A coeurs ouverts || Lexa

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26 décembre – pluie – ; Ils rentraient à Camps Jaha maintenant, les chevaux et les hommes n’avaient qu’une hate : retrouver un toit sur leur tête et des lits confortables. Ils ne les auraient pas de suite, Camps Jaha ne serait pas une partie de plaisir, et Lexa comprenait ceux qui déjà étaient repartis vers leurs terres, ou avaient prit de l’avance en partant vers Polis. Il y’aurait une longue conversation à avoir avec Titus la bas, elle n’en doutait pas. Ce n’était pas le moment d’y penser. Elle pensait pourtant, à bon nombre de choses. Elle pensait à Curtis qui s’occupait de chercher les rescapés skaikru, elle pensait à Sköll qui devait rentrer dans son peuple pour découvrir si il avait laissé des assassins et des bourreaux derrière lui, elle pensait à Clarke qui allait devoir gérer peut être une fois de plus une presque guerre, elle pensait à cette femme blonde avec qui elle aurait aimé échanger d’autres mots, espérant qu’elle ait enfin retrouvé sa fille, elle pensait à Feyn et Neith, la bas dans leurs clans au Sud, ignorant tout ce qui pouvait se passer. Elle pensait à ces gens qui auraient voulu rentrer plus tot pour célébrer les solstices avec leurs familles, et à Polis dont la tour devait être illuminée comme une immense bougie. Elle pensait au vent qui se levait et à cette paix qu’elle n’aurait jamais. Elle pensait, perdant son esprit sur trop de choses pour être paisible, laissant Erèbe la guider sur un chemin qu’il ne connaissait que trop.

Des bruits de sabots parvinrent à ses oreilles, et elle raidit ses épaules à nouveau, ne se relaxant que quand elle entendit la voix forte de Galaad, adoucie néanmoins pour l’occasion. Il était son garde bien sur, mais comme Curtis, comme Teksas et Eija, comme Uriel qui se frayait un chemin dans ce cercle, il était une des personnes dont elle était le plus proche. il était un ami, il était comme un frère. «  Je songe à tout ce qui se passe. » Une bourrasque amena une gerbe de pluie jusqu'à son visage, tandis qu’elle arrangeait elle aussi un peu plus sa capuche, soucieuse de ne pas heurter le bandage qui se trouvait dans sa nuque. «  Nous ne connaitrons jamais la paix. »  Et ses yeux gris de loup se perdirent dans le vide, dans l’horizon incertain. «  Je ne leur offre que guerre et conflits. »  Et elle était lasse, si lasse.

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26 décembre – pluie – ; Tu te trompes. La voix de Galaad était forte, et Lexa l’appréciait ce timbre protecteur et chargé peut être de défi. Il était ce frère qu’elle n’avait jamais eu, ce protecteur, cet homme qui était le bras armé quand elle ne pouvait pas forcement lever le sien. C’était ainsi, et elle accepta ce qu’il avait à dire, plus qu’elle ne l’aurait accepté probablement de quiconque. Il se voulait rassurant peut être. Elle hocha la tête et l’écouta malgré sa lassitude, malgré cette exténuation qui se prenait d’elle. C’était ainsi. Et si elle était lasse de cette paix qu’elle ne pouvait pas offrir à son peuple, elle savait au fond d’elle qu’il avait raison. Elle savait, que tout ne se faisait pas en un jour, ou même peut être en cent, que tout prenait du temps, et que de toute chose c’était la paix qui était la plus longue à dresser.

« Je sais. » Mais cela faisait plus de trois ans qu’elle se battait et qu’elle attendait. Comment osait il finalement lui dire cela ? Comment osait il énoncer ce qu’il disait après ? Sa main se serra en un poing sur la crinière blanche d’Erèbe, et elle plongea ses grands yeux gris dans ceux de son colosse. « Comment oses tu Galaad ? Ne crois tu pas que plus que quiconque je sache ce qu’il en est de ces sacrifices qu’il faut faire ? » Comment osait il ? Lui qu’elle considérait comme quelqu’un de proche, oser prononcer ces quelques mots, comme si il s’adressait a une enfant qui ne savait rien de ce qu’il en était ? « N’ais-je pas batti cette coalition sur les sacrifices ? N’ai-je pas signé une alliance, sur ces mêmes sacrifices, Galaad ? Alors comment, comment oses tu me dire ces quelques mots comme si je ne le savais pas ? »

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Depuis toujours, la vie de Lexa avait été emplie de sacrifice. Sacrifier son enfance pour suivre l’entrainement que tous les petits Nightblood devaient suivre. Sacrifier ses amitiés, parce qu’elle était promise à autre chose, à un destin plus grand. Sacrifier ses camarades sous le coup de ses armes, parce qu’elle devait gagner, parce qu’elle était l’élue de l’esprit du commandeur. Sacrifier Costia et ses désirs de vengeance pour une coalition en la quelle elle croyait. Sacrifier son mentor en l’envoyant lutter et comprendre ces êtres venus du ciel. Sacrifier la vengeance de son peuple entier pour une alliance avec le peuple venu du ciel, pour des idées de paix. Oui, depuis toujours, le sacrifice était pour Lexa la clé de la victoire, et ça ne changerait pas, ça ne changerait jamais. Ainsi, elle avait été choqué que Galaad, sur un ton presque moralisateur, ne lui prononce ces quelques mots en pleine face. Encore plus peut être, quand il s’excusa, tentant de trouver peut être des mots pour s’expliquer.

