protect me from what I want  → Ft. Clarke

C’était trop tendre, c’était trop doux. C’était trop, tout ce dont Clarke avait besoin. Un surplus d’affection de la part de Lexa, pour combler la carence qui lui avait fait défaut, durant les deux derniers jours, et pour l’aider à tenir, pour ceux qui viendrait. Leur relation était vouée à fonctionner de cette manière, être incapable de vivre l’une avec l’autre, pour des heures et des temps plus long, avant de se rencontrer, d’infimes minutes, où tout tombait : les statuts, les faux-semblants, les blessures, la fatigue. La tente du commandant leur offrait la chance d’être seules, à l’abri des règles, à l’abri illusoire de cette guerre. La bouffée d’oxygène qui permettait au cœur de Clarke de battre. Ce qu’il y avait de rassurant, aussi, pour Clarke, était de constater que sa présence avait le même effet, chez Lexa. Elles ne cherchaient pas à dissimuler ce qu’elles ressentaient – même si aucune des deux n’osait y mettre un nom. Pour peu, elles auraient parues être en paix. « Le simple fait d’être avec toi m’apaise. » Son cœur s’affola et Clarke ne put empêcher le sourire de se former, tandis que dans son regard se trouvait des confessions qui n’auraient pas lieu d’être. La fille du Ciel lui aurait promis la lune, si cela lui assurerait de garder Lexa toute sa vie, avec elle. Dans leur monde, il n’y avait pas de telle promesse qui pouvaient être faites, car elles appartenaient chacune à leurs peuples, avant de s’autoriser à s’abandonner à l’autre. Elle avait tendance à l’oublier, Clarke, ainsi perdue dans les bras de la Fille Sauvage, à subir ses caresses subtiles, se perdant dans ses bras. Et quand la réalité revenait, dans un coin de son esprit, la douleur montait, pour écraser un peu plus les morceaux brisés qui constituaient son cœur. Ce n’était rien à quoi elle ne pourrait survivre, ce n’était rien qui la tuerait. Toujours était-il que Clarke perdrait plus que sa capacité à aimer, dans cette relation.

« A moins que tu n’aies des occupations, dans ce cas-là je ne voudrais te retenir. » Clarke se mordilla la lèvre, songeant à Nyko, qui devrait s’agacer de son absence – tout en étant soulagé de ne plus l’avoir dans les pattes. En effet, si Clarke cherchait bien, elle trouverait toujours une tâche qui l’attendait sur le campement, surtout depuis que Jasper était revenu de la Montagne. Et il faudrait qu’elle aille trouver ce Xeren. Mais la vie de personne ne serait en jeu pour les vingt prochaines minutes. Clarke pouvait bien l’espérer. « Rien d’urgent. Elles attendront. » Ses doigts étaient toujours posés sur le visage de heda et ils se déplacèrent à peine, tandis qu’elle s’accrochait à Lexa, pour lui voler d’autres traces d’affection. « J’ai mieux à faire. » Il y eut un autre baiser, qu’elle ne put retenir, et qui la coupa dans sa phrase. « Ici. » C’était tout ce don Clarke avait besoin, de sentir les bras de Lexa sur son corps, son souffle chaud s’écraser sur son visage, deviner les battements de son cœur, sous ses doigts. Elle avait envie de croire que pas même la guerre pourrait empêcher ça. C’était faux, car il n’y avait rien de plus fragile que ce qui existait, là, entre ces quelques millimètres qui les séparaient, ces espaces qui osaient les séparés, compressés par leurs deux corps. Clarke continua de l’embrasser, un baiser gagnant en longueur, jusqu’à ce que l’oxygène devienne trop important, pour l’oublier plus longtemps.

