hold you while you break ▬ Lexa

Elle s’était endormie comme ça, tombant sous la fatigue et l’épuisement. Des choses avaient été dites qui ne pourraient jamais être niées, et des révélations s’étaient faites, pour elle, en elle. Dire qu’elle avait été également frustrée n’aurait pas été digne d’elle, alors elle ne se le dit pas. Elle s’était endormie quelques minutes après le départ de Clarke, voilà tout.  C’était ce qu’il suffisait de savoir. Tout le reste était anecdotique. Ce qu’elle pensait. Ce qu’elle ressentait. Les endroits vers les quels allait son esprit pendant cette phase de sommeil. Non, ça ne regardait qu’elle, et elle… c’était personnel voilà tout. Peut être que pour une fois elle n’avait pas passé sa nuit – ou le fugace moment où le sommeil lui était accordé – à revivre l’enlevement de Costia ; peut être que pour une fois, sa nuit avait presqu’été paisible. Presque. Parce qu’il y’avait des angoisses tout de même, des doutes, mais la fatigue, et un semblant de bonheur, un semblant de force renouvelée avaient réussi à chasser des démons. Forcement, ça ne durererait pas. Elle aurait du s’y attendre. Elle aurait du le penser. Elle aurait du le prévoir. Et surtout, avant toute chose, elle n’aurait jamais du tomber.

Elle n’entendit pas les murmures hors de sa tente, comme si son être tout entier essayait de bloquer le moment qui allait arriver, comme si ses sens lui faisaient défaut, et qu’elle n’était pas prête. Ses yeux discernèrent une lueur, et peu à peu elle senti les limbes du sommeil la relâcher au monde. Elle n’aurait pas voulu. D’ici quelques minutes, même pas, elle allait regretter la présence d’Indra dans sa pièce. Car c’était elle qu’elle entendait marcher, elle pouvait en être presque sure. Personne d’autre a part un assassin ne serait rentré ainsi et n’aurait passé Galaad. Elle réagit cependant à la présence, main et couteau tendu vers la gorge de la chef du village, sans pour autant la toucher ; et ses yeux s’ouvrirent petit à petit. Un autre de ses reflexes avait été de pousser le t-shirt de Clarke sous la peau d’ours. Loin de la vue d’Indra, du moins l’esperait t’elle. Elle avait agit vite. Ce serait suffisant.  La voix d’Indra était forte, et le cœur de Lexa tressauta légèrement. Ca n’augurait rien de bon. Sa simple présence n’augurait rien de bon. Prenant une posture moins couchée, elle s’acclimata un peu à l’obscurité, à la faible lueur de la bougie, à l’ombre d’Indra, consciente que la main sur son épaule, ne signifiait pas qu’Indra voulait un fugace câlin nocturne avant d’aller se coucher. Les contacts étaient rares, et peu de personnes n’osaient toucher Lexa.

«  Il y’a eu une attaque, des hommes de la montagne. » Elle voyait déjà TonDC re-détruite, Camps Jaha en flamme, des morts par milliers. Sa mâchoire resta crispé, elle attendit la suite. Indra semblait presque hésiter et c’était surprenant. «  Ils ont pris Clarke. »  Les galaxies dans les yeux de Lexa volèrent en éclat à ce moment précis. Et si Indra regardait bien, elle pouvait voir le moment où son cœur se fendait à nouveau. Il y’eut, l’ombre d’un mouvement, d’un tremblement, mais elle chassa le tout pour reprendre son air le plus sérieux. Le plus froid. Elle était brisée à l’interieur. C’était Costia à nouveau. C’était l’enlevement et tout ce qui suivrait. Hodnes laik kwelnes Elle le savait. Elle n’aurait jamais du. Elle se haï à ce moment précis, et si il n’y’avait pas eu la main d’Indra sur son épaule, elle aurait succombé. Elle ne pouvait pas. La main lui rappelait la présence. La présence lui rappelait qu’elle était Heda, et elle ne pouvait rien se permettre. Ses yeux, vides de toute émotion, elle tenta de fuir le regard de sa guerrière, cherchant un endroit où se poser qui ne ferait pas souffrir à nouveau ce qu’elle était. «  Comment est-ce arrivé ? » Les mots lui en coutaient énormément. Elle voulait s’effondrer. Préparer une marche sur la montagne, dont personne ne sortirait vainqueur. Elle n’avait pas le droit. Il fallait qu’elle pense avec sa tête. Il fallait qu’elle abandonne son cœur. Il fallait qu’elle soit le commandant que tout le monde attendait.

