan n’avait pas été rose non plus. C’était une scientifique après tout. Leurs nouveaux alliés ne devaient pas apprécier. «  Assieds toi. »  D’un geste elle lui montra les canapés a coté de la petite table basse. « C’est pas toi qui a fait mon rangement je présume ? » Il faudrait qu'elle remercie Lizz. Il faudrait qu'elle aille la voir. Qu'elle essaye de parler avec elle differement que pour un conflit... Un jour.

Elle parlait Keenan, elle était nerveuse aussi et elle n'avait presque pas parlé depuis le départ de Jude. Personne ne voulait lui parler. Elle était seule. Finalement Rhodàn l'arrêta et ses paroles la rassurèrent un peu. Peut-être que Rhodàn ne la détestait pas. Après tout, elle avait connu son opinion sur les méthodes de Tsing et de Cage. Ou peut-être pas. Généralement Keen parlait de ses recherches et elle savait que Rhodàn n'y comprenait pas grand chose. Elle passa une main sur sa nuque et prit place sur le divan machinalement, sans vraiment penser. Elle disparaissait lentement dans sa bulle. Son regard était fixé sur le sol.

« Hein? Quoi? » Elle leva les yeux sur Rhodàn, son ménage? « Non, je n'ai rien fait. Je viens à peine d'arriver. Pourquoi? »

Keenan avait toujours connu Rhodàn plutôt propre. Est-ce que ça avait été sale plus tôt? Pour le moment tout était rangé et ça sentait même propre. Son regard retourna à ses pieds, ses genoux, ses mains étaient posées nerveusement sur ses derniers, elle jouait avec un fil qui dépassait.

« Je voulais venir prendre de tes nouvelles. » C'était un peu plus calme et posée que ces dernières paroles frénétiques. « Les derniers jours... Enfin depuis l'attaque. Tout est différent et ça n'a sûrement pas été facile pour toi. Je m'inquiétais. »

Oui, elle s'inquiétait et elle avait eu peur pour Rhodàn. Quand elle-même s'était finalement remise du mal qui l'avait saisit pendant l'attaque et de son état d'épuisement avancé, Rhodàn était toujours à l'infirmerie. Keenan avait voulu aller la voir, mais elle avait eu peur de toutes ses personnes qui l'avait entouré et gardé, avec raison. La colère grondait sous la surface pour les partisans de Cage et ceux qui jugeait qu'ils avaient complètement perdus leur liberté. C'était à cause à de Rhodàn. De même, il y avait ceux qui étaient de l'autre côté de la médaille et qui la voyait comme une libératrice de la tyrannie.

« Je voulais aller te voir, vraiment, mais... je n'ai pas pu. » Elle avait eu peur, voilà. Après tout, personne n'aimait plus les scientifiques. Certains avaient même complètement renoncé à leur rôle. Keenan n'en était pas capable, c'était tout ce qui la définissait. Sans la science, elle n'était plus rien.

Keenan parlait assurément trop, et Rhodan … Rhodan allait être l’amie dont elle avait besoin. Tant qu’elle voudrait d’elle. Parce que maintenant les choses avaient changées n’est ce pas ? Rhodan était un assassin. Elle n’avait plus rien du soldat qu’elle avait pu être et elle ne redeviendrait jamais la petite fille. Alors oui… Elle pouvait essayer d’être l’amie de Keenan comme elle l’avait été, en espérant que celle ci ne soit pas venue l’empoisoner. Lizz lui en voudrait non ? Ou peut être que Lizz l’aurait envoyée. Soit. Non, cette idée était complètement absurde, et dans la continuation de l’absurde elle avait posé une question qui sembla faire réagir Keenan.

« Ah » Elle haussa les épaules. Bien. C’était bel et bien Lizz qui avait du ramasser les cadavres de bouteilles. Bah. Elle irait la remercier. En faisant attention. Elle irait… lui parler ? Ca leur ferait du bien. Et c’était bien la fin de l’histoire non ? Du moins pour le moment. « Pour rien. » Et ça, c’était peut être quelque chose qu’elle ne voulait pas raconter.

Enfin, elle se laissa tomber sur le canapé, et leur servit deux grands verres de jus tandis que Keenan s’excusait de ne pas être venue. Maladroitement. Mais la scientifique n’était pas très adroite avec les mots. Rhod’ haussa les épaules, ça n’avait pas d’importance. Qu’est ce qu’lele pouvait dire ? Des gens étaient venus la voir. D’autres n’étaient pas venu. C’était le cycle de la vie, ça ne lui faisait pas beaucoup de peine.

