Alliance matrimoniale non désirée PV Eija

An 88 // Orst

Mes bottes de fourrure grise s'enfoncent dans la neige profonde des terres de la nation des glaces. Laissant mes empreintes de pas dans mon sillage. Un sillage qui remonte à des lieux et des lieux en arrière au milieu du désert glacé dans lequel je venais de passer quelques jours à chasser. Mon entraînement de garde royal ne me laissait littéralement aucun répit. Draen ne me laissait littéralement aucun répit. Le capitaine de la troupe des meilleurs guerriers et guerrières du clan des glaces aux tempes grisonnantes se montrait impitoyable avec moi et ce pour me faire progresser plus rapidement. Il me poussait parfois dans mes retranchements pour me forcer à donner tout ce que j'avais au plus profond de moi même. Être formé par le capitaine de la garde en personne ne voulait dire qu'une seule chose concernant l'avenir que le vétéran et protecteur royal avait probablement déjà tracé pour moi. Un avenir qui s'écrivait dans la sueur, la mienne, le sang versé car Draen ne m’entraînait qu'à armes réelles au motif que la guerre n'était pas un jeu et que la moindre erreur d'inattention se devait d’être mortelle. Je baignais dans le dévouement complet à un unique objectif. Pour le moment je ne souhaitais pas réellement penser à cet après et à ce que le guerrier émérite vieillissant attendait réellement de moi. Pour l'instant je m’entraînais tout simplement. Au combat tout les jours encore et encore, répétant les mêmes mouvements jusqu'à ce qu'ils deviennent naturels et que l'épée ne soit que l'extension de mon bras. Jusqu'à ce que je puisse les exécuter les yeux bandés. A l'espionnage durant diverses situations préparées à l'avance par mon mentor ou non. Son exercice favori était de me larguer au milieu d'un autre village du clan dans lesquel je devais espionner le chefs de village sans me faire prendre. Et enfin la chasse ce qui m'avait longtemps fait pesté au motif que je ne voyais pas pourquoi un guerrier d'élite devait chasser aussi bien qu'un chasseur de formation. J'imagine que si la reine se trouvait coincée au milieu de nul part avec sa garde. Il fallait bien que celle ci soit capable de la nourrir. Emmitouflé dans plusieurs épaisseurs de fourrure et une capuche fourrée sur la tète j'avance en direction de la capitale une proie sur le dos et mon arc à la main. Une lance dans la même main que celle de l'arc. Le vent souffle dans mes oreilles et le paysage nacré qui m'entoure constitue un spectacle magnifique.

(…)
Je viens tout juste de déposer ma prise chez les dépeceurs qui se chargeront de découper la viande et la conserver dans le froid après l'avoir salée et pousse la lourde porte de la maison de mon oncle. Je n'aspire qu'à me reposer bien au chaud devant l’âtre flamboyant de la pièce principale avant de retrouver Draen le lendemain pour continuer de souffrir et de m'endurcir. Je pénètre dans la demeure dans laquelle j'avais grandi et retire une couche de fourrure de mon corps transpirant pour l'accrocher au mur. Meliara l'épouse de mon oncle Asgaard me salue en me serrant dans ses bras et je la repousse gentiment en grommelant que j'avais passé l'age d’être traité comme un gamin. La nourrice s'éloigne de moi en riant et je salue mes cousines Ardath et Dakiva d'un simple signe de tète. Ne trouvant pas mon cousin Sangar du regard je suppose qu'il est en train de flirter avec sa guerrière quelque part dans le village. Je me rends dans la cuisine pour me remplir la panse avec avidité et ne suis pas surpris d'y découvrir Asher mon premier mentor en compagnie d'Asgaard attablés. Je me contente d'un hochement de tète pour les saluer avant de m'approcher de la réserve de nourriture. Asgaard m'interpelle et m'annonce que je vais rencontrer ma promise ce soir et je me fige sur place. Ma promise ?! Qu'est ce que c'est encore que ces conneries ? Je me remémore les discussions avec mon oncle au sujet de l'un de ses plus proches amis qui souhaitait marier sa fille. Les deux amis n'avait pas mis longtemps avant de décider d'unir les deux familles. Je ne me rappelais pas avoir donné mon accord mais mon oncle savait que j'accepterais de toute manière. Le constructeur de navires m'avait recueillit et élevé depuis la mort de mes parents il y avait désormais quatorze ans de cela. Je détestais que l'on me force la main et encore plus dans ce domaine mais le sens du sacrifice pour mon clan coulait dans mes veines alors pour ma famille...Je me sens néanmoins obliger de pester pour la forme. Je n'épouserais personne mon oncle. Ses sourcils se froncent. Je rajoute et certainement pas une inconnue. Mon oncle semble se crisper avant de me dire. Tu le feras Aslan. Tu sembles bien sur de toi Asgaard. Échanges de regards féroces et sourires en coin. Qui fera plier qui ? Pour ma part, je m'amuse à le voir s'inquiéter de mon possible refus pur et simple. Asgaard grommelle un aussi têtu que son père celui là et je me mets à rire en communion avec Asher. Je quitte la cuisine dans la foulée. Mon oncle sait que je vais venir. Quand bien même ce mariage arrangé ne me plaît pas vraiment. Le sens du devoir est parfois une plaie.

(…)
Je me suis préparé pour cette rencontre qui aura lieu chez la promise au sein de sa famille. Je ne sais pas comment cela va se passer et à dire vrai je m'en moque. Je ne traîne pas les pieds pour y aller mais réprime l'envie de coller une droite dans la mâchoire de Sangar qui me charrie à coté de moi. Meliara soupire devant nos chamailleries et je me demande sérieusement ce que je fais là. Pour être honnête, je ne m'intéresse pas vraiment aux femmes pour le moment contrairement à Sangar le beau parleur. Seule mon entrée dans la garde royale m'importe. Le reste est obsolète. Tandis que je chemine au milieu de ma famille vers la maison de celle de ma promise je me surprends à espérer qu'elle soit une combattante féroce et fière et pas une petite biche effarouchée. Pas qu'il y en ait énormément dans notre clan. Mais sait on jamais. Nous arrivons finalement dans la maison de la famille de ma promise Eija. Elle s'appelle Eija. Je laisse les deux familles se saluer et me contente de m'installer à coté de la jeune femme plutôt agréable à l’œil comme le veut la coutume. Bon et maintenant ? Ce n'est certainement pas moi qui vais briser le silence. Je souris pourtant en constatant qu'elle semble presque aussi ravie que moi de se trouver là.