La bulle venait d’éclater. Si hier encore elle s’était surprise a espérer que le temps suspende son vol, et que les moments passés avec Clarke soient des moments volés, elle… venait de faire un frustrant et douloureux retour sur terre. Il y’avait une guerre, il n’y’avait pas de place pour l’amour. Elle devait s’y résoudre, Clarke était probablement déjà morte, ou serait utilisée comme une monnaie d’echange qu’elle ne pourrait pas accepter. Sa bulle de quiétude venait de mourir, et les mots d’Indra l’avaient frappé plus que tous les coups qu’elle n’avait jamais reçu. C’était la répétition encore et encore. Les traumatismes qui revenaient malgré elle. Elle avait tant enfoui, pour que tout resurgisse maintenant, elle ne pouvait pas le permettre. Elle ne faiblit pas. Elle ne bougea pas. Elle laissait le masque de son rôle prendre le pas sur tout ce qu’elle pouvait ressentir à l’intérieur, et elle attendit. L’explication. Indra prenait trop de temps à son gout, et Lexa savait qu’en un sens, à sa manière, la chef du trikru essayait de la ménager. Elle ne jugerait pas. Elle ne dirait rien, et elle reconnaitrait en avoir besoin, quelque part au fond d’elle. L’espace de quelques instants elle se surprit à regretter l’absence d’Anya dont les mots l’avaient déjà apaisée une fois en même circonstance, mais Anya n’était plus, et il était trop tard. Tout était trop tard. Non, elle ne pouvait pas penser ça, elle n’avait même pas le droit de céder en réalité. C’était ainsi. C’était la vie qui reprenait ses droits.

Indra raconta alors. « Ils ont attaqué Clarke et son escorte, à l’aide de ces gaz, qui endorment »  et elle, elle écouta. Calmement. Posant le couteau qu’elle avait eu en main précédemment, et s’installant mieux dans son lit, la main serrée sur la peau d’ours en espérant qe ça n’apparaisse pas comme un signe de faiblesse. «  Ils en avaient après elle. »  Son visage restait inexpressif, et si sa main se serrait sur sa peau d’ours, c’était bien la seule réaction physique qu’elle avait. Elle avait mal. A l’interieur d’elle tout brulait de douleur et d’impatience. Elle avait mal. Et son cœur se fissurait une fois de plus. Elle ne laisserait jamais plus rien paraître.  D’un geste, elle fit signe à Indra de continuer, et la regarda bouger dans la tente, à l’aise, et dénuée de ses attributs usuels. Indra devait probablement avoir été sur le point de se coucher quand la nouvelle était arrivée.

«  Teksas a été sauvé par son compagnon. C’est lui qui nous a prévenu. » L’espace de quelques secondes, elle le haït. Elle se haït aussi. Elle aurait du lui assigner Galaad. Ou Curtis. Avec eux rien jamais ne serait arrivé, parce qu’ils avaient cette … non. Peut être que ça serait arrivé. Peut être que même en sa présence ils l’auraient pris. Et pourtant, elle ne pouvaient s’empecher de culpabiliser. C’était de sa faute. C’était elle qui lui avait assigné Teksas, stupide Teksas qui n’avait pas su la protéger. C’était a cause d’elle. Elle se leva, consciente qu’elle n’avait jamais remis de t-shirt après la veille, et qu’elle était ainsi, simplement vêtue de son pantalon usuel, et des bandages qui lui servaient de sous-vetements, avec l’onguent durci sur son épaule. Indra devait déjà savoir qu’elle avait été blessée de toute façon, ce n’était pas comme si elle avait encore des choses à cacher. Sur le moment, elle s’en fichait   «  J’ai déjà envoyé un éclaireur prévenir le camp Jaha. »  Elle hocha la tête. Commencant à faire les cents pas dans sa tente, chose qu’elle ne faisait que rarement, favorisant les positions statiques quand elle parlait.

«  C’était un bonne idée. Tu as bien fait. Il faudrait également leur transmettre les décisions que nous avons prises lors du conseil, ce que Clarke devait leur annoncer. » Elle s’arreta, devant le grand coffre de voyage où elle laissait ses vêtements. «  Demain nous annoncerons la nouvelle ici. Il ne faut pas que cela cause des dissonances dans notre plan. Nous le mèneront à bien quoi qu’il en soit. » Elle se mordit l’interieur de la lèvre. N’aurait elle pas été le commandeur qu’elle aurait été déjà bien loin, en train d’attaquer la montagne, par la seule force de sa volonté. Finalement , elle se laissa tomber, assise sur le coffre. Perturbée. «  Teksas est il blessé ? »  Elle espérait qu’il souffre, mais une autre part d’elle savait qu’il avait fait de son mieux. Et si elle avait envie de s’effondrer dans les bras d’Indra et de lui expliquer à quel point elle était coupable, elle n’était pas sure qu’elle en ait le droit. Elle était Heda. Heda ne pouvait être humaine.

