Le souffle glacial de l'inconnu | Ft. Echo

Oracle ▽ Le chemin qu'on arpente vers l'inconnu est la voie qui va façonner notre avenir.

Les années sont passées bien trop vite depuis que j'ai quitté Ubonn six ans plus tôt. Et ai-je réellement fait quelque chose d'utile pas seulement pour mon clan, mais pour moi-même ? Je crois que je me mentais à moi-même en prétendant servir la cause Skjeran, en prétendant apporter ma lumière au centre d'une guerre interminable... Une guerre qui m'avait peu à peu consumé et qui avait fait de moi le pantin des batailles corrompus qui se jouaient souvent entre ces meneurs, tous plus ou moins semblable dans le fond. Peu importe par quoi ils sont guidés, ils défendent une cause qu'ils croient juste et sont prêts à tuer pour la mener à bien. Et chacun va penser que l'autre a tort et qu'il devrait tout simplement cesser d'être. La guerre ne recherche pas vraiment qui est le méchant et qui est le gentil, chacun est le pantin de cette dernière, ni plus, ni moins. Je suis la première à reconnaître qu'elle m'a volé au dogme philosophique à laquelle j'étais si attachée autrefois. Je suis donc partie en portant avec moi le poids de ma honte et de ma lâcheté. Je voulais m'isoler afin de me retrouver, mais ce n'est peut-être qu'une excuse surtout aux yeux des autres ; fuir mes responsabilités, alors que j'essaye au contraire de les assumer... Mes pieds s'enfoncent dans cette couche de neige à chacun de mes pas. Le vent hivernal souffle dans ma direction, mes bras m'en protègent à peine et à cause de ce blizzard de nuit, je ne vois pas au-delà de trois mètres. L'air se veut difficile, je peux la sentir taillader mon intérieur à chaque inspiration, mais je m'efforce de ne pas respirer avec la bouche, car cela ne pourrait qu'être davantage douloureux. Je tombe souvent, parfois très lamentablement, mais je veille toujours à me relever et continue à défier cette tempête. En fait, je ne sais pas trop où je vais, le ciel se garde de dévoiler ses constellations qui auraient pu m'aider à m'orienter.

Bien qu'au final, même sans ce blizzard, j'ignore si je les aurais observées pour m'orienter. J'avais quitté Skjeran au milieu de ce conflit entre les Trikru et pareil ailleurs, les Azgedakru. Je me dirige vers l'inconnue sans vraiment avoir en tête une destination précise. L'inconnu est ce qui fait le plus peur à nous autres, les hommes peu importe le clan ou le guerrier le plus brave. Je me dois d'affronter cet inconnu qui nous met dans une position si inconfortable. Je marche sans vraiment savoir où je vais, mais pas non plus de manière à avancer aveuglément. J'essaye dans ce froid, cette tempête de neige mêlée à l'obscurité de la nuit, de suivre les signes... Les signes que les anciennes m'ont appris à reconnaître et interpréter. J'avance sans m'arrêter, je ne suis pas une guerrière mais je peux être fière de ma volonté et de mon endurance. Je tombe de nouveau pour la énième fois, toutefois mes forces me quittent grandement. Je tente de me relever, d'abord mentalement afin que le corps puisse suivre, mais le vent et la neige balayer par ce souffle hivernal vient à me clouer au sol. Je ne peux me permettre d'être si faible, pas maintenant, pas quand ma situation était justement si éprouvante. Je devais me faire pardonner des dieux pour les avoir ignorés si longtemps, je devais accepter leurs épreuves quelles qu'elles soient. Je lève la tête, lorsque j'ai l'impression que le sens du vent a tourné. La neige qui venait s'écraser en face de moi dont la force me forçait à rester au sol, vint s'abattre dans mon dos. Le vent m'aida comme à me relever cette fois-ci. Les dieux me poussaient-ils à poursuivre mon chemin sans abandonner ? Étais-je ici soutenue ? Je continue, j'avance dans cette obscurité et ce blizzard...

Cela fait déjà près d'une semaine environ que j'avais quitté Skjeran pour mon voyage spirituel. Il me reste que très peu de provision lorsque j'arrive près de ce qui ressemble à lac geler. La tempête s'est arrêtée deux jours avant. Je casse la glace à la surface là où elle est le moins solide, peu avant de plonger ma gourde et la remplir d'eau. Je prends soin de regarder tout autour de moi, avant de prendre une légère gorgée. Je ne connais pas ces terres, je ne sais pas non plus ce que je vais trouver en continuant mon chemin sur laquelle les dieux me guident. Je décide donc de contourner ce lac, ce qui me prendra encore une et demi jour de marche. C'est alors que j'arrive à un village. En fait, je l'aperçois de très loin lorsque je décide de m'arrêter. Que devrais-je faire ? J'ignore où je suis exactement, mais je sais que je suis toujours dans le nord. Il est plus que probable que je me trouve à Azgedakru et qu'il serait fort raisonnable de ne pas y aller. Mais alors que l'idée de rebrousser chemin me traverse l'esprit, comme un tour joué de nouveau par les dieux pour me pousser à avancer, des pas se font entendre dans mon dos. Par réflexe, je lève la main en signe de non-hostilité...