« Ce n’est rien. » Elle eut un vague sourire un peu maigre. Et elle réalisa qu’elle ne savait plus comment parler aux gens de la montagne. « J’ai supposé que tu m’en voulais. Pour… Pour le truc. Pour Cage. » ils n’avaient pas été tous contre eux. Et elle savait que Keenan travaillait sur autre chose, mais elle travaillait quand même sur ce même sang qui avait causé la mort d’Andrea. Oh, diable qu’elle le savait. Elle secoua la tête. « Je suis ravie de te voir en vie. » C’était maladroit aussi. Mais Rhodan était lasse de tout. Alors, Keenan devrait se contenter de ça.

C'était agréable de voir Rhodàn en chair et en os, en vie, qui bougeait et parlait. Keenan n'avait pas eu le courage d'aller la voir quand elle récupérait, mais elle ne savait pas trop comment agir avec elle. En fait, Keenan ne savait plus vraiment agir avec qui que ce soit, on aurait que la terre entière voulait sa mort, elle était venue ici dans l'espoir que Rhodàn était peut-être différente, au moins elle n'était pas hostile, c'était toujours un meilleur début que la femme des bois.

Un verre de jus devant elle et quelques instants de silence, Keenan apprécia. Elle tentait de retrouver ses idées et de voir son amie d'avant l'invasion, d'avant Cage. Il ne lui restait plus personne... La scientifique avait perdu presque tout ce qu'elle connaissait et ce à quoi elle se raccrochait. Elle n'était pas quelqu'un de fort. Pas comme Rhodàn. Ou cette femme des bois. Ou même les enfants du ciel. Elle n'était pas grand chose au final.

« J’ai supposé que tu m’en voulais. Pour… Pour le truc. Pour Cage. »

La phrase la tira de ses pensées et Keenan lança un regard curieux à son amie. Lui en vouloir? L'idée ne lui était même pas passé par la tête. Keenan avait apprécié la Dr Tsing, même si elle travaillait et partageait beaucoup des idées de Cage, mais elle n'avait jamais apprécier l'Usurpateur, mais son commentaire portait à réflexion. La scientifique avait eu peur de venir la voir à cause de ce qu'elle pourrait penser, mais peut-être que la peur était mutuelle?

« Je suis ravie de te voir en vie. »

Les paroles lui furent plus de bien que Rhodàn ne pouvait s'en douter et un petit sourire gêné s'étira sur les lèvres de l'asiatique. Depuis l'attaque tout le monde semblait vouloir sa mort. Il y avait cette scientifique archéenne, mais Jude était plutôt concentrée sur les recherches et la découverte de la Terre.  Rhodàn la connaissait autrement et... Ça faisait du bien d'entendre ça. Quelqu'un ne la voulait pas morte.

« Ce n'est pas faute d'avoir essayé le contraire. » Une plaisanterie, pas vraiment plaisanterie, la mort semblait jouer avec elle, menacer de l'emporter sans jamais le faire. Ce n'était peut-être pas vraiment drôle finalement. « Je suis contente aussi que tu sois là. Il y a eu beaucoup de morts, de blessés... J'ai... Enfin... » Une pensée. « Cage était un connard. » Ce n'était pas vraiment son langage habituel, elle était plus posée, douce, scientifique que ça. Quand elle se rendit compte qu'elle l'avait dit à voix haute, Keenan rougit un peu et ne put s'empêcher de s'excuser. « Pardon. »

Mal à l'aise, elle se fit toute petite sur le divan, prenant une gorgée du jus qui lui était offert.

L’un dans l’autre, ça lui faisait du bien de Voir Keenan. La scientifique était une de ses amies, et elle y tenait assez. Alors elle supposait qu’elle n’était pas venue l’empoisonner – quoi que ça aurait été possible, mais si même Lizz ne l’avait pas fait hein ? Oh, Lizz… - enfin, du coup Keenan était assise en face d’elle, et elle était soulagée un peu de lui parler. Mais Rhodan avait encore un peu de mal à parler. Enfin, elle avait réussir plus ou moins, et elle avait notifié à Keenan qu’elle était heureuse de sa survie. Comment ne pas l’être ? Elle appréciait beaucoup Keenan, meme si celle ci, lui en voulait. Non ? Elle ne lui en voulait pas. Et Rhodan fronça les sourcils quand Keenan dit quelque chose. Ce n’est pas faute d’avoir essayé le contraire ? Elle était inquiete. Elle ne dit rien néanmoins, et but une gorgée de liquide, en regardant l’asiatique lui dire que Cage était un connard. Et elle ne put réprimer un éclat de rire. Bref. Mais un éclat de rire quand même.