Elle entendait son cœur se briser à nouveau. Cependant, elle restait droite, forte, fière, et elle s’occupait de ce qu’il fallait. Elle était presque déçu c’était sur, qu’Indra ne soit venu la déranger dans son sommeil parce qu’elle savait que plus rien ne serait jamais pareil maintenant. Mais elle devait avouer qu’elle n’aurait pas aimé l’apprendre autrement. Qu’elle n’aurait pas aimé qu’on l’épargne et qu’on ne lui dise que demain quand d’autres déjà auraient été au courant. Indra savait qu’il avait fallu lui dire, et ne l’avait pas ménagé. Non, elle était allée droit au but et avait tout dit, clairement. Alors non Lexa ne pouvait pas être égoïste, et ne pouvait pas s’arreter et s’appitoyer sur elle. Plus tard peut être, quand elle serait seule et que tout serait fini elle s’autoriserait à sombrer, mais la, sur l’heure, elle était l’Heda qu’ils désiraient, et elle ne leur offrirait aucune faille dans son armure.

D’un signe de tête elle acquiessa les décisions rapides d’Indra, qui s’illustrait encore par son efficacité, et elle enchaina. Elle gardait en tête les priorités qu’elle devait avoir. Ce que l’on attendait d’elle. Il y’avait leur peuple et les skaikru a sauver, et les skaikru restant seraient d’ailleurs probablement beaucoup plus agités à l’idée de sauver Clarke désormais. Il faudrait bien sur qu’ils se modèrent, se tempèrent même. Si elle ne cédait ni à la tristesse ni à la panique, elle en attendait de même de la part de tout le monde. Point. « Cela ne changera rien au plan Heda, si vous le décidez de la sorte. Les guerriers vous suivront. » Elle se leva, - comme si elle ne tenait vraiment plus en place - « Bien sur qu’ils me suivront. Ce plan me semble toujours la meilleure solution, il ne faut pas que nous laissions voir à la montagne qu’ils nous ont affaiblis. Elle haussa le ton, le regard fier. Car ce n’est pas le cas. » Elle fixa Indra, perdant ses yeux dans ceux de la grande femme noire. Elle était determiné, elle ne pouvait failli, et pour elle maintenant, l’assaut sur la montagne avait une toute nouvelle saveur. Elle combattrait, la tête haute, et sans penser à Clarke, elle sèmerait la désolation dans les rangs ennemis. Puis, elle savourerait la peur sur le visage de Cage. Puis elle savourerait le moment où son peuple dans son entièreté mourait. Elle ne ferait pas de pitié. Pas d’états d’ame. Et elle compterait sur ses soldats pour faire de même.

L’heure était cependant a autre chose. Non, elle ne s’inquietait pas pour Teksas – ou plutôt ,elle s’inquietait mais elle était légèrement aveuglée par la colère sur le moment. Il fallait que quelqu’un paye, et elle était trop raisonnable pour le faire payer lui. Deux sentiments contradictoires. Elle souffrait à l’interieur. - »Voulez-vous qu’il soit puni pour son manquement ? » Elle soupira longuement. Bien sur, en tant qu’Heda elle aurait pu exigé qu’il soit puni. Elle aurait pu le punir elle même. Elle voulait qu’il souffre comme elle était en train de souffrir, mais il souffrait déjà. Elle se doutait qu’il avait du combattre, ou qu’il l’aurait fait si il avait pu. Mais elle lui avait fait jurer de protéger Clarke au péril de sa vie, et il était la, alors qu’elle, elle n’y était pas. Alors oui, il méritait peut être une punition. Les skaikru apprécieraient, ça souderait un peu plus l’alliance. Et ça la soulagerait. Mais n’était-ce pas subjectif ? N’était-ce pas parce qu’elle, avait besoin d’evacuer… ? Elle secoua la tête. « Qu’est ce que tu ferais toi ? » et qu’aurait fait Anya ? Qu’auraient ils fait si c’était elle, que Teksas avait perdu ? Elle fronça les sourcils. « Si ça n’avait pas été Clarke, mais moi. Que serait il advenu de Teksas ? Je suppose qu’il t’aurait incombé de prendre la décision. » Et peut être qu’elle essayait de se débarrasser d’un peu de…. Ses devoirs ? Parce qu’elle était perdue. Parce qu’elle savait qu’elle devait agir en commandeur mais qu’elle avait des doutes sur la façon de devoir le faire maintenant. Elle aurait voulu être meilleure, pour son peuple. Pour Clarke.

