make a warrior out of you → ft. Clarke

Clarke aimait se faufiler hors de la tente du commandant, à l’aube, alors que le soleil n’osait naitre au bord de l’horizon, berçant le ciel de ces lueurs roses pâles, qu’elle n’avait jamais vu, dans l’espace. Réellement, dans l’Arche, elle n’avait jamais pris le temps d’étudier le soleil, beaucoup trop concentrée à observer la Terre, qui les appelait tous, sans qu’elle n’ait songé un seul instant qu’elle aurait eu la chance de fouler le sol de ses pieds. Pourtant, elle était là, se baladant dans l’avant-poste grounder endormi, le cœur battant encore la chamade de ses adieux silencieux avec la Fille Sauvage. Elle aurait voulu se reposer, encore un peu, chasser la fatigue qui s’accrochait à ses muscles. Elle n’en eut pas l’occasion, ne la prit même pas. Après s’être débarbouillée, relevant son visage de la bassine d’eau fraiche, elle avait trouvé un Poney stoïque se tenant devant elle, le regard déterminé. Elle ne savait pas ce qui semblait le mettre tant en joie, à tel point qu’il était déjà prêt à veiller sur elle, si tôt. « Tu n’as pas dormi ici. » Elle pinça les lèvres, devant la note enjouée qu’elle captait, entre l’accent de Poney. « Si, mais pas tout à fait ici. » Elle le vit réprimer un sourire et elle l’abandonna, prête à aller réveiller les soigneurs qui pensaient faire la grasse matinée. Elle avait une revanche à prendre sur ces fichues racines, et deux grounders blessés à surveiller (elle ne doutait pas qu’elle allait bien, Nyko était passé derrière elle, pour veiller aux soins qu’elle leur avait prodigué. Etudier les réactions du corps aux plantes et autres cataplasmes était tout ce qui la motivait). Son garde du corps ne lui laissa pas l’occasion de partir et sous son regard inquisiteur, il répondit « tu t’entraines avec heda ce matin. » Elle eut envie de retourner se coucher.

Clarke ne s’entrainait pas pour le plaisir, et si elle devait songer à être proche de Lexa, d’une quelconque manière, devant des yeux curieux, elle ne savait pas si elle arriverait à se concentrer totalement. Mais ça ne serait pas un problème, elle avait vécu des situations pires que celle-ci. Et puis, un peu de ridicule ne tuait pas, n’est-ce pas ? Enfin, c’était ce qu’elle espérait, mais c’était sans compter sur l’aide de son coach improvisé, qui espérait qu’elle soit digne dans sa défaite, contre le commandant. De fait, l’heure qu’elle passa, avant le début de son entrainement avec Lexa, elle reçut les enseignements stricts de Poney, sur les positions, les coups, les mouvements à faire, comment tenir son épée… Et petit à petit, l’excitation du grounder la gagna et c’est parfaitement concentrée que Clarke aperçut la Fille Sauvage se mouvoir dans le campement, suivie de deux ombres. «  Es tu prête Clarke kom skaikru ? » Elle serra sa mâchoire, jusqu’à s’en faire mal aux dents, aux gencives, pour ne pas sourire. Elle se fit violence, pour rester à sa place, aux côtés de Poney, dont elle sentait son regard dans son dos. « Lexa. » Le ton était nerveux et strict, qui jurait à la perfection à l’affection qu’elle lui avait donnée, pendant la nuit. Elle s’entendait encore, prononcer le nom du commandant, avec beaucoup plus de douceur et de fragilité. Elle ferma les yeux, repoussant les souvenirs dans un coin de son esprit. «  Ta nuit a été bonne ? » Qui n’en eut rien à faire, qui fit revenir les détails de son sommeil en un éclair. Elle étudia quelques secondes Lexa. « Reposante. » Finalement, elle ne put retenir un sourire, qu’elle tenta de garder le plus poli possible. « Et la tienne ? » Poney poussa un soupir agacé derrière elle et il se recula, laissant l’espace libre à celles qui allaient s’entrainer.

