Par chance, elle n’avait pas subi beaucoup de blessures pendant la bataille, il fallait reconnaître oui, que combattre sur un lézard géant était un avantage non négligeable, surtout quand on combattait au milieu d’une marée humaine de berserkers sauvages et sans pitié. Oui,  c’était un avantage, et elle appréciait assez d’avoir pu combattre en chevauchant Jör, c’était un honneur, dont elle était plus que fière, c’était un honneur et un don que sa chef de clan lui avait fait. Et elle l’avait rendue fière, elle le savait. Il n’y avait pas de doute de ce coté la, et Sethen, était également très fière de Feyn et du reste du clan.  Cependant, même si la victoire avait été gagné, il fallait s’occuper de choses moins agréables. Récupérer les noms des morts, leurs armes, et aller s’assurer que les blessés à l’infirmerie soient bientôt remis sur pieds. C’était de cette dernière tache, qu’en tant que second de Feyn, Sethen exécutait avec devoir. Il n’y’avait pas spécialement de fierté ou de plaisir dans ce qu’elle faisait, mais elle le faisait, et  la tête haute, ses longs cheveux blonds lâchés, tombant sur ses épaules, et les épaules légèrement crispées elle rentra dans l’une des tentes infirmerie, adressant quelques regards aux blessés et se rapprochant d’un guérisseur.

C’est à ce moment la qu’elle la vit, sur un lit, l’air presque abattu, tandis que la silhouette d’Heda reconnaissable entre toutes, quittait son chevet. Les sourcils de la blonde se froncèrent, mais malgré tout, ses épaules se relaxèrent, et son visage s’adoucit, tandis qu’adressant un dernier encouragement au jeune guerrier à ses cotés, elle se rapprocha de la couche sur la quelle était étendue la femme aux cheveux châtains. Quand Ansgar lui avait dit le prénom d’Eija, elle avait cru qu’il parlait de n’importe qui, elle n’avait pas spécialement fait le rapprochement, puis elle avait reflechit, et elle s’était dit que oui, peut être que c’était bien la même femme. Mais elle n’avait pas vraiment voulu y croire, pas tant qu’elle ne la voyait pas de ses propres yeux, et finalement… A la voir maintenant, elle était surprise, un peu choquée aussi, tant par le passage du temps qui se lisait sur elle, et qui devait se lira également dans ses propres yeux, sur ses propres épaules. Elle s’en voulait un peu peut être, de n’avoir pas eu le temps plus tot, de n’avoir pas réalisé plus tot, que l’une des gardes de Lexa était cette femme qu’elle avait attendu des jours et des jours après son passage en demodrakhos. Mais c’était ainsi, maintenant, et c’est doucement que la grande blonde s’arreta à quelques pas du lit de la blessée.

«  Eija ? »  Elle devait avoir un air choqué dans ses grands yeux clairs. Elle l’assumait. Tout comme elle assumait de ne pas être toujours la froide seconde des demodrakhos que certains la pensaient être.

Peut être que ça la choquait un peu de voir Eija comme ça, dans cet état, et surtout présente. Peut être qu’elle avait préféré penser qu’elle était morte, plutôt que de penser que sa proposition, son invitation n’avait pas été accueillie de manière positive. Peut être. En tout cas, elle ne l’avait pas oublié, et pourtant, elle était contente de la voir. Parce que malgré tout, malgré les années qui avaient passées, et les blessures qu’elle portait, Sethen restait cette exploratrice curieuse, qui avait le cœur sur la main, et quelquefois des étoiles plein les yeux. Alors oui, voir le sourire sur les lèvres d’Eija, lui en apporta un encore plus grand à elle aussi, et elle finit par franchir les quelques pas, pour se poster au plus près du lit de la femme blessée. « Si longtemps oui. » Et Sethen ne pu empecher le regard triste qui prit le relais dans ses grands yeux clairs, tandis que ses épaules se raidissaient un peu. C’était un mécanisme de défense un peu, elle tenta néanmoins de se relaxer assez vite.