« Vous êtes fortes, Heda. Vous ferez bien ça. » Et Indra le savait. Indra savait ce qui se passait. Elle ne savait peut être pas tout, elle ne savait peut être pas le lien qui s’était tissé, ni les mots qui avaient été dit, elle ne pouvait pas savoir que Lexa avait senti son cœur battre à nouveau quand Clarke lui avait promis de revenir à elle, elle ne pouvait pas savoir ce qui s’était passé… Mais elle savait qu’il y’avait quelque chose. Qu’il y’avait une sorte de tissage entre les deux leader. Et c’était suffisant. Elle essayait peut être de l’encourager. Mais quelque chose en Lexa lui disait qu’elle ne savait pas tout, qu’elle n’osait peut être pas tout supposer ? « Mais il n’y a pas de mal, pour vous, de reprendre votre souffle. » Ce fut de trop peut être. Elle s’arreta. Tout.

« Je ne sais pas si j’en suis capable. » Et c’était ça. C’était dit, alors qu’elle restait droite au milieu de la pièce, comme une statue figée, tandis qu’elle se liquéfiait totalement à l’interieur. « Je ne sais pas si j’en suis capable une seconde fois. » Elle clarifia. Tout ce qui était à comprendre était dit dans cette simple phrase.

« Si ça avait été vous, je l’aurais tué, lentement, pour payer son affront » La fidélité et la dévotion dont Indra faisait preuve a son égard était satisfaisante. N’aurait elle pas été dans cet état la, pathétique et brisé, elle aurait même dit que c’était appréciable. Mais voilà, elle n’était pas dans son état normal. A peine réveillée d’une nuit paisible, tout ce qu’elle avait esperé pouvoir bâtir la veille avait volé en éclat en quelques mots a peine. Alors non, elle ne se satisferait qu’une fois que la montagne serait tombée, non, elle ne ferait pas preuve de clémence et non, elle… Elle ne savait plus. Son esprit n’arrivait pas à rester concentrer, c’était comme si son corps tout entier refusait de subir a nouveau ce qu’il avait subi bien des années auparavant. « Mais Clarke kom skaikru n’est pas vous, Heda. » C’était vrai. Douloureusement vrai. Si elle avait été elle, Clarke aurait eu deux gardes, plus de gardes. Si elle avait été elle, Clarke aurait su se défendre et aurait connu la terre. Elle se mordit la lèvre et laissa Indra continuer. Elle se doutait d’où allait en venir sa conseillère, elle ne préconisait pas la mort, juste le fer. C’était déjà beaucoup. Ca serait douloureux. Mais ils avaient tous déjà eu à leur tour leur lot de blessure. Ce n’était pas tant le blesser pour sa désobéissance, non, il avait obéit, c’était le blesser parce qu’il avait échoué. En écho aux marques qu’il portait, qu’ils portaient tous fièrement quand ils accomplissaient un acte de bravoure. « Le fer ce sera alors. Je le ferais. » Il était commun que ce soit Heda qui applique les sentences quand elle était la, et quand elle était plus ou moins concernée. Ca ne serait pas facile. Elle ne le ferait pas de gaité de cœur. Elle soupira, baissant un peu les yeux. « Ne devrais-je pas subir la même sentence, car j’en suis également fautive. Lui accorder la garde de Teksas était mon choix. Il était vraisemblablement mauvais. » Elle tourna la tête. « Ce sont mes décisions qui sont en cause. Je devrais être également punie. » Elle allait chercher trop loin peut être. Mais elle était perdue. Elle s’était perdue. Heureusement Indra serait la pour la remettre sur le droit chemin, c’était la seule solution. Elle ne pouvait pas… continuer comme ça ?