Spoiler:

EIJA + ASLAN

alliance matrimoniale non désirée

Cela fait plusieurs semaines que son père l’énerve avec cette idée qu’il a de vouloir la marier de force avec l’un des guerriers du village, mais Eija ne se laisse pas faire. Elle tient tête à son père du haut de ses dix-sept ans et s’en fiche pas mal qu’il hausse le ton et qu’il frappe la table du poing. Et même lorsqu’il la frappe elle plutôt que la table, elle s’en fiche, elle n’en démord pas. Elle n’épousera pas cet homme qu’elle ne connait pas du tout, juste pour faire plaisir à son père. Elle l’a promis à Axom de toute façon, elle ne quittera pas la maison et elle ne quittera pas son petit frère pour épouser un homme qu’elle n’aime pas qui plus est. Non, le seul moyen pour elle d’épouser quelqu’un maintenant serait de trouver un homme qui lui corresponde, qu’elle aime et qui accepte son petit frère car il est absolument hors de question pour Eija de quitter sa maison sans emmener Axom avec elle. Elle veille sur lui depuis sa naissance et ne compte pas l’abandonner maintenant pour une éventuelle vie de famille de son côté. C’est hors de question et c’est bien là ce que son père ne comprend pas.

De toute façon Nikko n’a jamais compris pourquoi sa fille avait un tel attachement pour cet enfant et pourquoi elle ne se contentait pas de le confier à quelqu’un d’autre. Lui ne rêve que d’en faire un guerrier depuis qu’il est né et si Eija sabote son entrainement, son père l’ignore totalement. Elle ne veut pas qu’Axom devienne un guerrier parce que leur père l’a décidé ainsi à sa naissance, elle souhaite qu’il choisisse de lui-même ce qu’il voudra faire plus tard. Et même si elle apprécie de lui enseigner le tir à l’arc, elle essaye d’en faire le moins possible pour lui apprendre à manier une épée, parce que Axom ne deviendra jamais un guerrier, pas s’il ne l’a pas décidé lui-même.

Mais si Eija a réussi à passer à côté des désirs de son père pour elle depuis plusieurs semaines, ce soir elle sait qu’elle ne pourra plus rien changer et qu’elle n’a plus le choix. Elle va devoir rencontrer cet homme qu’on veut l’obliger à épouser et ça l’agace au plus haut point. Et si les coups de son père n’ont pas réussi à la faire changer d’avis avant ça, celui-ci a trouvé un autre moyen pour l’obliger à faire ce qu’il souhaite : menacer son petit frère. Il lui a annoncé lorsqu’elle est revenue de l’entrainement que l’homme viendrait avec sa famille et, quand elle a à nouveau râlé en disant qu’elle n’irait pas, Nikko a attrapé le gamin et a menacé Eija de l’envoyer si loin qu’elle ne le reverrait jamais. Et elle a eu peur qu’il le fasse ou qu’il lui fasse bien pire que cela, bien pire que ce bleu que sa main a laissé sur le bras frêle de son petit frère. Alors elle a abdiqué.

Mais si elle accepte de rencontrer cet homme ce soir, ce n’est pas pour autant qu’elle accepte le mariage. Eija trouvera bien un moyen d’y échapper et de protéger Axom en même temps, peut-être en partant du village pour aller ailleurs. Mais pour l’instant ce n’est qu’une idée parce que son père la surveille et malgré les regards noirs qu’elle peut lui lancer, il n’abandonne pas l’idée de la marier de force. Et lorsque la famille de l’homme passe la porte de l’habitation, Eija croise le regard de son père et comprend qu’elle n’a pas tellement le choix – mais aussi qu’elle doit faire avec et faire bonne figure. Alors elle garde Axom près d’elle et observe l’homme s’assoir à ses côtés. Aslan, c’est comme ça qu’il s’appelle et même si elle ne le connait pas vraiment, elle ne peut s’empêcher de dire que son père aurait pu choisir bien pire. L’un de ses camarades de beuverie par exemple… Et tandis que le silence pesant s’installe, c’est Axom qui le brise. « C’est toi qui va épouser ma sœur ? T’es gentil au moins ? Parce que elle, elle est gentille ! » Et Eija esquisse un léger sourire, son frère est adorable mais il ne comprend pas certaines choses qui se passent ici ce soir. Et elle avoue qu’elle aimerait presque ne pas parler devant son père, son frère et le reste de la famille d’Aslan. Alors elle se penche doucement et murmure un peu. « C’est tellement gênant comme situation. »

An 88 // Orst // Aslan et Eija

La maison de la famille de ma promise, fille d'un très bon ami et camarade de beuverie depuis plusieurs générations de mon oncle Asgaard est bien vite remplie du fait de l'arrivée et l’installation de ma propre famille. Nos familles respectives se saluent chaleureusement. Signe que le courant passe bien ce qui ne saurait être qu'une bonne chose si jamais ce mariage venait à réellement se concrétiser. Ce que je ne souhaite pas vraiment. Je veux dire que si jamais j'y suis contraint je m'exécuterais et respecterais la volonté du constructeur de navires mais si je peux l'éviter je ne m'en priverais pas. L'amour cette chose abstraite et étrange voire relativement futile à mes yeux de guerrier n'aspirant qu'à devenir l'un des protecteurs de la royauté des glaces ne devrait pas être l'apanage de la volonté d'autres personnes fussent elles nos aînées.

Se lier à jamais avec une autre personne devrait être quelque chose de pur et libre et non pas faire l'objet d'arrangements entre alliés ou amis de longue date ou non. Mais c'est ainsi que fonctionnaient encore certaines familles de la nation des glaces. J'avais malheureusement découvert que c'était également le cas de la mienne. M'enfin, je n'en ferais pas tout un foin si jamais cela se concrétisait quand bien même je ne me voyais absolument pas comme un mari voire un père potentiel. Si cela arrive finalement et que j'épouse cette jeune femme à coté de laquelle je suis installé de manière un brin nonchalante. J'espère pour elle qu'elle n'aime pas parler ni recevoir des marques d'affection en continue ni même sentir en permanence la présence de son compagnon près d'elle à longueur de journée parce que tout cela ne me ressemblait absolument pas. Je ne suis pas mais alors pas bavard de nature, je suis assez froid et distant avec la plupart des gens et je compte bien devenir membre de la garde royale, marié ou pas ce qui signifie que je passerais énormément de temps auprès de la royale souveraine du clan.