Le sujet avait changé et malgré elle, elle sourit. « Les histoires oublient de préciser qu’il y’avait un troisième lézard, tout aussi mortel sans avoir besoin de cavalier. » et elle garda cet air un peu rêveur, tellement admiratif, comme à chaque fois qu’elle parlait des capacités de Feyn, de l’honneur des demodrakhos, de leurs exploits. « J’aurais aimé en dire autant pour toi. » Et cette fois ce n’était pas un regard triste et déçu, mais plutôt un regard inquiet. « Que t’est il arrivé ? » Et ça englobait beaucoup de choses peut être. Sur le plus ou moins long terme. Mais ce n’était pas grave, pour Eija, elle avait tout son temps.

« Un jour peut être. » Et un jour peut être qu’éventuellement elle pourrait montrer enfin les lézards géants à Eija, même si cette pensée éveilla l’amertume de la nostalgie. Cette tristesse qu’elle avait ressenti quand elle avait attendu Eija quelques jours, quelques semaines, quelques mois, après qu’elles se soient dit au revoir à Lext. Peut être oui. Mais Sethen mettait moins d’entrain dans ses « un jour » maintenant, moins d’espoir dans ses projets. Alors elle préférait peut être poser une question qui était générique sans l’être vraiment. Parce qu’elle était curieuse de tout ce qui était arrivé à Eija, et curieuse aussi des raisons de sa blessure. Alors elle écouta, elle attendit, et elle attrapa une espèce de petit tabouret pour s’asseoir non loin du lit sur le quel reposait son amie. C’était un harpon. Elle fronça les sourcils, et sembla inquiète oui. Elle l’était. « Tu étais aux barrières ? » Elle avait entendu parler des barrières, et puis elle se nota d’aller s’enquérir de la santé d’Ansgar aussi alors. Plus tard.

Car Eija parlait à nouveau et s’excusait de cette promesse non tenue, et le regard de Sethen se perdit un peu dans le vide. Elle secoua la tête. « Ce n’est rien. » Et elle reprit un air plus determiné, moins triste peut être, avant de se fendre d’un léger sourire. « Tu sera toujours la bienvenue, mon invitation n’avait pas de limite de temps. » Et cette fois le sourire s’aggrandit. beaucoup moins triste. « Tu pourrais revenir avec nous quand nous partons dans quelques jours. » Puis son regard se perdit quelques instants. « Enfin, je divagues, tu dois avoir d’autres responsabilités n’est ce pas ? Tu es restée à Polis alors ? » Et elle était juste curieuse d’en savoir d’avantage sur cette femme qu’en une rencontre elle avait considérée amie.

« C’est ce que j’ai entendu dire également. » Mais par chance Heda avait mit fin à la guerre à temps. Les barbares étaient repartis, ils étaient morts, et la ville n’avait pas trop souffert. Oh bien sur il y’avait des choses à reconstruire, et elle ne doutait pas Sethen, que la coalition allait aider. Elle se doutait que Feyn enverrait des hommes et des provisions ici et aussi sur les terres trikru si les chasses n’avaient pas été prolifiques, et elle se doutait aussi que maintenant l’alliance serait testée une fois de plus, qu’il y’aurait une mise à l’épreuve. Enfin, ça n’avait pas d’importance tout ça, du moins pas maintenant. Elle n’était pas ici pour parler de politique, et à la base elle n’était pas venue ici pour ça, mais elle avait croisé Eija, et maintenant elle venue parler à cette femme qui l’avait tant marqué après une seule rencontre. Il y’avait du regret bien sur, mais il y’avait également son sourire, et de l’espoir, qui se dissipa quelque peu. Eija serait ravie de venir à Nidhogg, mais ne l’avait elle pas déjà dit ? Alors que pendant des mois Sethen l’avait attendu et que pendant 5 ans elle ne l’avait plus vu ?