« Ne t’excuses pas, ça en était un. » Et elle adressa un petit sourire à Keenan, qui semblait encore gênée. « Je ne t’avais jamais entendu parler comme ça. C’est… perturbant. »

Et puis Rhodan, décida de se reprendre un peu en main, ou du moins de reprendre la conversation en main. Ce qui serait déjà bien n’est ce pas ? Alors elle s’installa un peu mieux et elle fixa Keenan avant de reprendre la parole. « Alors, que deviens tu ? » Elle n’était pas sure de savoir encore comment parler dans une conversation en fait. Et elle n’était pas sure qu’elle tiendrait sans s’effondrer en larmes. Peut être qu’elle en avait besoin.

Rhodàn avait éclaté de rire. Quelque chose de plutôt rare, alors que Keenan était plutôt gênée par ses paroles. Ça faisait quand même du bien de l'entendre rire et si la scientifique restait gênée, elle souriait un peu plus aussi.

« Je m'excusais plus pour le langage, ce n'était pas très poli. » Et puis, l'homme était mort, il ne pouvait pas se défendre. « Je ne pense pas que son décès soit une grosse perte. C'était un sociopathe mégalomane. Je déteste comment il a agit avec nous et avec les jeunes du ciel. Son désir de pouvoir et son impatience nous a beaucoup coûté. »

Elle se reprenait un peu. C'était son type de parole, Keenan analysait et faisait des discours trop long. Ou se perdait dans ses mots.

Finalement, Rhodàn prit un peu plus de ses nouvelles, mais la scientifique n'avait pas vraiment de réponse. Que devenait-elle?

« Je... ne sais pas. » Son regard tomba sur ses mains qui tenaient le verre. Il y avait des égratignures encore dessus, souvenir de sa rencontre avec la sauvage aux cheveux argents, sa jambe était pire, il y avait des points de suture, mais elle n'avait pas vraiment envie d'en parler. « Il n'y a plus rien de pareil depuis l'attaque. Nos gens sont divisés et... Enfin, c'est tendu partout. Des gens du ciel ont accepté de donner de la moelle volontairement. Quelques-uns. Ça... Mes recherches ne sont plus vraiment utiles. Je continue quand même. Je ne sais rien faire d'autres. Je suis plutôt inutile en fait. » Elle ne savait rien faire, non? Son but de vie n'avait plus d'importance, tout ce qu'elle avait fait était complètement inutile désormais, elle ne savait pas se battre, pas cuisiné, plus rien. « Ce n'est pas bien important. » *Tout le monde me préférerait probablement morte de toute façon. Je cesserais d'être un fardeau dans ce cas.* « Toi, tu te remets bien? La moitié de nos gens te considère comme un héros et plus qu'une personne du ciel, tu sais? » Elle tentait de détourner le sujet.

En tout cas ça faisait du bien ce petit éclat de rire. Parce qu’elle n’avait plus trop eu l’occasion de rire Rhodan. La vie n’avait pas été spécialement sympathique, et… Bon, en tout cas, ça faisait du bien. Et elle se demandait pourquoi elle n’était pas allée voir Keenan plus tot, mais elle préféra éviter de trop penser à ça. Elle avait bien des choses à se faire pardonner. Et… Bon, allez, autant ne pas penser à ça. Elle haussa les épaules, quand Keenan parla de Cage. Et elle ne put s’empecher de reprendre la parole.

« Ce n’était pas le seul. » Et elle pensait à son père. Et elle pensait à tous les abrutis de la montagne. Enfin, ce n’était pas la peine d’en parler n’est ce pas ? « Nous agissions tous mal avant leur arriver. Nous nous sommes nourris du sang des étrangers, nous avons tués les nôtres. Aucun de nous n’est innocent. En un sens, nous sommes tous des connards Keenan. A nous de vivre avec, ou de ne pas vivre. » Et elle … Elle ne savait toujours pas trop quel choix elle voulait faire.