Les deux chefs de famille ne tardent pas à discuter de manière animée et à se claquer les épaules avec vigueur et affection. Meliara lance une conversation avec la tante d'Eija tandis que mon cousin Sangar s'installe dans mon champ de vision comme s'il souhaitait se moquer de moi durant toute cette soirée de la première à la dernière minute. Ardath et Dakiva adressent des regards compatissants et des sourires chaleureux à Eija et je réprime l'envie de grommeler quelque chose dans ma barbe naissante. Non mais sérieusement on dirait que je suis le grand méchant loup et que la jeune femme aux traits ravissants et aux beaux yeux mais à la mine revêche est en danger avec moi. Tss. Je fusille mes cousines des yeux tandis qu'elles se mettent à rire avec Sangar. Oui, bon je ne suis pas très à l'aise avec les femmes et alors. Je ne passe pas ma vie à leur courir après moi. Je souris pourtant en constatant que ma promise semble aussi peu enthousiaste que moi à l'idée de notre union.

Un coup d’œil me permet de constater qu'elle adresse des regards noirs à son père qui semble s'en moquer éperdument. Je ressens soudain un léger malaise car si je me doutais bien que cette rencontre serait gênante je n'imaginais pas à quel point. Car il apparaît évident qu'Eija est encore plus opposée que moi à ce mariage. Je me moque de devoir épouser quelqu'un selon la volonté de mon oncle quand bien même je m'en passerais bien voire très bien. Mais faire le constat que la situation apparaît comme aussi néfaste aux yeux de la seconde personne concernée me pousse un peu plus vers la voie du refus. Je veux dire. Il n'y a que deux options. Soit je refuse également avec la plus grande des vigueurs soit je m'y résigne et tente de faire accepter les choses à la jeune femme. Piégé voilà comme je me sens en cet instant. Mais pourquoi est ce que l'on me fourre dans ce genre de situation ? J'aime les armes, les manier, combattre. J'apprécie les choses simples et me voilà dans quelque chose de particulièrement compliqué. Tandis que nos hôtes s'activent et que plusieurs membres de la famille d'Eija vont chercher des coupes remplies de diverses boissons chaudes voire fumantes avant de les tendre à ma propre famille je ferme les yeux un instant, m'imaginant seul au milieu de la nature glacée devant un feu seul avec moi même et les dangers implacables des terres de mon clan.

Lorsque je rouvre les yeux, je constate que le petit frère de ma promise me fixe et j'esquisse un autre sourire amusé en l'entendant me demander si j'étais le promis et si j'étais gentil. Je lui réponds : Et oui c'est moi enfin aux dernières nouvelles. Je ne doute pas qu'Eija soit gentille. Je te fais entièrement confiance. Quant à moi, je pense que ceux qui me connaissent n'utiliseraient pas ce qualificatif pour me définir mais je te promets que je le serais avec ta sœur. Mon sourire reste en place devant tant d'innocence. Le garçon ne semble pas comprendre les tenants et les aboutissants de la situation présente et je lui envie cette insouciance. Eija sourit elle aussi devant les paroles de son frère avant de se pencher vers moi et de me murmurer à l'oreille. Je me contente d'un hochement de tète avant de murmurer à mon tour dans son oreille : Je n'ai jamais rien connu d'aussi gênant effectivement. Je t'avoue que je ne sais pas vraiment quoi dire.

EIJA + ASLAN

alliance matrimoniale non désirée

Durant toute son adolescence, Eija a toujours pensé être tranquille de ce côté-là et que son père ne l’embêterait jamais avec un mariage ou quoi que ce soit du genre. Vu la façon dont il s’occupait d’eux, Eija ne s’est jamais dit qu’il pensait à la marier un jour pour qu’elle lui donne d’éventuels petits enfants. De toute évidence, elle se trompait. Mais connaissant son père, elle se dit qu’il doit bien y avoir autre chose sous cet arrangement que juste une éventuelle promesse d’avoir des héritiers dans la famille, alors elle se méfie d’autant plus. Elle n’a pas envie de dire adieu à sa liberté et encore moins à son petit frère, parce qu’elle doute que Aslan ou sa famille n’accepte de prendre Axom avec eux. Quel homme s’encombrerait d’un enfant de sept ans en plus d’une nouvelle épouse ? Elle le ferait, elle accepterait sans rechigner les éventuels enfants d’un homme dont elle tomberait amoureuse, mais c’est uniquement parce qu’elle a cet instinct maternel qu’elle a développé en s’occupant de son petit frère dès sa naissance. Et Eija sait que ce n’est pas forcément le cas de tout le monde dans ce village qui est bien plus composé de guerriers un peu brutaux que de pères aimants et affectueux. Du moins, le sien n’est pas vraiment aimant et affectueux.

Eija a l’impression d’étouffer avec tous ces gens autour d’elle dans la petite maison de son père. Elle ne vit ici qu’avec lui et Axom, et d’un coup, la maison s’est remplie de personnes qu’elle ne connait pas ou très peu. La famille d’Aslan qui l’observe et sa propre famille qui semble se demander si elle ne va pas prendre ses jambes à son coup – et son petit frère sous le bras – pour fuir et ne pas écouter les directives de son père. Eija ne connait pas si bien que cela cette « famille » qui est venue aujourd’hui, elle vient du côté de son père qu’elle n’a pas forcément envie de connaître. Ses deux oncles qui sont bien comme son propre père, des guerriers eux aussi, et une tante qui partage la vie d’un des deux mais qu’Eija ne connait pas plus que cela. Elle ne côtoie pas cette partie de la famille qui a conseillé à son père d’abandonner ses deux enfants à la mort de leur mère. Mais ce soir, ils semblent être là pour soutenir Nikko et montrer qu’ils sont une famille unie. Encore un mensonge aux yeux des gens, encore un mensonge pour Eija qui n’a pas forcément envie de donner cette impression que sa famille s’aime et se soutient.