« Comment vas ton ami ? Celui qui est revenu de la montagne ? » Son front se plissa et elle retint le soupir de s’échapper, car il aurait été trop douloureux, pour son propre bien. Cela se vit, par l’inquiétude, mêlé à l’agacement. Il ne fallait pas se méprendre. Clarke préférait avoir Jasper près d’elle, que dans la Montagne – même si parfois elle ne doutait fortement. « Il va. Il est presque remis de sa blessure. » C’était le seul point positif qu’il y avait. Clarke se positionna sur le dos, sentant la tension revenir, s’accrocher à ses muscles, pour rappeler le poids de ses responsabilités. Un de ses mains resta contre la joue de Lexa, qu’elle caressait du bout des doigts, dévotion silencieuse de son affection. « Il a du mal à s’adapter, et trouve qu’on devrait aller faire sauter les portes de la Montagne le plus tôt possible. » Elle plissa les sourcils, repensant aux migraines que les confrontations avec Jasper avait amenée. « J’ai dû lui apprendre, pour Finn. » Presque, et sa voix ne se serait pas brisée, à l’évocation de son fantôme préféré. La présence de Jasper faisait remonter les souffrances qu’elle avait réussi à enterrer. Clarke se racla la gorge, chassant l’émotion qui manquait de la submerger, si elle s’y attardait trop. « Il passe plus de temps avec Octavia. Je l’ai aussi emmené voir Sethen. Il reste très sélectif, sur les grounders qu’il apprécie. » Elle eut une petite moue, s’essayant à l’humour. « Il n’est même pas tombé sous le charme de Poney. » Pauvre Poney.  

Clarke aurait voulu arrêter le temps, juste ici, empêcher la poigne cruelle du monde de s’abattre, sur l’esquisse de bonheur qu’elle vivait, dans la tente du commandant. Elle avait bien conscience, de tout ce qui se passait, dans le campement, au camp Jaha, dans la Montagne. Mais elle avait envie de tout oublier, de ne vivre que dans cette pièce, sur ce lit, cette peau d’ours, en compagnie de Lexa. Jusqu’à la fin des temps. Ah, que ça aurait été idyllique. Bien entendu, les secondes n’écoutaient jamais pareille demande et continuaient de filer, si bien, que Clarke perdait le compte, égarée entre les baisers de la Fille Sauvage. Elle faisait tout, pour graver ce moment dans sa mémoire, malgré ses hauts, malgré ses bas. Pour qu’ainsi, dans les temps d’égarement, de perte, elle puisse se rappeler que quelque part, sur cette planète, quelque chose de bien l’attendait – ce qui signifiait aussi que perdre Lexa aurait été la fin, pour elle. « Je me sens coupable de te voler au monde. Mais je n’aimerais pas qu’il en soit autrement. » Il y eut cette chaleur, douce et diffuse, qui naquit en son sein, pour se répandre dans chaque fibre de son corps, faisant vibrer ses muscles et ses cellules à l’unisson. Et Clarke se perdit sur les lèvres de Lexa, ses doigts s’accrochant plus fermement au commandant.

Parfois, quand elle réfléchissait à ses moments privilégiés avec Lexa, Clarke était frappée par cette différence, qui les drapait toutes les deux, capables de commander la mort de centaines d’hommes -  en tentant de ne pas ressentir les conséquences de leurs choix -  pour ensuite s’aimer, comme si leur monde en dépendait. C’était ainsi, la douce romance entre les blessures et âmes écorchées. Elle ne se l’expliquait pas, elle n’avait pas besoin de se l’expliquer. Elle était attachée à Lexa et ne supportait pas de la perdre. Elle en était convaincue. Autant qu’elle était convaincue qu’elle finirait par la perdre. C’était inévitable. C’était la guerre. C’était la Terre. Avec ses aléas et ses douleurs. Avec le souvenir de Jasper, qui revenait. Clarke faisait tout, pour se concentrer sur autre chose que la pointe, à l’intérieur de sa conscience. Elle se retrouva à se perdre sous le toucher de Lexa, fermant momentanément les yeux, se laissant bercer par la présence rassurante du commandant. « Peut être devrais-je aller le voir ? J’ai cru comprendre que mon charme marchait sur les être du ciel. » Ses yeux s’ouvrirent vivement et elle ouvrit légèrement la bouche, surprise. Est-ce que Lexa venait de faire une blague, ouvertement, volontairement ? Cela prit quelques secondes, mais éventuellement, ses épaules se soulevèrent, et un faible rire s’éleva de sa gorge, alors qu’elle attrapait la Fille Sauvage par la nuque, pour lui voler un baiser. Elle s’écarta à peine, le regard féroce, toute inquiétude chassée. « Je t’interdis d’aller le voir. Je ne vais pas te partager. » Ca avait éveillé, quelque chose, de plus profond, d’enfui, chez Clarke. Ce n’était pas de la jalousie – elle doutait que Jasper n’essaie pas de fuir Lexa, s’il la voyait. C’était autre chose. Une certaine fierté, peut-être, d’avoir Lexa à ses côtés. Clarke ne mettait pas exactement le doigt sur ce que c’était, mais ça l’emplissait d’une certaine force et d’une détermination qui lui manquait jusque-là.