Elle garda un peu le silence alors, et s’intéressa à Eija, à ce qu’elle avait fait et elle fronça les sourcils. « Oh. » Et elle se demanda comment elle avait fait pour ne pas la croiser à chaque visite à Polis ? Un jeu du destin ? Ou peut être qu’Eija l’avait fuit ? Elle ne savait pas trop. Elle ne pensait pas. « Ca doit être un honneur que d’être l’une des gardes d’Heda. » Et elle lui sourit doucement, un peu tendrement, avec de la fierté dans son regard. Bon, bien sur, rien n’était mieux à ses yeux que d’être au service de Feyn, mais elle reconnaissait sans soucis qu’il y’avait d’autres postes qui étaient un grand honneur. Eija semblait néanmoins gênée par sa blessure. « Je ne pense pas qu’Heda t’empêche de reprendre ton poste. Mais si jamais cela arrivait, tu serais bien entendu la bienvenue avec nous. Feyn ne sera pas contre. » Et elle avait un petit sourire toujours quand elle parlait de Feyn, il ne disparaissait jamais, elle l’admirait tellement cette femme, même si… même si elle savait qu’elle avait encore beaucoup à se faire pardonner. Non, ce n’était pas le moment de penser à ça. Une pensée importante venait de lui traverser l’esprit. « Mais tu dois être pressée de retourner à Polis, si Axom t’attend la bas. » Elle n’avait pas oublié qu’a la base Eija avait tout quitté pour retrouver son frère enlevé. Et elle avait supposé en apprenant que la guerrière était restée à Polis, qu’elle l’avait retrouvé et s’y était installé avec lui.

Eija avait l’air d’aimer le metier qu’elle faisait, et ça rechauffait le coeur de Sethen de savoir que la jeune femme qu’elle avait croisée au detour d’une rivière des années plus tot avait enfin trouvée sa voix. Bien sur, elle avait toujours été attristée qu’elle ne revienne pas, mais elle devait reconnaitre qu’elle était soulagée qu’elle ne soit pas revenue parce qu’elle avait trouvé quelque chose à faire, plutot que parce qu’elle était morte ou quoi que ce soit, et oui Sethen devait le reconnaitre, elle s’était inquiétée pour elle, lors de longues soirées, lors de longues promenades ou quand elle avait croisé des chevaux similaires au sien. Elle arqua les sourcils néanmoins, surprise par ce que l’ancienne Azgeda lui disait.  «  Comment ça ? »  Et elle etait curieuse, mais elle était inquiete surtout. Enfin, ce n’étaient probablement pas ses affaires… ?  Elle haussa les épaules.  « Mais ça ne me regarde pas. »  Lui rajouta t’elle avec un sourire.

La conversation continua alors, et Sethen mit sans le vouloir les pieds dans le plat. C’était… derangeant un peu, elle ne s’était pas attendu à une telle réponse, et elle figea un peu et elle se rapprocha jusqu’a poser sa main sur celle d’Eia.  « Je suis tellement désolée. »    Et elle ne savait pas vraiment ce que ça faisait de perdre quelqu’un de sa famille, elle n’en avait jamais vraiment eu… Mais elle supposait que c’était douloureux, que c’était horrible, et elle se sentait tellement genée d’avoir posé la question.    «  Que lui est il arrivé ? Enfin, si tu veux en parler. »  Et elle était un peu maladroite la dedans elle ne savait plus trop ce qu’elle devait dire, ce qu’elle voulait dire.

Elle était curieuse Sethen, c’était une femme remplie d’une soif de découvrir, qu’elle avait souvent comblé par des aventures, des grandes errances où elle apprenait le monde et le passé, où elle agissait tel un explorateur. C’était une femme qui voulait en savoir plus sur tout, alors oui, elle était curieuse de savoir pourquoi Eija n’était jamais revenu, de savoir pourquoi Eija craignait de perdre sa place auprès de Heda, pourquoi Axom était mort. Mais elle ne voulait pas être intrusive et elle aurait très bien pu garder le silence si il avait fallu. Elle n’aurait pas poussé. Elle attendit, aux cotés de l’ancienne Azgeda, la main posée sur son épaule pour lui apporter du réconfort, à sa manière. Parce qu’elle n’était pas forcement vraiment douée comme ça, avec les sentiments, avec les mots, avec les gens. Elle écouta, et quand Eija lui dit qu’Axom était un natblida elle comprit. Elle n’avait pas besoin d’être un génie pour savoir que si Lexa était sur le trone de commandeur, Axom avait du mourir dans le conclave ou peut être même avant. Sa main se serra un peu plus sur l’épaule.