Enfin, du coup elle s’installa un peu mieux. Et elle préféra poser une quesiton à Keenan. Qui était bizarre. Bien sur, la jeune femme n’aimait pas trop ce qui était arrivé Ce qui arrivait. Elle se sentait inutile. Et alors ? Que devait dire Rhodan ? Que pouvait dire Rhodan ? Elle laissa tomber ses bras un peu sur le canapé. « Nous sommes tous inutiles. Je ne suis pas un héros. J’ai mis terme à la vie d’un tyran, ça n’expie aucune faute. Ca ne pardonne pas ce que j’ai fais pour y arriver. » Fataliste. Defaitiste. Elle était perdue un peu Rhodan aussi. « Je pensais mourir en tuant Cage, en faisant tomber la montagne je voulais tomber avec elle. Et pourtant je suis la. Haïe ou Adulée. Et je ne sais plus quoi faire. » Parce que sa promesse allait jusque la et que maintenant elle avait promis autre chose. Et elle ne pouvait meme plus crever comme le chien qu’elle était. C’était à chier. Elle haussa les épaules.

« ...nous sommes tous des connards Keenan. A nous de vivre avec, ou de ne pas vivre. »

Un triste sourire pour la triste réalité. Pourquoi un sourire? Parce que Keenan ne savait pas quoi dire ou comment réagir. C'était peut-être de la sympathie ou de la résignation, le sourire n'avait rien de joyeux, donc juste une réaction physique à un tourment intérieur. C'était plus facile de sourire que de pleurer et puis Keenan était fatiguée des pleurs, de la souffrance et de la peur, donc sourire était mieux. En quelque sorte.

C'était drôle, les paroles de Rhodàn restait dans l'esprit de la scientifique et tournait sans cesse. Vivre ou ne pas vivre. Elle qui avait toujours été recluse dans son laboratoire et dans les quelques jours où elle avait été forcée à prendre part à la vie de la montagne, elle avait failli mourir plus de fois que dans tout le reste de sa vie. Ça devenait presque effrayant de vivre, mais la mort n'était pas très attirante. La simple idée de la mort lui glaçait le sang.

« Aucun des deux n'est un choix très attirant en vrai. »

Bref, détourner le sujet, Keenan ne tenait pas vraiment à se lancer dans ce sujet. Juste y penser était difficile et ravivait les douleurs dans sa jambe et son dos de sa petite excursion à l'extérieur et sa rencontre avec la femme aux cheveux d'argent.

« Ce serait ironique de pouvoir expier nos fautes en tuant, tu ne penses pas? » Oui, ce serait presque drôle, mais la vie n'était pas si simple. La peur et la rancune étaient trop ancré dans le cœur des étrangers pour que ce soit si facile et les fautes étaient sur les mains de tout leur peuple. « Pour ce que ça vaut, je suis contente que tu ne sois pas morte. » Un petit sourire compatissant.

« Quant au futur... On est deux à ne pas savoir quoi faire. La montagne est à la merci des peuples de l'extérieur et tout le monde nous déteste. S'ils nous désiraient morts, ils auraient déjà pu tous nous exterminer. » Ils avaient le contrôle de la montagne désormais, il n'y aurait rien de plus simple. « Peut-être au lieu de regarder nos fautes passées, nous pourrions travailler pour que les plus jeunes n'est pas à faire face à tout ça à l'avenir? » Juste une idée. « Nous ne réussirons sûrement pas à tout changer de notre vivant, mais au moins poser les premières pierres pour un meilleur avenir? » Toujours l'idéaliste, l'utopiste, une contrepartie au côté défaitiste de Rhòdan. « Avec notre technologie et nos ressources, nous avons quand même beaucoup à offrir... Enfin, ce sont des idées, je ne pense pas que ce soit accepté de si tôt... »

Ils étaient tous auto-suffisant à l'extérieur de la Montagne, alors ils pouvaient facilement ignorer les améliorations que les montagnards pouvaient offrir.