Il n’y a que Axom qui l’aime réellement au final et elle sourit à sa question. Il s’inquiète pour elle et c’est normal, même s’il ne mesure pas encore ce que pourrait faire un mariage sur sa propre vie. Et Eija se concentre sur cette petite discussion entre son frère et Aslan, pour éviter de penser à ce qui se passe juste à côté d’elle tandis que leurs deux familles discutent. Elle ne veut pas entendre ce qu’il se dit et elle essaye aussi d’oublier les regards sur elle, parce qu’elle se sent épiée. Mais au moins, elle n’est pas la seule à se sentir gênée par la situation et elle sourit lorsque Aslan lui avoue ne pas savoir qui dire non plus. Mais si elle est un peu embarrassée par la situation, Axom lui ne semble pas l’être le moins du monde. « D’accord ! De toute façon, si jamais tu lui fais du mal, je viendrais te planter une flèche dans les fesses ! » Et l’enfant se tourne vers sa sœur qui rit doucement devant ses paroles. Elle ne doute pas qu’il le fera. « Voilà comme ça tu peux te marier avec lui et moi j’irais épouser Echo après. » Depuis qu’il a discuté avec la guerrière, Axom ne veut pas s’enlever cette idée du crâne. Eija secoue doucement la tête en le faisant descendre de ses genoux. « Nous verrons cela plus tard. Va t’occuper, mais ne fais pas de bêtises. » Cela ne sert à rien de le prévenir, Axom ne fait jamais de bêtises, mais Eija préfère le dire quand même puisqu’il y a du monde dans la maison et autant de raisons pour l’enfant de vouloir se rendre utile en faisant n’importe quoi. Et elle refuse que leur père se serve d’une quelconque raison pour le punir.

Eija observe tous les gens dans cette petite pièce puis tourne la tête vers Aslan. « Je ne sais pas non plus et j’ai l’impression qu’on nous espionne. » Elle parle doucement, elle ne souhaite pas forcément que son père l’entende dire une chose pareille. Alors Eija se lève et tend la main à Aslan. « Viens. Nous serons plus tranquilles ailleurs. » Sans tous ces regards sur eux.

HS : j'arrivais pas à choisir entre dehors ou dans la maison,
du coup je te laisse choisir l'endroit /PAN/

Les oncles et les tantes de ma promise terminent le service de leurs hôtes et se réinstallent dans la foulée à leurs places respectives. La petite maison me paraît soudainement relativement petite pour une si grande troupe et je comprends que la famille proche d'Eija n'est constituée que de son père, son petit frère et elle. Qu'est il donc arrivé à sa mère ? Est elle morte au combat lors d'une des innombrables guerres d'expansion de notre fier et féroce clan de guerriers du nord et des lacs à l'instar de mon propre père ? Ou au cours d'une exploration de dangers inconnus bien loin de nos foyers de glace comme ma mère ? A moins que cela n'ait strictement rien à voir car après tout tout les Azgeda ne mourraient pas ainsi. Seulement les morts brutales étaient plus répandues sur les terres hostiles de la nation des glaces qu'ailleurs car la nature ne nous avait jamais fait de cadeaux et que nous n'en faisions par conséquent jamais à personne. Il y avait bien peu d'anciens dans nos rangs alors ces derniers étaient littéralement vénérés.

Car après tout pour survivre aux guerres régulières de notre clan, aux affres de la nature prédatrice et aux températures tellement basses que le peu de végétation poussant ici se révélait aussi coriace et agressive que tout le reste il fallait nécessairement avoir une force sans pareille et les faveurs de Thanor et de son épouse Khalass. Ce qui pouvait sembler paradoxal eu égard à la mentalité implacable et méprisante des faibles de mon clan mais qui était pourtant bel et bien une réalité. Mais, il était tout autant probable que sa mère soit décédée de tout autre chose. Peut être bien lors d'un accouchement. Après tout mettre au monde un enfant n'était pas sans danger pour les femmes de notre clan et quand bien même la mortalité infantile n'était pas si élevée que cela les guérisseurs et les guérisseuses ne pouvaient parfois pas faire de miracles. Si Eija n'était pas orpheline comme je l'avais été de mes deux parents, elle avait néanmoins connu la perte amère d'un lien familial essentiel bien trop tôt.

Et je me demande en cet instant si sa perte à elle n'avait pas été bien pire que la mienne car quand bien même j'aurais bien aimé avoir plus de temps pour connaître Asmodée et Idris et savourer la fierté dans leurs regards sur ma personne je conservais quelques souvenirs heureux de ma petite enfance. Les contes de mon père et les cadeaux que ma mère me rapportait de ses longs voyages. Je ne regrettais pas et ne ressentais qu'une très grande fierté pour mes défunts parents. Ils avaient été deux Azgedas qui étaient morts pour le royaume un véritable modèle à suivre. Je me demande si sa perte bien que partielle n'avait pas été en réalité bien pire que la mienne car j'avais malgré tout grandi dans une famille soudée, unie et aimante. Mon oncle et son épouse étaient devenus logiquement mes propres parents et mes cousines et mon cousin mes sœurs et mon frère. La complicité était évidente dans nos chamailleries, nos regards et nos gestes tandis que la relation entre Eija et la famille de son père semblait teintée d'indifférence et celle entre sa fille et le guerrier teintée de tension latente. Non, sa famille ne semblait pas unie du moins Eija ne semblait pas unie à sa famille pour des raisons que j’ignorais et qui ne me regardais de toute manière pas vraiment.

Une effluve d'alcool flottait dans l'air réchauffé par l’âtre dans lequel crépitait un bon feu et aux rires bruyants d'Asmaar et du père de ma promise, je devine que cet alcool a déjà descendu quelques gosiers asséchés. Autour de nous les discussions vont bon train et je tente de m'imaginer ainsi au milieu de ma belle famille mais n'y parviens pas vraiment. Tout cela semble tellement artificiel et dénué de sentiments. Parfaite image de ce que nous autres Azgeda sommes. Des guerriers, des chasseurs, des combattants aux cœurs froids et hostiles. Je note les regards en coin se voulant discrets de la majorité des membres de nos deux familles présentes. Ceux de mes cousines ont changés de nature. Désormais ils sont compréhensifs et compatissants sur ma personne. Sangar fidèle à lui même se paie ma tronche. Asgaard me pousse du regard à me montrer entreprenant et insistant ne comprenant probablement pas pourquoi pas un si féroce guerrier que moi ne l'était pas tout autant en cet instant. Meliara me couve d'un regard de fierté commun à toutes les mères. Un regard presque ému qui me pousse à réprimer un soupir. Rien n'est encore fait et je ne doute pas qu'Eija fera tout ce qu'elle peut pour échapper à notre mariage. Je ne lui en veux pas bien au contraire.