Clarke avait observé à quelques reprises les entrainements d’Octavia, avec Indra. Elle savait comment cela fonctionnait. C’était, principalement, des combats, où il fallait apprendre vite, apprendre bien. Faire rentrer la gestuelle par la pratique, la rage de combattre par la frustration. Ça avait bien fonctionné avec la cadette Blake, ça ne pouvait que l’être pour elle, non ? Alors, elle se mit en position, mettant fin à la conversation, cette lueur brillante, et forte, dans le regard. « Je t’attends. »

Sûrement, Clarke et Lexa ne trompaient personne. Elle le voyait, dans l’attitude de Poney et dans le sourire qui échappa à un des gardes du commandant, que Clarke attrapa. Elle ne put empêcher son amusement de grandir un peu. Cela aurait pu l’inquiéter, mais suivant la réaction du grounder, elle supposait que ces ombres seraient celles qui seraient moins enclines à juger, ce qui existait entre les deux femmes. « Bien qu’elle ne l’ait été que brièvement. » Elle n’eut pas besoin de se retourner, pour sentir le regard noir de Poney dans son dos, entendant déjà un « qu’est-ce que tu as fait à heda ?! » une fois que leur entrainement serait terminé. Elle ferma les yeux, partagée entre l’envie de rire, ou de partir en courant, avant que son garde du corps ne se fasse d’autres fausses idées. Mieux valait commencer l’affrontement maintenant. Cela limiterait leur temps de parole, et si Clarke arrivait à bien faire, il oublierait probablement cet échange. Alors, elle se mit en position, comme Poney lui avait expliqué, tentant de reproduire les gestes qu’il lui avait montrés. Elle expira profondément. Elle savait qu’elle réfléchissait trop, mais elle ne pourrait pas empêcher son cerveau d’analyser sous ce qui était sur le point de se passer. La tension dans ses muscles monta d’un cran, alors qu’elle observait silencieusement Lexa dégainer. Sa bouche devint sèche et elle entendait déjà son corps crier de douleur – car il aurait fallu deux miracles, pour qu’elle arrive à battre le commandant, avec son arme de prédilection.

Rien ne se passa et, presque impatiente, Clarke resserra sa prise sur l’épée qu’elle n’était pas habituée à manier. Lexa ne prit pas l’invitation et les lèvres de la fille du Ciel se pincèrent. « Attaque-moi, toi. » Même si ce n’était qu’un entrainement, Clarke ressentait sans mal le poids de la confrontation et elle prit encore de longues secondes, avant de se décider à faire le premier pas. Elle savait qu’elle partait perdante. Elle savait que Lexa n’avait aucun mal à lire ses mouvements. Elle savait qu’en deux coups, elle se retrouverait au sol, parce que c’était la moyenne qu’elle avait prise, avec Poney. Mais Clarke, depuis qu’elle était tombée du ciel, avait son corps qui s’était renforcé. Elle supportait mieux les attaques et n’avait plus envie de vomir, après un coup. Elle savait comment réagir, quand elle avait le tournis, ou qu’elle avait du mal à se reprendre, à la suite d’un poing dans le ventre. Elle savait comment se tenir, comment éviter, approximativement, une approche. Clarke aurait espéré la clouer au sol, à l’aide d’un tacle, mais elle doutait réussir à pousser Lexa jusqu’au sol. (Alors que dans ces moments volés, à l’intérieur d’une tente bien précise, Clarke aurait tout fait de Lexa. Ici, c’était le terrain des guerriers et elle n’avait aucune chance.) Pour autant, elle n’abandonna pas. L’idée, même, ne lui traversa pas l’esprit. C’était ce qui faisait sa force, à Clarke. De ne jamais reculer, qu’importe l’impossible que se dressait contre elle.

Elle eut un petit mouvement de tête, qui la trahit – elle le sentit, mais ne pouvait pas encore lutter contre ses réflexes, ou contre l’absence de ceux-ci. Clarke se rapprocha, en trois pas rapide. Elle ne bougea pas réellement les bras, ne cherchant pas à donner de la force, dans son attaque. Ce n’était qu’un test, qu’une approche. Elle mut ses poignets, à la place, tentant de pénétrer dans la zone de confort de Lexa, de la forcer à bouger. C’était ce qu’elle visait, c’était le premier point. Voir comment le commandant se déplaçait, apprendre ses mouvements. Et pendant que la lame s’approchait à une vitesse acceptable – aux yeux de Poney, qui était allé aux côtés de ses frères grounders, pour commenter l’échange -  elle tenta un tacle simple, du pied. Encore une fois, pour la faire bouger.