C’était ce sentiment, rassurant, de savoir qu’elle aurait Lexa à ses côtés. Pas de façon déclarée. Vraisemblablement, le secret était la condition sine qua non de leur relation (si sa mère l’apprenait, elle l’enfermerait dans une cellule de l’Arche). Ce serait une présence, discrète, dans le fond de sa personnalité, de savoir que Lexa serait avec elle, marcherait avec elle, si elle en avait la possibilité. Ce n’était pas une question de support d’opinion, mais un support inconditionnel. Parce que les deux femmes se comprenaient et s’épaulaient, dans l’impossible qu’était leurs positions. Elles faisaient ce qui se devait d’être fait, pour que les autres puissent garder leur humanité. Mais passer le cap d’un acte barbare, quelque part, vous vouait à une solitude pesante. D’où l’importance de trouver un semblable. D’où l’importance, pour Clarke, d’avoir trouvé Lexa. Car, qu’importe où elle se trouverait, véritablement, elle ne serait jamais seule. Et ce, Clarke venait de le comprendre, de l’assimiler, dans cet échange. Et ça libérait la fille du Ciel d’un poids, d’une retenue qu’elle avait préservée. Lexa marcherait à ses côtés, malgré la distance et les obstacles. C’était tout ce qui comptait, réellement. C’était ce qui ferait sa force, à présent. Même s’il y avait plus important qu’elles, qu’il y avait toutes ces vies, qui dépendaient des leaders respectifs. Qu’il y avait Jasper, qui tourmentait Clarke. Elle poussa sur son coude, se tournant partiellement, pour se poser sur le flanc de Lexa, la tête appuyée sur l’épaule de cette dernière, sa main attachée au flanc du commandant. Et ses doigts remontèrent, lentement, effleurant l’épaule libre, pour attraper une mèche de cheveux, avec laquelle elle joua distraitement. Elle avait les yeux fermé, gardait le son de Lexa et s’emplissait de sa présence. « Et puis, Jasper n’est pas intéressé par les grounders. » Elle expira lentement, les traits de Maya apparaissant dans son esprit. « Il y a une fille, dans la montagne, qui nous a aidé. Je ne sais pas exactement quelle est leur relation, mais ils sont attachés, l’un à l’autre. » Elle supposait que Lexa comprendrait, puisqu’elles étaient attachées, l’une à l’autre. (Comme un doux synonyme pour le mot aimer). Clarke n’avait pas envie de mettre fin à toutes les vies qui résidaient dans la montagne – même si tout aurait été plus simple. Il y avait des innocences qui ne méritaient pas d’être arrêtées. Il y avait des occupants, qui n’avaient pas d’autres choix que de vivre selon les lois de la Montagne, simplement parce qu’ils y étaient nés. Et ça ne pouvait être un crime.