Je la comprends aisément. J'aimerais lui promettre que je lui donnerais une famille bien plus solide et aimante que la sienne, que je la protégerais envers et contre tout et qu'elle sera ma seule préoccupation mais je ne sais pas si j'en serais capable. Si je serais capable de respecter cette promesse tant mes aspirations personnelles sont éloignées d'une vie de famille paisible et réconfortante. Je suis un guerrier, l'amour du combat et l'ardeur du sang coule dans mes veines. Je suis ainsi fait. Serait elle capable de l'accepter. Rien n'est moins sur. Je reporte mon attention sur le petit frère de ma promise qui me menace de représailles terrifiantes si jamais je venais à faire du mal à sa sœur. J'éclate d'un rire sonore et bruyant avant de répondre au garçon : Tu peux garder ta flèche Axom. Je suis un homme de parole. Je te remercie de ton approbation. Echo a bien de la chance d'avoir un prétendant comme toi.

Je me retiens d'ajouter et ta sœur a bien de la chance d'avoir un frère protecteur comme toi. D'ailleurs s'il y a bien une chose d'évidente c'est que la relation de cette fratrie est fusionnelle. Est ce pour cela qu'Eija est si hostile à notre union ? Ma promise congédie son petit frère et le fait glisser de ses genoux. J'ébouriffe la touffe de cheveux du gamin et le regarde filer d'un pas énergique. Puis Eija me confirme que nous ressentons la même chose vis à vis de notre exhibition commune. Elle a raison les regards ne se font même plus discrets comme si ils attendaient tous quelque chose de nous. Ma promise se lève, me tend la main et me dit que nous serons plus à l'aise ailleurs. Elle a raison alors j'accepte sa main tendue et me lève à mon tour. Dans la petite pièce, les murmures vont bon train. Qu'ils s'imaginent ce qu'ils veulent. Je te suis. Nous nous dirigeons vers l'entrée et je renfile de la fourrure supplémentaire sur mes épaules avant de passer la sienne sur celles d'Eija. Je peux deviner les regards de satisfaction dans mon dos mais je m'en moque, je ne le fais pas pour eux, ni même pour moi. Une fois dans l'air glacial de ce début de soirée à Orst, je lance à ma promise : Et si nous marchions un peu ?

A Love Affair Without Love ft. Eija

Ʃkaemp はは ™

EIJA + ASLAN

alliance matrimoniale non désirée

Eija observe Axom slalomer entre ces inconnus tout en les regardant avec sa curiosité habituelle. Elle garde en mémoire les paroles qu’il a dites à Aslan et sait très bien qu’il serait capable de faire une chose pareille s’il avait une raison de le faire. Il est très protecteur malgré son jeune âge et certains ont déjà eu à faire à quelques coups de pieds et même une morsure en ce qui concerne leur père, un jour où il a levé la main sur Eija en présence d’Axom. Mais c’est elle l’ainée, c’est à elle de veiller sur lui et tout ce qu’il se passe aujourd’hui lui montre qu’elle va finir par échouer si elle ne fait rien pour empêcher ça. Elle ne peut se résoudre à laisser Axom à leur père, parce que si elle a réussi toutes ces années à faire en sorte que le petit garçon ne soit jamais frappé, elle ne pourra plus empêcher les coups si elle ne se trouve plus dans la maison. Mais Eija prend aussi les menaces de son père en compte parce qu’elle sait qu’il serait capable d’éloigner son frère si elle refuse d’épouser Aslan. Elle est coincée et elle n’a pas un million de solutions pour échapper à tout cela.

Et elle n’aime pas tellement l’ambiance dans la maison actuellement. Les rires bruyants, l’alcool, les discussions un peu lourdes que peut parfois avoir son père – et qui ne devraient décemment pas arriver jusqu’aux oreilles d’Axom – et tout le reste. Elle a bien vu les regards des jeunes venus avec Aslan, de ces deux filles qui l’observent d’un œil compatissant et de l’homme qui semble se moquer. Elle comprend, il y a sans doute de quoi rire en les regardant tous les deux tout en sachant ce à quoi ils sont destinés. Et surtout en voyant à quel point ils semblent gênés. Parce que Eija est loin d’être à l’aise avec les hommes et elle le prouve encore une fois aujourd’hui, mais elle a grandi avec un homme qui n’était pas forcément le plus aimant des pères et avec l’image de ses amis, camarades de batailles, un peu bourrus et pas toujours très sympathiques. Alors elle se méfie toujours un peu et ne sait jamais trop quoi dire, encore moins maintenant alors que des regards appuyés se posent sur elle. Eija a presque l’impression que tous ces gens attendent quelque chose, un geste ou une parole quelconque, mais elle n’a pas forcément envie de tout cela.

Alors ça lui parait logique et normal de proposer à Aslan de s’éloigner de toute cette agitation, de ces regards inquisiteurs et, surtout, de son propre père. Elle ne l’exprimera pas de cette façon mais l’homme pourra le prendre comme il le souhaite, de toute façon Nikko connait l’avis d’Eija sur ce mariage forcé et elle sait qu’il ne fera rien à Axom ce soir, avec des étrangers dans la maison. Alors elle est plutôt soulagée quand Aslan accepte sa main tendue et accepte de la suivre à l’écart de tout cela, à l’écart de ces murmures qui viennent de commencer et qui n’en finiront sans doute pas à moins qu’ils sortent de cette maison. Alors elle se laisse entrainer jusqu’à l’entrée et remercie Aslan lorsqu’il passe sa fourrure sur ses épaules, avant de le suivre jusqu’à l’extérieur, se prenant l’air glacial de Orst’ dans le visage. Mais ça ne la dérange pas, elle a l’habitude de ce froid et l’extérieur lui semble bien plus chaleureux à cet instant que l’intérieur de la maison.