« Je suis désolée pour lui. Et pour toi. » Mais les choses avaient été décidées, Axom n’avait pas été commandeur et Lexa avait lutté pour faire de très grandes choses pour la coalition. C’était un mal pour un bien peut être ? « Est ce cela qui te fait penser que Lexa, je veux dire, Heda, ne veut plus de toi à ses cotés. C’était il y’a 5 ans tout de même. » Alors elle ne comprenait pas vraiment Sethen. A moins qu’Heda ne vienne de l’apprendre ? Oui, c’était peut être ça aussi. Elle n’était pas sure. « C’est une femme intelligente, pour sur, elle ne doit pas avoir peur que tu la tue parce que son frère est mort au conclave. »

Ça la rendait un peu triste toute cette situation. Parce qu’elle était quelqu’un de bien, de gentil, Sethen et que ça la rendait toujours un peu triste de savoir que les gens qu’elle appréciait, étaient tristes, ou étaient mal-a-l’aise, ou dans de mauvaises positions. Et elle comprenait oui, qu’Axom avait du être tué par Lexa et que c’était compliqué du coup. Elle était désolée pour Eija. Et elle hocha la tête quand celle ci la remercia, avant de parler de la confiance de Lexa qu’elle pensait avoir brisé. Puis… Il y’eut quelque chose d’étrange un peu tout de même, parce que Sethen venait de la faire grimacer en disant quelque chose qu’elle aurait voulu dire pour la rassurer. Alors oui, la sur le coup Sethen elle était un peu choquée, et elle fixa quelques instants Eija. C’était… Elle n’aurait jamais cru ça. Elle garda le silence oui. Il lui fallait un peu de temps pour digérer tout ça.

« Je ne te trouve pas horrible. » Et c’était dit, parce qu’elle savait qu’il était important cde rassurer les gens comme ça. « En un sens je peux comprendre. Si Feyn avait été tué j’aurais voulu la venger. » Et elle se doutait que ce n’était pas le même genre de relation, Mais Feyn était clairement sa famille la plus proche et commandeur ou pas, elle serait morte en essayant. Alors oui, elle comprenait Eija, mais ce qu’elle comprenait aussi c’était qu’elle était toujours la. « Et pourtant, tu ne l’a pas tuée. » Elle lui offrit alors un de ses sourires les plus doux. « Parce que tu as apprit à la connaître je suppose ? Le système de conclave est dur, et il y’aurait probablement beaucoup de choses à changer, mais ce n’était pas la faute de Lexa, je suppose que c’est pour ça que tu ne l’a pas tuée non ? » Et elle ne jugeait pas, Sethen, elle voulait juste comprendre.

Elle ne pouvait pas tout comprendre Sethen, mais elle pouvait comprendre la part la plus importante de tout ça, Eija avait eu des envies oui, mais elle ne l’avait pas fait, et Sethen savait maintenant qu’elle ne se trompait pas sur les gens, que quand elle les trouvait sympathiques, ou gentils, ils l’étaient forcement. Bien sur, elle n’avait pas la science infuse, loin de la, mais… enfin, elle était curieuse en tout cas de savoir pourquoi Eija ne l’avait pas tuée cette Lexa qu’elle avait du tant haïr. Et la réponse ne la surprit pas vraiment. En apprenant à connaître Lexa on devenait moins enclin à la tuer probablement, parce que le commandeur et la femme derrière les peintures étaient des bonnes personnes, Sethen n’en doutait clairement pas. « Je suis heureuse que tu ne l’ai pas fait. Pour ce que ça peut valoir. » Parce qu’elle n’aurait pas aimée que son amie soit un assassin, clairement pas. Mais qu’elle ne pouvait pas juger non plus, après tout, elle avait été un monstre elle. Et son cœur se serra un peu quand Eija dit attendre son jugement, et rajouta qu’elle n’était pas sure de pouvoir venir à Nidhogg cette fois non plus. Son regard resta doux, elle offrit ce qui pouvait sembler à un léger sourire. « J’espere que ta tête sera toujours la. Non seulement est elle agréable à regarder, mais en plus comment pourrais-je te montrer les splendeurs de ma ville si tu n’as pas tes yeux pour les voir. » Elle avait essayé l’humour, ce n’était pas spécialement son point de caractéristique principal, ou le plus developpé, mais au moins elle savait sortir quelques phrases sympathiques parfois, et elle espérait pouvoir faire sourire un peu l’amie alitée qui semblait si triste. « Pourquoi ne le voudrais-je plus voyons ? Il y’a tant de choses que je dois te raconter et te montrer encore. » Elle voulait la rassurer un peu, autant que possible à sa manière. « Tu sais, Heda sait prendre les bonnes décisions, je pense qu’elle comprendra et ne voudra pas te faire exécuter, tu as été honnête après tout. »