Clarke sentait presque l’adrénaline courir dans ses veines. Ce n’était pas la même sensation alors qu’elle était occupée à fuir un danger qu’elle ne pouvait affronter. Ce n’était pas la même sensation, alors qu’elle combattait Anya, au prix de sa vie. Ici, la fille du Ciel n’était pas réellement en danger. Elle savait que Lexa ne la blesserait pas, espérait qu’il y aurait un réflexe ou deux qui l’empêcheraient de trancher le leader du skaikru. Pour autant, ça ne voulait pas dire qu’elle ne prenait pas l’entrainement au sérieux. Cela aurait été un manque cruel de respecte envers le commandant et ça ne lui aurait valu que les plaintes de son garde du corps, par après. Certes, elle était encore timide dans ses mouvements, certainement pas habituée au poids de l’épée qu’elle avait entre les mains, et encore moins à l’adversaire qu’elle avait en face d’elle. Clarke réfléchissait de trop, et se demandait comme Lexa se battait, réellement. Était-elle sauvage ou raisonnée ? Elle misait sur le raisonné. Un commandant se devait de survivre dans la bataille, et non pas se lancer sur le premier tas d’ennemis qui approchaient (quoique, quand elle voyait la rage d’Indra à la bataille…).

Alors, elle s’élança et son premier coup fut évité aisément. Mais elle avait fait bouger Lexa. C’était tout ce qui comptait. Ses lèvres se plissèrent quand elle vit le premier mouvement du commandant, qu’elle para maladroitement, sentant le vent déplacé par la lame, qu’elle jugea fort proche de ses doigts. Mais elle n’eut pas vraiment le temps de s’en inquiéter, que Heda continuait sur sa lancée, visant le flanc. Clarke n’avait pas le temps de contrer. Elle n’était pas encore assez habile avec la lame, et préféra donc se reculer en un bond. Elle sentit le tissu se déchirer et son ventre se serra, pensant qu’elle avait été touchée. Mais la douleur ne vint pas et une fois hors de portée du commandant et de son épée, elle autorisa un regard sur son flanc, constatant que sa veste avait pris le coup pour elle. Une grimace se posa sur ses lèvres. « J’aimais bien cette veste. » C’était évident, vu le nombre de fois qu’elle pouvait la porter – surtout que c’était le seul vêtement respectable qu’elle avait. Mais elle dut constater autre chose, que prendre le temps de pleurer sa garde-robe. La lame de Lexa était tranchante. Et que si elle n’avait pas agi à temps, ça aurait été son abdomen, qui serait ouvert. Okay. Délicat…

Elle profita de la distance pour reprendre un peu son souffle, repositionnant correctement ses mains sur le manche de son arme du jour. Il y avait une flamme, dans son regard, qui retrouva Lexa sans mal. Elle était toujours aussi impassible et Clarke se rassura, en se disant que dans un autre temps, elle n’aurait eu aucun mal à lire, deviner ce qui se passait derrière ce masque de commandant. Mais c’était une Lexa qu’elle ne connaissait pas, qu’elle affrontait ici. La guerrière, leader de son peuple. Finalement, un sourire s’échappa sur les lèvres de Clarke, presque sauvage, qui prouvait qu’elle appréciait le moment, combien elle allait se faire botter le cul dans les secondes à venir. Elle se plaça de côté, assurant ses appuis, contractant ses muscles, tout en veillant à ne pas se crisper. Elle devait rester mobile, le plus possible. Même si Lexa serait plus rapide qu’elle, plus forte qu’elle. Alors, elle avança, une fois encore, à pas vif. Elle cherchait à briser la garde du commandant, même si elle savait très bien qu’elle allait s’écraser contre celle-ci. Un coup frontal, oui, plus fort que sa première attaque, et tenter de suivre les mouvements de Lexa. C’était une bonne idée. Après, dans la pratique…