Et elle hoche doucement la tête à la proposition d’Aslan, ouvrant la marche dans l’épaisse neige du village avant de finalement lever les yeux vers lui après quelques secondes. « C’est mon père qui souhaite ce mariage. Ma mère était plus jeune que moi lorsqu’elle l’a épousée et il doit penser que j’ai atteint l’âge de quitter son foyer. » Même si elle sait qu’il y a sans doute plus que cela en jeu dans ce mariage arrangé. « Tu sembles être quelqu’un de très gentil et je ne doute pas que tu ferais un très bon époux, mais me marier signifierais pour moi de devoir laisser mon frère. Et je ne peux pas faire ça. » Concrètement, elle n’est pas contre ce mariage même si elle apprécierait plutôt épouser quelqu’un qu’elle aurait choisi elle-même, mais l’idée de devoir être séparée de son petit frère l’horripile.

L'ambiance chaleureuse de la petite maisonnée réchauffée par la présence de deux familles sans compter le feu de l’âtre brûlant ne semble pas plaire à ma promise qui me propose de quitter les lieux pour un peu plus d'intimité. Quand bien même je ne crache pas sur une bonne bouffée de chaleur et un gobelet d'alcool de temps en temps je dois confesser que le fait de me trouver au cœur d'une exhibition malsaine ne me plaît pas plus que cela. Ce n'est pas que les regards insistants me gênent en soit, je peux les outrepasser avec une outre cuisante indifférence en temps normal. Mais en cet instant il est aisé de deviner les pensées faisant tourner les méninges des uns et des autres. Le père d'Eija doit sûrement penser quelque chose comme je vais enfin pouvoir me débarrasser de cette insolente. Les regards peu amènes qu'ils échangent en dit en effet long sur leur relation père fille qui semble bien conflictuelle. Les tantes de ma promise doivent probablement se dire que je fais un bon parti vu les regards appréciateurs et satisfaits qu'elles me lancent.

Je préfère ne pas imaginer qu'elles puissent se dire que si elles se trouvaient à la place de ma promise, si elles avaient une dizaine d'années de moins elles se montreraient bien moins farouche. Les oncles d'Eija en bons guerriers vétérans semblent jauger mon potentiel non pas de futur mari voire de futur père mais bien de combattant ce qui ne semble pas vraiment le sujet premier en cet instant. Quant à ma propre famille mon oncle devait probablement être satisfait que je me plie à sa volonté de mariage arrangé. Je ne sais pas vraiment ce qui avait pu conduire Asgaard à passer un tel marché avec le père d'Eija mais la satisfaction brillait dans son regard. Il risquait de déchanter bien assez vite. Si épouser Eija ne me posait pas de problème particulier. L'inverse n'était pas franchement vrai et je ne comptais certainement pas la forcer à le faire d'une manière ou d'une autre.

Meliara elle devait se dire ce que les mères se disaient toutes. Mon petit a grandi trop vite à moins qu'elle ne s'imagine déjà avec une multitude de petits enfants. Allez savoir. Sangar se disait probablement que j'avais de la chance d'avoir une promise aussi désirable et que la gène qui nous entourait était hilarante, que pour des futurs compagnons nous étions bien formels entre nous. Ardath et Dakiva devaient probablement nous plaindre tous les deux. Plaindre Eija car elle aurait pu mieux tomber, je n'étais pas vraiment le meilleur candidat possible pour une union. Et me plaindre moi parce qu'elle savait à quel point je n'étais pas prêt pour cela. Tout ces regards braqués plus ou moins sur nos deux personnes, toutes ces pensées tacitement explicites rendent les lieux encore plus étouffants qu'ils ne l'étaient déjà. Alors j'accepte avec joie de quitter la demeure de la famille d'Eija pour me retrouver seul avec elle. Ce qui devrait nous permettre d'avoir une discussion sincère au sujet de cette situation indésirable pour l'un comme pour l'autre. Avant de passer la porte je passe machinalement un épais manteau de fourrure sur les épaules de ma promise qui me remercie gentiment. Dans notre dos je décèle les remugles d'alcool fort planant dans l'atmosphère. Les rires bruyants et les blagues graveleuses des hommes dans la vaste pièce. Des blagues pas franchement très fines qui font également rire les tantes d'Eija et Meliara.

Je ne leur en veux pas vraiment. Si je ne me trouvais pas dans la position dans laquelle je me trouvais j'aurais probablement rit moi aussi. Alors je ne peux pas leur jeter la pierre. Seulement c'est véritablement gênant dans le cas présent. Car Eija est aussi mal à l'aise avec les hommes que je ne le suis avec la gente féminine et puis ce n'est pas correct de raconter ce genre de chose même sur le ton de la rigolade alors qu'Axom n'est encore qu'un gamin innocent. M'enfin, cette ambiance pesante est derrière nous lorsque la porte se renferme doucement sur la maison. Le vent glacial d'Orst fouette mon visage mais en cet instant il est doux comme une caresse tant je suis soulagé d'avoir mis de la distance entre ma famille et ma belle famille potentielle et moi. Me trouver au milieu d'eux ne me rappelle que trop brutalement ce qu'ils attendent de moi, de nous. Alors je resserre la fourrure sur mes épaules et inspire une grande goulée d'air glacé. Eija passe devant moi et ouvre la marche.

Je la suis et reste dans son sillage creusé dans la neige avant de me porter à sa hauteur et de l'écouter m'exposer les raisons de ce mariage arrangé et celles pour lesquelles elle est si déterminée à s'y opposer. Je l'écoute en silence et esquisse une moue amusée lorsqu'elle affirme que je ferais un non époux avant de répondre : Ta relation avec ton père semble bien compliquée Eija. Je pense qu'il souhaite en effet se débarrasser de toi. Il est vrai qu'à nos ages certains jeunes ont déjà des compagnes et des compagnons. Mais rien ne nous y oblige si nous ne le souhaitons pas. J'ai compris que tu étais très proche d'Axom et je trouve cela parfaitement normal. C'est une très bonne chose et il a beaucoup de chance de t'avoir. J'imagine que ton père cherche à te séparer de lui pour qu'il puisse le façonner à son image. Je prends le temps de réfléchir à la suite de mes paroles tout en marchant à coté de la jeune femme. Je finis par reprendre en me tournant vers elle : Pour ma part t'épouser ne me poserais aucun problème bien au contraire. Seulement je refuse de te forcer à quoi que ce soit. Je comprends les raisons te poussant à refuser de te marier. Mais comment comptes tu y échapper ? Nous sommes coincés. A moins que quoi ? Que nous fassions semblant d'accepter le mariage pour émousser la vigilance de nos proches . Et après ? L'un de nous deux devra quitter Orst'. Cela me paraît inenvisageable.