Clarke, avant tout, voulait le retour de son peuple, et celui de Lexa. Et pour ce faire, elle n’était pas sûre de ce qu’elle était capable de sacrifier. Elle n’était pas persuadée d’arriver à faire le pire. Mais sur cette Terre, qu’était-ce ? Perdue dans ses pensées, elle remarqua à peine le silence qui s’était instauré, mais nota sans mal, la tension présente dans le corps de son oreiller improvisé. « Penses tu que nous devions encore attendre le signal ? » Clarke ouvrit les yeux, arrêtant de faire courir sa main dans les cheveux du commandant. Elle releva partiellement la tête, se mordillant déjà la lèvre, alors qu’elle effleurait la base de la mâchoire de Lexa, à l’aide de son nez. Elle était en pleine réflexion. Elle aurait voulu attendre Bellamy. Sincèrement. Elle savait qu’il y arriverait. Aussi, elle savait que les troupes s’impatientaient. Le temps n’était pas un luxe qu’elles pouvaient s’offrir indéfiniment. « Je ne sais pas. Les hommes de la montagne n’ont plus fait aucun mouvement. Ils doivent s’attendre à ce qu’on frappe. » Evidemment, avec une armée de plusieurs milliers d’hommes à leur porte, c’était ce qu’il y avait de plus évident. « On pourrait s’infiltrer. Les mines sont beaucoup moins surveillées : Jasper a réussi à en échapper. Avec les appareils que Raven a construits, on pourrait envoyer une petite troupe à l’intérieur. Les éclaireurs ont aussi rapporté une patrouille, du côté des barrages. Il suffisait de tendre un piège pour s’emparer de la carte d’accès. On pénétrerait par deux côtés et tenterait de frapper efficacement. » Elle garda le silence par après… venait-elle d’arriver avec un nouveau plan d’attaque qui n’impliquait pas de se mettre dans le champ d’action du gaz ?

Il y avait ces moments, basés sur l’impulsivité pure, où chaque action dépassait la raison et la prudence, pour exploser, en déclarations et confessions. Où les sentiments se faisaient trop forts, pour prendre la peine de les nommer correctement, ou même prendre peur d’eux. Ils délivraient une excitation particulière, chez Clarke, qui lui donnait simplement envie de serrer Lexa dans ses bras, jusqu’à ne plus pouvoir, jusqu’aux crampes, à la faim, et aux besoins. Elle voulait garder Lexa pour elle, la dérober au campement et aux grounders, la dissimuler aux yeux de tous, pour une vivre une vie qui n’aurait pas été la leur. C’était impossible et pour combler la déception face à cette illusion, Clarke se perdit dans le contact, laissant ses mains se perdre dans la chevelure de Lexa, comme pour tenter de l’avoir encore plus proche d’elle, si c’était possible. « Ai laik yu. » et son cœur chavira dans sa poitrine, presque sur le point de lui faire mal, comme une préparation à ce qui attendrait Clarke, un jour ou l’autre. Cette relation était aussi bénie qu’elle était damnée. Lexa finirait par avoir sa peau, qu’elle accrocherait comme un trophée de plus. Le cœur d’une fille du Ciel. Belle récompense. Et ça n’aurait pas dérangé Clarke, qui le lui aurait donné, sans l’ombre d’un soupçon. Elle aurait ramassé les morceaux, précieusement, avant de les placer dans les mains de Lexa, en lui disant d’en faire ce qu’elle voulait. Car Clarke, sans Lexa, n’en aurait plus besoin.

Clarke continua de l’embrasser, jusqu’à ne plus avoir de souffle et en avoir mal aux poumons. Elle n’avait pas envie de la lâcher, de l’abandonner, de laisser ses doigts vides du contact de Lexa. « Ai na Yu laik ain. » Je te garderai mienne.Ce fut dit en un souffle, murmure sur les lèvres de la Fille Sauvage, qu’elle n’avait pas lâché, et qu’elle n’était pas prête à abandonner aussi facilement. C’était une promesse, une des nombreuses qu’elles feraient, qui se perdaient dans le moment, dans l’émotion. Clarke n’en avait que faire, qu’elle ne puisse pas être faite. Tout ce dont elle avait besoin, c’était l’idée même, pour lui permettre d’avancer, comme s’il n’y avait pas de lendemain.