Clarke aurait préféré ne pas avoir à combattre. Elle n’avait pas cette rage propre aux guerriers. Elle n’arrivait pas à puiser, dans un but, pour motiver ses coups. Certes, elle comprenait l’importance de savoir se défendre, ceci, elle l’avait bien saisi face à ses affrontements répétés avec les grounders, qui avaient souvent été à son désavantage. Elle n’était pas un combattant né. Elle saisissait la technique, les mouvements, mais elle n’y mettrait jamais autant de cœur d’Octavia. Clarke se battait, oui, mais pas de cette manière. Elle se battait pour la survie de son peuple, mais une épée, dans le contexte actuel, ne lui aurait jamais été utile. Elle se servait de son cerveau, de son analyse, de son aplomb. Elle ne suivait aucune règle dans un combat, c’était ce qui lui avait permis de se débarrasser d’Anya, c’était ce qui continuerait de la sauver. Car elle avait compris au moins ceci : tous les coups étaient permis. C’était déjà une bien bonne leçon. Face à Lexa, elle ne savait pas ci s’était autorisé. Il y avait un public, et elle savait que Poney serait le premier à lui faire la remarque, si elle ne se battait correctement, à son goût. Mais réellement, il n’y avait aucune règle qui lui avait été rappelée. Grossièrement, elle avait eu droit à un « fait ton possible », à l’accent trigedasleng fort prononcé. Clarke savait qu’elle allait rencontrer le sol, tôt au tard.

Mais elle n’avait fait que ça, depuis qu’elle était arrivée sur Terre : partir perdante. Et elle était encore là. Clarke ne voulait pas battre Lexa – elle savait que c’était impossible. Elle gardait à l’esprit, simplement, la tâche de la bousculer, éventuellement de lui faire toucher terre, d’un genou. Il y avait bien un dieu qui se montrerait clément, en ce début de journée ? « Mets moi à terre et je trouverais un moyen de me faire pardonner. » Clarke serra sa mâchoire et rien n’empêcha réellement son sourire de naitre. Elle connaissait d’autres moyens de se faire pardonner, et elle ne doutait pas que Lexa les appliquerait, dès qu’elles auraient l’occasion de se retrouver seul, dans la tente. En attendant, elle n’avait plus vraiment à craindre d’abimer ses vêtements. Fondamentalement, elle n’avait rien à craindre. Clarke ne craignait pas de se faire ridiculiser par le commandant, parce que c’était le rôle de cette dernière, de se faire passer pour invincible. Elle n’avait de preuve à donner à personne. Tout ce qu’elle avait à faire, c’était apprendre de cet échange. Alors, elle reprit l’offensive, voyant Lexa l’éviter presque gracieusement, à temps pour que ses lèvres se plissent en une grimace, alors qu’elle sentait son bras être emprisonné par la poigne de Lexa, qui ne lui laisserait pas l’occasion de s’en sortir si facilement. Elle s’attendant à tomber, à se faire renverser, comme Indra l’aurait probablement fait. «  Toujours pas. » Le coup l’offusqua presque, songeant qu’elle aurait préféré être tuée sur le champ, que de recevoir la fessée.

Sa concentration ne pâtit pas, contrairement à Lexa qui marqua un temps d’arrêt. Clarke ne le remarqua pas, mais puisque rien ne vint, elle continua sur sa lancée : ce n’était pas parce qu’elle était maintenue par le commandant qu’elle était sans moyen. Poney le lui avait expliqué. Si Clarke avait un bras en moins, Lexa aussi. Sa main libre se posa sur l’épaule de Lexa, prenant appui sur celui-ci, ou tentant de prendre appui sur celui-ci, pour forcer l’autre bras –celui qui le tenait- à prendre un angle peu recommandé. Une clé de bras, comment les habituées l’appelaient. Elle songea, qu’elle pourrait tirer sur l’os, en le forçant à aller dans le dos. Elle savait comment déboiter une épaule, sa mère le lui avait appris. Et sans qu’elle ne réfléchisse, sans qu’elle ne pense à empêcher, toujours en maintenant la pression sur la prise de Lexa – éventuellement, ce fut Clarke qui finit par maintenir la Fille Sauvage – sa main libre passa sur l’épaule sur laquelle elle avait jeté son dévolu. Elle ne regardait plus Lexa, mais ses mains, profitant d’être appuyée contre le commandant pour comprendre le positionnement de son corps. Elle devinait la tension dans ses muscles et si elle avait pris son temps, elle aurait senti les battements de son cœur, aurait attrapé son odeur. Mais tout ceci n’était que de la déconcentration, et tout ce que Clarke voyait c’était l’anatomie sous la peau, prête à tirer, blesser.  