Et pourtant elle essayait. Elle essayait jusqu'à ce qu’elle ne baisse les bras. Jusqu'à ce qu’elle n’annonce tout de go à Indra qu’elle ne se sentait pas capable de revivre l’horreur de la perte. Deux doigts saisirent son menton, lui relevèrent le visage. Elle ne savait pas spécialement comment elle devait le prendre, comment elle devait réagir, mais elle lisait en Indra et elle voyait sa force, elle y trouvait du courage dans les silences et les nons dits. « Vous en êtes capables. Vous l’avez déjà fait une fois. » Elle se mordit la lèvre pour ne pas dire Justement. Pour ne pas dire qu’elle ne voulait plus revivre cette douleur. Pour ne pas dire qu’elle faisait encore, la nuit, des cauchemars, où elle revoyait la tête de Costia venir à elle. Qu’elle faisait encore des rèves où elle arrivait à temps pour empêcher l’enlevement, qu’elle faisait des songes où le passé était différents, ou Costia était resté l’apprentie soigneuse qu’elle voyait de loin, et qu’elle était toujours en vie parce qu’elle ne lui avait jamais parlé. Elle n’avait pas besoin de le dire. Ce n’était pas Indra qui l’avait ramassé à l’époque, mais elle était déjà la, elle avait su. Elle avait vu les ravages. Elle avait du savoir, peut être par Anya, ou peut être… Pas vraiment. Ce n’était pas comme si parler d’Heda dans son dos était courrant chez les terriens. Elle ne savait pas. « Cette douleur m’effraie. » N’avait elle pas assez donnée ? Une fois, n’était-ce pas assez ? N’avait elle réellement pas droit au bonheur que c’était ? Devait elle …. ?

Elle soupira. Son regard tentait de fuir, mais finalement elle fixa Indra. Ca lui faisait du bien, le calme qui émanait de la femme en face d’elle. Ca lui faisait du bien. Elle n’aurait pas supporté un regard de pitié – elle en aurait demain, elle en était sure – ou un regard accusateur – elle en aurait aussi , elle n’en doutait pas -. « C’est le prix à se laisser aller ce genre de relation. Ne le laissez pas devenir une faiblesse. » Son regard cessa de fuir, et se glaça. « Ce n’est pas ce qu’Anya aurait voulu. » A ses mots, Lexa dégagea son menton, et se remit à bouger dans la pièce. « Hodnes Laik Kwelnes. » Elle s’arreta au bord du lit et caressa la peau d’ours légèrement. « C’est ce qu’elle m’a dit, après Costia. Hodnes Laik Kwelnes. Ses paroles sont restées gravées dans mon cœur à jamais tu sais. L’amour est une faiblesse Lexa, tout ce qui sera tient quelqu’un cherchera à le prendre pour se servir de toi. Le commandeur ne peut pas se permettre d’aimer. » Elle lâcha la peau d’ours. Comme si chacun de ses gestes était erratique cette nuit, comme si elle devait tout toucher pour rester en phase avec la réalité.

Et puis elle s’arreta à nouveau, figeant sur place, et fixant Indra. « J’ai fais des mauvais choix. Ils ne se reproduiront plus. » Enfin, elle pouvait essayer de s’en convaincre… Par tous les dieux, c’était difficile d’être le commandeur. Une humaine normale aurait pu tomber dans les bras d’Indra et laisser la tristesse la gagner. Elle, elle ne pouvait espérer une étreinte.

Elle n’était pas ravie du châtiment qui allait s’appliquer à Teksas, et elle se revoyait encore, lui confier Clarke comme si elle lui confiait son bien le plus précieux. Alors oui, il était normal qu’elle considère que c’était sa faute aussi. Elle tentait, de ne pas être stupide, de ne pas reporter sa colère sur Teksas alors qu’il n’y’était pour rien, alors qu’elle savait qu’il avait probablement fait son possible, que les gaz des Mountain Men ne laissaient pas de répit. Elle savait. Mais elle refusait de le prendre en compte, parce qu’elle était blessée et qu’il fallait qu’elle trouve un moyen d’évacuer. Ca ne semblait pas plaire à Indra, mais elle ne s’en rendit compte que quand la voix presque violente d’Indra lui demandait de la regarder. Ca n’entendait aucune remarque, aucune objection. Elle s’executa. Et elle entendit les mots qu’elle n’avait pas envie d’entendre.  Dans tout ce qu’Indra disait elle avait cette impression de déjà vu, de déjà vécu. « Votre rôle n’est pas de protéger Clarke. »   Tu n’aurais pas pu protéger Costia.  Elle durcit ses épaules, tenta de chasser les souvenirs, mais ils étaient présents, brulants, et elle serra la main dans le vide, comme si une tresse de cheveux s’y était brutalement matérialisée.