Les sourcils de Lexa se froncèrent, et elle le fixa longuement avant de reprendre la parole. « Tu n’as pas besoin de t’excuser, de quelque chose que tu penses. » Et Lexa aussi était redevenue dure, de ce ton qu’elle employait avec la majeure partie des personnes qui l’entouraient. Décidement, ses gardes la décevaient les uns après les autres. Teksas et sa faiblesse, Eija et ses envies de meurtre, Galaad maintenant. La commandeur eut un soupir discret, et ralentissant la cadence d’Erèbe elle se rapprocha de Galaad un peu plus. « Si tu parlais du passé, autant t’exprimer plus clairement la prochaine fois. » Ses épaules se raidirent après ça. « Les sacrifices sont le chemin vers la victoire. Mais la victoire ne signifie pas toujours que la paix est proche. »

Un silence s’instilla après ça, qu’elle brisa à nouveau. « Tu n’as pas fait preuve d’impolitesse, mais tu as suscite et tu le comprendra, mon incompréhension. » Et elle était plus douce désormais. Certes, il s’était mal exprimé, mais ils s’étaient comprit maintenant peut être. Peut être.

La symphonie de la pluie, je l'écoutais pour dompter mes furieux songes. N'avais-je pas assez donné lors de cette bataille pour sentir cette paix du survivant envahir mon cœur? Ou peut-être était-ce ce simple malentendu qui avait réveillé ce tambour de rancœur si profondément enfoui? Les sabots de ma monture se couplait à ce doux refrain, forçait ma respiration précaire à se montrer plus docile.

Mais toute musique s'essouffla lorsque la voix forte de celle qui dictait mes actes se fit entendre. Ma tête s'inclina vers ce sol boueux, la pluie battante trempait mes cuisses et mes doigts désormais gelés. Ce piteux état dans lequel je me trouvais illustrait la détresse de mon esprit face à pareille idiotie de ma part. On m'avait dompté, apprivoisé pour devenir l'une des meilleures armes que l'on pouvait offrir à Heda. "Bien Heda." Je ne forçais en rien mon timbre de voix à se montrer calme face à elle. Ma fierté venait d'être poignardée, mais je ne faisais pas mon fier mal. J'avais échoué, cela s'arrêtait là.

Qui pouvait vouloir d'une victoire s'il ne voulait pas la paix? Cette idéologie ne correspondait qu'aux plus cruels dictateurs que nos clans avaient connu. Peu était nombreux à vouloir pareil massacre pour reprendre l'arme le lendemain. Peu était ceux qui voulaient trancher la chair pour le simple plaisir de sentir la tiédeur du sang contre leur peau. Cette idéologie n'était autre que celle des barbares, mais je ne fis aucun commentaire, ma bouche était scellée par cette promesse que je m'étais jurée. "Il arrive parfois à l'homme d'être maladroit. Ma jambe a en fait les frais."

Je tournai un regard dans sa direction, mes traits se tirant en un sourire qui m'arrivait si peu. Il m'était impossible d'en vouloir à celle qui m'avait sauvé la vie et qui avait pris la place de ma sœur au plus profond de mon cœur.

A cœurs ouverts

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Ce qui était dit ne s’effaçait jamais, mais pouvait être laissé dans un coin, sans que l’on y revienne. C’était le cycle des choses, s’envolaient les paroles sans que l’on ait besoin de trop s’étendre dessus. Il en était ainsi de ce qui venait d’être échangé entre le commandeur et son garde le plus vieux, le plus fidèle. Et si Galaad avait remplacé Gustus à la place de garde d’honneur, depuis la mort de ce dernier, Lexa n’était pas prête à se séparer de lui. Jamais. Il était comme une ancre dans cette réalité, bien qu’au fond, elle n’avouerait jamais, ressentir cette familiarité. C’était ainsi. Il parla de nouveau, et elle hocha la tête, doucement. « Sha. L’imperfection est ce qui fait de nous ce que nous sommes, humains. » Et pour elle cette conversation était close.

Toute conversation avec Galaad n’était pas close néanmoins et alors que la pluie se mettait à battre plus fort, imbibant de ses froids rejets la crinière d’Erèbe, sa cape et son armure, elle fixa quelques instants la colossale silhouette de son garde musclé. « Comment va t’elle, ta jambe ? » C’était une réelle inquiétude. Sincère. Elle se rappelait et se rappellerait toujours de cette partie de chasse où il avait bien failli laisser plus qu’une jambe, ce piège cruel, et ces moments qui les avaient liés.