Clarke ne voyait plus Lexa, oubliait que c’était contre le commandant, qu’elle était en train de se battre. Malgré la proximité, et tout ce qui aurait dû lui rappeler que celle à qui elle était en train de tordre le bras n’était autre que son amante. Elle avait atteint cet état, où la personne en face ne comptait plus. Où elle oubliait le nom, la personnalité, pour simplement affronter ce qui se dressait en face d’elle. C’était un réflexe de survie, qui n’aurait pas dû s’enclencher. Pas comme ça, pas contre Lexa. Et elle était là, à tirer sur ce bras qui avait déjà été blessé par Pauna, sans qu’elle ne s’en rappelle réellement. Clarke n’avait qu’un but, c’était de le déboiter. Et elle arrêterait quand elle entendrait ce son caractéristique, typique. C’était sa lancée, et de fait, ne remarqua pas la douleur qu’elle pouvait provoquer. Ou plutôt, elle l’oubliait. C’était le but. Blesser. Immobiliser. Elle détourna son attention de sa prise quand elle sentit l’épée de Lexa tomber sur son pied. Elle eut un mouvement pour s’en dégagé, mais déjà, elle accusait le coup dans sa cuisse, puissant et déterminé. Clarke luta contre la chute, mais déjà, la brulure du choc se dépendait dans son muscle et elle se sentit tomber en arrière. Elle lâcha sa pression sur le bras de Lexa, consciente qu’elle dépasserait une limite. Et son dos heurta la terre.

Clarke eut le souffle coupé, et tandis que ses poumons étaient encore vides d’oxygène, elle vit Lexa lui tomber dessus, accusant le poids. Il y eut un mouvement de flottement, durant lequel elle oublia de respirer. Dans sa chute, elle avait omis de serrer son épée et elle reposait, à deux pas de celle du commandant. La position lui était extrêmement familière et en souvenir d’un combat précédent, avec un autre grounder, forçant sur son diaphragme pour qu’elle se remettre à respirer, déclenchant une douleur chaude dans son abdomen, sa main chercha une blessure qui n’existait pas. Car ce n’était pas Anya qui était au-dessus d’elle, c’était Lexa. Ce n’était pas le mentor, mais l’élève. Clarke eut un temps d’égarement, qui s’inscrivit sur son visage, qui pourrait être facilement confondu à cause de la situation, comme si elle ne savait pas ce qu’elle devait faire, maintenant qu’elle était clouée au sol (ce qui était aussi le cas, mais qui ne lui aurait pas provoqué un pareil inconfort). Le dilemme était beaucoup plus profond, et viscéral. Elle venait de réaliser ce qu’elle avait fait, que, si elle en avait eu l’occasion, ou la force, elle aurait blessé volontairement Lexa. Clarke s’était égarée dans le combat et continuer de respirer lui faisait du mal. Elle voulut abandonner, et fut sur le point de le faire – elle était au sol, il aurait suffi à Lexa de sortir une dague, pour que tout s’arrête. « Klok. » C’était Poney, parce qu’il avait cette sale manie de l’appeler à la manière des grounders, comme elle avait une sale manie de l’appeler par son petit surnom.

Ce fut là qu’elle remarqua la foule qui s’était pressée autour du terrain d’entrainement. Tous présents pour voir leur heda vaincre –coucou Indra. Il n’y avait rien d’étonnant, c’était un moyen de galvaniser les troupes. Mais il y avait son petit Poney, qui était le seul à s’inquiéter pour elle, dans toute cette foule. Elle ne savait pas à quoi la scène devait ressembler, de l’extérieur. Avait-elle donné une belle prestation ? Puis, elle se souvint, qu’elle avait été sur le point d’arracher le bras du commandant. Si elle avait pu. Est-ce que ça comptait comme une bonne tactique ? Sa main était toujours posée sur l’avant-bras de Lexa, constatant à la douleur de ses doigts, qu’elle n’avait jamais arrêté de serrer, depuis ces longues secondes. « Tu es au sol. » Articula-t-elle. Bon, ce n’était certainement pas de cette manière que Lexa l’avait envisagé. Mais soit. Un éclair furieux, passa dans le regard de Clarke, qui tenta de reprendre la concentration qu’elle avait perdue. Elle pourrait viser l’aine, même si ça ne serait pas très fairplay. Ou les articulations du bras. Clarke aurait bien tenter de renverser Lexa, mais elle ne connaissait pas la bonne technique, et surtout, elle doutait avoir la force nécessaire. (Dire que dans un tout autre moment elle aurait plus qu’apprécier la position, ici, elle faisait tout pour s’en sortir.)  Alors, elle se contenta de viser les côtes. C’était bien les côtes, c’était proche, faisable. Eventuellement le bas de l’estomac, où elle ne risquait pas de se casser le poing, sur les os solides du commandant.