«  Tu es bien une des rares à l’être. »  

Personne n’était innocent, si il y’avait bien quelque chose que Rhodan avait apprit de tout ce qui se passait, depuis qu’elle était née dans cette fichue montagne, c’était bien que si ils voulaient survivre ils perdaient leur innocence. Andrea… Andrea avait été innocente. Andrea avait été la perfection que plus personne n’atteindrait, et pour elle, Rhodan était devenue un chien exécuteur, qui attendait dans l’ombre pour mettre une balle dans la tête de son maitre. Pour elle, pour la montagne, pour la liberté oui… Mais surtout pour elle. Car il ne fallait pas se leurrer, derrière son grand héroïsme, Rhodan avait liberé la montagne pour la raison la plus égoïste qui soit. C’était ainsi. Ça ne changerait plus maintenant.  Alors elle restait la, écoutant Keenan qui lui parlait du futur, qui lui parlait avec un positivisme, qui lui donnait presque la nausée.  Elle écouta néanmoins jusqu’au bout, et si une boule d’amertume lui remonta en travers de la gorge, elle n’arriva pas à déterminer si elle venait des paroles de Keenan, ou de l’alcool qu’elle avait ingurgité des heures plus tot – elle ne savait meme plus si ça faisait une journée, ou moins, ou plus peut être ? -  Elle haussa les épaules.

«  Changer le futur, en poser des bonnes bornes, ce n’est pas quelque chose pour moi. Je n’ai plus rien à offrir Keenan. Et je ne pense pas que tu puisses leur offrir grand chose qu’ils n’accepteraient.  Tu porte la blouse blanche de ceux qui ont vidés leurs frères, leurs sœurs, leurs enfants. Et je porte les armes de ceux qui ont tués tant des leurs. Oui, je les ai liberés j’ai tué notre  tyran, mais si je voulais vraiment bien faire j’aurais du faire exploser cette montagne, et tous nous tuer la dedans. »  Elle poussa un soupir après ça, et attrapa le verre de Jus pour le vider d’une traite. Elle avait soif. Un peu la nausée encore. Et elle avait le regard un rien hagard. «  Cependant je ne suis pas un héros, et maintenant je ne peux même plus avoir envie de mourir. C’est bien stupide comme situation n’est ce pas ? »   Amere. Lasse. Il y’avait tant d’adjectifs qui pouvaient la qualifier sur le moment.  Et ils n’étaient pas positifs non. Elle secoua la tête.

«  Enfin, on ne changera plus rien maintenant. Autant accepter l’inconstance du futur. »  Il y’eut quelques instants d’incertitude. «  Tu comptes rester là à tenter de bâtir le futur sans accepter la moelle ? »

Rhodàn parlait avec amertume, elle ne regrettait pas ses gestes, mais elle regrettait sans aucun doute sa mort ratée. Malgré l'espérance que Keenan essayait de garder, les paroles de son amie résonnait loin dans son esprit. Bien sûr qu'elle ne pourrait rien apporter, au moins rien personnellement, même si elle n'avait jamais vraiment participé aux expériences les plus inhumaines, elle en avait fait partie indirectement. Les étrangers la détestaient sans même qu'elle leur ait parlé, ils n'avaient qu'à la voir et ils la détestaient. Les points de suture sur sa jambe commencèrent à la démanger, mais elle se retint pour ne pas leurs donner d'attention. La scientifique ne voulait pas que ça se sache, autant que possible.

Pour éviter de dire quelque chose de trop, elle se mordit la lèvre inférieure et compta jusqu'à dix dans sa tête, le regard baissé au sol. Malgré ses multiples tentatives de toujours voir au mieux, ça restait difficile par moment, mais Keenan ne voulait pas se laisser abattre, elle ne fonctionnait pas comme ça. Enfin, Rhodàn dit quelque chose qui ramena son attention sur l'autre femme.

« Ne peux même plus avoir envie de mourir? » L'asiatique reprit les mêmes paroles avec un air confus. Pas qu'elle soit surprise que Rhodàn ait envie de mourir, ils l'avaient probablement tous voulu à un moment ou un autre. Maintenant encore plus que jamais et Rhodàn avait été assez clair qu'elle aurait préféré ne pas être en vie aujourd'hui. Quelque chose que Keenan essayait encore d'assimiler et ne savait pas comment gérer. Elle se dépêcha finalement d'ajouter « J'imagine que ça l'est comme situation, stupide. Il n'y a pas grand chose qui ne le soit pas. C'est le monde dans lequel on vit.  »

Accepter l'inconstance du futur? Oui, c'était la seule chose à faire, même si c'était terriblement insécurisant.

« Au final, on est complètement impuissant et il faut simplement apprendre à faire avec ce qui nous est offert. Ou ce qui nous est refusé. » Comme la mort. Ou la vie d'un autre. Ou... La moelle? La question causa Keenan à placer son attention sur son verre de jus toujours à moitié plein, elle n'avait plus soif, pas faim, toutes sensations de son corps semblait comme coupé soudainement.

