only boys with gasoline mouths should play with burning girls

    one woman army ~
   Age du personnage: 17 ans ﹅Allégeance : ici ﹅Métier : ﹅Camps: ici
   
Description

    Parle moi de toi -  

En même temps que j'ai grandis, mes infractions au règlement ont, elles aussi, gagnées en gravité. Si au début je me contentais de grossièretés murmurées au détour d'un couloir, elles ont fini par se faire plus bruyantes et plus... physiques. Je gagnais de ce fait des séjours plus ou moins long en détention car mes méfaits étaient alors considérés comme de simples manquements au respect, soit un délit mineur. Parfois j'étais un peu plus violente, délaissant la parole pour user de mes ongles ou de mes dents pour me faire comprendre et alors ils m'accusaient de violence envers autrui. Je n'étais pas la seule dans ce cas. Des enfants turbulents, agitateurs, simplement de mauvaise humeur, tristes... Nous sommes presque tous passés par la case "détention provisoire" au moins une fois dans notre vie.
Pourtant, un jour, j'ai dépassé les jeux d'enfants en voulant protéger ma mère. Le chef d'accusation soulevé à mon encontre il y a quelques années de cela, et qui m'a valu une condamnation à l'éjection du vaisseau après mon 18ème anniversaire, a été celui de blessure à autrui ayant entraînée la mort. Il s'agit d'une version édulcorée des faits pour "protéger" l'enfant que j'étais des gros mots qui font peur. Mais j'étais une meurtrière alors, enfant ou pas, j'écopais de la plus lourde sanction en vigueur sur l'Arche. Une vie pour une vie. J'étais alors condamnée à attendre plus de trois ans qu'elle soit appliquée, coincée en détention jusqu'à ce qui allait être la fin de ma vie. Et malgré ça, lors de mon arrestation, je ne regrette pas une seule seconde ce que j'ai fait à cet homme. Sa famille espère qu'à chaque fois que je repenserais à mon acte sanglant, enfermée entre ces quatre murs gris, je sois prise de remords et que je les supplie à grands renforts de larmes de m'accorder le pardon juste pour avoir la seule satisfaction de me le refuser. Mais la seule chose qui me retourne l'estomac lorsque j'y repense, c'est de revoir les vêtements arrachés de ma mère, ses larmes silencieuses le long de ses joues et la ceinture de cet homme qui tombe au sol.

Je n'avais jamais rien regretté de mes exactions, car elles avaient toujours été en accord avec ma conscience et j'avais toujours accepté les sanctions prononcées à mon égard pour celles-ci. Je savais que ma mère comprenait les raisons qui m'avaient poussé à commettre mon plus grand crime, même si elle ne les approuvait pas. Je savais aussi que malgré le fait qu'elle soit une victime, personne ne la considérait comme telle, oubliant sa détresse au profit de sa responsabilité pour mes actions en tant que mère. On la blâmait tout autant qu'on me blâmait, sauf que moi, à l'abri de mes quatre murs gris, je n'avais pas à subir les regards et les chuchotements de ceux qui savaient sur mon passage. Je le voyais bien, ce regard constamment triste de celle qui m'avait mise au monde lorsqu'elle venait me rendre visite. J'avais voulu la protéger, mais je l'avais finalement abandonné en agissant de la sorte. Et pourtant, maintenant qu'elle affronte le monde, seule, en encaissant les critiques et reproches des dirigeants sur ma conduite, en faisant face à son désarroi qu'elle peine à masquer, je me surprends finalement à regretter d'avoir planté cette aiguille à tricoter au travers de la gorge de son agresseur dans le but évident de le tuer. Je me dis que si j'avais seulement fait en sorte de le mettre hors d'état de nuire le temps de chercher les gardes, alors peut-être ma mère aurait-elle eu droit à une justice.

Le jour du grand départ, l'épouvantable pensée que l'on nous éjectait tous en profitant d'un quelconque incident sur l'Arche pour détourner l'attention de la population et nous faire disparaître sans qu'aucune objection n'ait le temps d'être soulevée m'a traversée. Le chaos régnait dans le bloc de détention et ce, malgré la présence des gardes. Pour tout dire, ils étaient responsables de cette ambiance électrique, nous attrapant par les épaules pour nous pousser en dehors de notre cellule et refusant catégoriquement de nous dire quoi que ce soit sur notre destination. Autour de moi, j'ai capté deux ou trois regards apeurés qui ressemblait fortement à celui que j'avais aperçu en sortant sur mon miroir. Je ne dois pas mourir aujourd'hui, il me reste encore un an et un mois ! C'est ce que je n'arrêtais pas de répéter tout le long du chemin qui menait au vaisseau, comme une prière qui me sauverait de ce que j'imaginais être ma fin précipitée. En repensant à ce jour et à ma conduite, je rougis instantanément. La peur m'avait saisie si vivement, de la même façon que les gardes avaient eu de m'empoigner pour m'obliger à faire face à mon destin, que je me souviens qu'en plus de faire étalage de ma volonté de vivre je me suis lamentablement évanouie. Je n'ai jamais voulu faire partie de cette expédition, l'inconnu m'effraie et il ne fait pas bon d'être près de moi quand je suis effrayée. Demandez à celui des 100 qui a croisé ma route alors que je vomissais avant de m'évanouir, ses vêtements se souviendront de notre brève rencontre...

Contrairement à beaucoup d'autres, je n'ai pas mis un pied dehors avant deux ou trois jours, morte de peur. Le choc d'être toujours vivante après toutes ces turbulences durant le voyage combiné au premier choc de quitter l'Arche m'avaient plongé dans une sorte d'état second, refusant de partager la joie des autres qui découvraient les merveilles de la Terre, qui aspiraient leur première vraie goulée d'air frais, qui touchaient la Terre dans tout ce qu'elle avait d'organique. Moi, je tournais le dos au trou béant de l'appareil qui nous avait amené ici, recroquevillée sur moi-même. Pourtant, la première fois où je suis sortie - je dirais plutôt trainée de force hors de l'appareil pour me mettre au travail avec les autres - j'ai pleuré. Comme un bébé.

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