« Votre rôle est de protéger votre peuple. » Indra continuait, et Lexa tant bien que mal gardait le silence, parce qu’elle savait que ce que sa conseillere lui disait était vrai, parce qu’elle savait qu’Indra avait raison, et qu’elle avait tort de penser ainsi. Qu’elle n’aurait jamais du se le permettre. Elle savait qu’elle avait fait une erreur, et ça la rongeait réellement. Elle était coupable. Ca, elle ne voulait pas l’oublier. Et quand bien même elle aurait aimé pouvoir crier qu’elle aurait voulu que ce soit son rôle de protéger Clarke, elle savait qu’elle ne le pouvait pas. Elle savait qu’elle pouvait juste profiter de ce qui avait été offert pour quelques moments. Elle attendit, laissant les mots d’Indra la marquer plus que de raison, la marquer violement comme c’était probablement le but.  Sa tête ne marquait aucun sentiment, elle laissait les mots s’inserer comme de l’encre sur une feuille, elle laissait les mots pénétrer son cœur, son ame. Encore et encore. « Mais n’oubliez pas qu’elle n’est pas des nôtres. Et n’oubliez pas que ce n’est pas vous qui l’avez attaqué. C’est la guerre, Heda. Vous ne vous êtes pas effondrée pour ceux tombés à TonDC ». Ses yeux se mirent à briller. Elle lut dans les paroles d’Indra ce qu’elle ne disait pas. Ce qu’elle pensait d’elle peut être. Elle savait qu’elle avait fait le bon choix avec le missile. Elle savait aussi, qu’elle n’avait pas le droit de s’effondrer pour Clarke, que personne ne comprendrait. Elle le savait. Il suffisait juste qu’elle essaye de tout mettre en place dans sa tête. Et oui, elle aurait aimé que Clarke soit de leur peuple, qu’elle ait droit aux honneurs des trigedakru, qu’elle… qu’elles soient libres d’être libres. Mais ça n’avait pas été le cas. Ca ne le serait jamais. Et comme le disait Indra, peut être oui que Clarke était morte, mais elle, en honneur de son peuple, en honneur des morts de TonDC elle ne pouvait pas se laisser abattre. Maintenant, elle l’avait comprit, le tout ce n’était pas de le réaliser, c’était de le faire, et ce n’était pas facile.

« Vous ne vous effondrerez pas pour Clarke. Kikon ste enti. » Elle hocha la tête un peu, sans lâcher du regard Indra et son air déterminé. Kikon ste enti. Ce leitmotiv toujours. Elle acquiessa légèrement. «  Stedaunon don gon we » C’était la suite. C’était l’avant. C’était encore ce même leitmotiv toujours. En prononçant ces mots elle approuvait ce que disait Indra, et elle tentait de laisser la force lui revenir.

Ca n’était pas facile, elle avait les discours d’Anya qui revenaient aussi dans sa tête et qu’elle répétait à Indra. Ce n’était pas facile. Elle avait déjà vécu ça. Elle s’embalait un peu peut être, elle se perdait. Et elle ne savait plus spécialement comment elle allait pouvoir faire pour survivre à tout ça. Tout ce qu’elle savait c’était qu’elle n’avait pas le choix et qu’il fallait le faire. Elle avait beaucoup bougée en parlant et désormais elle restait assise sur le bord du lit, fuyant la peau d’ours qu’elle malaxait quelques secondes auparavant. « Ce n’est interdit que si vous ne vous l’interdisez vous-même. Hodnes laik kwelnes, sha. Mais ça n’amène pas que ça. Vous devriez l’avoir déjà compris. »   Elle leva les yeux finalement, les épaules basses mais la lueur revenue légèrement dans son regard. «  Pourquoi dois tu être aussi sage ? » Elle aurait presque pu sourire, mais les circonstances l’accablaient toujours. «  Hodness Laik Uf. » Elle se leva. Decidée. Determinée. Et attrapa sans le réaliser le t-shirt que Clarke avait laissé, qu’elle lui avait empruntée en échange du sien, l’enfilant sur elle pour se couvrir. «  Comme tu l’as dis si bien, c’est la guerre, et il est hors de question que nous la perdions. » La détermination revenait dans les yeux de Lexa, comme une lueur lointaine d’espoir. Elle ne pouvait pas penser que Clarke était morte, et contrairement à Costia, peut être que cette fois, elle pourrait la sauver. Elle ferait ce qu’il fallait faire bien sur, mais plus vite l’attaque se porterait sur la montagne, plus vite ils auraient la réponse. Pour l’heure cependant elle demeurait partagée entre sa remotivation soudaine, et la tristesse, la crainte, les remords.