« Je... » Elle ne méritait pas de moelle et n'en voulait pas. C'était complètement puéril comme réaction, elle savait que maintenant, la moelle était donnée volontairement, mais... « Je... ne peux pas en recevoir. De quels droits je pourrais en accepter? Tu l'as dit toi-même, j'ai la blouse blanche des scientifiques. Tu as peut-être des armes, mais pour eux tu restes une guerrière. Tu n'es pas une lâche qui se cache en arrière-plan et qui détruit des vies. » Keenan serra les dents, forçant son visage à rester stoïque. « Tu sais combien de vies tu as enlevé, les blessures et les morts que tu as causé sont limités à ce que tes armes pouvaient faire. Moi... Tu sais que je laisse Dr. Tsing utilisé mes recherches? C'était naïf, je ne pensais pas que mes recherches pouvaient causer du tort et je ne savais pas tout ce qu'elle faisait avec Cage. Je n'arrive même pas à imaginer l'étendu des dégâts que j'ai pu causer, combien de vies détruites, soit dans le projet Cerbère ou dans d'autres. J'avais émis l'hypothèse qu'utiliser la moelle osseuse pourrait aider à stimuler nos systèmes pour résister aux radiations. Je ne sais pas si c'est de là qu'elle a tiré son idée pour la moelle osseuse des jeunes, mais... » C'est une possibilité. Tsing aurait aussi pu avoir l'idée elle-même, mais peu importe, ça rendait Keenan malade d'y penser. « J'ai peut-être contribué plus que je pensais à notre déchéance. C'est aussi stupide que ta situation, non? Tout ce que je voulais, c'était sauver plus vies. »

La scientifique se mura un moment dans le silence. Elle se sentait étouffée sous le poids de ce qu'elle a pu involontairement causé.

« Je n'ai pas le droit à la moelle. » C'était un point final dit d'une voix à peine audible. De toute façon elle avait toujours ses recherches qui progressaient, même si elle serait probablement mieux à simplement les brûler.

Tout était stupide dans ce monde finalement, et Rhodan était assez censée pour savoir que leur existence était si mauvaise qu’il aurait fallu qu’ils meurrent tous. Et peut être oui qu’elle n’était pas une agréable compagnie pour Keenan, tant pis, la scientifique avait eu envie de venir lui parler, et maintenant elle assumait probablement de défatisime de Rhodan. Ce qui ne voulait pas dire que Rhodan avait envie de supporter du positivisme, c’était … désagréable ces gens qui pensaient que le futur pouvait encore être bon. Elle haussa les épaules. Le monde était stupide, oui. Alors elle reprit doucement, en s’appuyant un peu mieux sur son canapé, croisant les jambes sous son corps. « Autant ne pas continuer à vivre dans un monde aussi stupide n’est ce pas. » A part qu’elle ne pouvait plus mourir maintenant. La simple existence de Lizz la condamnait à la vie, car elle ferait tout pour protéger la sœur d’Andrea, et si elles avaient une relation étrange toutes les deux, elles avaient une sorte de lien qui l’empechait de l’abandonner ? Elle avait promis. Et Rhodan tenait parfois ses promesses.

Elle écouta alors Keenan parler à nouveau, de cette manière si peu intelligente finalement. Et peut être qu’elle était déçue par son amie la scientifique qui refusait la moelle comme un caprice. Elle le savait tout ça Rhodàn. Elle le savait. Elle haussa les épaules ouais. Comme si de toute façon tous les morceaux de conversation l’ennuyait. C’était juste que cette situation était pesante. Et qu’elle en avait marre de tout finalement. Elle ne voulait cependant pas passer sa colère quant à la situation sur son amie, mais ce n’était pas facile, elle avait gardé tant de choses en elle, trop longtemps. Elle fronça les sourcils. « Non je ne sais pas combien de vies j’ai enlevées non. Est ce que tu sais combien de terriens ont donnés leur vie pour que tu sois encore debout ? Pour que je sois encore debout ? Combien sont morts dans ces cages. Il n’y’avait pas que ces enfants, il n’y’avait pas que l’histoire de moelle osseuse des venus du ciel Keenan, ce que nous faisions avant n’était pas bien non plus. » Elle se releva un peu. « Et tu sais quoi ? J’ai accepté la moelle, ils ont torturés une pauvre fille pour que j’ai cette moelle, et pour quoi ? Pour continuer à prétendre, pour me faire passer pour ce que je n’etais pas. Pour voir des étoiles qui n’avaient aucune saveur sans elle, et pour enfin tuer ce connard de Cage. » Elle était passablement irritée maintenant, et elle ne comprenait pas vraiment pourquoi. Il y’avait trop de choses. « Mais ça ne sert plus à rien maintenant de lutter contre ce qui est fait. Ils donnent la moelle gracieusement, ils ne souffrent pas, ils ont des méthodes qui sont moins sales que les vôtres, que les nôtres. Il suffit de demander à vrai dire. C’est triste hein, de se dire qu’avec un peu de politesse les choses évoluent. »