Clarke savait que Lexa n’était pas particulièrement concentrée, et elle aurait pu montrer un peu de compassion envers le commandant, qui vraisemblablement avait du mal à se donner à fond, sur la fille du Ciel. Il n’en fut rien, parce qu’elle savait que grâce à ça, elle avait une chance de s’en sortir avec les honneurs, même si elle finirait perdante, de toute manière. Elle aurait dû se sentir honteuse, mais il n’en fut rien. C’était Lexa qui avait demandé à l’entrainer et c’était elle qui avait promis ne pas se retenir. Même si elle trouvait ça extrêmement charmant, de réussir à avoir ce genre d’effet sur la Fille Sauvage, même en dehors de la tente. Clarke devait se prouver qu’elle pouvait y arriver, et le prouver à Poney, aussi. Et à une partie des grounders, qu’elle n’était pas qu’une belle blonde tombée du ciel. Viendrait le temps de la réalisation, où elle s’en voudrait pour le bras de Lexa – elle commençait à le réaliser, et la culpabilité montait. C’était la raison pour laquelle il fallait mieux en finir, de la manière la plus propre qu’il soit. Clarke eut une expression étonnée, quand elle réussit à frapper Lexa, s’attendant à ce que son coup soit paré – il était grossier et même elle aurait pu l’éviter. Mais il n’en fut rien et ses phalanges s’écrasèrent sous le diaphragme du commandant. Mais elle avait le corps tailler par la guerre et il en faudrait plus pour ébranler Lexa.

Sans réellement comprendre ce qui arrivait, Clarke fut entrainée par la poigne du commandant, roulant sur le sol, et se heurtant au relief de celui-ci. Elle eut du mal à retrouver ses idées, son orientation. « Mais tu es au sol aussi. On pourrait même dire que tu as touché la terre avant moi. » La fille du Ciel n’eut pas l’occasion de répondre, qu’un genou se logea, vicieux, dans ses côtes. Clarke se crispa, sentant l’air quitter sa gorge, tandis que sa vision était troublée par des points lumineux et qu’elle roulait un peu plus loin. Okay, celui-là, elle ne l’avait pas vu venir, et elle aurait préféré qu’il ne vienne jamais. Immédiatement, alors qu’elle récupérait ses esprits, elle se frottait là où son torse avait été blessé, sentant la souffrance monter, toujours recroquevillée sur le sol. Elle fit un effort, pour trouver son souffle, frappant où elle avait été frappée, pour décrisper ses muscles, qui refusaient de se détendre suite au choc qu’ils venaient de subir. C’était de bonne guerre, elle supposait. Il lui fallut encore de longue seconde, avant de décider qu’il serait temps de tenter de se redresser. Et quand elle quitta des yeux le sol, et eut la chance d’admirer une Lexa, droite, sur ses deux jambes. Clarke était relativement essoufflé, sentant sa cage thoracique se serrer à chaque inspiration. Elle fronça les sourcils, songeant qu’elle devrait surveiller l’état de ses côtes, une fois qu’il n’y aurait plus autant d’yeux tournés vers elles.

Elle passa une main sur son visage, pour enlever la poussière qui s’y était installée, l’autre serrant toujours son flanc blessé. Elle décida de rester encore un peu sur le sol, parce que c’était agréable, voilà. Et qu’elle n’était pas sûre que ses jambes acceptent de la porter dans l’immédiat. « Merci pour la leçon. » Ca avait été très instructif… Elle avait eu la chance de voir comment Lexa bougeait – vaguement. Et surtout, elle avait eu l’occasion de se dérouiller un peu. Après ça, Poney pourrait même se montrer plus sympathique envers elle. Poney qui n’avait toujours pas bougé de sa place, même s’il trépignait pour rejoindre la fille du Ciel. Elle lui adressa un mince sourire, avant de poser son regard bleu, n’ayant rien perdu de son éclat, sur Lexa. Elle lui tendit la main, attendant qu’elle l’aide à se relever – parce que franchement, outch. « J’ai pu voir la similitude avec Anya. » Son ton était calme, et presque relaxé, malgré son souffle encore légèrement erratique. Bien entendu, elle n’avouerait pas que c’était ce qui l’avait perturbé, cette ressemblance. Enfin, pas devant un tel public. Tout ce dont elle avait envie, maintenant, c’était de se décrasser et de s’allonger. Dans la tente du commandant, ah, que ça semblait être une bonne idée.