Profitant du silence, elle fut marquée par les mots précédents d’Indra, et brisa la quiétude quelque peu. «  Ais-je vraiment le droit de ressentir ? Le peuple n’attend t’il pas que je sois telle que je suis ? Insensible et Immouvable ? » Parfois, les avis d’Indra lui faisaient du bien. Parfois, elle avait juste besoin de se concentrer sur des paroles.

Heda était revenue, et Lexa resta patiement dans un coin, tandis que le commandeur reprenait ses droits sur son corps. Ce n’était pas vraiment un grand changement, mais c’était la, perceptible dans le regard, dans la voix, dans la façon de se mouvoir. Elle n’était pas spécialement autre, mais elle plus dure, plus determinée. L’amour n’était pas seulement une faiblesse, et Indra avait raison sur la plupart des points qu’elle avait évoqué. Peut être était il profitable qu’elle soit une Heda aussi comprehensive, et surtout qu’elle accepte de reconnaitre ses torts. Elle voulait considerer ça comme une force, la force de realiser ses erreurs, la force d’accepter ce qui était bien et qu’elle n’était qu’une enfant en ce qui concernait certains sujets. Bien sur, elle était l’une des meilleures stratéges que les trigedakru n’aient jamais connus, mais a coté de ça, elle restait jeune, trop jeune pour le poids de tout ce qui s’effondrait sur elle.  Elle était vétue désormais, et c’était dans une sorte de sourire qu’elle écoutait Indra la traiter d’enfant plus ou moins indirectement. Elle ne pouvait même pas nier, elle ne lui ferait cependant pas le plaisir de répondre, la plus agée savait qu’elle avait raison de toute façon.
Et elle semblait apprécier ce qu’elle voyait chez Lexa, qui se relevait, qui ne laisserait pas la Montagne l’abattre comme ça. Rien ne pourrait blesser le commandeur maintenant, elle voulait que ça soit clair, et si cette nuit elle s’autorisait à tomber – et tomberait peut être selon les personnes qu’elle croiserait – demain le masque serait en place pour y rester toujours. Jusqu’à ce que peut être elle puisse a nouveau croiser le regard de la fille qui parvenait à le fissurer. Si elle était morte… Et bien, le commandeur resterait le commandeur. Il n’y’avait rien à ajouter.  

La main d’Indra arrangea ses cheveux, et elle eut l’éphèmere envie de se perdre dans une étreinte rassurante, comme celle qu’une mère donnerait à un enfant, comme l’étreinte qu’Anya lui avait donné après …. Après Costia. Elle ne le fit pas. Elle ne pouvait se permettre de franchir cette limite, elle en avait déjà bien trop franchi. « Nous ne la perdrons pas Heda. Vous avez une armée, vous avez un plan, vous avez la patience. » «  Sha ». Ce fut direct. Et sa voix était assurée maintenant. «  Jus drain jus daun. La montagne tombera. » ça semblait toujours redite, mais dans leurs coutumes, dans leurs façons d’être ils avaient besoin d’être ainsi, besoin de se rassurer en se repetant le même refrain toujours.

Et puis, une fissure rapparu derière les encouragements. C’était comme si elle cherchait la validation de ses sentiments, de ses émotions. Et franchement auprés de qui d’autre aurait elle pu aller les chercher ? Ce n’était pas sa vieille guerrisseuse qu’elle fuyait, ses gardes ou… Enfin, elle n’avait personne, et si quelqu’un devait de très loin remplir un role de proximité rassurante, il en incombait plus ou moins à Indra. La question était sortie. Indra semblait perplexe ? Legerement. Et Lexa la fixa du regard, comme si elle avait peur de la perdre.   « Vous faites la loi, Heda.» Le discours était long, elle n’avait probablement jamais entendu Indra parler autant, mais ça ne cassa pas sa concentration, elle l’écouta, d’un silence presque religieux. « Quand vous aviez Costia… » Son regard vibra de tristesse, mais elle ne dit rien, serrant une main avec l’autre. « Le peuple n’a rien dit. » C’était vrai. Le peuple n’avait rien dit non plus quand la tête de Costia était revenu. Mais n’était ce pas au final parce que le peuple avait su qu’elle avait Costia, que celle-ci n’était plus… ? Elle se mordit l’interieur de la lèvre, gardant son attitude qui se voulait impassible. Indra était rassurante et tout son discours touchait Lexa plus qu’elle ne pouvait le laisser apparaitre. Elle n’avait jamais envisagée les choses de cette façon, elle s’était renfermée dans la version d’Anya «  L’amour est une faiblesse », et n’avait jamais pensé que le peuple pouvait aussi apprécier de la voir dans son humanité. Elle aimait son peuple, de tout son cœur, et jamais elle n’aurait pensé que ne pas être simplement le commandeur puisse être possible. Elle emit quelque chose qui ressemblait à une approbation. Tant pis oui, si ils n’appréciaient pas Clarke parce qu’elle venait du ciel, peut être que si tout allait bien, ils reconnaitraient que l’une et l’autre étaient des bonnes choses. Ou peut être qu’ils n’en auraient jamais l’occasion. Non. Elle ne voulait pas penser à ça.