A Love Affair Without Love ft. Eija

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EIJA + ASLAN

alliance matrimoniale non désirée

En sortant de la maison familiale, Eija se demande un peu ce qu’elle est censée faire. Elle sait qu’elle n’a pas vraiment le choix et que si elle refuse de faire ce mariage, son père mettra ses menaces à exécution et ça, elle ne peut l’accepter. Elle a passé les sept dernières années à s’occuper de son petit frère et à éviter que leur père ne lève la main sur lui ou ne finisse par les séparer tous les deux, alors elle n’a pas vraiment envie de voir Axom lui échapper aujourd’hui. Mais accepter ce mariage voudra dire qu’elle devra se séparer de lui dans tous les cas et ça, elle le refuse. Elle se rend compte qu’elle est un peu acculée au mur et qu’elle n’a pas trente-six choix possible, alors elle essaye d’être honnête avec Aslan et de lui expliquer, de son point de vue, pourquoi elle ne peut accepter ce mariage. C’est risqué parce qu’il pourrait être du même avis que sa famille et peut-être même la balancer à son père, mais elle tente quand même.

Et elle est plutôt surprise de l’entendre lui répondre qu’en effet, son père essaye sans doute de se débarrasser d’elle avec ce mariage mais qu’ils n’ont pas à accepter une telle proposition s’ils ne le souhaitent pas. Alors Eija comprend qu’elle n’est pas la seule à ne pas vouloir de ce mariage arrangé – et forcé – et que lui non plus ne semble pas être tellement pour tout ça. Et elle esquisse un petit sourire. « Je suppose qu’il doit me voir comme un boulet attaché à son pied que comme quelqu’un de réellement utile. Je ne suis pas vraiment ce fils qu’il souhaitait voir devenir un grand guerrier d’Azgeda. » Et peut-être que le fait que Axom ne montre pas non plus particulièrement d’enthousiasme à l’idée de se battre dérange aussi leur père. Mais Eija s’en fiche, elle ne veut pas que son petit frère soit jeté dans une bataille et perde la vie pour des idioties, pour la fierté d’un père qui n’en a jamais vraiment été un pour son fils. « Je pense que tu as raison, qu’il attend que je parte de la maison pour jeter Axom dans un entrainement un peu plus poussé et pour faire de lui un parfait petit guerrier. » Et elle grimace légèrement. Elle connait les convictions de son père pour tout ça, de cette fierté qu’il aimerait éprouver en voyant l’un de ses enfants devenir un guerrier. Eija ne l’a jamais vraiment rendue fier de toute façon, lui qui voulait avoir un fils en premier né et qui a fini par l’avoir elle, puis par avoir trois autres petites filles qui n’ont pas survécus. Alors il a fini par se faire à l’idée et par lui apprendre rapidement le maniement des armes et le tir à l’arc, sans réellement se dire qu’un jour sa fille pourrait devenir une guerrière à son tour. Pourtant, elle aurait aimé ça et elle l’a souvent demandé lorsqu’elle était petite fille, mais l’arrivée d’Axom a changé beaucoup de choses. Et Eija a arrêté d’essayer de devenir une guerrière pour devenir une sorte de maman pour ce bébé.

Elle réfléchit aux paroles d’Aslan et surtout à sa question. Elle y a pensé ces derniers jours et à part le fait d’attraper Axom sous son bras et de quitter le village – en espérant que son père ne la poursuive pas – elle n’a pas vraiment de solution à proposer. Elle est coincée. Ils sont coincés, pour reprendre les paroles du jeune homme à ses côtés. « J’ai pensé à fuir, mais ça ne durerait qu’un temps. Je ne doute pas que mon père finirait pas envoyer des gens nous retrouver et vivre caché n’est pas une solution. » Elle n’avouera pas qu’elle a aussi pensé une fois - une seule petite fois – à faire en sorte que son père ne soit plus là pour proposer de telles choses idiotes, mais elle a bien vite chassé cette idée de sa tête. Déjà parce qu’il s’agit ici de son père et que même s’il n’a jamais été vraiment aimant et attentionné, et qu’il a souvent levé la main sur elle, il reste son père. Mais surtout parce qu’elle sait très bien qu’elle n’aurait pas la force de faire une telle chose. Elle ne tiendrait pas trente secondes face à lui de toute façon. Il y aurait bien une autre solution éventuellement, une qui lui permettrait de satisfaire son père mais d’y trouver son compte aussi. Alors elle s’arrête de marcher et se tourne vers Aslan. « Accepterais-tu de prendre mon petit frère sous ton toit si j’acceptais de t’épouser ? » Eija est prête à faire beaucoup de sacrifices pour lui et c’est sans doute cela qui finira par la pousser à sa perte, mais si elle peut trouver une solution qui plaira à tout le monde, elle le fera. Même si cela insinue qu’elle perdra un peu de sa liberté et qu'elle devra renoncer à certaines choses. « En promettant d’être une bonne épouse et une bonne mère. »

Là dans le froid glacial des terres de mon clan, je me sens bien. Bien mieux que dans la chaleur embarrassante presque étouffante du rassemblement familial de tout à l'heure. Je ne dédaigne pas me trouver dans une maison ou l'ambiance est telle que nous l'avions laissé mais en cette soirée tout est différent. Tout est différent parce que je ne suis pas sur de vouloir me montrer à la hauteur des attentes de tous ces gens, de ma famille et de la sienne. Parce que je n'ai jamais ressenti le besoin de m'intéresser plus que cela à la gente féminine. Pendant que les autres jeunes hommes du clan dont mon cousin poursuivaient les plus belles filles du clan des glaces de la capitale de leurs assiduités, je m’entraînais encore et encore sans jamais me plaindre pour arracher le droit de faire partie de l'élite du clan. Pour arracher ma place de futur capitaine de la garde royale aux prix d'efforts immodérés et d'une dévotion à un idéal complète et ne souffrant aucune ambiguïté. Quand les jeunes gens de mon age vivaient tout simplement, je ne le faisais pas. Uniquement concentré sur l'apprentissage exigeant de Draen je n'étais qu'une ombre dans le clan qui se contentait de s’entraîner encore et encore jusqu'à l'épuisement.