Elle durcit la tenue de ses épaules, et fixa son regard sur l’asiatique. « Mais si tu culpabilisais vraiment pour ce que tu as fait Keenan, tu ne penserais à changer le futur. Tu irais avouer et tu accepterais leur jugement. » Son regard s’adoucit quelque peu quand elle se rappela que Keenan était une amie. Ces crises de colère contre la montagne lui faisaient oublier beaucoup de choses finalement. « Ça ne veut pas dire que je veux forcement que tu le fasse. Je dis juste que tu es mal placée pour décider de ta punition. »

HRP:

Oui, Keenan regardait plutôt au lendemain qu'à la journée présente ou la précédente. C'était plus facile pour elle d'espérer pour un meilleur lendemain que de se souvenir de la douleur de sa jambe blessée ou de la haine dans les yeux de la femme aux yeux argentés. Par contre, elle ne pouvait pas occulter les paroles de Rhodan, Rhodan était une amie pour elle et ce qu'elle disait avait toujours un certains poids... Et là...

« Je m'excuse... J'ai... » et la scientifique baissa la tête abattue. Il y avait de la vérité dans les paroles de Rhodàn. Keenan la connaissait, mais elle voulait tenter de faire mieux que ce qui avait été fait, peut-être s'ouvrir au monde, tenter de faire de l'entraide, mais le jugement et la condamnation que Rhodàn passait... Ça lui glaçait le sang, elle n'était pas courageuse. Sortir, dire qui elle était et se laisser juger? Elle savait qu'elle risquait la mort si elle faisait ça et...

**Les racines, les roches et la boue s'accrochaient à elle, l'écorchaient et lui rentraient dans la bouche tandis que le lézard géant la tirait toujours plus loin de la montagne. Les dents déchiraient sa peau et ses muscles à chaque nouveau pas et la peur lui faisait perdre tous ses moyens...**

La scientifique secoua la tête pour revenir de son moment d'absence. Elle tremblait. Est-ce que Rhodàn pouvait le voir? Comme pour le cacher, Keenan serra ses mains ensemble et tenta de raidir ses épaules à son tour, de se raider au complet pour cacher cette réaction. Mal à l'aise, elle s'agita légèrement sur place ne se sentant soudainement plus accueillie... Peut-être que ce n'était que dans sa tête. Elle vit son amie prendre une expression un peu plus douce, mais même si les paroles suivantes tentaient de rattraper, Keenan était profondément ébranlée.

« Je ne... C'est pas... J'ai des résultats de labos qui devraient être fini. Je dois y aller. » Lâche. Elle pouvait tenir tête à Rhodàn, peut-être lui dire sa façon de voir les choses, tenter de la faire changer d'idée, mais les mots ne venaient pas et Kee' ne trouvait pas le courage de peut-être mettre son amitié en péril. Ou elle ne voyait pas que peut-être Rhodàn avait besoin de parler, laisser sortir toutes ses choses qui la hantaient.

Tout ce qu'elle savait, c'était qu'elle perdait ses moyens présentement... Et qu'elle prenait la fuite. C'était plus facile, non?

Elle se leva de sa place et se dirigea vers la porte, oubliant de retenir sa légère boiterie due aux blessures sur sa jambe. Keenan voulait seulement sortir d'ici. Elle s'arrêta juste devant la porte, se retournant avec un sourire complètement faux sur le visage.

« Merci pour le jus et on se reparle? » Même ses paroles sonnaient faux.

Elle tourna la poignée pour sortir et aller quelque part, où? Elle ne savait pas elle-même, tant qu'il n'y avait personne et qu'elle pouvait s'y cacher.