« Vous ne devriez plus avoir à craindre de ressentir, Heda. »  Le sourire sorti cette fois, fin et léger, comme ces sourires rares qu’elle offrait quelques fois. Et se rapprochant à nouveau d’Indra qui été a coté de la table de guerre, elle serra ses bras autour d’elle pour une étreinte fugace. «  Merci. » Elle ne savait pas si elle était capable d’en dire plus.

Il suffisait parfois de quelques mots pour que l’on se rende compte à quel point on se fourvoyait, il suffisait quelques fois du conseil d’une amie, ou de quelqu’un de confiance, de l’avis d’un général, et même dans les moments les plus sombres, l’espoir revenait, avec le poids des responsabilités. Elle était Heda, et elle ne pouvait pas se permettre de se perdre plus que de raison. Parce qu’elle avait une guerre à mener et que cette guerre ne se mènerait pas sans elle. Indra le lui avait bien fait comprendre.  Et Indra avait gagné une étreinte, ce qui était aussi étrange pour Lexa que ça ne devait  l’être pour la générale. Parce que forcement, les câlins chez les terriens, ce n’était pas vraiment la chose que l’on faisait le plus. Bon, certes, Lexa avait d’avantage l’habitude, du moins c’était ce qu’elle supposait… Mais ce n’était pas non plus comme si elle avait fait des grands câlins à Clarke, non, elles avaient souvent été l’une et l’autre en position couchées sur la peau d’ours. Et puis ce n’était pas pareil. Alors bien sur quand elle était enfant elle avait été dans les bras d’Anya à plusieurs reprises, mais … Enfin elle était enfant. Tout ça pour dire que voiila, c’était maladroit, malhabile, et pas vraiment naturel. Ca ne semblait pas l’être pour Indra non plus, et quand la femme forte lui posa la main sur l’épaule, Lexa aurait pu sourire. Au lieu de ça, elle  fit cesser l’étreinte rapidement, en même temps qu’Indra se reculait.  

« Je vous resterai fidèle, même si je n’apprécie pas votre relation avec cette skaikru. »  Au moins une chose était sure, elle pouvait compter sur Indra pour dire les vérités qui pouvaient froisser à partir du moment où elle les pensait. Mais ça ne vexa pas Lexa, bien au contraire. De toutes les manières, elle était Heda, et Indra avait passé quelques minutes à lui faire réaliser que ce qu’elle ressentait pour Clarke n’était pas forcement une faiblesse, alors….  Elle hocha la tête en silence. Trop de mots auraient brisés le moment, et le calme qui commençait à s’insinuer dans son esprit. Elle ne le voulait pas. D’autant que al fatigue aussi commençait à la gagner, et qu’elle supposait que ce n’était pas un débat qu’elle souhaitait avoir. Elle était probablement la mieux placée pour savoir ce qui était bien pour elle. Ou peut être pas. Soit.

Vous devriez essayer de vous rendormir. La journée de demain sera longue. Elle lâcha un soupir. La lassitude des révélations, la tristesse, le calme, les décisions, tout se mêlant dans sa tête à ce moment précis, et elle acquiessa finalement. «  Effectivement. Et la nuit ne l’est en revanche plus trop, Va te coucher Indra, j’ai la necessité de faire de même. »  Il n’y’avait plus grand chose à dire de toute façon. Elle attendit qu’Indra sorte, ce qu’elle fit non sans lui conseiller de pas trop se torturer l’esprit, et elle s’affala sur le lit, consciente que sa nuit n’allait pas être de tout repos, mais qu’il fallait tout de même qu’elle se force à dormir. Demain serait un autre jour, Indra n’avait pas tort. Demain arriverait trop vite, mais elle espérait qu’il arrive, car cette fin de nuit serait atroce, elle ne le savait que trop bien. Alors, couchée sur la peau d’ours ,elle prendrait le temps de revoir encore et encore les plans de guerres qu’ils avaient préparés, la montagne tomberait. Et payerait pour le mal qu’elle leur faisait depuis des années maintenant.