Cette perspective de mariage qu'il soit forcé ou non mais il l'était assurément remettait ma vision des choses en cause non pas que j'abandonnerais mes objectifs d'intégrer l'ordre guerrier le plus prestigieux du clan. Je n'avais de toute manière nullement le choix. Lorsque l'on est choisi par le capitaine de la garde en personne on ne peut pas refuser le rang qui nous est offert. Si ma vision des choses était remise en cause c'était parce que je ne me voyais pas moi dans un rôle d'époux et encore moins de père. L'avenir allait me donner tord sur ces deux points mais pour l'heure je n'étais qu'un jeune homme particulièrement inexpérimenté dans le domaine des sentiments que l'on propulsait tout à coup face à la réalité conjugale. Pour tout dire j'étais plus effrayé en cet instant que je n'aurais pu l'ètre face à un prédateur au milieu du désert glacé de la nation des glaces ou même bien pire face à mon mentor dans un combat à armes réelles au cours duquel me blesser était le cadet de mes soucis tant Draen ne me faisait pas de cadeaux. Je ne savais pas comment agir correctement ou comment je devrais le faire si cette relation venait à se concrétiser. Ah pour se payer ma tronche Sangar était le premier mais pour conseiller son cousin il n'y avait plus personne.

Je me consolais en me disant que je n'étais malheuresement pas le premier à vivre un mariage arrangé. Bien maigre consolation. D'autre part, ma promise Eija semblait être quelqu'un de bien, une personne avec une belle âme comme disaient les anciens. Nul doute qu'elle avait la fibre maternelle vu sa relation avec Axom et pour finir elle était d'une beauté époustouflante et si je ne m'en rends compte que maintenant c'est bien parce je n'y avais pas prêté plus d'attention que cela dans l'atmosphère lourde que nous avions quitté. Sa peau diaphane et délicate, ses yeux marrons et ses lèvres si fines et attirantes en même temps. Je commence à comprendre pourquoi les garçons du clan passent autant de temps à s'attirer les faveurs des jolies filles. Je peux presque entendre la voix sévère de Draen me rappeler que si les autres voulaient réfléchir avec leur bas ventre cela expliquait certainement en partie pourquoi ils ne feraient jamais partie de la garde royale. Je me reprends bien vite et constate la surprise sur les traits de ma promise lorsque je lui annonce que je pense effectivement que son père souhaite ne plus l'avoir dans ses pattes pour pouvoir modeler son frère à son image. Je me contente d'un hochement de tète lorsqu'elle répond qu'il devait la voir comme un boulet. Je lui réponds : Mais tu es bien plus jolie qu'un fils. Et tous les guerriers ne deviennent pas des légendes d'Azgeda. Malheureusement notre culture est telle que la plupart des guerriers aspirent que leurs descendants atteignent la gloire éternelle dans le sang. C'est ce qui fait la force de notre clan à mes yeux seulement tous ne sont pas faits pour le combat. Et ça bien peu savent l'accepter.

Je l'écoute reprendre sur le sort qui attend vraisemblablement le petit frère de ma promise. Axom n'a pas l’âme d'un guerrier cela se sent. Il pourrait bien évidement en devenir un malgré tout seulement un guerrier qui n'aime pas le sang, le fracas des armes et l'ardeur de la bataille n'est pas un bon guerrier ce qui réduit ses chances de survie à bien peu de choses. Les guerriers n'aimant pas se battre et tuer sont bien plus de la chair à canon qu'autre chose alors je comprends l'inquiétude et l'état d'esprit de la grande sœur aimante et protectrice qu'est Eija. Axom ne mérite pas cela. Il ne mérite pas de se faire façonner à coups de poings ayant pour vocation de rentrer dans le rang. Le clan des glaces compte bien suffisamment de jeunes et d'enfants n'aspirant qu'à devenir des combattants des glaces dans ses rangs pour que le petit frère de ma promise ne soit pas contraint de subir le féroce apprentissage de tout soldat de l'armée royale. Ma promise grimace légèrement comme si elle pouvait déjà voir ce futur sombre pour Axom et je me rapproche de quelques pas presque instinctivement sans même savoir pourquoi je le fais.

Je lui réponds : Oui, j'imagine que c'est tout ce qu'il attend, de pouvoir enfin entamer l'apprentissage d'Axom et vu sa nature assez douce cela risque d’être dur pour lui. Je sais que j'aurais plutôt du tenter de rassurer Eija mais je ne suis pas ainsi fait. Je dis les choses et ne suis véritablement pas très doué pour les interactions sociales. Qui voudrait de moi comme époux ? Je détourne le regard et le laisse planer dans le vide jusqu'au moment ou ma promise reprend la parole pour m'annoncer qu'elle avait déjà pensé à fuir mais qu'elle ne voyait pas la fuite dans un autre coin d'Azgeda comme une solution viable. Elle avait raison son père ne semblait pas être le genre d'homme à abandonner et cela serait encore pire après. L'exil définitif hors du royaume était inenvisageable. Malgré cette situation épineuse Eija et Axom restaient des Azgedas et leur place était par conséquent ici. Nous étions bel et bien coincés. Condamnés à réaliser la volonté de nos familles. Le silence s'installe entre nous car nous n'avons ni l'un ni l'autre de réponse à formuler. Cette chape de plomb qui nous entoure se dissipe légèrement lorsque Eija s’arrête et se tourne vers moi. Elle plonge ses yeux dans les miens et me demande si j'accepterais de prendre Axom avec nous si elle acceptait de m'épouser. Je prends quelques instants pour réfléchir avant de répondre dans la foulée : Oui je l'accepterais Eija. Cela ne me pose pas de problème qu'Axom vienne vivre avec nous mais cela ne plaira pas je peux te l'assurer. Je suis persuadé que tu feras une bonne épouse et une bonne mère. Je ne sais pas vraiment si je pourrais pour ma part être un bon père et un bon époux mais je te promets d’essayer de faire de mon mieux. Tu ne me verras peut être pas beaucoup par ailleurs. Je m'approche de ma promise et pose une main sur sa joue dans un geste se voulant affectueux. Tu sais qu'il va falloir batailler pour convaincre ton père d'emmener Axom avec nous ?

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Sujet: Re: Alliance matrimoniale non désirée PV Eija

» [Flash-Back] Guaranteed no-stress convalescence [ft. Eija]
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» eija | there are things we know, and what we cannot learn
» eija | once upon a time, i'd waited for you.
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