Clarke fut soulevée du sol, comme si elle ne pesait rien et toute l’animosité due au combat disparut, une fois qu’elle fut à proximité de Lexa. Elle eut envie de rougir, sans savoir pourquoi, alors elle retint son souffle, pour se concentrer sur autre chose. Ce fut une bonne idée, cela fit taire la douleur quelques instants et elle put se concentrer sur la sensation flageolante de ses jambes, qu’elle secoua vaguement, pour les rappeler à l’ordre. Après cela, elle ne quitta pas le commandant du regard, remarquant à peine que le contact durait encore, et qu’il aurait dû prendre fin. C’était presque comme une seconde nature, d’être proche d’elle. Alors, sa main se serra sur l’avant-bras de Lexa, profitant du poids d’appui pour s’assurer que ses pieds n’allaient pas l’abandonner lâchement dans les secondes à venir. « Merci. Tu ne t’es pas trop mal débrouillée non plus. » Clarke eut un sourire de mauvais enfant sur les lèvres, pensant parfaitement le contraire – elle retenait l’humiliation du plat de la lame sur son délicat fessier. Mais ça avait été moins pénible que ce qu’elle avait prévu. Et il était vrai, qu’elle avait fait de son mieux. Son bras fut lâché et elle fit tout l’effort du monde pour ne pas offrir une grimace au public qui se tenait devant elle. A la place, à contrecœur, elle se recula à son tour, acceptant l’épée qui lui était tendue. Elle détailla l’arme d’un coup d’œil. « Tu as encore beaucoup à apprendre, mais la leçon est fini pour aujourd’hui. » Clarke échappa un soupir de soulagement, sentant son corps qui criait à l’affront de l’exercice qu’elles venaient de terminer. « Tu n’es pas mauvais non plus, comme professeur. » Elle aurait eu un sourire, si elle ne vit pas Lexa se tenir l’épaule, sur lequel elle s’était acharnée, peu de temps auparavant. Elle savait, elle avait cette intuition, qu’elle ne pouvait rien dire. Pas devant tant de monde. Alors, elle se mordilla la lèvre, la réalisation arrivant petit-à-petit. Elle avait blessé Lexa. Elle n’avait pas imaginé cela possible. Et puisqu’elle ne se donnait pas le droit de parler, ce fut un regard inquiet qu’elle posa sur Lexa, une interrogation dans le regard.

Clarke savait, que Lexa survivrait. C’était le commandant, il fallait plus qu’une fille du Ciel pour la déstabiliser. Mais néanmoins, elle se sentait responsable, et perdue dans l’élan de l’entrainement, elle n’avait plus songé, qui elle était en train d’affronter. Clarke ne regrettait pas la blessure, ce qu’elle s’accusait, c’était qu’elle ait voulu faire mal à Lexa… Elle avait réussi. Mais elle n’eut guère le temps de s’apitoyer plus, que Poney approchait déjà, un sourire extrêmement fier sur le visage. Vraisemblablement, elle avait bien fait, même si ça resterait un succès au goût amer. « Je ne vais pas te retenir plus longtemps Clarke. Sois en forme pour le conseil cette après midi. » Elle hocha la tête, saluant platoniquement Lexa, même si elle n’eut qu’une envie, de la retenir par la main et de l’embrasser. Elle ferma les yeux quelques secondes, se concentrant sur le feu qui irradiait ses côtes. Hum, elle serait bonne pour un bleu, si pas une fêlure. Elle étudierait son cas, quand il n’y aurait plus tous ces grounders autour d’elle. Quand elle rouvrit les yeux, Lexa était déjà en chemin vers sa tente. Clarke, alors, s’appuya sur son Poney, lui rendant l’arme dont elle n’aurait plus d’utilité dans l’immédiat. Il ne dit rien, commençant déjà à lui faire un débriefing sur ses mouvements, qu’elle écouta d’une oreille distraite, alors qu’ils s’éloignaient du terrain d’entrainement, qui verraient d’autres échanges aujourd’hui.