Malheureusement, il y en avait un, qui attendait surement la chute de la Montagne. C’était tous ce qu’elles voulaient. Mettre un terme à cette guerre, finir de construire TonDC, et après ? Ah. Lexa lui avait parlé de Polis, elle trouverait une excuse pour faire un tour, à n’en pas douter. Tout ne se déroulerait pas indéfiniment dans une tente, sur un avant-poste. Tout avait une fin, et Clarke n’était pas prête d’affronter celle qui se profilait à l’horizon. Même si les plans de guerre se mettaient en place et se modifiaient. Elle ne savait pas d’où lui vint l’inspiration, éventuellement la présence de Lexa et ce sentiment de liberté, qui lui permettait de se détacher du plan originalement prévu. Clarke connaissait tous les détails à savoir, sur le Mont Weather, il suffisait d’un peu d’improvisation, et il y avait moyen de prendre la montagne. Elle s’était tellement concentrée sur Bellamy que finalement, la fille du Ciel avait oublié qu’il n’était pas nécessaire à l’attaque. Il avait déjà fait plus que nécessaire. Et le fait qu’il n’ait pas donné signe de vie depuis plusieurs jours l’inquiétait, au point où elle avait du mal à trouver le sommeil, la nuit tombée. Ce n’était que quand l’épuisement avait raison d’elle, qu’elle arrivait à fermer les yeux. Il fallait mettre un terme à cette attente.

C’était un conseil de guerre anodin, perdue dans les bras de Lexa. Mais ça semblait porter ses fruits, alors qu’elle retournait perdre sa tête dans le cou du commandant, continuant d’effleurer sa peau avec son nez, attrapant au mieux les fragrances de Lexa, tandis qu’elle sentait sa main dans son dos dessiner des formes qu’elle ne comprenait pas. « C’est une idée intéressante. » Elle huma en réponse, appréciant que la brève séance de brainstorming ait porté ses fruits. Tout restait de l’ordre des hypothèses, pour autant. Le piège serait facile à poser, ils avaient cinq bombes déjà prêtes, Ils pourraient s’en servir d’une toute petite. Et pour l’entrée pas les mines, si elle se rappelait bien, la porte n’était pas ce qu’il y avait de plus difficile à forcer. « Je convoquerais un conseil de guerre demain, nous discuterons de ton idée. » Clarke releva la tête en un geste, scrutant le visage de Lexa. « Vraiment ? » Elle n’avait jamais songé à ce que cela suit prit au sérieux. Mais déjà, elle voyait sans mal où cela irait. Il y avait de fortes chances pour que le plan de bataille, supporté par Lexa et l’impatience générale, soit accepté. En quelques jours, leurs peuples pourraient être sauvés. « Tu as des bonnes idées pour une fille du ciel. » Clarke ne retint pas le mince sourire qui se dessinait sur ses lèvres. « Nous sommes pleins de ressources, tu sais. Tu commenceras à t’y faire. » Elle joua sur la même ligne, restant clame et douce dans ses propos, même si l’amusement était tout de même présent. Les engrenages de sa réflexion étaient déjà en mouvement, songeant au chemin le plus rapide, pour atteindre la salle de commande. Il suffirait de bloquer les accès, pour empêcher les mouvements des soldats, retrouver Cage le plus rapidement, pour y mettre fin. Ils pourraient mettre un terme à tout ceci, en limitant les pertes, de tous les côtés. Et… Et elle fut coupée de sa réflexion par une paire de lèvres, qui réussirent parfaitement leur travail, de faire oublier la discussion, pendant de longues secondes, à Clarke.

Elle se perdit dans l’embrassade, ses mains retournant en exploration tranquille, sur le visage de Lexa, et dans ses cheveux. Clarke sentait sans mal son cœur battre et vibrer à l’intérieur de son être. Elle ne cherchait plus à se reculer, quand elle fut en manque d’air, déposant simplement son front à côté du visage de Lexa, reprenant son souffle calmement, les joues rougies par l’échange, et par l’envie qui grandissait. Elle se racla la gorge, tentant de reprendre ses esprits. Elle se mordilla la lèvre, en proie avec ce que sa conscience lui disait, et sur ce qu’elle avait envie. « J’aimerai être présente, demain. » Bon, elle n’était pas tout à fait certaine de réussir à garder son calme en présent de Lexa, mais promis, elle ferait en sorte d’agir correctement. Après tout, c’était aussi sa bataille.