« Penses tu que nous devrions faire une pause ? La pluie ne va faire que nous ralentir, nous devrions monter le camps. Les skaikru n’ont pas l’habitude de ce climat. » Et la pluie, en ce mois de décembre était froide, si froide, qu’elle ne voulait pas que le convoi patisse de d’avantage de pertes qu’il n’en avait subi à Kalawen pendant la guerre.

Malgré l'étroit lien qui s'était tissé entre nos deux personnes, je fus surpris de sa question. Elle s'inquiétait de mon état, certes, ce n'était pas la première fois, mais ma jambe n'avait jamais été source de discussion depuis l'incident. Je pouvais visualiser ces cicatrices rosâtres cruelles et douloureuses qui parsemaient ma peau. Je me rappelais de cette souffrance brusque et de cette perte de raison. Si Heda n'avait pas été là pour desserrer ses dents affamées de ma chair, ma mort n'aurait été ni glorieuse ni apaisante.

"La douleur s'est amoindrie, mais lors des combats, elle me fait souffrir." Il m'était particulièrement impossible de la prendre comme jambe d'appui. C'était un véritable calvaire que de devoir changer d'attaque à chaque fois que mes nerfs me rappelaient ma faiblesse. Je la remerciai de cette question d'un bref hochement de tête. Puis le sujet changea et me voilà devant tout autre problème. Mon regard se promena par-dessus mon épaule pour jauger l'état de fatigue de la troupe. Malgré la lourde odeur de la pluie, je pouvais percevoir des effluves de sueur et de puanteur qui mirent mon dégoût à rude épreuve. "Une pause semble nécessaire. Ils ont l'air au bord de l'épuisement." Et encore, j'étais gentil sur ces mots.

Je fis claquer ma langue sur mon palais pour ralentir l'allure de ma monture avant de me redresser sur mes étriers. Je devais m'assurer que tout le groupe était bien présents. Il y avait une infinie de têtes sur toute la route. "Dois-je prévenir les autres?"

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« Je suis navrée de l’entendre. » Et c’était peut être une des caractéristiques qui faisaient que Lexa était différente des autres personnes en commande. Elle s’inquiétait de l’état des gens qui l’entouraient. Ce qui cependant ne l’empêchait pas de faire les sacrifices qui s’imposaient et de s’entourer des personnes dont elle devait s’entourer. C’était ainsi. Le moment disparu, la conversation changea, et une fois de plus celle qui était le commandeur s’enquit de l’état des troupes. Une pause s’imposait peut être sous cette pluie, et Galaad l’approuva sur ce point. « Sha. Tout le monde n’a pas l’habitude des longues marches de cette sorte. » Et tout le monde n’avait pas non plus la chance de pouvoir disposer d’un cheval. Les chevaux d’ailleurs, elle les entendait trépigner. Ils n’aimaient pas marcher si lentement, dans cette boue, peut être.

Une proposition vint, elle hocha la tête. « Sha. Je te laisse faire puis je te relève de tes fonctions pour la soirée. Profite de ton repos, demain la marche sera encore plus rude. » Et ce n’était pas forcement qu’elle voulait prendre soin de lui ou quoi que ce soit, c’était aussi qu’il l’avait bien servi, et qu’elle avait plusieurs gardes à sa disposition. Et puis… Il méritait quand même du repos ce colosse qu’elle appréciait malgré ses maladresses de paroles. Néanmoins, elle ne pouvait pas se passer d’un garde à ses cotés, pas par envie non, mais d’avantage par necessité. Tant que les gardes en question, ne voulaient pas attenter à sa vie… « Fais prévenir Uriel, de venir prendre son poste auprès de moi. »

Me voilà libre de mes fonctions, une chose qui avait souvent tendance à me déplaire. J'aimais rester aux côtés de celle qui avait sauvé ma vie. J'avais toujours cette peur constante qu'elle ne décède alors que je n'étais pas là pour la défendre. Cette idée hantait parfois mes songes. Heureusement la réalité voulait qu'elle soit aussi solide et dangereuse que les Montagnes. Mais il fallait que je prenne en compte les souffrances que mon corps avait enduré et la fatigue mentale qui commençait lentement à se faire sentir. D'un bref hochement de tête, j'acceptais cet ordre et fis claquer ma langue contre mon palais pour informer ma monture d'une nouvelle destination.

Je m'aventurai au sein de cette foule d'hommes et de femmes aux visages enlaidis par la fatigue et les horreurs du combat. J'accordai quelques brefs regards à des curieux, mais me focalisais rapidement sur mon objectif premier. Mon attention se posa sur les principaux cavaliers qui encadraient le bétail d'humains. Enfin, j'aperçus la crinière familière de celle que je considérais comme ma sœur d'armes. Je calmais doucement l'allure pour ne pas piétiner quelques inconscients et me plaçai aux côtés de la garde du corps. Brièvement, je lui expliquai la situation et elle fila.

De mon nouveau poste, j'observais la silhouette lointaine de Lexa. Le campement allait être installé rapidement, je priais pour que rien ne se passe.

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