Clarke savait que, quelque part, dans l’esprit de certains, cette union devrait être interdite. Elle savait, oui, que beaucoup de ces amis n’approuveraient pas son choix (elle n’avait pas besoin de leur accord, c’était la raison pour laquelle tout ceci était secret et qu’elle continuerait de se faufiler dans la tente du commandant, quand l’envie lui prendrait). Que nombre de guerriers ne comprendraient pas les motivations de Lexa, de s’être amouraché ainsi, si vite, si intensément, à une fille tombée du ciel. Clarke ne donnerait aucune explication, car ce qui existait, entre elles, n’avait besoin d’aucune raison. Elle se laissait porter, par le flot de ses sentiments blessés, dans les bras de la Fille Sauvage, partageant des promesses d’appartenance, qui brulait les veines de Clarke, entre les panifications de la guerre. Ça avait son charme, ça avait sa nécessité. Aucun des deux ne pourrait oublier leur statut, ou le poids de la situation actuelle. Elles étaient chefs de camps, et ce statut ne disparaitrait jamais totalement. Cela les marquerait, dans leurs muscles et sur les os, taillant les femmes qu’elles étaient, qu’elles se devaient d’être, pour le biens des différents clans, et pour la victoire de leur peuple, sur celui de la Montagne. « Je ne l’aurais pas imaginé autrement. » Clarke hocha la tête, déterminée, songeant à préparer les dispositifs nécessaires, éventuellement à se rendre au camp Jaha, pour réunir les troupes utiles, après le conseil de guerre. Si le camp devait bouger, il bougerait vite, et Clarke serait à sa tête.

Il y eut des baisers, des battements de cœur furtif et douloureux, entre les côtes de la fille du Ciel. Cela ressemblait à une overdose, mais elle n’avait nullement l’envie de se retirer, de retourner dehors, où beaucoup l’attendaient – dont un Poney qui préparait une phrase bien à lui. «  J’aimerais te garder ici toute la journée. » Clarke soupira, sous les baisers qui s’attardaient sur sa peau, sous le sous-entendu implicite. Elles le savaient, que bientôt, elle se retirerait de la tente du commandant. Ces moments d’intimité étaient précieux et, surtout, comptés. En temps et en occasion. Celle-ci, bientôt, touchait à sa fin. « Peut être que je pourrais te cacher sous la peau d’ours ? » Clarke releva la tête, dévisageant Lexa, y lisant le plus grand sérieux du monde. Elle échappa un petit rire, éphémère, plaquant son front contre celui ce Lexa, la dévorant des yeux, s’attardant sur tout ce qu’elle lisant, dans ce regard gris captivant. « Je ne savais pas que tu voulais m’apprendre à me camoufler. » Elle eut un sourire franc, avant d’embrasser Lexa, qui était si proche d’elle. Ses mains prirent son visage en coupe, sans jamais rompre le contact entre elle, déposant ses émotions dans cet échange. Clarke aimait avoir Lexa contre elle, sentir son corps contre le sien, deviner les sursauts de son cœur, et le frémissement de son âme. Elle aimait l’idée, qu’elle était la seule à être témoin de cette facette du commandant. Elle aimait l’idée que ceci lui appartenait.  

Ça ressemblait à un baiser d’adieu, et il s’en approchait. Clarke se recula, partiellement, d’à peine quelques millimètres, ses lèvres effleurant encore celles de Lexa. « Je ne serai pas loin. » C’était vrai, physiquement, elle serait, au maximum, à quelques kilomètres du commandant. La moindre distance serait une véritable douleur lascive. De savoir qu’elle pourrait avoir Lexa contre elle, tout en en étant incapable. Clarke lui embrassa la tempe. « Juste ici. » Elle l’embrassa encore, sa main se perdant, une dernière fois, dans la chevelure de la fille Sauvage. « Tente de ne pas trop penser à moi. » C’était des mots cruels et la douleur dans le regard de Clarke, sur ces secondes, montrait qu’elle ne voulait pas le dire. Montrait qu’elle, elle n’arriverait pas à s’enlever Lexa de la tête. Mais c’était un privilège qu’elles ne pouvaient s’offrir, d’aller à la rêverie de l’autre. Clarke laissa sa main glisser sur le corps de Lexa, alors qu’elle se redressait et s’approchait du bord du lit. Elle se redressa à peine, attirant la Fille Sauvage jusqu’à elle, pour l’embrasser encore. « Je passerai plus tard. » Ca, c’était une promesse qu’elle pouvait tenir, et qu’elle tiendrait.